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paracha de la semaine

Parachat Tetsavé - Zakhor

11 Mars 2017

י"ג אדר תשע"ז

Horaires de Chabbat
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Marseille 18:20 19:23 20:05
Ra'anana 17:24 18:22 18:58

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La lumière, c’est la Torah

Rabbi David Hanania Pinto

« Pour les Juifs, ce n’étaient que lumière, contentement, allégresse et marques d’honneur. » (Esther 8:16)

Lors du Pourim de l’année 5769, nous avons eu l’honneur de recevoir chez nous, en France, le Gaon Rav Baroukh Chimon Salomon zatsal, Rav de Péta’h Tikva. Son court séjour dans notre foyer nous permit de connaître une grande personnalité du monde de la Torah. Nous avons été très impressionnés par le raffinement de son caractère, que laissaient deviner les nombreux cours qu’il donna en halakha et en pensée. Or, peu de temps après, nous apprîmes la douloureuse nouvelle de son décès.

Mais, quelques jours avant sa disparition brutale, il m’envoya un “michloa’h manot” spirituel : l’interprétation du Sfat Emet sur la Guémara (Méguila 16b) au sujet du verset « Pour les Juifs, ce n’étaient que lumière (ora), contentement » – Rav Yéhouda affirme : la lumière, c’est la Torah, comme il est dit : « car la mitsva est une bougie, et la Torah une lumière ». Le Sfat Emet s’interroge : s’il en est ainsi, pourquoi la Méguila ne dit-elle pas simplement Torah et emploie-t-elle plutôt un mot qui y renvoie ? Et d’expliquer que les enfants d’Israël méritèrent alors de déceler la lumière dissimulée dans la Torah.

J’ajouterais que, si un grand nombre d’hommes étudient la Torah, seule une petite poignée a le mérite d’en déceler la lumière, d’en ressentir la douceur. Certains l’étudient par obligation, et non poussés par une réelle volonté. N’ayant pas encore eu la chance de reconnaître sa beauté intrinsèque, ils la considèrent comme un lourd fardeau. Tel était le cas de nos ancêtres jusqu’à l’époque de Mordékhaï et d’Esther. Cependant, suite au grand miracle dont ils jouirent, l’amour de D.ieu et de la Torah se raviva en eux. Ils méritèrent alors de déceler sa puissante lumière, à laquelle fait écho le terme ora. S’ils avaient certes déjà reçu la Torah au mont Sinaï, ce ne fut qu’à ce moment qu’ils perçurent que « ses voies sont des voies pleines de délice, et [que] tous ses sentiers aboutissent au bonheur ».

La Guémara (Chabbat 88a) souligne, à cet égard, qu’au mont Sinaï, D.ieu retourna la montagne sur les enfants d’Israël comme un baquet, les contraignant ainsi à accepter la Torah. C’est pourquoi, au temps d’A’hachvéroch, ils l’acceptèrent à nouveau, mais de leur plein gré, comme il est dit : « Les Juifs reconnurent et acceptèrent » (Esther 9:27) – ils reconnurent ce qu’ils avaient alors accepté. Ceci confirme que ce n’est qu’à cette époque qu’ils perçurent que, loin d’être un joug pesant, la Torah représente le plus subtil délice, une véritable lumière, la vie au sens fort du terme. Je dirais que cette prise de conscience constitua le plus grand miracle de Pourim.

Toutefois, une difficulté subsiste : comment expliquer qu’ils ne parvinrent pas plus tôt à ce niveau ? La génération du désert assista pourtant à de nombreux miracles lors de la sortie d’Egypte et sur le rivage de la mer, mérita de voir la construction du tabernacle et jouit de la Présence divine en son sein. Tout cela ne suffisait-il pas pour que s’éveille en eux la volonté d’accepter la Torah avec amour ?

De fait, ce n’est qu’à l’époque de Mordékhaï et d’Esther qu’ils réalisèrent leur triste erreur d’avoir accepté la Torah contre leur gré. Il arrive souvent que l’homme pense naïvement avoir prononcé sa prière avec une ferveur exceptionnelle. Cependant, quand, peu après, il prie de manière encore plus intense, poussé par un puissant amour de son Créateur, avec lequel il ressent une très grande proximité, il comprend rétrospectivement qu’il s’était trompé en pensant que sa prière antérieure était d’un si haut niveau. Malheureusement, il est possible de vivre dans un tel leurre toute sa vie, en croyant servir D.ieu avec joie et de son plein gré. Pourtant, dans les temps futurs, nous réaliserons notre erreur et comprendrons que notre service divin n’était pas accompli de manière totalement sincère, mais était mû par des intérêts personnels.

Ainsi donc, au mont Sinaï, nos ancêtres acceptèrent la Torah, suite à quoi ils servirent le Saint béni soit-Il et accomplirent les mitsvot. Mais ils estimèrent naïvement le faire avec joie, pensant qu’une petite dose d’amour pour D.ieu était suffisante. Ce ne fut qu’à l’époque d’Esther, suite au formidable concours de circonstances, menant à un total renversement de situation en leur faveur, que leur cœur s’ouvrit plus largement à la Torah et que l’amour du Créateur se raviva en eux. Ils ressentirent alors pleinement la douceur de la Torah, et comprirent que, jusque-là, ils ne l’avaient pas acceptée de leur plein gré.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Chemouel dit (…) » (Chemouel I 15)

Lien avec la paracha : Ce Chabbat, qui est Chabbat Zakhor, nous lisons la haftara qui mentionne la mitsva d’effacer le souvenir d’Amalec et l’ordre que l’Eternel donna au roi Chaoul de combattre ce dernier, du fait qu’il s’était attaqué au peuple juif à sa sortie d’Egypte.

LA VOIE TRACEE

… Et à la poussière tu retourneras

Un jeune homme extrêmement beau me confia qu’il recevait de nombreuses propositions pour travailler en tant que mannequin. D’ailleurs, la première fois que je le vis, je fus moi-même frappé par sa beauté et me dis en mon for intérieur : « Pourvu que cette beauté ne le fasse pas tomber dans les mains d’individus sans scrupules ! »

Quand il me fit part de son intention de devenir mannequin, cela me désola et je lui demandai, tout au moins, de respecter scrupuleusement la mitsva de téfillin ainsi qu’un certain nombre de mitsvot visant à le protéger et à maintenir son lien avec le Judaïsme.

Et voilà qu’un jour, je reçus un appel catastrophé, en provenance de ce même jeune homme : « J’ai besoin de vos conseils, m’expliqua-t-il. Mon père est mort et son enterrement doit avoir lieu cet après-midi, mais je ne sais que faire, parce qu’à la même heure, je dois prendre l’avion pour me rendre dans un certain pays où je dois signer un contrat de plusieurs millions avec une grande firme qui veut m’employer comme mannequin.

– Est-ce que tu sais ce que les fossoyeurs vont faire à ton père aujourd’hui ? lui demandai-je.

– Oui, ils vont l’enterrer.

– Et est-ce que tu sais ce qu’on enterre ? On enterre le corps de l’homme. Est-ce que tu ressembles à ton père ? » poursuivis-je.

Le jeune homme acquiesça –  il lui ressemblait beaucoup.

« Dans ce cas, pense un peu à ta propre mort, repris-je. A la fin de tes jours, ton corps aussi sera enterré, “car poussière tu es, et à la poussière tu retourneras” (Béréchit 3:19). Et pourtant, tu t’apprêtes à vendre ton corps à une firme étrangère. Dans notre religion, le métier de mannequin n’a pas sa place, car on ne peut envisager que le corps d’un homme ou d’une femme soit exposé aux regards de tous. En outre, comment pourrais-tu te trouver dans un avion, en route pour vendre ton corps, à l’heure exacte où on va enterrer celui de ton père ? »

Mon interlocuteur garda le silence. La conversation avait pris un tour auquel il ne s’attendait pas, et c’est pourquoi je conclus, après lui avoir présenté mes condoléances selon notre tradition, en lui souhaitant de choisir la bonne voie.

Quelques jours plus tard, j’étais en train de donner un cours dans la synagogue de Buffault, quand je l’aperçus parmi mon auditoire. A la fin de mon intervention, il se dirigea vers moi. Le duvet qui commençait à couvrir ses joues me rappela qu’il ne s’était pas rasé depuis plusieurs jours, du fait de son deuil tout récent.

Je lui demandai aussitôt ce qu’il avait fait concernant le contrat, et il me répondit : « Je suis venu ici pour le déchirer devant vous ! » Et avant même que j’aie eu le temps de prononcer un seul mot, il saisit le contrat et le déchira en mille morceaux.

« Pourquoi as-tu changé d’avis ? lui demandai-je. Qu’est-ce qui t’a fait renoncer au métier de mannequin ?

– Mon corps n’est pas à vendre ! » me répondit-il fièrement.

Je le félicitai pour sa décision, qui me fit très plaisir : « Tu as bien fait. On ne peut pas vivre dans la contradiction, d’un côté en servant Hachem et en accomplissant les mitsvot, tout en faisant, d’un autre côté, ce que bon nous semble. Il y a des situations dans lesquelles on doit opter pour une voie, bonne ou mauvaise ; je suis heureux de voir que tu as choisi la bonne, celle de la vie ! »

PAROLES DE TSADDIKIM

Des piqûres de Téhilim

« Aharon portera ainsi le destin des enfants d’Israël sur sa poitrine, devant le Seigneur, constamment. » (Chémot 28:30)

Pourquoi Aharon devait-il en permanence porter sur lui les noms des enfants d’Israël ?

Le Sforno répond : afin qu’il prie pour qu’ils soient acquittés lors du jugement.

Nous pouvons en déduire une ligne de conduite : “déposer” sur notre cœur tous les malheurs de nos frères juifs, de sorte à prier en leur faveur. Si nous désirons être à même d’implorer correctement l’Eternel pour la détresse d’autrui, il nous incombe de prendre à cœur ses besoins et malheurs personnels, de sorte à y compatir réellement.

Un élève de la Yéchiva « ‘Hakhmé Lublin » raconte :

« A l’époque où j’étudiais à la Yéchiva, je me réveillai soudainement au milieu d’une nuit d’hiver en entendant du bruit en provenance de la salle d’étude. Je m’habillai aussitôt pour la rejoindre et aperçus alors le Roch Yéchiva, Rabbi Méir Shapira zatsal, en train de réciter des chapitres de Psaumes devant l’arche sainte, tout en pleurant à chaudes larmes comme un jeune enfant.

Je tentai de savoir ce qui était arrivé, et on m’expliqua que le Rav priait pour la guérison de l’un de ses élèves, qui était tombé gravement malade quelques jours plus tôt. Cette même nuit, on fit venir en urgence un spécialiste, qui affirma que toute chance de survie était perdue. Je fus profondément bouleversé par les pleurs déchirants du Roch Yéchiva, et me mis moi aussi à verser d’amères larmes, accompagné par les autres étudiants.

Or, deux jours plus tard, nous apprîmes que, grâce à D.ieu, le malade n’était plus en danger. Le médecin, qui n’était pas pratiquant, fit alors part de sa volonté de se repentir, du fait qu’il n’avait trouvé aucune explication rationnelle à cette miraculeuse guérison. Aussi était-il convaincu que seules les prières de son Maître et de ses camarades l’avaient épargné de la mort.

Un autre médecin, qui demanda au Rav Shapira quelles étaient les piqûres miraculeuses qu’il faisait à ses élèves, obtint pour toute réponse : “Des piqûres de Téhilim”… »

DANS LA SALLE DU TRESOR

Rabbi David Hanania Pinto

Un habit de Torah

 « Tu enjoindras donc à tous ceux qui ont la sagesse du cœur, que J’ai animés de l’esprit de sagesse, qu’ils exécutent le costume d’Aaron, pour le sanctifier, afin qu’il Me soit prêtre. » (Chémot 28:3)

Le Saint béni soit-Il a ordonné à Moché de rechercher des hommes dotés de sagesse et d’intelligence afin qu’ils confectionnent des vêtements de prêtre pour Aaron. Je me suis demandé quel était le rapport entre la sagesse et l’aptitude à coudre des vêtements. En effet, n’importe quel artisan est capable d’effectuer un travail dans son domaine de compétence, sans qu’il ait besoin, pour cela, d’avoir atteint un niveau d’intelligence hors du commun. Il n’est d’ailleurs pas rare de rencontrer des personnes simples d’esprit qui parviennent à produire de vrais chefs-d’œuvre. Il nous faut donc comprendre la signification profonde dissimulée derrière l’ordre divin de rechercher des personnes animées « de l’esprit de sagesse » pour leur assigner le rôle exclusif de confectionner la tenue du Cohen.

Sur la robe d’Aaron étaient attachées des cloches, qui avaient une double fonction : d’une part, elles servaient à informer les enfants d’Israël de l’état du grand prêtre au moment où il se trouvait dans le Saint des saints – s’il arrivait qu’on n’entende plus leur son, il fallait s’assurer que le Cohen allait bien –, et d’autre part, elles avaient pour but de rappeler au prêtre lui-même devant Qui il se tenait et pour Qui il effectuait son service au sanctuaire. En effet, le tintement des cloches ressemblait à un avertissement permanent, lui rappelant son obligation d’effectuer son travail de façon méticuleuse et de calculer chacun de ses gestes, du fait de l’importance suprême de son service au sanctuaire.

A présent, nous pouvons comprendre pourquoi l’Eternel a ordonné à Moché de nommer des hommes animés de l’esprit de sagesse pour coudre les vêtements du prêtre, puisque, mise à part la capacité de confectionner ces vêtements, il fallait également qu’ils soient animés de la crainte de D.ieu, afin d’en imprégner leur travail, aidant ainsi le cohen à s’élever spirituellement et à effectuer son service au sanctuaire avec le maximum de ferveur et sans commettre la moindre erreur.

A MEDITER

La mission de tout Juif sur terre est de vivre avec une foi pure en D.ieu, la conscience que tout provient de Lui et que rien n’existe en-dehors de Lui. La foi est un principe de base sur lequel tout repose. Or, elle ne va pas de soi, mais requiert au contraire de la part de l’homme un travail visant à l’ancrer dans son cœur.

L’un des moyens nous permettant de vivre cette foi au quotidien et de la transmettre à nos enfants est de multiplier les actes qui la ravivent, comme la récitation des cent bénédictions quotidiennes, la ferveur que l’on y met et le fait d’y répondre Amen. D’ailleurs, d’après la loi, il s’agit là d’une exigence dans tout foyer juif, comme l’écrit le Rama (Ora’h ‘Haïm 124:7) : « On apprendra à ses jeunes enfants à répondre Amen, car dès qu’un jeune enfant répond Amen, il acquiert une part dans le monde à venir. »

La sensibilité des jeunes enfants est telle que tout s’inscrit durablementen eux. Aussi, si on les habitue à répondre Amen aux bérakhot, à proclamer la royauté divine, ils resteront à jamais marqués par cette foi.

Le devoir d’éduquer ses enfants à l’importance de répondre Amen aux bénédictions incombe essentiellement à la mère, qui les élève depuis leur plus tendre enfance. En remplissant cette tâche, elle enracine la foi dans leur cœur pur. Les parents qui s’acquittent de cette mission offrent à leurs enfants le plus beau cadeau du monde : la clé ouvrant les portes du jardin d’Eden.

L’ouverture des portes

L’Admour de Vizhnitz zatsal, auteur du Yéchouot Moché, écrit dans son recueil Drachot Hitorérout une requête à ses fidèles : ne pas discuter pendant la prière, veiller à ce que règne le silence durant la répétition de la Amida, écouter attentivement le Kaddich et habituer les enfants à répondre Amen avec ferveur à toute bérakha. Il s’agit là de choses essentielles, mais que nombreux sont ceux qui négligent.

« J’ai une fois dit à quelqu’un : “Tu veux discuter ? Pas de problèmes ! Après la prière, assieds-toi avec ton ami et parlez pendant une demi-heure de tout ce que vous voulez. Mais pourquoi ces discussions doivent-elles se tenir précisément au milieu du Kaddich et vous empêcher de répondre Amen ?” Or, après la téfila, tous se hâtent de rentrer chez eux. Des choses sérieuses les y attendent : faire Kiddouch… Pourtant, n’y a-t-il pas de chose plus sérieuse que le fait de répondre Amen et Amen yéhé chémé rabba ?! »

Afin de démontrer l’importance de répondre Amen, rapportons l’enseignement du Maharcha (Chabbat 119b) selon lequel, à tout juste, est réservée au jardin d’Eden une place particulière en fonction de son niveau, comme le disent nos Sages : « A tout juste est attribué un compartiment digne de son honneur. » Or, « celui qui répond Amen de toutes ses forces, les portes du jardin d’Eden s’ouvrent devant lui », c’est-à-dire qu’il a accès à tous les compartiments.

Dans le Tana debé Eliahou (Zouta 20), nous pouvons lire : « Les pécheurs du peuple juif répondent Amen depuis la géhenne. Le Saint béni soit-Il demande alors aux anges : “Qui sont donc ceux-là ?”, et ils Lui répondent : “Maître du monde, il s’agit des pécheurs du peuple juif qui, en dépit de la grande souffrance qu’ils endurent dans la géhenne, se renforcent et disent Amen devant Toi.” Le Très-Haut ordonne alors : “Qu’on leur ouvre les portes du jardin d’Eden et qu’ils viennent chanter devant Moi !” Tel est le sens du verset : “Ouvrez les portes pour que puisse entrer un peuple juste, gardien de la loyauté (chomer émounim)” (Yéchaya 26:2) – ne lis pas chomer émounim, mais chéomrim amen, qui répondent Amen. »

EN PERSPECTIVE

A cause de nos nombreuses fautes, notre Temple a été détruit et nous ne pouvons plus être absous par l’apport d’un sacrifice par le biais du Cohen. Pourtant, ce qui est encore plus désolant, c’est que nous nous sommes tellement éloignés de la sainteté d’antan, lorsque nous vivions à l’ombre du Créateur, que nous n’en éprouvons même pas de peine. Seuls nos soucis mesquins, tels que nos difficultés pécuniaires, nous préoccupent.

Un Juif simple se rendit auprès du Tsaddik d’Opatow pour se lamenter sur sa situation : depuis longtemps, il était marchand de bestiaux, quand il lui arriva un jour de conclure une mauvaise affaire, suite à laquelle il perdit tout son argent.

Le juste écouta attentivement son histoire, lui donna un bon conseil et lui fit de nombreuses bénédictions. Mais, lorsque l’homme s’apprêta à partir, il lui fit remarquer, sur un ton amer : « Tu parles de difficultés dans le commerce, mais oublies qu’un grand désastre s’est aujourd’hui abattu sur le peuple juif… il n’a pas pu apporter le korban tamid ! Tout cela, parce qu’on n’a plus de Temple, d’autel ni de Cohen… Tu t’attristes tant sur une perte financière, alors que tu restes totalement insensible à notre incapacité d’offrir des sacrifices ! »

Rabbi Mordékhaï ‘Haïm Slonim avait l’habitude de raconter cette histoire, tout en sanglotant de manière si effrayante que quiconque était à ses côtés ne pouvait que ressentir, de manière palpable, que ce jour-là avait été marqué par deux tragédies : le matin comme l’après-midi, le korban tamid n’avait pas pu être apporté…

DES HOMMES DE FOI

L’histoire suivante a été racontée par Rabbi Méir Pinto.

Une année, il y eut à Mogador une grande pénurie de poisson. Les Juifs avaient pour usage, d’après la Kabbale, de manger du poisson en l’honneur de Chabbat, le vendredi soir. C’est pourquoi, Rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol fit appeler un des pêcheurs et lui intima l’ordre suivant :

« Va, s’il te plaît, à la mer et rapportes-en des poissons.

- Rav, cela fait déjà plusieurs semaines que l’on n’en trouve plus », répliqua le pêcheur.

Rabbi ‘Haïm Pinto lui dit alors :

« Va au bord de la mer et chaque fois que tu lanceras ton filet, tu diras le mot "’haïm" et les poissons sortiront. » Et ainsi en fut-il.

Lorsque les gens entendirent la nouvelle, ils vinrent en masse lui demander de leur en vendre. Mais le pêcheur refusa de renoncer serait-ce qu’à un seul poisson. Il leur dit que rien ne lui appartenait ; tout revenait à Rabbi ‘Haïm Pinto.

Celui-ci prit possession de tout le fruit de la pêche et le distribua aux habitants de la ville. Il n’en garda que très peu pour lui-même.

Cette information parvint aux oreilles de son ami, Rabbi David ‘Hazan, qui vint chez lui, la nuit de Chabbat.

« Rabbi ‘Haïm, j’ai entendu dire que tu as du “’haïm” chez toi.

- Effectivement, répondit-il, j’ai dans ma maison du “’haïm”. »

Ils s’installèrent à table et commencèrent le repas de Chabbat en se délectant de poisson, un repas entre deux grands hommes qui allait rester dans les annales.

 

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