Parachat Tsav - Chabbat Ha'Gadol 8 Avril 2017 י"ב ניסן תשע"ז |
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Comment se sanctifier dans le service divin
Rabbi David Hanania Pinto
« Tel est le rite relatif à l’holocauste, à l’oblation, à l’expiatoire et au délictif (…) » (Vayikra 7:37)
Rapportons l’interprétation du Ben Ich ‘Haï de ce verset :
« Nous trouvons ici une allusion à un principe de base du service divin. Le terme zot (tel est) équivaut numériquement aux mots tsom (jeûne), kol (voix) et mamon (argent), trois éléments qui sont utiles pour remplacer les sacrifices. En effet, lorsqu’un homme jeûne, il sacrifie sa graisse et son sang. Par sa voix, c’est-à-dire quand il étudie la Torah, c’est comme s’il apportait un sacrifice, ainsi que Rabba l’a expliqué (Mena’hot 110a). De même, il est écrit : “nous voulons remplacer ces taureaux par cette promesse de nos lèvres”, et : “fais grâce entière à la faute, agrée la réparation (tov)” – le mot tov se référant toujours à la Torah. Enfin, celui qui donne la tsédaka accomplit un acte supérieur à tous les sacrifices, comme il est dit : “Pratiquer la charité et la justice est plus agréable à D.ieu que le sacrifice”.
« De même, Daniel dit à Nabuchodonosor : “Rachète tes péchés par la charité” (Daniel 4:24). Tel est le sens des mots zot haTorah (tel est le rite) : tsom, kol et mamon, qui ont la même valeur numérique que le terme zot, à savoir 408. Ces trois éléments permettent le maintien de la Torah et sont considérés comme l’apport d’un sacrifice, ainsi que l’indique la suite du verset : “à l’holocauste, à l’oblation, à l’expiatoire et au délictif”. Par l’effet de la grâce divine, ils nous permettent d’expier nos péchés, dans une génération où le Temple n’est plus là.
« Grâce à ces trois éléments, le Machia’h descendant de Yossef et celui descendant de David viendront, comme l’indique la valeur numérique de Méchi’him, s’élevant elle aussi à 408. Si on perfectionne ces trois domaines, la délivrance surviendra, et le dommage causé par le péché d’Adam sera réparé. Simultanément, les lettres hé, vav et aleph qui manquent au Nom et au trône divin – comme il est écrit : “puisque sa main s’attaque au trône (kess) de l’Eternel”, au lieu de kissé – seront restituées. »
J’ajouterais l’idée suivante à l’explication du Ben Ich ‘Haï. Au sujet des sacrifices de Kippour, il est écrit : « Voici comment (bezot) Aaron entrera dans le sanctuaire : avec un jeune taureau comme expiatoire » (Vayikra 16:3). Le mot bezot équivaut au mot kadoch (410). Or, comme nous le souligne le Ben Ich ‘Haï, le mot zot équivaut à kol, tsom et mamon. De ces deux parallèles, nous pouvons déduire qu’il convient de se sanctifier dans ces trois domaines, en s’élevant par paliers, obligation d’autant plus importante que nous vivons dans une génération dépravée.
Le peuple juif est, incontestablement, un peuple pur et saint. Aucun de ses membres ne dira qu’il n’est pas intéressé à se sanctifier. Toutefois, nous ne savons pas toujours comment y parvenir. Le sidour Ets ‘Haïm explique que lorsque nous disons « des saints Te louent chaque jour », cela se réfère aux enfants d’Israël. C’est pourquoi le verset précité de Vayikra nous invite, par allusion, à nous sanctifier dans trois domaines. Explicitons cela.
Par le jeûne, c’est-à-dire au moment du repas. On veillera à ne pas manger gloutonnement, en s’abstenant de terminer un plat savouré. C’est le conseil que donne Rabbénou Yona, dans sa Iguérèt Téchouva, au nom du Rabad, où il précise que cela ne portera pas préjudice à notre corps. De cette manière, l’homme se sanctifie par la consommation de nourriture à toute heure de la journée.
Par l’argent, il est également possible de se sanctifier. Par exemple, un trésorier qui, pour les besoins de la communauté, ramasse de l’argent en faveur d’institutions de Torah, doit savoir qu’il existe une permission du ‘Hazon Ich de prendre un pourcentage de ces dons. Même s’il dit aux donateurs que l’argent est destiné à une certaine institution, ce n’est pas considéré comme du vol. Néanmoins, celui qui veut être plus strict ne prendra pas plus que ce qu’il a besoin pour subvenir aux besoins de sa famille, tandis qu’il remettra tout le reste aux institutions.
Par la voix, c’est-à-dire, par l’étude de la Torah. On se sanctifiera en continuant à étudier dans ses moments libres, de sorte à ne perdre aucun instant, à l’instar de l’Admour de Gour. On raconte à son sujet qu’il mettait à profit chaque minute pour l’étude de la Torah, et qu’il put terminer l’étude de l’ensemble du Chass en étudiant pendant les moments de battement où les gens s’apprêtent à prendre leur repas.
Nous en déduisons notre devoir d’exploiter chaque instant de notre vie pour l’étude de la Torah, en vertu de l’injonction de nos Sages (Erouvin 54a) : « Ce monde est comparable à une fête : attrape et mange, attrape et bois ! » Rappelons, à cet égard, la célèbre parabole d’un homme ayant acheté un billet de loto. Il y coche une combinaison de chiffres dont il est certain qu’elle lui assurera la victoire, oubliant toutefois d’écrire le chiffre 6, comme prévu. Après la fermeture des urnes, il s’aperçoit soudain de cet oubli, et court demander aux responsables d’ajouter ce numéro sur sa carte. Mais ils lui disent que c’est trop tard, le moment du tirage étant arrivé. On tire alors au sort, et ce sont les cases qu’il avait cochées, six inclus, qui composent le numéro gagnant ! Notre homme se rend alors auprès de la direction du loto pour faire une réclamation, du fait que c’est le numéro qu’il voulait écrire, mais avait simplement oublié, ajoutant toutes sortes de prétextes. Evidemment, ses plaintes sont sans effet. De même, si l’on ne met pas à profit les moments où l’on pourrait étudier la Torah, il sera ensuite trop tard et tous les prétextes du monde n’y changeront rien.
LA VOIE TRACEE
Celui qui vient se purifier, D.ieu l’y aide
L’homme doit savoir que s’il s’efforce d’observer les mitsvot, de suivre les voies de l’Eternel et de se plier à Sa parole, il peut être assuré qu’une assistance divine l’accompagnera à chacun de ses pas, que toutes ses entreprises seront couronnées de succès et que rien de malencontreux ne lui arrivera.
Lors d’un de mes passages au Mexique, un homme très fortuné se présenta à moi pour me demander conseil au sujet de ses affaires. Il hésitait quant à la manière et au meilleur moment de placer son argent. Du fait que je ne disposais pas de beaucoup de temps et devais retourner en France, je lui demandai de me laisser ses différents papiers, afin que je les examine de près une fois arrivé à destination ; je pourrais ensuite lui donner mon avis.
Je déposai ces documents importants, où il était question de sommes faramineuses, dans mon sac personnel, en dépit du danger que cela représentait au niveau des contrôles en rigueur dans les aéroports. J’étais conscient que je risquais gros si les agents de la douane les découvraient.
A mon atterrissage en France, ces derniers me demandèrent si j’avais quelque chose à déclarer. Lorsque je répondis par la négative, ils m’interrogèrent sur le but de mon voyage au Mexique. J’expliquai alors que je m’y étais rendu afin de renforcer les communautés juives locales. « Je suis un Rabbin, expliquai-je, et non un homme d’affaires… » Mais, pour une raison inexplicable, l’un des douaniers refusait de me libérer, et me demanda d’ouvrir mon sac pour voir ce qu’il contenait. Il resta ahuri à la vue de ces documents, où d’énormes sommes d’argent figuraient noir sur blanc !
Je fus pris d’une grande appréhension, sachant qu’ils allaient désormais enquêter pour savoir pourquoi de tels papiers se trouvaient dans mes affaires. Aussitôt, je levai mes yeux vers le Ciel, suppliant l’Eternel de me tirer de cette mauvaise passe.
Après quelques minutes qui me semblèrent une éternité, on m’informa soudain que j’étais libéré, tout en me restituant les fameux documents.
Voilà une parmi les nombreuses autres anecdotes que j’ai vécues et lors desquelles j’ai ressenti de manière palpable combien le Saint béni soit-Il est sans cesse à mes côtés. Il m’accorde Sa précieuse assistance à chacun de mes pas, sans nul doute par le mérite de mes actions en faveur de la communauté. Il constate à quel point je m’efforce de rapprocher le cœur de mes frères juifs de la Torah et des mitsvot, de sanctifier Son Nom dans le monde et d’y diffuser Sa Torah. C’est pourquoi Il me vient en aide, au-delà même des lois de la nature, car, comme nous l’enseignent nos Sages : « On mène l’homme dans la voie qu’il désire emprunter » (Makot 10b), et : « Celui qui vient se purifier, D.ieu l’y aide. » (Chabbat 104a)
Puisse-t-il être de Sa volonté que nous parvenions à étudier, enseigner et observer toutes les paroles de la Torah ! Amen.
PAROLES DE TSADDIKIM
Remercier pour le seul fait d’être en bonne santé
« Si c’est par reconnaissance qu’on en fait hommage, on offrira (…) » (Vayikra 7:12)
Le chapitre des Psaumes que l’on dit aujourd’hui à la place du sacrifice de reconnaissance – en vertu du verset : « nous voulons remplacer ces taureaux par cette promesse de nos lèvres » – est celui qui s’ouvre par le verset : « Psaume pour [sacrifice de] reconnaissance. Acclamez l’Eternel, toute la terre ! » (chap. 100)
Un Juif posa la question suivante au Gaon Rav ‘Haïm Kanievsky chelita : pourquoi est-il écrit : « Acclamez l’Eternel, toute la terre », alors que seuls quatre types de personnes devaient apporter le sacrifice de reconnaissance – celui qui avait traversé la mer, celui qui avait parcouru le désert, un malade qui avait guéri et un prisonnier qui avait été libéré (les initiales de ces quatre catégories de gens formant le mot ‘haïm) ? S’il est clair que ces derniers doivent remercier l’Eternel pour le miracle accompli en leur faveur, pour quelle raison tous les autres hommes ont-ils eux aussi l’obligation de Le louer ? Quel est le sens de ce remerciement de la part de personnes n’ayant pas vécu de miracle ou de secours particulier ?
Rabbi ‘Haïm répondit : « La réponse est simple, et elle pourra être comprise plus aisément par l’histoire suivante. Dans l’une des synagogues de Bné-Brak, après la prière de Cha’harit, un Juif mit une belle nappe sur la table et invita les fidèles à prendre place ; il leur servit du vin et quelques douceurs. Lorsqu’on lui demanda la raison de ce petit repas de fête qu’il avait organisé, il répondit que la veille, lorsqu’il avait traversé la route, une voiture l’avait heurté, mais il était sorti indemne de l’accident. C’était pour ce miracle qu’il désirait remercier l’Eternel, et associer les fidèles à ce repas de reconnaissance.
Le lendemain, un autre Juif vint à cette synagogue et mit lui aussi une nappe sur la table, sur laquelle il disposa quelques mets en l’honneur des fidèles. Ces derniers l’interrogèrent sur ce qui lui était arrivé. Avait-il également échappé à un accident de voiture ?
“Pas du tout !” répondit cet homme. “Mais cela fait vingt ans que je traverse la même rue, et il n’est jamais arrivé qu’un véhicule me heurte. C’est une raison de me réjouir et de louer le Créateur !”
Il en est de même pour nous, conclut Rabbi ‘Haïm. Il est évident, pour tous, qu’un prisonnier qui a été libéré ou un malade qui a guéri doit réciter le psaume de reconnaissance. Mais, “toute la terre” aussi, c’est-à-dire tous les êtres humains, ont ce même devoir de reconnaissance, car ils doivent remercier D.ieu et L’acclamer pour le fait qu’ils ne sont pas tombés malades ou n’ont pas été emprisonnés. »
CHEMIRAT HALACHONE
Rester sur ses gardes
Bien qu’il soit interdit, d’après la Torah, de donner du crédit à de la médisance (c’est-à-dire de croire avec certitude que c’est vrai), nos Sages ont dit qu’il faut cependant soupçonner qu’elle contient peut-être des éléments de vérité. De tels soupçons ne doivent viser qu’à se préserver de tout préjudice de la part de la personne en question.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Alors l’Eternel prendra plaisir aux offrandes de Yéhouda (…) » (Malakhi 3)
Lien avec la paracha : dans la haftara, il est mentionné que l’Eternel nous enverra la prophète Elyahou pour nous annoncer la délivrance finale, tandis qu’à Chabbat Hagadol, il est question de Moché, chargé par D.ieu d’annoncer aux enfants d’Israël la délivrance d’Egypte.
DANS LA SALLE DU TRESOR
Rabbi David Hanania Pinto
Le zèle est récompensé
« Ordonne à Aaron et à ses fils ce qui suit (…) » (Vayikra 6:2)
Rachi commente : « Le mot tsav (ordonne) implique toujours une idée de zèle, pour le présent et pour les générations à venir. Rabbi Chimon a enseigné : “Le texte incite à d’autant plus de zèle qu’il y a risque de perte d’argent.” » Ceci réclame des explications : il semble évident que les Cohanim se plieraient immédiatement à l’ordre divin, aussi en quoi était-il nécessaire de souligner le zèle dont ils devaient faire preuve ? De plus, d’après la traduction du Targoum, il s’agissait d’un ordre, d’une mitsva, donc il était évident qu’ils obtempéreraient sans tarder.
Vraisemblablement, la Torah désirait enseigner au peuple juif, de manière générale, et aux Cohanim, en particulier, la nécessité d’accomplir les mitsvot de manière désintéressée. Même si l’homme a des intérêts personnels, il doit s’efforcer d’agir uniquement pour le Nom de D.ieu. Cependant, ceci est d’autant plus difficile que les intérêts qu’on en retire sont importants. Ainsi, au sujet de l’holocauste, dont le Cohen ne retire pas le moindre intérêt, le texte saint l’avertit de son obligation de le sacrifier de manière désintéressée, obligation qui s’applique également au reste des mitsvot où des intérêts personnels entrent en jeu.
Par conséquent, il nous incombe de toujours agir de manière désintéressée, plutôt que poussés par des mobiles personnels. En outre, celui qui agit ainsi se facilite la tâche, puisqu’il oriente tout son potentiel vers un seul but élevé ; il ne ressentira pas même de difficulté à accomplir les mitsvot, qu’il ne considérera pas comme un joug. Enfin, par cette attitude, il acquerra la vertu du zèle, qui résulte de cette aspiration au perfectionnement et d’un attachement suprême à l’Eternel.
Une fois où je priais à la Yéchiva, je remarquai qu’un homme était resté assis pendant la Amida, simplement par paresse. A ce moment, un autre homme se mit à lui poser une question, à laquelle il répondit, oubliant qu’il était interdit de parler durant cette prière fondamentale. Lorsqu’il se rendit compte de son erreur, il en éprouva beaucoup de peine et s’arrêta aussitôt de parler. Cette histoire illustre que la paresse mène au péché, tandis que le zèle le prévient.
En conclusion, la vertu du zèle représente un impératif, en particulier auprès des bné Torah, pour lesquels un relâchement serait considéré comme un péché volontaire. Pourquoi ? Car une erreur involontaire dans l’enseignement équivaut à une faute préméditée. Aussi, nous devons tous, quel que soit notre niveau, nous efforcer d’acquérir la vertu du zèle et d’accomplir nos actes de manière désintéressée, dans un sentiment de proximité avec le Créateur. Ce devoir ne se limite pas à la catégorie d’actions s’apparentant à l’holocauste, où l’homme n’a aucun intérêt personnel, mais à l’ensemble des mitsvot qui, malgré les mobiles personnels qui leur ont donné jour, doivent être accomplies dans le seul but se plier à la volonté divine.
A MEDITER
Nos Maîtres nous promettent (Tan’houma, Tsav, 7) que « celui qui répond Amen dans ce monde, méritera de répondre Amen dans le monde à venir ». Car, en répondant Amen, on efface son ego, aspirant à être attiré par la vérité sans même la comprendre totalement ; aussi, dans le futur, aura-t-on le mérite d’être attiré vers des sphères dépassant son propre niveau.
Tel est le sens profond de la émouna dont parlent nos Sages lorsqu’ils disent : « Vint ‘Habakouk, qui les [les mitsvot] résuma en une seule : le juste vivra par sa foi. » (Makot 24a) Et le Sfat Emèt d’expliquer (Ki-Tavo 638) : « Bien qu’il soit juste, c’est par la foi qu’il témoigne en cherchant toujours plus à annuler son ego devant son Créateur que son service divin se maintiendra à jamais. Car la pérennité de toutes les bonnes actions de l’homme n’est assurée que par sa soumission, qui octroie une continuité à son service. »
Joie et protection
En marge du verset : « Mon âme trouve sa gloire en l’Eternel : que les humbles l’entendent et se réjouissent » (Téhilim 34:3), Rabbi Yaakov Abou’hatséra, que son mérite nous protège, écrit dans son ouvrage Aleph Bina : « “Mon âme trouve sa gloire en l’Eternel” – lorsqu’on loue l’Eternel en récitant le Kaddich, “les humbles (anavim) l’entendent et se réjouissent” – ceux qui l’entendent répondent (haonim, mêmes lettres que anavim) Amen et s’en réjouissent.
Dans l’ouvrage Olélot Yéhouda, nous trouvons une interprétation allusive du verset : « Qu’à tes côtés il en tombe mille, dix mille à ta droite : toi, le mal ne t’atteindra point. » (Téhilim 91:7) Comme nous le savons, l’homme doit chaque jour répondre quatre-vingt-dix Amen et quatre Kédouchot, ce que nous pouvons lire en filigrane à travers le terme mitsidkha (à tes côtés), qui contient la lettre tsadé équivalant à 90 et la lettre daleth équivalant à 4 ; s’il se plie à ce devoir, aucune force malfaisante ne pourra s’en prendre à lui.
Les louanges de l’Eternel n’ont pas de fin
Le roi David a partagé le livre des Téhilim en cinq parties, en parallèle aux cinq livres de la Torah. Nous mentionnons ce fait dans la prière de Yéhi ratson, composée par nos Maîtres, que nous lisons après avoir achevé la lecture de l’ensemble de ce livre.
Dans le traité Kidouchin (33a), les Tossefot font remarquer que tous les livres se concluent par le mot Amen, à l’exception du dernier – le cinquième.
Le premier livre se conclut par le verset : « Loué soit l’Eternel, D.ieu d’Israël, d’éternité en éternité ! Amen et Amen ! » (41:14)
Le deuxième, par le verset : « Loué soit à jamais Son Nom glorieux ! Que toute la terre soit remplie de Sa majesté ! Amen et Amen ! Ici se terminent les prières de David, fils de Ichaï. » (72:19-20)
Le troisième, par le verset : « Loué soit l’Eternel à jamais ! Amen et Amen ! » (89:53)
Enfin, le quatrième, par le verset : « Béni soit l’Eternel, le D.ieu d’Israël, d’éternité en éternité, et que le peuple tout entier dise : “Amen ! Alléluia !” » (106:48)
Pourquoi donc le cinquième livre fait-il exception ?
Rabbi C. Elgazy explique, dans son Goufé Halakhot, que le mot Amen exprime la notion de conclusion. Par conséquent, si le roi David avait terminé son livre des Téhilim par ce mot, cela aurait signifié, en quelque sorte, qu’il concluait ses louanges à D.ieu. Quant aux quatre autres livres, il pouvait les fermer par ce terme, puisque ceux qui les suivent attestent qu’il n’exprime pas l’idée d’une conclusion finale. Car ce livre, tout comme les louanges adressées à l’Eternel, n’admet pas de fin.
EN PERSPECTIVE
Tiré de l’ouvrage ‘Hafets ‘Haïm :
La vie est comparable à une carte postale. Quand quelqu’un commence à écrire une carte postale à son ami, son écriture est large, soignée et s’étale sur plusieurs lignes. Puis, arrivé vers la fin, il ressent soudain le besoin d’écrire encore beaucoup de choses, alors que la place est limitée ; il écrit alors tout petit, pour pouvoir gagner de la place et ajouter une phrase ou une ligne…
La vie de l’homme sur terre est construite sur le même schéma : les années de sa jeunesse passent tranquillement et dans la sérénité ; un temps précieux est vainement gaspillé sans qu’il s’en rende compte, jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour revenir en arrière.
DES HOMMES DE FOI
De nombreuses personnes, venues demander conseil sur des sujets touchant à la communauté juive de Mogador, fréquentaient la maison de Rabbi ‘Haïm Pinto. Parmi elles, arriva une fois Rabbi Makhlouf Loyb (également connu sous le nom de Rabbi Lissa), qui avait été convoqué chez le Rav pour un sujet important et urgent.
Il était déjà très tard dans la nuit. Rabbi Makhlouf savait qu’il pouvait trouver la salle d’étude du Tsaddik d’après la bougie qui y scintillait. Quand il entra, il y vit deux hommes. Le premier, c’était Rabbi ‘Haïm Pinto. Son visage avait l’éclat du feu, brillant d’une lumière précieuse. Le visage du second lui était inconnu. Il lui semblait voir un ange.
Rabbi Makhlouf voulut s’approcher, mais sentit ses genoux trembler sous l’effet de la peur. Il tourna les talons et s’enfuit.
Le lendemain, lorsqu’il rencontra le Tsaddik, celui-ci lui dit :
« Heureux sois-tu, Rabbi Makhlouf, d’avoir eu le mérite de voir le visage d’Elyahou Hanavi ! »
Rabbi Makhlouf fut transporté de joie, mais son cœur se mit à battre violemment : peut-être allait-il être puni pour cela ? Il implora Rabbi ‘Haïm d’intercéder en sa faveur afin qu’il ne soit pas condamné à mourir prématurément.
Rabbi ‘Haïm promit qu’il prierait pour lui et invoquerait la Miséricorde de D.ieu.
Ses prières furent entendues et Rabbi Makhlouf connut la longévité. Il quitta ce monde à l’âge de cent dix ans.
Cette histoire qu’il vécut, Rabbi Makhlouf l’a consignée dans son livre de prières. Ses descendants, qui servirent les membres de l’illustre famille Pinto, la firent connaître aux générations suivantes.