Parachat Chemini 22 Avril 2017 כ"ו ניסן תשע"ז |
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Des pensées constructives pour son michkan personnel
Rabbi David Hanania Pinto
« Quand on fut au huitième jour, Moché manda Aharon et ses fils » (Vayikra 9:1)
Rachi explique : « Le huitième jour de l’inauguration, c’était Roch ‘Hodech Nissan, jour où le tabernacle fut dressé. » Chacun des sept jours de la cérémonie de consécration, Moché montait le michkan pour le démonter le soir même, et c’est uniquement le huitième jour qu’il le monta de manière définitive. Pourquoi ne l’a-t-il pas monté définitivement dès le premier jour ? Quel est le sens de ce scénario ?
Afin de répondre à cette question, penchons-nous sur un verset relatif à la construction du tabernacle : « Pour combiner des œuvres d’art ; mettre en œuvre l’or, l’argent et l’airain. » (Chémot 31:4) A priori, la première partie du verset semble superflue : il est évident qu’il faut bien réfléchir à la manière dont on va travailler ces métaux. Mais, le michkan faisant allusion à l’homme, les mots la’hchov ma’hachavot laissent entendre la nécessité pour ce dernier d’investir de nombreux efforts de réflexion pour l’édification de son michkan personnel. On ne peut comparer une acquisition spirituelle à une acquisition matérielle. Dans ce dernier cas, une rapide réflexion suffit pour déterminer s’il vaut la peine, ou non, d’acheter un certain objet, alors que dans le premier, il est nécessaire de peser prudemment le pour et le contre. En effet, il nous incombe de bien réfléchir à la manière dont nous pourrons ajouter encore une brique à notre construction spirituelle, et comment nous pourrons embellir l’intérieur de notre être. Enfin, nous devons nous remettre en question en nous demandant si la voie sur laquelle nous nous sommes engagés est réellement agréée par l’Eternel, ou si, à D.ieu ne plaise, elle n’est qu’hypocrite. D’où la précision du verset la’hchov ma’hachavot : il s’agit, pour chacun d’entre nous, de s’investir dans une réflexion concernant notre construction personnelle, notre tabernacle intérieur, en aspirant à toujours l’améliorer et l’affiner.
Au sujet des dons apportés par les enfants d’Israël pour le michkan, il est écrit : « Les matériaux suffirent, et par delà, pour l’exécution de tout l’ouvrage. » (Chémot 36:7) Le Ben Ich ‘Haï s’interroge sur la contradiction apparente des mots « suffirent, et par delà » : s’ils suffirent, il n’y en avait a priori pas en plus, et s’il y en avait en plus, pourquoi dire qu’ils suffirent ? C’est qu’à ce qu’ils apportèrent, ils ajoutèrent ensuite en qualité, en beauté, augmentant ainsi la valeur de leurs contributions, à l’image d’un diamant, dont la valeur augmente lorsqu’il est monté sur une bague en or, sa beauté apparaissant alors dans tout son éclat. De même, les enfants d’Israël apportèrent des dons pour le tabernacle, dons qu’ils embellirent spirituellement par les pensées saintes et puresqui les y poussèrent, puisqu’ils le firent de manière désintéressée. Ce sont ces pensées pures auxquelles le verset se réfère à travers les mots « et par delà » – un supplément qualitatif, par rapport aux dons originaux, qui octroya une beauté spirituelle au michkan et amplifia la gloire divine.
Le Midrach rapporte qu’au terme de la construction du tabernacle, certains membres du peuple juif soupçonnèrent Moché d’avoir détourné une partie de l’argent qui y était destiné. Ce dernier leur proposa alors de leur en présenter le bilan, comme il est dit : « Telle est la distribution du tabernacle » (Chémot 38:21). Tous les enfants d’Israël entrèrent et attendirent qu’il finisse de faire les comptes. Mais il oublia les 1775 chekalim utilisés pour les crochets des piliers, et ne comprit pas où était passé cet argent. Le Saint béni soit-Il lui éclaira alors les yeux et il se souvint que cet argent avait été consacré aux crochets. Aussitôt, il leur déclara : « Quant aux mille sept cent soixante-quinze sicles, on en fit les crochets des piliers ». A ce moment-là, tout soupçon pesant sur Moché s’évanouit.
Or, ces individus, qui avaient osé soupçonner leur leader, étaient animés de mobiles impurs et manquaient de crainte de D.ieu. Moché, quant à lui, qui n’avait que des pensées saintes, fut prêt à prendre le temps de leur dresser un bilan détaillé. Il est évident qu’à ce moment, il examina également le travail de Betsalel et d’Aholiav, vérifiant s’il avait été accompli avec des pensées pures. A travers sa réflexion, Moché purifiait toute l’œuvre du tabernacle, écartant d’elle toute pensée impure. Car telle était, de manière générale, sa ligne de conduite : la’hchov ma’hachavot – constamment penser, évaluer les choses et ne rien entreprendre sans en rendre compte à lui-même ainsi qu’aux autres. C’est cette conduite qui lui valut l’assistance divine dans toutes ses œuvres et la réussite de celles-ci.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine :« David rassembla de nouveau (…) » (Chemouel II 6)
Lien avec la paracha : la haftara évoque la mort d’Ouza qui s’était approché de l’arche sainte, tandis que la paracha mentionne celle de Nadav et Avihou lorsqu’ils voulurent trop s’approcher de l’Eternel.
PAROLES DE TSADDIKIM
Où trouve-t-on les meilleurs conseils ?
L’incipit de notre section nous l’indique : « Quand on fut au huitième jour, Moché manda Aharon et ses fils, ainsi que les anciens d’Israël. » (Vayikra 9:1)
Le terme zaken signifie : zé chakana ‘hokhma, celui qui a acquis la sagesse. Au sujet d’Avraham, il est dit : « Et Avraham était âgé » ; de même au sujet d’Its’hak, il est dit : « ce fut lorsqu’Its’hak devint âgé », et nos Maîtres de commenter : « âgé et assis à la Yéchiva ». Rabbi ‘Hama bar Rabbi ‘Hanina affirme : « Du temps de nos Maîtres, il y eut toujours une Yéchiva. Lorsqu’ils allèrent en Egypte, ils y établirent une Yéchiva, comme il est dit : “Va et rassemble les anciens d’Israël”. Dans le désert, une Yéchiva les accompagna également, comme il est dit : “Rassemble-moi soixante-dix hommes parmi les anciens d’Israël”. » (Yoma, 28b)
Dans le Midrach Rabba (11:8), nous pouvons lire : « Rabbi Akiva dit : le peuple juif est comparé à un oiseau. De même qu’un oiseau ne peut voler sans ailes, les enfants d’Israël ne peuvent rien faire sans leurs anciens. »
Dans le même esprit, nos Sages ont affirmé que « quiconque prend conseil auprès des anciens n’échouera pas ».
L’anecdote suivante illustre cette vérité. Un escroc trompa plusieurs jeunes couples, en les convainquant de lui confier l’argent de leur dot, prétendant qu’ils y gagneraient de très grands intérêts.
Finalement, pour leur plus grande déconvenue, il fit un mauvais placement et ils n’en récupérèrent pas un centime.
Un élève de la Yéchiva Porat Yossef échappa à ce sort. On lui avait également fait cette proposition, mais il avait pris conseil auprès de son Rav, Rabbi Yéhouda Tsadka zatsal, qui lui avait répondu : « Mon cœur me dit que ce n’est pas bon pour toi. »
Le jeune homme écouta son Rav et échappa à une grosse perte. Tout celui qui entendit le conseil qu’il lui avait donné s’étonna comment il avait pu lui recommander de ne pas investir dans une affaire si miroitante.
Lorsqu’on interrogea ensuite Rav Tsadka, il répondit avec sa simplicité caractéristique : « Les intérêts mirobolants promis par cet homme ne me semblaient pas véridiques… »
CHEMIRAT HALACHONE
Ne plus croire la médisance à l’avenir
Si l’on a déjà transgressé le péché d’écouter de la médisance et d’y croire, on pourra le réparer en s’efforçant de sortir ces calomnies de son cœur afin de ne plus y croire.
On s’engagera également à ne plus donner crédit, à l’avenir, à de la médisance entendue sur un Juif, et on confessera sa faute. De cette manière, on aura réparé toutes les mitsvot positives et négatives transgressées par ce péché.
LA VOIE TRACEE
La tour des ténèbres
Je connais une personne habitant en face de la célèbre tour Eiffel, ce monument attirant chaque jour des milliers de touristes et curieux venus admirer son architecture si étonnante et jouir de la vue panoramique qu’elle procure. Un jour, je lui demandai quelle était son impression, chaque matin, lorsqu’il se levait, en voyant l’imposante tour face à lui. J’interrogeai d’autre part une personne vivant face à une synagogue sur ses sentiments face à ce bâtiment. La différence entre leurs réponses était très édifiante : le premier me dit jouir énormément du spectacle de l’imposante tour, symbole de la culture française, qui évoquait pour lui Napoléon et ses victoires. Le second, en revanche, dont l’appartement donnait sur une synagogue, m’avoua que cette vue le poussait à être un bon Juif, en se levant tôt pour aller prier, le Chabbat comme en semaine, sans rater une seule prière collective.
En entendant ces deux réponses si différentes, il me vint à l’esprit que, mieux que « tour Eiffel », il conviendrait d’appeler le célèbre monument parisien « tour ofel » – la tour des ténèbres. De par sa hauteur et son allure imposante, elle pousse ce Juif qui habite face à elle à jouir de la matérialité, état d’esprit qui conduit à l’assimilation parmi les non-juifs, que D.ieu préserve.
La proximité d’un lieu de Torah et de prière, en revanche, peut permettre de préserver la spiritualité de l’homme, ainsi que de l’élever dans le Service divin, dans la même mesure que la technologie et les progrès techniques risquent de le faire chuter, ainsi que ses descendants, dans l’abîme.
Pour un Juif, il n’est donc pas de meilleure et plus belle vue, depuis sa résidence, que celle d’un endroit de Torah, conformément à cette conclusion de Rabbi Yossi ben Kisma : « Même si tu me donnais tout l’argent, tout l’or, toutes les pierres précieuses et toutes les perles du monde, je ne m’établirais que dans un lieu de Torah. » (Avot 6:9)
A MEDITER
Le mois de Nissan est celui de la délivrance, lors duquel on annonça à nos ancêtres qu’ils seraient libérés d’Egypte. Dans les ouvrages de ’hassidout, il est rapporté qu’au mois de Nissan, il y a, dans toutes les générations, un courant spirituel permettant à l’homme de sortir de son exil personnel, de ses « oppresseurs égyptiens » qui l’entourent et le perturbent sur le plan matériel comme spirituel.
Au sujet du verset : « Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année » (Chémot 12:2), l’ouvrage Torah Emet (parachat ha’hodech, 631) souligne une très belle allusion : les dernières lettres des mots richone hou lakhem (il sera pour vous le premier) forment le terme Amen. La bénédiction propre au mois de Nissan, le premier mois de l’année, dépenddu Amen que les enfants d’Israël y répondront, c’est-à-dire de leur attente de la recevoir.
Dans la même veine, l’ouvrage Divré Hatalmoud fait remarquer que dans le verset « Exulte et réjouis-toi, fille de Sion ! Car voici J’arrive pour résider au milieu de toi, dit (néoum) l’Eternel » (Zékharia 2:14), le mot néoum est composé des mêmes lettres que le mot Amen, où nous lisons en filigrane que le fait de répondre Amen nous donnera droit à la délivrance.
Nous trouvons d’autres allusions à la grandeur de ce geste consistant à répondre Amen.
Il est dit : « L’Eternel dit à Moché : “Le cœur de Paro est opiniâtre ; il refuse de laisser partir le peuple” » (Chémot 7:14) Le mot méen (il refuse) est composé des mêmes lettres que le mot Amen, d’où nous déduisons que nous ne méritons pas la délivrance du fait que nous ne faisons pas suffisamment attention de répondre Amen. L’ouvrage Dérekh Moché (onzième jour) affirme, à cet égard, que la délivrance tarde à venir parce que nous ne veillons pas à répondre Amen aux bénédictions « qui ramène Sa Présence à Sion » (du fait que nous nous empressons de répondre Modim derabanan) et « qui étend une soucca de paix (…) et sur Jérusalem », le vendredi soir (car nous nous disons ensuite véchamerou).
(Yochia Tsion)
Miracles et ségoulot
Les lettres qui suivent celles composant le mot Amen, aleph, mem et noun, sont beit, noun et same’h, qui forment le mot beness, signifiant par miracle. Autrement dit, le fait de répondre Amen entraîne un miracle dans son sillage (Ner Israël, kavanat ‘Hanoucca).
Rav Kessler zatsal souligne (Az yachir Moché) que dans le verset « Ah ! De grâce, Seigneur, sauve mon âme ! » (Téhilim 116:4), les initiales des mots ana (de grâce) malta nafchi (sauve mon âme) forment le mot Amen. Nous en déduisons qu’en répondant Amen, nous échapperons à tout malheur.
Ce chapitre des Psaumes poursuit : « Oui, tu as préservé mon âme de la mort, mes yeux des larmes, mes pieds de la chute » (116:8) Les initiales des mots nafchi mimavet èt (mon âme de la mort…) forment également le mot Amen. Ceci nous enseigne que le fait de répondre Amen conformément à la loi est une ségoula pour jouir d’une longue vie (Chaar Chimon 1:9).
Avec abnégation
Le mot Amen correspond aux initiales de ani mosser nafchi, signifiant « je me sacrifie » : il incombe à l’homme de se sacrifier pour répondre Amen (Dérekh Moché, onzième jour). L’ouvrage Notré Amen souligne que le fait de renoncer à son sommeil pour arriver à temps à la prière et y répondre Amen comporte une dimension de sacrifice.
DANS LA SALLE DU TRESOR
Rabbi David Hanania Pinto
S’affliger d’un affaiblissement spirituel
« Quand on fut au huitième jour, Moché manda Aharon et ses fils, ainsi que les anciens d’Israël. » (Vayikra 9:1)
Nos Maîtres affirment qu’il s’agissait du huitième jour de l’inauguration, jour qui reçut dix couronnes et lors duquel la Présence divine se déploya, tandis qu’Aharon prit les fonctions de grand prêtre. En effet, durant les sept jours de la cérémonie de consécration, c’est Moché qui, vêtu de blanc, remplissait ces fonctions, alors que le huitième jour, ce rôle fut confié à Aharon, qui vêtit les habits de Cohen gadol et servit en tant que tel. La joie du Très-Haut, dans les cieux, fut alors semblable à celle qui régnait lorsque le ciel et la terre furent créés.
Cependant, nous pouvons nous interroger sur l’emploi du terme vayéhi qui ouvre ce verset et qui, comme nous le savons, exprime la tristesse. Certains commentateurs expliquent qu’il se réfère à la peine éprouvée ce jour-là par Moché lorsqu’il dut transmettre les fonctions de grand prêtre à Aharon. Le Midrach (Yalkout Chimoni, 9) affirme à ce sujet : « Rabbi ‘Halbo dit : durant les sept jours de la cérémonie de consécration, Moché remplissait les fonctions de Cohen gadol ; il pensait donc qu’elles lui reviendraient. Mais le septième, D.ieu lui dit : “Ce n’est pas ton rôle, mais celui d’Aharon.” » Aussi, afin de souligner la peine éprouvée par Moché, le verset utilise le mot vayéhi.
Néanmoins, une difficulté subsiste : est-ce à dire que Moché aurait jalousé son frère ? Aurait-il recherché à être nommé à une fonction pour en retirer du prestige ? Il est évident que telles n’étaient pas ses motivations. S’il en est ainsi, pourquoi éprouva-t-il de la peine de devoir céder les fonctions de grand prêtre à Aharon ?
Comme l’atteste le texte, « cet homme, Moché était fort humble, plus qu’aucun homme qui fût sur terre » (Bamidbar 12:3) ; aussi sa tristesse ne provenait-elle certainement pas d’une déception de ne pas avoir été nommé à un poste honorifique. Au contraire, comme le soulignent nos Sages, Moché dit à Aharon en présence des anciens : « Sache, mon frère, que le Saint béni soit-Il m’a ordonné de te nommer Cohen gadol. » Aharon lui répondit : « Après que tu as travaillé si dur pour l’édification du tabernacle, il aurait été juste que tu remplisses ces fonctions, plutôt que moi. » Et Moché de rétorquer : « C’est ainsi que l’Eternel l’a ordonné, et sache que je suis heureux comme si j’avais moi-même été nommé grand prêtre. De même que tu te réjouis lorsque D.ieu me choisit pour aller auprès de Paro – comme il est dit : “à ta vue, il se réjouira dans son cœur” –, je me réjouis à présent qu’Il te nomme Cohen gadol. »
Moché vouait à Aharon un profond amour et se réjouit sincèrement de l’insigne mérite qu’il avait d’être nommé grand prêtre. Néanmoins, il éprouva une certaine tristesse de ne pas accéder lui-même à ces fonctions, car il savait que le service effectué au tabernacle permettait à l’homme de s’élever spirituellement et de progresser dans la crainte du Ciel. En effet, le spectacle du service des Léviim et du reste du peuple les observant introduit dans le cœur de l’homme des sentiments de sainteté et de pureté, ce qui amplifie sa crainte de D.ieu. C’est ce que ressentit Moché durant les sept jours de la cérémonie de consécration : il réalisa que sa propre construction spirituelle se raffermissait grâce à son service saint. Or, il était conscient que dès l’instant où il passerait le relais à Aharon, pour se plier à l’ordre divin, son ascension spirituelle ne jouirait plus de ce tremplin. D’où sa tristesse et son appréhension, que le mot vayéhi met en exergue.
EN PERSPECTIVE
« Quand on fut au huitième jour, Moché manda Aharon et ses fils, ainsi que les anciens d’Israël. » (Vayikra 9:1)
Rabbi Israël de Rozhin zatsal s’étonne : « Chaque fois que le mot vayéhi est employé, il exprime la tristesse. Qu’y avait-il donc de triste le jour de l’inauguration du tabernacle ? »
L’Admour de Vizhnitz zatsal, auteur du Imré ‘Haïm, répond ainsi à cette question :
« Le saint peuple juif a sept jours. L’homme se salit, jour après jour, avec la poussière de la matière et des péchés ; la saleté s’accumule et la couche s’épaissit de plus en plus. La poussière du premier jour ne peut être comparée à celle du sixième. Que faire ?
Finalement, vient le septième jour, le Chabbat, lors duquel l’homme se lave et se purifie de toute la poussière accumulée les jours précédents. Ouvrant une nouvelle page dans sa vie, il a l’air d’un autre homme.
Et le lendemain ? Ce n’est pas le huitième jour, mais le premier.
Cependant, s’il ne s’est pas purifié de ses fautes, le Chabbat passera sans laisser sur lui la moindre trace, tandis que l’épaisse couche de poussière et de saleté persistera sur lui et continuera encore à s’épaissir la semaine suivante, si bien que le premier jour, qui sera une continuation de la semaine passée, correspondra à un huitième jour…
Face à une telle situation, il y a de quoi se désoler en disant : “Quand on fut (vayéhi) au huitième jour”. »
DES HOMMES DE FOI
Rabbi Yaakov portait le nom de famille Benchabbat en raison d’une histoire merveilleuse qui lui est arrivée.
On raconte qu’une fois, Rabbi Yaakov se joignit à une caravane composée d’un groupe de Juifs, montés sur des ânes. Lorsque la veille de Chabbat arriva, Rabbi Yaakov dit à ses compagnons de voyage : « Dans quelques instants, Chabbat va commencer et nous n’aurons plus le droit de voyager à dos d’âne. C’est pourquoi, nous devons rester ici dans la forêt, jusqu’à la fin de Chabbat. Ensuite, nous reprendrons notre route. »
Les voyageurs refusèrent cette proposition. Elle leur semblait inconcevable. « L’endroit est très dangereux. Il est infesté de bêtes sauvages. Nous devons impérativement poursuivre notre voyage », se défendirent ses compagnons de route. Et toutes ses tentatives pour les convaincre restèrent vaines.
Ils continuèrent leur chemin, abandonnant Rabbi Yaakov derrière eux, seul dans cette forêt vaste et terrifiante.
Rabbi Yaakov, dont la foi en D.ieu était inébranlable, s’attela aux préparatifs de Chabbat. Il ramassa plusieurs pierres et les disposa en cercle autour de lui. Puis, il attacha son âne à un arbre, alluma les bougies de Chabbat et commença à prier.
Subitement, il leva les yeux et vit, face à lui, un lion la gueule grande ouverte (il est connu qu’il y a deux cents ans, on pouvait trouver des lions dans les forêts du Maroc). Il fut terrifié. Il leva les bras au ciel tout en suppliant le Tout-Puissant de lui venir en aide.
C’est alors qu’un vieil homme apparut devant lui. « Ne crains rien et ne te trouble pas », lui dit-il.
Il prit son repas de Chabbat dans la joie, tandis que le lion se tenait près du cercle de pierres, montant la garde.
A la fin de Chabbat, Rabbi Yaakov chevaucha son âne et se prépara à poursuivre sa route. Soudain, le lion s’approcha de lui et baissa la tête, semblant vouloir l’inviter à s’asseoir sur lui…
Rabbi Yaakov comprit l’allusion. Il s’installa sur le lion et y plaça tous ses paquets. Le lion se mit à galoper et, en quelques minutes, il l’amena dans une ville qui était très éloignée de la forêt.
Cette vision effraya les habitants de la ville. Ils soupçonnèrent même Rabbi Yaakov d’être arrivé pendant Chabbat et d’en avoir ainsi transgressé la sainteté en voyageant. Mais Rabbi Yaakov leur raconta tout ce qui lui était arrivé, depuis qu’il avait quitté la caravane jusqu’à cet instant où ils l’avaient vu chevauchant ainsi le roi des animaux.
Cette histoire merveilleuse se répandit comme une traînée de poudre parmi les habitants de la ville. Tous eurent foi dans son authenticité car, malheureusement, tout le groupe qui avait continué son chemin pendant Chabbat avait été attaqué par des lions. Il était le seul survivant, ce qui prouvait la véracité de ses dires.
Depuis ce temps-là, les gens l’appelèrent Rabbi Yaakov Benchabbat, d’après le miracle qu’il mérita de vivre grâce au respect du Chabbat. Sa sainteté le protégea de tout mal. C’est ce que réserve D.ieu à tous ceux qui respectent ce jour.