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paracha de la semaine

Emor

13 Mai 2017

י"ז אייר תשע"ז

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L’influence de la sainteté du Temple sur les Cohanim

Rabbi David Hanania Pinto

« L’Eternel dit à Moché : “Parle aux prêtres, fils d’Aharon, et dis-leur : nul ne doit se souiller par le cadavre d’un de ses concitoyens (…)” » (Vayikra 21:1)

Rachi commente : « Parle (…) et dis-leur : les adultes doivent en donner l’ordre aux enfants. » (Yévamot, 114a)

Les commentateurs ont fait couler beaucoup d’encre sur ce verset. Pour ma part, j’aimerais proposer l’interprétation que D.ieu m’a inspirée.

Il est connu que l’homme est naturellement influencé, pour le meilleur et pour le pire, par l’atmosphère qui l’entoure. Plus celle-ci est sainte, et plus il en sortira sanctifié. Même les meilleurs ba’hourim de Yéchiva profitent de l’aura sainte dans laquelle ils baignent, comme le témoignent leurs visages lorsqu’ils en ressortent.

Au sujet de Rabbi Yéhochoua ben ‘Hanina, il est dit (Avot 2:11) : « Heureuse celle qui l’a mis au monde ! » Dans le Talmud de Jérusalem (Yévamot 1:6), nous pouvons lire : « En constatant la grandeur de Rabbi Yéhochoua, Rabbi Dossa ben Horkinas s’exclama : “A qui donc veut-il enseigner la science ? A qui inculquer des leçons ? A des enfants qui viennent d’être sevrés, de quitter la mamelle.” (Yéchaya 28:9) Et d’ajouter : je me souviens comment sa mère apportait son berceau au beth hamidrach afin que ses oreilles s’imprègnent de Torah. » Il va sans dire qu’alors bébé, il n’était pas en mesure de comprendre les discussions talmudiques qui s’y tenaient ; néanmoins, il pouvait déjà absorber l’atmosphère sainte régnant dans ce lieu d’étude, sainteté qui l’influença ensuite et lui permit de se distinguer par sa pureté et son élévation.

Or, si les baté midrachot et les synagogues, surnommés petits sanctuaires, véhiculent une telle sainteté, combien plus le Temple, lieu de résidence de la Présence divine, le devait-il ! Aussi, les Cohanim qui y servaient étaient sans nul doute positivement influencés par cette atmosphère sainte, propre au palais du Roi, outre les nombreux miracles qu’ils pouvaient y observer quotidiennement (Avot 5:7) et qui démontraient la toute-puissance divine. D’où l’avertissement prononcé par la Torah à leur intention : « nul ne doit se souiller par le cadavre d’un de ses concitoyens » – car, dans un lieu d’une sainteté et d’une pureté si intenses, l’impureté n’a pas sa place.

Cela étant, si l’interdiction de se rendre impur pour un mort concernait l’ensemble des prêtres, le Cohen Gadol qui, seul, avait le privilège d’entrer une fois par an dans l’endroit le plus saint – le Saint des saints –, était soumis à une interdiction encore plus rigoureuse, puisqu’il n’avait pas même le droit de se rendre impur pour un proche parent, fussent son père et sa mère. Pourquoi ? Car, portant « le sacre de l’huile d’onction de son D.ieu », sa sainteté était supérieure à celle de ses pairs.

Tel est le sens de l’interprétation de nos Sages : « Parle (…) et dis-leur : les adultes doivent en donner l’ordre aux enfants. »  Dans un autre traité (Makot, 11a), ils nous enseignent : « Le verbe parler (émor) exprime un langage doux, tandis que le verbe dire (daber) exprime la dureté. La Torah ordonne aux Cohanim de mettre en garde les plus petits qu’eux contre l’impureté, mais avec douceur, et non avec dureté. Car ils devaient être conscients que tous n’avaient pas eu le privilège de parvenir à leur niveau, et qu’il fallait donc user de patience et de délicatesse à l’égard des autres membres du peuple.

Mais à quel propos leur incombait-il de les admonester ? Au sujet de l’impureté du corps et de l’âme – s’éloigner des paroles interdites et des obscénités, qui sont déterminantes pour le niveau de sainteté de l’homme. En effet, dès l’instant où sa bouche est entachée par de tels propos, sa prière ne peut être agréée, et les paroles de Torah qui en émanent deviennent la proie des puissances impures – D.ieu préserve. Aussi la préservation de la sainteté de son langage constitue-t-elle un principe fondamental pour la sainteté de l’homme.

De même, ce dernier veillera à préserver la sainteté de sa mila, de sorte à ne pas souiller son corps, et celle de ses yeux, afin de ne pas porter atteinte à son âme. Toutes ces précautions pour conserver sa sainteté représentent un pilier de la Torah, et les plus grands s’appliqueront donc à éduquer les plus petits dans ce sens.

LA VOIE TRACÉE

Lutter contre les mauvaises pensées de notre penchant

A l’une des occasions où notre Maître, Rabbi David Pinto chelita, prit le train de Lyon à Paris, où l’attendaient deux entretiens de la plus haute importance pour ses institutions, le convoi s’arrêta soudain en pleine voie. Il fut bloqué sur place un long moment. Le Rav était alors plongé dans l’écriture d’un commentaire sur la grandeur de Sarah Iménou, qui n’eut de cesse, toute sa vie, de progresser dans le Service divin.

Afin de profiter de l’édifiante réflexion qu’il retira de cet incident, nous allons citer un extrait de ses paroles :

Une heure passa ; nous étions toujours immobiles. J’étais à présent presque sûr de rater mes rendez-vous, avec toutes les conséquences que cela pouvait avoir. C’était pour moi une grande épreuve, car j’avais attendu très longtemps pour les obtenir. En ces instants d’attente tendue, j’avais besoin d’un surplus de forces pour surmonter les pensées défaitistes causées par un manque de confiance en D.ieu.

Le mauvais penchant me narguait ainsi : « Tu vois, tu as fait tous ces efforts pour rien, et la fin du mois approche. Comment vas-tu pouvoir payer tous les avrékhim du Collel ? En plus, tu perds ton temps dans ce train… » Je ruminais toutes sortes de pensées de cet ordre et il me fallait donc une confiance en D.ieu redoublée pour y mettre fin et ne pas laisser le mauvais penchant entamer ma foi. Pour le combattre, il me fallait des forces surnaturelles. Je finis par me dire que la Main de D.ieu n’est jamais prise en défaut et qu’Il dispose d’une infinité de ressources pour nous aider.

En outre, cela ne dépendait que de moi, car si le compte du Collel accusait un tel déficit, cela ne pouvait être dû qu’à un manque de foi en D.ieu. Je devais surmonter cette épreuve, car si le train s’était soudain arrêté si longtemps, ce n’était certainement pas un hasard, mais cela visait au contraire à me pousser à réparer cette défaillance et à trouver de nouvelles forces pour aller de l’avant et progresser sans cesse.

Car, comme je venais de l’écrire dans mes notes, la grandeur de Sarah, son exigence envers elle-même étaient telles qu’à tous les âges – à sept ans, comme à vingt ou à cent –, cette rigueur fut toujours la même, et toutes ses années furent égales dans le bien. Elle renouvela toujours en elle l’énergie de la jeunesse, même lorsqu’elle fut très âgée.

J’en étais là de mes réflexions quand, grâce en soit rendue à D.ieu tout-puissant, le train redémarra. Pour ce qui était du reste, que le rendez-vous soit annulé ou non, je m’en remettais au Très-Haut, dont il ne faut jamais contester les décisions. Car s’Il nous place en situation d’épreuve, Il attend justement de nous que nous la surmontions.

PAROLES DE TSADDIKIM

« Ne profanez pas Mon saint Nom, afin que Je sois sanctifié au milieu des enfants d’Israël, Moi, l’Eternel, Qui vous sanctifie. » (Vayikra 22:32)

Qu’est-ce qu’une profanation du Nom divin ? Disons, de manière générale, qu’il s’agit de tout acte qui n’est pas tout à fait moral, selon les critères de base du commun des mortels, et risque d’entraîner un mépris envers notre religion.

Dans son Méssilat Yécharim (chap. 11), le Ram’hal explique qu’il existe de nombreuses et importantes implications à cet interdit, et c’est pourquoi l’homme doit faire très attention à l’honneur de son Créateur en réfléchissant toujours bien avant d’agir pour s’assurer qu’il n’en ressorte pas, à D.ieu ne plaise, de ‘hilloul Hachem. Comme l’indiquent nos Sages, dans le traité Kiddouchin (p. 40), on peut tomber dans ce travers tant volontairement que par inadvertance.

Celui qui est considéré comme un talmid ‘hakham ou un juste – que ce soit justifié ou non – doit faire d’autant plus attention, car le moindre de ses gestes qui ne cadrerait pas avec l’image que les gens se font de lui entraînerait un ‘hilloul Hachem.

Un homme, que nous appellerons ici Réouven, confia à son ami la somme de 100 000 dollars, le priant de la garder de côté. Ce dernier, toutefois, ne résista pas aux appels de son penchant et se lança dans des paris risqués dans l’espoir de doubler la somme. Il s’imaginait déjà l’argent qu’il pourrait distribuer ensuite à la tsédaka et aux institutions de Torah. Cependant, notre homme perdit l’argent qui lui avait été confié, ainsi que tous ses biens.

Quand Réouven consulta un avocat réputé, dans l’intention de mener en justice son ami, le juriste lui affirma d’emblée qu’il avait de grandes chances de l’emporter, non sans ajouter la précision suivante : « Sache que, dans une telle affaire, la photo de ton ami risque d’apparaître dans les médias, outre le fait qu’il risque la prison. »

Cette idée ennuya Réouven, car le coupable avait la parfaite allure du Juif observant, avec barbe et papillotes. Si son image était diffusée, il en ressortirait un terrible ‘hilloul Hachem. Une telle affaire étant extrêmement rare dans le public religieux, elle ferait d’autant plus de bruit, et le ‘hilloul Hachem en serait décuplé.

Prudent, notre ami prit conseil auprès des Guedolim. L’un d’entre eux trancha résolument qu’il était interdit de traîner le coupable en justice, en dépit du tort causé, le ‘hilloul Hachem étant la plus grave de toutes les fautes. Lorsque la question fut portée devant le Rav Yossef Chalom Elyashiv zatsal, il alla encore plus loin : cet homme n’étant pas connu comme un incorrigible voleur, puisqu’il n’avait apparemment trébuché qu’une seule fois, il n’était pas permis de le mettre en prison – d’après la Torah, dans ce cas, le voleur n’est pas censé être puni de cette manière, mais doit seulement restituer ce qu’il a dérobé.

CHEMIRAT HALACHONE

Les éloges publics

Si la personne qui parle pense que ses auditeurs ne critiqueront pas la personne louée, par exemple dans le cas où elles ne la connaissent pas, il est permis de la louer même en public – en évitant toutefois d’allonger la sauce.

Si l’on désire louer un individu jouissant d’une réputation d’homme respectable et de Tsaddik chez lequel il n’y a objectivement rien à critiquer, on peut le louer même devant ceux qui l’envient ou le haïssent, car ils ne pourront rien trouver à redire. Et même s’ils formulaient des critiques, personne n’y donnerait crédit.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Les Cohanim de la tribu de Lévi, fils de Tsadok » (Yé’hezkel 44)

Lien avec la paracha : Les lois concernant la sainteté des Cohanim sont évoquées dans la haftara, selon les instructions du prophète Yé’hezkel, thème que l’on retrouve dans la paracha.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

L’importance d’une bonne préparation

Comme nous le savons, la sagesse de la Torah n’est pas comparable aux autres sciences, qui ne nécessitent pas de préparation ou de formation préalable. Car si l’homme désire que la Torah transforme son essence en profondeur, le sanctifie, le purifie et l’élève d’un point de vue spirituel, il doit s’y préparer, purifier ses pensées et se défaire de tous les facteurs perturbant sa avodat Hachem. Son corps deviendra ainsi un réceptacle digne d’intégrer la Torah. Il faut par ailleurs être prêt à se sacrifier et à renoncer à toutes les autres jouissances de ce monde pour pouvoir étudier la Torah et accomplir les mitsvot. C’est la raison pour laquelle la Torah a été donnée dans le désert, à l’écart de toute autre préoccupation, pour nous apprendre que si nous voulons l’acquérir, il nous faut nous détacher des affaires de ce monde.

Notre part dans la Torah est en fait fonction de l’ampleur de notre préparation, à l’image d’un verre que l’on remplira en fonction de la manière dont il est tenu. Si on le tient à l’envers, il ne pourra garder que quelques gouttes dans le léger creux qui se trouve au-dessous. Et si on le penche, on réduira également sa capacité de contenance. Par contre, si on le tient bien droit, il pourra être généreusement rempli. De la même manière, nous recevrons la Torah en fonction de l’ampleur de notre préparation à l’approche de son don.

Cette préparation doit essentiellement passer par un travail sur soi pour parfaire son caractère et ses actes, notamment ceux vis-à-vis d’autrui. Il faudra déraciner toutes ses mauvaises midot, telles que l’orgueil, la colère, la rancune, etc., et en acquérir de bonnes. C’est la condition sine qua non pour que la Torah réside en l’homme, ce qui rejoint l’énumération faite par nos Sages (Avot 6, 6) des quarante-huit prérequis pour acquérir la Torah – ce socle de la Torah, composé en grande partie de vertus et de règles de savoir-vivre en société est incontournable. Sans ces bases, au sens premier du terme, la Torah ne peut être comprise et intégrée.

À MÉDITER

Pour une dette de sept peroutoth

C’est Rabbi Eliahou Lopian qui a raconté cette histoire terrible, telle qu’il l’avait entendue de son maître, Rabbi Tsevi Broïde, qui l’avait entendue de son maître et beau-père Rabbi Sim’ha Zissel de Kelem, qui l’avait entendue de son Rav Israël Salanter, qui l’avait entendue de son Rav Rabbi Yossef Zundel de Salant, qui l’avait entendue de son Rav Rabbi ‘Haïm de Volojine, qui l’avait vécue. L’un des meilleurs élèves de la yéchivah « Ets ‘Haïm » de Volojine tomba malade. Comme il avait besoin de soins, il fit ses paquets et partit chez ses parents, accompagné par l’un de ses amis de la yéchivah. Vers le soir, il arrivèrent dans un village et décidèrent de passer la nuit dans une auberge.

Au matin, l’aubergiste leur fixa le prix à payer. Le garçon malade compta l’argent et vit qu’il lui manquait sept peroutoth. L’aubergiste déclara qu’il avait confiance en lui, et qu’il lui rembourserait cette petite dette à l’occasion. De là, ils poursuivirent leur route jusqu’à la maison des parents du malade, où son ami le quitta en lui souhaitant une bonne et rapide guérison. Avant qu’il s’en aille, le malade se souvint de sa dette, donna à son ami une somme de sept peroutoth et lui demanda de ne pas oublier de payer l’aubergiste sur le chemin du retour. Celui-ci le lui promit, et ils se séparèrent en paix. Entre temps, la maladie du garçon empira, et peu de temps après, il quitta ce monde. Quand cette triste nouvelle arriva à la yéchivah, on le pleura et on fit des oraisons funèbres, en disant qu’il serait devenu l’un des flambeaux de la génération.

A la yéchivah de Volojine, la coutume voulait que pendant toutes les vingt-quatre heures de la journée, la voix de la Torah ne s’interrompe jamais, et il y avait un roulement pendant toute la journée. Une nuit, Rabbi ‘Haïm se promenait dans le couloirs de la yéchivah après minuit, en regardant, observant et encourageant l’étude assidue de la Torah dans la grande salle de la yéchivah. Et voici qu’à sa grande surprise, il vit de ses yeux le garçon défunt qui marchait à sa rencontre. Sans s’effrayer, Rabbi ‘Haïm lui demanda : « Comment se passe ton jugement là-haut ? » Alors le défunt lui dévoila que lorsqu’il était arrivé devant le tribunal céleste, on avait commencé à mesurer ses mérites et ses fautes, et il s’était avéré qu’il était pur de tout péché. Ce garçon était l’un des meilleurs en Torah et en crainte du Ciel, et le peu de fautes qu’il avait commises, puisque « il n’y a aucun juste sur terre qui ne fasse que le bien et ne faute pas », sa maladie et son repentir les avaient expiées. Il avait donc été décrété qu’il entre directement au gan Eden.

Et voici qu’en arrivant aux portes du gan Eden, le Satan s’était dressé sur la route, avait fermé la porte devant lui, et crié qu’il ne le laisserait pas rentrer, car il avait commis un vol ! Il révéla que ce garçon avait quitté ce monde en laissant une dette de sept peroutoth envers l’aubergiste. Et même si ce n’était pas de sa faute, puisqu’il avait donné l’argent à son ami et lui avait demandé de rembourser la dette en son nom, il n’en restait pas moins qu’il manquait sept peroutoth à l’aubergiste, lequel n’y avait pas renoncé, mais avait confiance qu’on les lui rendrait.

Cette histoire ébranla le tribunal céleste, et il fut décidé que d’un côté le garçon n’était absolument pas coupable, puisqu’il avait fait tout ce qui était en son pouvoir, mais que par ailleurs, l’aubergiste restait privé de sept peroutoth, on donna donc de façon exceptionnelle au garçon défunt la permission de prendre l’aspect d’un vivant pour rencontrer son Rav et lui demander de régler le paiement de la dette. Tout cela, c’est ce que le garçon défunt a raconté à Rav ‘Haïm. Rav ‘Haïm lui a promis d’arranger l’affaire, et tout à coup le garçon a disparu et s’est volatilisé. Rav ‘Haïm a appelé l’ami, et celui-ci a reconnu qu’il avait reçu les peroutoth pour le remboursement, et qu’il regrettait amèrement d’avoir oublié ce petit paiement jusqu’à maintenant. Il retourna chez l’aubergiste et lui remboursa la somme. Depuis, le défunt n’est plus apparu, car il avait atteint le repos dans le séjour céleste.

DES HOMMES DE FOI

La vertu d’hospitalité faisait partie intégrante de la vie de Rabbi ‘Haïm. Il invitait des gens du monde entier et les accueillait avec joie et générosité. Il ne refusait jamais d’héberger qui que ce soit sous prétexte d’un manque de place.

Un jour, un envoyé d’Erets Israël arriva chez lui. C’était un éminent érudit, dont la réputation avait traversé les frontières. Il s’appelait Rabbi Its’hak Shapira. Rabbi ‘Haïm sortit à sa rencontre et lui réserva un accueil des plus dignes, comme il sied à un invité de ce rang.

C’était la veille de Pessa’h. Naturellement, Rabbi Its’hak Shapira resta passer la fête chez son hôte. La nuit du Séder, Rabbi Its’hak était attablé avec Rabbi ‘Haïm quand soudain, toute la famille remarqua que des larmes coulaient des yeux de leur invité, des flots de larmes accompagnés de sanglots étouffés.

Rabbi ‘Haïm essaya de le calmer, mais il continua de plus belle.

« Je vous en prie, racontez-nous ce qui vous est arrivé et je vais essayer de vous aider », lui dit Rabbi ‘Haïm, « votre peine est la nôtre, car nous ne pouvons nous réjouir, assis à la table du Séder, si parmi nous se trouve quelqu’un qui pleure. »

Rabbi Its’hak écouta mais ne dit mot. Il continuait à pleurer.

Rabbi ‘Haïm essaya de nouveau :

« Rabbi Its’hak ! Je m’engage à prendre en charge tous vos besoins. Si c’est cela qui vous fait de la peine, je vous donnerai tout ce qui vous manque. Mais pourquoi pleurez-vous pendant la nuit du Séder ?

L’émissaire se calma un peu et commença à raconter son histoire :

« Je suis parti seul d’Erets Israël. Chaque année, je m’assois joyeusement avec ma famille à la table du Séder. En voyant les matsot, le vin et la Haggada, je me suis souvenu d’eux. Je ne sais même pas comment ils vont, ni s’ils sont heureux. Sont-ils au contraire tristes à cause de mon absence ? Est-ce que tout va bien en Erets Israël ? »

Rabbi ‘Haïm partagea sa peine et lui dit :

« Ne vous inquiétez pas, la délivrance de D.ieu arrive en un clin d’œil. Suivez-moi dans ma chambre, je voudrais vous montrer quelque chose. »

Ils entrèrent tous les deux. Là, Rabbi ‘Haïm lui dit :

« Regardez, s’il vous plaît. »

L’envoyé scruta la pénombre et voici qu’il vit distinctement, devant lui, les visages des membres de sa famille, assis autour de la table, célébrant joyeusement la fête.

Quand il se remit de cette extraordinaire vision – il avait vu sa famille alors qu’il se trouvait à des milliers de kilomètres de là –, sa joie lui revint. Il quitta la pièce avec Rabbi ‘Haïm, après que celui-ci se fut assuré qu’il avait bien compris ce qui s’était passé :

« Ne croyez pas que c’est le fruit de votre imagination. Lorsque vous retournerez, avec l’aide de D.ieu, en Erets Israël, questionnez votre famille sur ce qu’ils ont ressenti en votre absence. Lorsqu’ils vous auront tout raconté dans les menus détails, envoyez-moi une lettre dans laquelle tout sera consigné. »

A la fin de la fête, Rabbi Its’hak se sépara de son hôte en le remerciant pour cet agréable séjour, où il s’était senti comme un membre de la famille. Il partit du Maroc et arriva en Erets Israël. Passées les premières retrouvailles, il demanda à sa maisonnée comment ils avaient vécu la période de son absence et quel fut leur sentiment lors de la soirée du Séder.

Ils lui racontèrent que les premiers temps, ils avaient cruellement ressenti son départ et souffert de se retrouver seuls. Mais, quand vint la nuit du Séder, ils ont soudain éprouvé une exaltation et ont célébré la fête dans une immense joie.

En entendant ces paroles, le cœur de Rabbi Its’hak Shapira se remplit d’allégresse et d’émotion. Il s’empressa d’envoyer, comme promis, une lettre à Rabbi ‘Haïm Pinto et lui confirma que tout ce qu’il avait vu dans sa chambre n’était pas un rêve, mais bien la réalité.

EN PERSPECTIVE

Pas de simples cris

L’intentionnalité représente une part essentielle de l’accomplissement des mitsvot. Si un homme prend en main un loulav sans avoir l’intention d’accomplir la mitsva, celle-ci ne lui est pas comptabilisée.

« Hachem voit le cœur. » Il ne se contente pas d’actes, de l’accomplissement de mitsvot, mais aspire à ce que notre cœur soit pur.

Dans la ‘hassidout de Karlin, l’habitude est de « crier » sa prière. Un jour, un ‘hassid de Karlin devait aller prier dans une autre cour ‘hassidique. Craignant que sa manière de prier ne lui vaille la foudre des fidèles, il s’adressa au Rebbe pour lui demander la permission de crier lors de sa prière, comme il en avait l’habitude.

Imperturbable, le Rebbe lui répondit que s’il criait, il n’hésiterait pas à ordonner de le jeter dehors au beau milieu de l’office.

Au début de la prière, notre ami réussit à se contenir et à prier silencieusement, et ce, jusqu’au passage de Nichmat Kol ‘Haï. Mais, arrivé là, il ne parvint plus à se contenir et se mit à tonitruer…

C’est alors que… Rien. Personne ne fit mine de le jeter de la synagogue…

Après coup, le ‘hassid se dit qu’il était allé trop loin et, à l’issue du Chabbat, il s’approcha du Rebbe pour s’excuser : il n’avait pas réussi à se retenir en dépit des avertissements.

« Au contraire, lui dit ce dernier aimablement. J’aime quand on crie. »

Le ‘hassid resta un moment interdit.

« Des cris planifiés d’avance, s’expliqua le Rebbe, je n’ai pas la force de les entendre, mais ceux qui jaillissent du cœur, au contraire, font une belle téfila ! »

 

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