La Paracha de la semaine en format PDF

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paracha de la semaine

BALAK

8 Juillet 2017

י"ד סיון תשע"ז

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 21h37* 22י59 00h28
Lyon 21h14* 22h29 23h40
Marseille 21h02* 22h14 23h17
Ra'anana 19h28 20h33 21h03
(*)Horaires données a titre indicatif, vérifiez les horaires de votre communauté

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La qualité de la reconnaissance

Rabbi David Hanania Pinto

« Viens donc, je te prie, et maudis-moi ce peuple, car il est plus puissant que moi, peut-être parviendrai-je à le vaincre et le repousserai-je du pays » (Bamidbar 22, 6)

En examinant les versets de la paracha de Balak, on voit que Balak, fils de Tsipor, chercha à nuire au peuple juif, et il ne recula devant rien pour atteindre cet objectif. Il en arriva à louer les services de Bilam, fils de Béor, pour qu’il vienne maudire le peuple juif. Nous pouvons nous étonner : comment Bilam a-t-il osé tenter de maudire le peuple juif ? Nous savons que de même que Moché Rabbénou était le plus grand des prophètes au sein du peuple juif, Bilam était l’un des plus importants prophètes des nations du monde, et par son statut, il savait que le maintien et le développement du monde reposent exclusivement sur le peuple juif et sa Torah, comme il est dit (Yirmiyahou 33, 25) : « Si mon pacte avec le jour et la nuit pouvait ne plus subsister, si Je cessais de fixer des lois au ciel et à la terre. » Sans le peuple élu et la Torah, l’univers serait depuis longtemps retourné au néant. Ainsi, si Bilam avait réussi sa mission, il aurait en quelque sorte coupé la branche sur laquelle il était assis, se condamnant, ainsi que son peuple, à l’éradication. Comment comprendre une telle bêtise ?

Pour éclaircir ce point, il faut approfondir les différences entre ces deux grands prophètes, Moché Rabbénou d’un côté, et Bilam de l’autre. Le premier était un homme d’une sainteté et d’une pureté incommensurables, tandis que le second s’était spécialisé dans les forces de l’impureté et du mal. Nous savons que Moché Rabbénou a recherché toute sa vie la proximité du Créateur, avec une abnégation telle qu’il se sépara de sa femme pour pouvoir être prêt à tout moment à communiquer avec la Présence divine. En revanche, Bilam, un homme pervers, ne désirait pas parler avec le Saint béni soit-Il, étant donné qu’il ne voulait pas reconnaître la vérité ; il choisit plutôt de s’attacher à l’impureté. Préférant faire abstraction de la vérité et s’en éloigner le plus possible, il chercha également par tous les moyens à échapper au dialogue avec le Créateur, Qui, au final, le remit à sa place en lui prouvant son erreur. Et tandis que Moché Rabbénou désirait parler avec la Présence divine, Bilam, de son côté, chercha toute sa vie à connaître la sagesse supérieure, à déterminer les moments de disgrâce et de colère d’Hachem envers les enfants d’Israël afin d’en profiter pour les maudire.

On peut avancer que la sainteté de Moché Rabbénou découlait de son attachement à la qualité de la gratitude, comme nous l’avons vu lors des Dix Plaies : Moché n’a pas frappé l’eau ; il lui était en effet reconnaissant de l’avoir sauvé, nourrisson, des Égyptiens qui avaient décrété (Chémot 1, 22) : « Tout mâle nouveau-né, jetez-le dans le fleuve ». En fait, de manière naturelle, Moché Rabbénou n’aurait pas dû éprouver de reconnaissance pour l’eau, un élément inerte dénué de sentiment et de discernement. Toute sa gratitude aurait dû être tournée uniquement vers sa sœur Myriam, qui le surveilla pour éviter qu’il ne tombe entre les mains des émissaires de Pharaon et vers Batia, fille de Pharaon, qui l’avait sorti de l’eau. Mais Moché Rabbénou, du fait de son niveau élevé, ne se suffisait pas d’une telle reconnaissance envers sa sœur Myriam, et ressentait ce sentiment à l’égard de l’eau qui avait contribué à son sauvetage, ce pour quoi il refusa de la frapper lors des plaies du sang et des grenouilles.

On pourrait avancer que la qualité de la gratitude est la source de l’attachement au Créateur. À partir du moment où l’homme s’habitue à adresser des remerciements pour tout ce qu’il reçoit, il remercie immédiatement Hachem pour tous les bienfaits et toutes les bontés qu’Il lui accorde.

Voici un adage de nos Sages (Tan’houma Matot, 3) : « Si vous avez bu de l’eau dans un puits, n’y jetez pas de pierre. » À partir de l’ingratitude envers le minéral ou le végétal, l’homme en arrive à contester les bontés du Très-Haut. Nous apprenons de Moché Rabbénou la qualité de la gratitude, même envers des objets inertes dénués de sentiment et d’intelligence, gratitude qui conduit l’homme à éprouver de la reconnaissance envers son prochain, et, de là, envers Celui Qui l’a créé et le fait subsister à tout instant avec bonté.

En revanche, nous pouvons déceler chez le pervers Bilam une faille dans ce domaine : Bilam avait frappé son ânesse plusieurs fois de suite, bien qu’il eût dû lui être reconnaissant pour l’avoir conduit à destination et l’avoir fidèlement servi. À partir de cette ingratitude, il en fit également preuve vis-à-vis de Moché Rabbénou et du peuple juif, grâce auxquels le monde subsiste. De plus, Bilam savait que si Moché n’avait pas été le prophète du peuple juif, il n’aurait pas mérité d’être le prophète des nations du monde, et même sur ce point, il aurait dû éprouver un immense sentiment de reconnaissance envers Moché et le peuple juif, grâce auxquels il avait été nommé chef et prophète des nations du monde, afin que celles-ci ne se plaignent pas d’avoir été laissées pour compte.

Nous comprenons à présent pourquoi Bilam osa chercher à maudire le peuple juif bien qu’il sût que le monde repose sur eux : il était aveuglé par l’ingratitude, à un point tel qu’il était prêt à se nuire, ainsi qu’à son peuple.

Nous apprenons de là l’importance de la gratitude qui se construit au fur et à mesure, à partir d’actes minimes : en s’habituant à éprouver de la reconnaissance pour l’inerte, le végétal et l’animal, on en viendra à éprouver de la gratitude envers tout Juif du fait du principe de responsabilité mutuelle au sein du peuple juif. Et en s’habituant à témoigner sa reconnaissance à son entourage, le sentiment de gratitude de l’homme s’étendra également à Celui Qui l’a créé à Son image.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Un « Amen » au milieu du coma

Mme Yakote Fhima, dont la famille est très proche de moi, avait eu une brusque attaque cérébrale, particulièrement grave. Inquiets, les membres de sa famille me demandèrent de prier en sa faveur par le mérite de mes ancêtres et de lui rendre visite.

Quand j’arrivai à l’hôpital, sa sœur Aïsha, qui se trouvait sur place, me supplia : « Je vous en prie, Rabbi David, vous allez entrer dans la chambre, n’en sortez pas sans bonne nouvelle ! Priez jusqu’à ce qu’elle reprenne connaissance. J’ai une grande foi dans les prières des Tsaddikim, je suis sûre qu’elles sont toujours exaucées ! » Quelle assurance et quelle foi en ma prière et dans son effet immédiat !

J’entrai dans la chambre de la malade et me mis à réciter des chapitres de Téhilim. À côté d’elle se trouvait son fils, Yéhouda. En me voyant, il se tourna vers sa mère et lui dit : « Maman, Rabbi David est là, réveille-toi ! »

Tout autour du lit, avaient été accrochées des photos de Tsaddikim : Rabbi Yaakov Abou’hatsira et Rabbi ‘Haïm Pinto Hakatan, que leur souvenir nous protège, ainsi que bien d’autres. Aussitôt, je me remémorai la demande de la sœur de la malade – de ne pas quitter la chambre tant que celle-ci n’aurait pas repris connaissance – et en arrivai à la conclusion qu’avec une telle foi dans le mérite des Tsaddikim, la malade mériterait certainement de guérir.

Je continuai à prier à côté d’elle quand soudain, ses lèvres se mirent à remuer, et elle répondit « Amen » à mes bénédictions. À partir de ce moment-là, son état s’améliora sans cesse d’instant en instant sous nos yeux ébahis et en contradiction flagrante avec les prédictions pessimistes des médecins. Quel kiddouch Hachem !

Grâce à D.ieu, Mme Fhima guérit entièrement et put retrouver une vie normale, comme avant son attaque, et ce, par le mérite de la foi pure de cette famille dans le mérite des Tsaddikim.

Le pouvoir de la foi dans les Sages

Un jour, un Juif était désireux d’obtenir ma brakha dans un certain domaine, et c’est pourquoi il fit l’effort de se déplacer. Pourtant, nous n’avons finalement pas pu nous rencontrer et il ne reçut donc pas ma brakha. Cependant, grâce à D.ieu, il obtint la réussite dans ce domaine et, quand nous avons fini par nous voir, il m’expliqua : « J’étais venu pour recevoir votre bénédiction, mais je n’ai pas pu vous rencontrer. Pourtant, j’ai quand même obtenu le succès espéré ! »

Je m’empressai de le corriger : « Tu as tort. En vérité, du fait que tu voulais recevoir une bénédiction par le mérite de mes ancêtres et que tu as fourni les efforts pour cela, cette volonté et cette persévérance ont prouvé que tu avais une grande foi dans le mérite des Tsaddikim. C’est donc l’union de ces deux facteurs qui t’a permis de réussir, bien qu’au final, tu ne sois pas parvenu à recevoir de ma part une brakha explicite. Il est par contre évident que ce n’est pas ta propre force ou tes efforts qui t’ont valu cette réussite. »

PAROLES DE TSADIKKIM

Vers qui l’amour du Saint béni soit-Il est-il tourné ?

« Il n’aperçoit point d’iniquité en Yaakov, ni ne voit point de mal en Israël ; l’Éternel, son D.ieu, est avec lui, et l’amitié d’un Roi le protège. » (Bamidbar 23, 21)

Le Gaon et Tsaddik Rabbi Ménaché Klein zatsal, a merveilleusement éclairci dans son ouvrage Michné Halakhot le sens de ce verset :

Un homme qui ne voit aucune faute ni manquement chez ses frères juifs, qui ne s’attarde pas sur leurs fautes ou leurs devoirs, mais ne se concentre que sur leurs mérites et leurs qualités, un tel homme mérite « que l’Éternel, Son D.ieu, [soit] avec lui ». En d’autres termes, il mérite que la Présence divine s’unisse à lui, et que « l’amitié d’un Roi le protège », que le Saint béni soit-Il soit son « ami », car il témoigne de la moralité du peuple juif, et le Saint béni soit-Il apprécie que l’on parle positivement de Ses enfants.

On sait – d’après l’auteur du Tiféret Chlomo – que les Tsaddikim se considèrent comme bas et méprisables à leurs propres yeux, mais ils jugent les autres positivement, les considèrent comme supérieurs, et en tant que tels, leur prodiguent des bienfaits et des bontés.

On raconte que l’Admour Rabbi Aharon de Belz zatsal trouvait toujours un moyen de dire du bien de ses frères juifs. Dans tous les cas, il recherchait toujours le côté positif et les mérites.

Il appréciait toute qualité et vertu qu’il trouvait chez son prochain, et l’exploitait comme un point d’appui pour prendre sa défense.

Un Chabbat, en se promenant dans la rue, le Rabbi passa à côté d’un homme qui fumait une cigarette en public. L’accompagnateur du Rabbi l’aborda : « Tu ignores que c’est Chabbat aujourd’hui ? » Et l’homme de répondre : « Oui, je le sais ! »

Le Rabbi demanda à son accompagnateur : « Qu’a dit l’homme ? » L’homme rapporta au Rabbi sa conversation.

Et le Rabbi de répondre : « Non. Tu n’as pas bien entendu. Il a dit : “Oui, je ne sais pas…” »

DE LA HAFTARA

La haftara de la semaine : « Les survivants de Yaakov seront… » (Mikha 5, 6 et suivants).

Lien avec la paracha : dans la haftara, il est question des bontés de Hachem, loué soit-Il, prodiguées au peuple juif, en ce qu’Il inspira à Bilam la volonté de le bénir. C’est lié à notre paracha, où ces deux hommes pervers qu’étaient Balak, roi de Moav, et Bilam voulurent maudire le peuple juif, mission qui heureusement échoua, puisque Bilam finit par le bénir.

CHEMIRAT HALACHONE

Abominable aux yeux de Hachem ?

L’interdit de colportage s’applique même lorsque les propos sont parfaitement authentiques et qu’il ne s’y trouve aucune trace de mensonge. Il est inutile de préciser que si deux personnes s’appréciaient au départ et qu’un tiers sème la zizanie dans leurs relations en colportant de l’une sur l’autre, il mérite d’être qualifié de racha (« pervers ») et que ses manœuvres sont abominables aux yeux de D.ieu. 

Et même si ces deux personnes se haïssaient, celui qui, apprenant que l’une d’elles a médit de l’autre, rapporte à ce dernier ces propos porte le titre de colporteur.

À MÉDITER

Notre histoire se déroule à l’époque de Rabbénou ‘Haïm Benattar, dont la hilloula tombe cette semaine, dans la ville de Salé au Maroc.

Un homme nommé Yéchoua Sasportas résidait à Salé. Il était très riche, possédait plusieurs domaines, et ses champs et ses vignes lui rapportaient beaucoup d’argent.

Yéchoua était un ignorant en Torah. Il tentait de respecter les mitsvot qu’il connaissait, mais elles étaient peu nombreuses. On ne peut pas dire qu’il était pointilleux sur les mitsvot les moins importantes comme sur les plus essentielles, car il ignorait même celles-là…

Il était connu pour respecter scrupuleusement une seule mitsva : la foi dans les Sages. Il ne franchissait aucune étape importante sans prendre conseil auprès du Tsaddik de sa ville, Rabbi ‘Haïm Benattar, appelé le Or ‘Ha’haïm.

Au même moment, notre homme fit l’affaire de sa vie, en acquérant un verger célèbre dans la ville de Salé. Les arbres qui poussaient dans le verger donnaient des fruits de qualité, mais ce ne sont pas eux qui avaient fait sa réputation. L’origine du succès du verger se cachait parmi les arbres florissants. Là jaillissaient avec force deux sources d’eau pure et claire, qui s’étaient réunies pour former un beau cours d’eau qui circulait dans tout le verger. 

L’air pur des montagnes, le vert des arbres et le clapotis de l’eau avaient transformé le verger en lieu de villégiature pour les résidents de la région, Juifs comme non-Juifs, et l’endroit était intensément fréquenté pendant toute l’année.

Avant de conclure la transaction, Yéchoua se rendit chez le Or Ha’haïm, lui exposa les détails de l’affaire, reçut sa bénédiction, et tout de suite après, signa le contrat. Il avait investi une grande partie de ses finances dans ce verger, dans l’espoir qu’au bout de quelques années, les bénéfices dépasseraient l’investissement. 

Une semaine après que le verger était devenu la propriété de Yéchoua, il pénétra dans le jardin et remarqua que quelque chose n’était pas en ordre. Il regarda autour de lui et fut pris de panique : les canaux d’eau qui arrosaient le verger étaient secs, aucune goutte d’eau ne coulait. Il se hâta en direction de la source d’eau, pour vérifier s’il n’y avait pas un obstacle qui obstruait le passage de l’eau, mais il découvrit que les sources s’étaient taries. Les meilleurs spécialistes du coin furent dépêchés sur les lieux, mais rien n’y fit.

Le monde de Yéchoua s’assombrit.

L’assèchement soudain des sources d’eau lui fit perdre tout son argent et le laissa presque démuni.

Abattu, il se rendit chez le saint Or Ha’haïm, et éclata en sanglots. Lorsque Yéchoua finit de déverser son cœur, le Or Ha’haïm déclara d’une voix triste :

« Mon fils, je t’ai observé lorsque tu buvais de l’eau, et j’ai vu que tu ne récitais la brakha ni avant, ni après. Sache qu’en raison de l’absence de ces deux bénédictions, les sources d’eau se sont taries !

« Je suis sûr de ce fait, et on y trouve même une allusion dans un passage de Yéchayahou (12, 3) : “Vous puiserez avec allégresse (sasson) les eaux de cette source salutaire”. Les initiales du terme sasson [sachant que le chin et le sin sont identiques] forment ceci : “bébrakhot chtayim, chéhakol ouboré néfachot – par deux brakhot, celle avant de boire et celle après”, car seul celui qui veille à la récitation de ces bénédictions aura le privilège de boire de l’eau vive de cette “source salutaire”, tandis que celui qui n’y est pas attentif risque de perdre la bénédiction. Engage-toi à compter d’aujourd’hui à être scrupuleux là-dessus, et je te promets que les sources redonneront de l’eau, comme par le passé. »

Ces propos sortis du cœur pur du Tsaddik trouvèrent le chemin du cœur de Yéchoua. Il prit l’engagement de se renforcer dans la récitation des bénédictions, et même d’agir pour renforcer les autres dans ce domaine, puis il quitta la maison du Tsaddik le cœur serein.

Deux jours plus tard, un prodige eut lieu : les sources se remirent à couler comme au départ.

Yéchoua tint son engagement. À compter de ce jour, les visiteurs du verger étaient accueillis par une grande pancarte où étaient gravées les bénédictions de « chéhakol » et de « boré néfachot » en belles lettres, avec l’ajout d’un rappel clair : « Il est obligatoire de réciter une bénédiction avant et après la consommation d’eau. »

Depuis cet événement, dit-on, ce lieu est appelé « les sources de ‘Haïm », du nom du Tsaddik, et pendant de longues années, elles étaient connues en tant que ségoula pour la guérison et le salut par le mérite du saint Or Ha’haïm.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

Comment le Saint béni soit-Il contrecarre les desseins de nos ennemis

On sait que Balak était un plus grand sorcier que Bilam. Il maîtrisait davantage de forces impures que Bilam, mais il s’adressa à celui-ci, car ses forces étaient insuffisantes pour faire trébucher le peuple juif. Il savait que lorsque les enfants d’Israël résidèrent en Égypte, source de l’impureté, ils veillèrent à la pureté de leurs yeux en s’abstenant de regarder des choses interdites, et que c’est grâce à ce mérite qu’ils furent délivrés. Ce contrôle du regard leur tient lieu de mérite et les protège de tout mal.

On sait que d’après les commentateurs, les précautions déployées par les enfants d’Israël dans le domaine du regard leur ont permis de se distinguer des Égyptiens dans trois domaines-clés : ils n’ont modifié ni leurs noms, ni leur tenue vestimentaire, ni leur langue (Psikata Zoutrati Chémot 6, 6), à savoir qu’ils ont tenu à préserver méticuleusement la décence et la pureté de leur habillement, n’ont pas sali leur bouche par l’emploi d’un langage obscène menant à des relations interdites, et même la source de leurs noms était sainte et pure, ce qui leur valut d’être libérés d’Égypte. 

Balak expliqua à Bilam que la distance remarquable gardée par le peuple juif vis-à-vis des relations interdites lorsqu’ils se trouvaient en Égypte leur avait permis d’être sauvés, et qu’il leur faudrait donc trouver un brillant stratagème pour les faire fauter, pour détourner d’eux la Présence divine.

De là, nous pouvons apprendre la grandeur des bienfaits du Créateur envers Ses enfants. Balak et Bilam étaient tous deux experts du mal, mais tandis que le pouvoir de Balak était secret, le pouvoir de Bilam était connu de tous. Cette dualité dans le mal nous enseigne que le peuple juif doit affronter deux sortes d’ennemis : ceux qui œuvrent en secret, et ceux qui mènent une lutte ouverte. Et, par un effet de la bonté divine, même les ennemis du peuple juif qui projettent leurs méfaits en secret, leurs plans sont découverts et leurs intentions connues à l’avance. Comme nous l’avons déjà précisé, la pensée de Balak était erronée : elle lui avait été inspirée du Ciel pour que son projet soit dévoilé, outre une crainte telle qu’il se sentit incapable de faire trébucher le peuple juif seul et fit appel à l’aide du pervers Bilam, dont le pouvoir lui était pourtant inférieur. Bien que Balak sût que le Saint béni soit-Il ne laisserait pas Bilam maudire les enfants d’Israël, le Saint béni soit-Il introduisit en lui l’idée absurde que le pouvoir des bénédictions du prophète des nations pourrait servir d’accusateur contre les enfants d’Israël, pensée stupide qui mit un terme à tous ses projets pervers. Une chute absolue, orchestrée par Hachem.

DES HOMMES DE FOI

Une année, Rav Yéchoua Derhy vint à Mogador avec son épouse afin de participer à la hilloula du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal.

Avant d’arriver à la hilloula, Rav Yéchoua pensa aller demander une bénédiction à notre Maître chelita, mais il n’avait pas d’argent pour lui faire un don, à l’exclusion de ce qu’il avait mis de côté pour ses propres besoins.

Son épouse, qui sentit ses hésitations, lui conseilla de ne pas aller chez le Rav. Mais le mari ne tint pas compte de ses paroles et lui répondit qu’il donnerait ses économies.

Son épouse s’y opposa fermement :

« Si tu donnes nos économies, comment allons-nous passer les fêtes de Tichri qui approchent ?

– Hachem aura pitié de nous », lui répondit-il.

Elle essaya de nouveau de le convaincre, mais il ne l’écouta pas et entra chez le Rav.

Il posa sur son bureau une enveloppe contenant mille francs. Quand il ressortit, son épouse lui reprocha son geste.  

– Et comment peut-on aller à la hilloula du Tsaddik sans faire un don à son descendant ? protesta-t-il.

– Mais tu aurais très bien pu te contenter de donner une partie de la somme ! » renchérit-elle.

Rav Yéchoua la calma en lui disant :

« Par ce mérite, D.ieu va nous faire vivre des miracles afin que nous puissions célébrer les fêtes dans la joie et dans la paix. »

Après la hilloula, le couple retourna chez lui à Casablanca. Ils n’étaient pas encore arrivés chez eux qu’un Juif, qu’ils ne connaissaient pas, s’approcha d’eux et leur demanda : « Avez-vous de l’argent pour acheter le nécessaire pour les fêtes ?

– Non », répondit Rav Yéchoua.

L’inconnu sortit mille francs de sa poche et les lui remit.

Qui était-ce ? D.ieu seul le sait.

Témoin de la grandeur de la délivrance divine – la somme qu’ils avaient donnée en l’honneur du Tsaddik leur avait été intégralement remboursée –, la femme se réconcilia avec son mari. Toute la nuit, ils évoquèrent la sainteté du Tsaddik et la manière dont ils avaient été récompensés en plus du salaire de cette mitsva qui les attendait dans le Monde futur.

À MÉDITER

Pour que tous en profitent…

Le Gaon Rabbi Isser Zalman Meltzer zatsal déclara un jour : « Lorsqu’on a atteint une certaine notoriété, on doit en faire bon usage également pour les autres, pour qu’ils profitent de ce bienfait. Pour cette raison, j’essaie d’assister aux fêtes de famille auxquelles je suis invité. » 

Un jour, où Rabbi Zalman avait répondu positivement à une invitation à l’occasion d’un mariage, la famille des mariés se présenta chez lui de bonne heure pour le chercher. Ils le conduisirent à la salle où devait se tenir la cérémonie. Comme ils l’avaient cherché en avance, il arriva sur les lieux le premier de tous les invités… Pourtant, après la cérémonie, il resta également au repas et ne rentra chez lui qu’une fois que les derniers invités eurent quitté la salle de fête.

Voyant que son absence se prolongeait, la Rabbanite avait commencé à s’inquiéter pour lui. Dès qu’il franchit le pas de la porte, elle lui demanda d’un ton inquiet : « Que s’est-il passé ? » Lorsqu’il lui expliqua l’enchaînement des événements, sa femme s’indigna : « Si ceux qui ont célébré le mariage n’ont pas agi comme il se doit et t’ont appelé à venir si tôt, tu n’aurais pas dû rester jusqu’au départ des derniers invités ; il n’est pas digne de toi de rester à un mariage aussi longtemps ! »

Et le Rav Isser Zalman Meltzer de répondre à son épouse : « Lorsque le Saint béni soit-Il accorde de l’honneur à un homme, il doit tout faire pour le partager également avec les autres, afin qu’eux aussi en profitent… »

 

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