Pin'has 15 Juillet 2017 כ"א סיון תשע"ז |
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Les moqueries des nations profitent au peuple juif
Rabbi David Hanania Pinto
« Attaquez les Midyanites et taillez-les en pièces ! » (Bamidbar 25, 17)
Après la guerre contre Si’hon et Og, Moché reçut l’ordre de livrer combat aux Midyanites. Auparavant, il leur était difficile de lutter contre l’écorce d’impureté représentée par Midyan, encore cachée et invisible ; pour la combattre, il fallait tout d’abord la dévoiler et la mettre au jour. Etant donné que Si’hon et Og protégeaient et veillaient sur Midyan pour que les nations alentour ne lui portent pas atteinte, à partir du moment où les premiers essuyèrent une défaite et que Moché Rabbénou les soumit, les hommes de Midyan se mirent à redouter que désormais, les enfants d’Israël leur livrent bataille et les soumettent.
C’est pourquoi ils choisirent d’envoyer Bilam, fils de Béor, pour maudire le peuple d’Israël. Dès que Bilam ouvrit la bouche dans ce but, l’impureté de Midyan fut dévoilée aux yeux de tous, et il devint dès lors possible d’attaquer et de subjuguer ce peuple.
Au moment de la guerre contre Og, le Saint béni soit-Il a dit à Moché (idem 21, 34) : « Ne le crains point, car Je le livre en tes mains ». Et la Guémara (Nida 61a) d’expliquer que Moché craignait de l’attaquer, car il pouvait invoquer le mérite d’Avraham auquel il avait annoncé que son neveu Loth avait été capturé. Comme il est dit (Béréchit 14,13) : « Les fuyards vinrent… » – il s’agit d’Og, roi de Bachan, qui avait survécu au déluge.
Rabbi Moché Feinstein zatsal s’interroge dans son ouvrage Darach Moché : il est vrai qu’Og vient annoncer à Avraham que son neveu avait été capturé, ce qui permit de le sauver. Mais le Midrach nous précise qu’il avait en fait une intention malveillante : profiter de l’absence d’Avraham s’engageant dans une guerre où il risquait de trouver la mort pour s’emparer de Sarah. Se pourrait-il qu’une mitsva dans laquelle se mêlaient tant d’intentions malveillantes soit considérée comme un mérite ? Pourquoi Moché redoutait-il ce mérite ?
Pour répondre, il faut examiner la paracha de ‘Houkat, où figure la mitsva de la vache rousse. Cette mitsva est un décret promulgué par D.ieu, dont la raison d’être n’a été dévoilée qu’à Moché. Il y a lieu de s’étonner : pourquoi le Saint béni soit-Il nous a-t-Il imposé des décrets et des lois dont le mobile profond est caché ? Les non-juifs se moquent de ces mitsvot et cela leur donne un prétexte pour pouvoir dénigrer la sainte Torah !
Sachons qu’il y a une différence essentielle entre Israël et les autres peuples dans le domaine de la spiritualité, et en particulier pour ce qui a trait à la reconnaissance et à la foi en D.ieu. Même si l’on trouve un homme parmi les nations du monde qui croit dans le Saint béni soit-Il, sa foi est faible et précaire. En période de malheur ou s’il est pressé par les circonstances, elle ne résistera pas et il perdra la foi.
A l’inverse, pour renforcer leur émouna pure, ancrée dans leur cœur, les Juifs sont prêts à accepter toutes les mitsvot divines et à les accomplir scrupuleusement sans poser de questions. Qu’elles aient une raison d’être claire ou qu’elles entrent dans la définition des « décrets » qui ne sont assortis d’aucune explication, ils savent qu’elles relèvent du « décret du Roi » et qu’ils n’ont absolument pas le droit de les remettre en question. Contrairement aux non-juifs, qui les raillent, se joignant ainsi aux moqueries du Satan.
Il me semble que le Saint béni soit-Il nous a intentionnellement donné de telles lois, pour entraîner les non-juifs à se moquer de notre sainte Torah et à mépriser ses commandements. C’est là un argument en faveur du peuple juif, pour le moment où le Satan viendra porter ses accusations : pourquoi Israël est-il différent des autres peuples ? Pourquoi D.ieu les a-t-Il choisis comme peuple de prédilection ? Le défenseur pourra répondre au Saint béni soit-Il : « Maître du monde, regarde comme ces non-juifs méprisent la Torah et se moquent des mitsvot. En revanche, Tes fils, empreints de sainteté, sont prêts à se sacrifier pour appliquer Tes commandements, et à les accomplir avec amour et abnégation. Et même s’ils ne comprennent nullement les décrets de la Torah, ils s’y soumettent sans contestation, en tant que décret du Roi. De ce fait, il est juste que le Saint béni soit-Il les choisisse comme peuple élu parmi tous les peuples de la planète. »
Ainsi, le mépris des nations et les moqueries sur la Torah et les mitsvot sont un avantage pour le peuple juif, en donnant des arguments au défenseur, qui les dénonce devant Hachem. Grâce soit rendue à D.ieu aussi, Qui a pris les devants en nous donnant des mitsvot incompréhensibles à accomplir avec abnégation, tel un remède avant le mal.
A partir de là, on comprendra pourquoi Moché Rabbénou redoutait le mérite du sauvetage de Loth attribué à Og. Il me semble que bien que l’intention de ce roi fût mauvaise et qu’il désirait prendre Sarah pour femme après qu’Avraham aurait été tué au combat, son intervention entraîna dans son sillage un bienfait pour le peuple juif : en effet, Ruth la Moabite, ancêtre des rois d’Israël, est une descendante de Loth, et de ses entrailles sont sortis David Hamélekh et son fils Chlomo, dont le Saint béni soit-Il s’enorgueillit à chaque instant. De plus, le Machia’h qui répandra sa lumière bientôt et de nos jours, sera également issu de cette dynastie.
Si Loth avait été tué pendant la guerre, il n’aurait pas eu le mérite d’engendrer ces personnalités saintes, et il s’avère que le peuple juif aurait perdu cette bénédiction éternelle ; par le mérite d’Og, le rescapé qui informa Avraham de la capture de son neveu Loth, celui-ci fut sauvé. Et c’est la raison pour laquelle Moché Rabbénou redoutait tant ces immenses mérites attribués à Og, roi de Bachan.
Le Saint béni soit-Il rassura toutefois Moché : « Ne le crains pas. » Il est vrai qu’Og a accumulé de très grands mérites en sauvant Loth, mais il faut qu’il prenne conscience d’un point fondamental : quel que soit le mérite qu’un homme puisse avoir, il n’est pas comparable au mérite de la Torah lorsqu’elle s’y associe. Les nations du monde ne peuvent se targuer de détenir le mérite de la Torah : non seulement elles ne l’accomplissent pas, mais elles la méprisent, comme la mitsva de la vache rousse dont elles raillent le côté insondable. En conséquence, tous les mérites d’Og ne valaient rien, et par le pouvoir protecteur de la Torah, le Saint béni soit-Il le livra entre les mains du peuple juif.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Les paroles de Yirmiyahou (…) » (Yirmiyahou 1)
Lien avec la paracha : dans la haftara, il est question de la prophétie de malheur de Yirmiyahou concernant la destruction de Jérusalem, qui représente la première des trois haftarot lues au cours des trois Chabbatot précédant Ticha Béav.
CHEMIRAT HALACHONE
Même si l’on insiste
Il est interdit de proférer des paroles médisantes, que ce soit de sa propre initiative ou si l’on nous y pousse – même si notre père ou Rav insistent pour que l’on parle, s’il s’agit de médisance ou de poussière de médisance, il est interdit de parler.
Même dans le cas où, en gardant le silence, on serait victime d’une lourde perte financière, par exemple si l’on risque d’être renvoyé de son travail et de perdre sa source de revenus, on n’aura pas le droit de proférer des propos médisants.
PAROLES DE TSADDIKIM
Lorsqu’un moniteur de ski endosse le rôle de garde du corps
« C’est pourquoi tu annonceras que Je lui accorde Mon alliance de paix » (Bamidbar 25, 12)
Le salaire promis à Pin’has, une alliance de paix et la prêtrise éternelle pour lui et ses descendants, lui reviennent de droit, comme en témoigne le Saint béni soit-Il, dans le Midrach : « Il a obtenu son salaire conformément à la loi. »
On peut s’interroger : pourquoi ce salaire lui revient-il « conformément à la loi » ?
Rabbi Bentsion Sana l’explique par une parabole remarquable : son acte de « fanatisme » ne relevait pas de la fonction de Pin’has, et de plus, il était complètement opposé à sa nature et à ses qualités, Pin’has étant le petit-fils d’Aharon Hacohen, qui cherchait et poursuivait la paix.
A quoi cela ressemble-t-il ?
Désireux de remercier ses électeurs, un président américain nouvellement élu décide d’organiser des voyages et des interventions publiques dans tous les Etats d’Amérique. Sur son passage, il distribue des sourires et salue tout le monde d’un geste de la main.
A l’une de ces occasions, des terroristes réussissent à s’approcher de son groupe, et tirent même sur les roues du véhicule présidentiel. L’un des gardes rapprochés du Président risque le tout pour le tout en sautant sur eux et en les neutralisant.
Tous les journaux américains sont remplis de photos du garde audacieux, et le Président américain lui adresse une émouvante lettre de remerciements.
Une fois l’incident clos, le Président déclare : « J’ai besoin d’une semaine de vacances au ski, après quoi seulement je commence mon travail. »
Ses gardes du corps ne savaient pas skier et le temps qu’ils arrivent à enfiler leurs skis, le Président était déjà au milieu de la piste, avec seulement le moniteur de ski à ses côtés.
Pendant que le Présidait manœuvrait dans un tournant, deux terroristes sortirent soudain des buissons, et dirigèrent leur arme vers sa tête. Sans hésiter, le moniteur frappa le Président et le fit tomber au sol, le sauvant ainsi des premières balles qui le visaient.
Le moniteur, parfaitement à l’aise sur ses skis, parvint à frapper de toutes ses forces le premier terroriste, suivi du deuxième. Après d’immenses efforts, le moniteur soumit les deux terroristes, et sauva ainsi le Président.
La photographie du moniteur fit la une des journaux, et le Président le récompensa en lui attribuant deux millions de dollars.
Tout le monde demanda au Président : « Pourquoi avez-vous pensé à lui offrir deux millions de dollars, alors que vous vous êtes contenté d’une lettre de remerciements au premier sauveteur ? »
Et le Président de répondre : « Le premier était un garde du corps, c’était son rôle de me protéger. Le second était un moniteur de ski, quel rapport avec des terroristes ?! Ce n’était pas son rôle, et c’est pourquoi il mérite davantage. »
C’est ce que la Torah nous dit en substance : « Pin’has, fils d’Elazar, fils d’Aharon Hacohen. » C’est un Cohen, un petit-fils d’Aharon Hacohen, qui aimait et poursuivait la paix. Il n’avait aucun rapport avec des actes de fanatisme, ce n’était pas son rôle, et l’acte en lui-même n’était pas dans son caractère. C’est pourquoi il lui revient, pour son acte, un salaire particulier : l’alliance de la prêtrise à titre éternel.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Le Maître du monde
La canne de mon saint grand-père, Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal, est l’un de mes trésors les plus précieux. Je la conserve soigneusement chez moi et ne m’en déferais pas pour tout l’or du monde, car elle est à mes yeux d’une valeur inestimable.
Un jour, je voulus l’utiliser, mais ne parvins pas à mettre la main dessus. Je tentai à plusieurs reprises de me souvenir de l’endroit où je l’avais laissée, en vain. Qu’avait-elle bien pu devenir depuis sa dernière utilisation ? J’avais beau réfléchir, impossible de la retrouver.
J’en étais vraiment consterné et pendant plusieurs jours, j’en fus profondément troublé. Cette perte ne me laissait pas de repos.
L’énigme cessa lorsqu’une nuit, mon grand-père, le Tsaddik, m’apparut en rêve. « Aujourd’hui, tu vas retrouver ma canne », m’annonçait-il.
Le lendemain matin, en ouvrant les yeux et en me remémorant mon rêve, je n’y attachai pas d’importance particulière. Je me dis que j’avais tellement pensé à l’objet perdu au cours des dernières semaines qu’il n’était pas étonnant que j’aie fait un tel songe. En effet, les rêves que l’on fait la nuit sont surtout constitués et alimentés des pensées de la journée.
Cependant, quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’au cours de cette journée, une femme vint me trouver, la canne de mon grand-père en main ! Elle ne tarissait pas de remerciements pour le prêt de cet objet extraordinaire que je lui avais accordé pendant une certaine période et qui l’avait tant aidée.
J’étais stupéfait. Je ne me souvenais pas avoir jamais prêté la canne à cette femme. Pendant toutes ces semaines où je n’avais cessé de me tourmenter à son sujet, il ne me serait jamais venu à l’idée que j’aurais pu la prêter moi-même à quelqu’un pour une certaine période. D’une seule chose, j’étais sûr : la disparition de cette précieuse relique était totalement inexplicable et mystérieuse.
Cet évènement m’a montré de façon tangible que de temps à autre, le Tout-Puissant veut nous rappeler que c’est Lui Qui dirige le cours des évènements dans les moindres détails. Et même si parfois l’homme a l’impression que c’est lui qui gère son existence, Il lui envoie bien vite différentes piqûres de rappel pour qu’il se souvienne qu’Il est le Maître du monde.
Concernant la canne, je croyais à tort savoir où elle se trouvait et en être maître. Après tout, je la garde précieusement et ne peux pas la perdre, me disais-je. Voilà pourquoi, du Ciel, on m’envoya un rappel, pour que je réalise que le Tout-Puissant gouverne la Création dans les moindres détails et que nous devons placer toute notre confiance en Lui.
À MÉDITER
L’une des mitsvot les plus appréciées du Rav Moché Weiss, un rescapé qui a survécu aux affres de la Shoah, lorsqu’il était prisonnier du camp d’Auschwitz, était la mitsva de répondre « amen », en particulier après les bénédictions du matin. Rabbi Moché cherchait à accomplir cette mitsva à la synagogue, et chaque jour, il écoutait et répondait « amen » à la fin de centaines de bénédictions du matin récitées par les fidèles. Vers la fin de ses jours, ses enfants et petits-enfants venaient réciter ces brakhot devant lui, et il y répondait joyeusement « amen ».
C’était la dernière nuit de sa vie. Tous les paramètres médicaux indiquaient qu’il vivait ses derniers instants, sa famille fut appelée à son chevet et tandis que la peur s’intensifiait, ses descendants observaient les appareils qui indiquaient une baisse drastique de la tension ; une fois le signal donné, ils se mirent à réciter le vidouï et le chéma Israël.
Mais alors, un prodige se produisit : une fois la lecture du chéma terminée, intervint une certaine stabilisation de son état et les fonctions vitales furent quelque peu restaurées. Quelques minutes plus tard, ces mêmes fonctions vitales se mirent à chuter de nouveau. Les descendants se remirent à réciter le vidouï et le chéma, mais l’âme pure du grand-père refusait de quitter le corps, car une nouvelle fois, les fonctions vitales se stabilisèrent, avant de subir une nouvelle rechute.
Puis au lever du jour, l’un des petits-enfants proposa une idée : « Tout le monde se souvient à quel point grand-père a tenté toute sa vie d’écouter les bénédictions du matin à plusieurs reprises chaque jour. Peut-être pouvons-nous exploiter l’occasion pour lui accorder le privilège d’écouter ces brakhot tant qu’il est encore présent parmi nous. »
L’un après l’autre, les descendants de Rabbi Moché se levèrent pour réciter les bénédictions devant les membres de la famille attentifs. Rabbi Moché était allongé dans son lit sans bouger, mais ceux qui l’entouraient en étaient sûrs sans l’ombre d’un doute : il les écoutait et était attentif à chaque mot.
Quelques minutes pleines d’émotion et de sainteté s’écoulèrent, et à la fin de la récitation des brakhot, les personnes présentes récitèrent le chéma avec kavana, après quoi son âme quitta son corps dans la pureté alors que les anges de service annonçaient certainement : « Ouvrez les portes pour que puisse entrer un peuple juste, gardien de la loyauté (aménim). »
Pendant la semaine de deuil, de nombreuses personnes furent impressionnées par ce récit prodigieux, puis l’une d’elles déclara d’un ton étonné : « Il n’est certainement pas innocent que Rabbi Moché ait eu longue vie, jusqu’à 90 ans. Toute sa vie, il a veillé scrupuleusement à répondre 90 fois amen chaque jour. »
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
On ne fait jamais trop en matière d’éducation
L’initiation des enfants à la Torah et aux mitsvot est extrêmement importante, et il faut désirer ardemment s’y consacrer, c’est la finalité de l’existence de chaque Juif. Nous avons vu que Moché Rabbénou avait offert ces paroles de consolation à Aharon, à l’approche de son décès : « Heureux sois-tu de voir ta couronne sur la tête de ton fils ! » Ce fut une grande consolation, un vrai réconfort pour Aharon Hacohen lorsque Moché lui annonça que son fils Elazar poursuivrait dans sa voie sainte, celle de la prêtrise.
Il est certes très difficile d’offrir un réconfort par des mots à un homme qui s’apprête à finir son existence sur terre, en particulier s’agissant d’Aharon Hacohen, qui appréciait la vie, conscient de son importance et de la capacité de l’homme à sanctifier le Nom divin sur terre. Il aspirait ardemment à poursuivre ses bonnes actions, mais pourtant, lorsqu’il apprit que ses descendants suivraient sa voie et sanctifieraient le Nom divin par leurs actions pures, il en fut réconforté et empli de satisfaction. Car l’homme n’a pas de bonheur plus grand que le fait de savoir que ses fils poursuivent dans la voie sainte qu’il a tracée pendant toute sa vie.
En fait, Aharon désirait ardemment poursuivre son existence pour accomplir la volonté divine, mais dès lors que son fils Elazar allait poursuivre dans la même voie rectiligne, c’était comme si Aharon lui-même vivait encore. En conséquence, Hachem ordonna qu’Elazar revête les vêtements de Cohen Gadol devant son père Aharon, pour qu’il voie de son vivant que son fils assurerait la relève. Il en serait satisfait, car il était essentiel que l’esprit de la Torah et de la pureté continuent de régner chez ses descendants.
C’est pour cette raison que même le lieu de sépulture d’Aharon ne fut pas dissimulé, car le Saint béni soit-Il voulut qu’à tout moment le peuple juif y tourne ses regards. Les enfants d’Israël se souviendraient ainsi de la voie dans laquelle il avait eu le privilège d’éduquer ses fils purs, celle de la Torah et de la crainte divine, quand la piété de ses enfants fut son dernier réconfort avant sa mort. Ainsi, tout homme est tenu d’éduquer ses enfants dans la voie de la droiture, c’est ainsi que l’on a le mérite d’en récolter de la satisfaction.
Où Aharon est-il enterré ? Sur le mont Hor. Et Rachi de préciser (Bamidbar 20, 25) : « Le mont Hor, une montagne sur une autre montagne, comme une petite pomme posée sur une grande pomme. » D’après moi, nous avons ici un message essentiel pour l’éducation des futures générations. Car si on observe le Mont Hor, en ayant à l’esprit qu’il abrite la sépulture d’Aharon Hacohen, on pourra en déduire qu’on ne peut se suffire du minimum dans le domaine de l’éducation des enfants ; au contraire, à chaque instant, il faut fournir de grands efforts et investir de grandes forces pour les faire accéder à la Montagne de D.ieu. Et une fois la première pente gravie, il faut aspirer à gravir les sommets de la seconde montagne, à l’image de cette montagne double. Car il n’y a pas de limites aux efforts et à l’abnégation dont il faut faire preuve dans le domaine de l’éducation de ses enfants.
DES HOMMES DE FOI
Rabbi Yaakov Pinto chelita, un petit-fils du Tsaddik Rabbi ‘Haïm, se rendit un jour à Mogador avec un ami, afin de se recueillir sur la tombe de son ancêtre. En arrivant au cimetière, il vit qu’un non-juif était en train de nettoyer la sépulture.
L’ami de Rabbi Yaakov Pinto le présenta au non-juif : « Voici le petit-fils du Tsaddik. »
L’homme, très ému de cette rencontre, lui dit :
« Je dois vous raconter une histoire sur votre saint aïeul. Un jour, j’ai eu besoin d’une importante somme d’argent afin d’acheter un mouton pour une grande fête qui devait se tenir chez moi. Je n’avais pas un sou. De plus, mon épouse m’avait averti que si je n’achetais pas de mouton, il était préférable que je ne revienne pas à la maison.
« Désespéré, je me rendis sur la tombe du Tsaddik et me mis à pleurer jusqu’à m’endormir. Dans mon rêve, je vis Rabbi ‘Haïm qui me disait : “Ne t’inquiète pas, va au marché, prends le mouton dont tu as besoin et personne ne te demandera de le payer. Va également au magasin de vêtements, achète tout ce que tu désires et personne ne te réclamera d’argent, car c’est moi-même qui vais régler tous tes achats.”
« En me réveillant, j’eus peur et ne sus que faire. Qui sait comment les commerçants allaient réagir face à un tel comportement ? Je racontai mon rêve à mon épouse qui éclata d’un rire sonore, tournant mes paroles en ridicule. Elle se moqua de moi, me disant que depuis que je m’occupais des tombes des Juifs, je perdais la tête.
« Finalement, je décidai d’obéir aux paroles du Tsaddik. En dépit de mes craintes, je me rendis au marché. J’y trouvai le mouton qu’il me fallait et le pris sans que personne me réclame quoi que ce soit en contrepartie. Ensuite, je continuai par le magasin de vêtements, j’en essayai quelques-uns sans que le vendeur me demande de payer. Ainsi m’en retournai-je à la maison, heureux. »
Chers lecteurs, en entendant ce récit, je me posai la question suivante : s’il s’agissait d’un miracle exceptionnel, cela ne représentait-il pas néanmoins une forme de vol de la part de cet homme, qui avait pris un mouton et des vêtements sans payer ?
Mais en y réfléchissant davantage, j’en arrivai à la conclusion qu’en fait, aucun mouton ni vêtement ne fut volé à quiconque. On peut rapprocher ce prodige de celui vécu par la femme à qui le prophète Elicha annonça qu’à partir du peu d’huile qu’elle avait dans un flacon, elle pourrait en remplir mille et les vendre sur le marché, afin de régler ses dettes envers le roi et d’assurer sa subsistance pour le restant de ses jours.
Ainsi sont les actes des Tsaddikim. Ils possèdent un si grand mérite aux yeux de D.ieu que, par le pouvoir de leur sainteté, ils peuvent construire des mondes entiers ainsi que leur contenu.
EN PERSPECTIVE
Le Rav qui a annulé le spectacle et payé les frais
Le Tsaddik Rabbi Méir Yé’hiel Halévy d’Ostrovtsa zatsal combattait sans relâche pour la sainteté du peuple juif.
Un jour, un théâtre juif ambulant arriva dans la ville et ses propriétaires demandèrent à organiser leur spectacle le jour du Chabbat. Rabbi Méir Yé’hiel ne réussit pas à empêcher la tenue de l’évènement, en dépit de tous les efforts qu’il déploya à cet effet.
Que fit-il ? Une petite heure avant celle de la représentation, Rabbi Méir Yé’hiel apparut et s’assit sur le banc au premier rang. Le voyant, les spectateurs venus pour assister au spectacle se dispersèrent et quittèrent les lieux. Le spectacle n’eut pas lieu.
Mais à l’issue du Chabbat, le Tsaddik appela les directeurs du théâtre et leur paya de sa poche toutes les pertes engendrées par l’annulation du spectacle.