Matot Mass'é 22 Juillet 2017 כ"ח סיון תשע"ז |
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La vie ressemble à un périple
Rabbi David Hanania Pinto
« Voici l’itinéraire des enfants d’Israël depuis qu’ils furent sortis du pays d’Egypte, selon leurs légions, sous la conduite de Moché et d’Aharon. » (Bamidbar 33, 1)
La Torah énumère en détail tous les périples des enfants d’Israël depuis le jour où ils ont quitté l’Egypte jusqu’à leur entrée en Erets Israël. Nous devons comprendre pourquoi le Texte s’étend si longuement sur tous les périples et les stations des enfants d’Israël dans le désert, et la leçon que nous pouvons en retirer.
Sous l’angle de la morale juive, l’homme doit connaître le but de son existence sur terre, du début jusqu’à la fin. Nous constatons malheureusement que nombreux sont ceux qui perdent leur temps en frivolités, plutôt que de se consacrer au repentir et aux bonnes actions, ce qui vaut plus que toute la vie dans le monde futur. Lorsque l’homme sert son Créateur dans ce monde-ci, il mérite beaucoup de satisfaction dans le monde à venir.
La Torah a détaillé les pérégrinations des enfants d’Israël dans le désert pour nous enseigner que la raison essentielle de la sortie d’Egypte tenait à ce qu’ils marquent un arrêt définitif en entrant en Terre sainte, étape finale des périples du peuple juif, qui ne voyagera plus par la suite. Mais à une condition : qu’ils se consacrent à la Torah et aux mitsvot, et parmi elles, les mitsvot liées à la terre d’Israël. Le Saint béni soit-Il a soumis Ses enfants à la difficulté des voyages et des arrêts dans le désert pour qu’ils en apprécient davantage ce qui sera le dernier arrêt, dans une terre où coulent le lait et le miel. Lorsque le peuple juif « atteindra la possession tranquille, l’héritage (…) », après toutes les pérégrinations et les voyages qui étaient leur lot dans le désert, ils prendront conscience de la difficulté à être exilés de cette terre, un exil autrement plus difficile et douloureux que les stations et les périples ordonnés par Hachem dans le désert. Malgré les contraintes qu’impliquaient leurs voyages dans le désert, ils avaient tout de même le privilège d’être entourés par les saintes nuées, de jouir de la manne, qui tombait du ciel, et du puits de Myriam, qui les accompagna pendant tout leur séjour dans le désert. Toutefois, bien que le Saint béni soit-Il les ait pris sous Son aile dans le désert, ils subirent des épreuves et des moments de trouble. Parfois, ils s’installaient quelque part et immédiatement, les nuées se levaient pour leur indiquer qu’il fallait démonter les tentes et remballer leurs affaires pour poursuivre leur route. Pourtant, on ne peut comparer les vicissitudes de leurs voyages et les moments de détresse aux malheurs qui risquaient de les frapper s’ils n’écoutaient pas la voix de D.ieu et étaient contraints de s’exiler de leur terre et d’assister, que D.ieu préserve, à sa destruction.
Nous pouvons à présent comprendre la mention des Egyptiens enterrant leurs morts. Ce monde-ci étant comparable au pays d’Egypte, la Torah prodigue allusivement des conseils : lorsque l’homme vient dans ce monde empli de futilités et où la présence du mauvais penchant est très forte, qu’il tente de toutes ses forces de le surmonter, et il aura ainsi le privilège de s’extraire de l’esclavage égyptien – l’esclavage des futilités de ce monde. L’homme doit se consacrer toute sa vie aux propos de la sainte Torah, appelée « voyage », comme l’explique le Or Ha’haïm Hakadoch sur le verset (Chémot 19, 2) : « Partis de Réfidim », à savoir que le peuple juif a quitté son relâchement dans la Torah et s’est engagé à s’y consacrer. L’homme doit toujours être en voyage dans la Torah, dans un élan de progression constante, et même lorsqu’il se repose, ce moment de détente lui servira pour reprendre des forces nouvelles afin de continuer à s’élever dans la Torah et les mitsvot.
Pour pouvoir rester dans cet élan ascendant, il faut toujours avoir à l’esprit le jour de sa mort et enterrer ses désirs, insignifiants et éphémères. C’est l’idée allusivement évoquée à travers le fait qu’au moment où les enfants d’Israël s’apprêtaient à quitter l’Egypte, les Egyptiens étaient affairés à enterrer leurs morts. Ainsi, lorsque les enfants d’Israël ont quitté l’Egypte, ils ont voyagé en ayant conscience qu’ils allaient recevoir la Torah, et avant de quitter cette terre de luxure et d’abomination, eux aussi y ont enterré leurs morts, qui sont les futilités de ce monde. Et pour s’aider à surmonter leur mauvais penchant, ils ont veillé à répéter dans leur esprit cet adage (Avot 3, 1) : « Sache d’où tu proviens, vers où tu te diriges, et devant Qui tu devras rendre des comptes le jour de ta mort. »
« D’où tu proviens », à savoir qu’ils étaient les esclaves de Pharaon, qui exécutaient des travaux forcés dans la construction et les champs, et les Egyptiens les ont fait souffrir au point de leur faire oublier ce qu’est la liberté ; puis, sous l’effet de la bonté divine, ils ont eu le mérite d’être libérés et délivrés de l’esclavage pour retrouver la liberté.
« Vers où tu te diriges » : ils étaient sur le point de recevoir la Torah, car si l’intention divine n’avait été de leur offrir la sainte Torah, ils n’auraient pas mérité d’être délivrés, sachant qu’un fil seulement les séparait de la cinquantième porte d’impureté, point de non-retour.
Devant qui doit-on rendre des comptes le jour de la mort ? Devant le Saint béni soit-Il, et s’ils n’examinaient pas ces trois points, ils étaient susceptibles au final de devoir rendre des comptes à ce sujet, comme nous l’avons vu à propos de la plaie des ténèbres : de nombreux enfants d’Israël sont alors morts, ayant fait l’impasse sur ces trois points qui ont le pouvoir de sauver l’homme de la faute.
On pourrait avancer également que toute la vie du Juif est en quelque sorte l’histoire d’un long périple dont chaque acte constitue, en fonction des résultats, une étape positive, ou que D.ieu préserve, négative. Si l’homme emprunte le bon chemin et multiplie l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot, on considère qu’il a choisi une voie élevée et digne de louanges ; en revanche, s’il privilégie la matérialité et les vanités, on considère qu’il a choisi un chemin mauvais et préjudiciable.
Etant donné que le peuple juif n’a pas été irréprochable dans son rapport à la Torah à sa sortie d’Egypte, quarante ans de pérégrinations furent décrétés à son encontre. Hachem désirait uniquement que les enfants d’Israël restent saints, au cours de tous leurs périples et leurs stations avant de pénétrer en Terre Sainte, et là, ils se sanctifieraient sans cesse davantage jusqu’à devenir « ce peuple, [qui] vit solitaire, ne se confondra point avec les nations ».
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Ecoutez la parole de D.ieu (…) » (Yirmiyahou 2)
Lien avec la paracha : c’est la deuxième des trois haftarot instituées par nos Sages pendant les trois Chabbatot précédant le 9 Av, qui traitent de la destruction de Jérusalem prophétisée par Yirmiyahou.
CHEMIRAT HALACHONE
Tenir sa langue à tout prix
Même si l’on réalise qu’en s’abstenant de dévoiler les secrets des autres, on risque une grande perte financière, par exemple le licenciement, il est malgré tout interdit de parler – au même titre que les interdits de la Torah pour lesquels on est tenu de donner tout ce que l’on possède plutôt que de les transgresser.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Les lunettes de la foi
Une femme qui tardait à rencontrer son zivoug venait fréquemment me demander de lui renouveler mes brakhot. Je le faisais à chaque fois de bonne grâce, mais il semblait que le Ciel en avait décidé autrement. Les années passaient, et elle continuait à faire des apparitions de temps à autre. Lors de chacune de ses visites, je la bénissais de nouveau pour qu’elle ait le mérite de fonder un foyer rapidement, par le mérite de mes saints ancêtres, et lui donnais des kémiot – bien entendu pas des kémiot écrites d’après la Kabbale utilisant des Noms saints, mais « simplement » des brakhot rédigées par écrit. Je lui demandais de me les rendre quand elle aurait enfin trouvé l’âme sœur.
Un jour, lors d’un séjour à Paris, elle vint une fois de plus se lamenter sur sa solitude. Elle paraissait vraiment désespérée, et je finis par avoir la douloureuse impression que je ne pouvais lui être d’aucune aide. Je lui dis donc qu’ayant le sentiment que, du Ciel, on ne me permettait pas de lui porter secours, j’avais décidé de lui donner mes lunettes et la priai de ne revenir me voir qu’en compagnie de son ‘hatan ! Jusqu’à ce jour de joie, ajoutai-je, je ne voulais plus la revoir, car j’avais le sentiment de ne rien pouvoir faire de plus pour elle.
Après m’avoir entendu, elle prit les lunettes et ressortit brisée et abattue. Sans doute avait-il été décrété qu’elle reste à vie célibataire, semblait-elle se dire, découragée. Pourtant, à ma plus grande surprise, peu de temps après, elle était de retour, un grand sourire aux lèvres, avec mes lunettes en main. Elle me les tendit en m’annonçant qu’elle avait enfin trouvé son mazal, et qu’elle se faisait donc une joie de me les restituer.
« Ce dénouement extraordinaire doit vous apprendre le pouvoir de la émouna, lui fis-je remarquer. En effet, ce n’est que lorsque vous avez été intimement convaincue que seul D.ieu pouvait vous sortir de votre difficile situation et que vous avez cessé de placer vos espoirs dans différentes brakhot ou facteurs extérieurs, que vous avez mérité le salut ! Peut-être que si vous aviez ressenti plus tôt qu’“il n’est rien en dehors de Lui”, vous auriez obtenu le salut auparavant ! » Après avoir ainsi conclu, je lui donnai ma brakha pour qu’elle fonde un foyer durable et solide.
PAROLES DE TSADDIKIM
Une lettre d’Amérique
« Vous choisirez des villes propres à vous servir de cités d’asile, là se réfugiera le meurtrier, homicide par imprudence. » (Bamidbar 35, 11)
De ce verset, l’auteur du ‘Hidouché Harim déduit comment se conduire avec un homme qui a trébuché en commettant une faute grave ; pris de regrets d’avoir tué un homme par erreur, il ne sait pas où se réfugier. A ce moment-là, le Saint béni soit-Il tourne Son regard bienveillant vers lui et lui dit : « Je t’ai trouvé un lieu sûr, tu n’as pas perdu espoir. Tu as un abri où tu peux te réfugier pour échapper à tes poursuivants. »
Nous devons aussi choisir cette voie : donner une chance et un espoir aux fauteurs. Ne pas désespérer d’eux, ne pas les éloigner et les abandonner dans leur voie tortueuse. Mais, au contraire, les rapprocher et les orienter vers la voie divine.
Le dévouement et l’amour du Roch Yéchiva de Chéérit Yossef, le Gaon Rabbi Nissim Tolédano zatsal, envers ses élèves, étaient en tous points comparables à l’amour d’un père pour ses enfants.
Aux tout débuts de la Yéchiva arriva un jeune élève résidant à proximité de Césarée et issu d’un foyer non orthodoxe. Il hésitait constamment entre poursuivre ses études à la Yéchiva ou aller à l’armée. Il décida finalement de quitter la Yéchiva. Il fit part de sa décision au Machguia’h, et le lendemain matin, il quitta la Yéchiva avec sa valise.
Sur le seuil, il croisa le postier entré au même moment pour apporter des lettres. Cela piqua la curiosité du jeune homme : « Peut-être y a-t-il une lettre pour moi ? » Le postier lui tendit la pile de lettres et soudain il trouva une lettre qui lui était adressée ! C’était une lettre du… Roch Yéchiva, Rav Nissim Tolédano, qui séjournait alors en Amérique.
Le jeune homme prit la lettre et avança vers l’arrêt d’autobus. Arrivé à l’arrêt, il en commença la lecture :
« Mon cher ami, mon bien-aimé, etc. ». C’était l’introduction à la lettre emplie d’empathie pour son élève. « Comment vas-tu ? Je me fais du souci pour toi et pense à toi de loin. Je sais que tu traverses des épreuves et je suis sûr que c’est difficile… » La lettre contenait d’autres expressions de sympathie et d’intérêt qui provenaient du fond du cœur.
Le jeune homme fut stupéfait à la lecture de la missive. Les termes touchants défilaient sous ses yeux emplis de larmes. Il se dit ensuite : « J’ai eu droit à un tel Roch Yéchiva ? Dans ce cas, je rentre ! » Il retourna à la Yéchiva et le Machguia’h qui s’était déjà résigné à son départ fut étonné de le revoir… En guise d’explications, le jeune homme lui tendit la lettre qui avait agi sur lui comme un baume apaisant.
Dans le sillage de cette lettre, le frère de ce jeune homme resta également à la Yéchiva. Et ses deux sœurs épousèrent des élèves de l’institution ! Quatre foyers ont été sauvés par le mérite d’une lettre du Roch Yéchiva arrivée au jeune homme au bon moment.
À MÉDITER
Dans les jardins d’enfants de la localité de Bet Horon, l’usage était comme ailleurs de célébrer chaque année Tou Bichevat en consommant des fruits des sept espèces et d’autres issus de notre Terre bénie, et de marquer le coup par des ateliers et des activités ludiques organisés par les jardinières d’enfants.
Cette année-là, l’une des jardinières d’enfants proposa une idée novatrice et surprenante : au lieu des ateliers, elle suggéra de préparer une collation pour tous les enfants du gan où l’on réciterait amen sur toute une variété d’aliments. Outre l’accomplissement de la coutume de manger des fruits, c’était aussi une manière d’ancrer la foi chez les enfants, et en parallèle, de récolter de nombreux mérites, autant d’anges purs qui pourraient intercéder pour leur village et pour tout le peuple juif.
Quelques jours avant la fête, les jardinières d’enfants expliquèrent en termes simples aux enfants que le fait de répondre « amen » parachève et perfectionne la bénédiction, et que pour tout « amen » prononcé, un ange pur est créé.
Elles évoquèrent également les propos de nos sages louant ceux qui répondent amen, et le salaire prodigieux réservé à toute personne qui est pointilleuse sur ce point : « On lui ouvre les portes du Gan Eden. »
Une fois le jour venu, fin prêts à accomplir cette mitsva, les enfants se réunirent à l’heure prévue pour cette belle collation. Au cours du repas, les enfants récitèrent joyeusement les bénédictions sur les fruits variés posés devant eux, et chacun d’eux répondit « amen » à voix haute et avec concentration.
Peu de temps après, il s’avéra que les anges purs créés par ces « amen » sortis des bouches pures d’environ 60 héros en herbe, avaient représenté un grand mérite pour tout le village, mérite qui, le moment voulu, les protégea d’un danger.
A seize heures, les enfants rentrèrent chez eux, tout heureux d’avoir participé à ce repas et d’avoir eu le privilège de répondre des dizaines d’« amen » qui leur accorderaient le droit à la vie future.
Comme les météorologues avaient prévu de la neige pour les jours suivants, certains parents, après avoir récupéré leurs enfants au jardin d’enfants, se rendirent à l’épicerie située dans un bâtiment adjacent, pour acheter et stocker des aliments en vue de la neige.
Pendant qu’enfants et parents circulaient entre les rayons chargés de nourriture, deux terroristes profitèrent du climat de tempête pour couper la barrière du village ; ils portaient divers instruments destinés à semer la terreur : des couteaux, de petites charges explosives, et mus par le désir de tuer, ils avancèrent vers le jardin d’enfants et l’épicerie.
En chemin, ils réussirent à tuer une jeune femme rencontrée en chemin, que D.ieu venge son sang, et ils poursuivirent vers leur cible principale : l’épicerie du quartier, où ils comptaient mettre à exécution leur sombres desseins.
Un instant avant qu’ils n’entrent dans l’épicerie, une femme âgée en sortit, portant de nombreux sacs. Ces brutes se jetèrent sur elle pour tenter de la blesser avec leurs couteaux, mais elle réussit à leur échapper et à s’engouffrer dans une voiture qui passait sur la route adjacente. Les terroristes lancèrent une charge explosive sur le véhicule qui brisa le pare-brise, mais miraculeusement, n’explosa pas.
Qui était cette femme ? L’une des enseignantes qui avaient organisé le matin même l’émouvante collation. Elle ressentit dans sa propre chair comment elle avait été entourée par les anges purs des « amen » qui l’avaient protégé de tout mal.
Les terroristes se dirigèrent vers l’épicerie qui était bondée de clients, d’enfants et de parents. Au début, ils lancèrent une charge explosive qui, grâce à D.ieu, n’explosa pas, et par la suite, ils tentèrent d’entrer pour blesser des acheteurs, mais le propriétaire des lieux les repoussa à l’aide d’un simple chariot – un miracle en soi.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Ressentir et agir lorsqu’un ami vit une épreuve
« L’Eternel parla ainsi à Moché : Exerce sur les Midyanites la vengeance due aux enfants d’Israël après quoi tu seras réuni à tes pères. » (Bamidbar 31, 1-2)
Pourquoi le Saint béni soit-Il s’est-Il tourné vers Moché en lui demandant de prendre en charge la guerre contre les Midyanites ? D.ieu Lui-même aurait pu lutter contre les Midyanites, comme Il a combattu seul contre le peuple égyptien en son temps.
De cette demande divine adressée à Moché, nous retirons une importante leçon éthique. Souvent, lorsqu’on apprend que l’un de nos frères juifs est en proie au malheur ou traverse une difficulté, on soupire et on déclare avec désinvolture que le Saint béni soit-Il lui viendra en aide, ou on murmure du bout des lèvres : « La délivrance de D.ieu survient en un clin d’œil ». Sans lever le petit doigt pour aider la personne en question, on est soudain persuadé que le Saint béni soit-Il va l’aider à régler ses problèmes.
Il va de soi que le Saint béni soit-Il lui prodigue Son aide, mais cela ne nous dispense pas pour autant de lui tendre la main et de tenter de le tirer des difficultés qu’il vit.
Il semble que le Saint béni soit-Il désire que l’homme fasse le premier pas, les premières démarches, et Il prodigue ensuite Son aide, comme l’atteste la sentence suivante (Chir Hachirim Rabba 5, 3) : « Ouvrez-moi une ouverture de la taille d’un chas d’aiguille et Je vous ménagerai une ouverture digne d’un palais. » Comme les enfants d’Israël sont garants les uns des autres (Chevouot 39a), si quelqu’un est en proie un problème quelconque et souffre de la situation, j’ai moi-même une part dans ses difficultés et je dois même ressentir sa douleur et sa détresse, en vertu de la solidarité qui prévaut au sein de notre peuple.
Pour cette raison, le Saint béni soit-Il voulait que les enfants d’Israël, qui en arrivèrent à fauter avec les filles de Midyan par faiblesse spirituelle, partent en guerre contre les Midyanites, afin qu’ils agissent eux-mêmes pour réparer le tort causé. De Son côté, le Saint béni soit-Il paracheva leurs efforts en les aidant à vaincre et à remporter la guerre.
DES HOMMES DE FOI
Une des filles de la famille Ohayon nous a raconté cette histoire :
Sa mère voyait tous ses enfants mourir en bas âge, peu de temps après leur naissance. Quand naquit leur troisième fils, le couple se rendit sur la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto pour prier. Ils y firent la promesse suivante : si ce garçon vivait, quand il aurait trois ans, ils viendraient lui couper les cheveux sur la tombe et organiseraient un grand repas de remerciement.
Il continua effectivement à vivre mais, quand il eut trois ans, les parents oublièrent leur promesse.
Un matin, on entendit des coups frappés à la porte. Sur le palier, se tenait le Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto Hakatan. Il demanda : « Est-ce bien là qu’habite Mme Moyal ? » Ils répondirent par l’affirmative.
« Mon grand-père, expliqua-t-il, Rabbi ‘Haïm Pinto m’est apparu en rêve cette nuit et m’a demandé de venir chez vous, car vous avez prononcé le vœu de couper les cheveux de cet enfant sur son tombeau et avez oublié de le faire. C’est pourquoi il demande que vous alliez aujourd’hui même accomplir votre promesse. »
Curieusement, il ajouta les paroles suivantes : « Ce garçon vivra, vivra », en doublant volontairement le mot.
Se souvenant de son engagement, le couple s’empressa d’aller l’accomplir. Et effectivement, cet enfant continua à vivre en bonne santé de très longues années. C’est maintenant un monsieur âgé qui se trouve à la tête d’une grande famille.
EN PERSPECTIVE
Accepter les remontrances
Jour après jour, après la prière, une longue file de Juifs se formait pour prendre conseil auprès du Rav de Jérusalem, le gaon Rabbi Yossef ‘Haïm Zonnenfeld zatsal.
Il restait à sa place à la synagogue et répondait patiemment à chacun des visiteurs, en leur présentant un visage avenant.
Un jour, un Juif entra dans la synagogue et lorsqu’il vit comment le Rav répondait aux fidèles, il ne se maîtrisa pas et se mit à crier : « Comment est-il possible de parler dans une synagogue de dévarim bétélim, de sujets profanes ?! »
Le gaon Rabbi Yossef ‘Haïm Zonnenfeld, dans sa grande humilité, accepta avec amour la remontrance de l’homme, sortit aussitôt de la synagogue et continua à répondre aux questions de ses visiteurs au-dehors. Et à compter de ce jour, il ne restait plus à la synagogue après la prière, mais sortait et répondait au-dehors aux questions posées par ses visiteurs.