Devarim 29 Juillet 2017 ו' אב תשע"ז |
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Qui a hérité du libre arbitre ?
Rabbi David Hanania Pinto
« Lavan, ‘Hatsérot et Di-Zahav » (Dévarim 1, 1)
La Guémara s’interroge (Brakhot 32b) : Qu’est-ce que « Di-Zahav ? » Ce sont les propos prononcés par Moché à l’adresse du Saint béni soit-Il : « Maître du monde, Tu as tracé au peuple juif une voie en argent et en or (zahav), jusqu’à ce qu’ils déclarent : “ça suffit” (daï, qui s’écrit en hébreu comme di), et à partir de là, ils ont été amenés à construire le Veau d’or. » Rabbi Yonathan demande pourquoi le Saint béni soit-Il S’est finalement rendu aux arguments de Moché, comme il est dit (Hochéa 2, 10) : « Cet argent et cet or, dont on se servait en l’honneur de Baal ! » Du fait de l’amour éternel porté par le Saint béni soit-Il au peuple juif, Hachem « S’inclina » devant les arguments de Moché Rabbénou et jugea le peuple favorablement : l’abondance d’argent et d’or était le facteur qui les avait conduits à la faute du Veau d’or.
Toutefois, il va de soi que tout homme reçoit des forces du Ciel pour résister aux épreuves s’il le souhaite, car le Saint béni soit-Il envoie des épreuves à l’homme uniquement s’il est à même d’y résister. L’homme a reçu le libre arbitre pour choisir entre le bien et le mal. De nombreuses épreuves se présentent à lui dès sa venue au monde. Un exemple : l’épreuve de la richesse. L’homme a du mal à donner la charité, alors que c’est la voie à suivre ; en réalité, c’est à cet effet que la richesse lui a été accordée par le Maître du monde, pour pouvoir aider les pauvres et les démunis.
Nous constatons que si l’homme a choisi la voie du bien et décidé d’employer la richesse que lui a octroyée D.ieu à des fins louables, pour accroître la Gloire de D.ieu dans le monde en soutenant ceux qui étudient la Torah, les pauvres et les nécessiteux, en partageant son pain avec le pauvre, et en distribuant son argent pour de nobles causes, il aura ainsi réussi à résister à l’épreuve de la richesse dans ce monde-ci, et le fonds lui sera réservé dans le Monde à venir. Mais si, que D.ieu préserve, le mauvais penchant le domine et il s’enorgueillit sous l’effet de sa richesse au point de devenir un homme obsédé par le matérialisme et qui investit son argent dans les désirs et les futilités de ce monde, il s’est dès lors servi de son libre arbitre à des fins perverties, ce qui est fort dommage.
Il m’est arrivé de rencontrer des hommes riches qui avaient abandonné la voie de la Torah et des mitsvot une fois qu’ils avaient acquis la fortune et la gloire. La richesse leur avait fait perdre la raison, et leur situation spirituelle m’avait extrêmement touché. Je savais que j’étais obligé de les réprimander, mais il me fallait procéder aimablement, tout en restant ferme. J’adressai une prière au Maître du monde pour qu’Il m’aide à prononcer les bonnes paroles, et que mes propos aient l’effet désiré. Je m’adressai alors à eux : « Le Saint béni soit-Il vous a accordé une telle richesse ! Je suis vraiment extrêmement peiné que vous n’ayez pas réussi à en faire un usage approprié. En effet, avant de vous enrichir, vous étiez fidèles à la tradition et vous reconnaissiez D.ieu, loué soit-Il, alors que désormais, la richesse vous a aveuglés jusqu’à ce que vous en oubliiez Hachem, votre D.ieu ! J’ai adressé une prière fervente au Maître du monde pour qu’Il m’aide à rapprocher le cœur de Ses fils dans l’erreur et pour qu’ils se repentent intégralement. »
En examinant les sections de la Torah, nous constatons que nos saints ancêtres ont également été testés par la richesse accordée du Ciel. Mais même lorsque leur richesse a considérablement augmenté, leur amour pour Hachem a augmenté exactement dans la même mesure. Nos saints ancêtres étaient conscients que tout ce que l’homme possède provient de la main généreuse et compatissante du Créateur, loué soit-Il, et que plus Ses bontés envers lui sont grandes – ce qui en soi l’oblige à se rapprocher davantage de D.ieu –, plus il doit mettre à profit son argent et ses biens à des fins utiles, en aidant autrui par des actes de générosité et de bonté. C’est une preuve irréfutable à l’idée que le Saint béni soit-Il a accordé la richesse à l’homme comme épreuve, et à lui de prouver qu’il en fait uniquement un usage positif.
Une deuxième épreuve à laquelle notre génération est confrontée est l’éducation des enfants. C’est une épreuve qui place l’homme dans des situations difficiles face aux vents dangereux qui soufflent au-dehors. L’homme a la possibilité de choisir le bien et d’orienter ses fils et filles dans la bonne voie, mais d’un autre côté, il a également le pouvoir de les faire sombrer en enfer, que D.ieu préserve. Malheureusement, on entend parfois des parents qui font un mauvais choix et éduquent leurs enfants dans une voie négative et permissive, sans Torah ni mitsvot. Comment peut-on ensuite adresser des reproches à ces jeunes gens ? Qui ne fauterait pas dans de telles circonstances ?! Et ces parents fort étonnés se plaignent amèrement de la chute de leurs enfants dans un abîme spirituel… En outre, c’est alors seulement qu’ils pensent à remettre en question l’éducation destructrice qu’ils ont donnée à leurs enfants, en constatant les ravages engendrés par celle-ci ainsi que par leur comportement… Rappelons-nous des propos de nos Sages (Brakhot 7b) : « Une culture pervertie est plus difficile à gérer dans un foyer que la guerre de Gog et Magog. »
Nous l’avons constaté chez Avraham Avinou : le Saint béni soit-Il lui a promis de nombreuses bénédictions. La raison nous en est livrée dans le verset « Si Je l’ai distingué, c’est pour qu’il prescrive à ses fils et à sa maison auprès lui d’observer la voie de l’Éternel, en pratiquant la vertu et la justice » (Béréchit 18, 19). Car le but essentiel de la venue au monde de descendants est de les élever dans la voie de la Torah et des mitsvot, pour qu’ils deviennent des bné Torah et des serviteurs de D.ieu, emplis d’une pure crainte du Ciel et servant véritablement leur Créateur de tout leur être.
CHEMIRAT HALACHONE
Compter parmi les bien-aimés de D.ieu
Si en s’abstenant de colporter un fait, on n’essuiera pas de perte financière, mais uniquement des insultes sans importance, il va de soi qu’il faut garder le silence sans craindre ces insultes. Sachez que par cette attitude, on est considéré comme faisant partie des bien-aimés de D.ieu, loué soit-Il, et notre visage rayonnera d’un éclat comparable à celui du soleil, comme l’ont dit nos Sages (Yoma 23a) : « A ceux que l’on offense mais qui n’offensent pas, à qui l’on fait honte mais qui ne répliquent pas, qui agissent avec amour et qui se réjouissent dans les épreuves, s’applique le verset (Choftim 5, 31) : “et Tes amis rayonneront comme le soleil dans sa gloire” ».
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Prophétie de Yéchayahou » (Yéchayahou 1)
Lien avec la paracha : dans la haftara sont relatées les calamités qui s’abattront sur les enfants d’Israël lors de la destruction du Temple en raison de leurs fautes. Cette haftara est la troisième des trois haftarot des trois Chabbatot précédant le 9 Av.
PAROLES DE TSADIKKIM
La venue subite du Machia’h
C’est le mois de « ménah’em Av », un mois qui porte bien son nom (ména’hem, c’est la consolation), il contient des germes de consolation pour le peuple juif à cette période où nous prenons le deuil sur la destruction du Temple et attendons la venue du Machia’h.
Celle-ci, nous indiquent nos Sages, surviendra de manière soudaine, « comme des ruisseaux dans le désert du Midi [le Néguev] ». Le Rav Chlomo Lévinstein explique que dans le Néguev, la pluie ne tombe pas, contrairement aux montagnes de Judée, où lentement, elle afflue vers les lits des rivières.
Un Juif qui se trouve dans le Néguev ne voit rien, il lui semble que tout est sec, et soudain, en une fois, surviennent de fortes précipitations. C’est de cette façon-là que viendra le Roi Messie, subitement. C’est l’objet de notre demande : « Ramène nos captifs, ô, Éternel, comme [Tu ramènes] des ruisseaux dans le désert du Midi ».
Le Rav ‘Haïm de Volozhin déclara un jour : « Je vais vous décrire l’arrivée du Machia’h : Je rentre chez moi un jour ordinaire de la semaine, après la prière du matin à la Yéchiva. La Rabbanite me demande : “‘Haïm, voudrais-tu manger du pain déjà maintenant ?” Et moi de lui répondre : “Relka, mon cours d’aujourd’hui n’est pas encore prêt, je ne mangerai pas avant d’avoir examiné le sujet que je dois enseigner aujourd’hui à la Yéchiva.”
« “Très bien, ‘Haïm, me répond-elle, on fait comme ça. Pendant que tu prépares ton cours, je vais au marché faire un achat, pendant ce temps, je laisse la sauce sur le feu. Fais attention, ‘Haïm, qu’elle ne brûle pas. Je t’en prie, fais attention, je te connais et je sais que tu oublies tout lorsque tu te plonges dans la souguia, le sujet étudié.”
« La Rabbanite part au marché et j’ouvre un livre ; rapidement, je plonge dans le vif du sujet. Soudain, je sens que le soleil brille d’une lumière autrement plus forte que ce qu’il a brillé jusqu’à présent ; quelle clarté ! J’entends que les oiseaux dans les arbres du jardin entonnent un nouveau chant joyeux, qui conquiert les cœurs. Puis j’entends des chuchotements en provenance de la rue. Je tends la tête vers la fenêtre et je vois le cordonnier, Eli, courir, l’air fébrile. “Que s’est-il passé, Eli, que s’est-il passé avec la lumière du soleil ? D’où provient le merveilleux chant de ces oiseaux ? Qu’est-il arrivé aux arbres pour qu’ils aient subitement fleuri, que se passe-t-il ?” “Quoi, vous ne savez pas, Rabbi, me répond le cordonnier, le Machia’h arrive !”
« Je me hâte vers l’armoire pour en sortir ma tenue de Chabbat, m’en revêtir et sortir accueillir le Roi Machia’h. Je sors mon habit, et là, c’est la déconvenue : il manque un bouton. À l’issue du Chabbat, il est tombé et lorsque j’ai demandé à la Rabbanite de le coudre, elle m’a répondu : “Pourquoi me presser ? Tu ne vas pas utiliser cet habit jusqu’au prochain Chabbat.”
« Et maintenant, je dois aller accueillir le Roi Messie et j’ai deux boutons à la place de trois ! J’hésite sur le parti à prendre : dois-je porter ma capote abîmée ou autre chose ? Je me demande s’il est possible de sortir accueillir le Roi Machia’h avec un habit de semaine… Avant même que j’aie le loisir de prendre une décision, voici qu’arrive en courant la Rabbanite, tout essoufflée : “‘Haïm, où étais-tu ? La sauce sur le feu a brûlé…” “Insensée, m’écrié-je, pourquoi me parles-tu de la sauce ? Dépêche-toi de mettre ta robe de Chabbat et sors accueillir le Machia’h !” »
C’est ainsi que la scène se déroulera : « comme les ruisseaux du Néguev », soudainement. « Soudain, il entrera dans son sanctuaire, le maître dont vous souhaitez la venue » (Malakhi 3, 1).
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Car l’homme est un arbre des champs
Un ami m’offrit un jour deux palmiers en cadeau : je plantai l’un d’entre eux dans le jardin de la Yéchiva, tandis que je choisis de planter l’autre dans mon jardin.
Le premier grandissait et se développait bien et rapidement, tandis que le second avait tendance à dépérir, si bien qu’il arrivait fréquemment que l’on doive couper l’une de ses branches, qui s’était complètement desséchée. Au bout d’un moment, il ne restait plus qu’une seule branche, qui ne tint pas non plus très longtemps et finit par dépérir elle aussi.
Je me suis demandé pourquoi ces deux arbres avaient connu un développement si différent. Pourquoi celui qui était dans la cour de la Yéchiva était-il si majestueux, tandis que l’autre dépérissait ?
La réponse est qu’un arbre a besoin de chaleur et d’un arrosage suffisant. L’arbre de la Yéchiva jouissait d’un bon éclairage naturel, outre les bons soins du jardinier, qui se souciait de l’arroser régulièrement. Par contre, le palmier de mon jardin manquait de lumière et de chaleur, et nous étions également quelque peu négligents quant à son arrosage. Dans ces conditions, il ne parvint pas à se maintenir.
« L’homme est l’arbre des champs », peut-on lire dans la Torah (Dévarim 20, 19). De même qu’un arbre a besoin de lumière, de chaleur et d’eau, l’homme a besoin de la chaleur du Beth Haknesset et de la lumière de la Torah, aussi comparée à l’eau. Sans ces conditions de base, il risque de dépérir à l’image de cet arbre qui manquait de lumière, de chaleur et d’eau.
À MÉDITER
L’histoire ci-dessous s’est déroulée il y a plusieurs dizaines d’années et a été diffusée par l’organisme Bné Emounim, par le biais d’un Juif résidant aux États-Unis, lui-même témoin des faits :
Dans le quartier du East Side de Manhattan, où j’ai habité dans ma jeunesse, résidait également un Juif qui consacrait sa vie à renforcer la mitsva de répondre « amen » aux bénédictions. Pendant de longues années, cet homme admirable était le symbole vivant de cette mitsva, et les enfants du quartier l’avaient même surnommé affectueusement, « le omen-man, l’homme du amen ».
Dans la synagogue centrale où il priait, sa voix résonnait fortement à chaque fois que l’on entendait une bénédiction, et malgré le tumulte qui régnait parfois autour de lui, on pouvait l’entendre depuis tous les recoins prononcer le mot « amen » posément, pour la gloire du Ciel.
Par sa conduite, l’homme entraînait avec lui tous les fidèles, sans compter qu’il veillait à ne pas manquer un seul « amen » et consacrait des efforts surhumains pour multiplier le nombre d’« amen » prononcés par ceux qui l’entouraient.
Il était particulièrement habitué à renforcer cette mitsva parmi les enfants et jeunes gens. Ses poches étaient toujours bourrées de friandises qu’il distribuait aux enfants qui récitaient la bénédiction à voix haute et veillaient à répondre « amen » avec concentration.
À l’âge de 75 ans, notre héros contracta une grave maladie du cœur. À l’époque, la médecine n’était pas aussi avancée qu’aujourd’hui, et les malades comme lui n’avaient pas de grandes chances de vivre longtemps. Il s’adressa aux médecins qui lui proposèrent deux options : la première, réaliser une opération du cœur très dangereuse, à la suite de laquelle les chances de se rétablir et de survivre étaient minces. Et la seconde : ne pas subir cette opération complexe, auquel cas ses jours seraient certainement comptés.
Notre homme écouta les propos du médecin le visage serein, puis il le remercia et s’apprêta à quitter la pièce, tout en annonçant résolument qu’il ne réalisait pas cette intervention ; advienne que pourra !
Son fils, qui l’avait accompagné, fut très surpris par sa décision et ne put se retenir de lui demander : « Papa, pourquoi ?! Comment peux-tu assumer une responsabilité aussi lourde ? C’est une question de vie ou de mort ; tu aurais pu au moins prendre conseil auparavant ! » Le vieil homme répondit à son fils de manière surprenante, mais ferme :
« Mon fils, toute ma vie, j’ai tenu scrupuleusement à agir au maximum pour la mitsva de répondre “amen”, grâce à laquelle nos sages nous ont promis : “Toute personne qui prolonge le amen, sa vie est prolongée.” Le mot “amen” a une valeur numérique de 91, dans ce cas, je peux être serein… au moins jusqu’à 91 ans, avec l’aide de D.ieu, alors pourquoi accepterais-je une opération risquant de raccourcir ma vie ? »
Et le narrateur de poursuivre :
« L’homme des amen se rétablit contre toute attente. Quand il atteignit l’âge de 90 ans, son fils lui demanda : « Papa, te souviens-tu m’avoir dit que tu vivrais au moins jusqu’à 91 ans par le mérite d’avoir été pointilleux sur la mitsva de répondre amen ? Et la suite ? L’année prochaine, tu vas célébrer ton 91e anniversaire ! »
L’homme répondit en plaisantant qu’il veillait depuis longtemps à répondre « amen séla », mais quelques mois plus tard, à l’âge de 91 ans, il rendit son âme à son Créateur. Quel prodige !
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Souvenir du jour de la mort
« Ce sont là les paroles que Moché adressa à tout Israël (…) dans le désert, dans la plaine en face de Souf » (Dévarim 1,1)
Le Livre de Dévarim est appelé « Livre des réprimandes », car Moché Rabbénou adresse des reproches aux enfants d’Israël à la fin de ses jours, pour qu’ils réparent et améliorent leurs actes.
De quoi Moché leur a-t-il parlé ?
Le verset mentionne : « Dans le désert, dans la plaine en face de Souf », allusion au moment où l’homme sera inhumé (la « fin », en hébreu, se dit sof, qui s’écrit comme souf). Comme l’homme sait qu’il est destiné à mourir, il doit se mettre dans l’état d’esprit d’« en face de Souf » : il se figurera toujours sa fin et son but dans la vie, et se souviendra constamment du jour de sa mort. Lorsque l’homme se souvient du jour de sa mort, et sait qu’il est poussière et retournera à la poussière, cette conscience même éveille en lui le désir d’améliorer ses actes et de se repentir. Et comme l’atteste la Guémara (Brakhot 5a) : « L’homme veillera toujours à ce que son bon penchant domine le mauvais. S’il y parvient, tant mieux, et sinon, il se consacrera à la Torah. S’il l’a vaincu, tant mieux, et sinon, il lira le Chéma. S’il l’a vaincu, tant mieux, et sinon, il se souviendra du jour de sa mort. »
Le souvenir du jour de la mort conduit l’homme à procéder à une introspection, marquant une pause dans la course effrénée de la vie, et en effectuant cette analyse, il s’éloigne des embuches du mauvais penchant et de tous les désirs de ce monde.
Voici les propos du Tana (Avot 3, 1) : « Examine trois choses et tu n’en viendras pas à fauter. Sache d’où tu viens, vers où tu te diriges et devant Qui tu devras rendre des comptes. D’où tu viens (…) et vers où tu te diriges, vers un endroit rempli de poussière, de vermine et de vers. »
Il s’ensuit que le fait de méditer ces vérités fait revenir l’homme dans le droit chemin.
Il va de soi qu’aucun homme ne connaît le moment de sa mort, il a donc l’obligation de faire briller son âme en tout temps et à toute heure, et de se préparer des « provisions » sous forme d’étude de la Torah, de mitsvot et de bonnes actions. Comme nos Sages le rapportent (Chabbat 153a), Rabbi Eliézer a dit : « Repens-toi un jour avant ta mort. » « L’homme sait-il quel jour il est destiné à mourir ?! » lui ont objecté ses élèves. Et il leur répondit : « À plus forte raison, il se repentira aujourd’hui, de peur qu’il ne meure le lendemain. Il faut donc se repentir chaque jour. »
DES HOMMES DE FOI
Le dimanche 10 Adar 1995 (5755), notre Maître fut invité à être sandak lors d’une brit-mila qui se déroula à Paris, dans la famille de M. David Cohen, un membre éminent de la communauté. Au milieu du repas, un des participants, M. Bensoussan, se leva et se mit à raconter une histoire édifiante :
A l’occasion de la précédente hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal (le 26 Elloul 1994), il s’était rendu à Mogador. Il souffrait alors, depuis un certain temps, de fortes douleurs dans les jambes, associées à de nombreuses complications médicales, à tel point qu’il ne pouvait plus se déplacer seul et avait besoin de l’aide de deux personnes.
En arrivant sur la tombe, il pensa y passer la nuit. Peut-être D.ieu allait-il lui envoyer la guérison par le mérite du Tsaddik.
Effectivement, il fit un rêve dans lequel le Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto lui-même venait le voir et l’opérait de ses jambes. Après l’intervention, il lui expliqua : « En vertu de ta foi en D.ieu et dans les Tsaddikim, on m’a envoyé du ciel pour te guérir. À présent, tu peux te lever, car tes jambes ne sont plus malades. Tu peux retourner en France sans l’aide de quiconque ! Réveille-toi ! »
M. Bensoussan se réveilla immédiatement et se rappelant de son rêve, pensa que ce ne devait être qu’un simple songe. « J’ai passé toute la nuit près du tombeau dans l’espoir que, par le mérite du Tsaddik, j’allais guérir, se dit-il ; ce rêve est juste le reflet de mes désirs. »
Soudain, il sentit ses jambes bouger. Il essaya de se lever seul et, incroyable mais vrai, il y parvint et se mit même à marcher !
Sidérés, ses accompagnateurs se mirent à douter : « M. Bensoussan, que vous arrive-t-il ? Nous auriez-vous joué la comédie lorsque vous nous disiez que vous ne pouviez pas marcher ? Avez-vous fait semblant d’être handicapé ? »
Il les assura du contraire et leur raconta aussitôt son rêve magnifique. La nouvelle provoqua une véritable explosion de joie. Tous vécurent un grand moment de sanctification du Nom divin près du tombeau du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, le jour de sa hilloula. Que son mérite nous protège !
EN PERSPECTIVE
S’associer à la détresse d’autrui
« Choisissez parmi vous, dans vos tribus, des hommes sages, judicieux et éprouvés, je les établirai vos chefs » (Dévarim 1, 13)
Lorsqu’un Juif est en détresse, même la Présence divine s’attriste avec lui, comme il est dit dans le Livre des Téhilim (91, 15) : « Je suis avec lui dans la détresse ». Lorsque la tristesse affecte la Présence divine, l’homme est bien entendu libéré de sa détresse. Par contre, lorsque l’homme s’éloigne du Saint béni soit-Il par ses actes odieux et ne s’attache pas à la Présence divine, il est séparé de son Créateur et D.ieu n’est pas du tout avec lui.
C’est pour cette raison que nos Sages ont recommandé : « Toute personne qui a un malade à la maison se rendra chez un Sage pour faire appel à la compassion en sa faveur ». Car lorsqu’on se rend chez un Tsaddik et que celui-ci partage la peine de cet homme, la peine affecte alors la sainte Présence divine – le Tsaddik y étant attaché –, et l’adage « Je suis avec lui dans la détresse » s’applique ; par là, l’homme est libéré de sa peine.
La Torah témoigne que Moché Rabbénou était « très humble », et lorsque des Juifs venaient le trouver pour lui confier leurs malheurs, il pensait, dans sa grande humilité, que puisqu’il n’était pas totalement attaché au Saint béni soit-Il, il ne servirait à rien de s’attrister avec eux, d’où cette déclaration : « Choisissez parmi vous, dans vos tribus, des hommes sages, judicieux et éprouvés ». Par le fait que ces hommes sages et vertueux partageront leur peine, alors « je les établirai vos chefs », à savoir que votre douleur parviendra au Créateur, loué soit-Il, qui est le Chef suprême, et ainsi surviendra la délivrance ! (D’après l’ouvrage Ezor Eliyahou)