Ekev 12 Août 2017 כ' אב תשע"ז |
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Éclairer le monde par la crainte divine
Rabbi David Hanania Pinto
« Et maintenant, ô Israël, ce que l’Éternel, ton D.ieu, te demande uniquement, c’est de révérer l’Éternel ton Dieu, de suivre en tout Ses voies, de L’aimer, de Le servir de tout ton cœur et de toute ton âme. » (Dévarim 10, 12)
« Uniquement, c’est de révérer l’Éternel ». Rachi (ad loc.) explique : nos Sages ont commenté que tout dépend du Ciel, excepté la crainte du Ciel. Moché déclare aux enfants d’Israël que tout ce que le Saint béni soit-Il demande dépend de la crainte du Ciel ; s’ils l’acquièrent, ils réussiront à accéder à toutes les autres qualités. Sur ces propos énoncés par Moché au peuple, la Guémara s’interroge (Brakhot 33b) : la crainte divine est-elle une chose infime et facile à obtenir ? De la manière dont Moché s’est adressé à Israël, il semblerait qu’à ses yeux, la crainte divine soit facile à acquérir. Comment peut-on affirmer que la crainte de D.ieu s’acquière aisément à une époque où nos Sages nous ont déjà appris que « tout dépend du Ciel, à part la crainte du Ciel » ? La Guémara répond que pour Moché Rabbénou, la crainte divine était en effet à portée de main, et c’est pourquoi il a employé ce langage avec les enfants d’Israël.
Il semblerait que la question de la Guémara tienne toujours, car bien que Moché ait réussi à acquérir aisément la crainte divine, à ce moment-là, il s’entretient avec les enfants d’Israël qui se trouvent à un autre niveau que lui. Pourquoi, dès lors, ne s’adresse-t-il pas à eux en employant un langage approprié à leur niveau et leurs capacités ?
Si l’on y réfléchit, on constatera que tout ce que l’homme désire – un conjoint approprié, une bonne parnassa, la paix conjugale, la satisfaction des enfants, une abondance de bénédictions, la réussite, etc. – est uniquement entre les mains de D.ieu. L’homme pourrait penser que par sa force et ses talents, il gagnera sa vie largement, mais c’est faux, et seul le Saint béni soit-Il se soucie du gagne-pain de l’homme et détermine s’il va gagner sa vie largement ou péniblement.
J’ai déjà vu dans ma vie des gens extrêmement aisés, et qui ont perdu toute leur fortune en un jour. De même, j’ai vu des hommes très pauvres, qui peinaient à acheter du pain, devenus soudainement riches. Il est impossible d’expliquer ces événements suivant la logique et les voies naturelles, car il n’y a aucune explication rationnelle, et c’est pourquoi nous sommes obligés d’affirmer que la clé de la subsistance se trouve dans les Cieux.
De même, lorsqu’on a besoin de la guérison, on adresse une prière à D.ieu : « Guéris-moi, D.ieu et je serai guéri, sauve-moi et je serai sauvé », car la clé de la vie se trouve entre les mains de D.ieu uniquement, et c’est Lui qui détermine si le malade guérira de sa maladie et aura le mérite de vivre, ou bien décide de mettre un terme à sa vie. Il en va de même pour chaque domaine de l’existence : il apparaît que tous les événements qui nous arrivent dépendent de la Main de D.ieu, loué soit-Il, Qui a créé le monde et à Qui tout appartient, hormis la crainte divine qui dépend des efforts de l’homme et de sa volonté. C’est pourquoi nous devons comprendre comment Moché a pu affirmer au peuple que le Saint béni soit-Il leur demandait uniquement de Le craindre, sous-entendant implicitement qu’il est simple et facile d’obtenir cette vertu particulière requérant des efforts de l’homme.
Rappelons, pour répondre, que lorsqu’un homme se lève le matin, il doit dire aussitôt (Michna Broura 1, 8) : « Je Te rends grâce, Roi vivant et éternel, de m’avoir, dans Ton amour, restitué mon âme, grande est Ta fidélité. » Ce passage que nous récitons dès le lever, chaque matin, vient témoigner qu’au moment où nous nous sommes endormis, notre âme est montée au Ciel et a été reprise par Hachem, loué soit-Il, Qui, par pitié et compassion pour nous, nous l’a restituée le matin. Lorsque l’homme fait cette proclamation tous les matins, il aiguise en lui la reconnaissance et la conscience que le Saint béni soit-Il l’a créé avec sagesse, intelligence et discernement et que, de ce fait, tous les événements qui le touchent et toutes les actions qu’il entreprend proviennent de Hachem, loué soit-Il. Tels sont les propos du prophète Yirmyahou (Ekha 3, 23) : « Elles se renouvellent chaque matin, infinie est Ta bienveillance », à savoir que lorsque l’homme reçoit de nouveau le matin son âme, immédiatement se renouvelle en lui la foi en D.ieu, Qui, dans Sa compassion, lui a restitué son âme.
Lorsque la foi en D.ieu augmente chez l’homme, cette émouna le conduit à la crainte divine, qui est en réalité la crainte de la faute. Ces bontés concernant notre âme renforcent la foi, qui éveille la crainte du Ciel, et en conséquence, l’homme accède à la crainte de la faute. On en déduit que pour que la crainte du Ciel s’enracine en nous, il est méritoire de réciter le matin modé ani avec l’intention appropriée, en plongeant dans la signification profonde des mots. Nous constaterons ainsi que c’est simple et facile, et donc que Moché a eu raison d’affirmer aux enfants d’Israël que la crainte divine est une qualité facilement accessible.
En réalité, la crainte divine a été accordée à l’homme dès sa naissance, mais à lui d’ouvrir les yeux à la lumière de la Torah et de la distinguer. C’est comparable à une pièce remplie de tous les délices : pour repérer toutes les bonnes choses qui s’y trouvent, il faut allumer la lumière, alors que si nous nous en abstenons, nous ne parviendrons pas à distinguer toutes les merveilles présentes dans la pièce. Ainsi, à notre niveau, pour pouvoir discerner la crainte divine en notre sein et réussir à nous y relier, il nous appartient d’allumer en nous la lumière par l’éclat de la Torah et de consacrer les premiers instants de la matinée à D.ieu, en récitant avec l’intention appropriée : « Je Te rends grâce, Roi vivant et éternel, de m’avoir, dans Ton amour, restitué mon âme, grande est Ta fidélité »
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Cacheroute et émouna
Un jour, au cours de mes voyages, je vis un Juif arborant un grand maguen David autour du cou manger des aliments non cachère servis dans l’avion et boire du vin interdit à la consommation, sans en vérifier la provenance. Il ne s’arrêta que lorsqu’il fut entièrement rassasié.
Je ne pus pas converser avec ce Juif, car il était accompagné d’un groupe d’hommes voyageant tous en première classe, mais je demandai à voix haute à l’une des hôtesses de l’air s’il y avait des plateaux cachère pour tous les Juifs qui voyageaient à bord de l’avion.
Elle me répondit malheureusement par la négative, précisant qu’ils n’en avaient pas réservé. Elle m’avoua également que mon plateau-repas avait été oublié au terminal et que je ne pourrais pas le recevoir. Ce n’était pas normal qu’on ne serve pas de repas cachère à ceux qui en avaient commandé, me plaignis-je à voix haute, dans l’intention que cet homme entende que la nourriture servie dans l’avion n’était pas cachère. Peut-être cela lui rappellerait-il le fait qu’il était juif lui aussi, et qu’en tant que tel, il devait faire attention à ce qu’il consommait. Cela n’eut pourtant aucun impact sur lui et il se moqua de ma demande, continuant à manger avec ses amis le repas non cachère.
Pendant la suite du vol, qui était très long, je demandai à cet homme une allumette pour fumer une cigarette – à cette époque, je fumais encore, et cela n’était pas interdit dans les lieux publics. Entamant la conversation, il me demanda quelle était ma destination, et si je partais en vacances. Je lui répondis que, loin de faire un simple voyage d’agrément, j’allais rendre visite à une petite communauté composée de personnes qui faisaient leur maximum pour accomplir Torah et mitsvot. Mon but était de les renforcer dans cette voie.
Après cela, je continuai à discuter avec lui de Judaïsme et de nourriture cachère. Je lui expliquai que l’on devait observer les mitsvot dans toutes les situations et éviter de se rendre impur par la consommation de boissons ou d’aliments interdits. « Nombreuses sont les personnes qui souffrent pour préserver la pureté de leur corps, se privant d’aliments et de vin non cachère », ajoutai-je. Les aliments impurs bouchent l’esprit et le cœur de l’homme, l’éloignant de D.ieu sans qu’il s’en aperçoive.
Cet homme me répondit : « J’ai foi en D.ieu et dans les Tsaddikim, même si je ne mange pas cachère. Tous les matins, je mets les téfilllin, et chez moi, je mange cachère. »
Je lui répondis qu’il n’est pas possible de croire en D.ieu sans observer la Torah et les mitsvot, car ce serait une émouna illusoire, factice. On ne peut pas se lier à Hachem par la pose des téfillin alors qu’on a le cœur et le cerveau gâtés par la consommation d’aliments non cachère. On ne peut pas être croyant que chez soi, manger cachère à la maison, et se comporter au-dehors comme un hérétique en mangeant non cachère.
Après une conversation de deux heures, cet homme me demanda de quelle ville je venais.
« De Lyon », lui répondis-je.
Il se leva alors soudainement et me demanda : « Est-ce que vous connaissez le Rav Pinto de Lyon ? Mon père va souvent le voir. »
« Il est assis depuis deux heures à côté de vous et c’est avec lui que vous discutez », lui répondis-je.
Cet homme fut très gêné, et se mit même à bégayer : « Je suis confus d’avoir mangé non cachère à côté de vous, mais à partir de ce jour, je m’efforcerai de toujours manger cachère. »
Je lui reprochai le côté superficiel de sa émouna. Car ce n’est qu’en apprenant qui j’étais qu’il m’avait promis de s’efforcer de manger cachère. S’il n’avait pas su que j’étais Rav, il aurait continué à manger des aliments non cachère sans vergogne.
Afin de parvenir à une foi authentique en D.ieu, il faut avant tout cesser de consommer des aliments non cachère qui créent une cloison nous séparant du Créateur. Nous mériterons ainsi, avec l’aide du Ciel, de réellement nous lier à Lui.
PAROLES DE TSADDIKIM
Un ‘hessed salvateur
« L’Éternel, votre D.ieu, sera aussi fidèle au pacte de bienveillance » (Dévarim 7, 12).
Le Saint béni soit-Il a accordé trois bons présents au peuple juif : ils sont compatissants, timides, et bienfaisants. Bienfaisants, d’où le savons-nous ? Comme il est écrit : « Et l’Éternel votre D.ieu vous a gardé l’alliance et la bonté » (Talmud de Jérusalem, Kiddouchin 1, 1).
« La bonté fait partie des mitsvot entre l’homme et son prochain, écrit Rabbénou Yona. Qu’il s’emploie à prodiguer du bien aux hommes et à leur faire du bien par son argent et par des efforts physiques, leur apporter de la satisfaction et rechercher leur bien, et veiller à ne pas les blesser par des actes ou des paroles.
« Et par cette qualité disparaît le défaut de la cruauté, celui de l’avarice, de la haine, de la jalousie et de l’orgueil, à savoir le fait d’imposer son autorité aux autres contre leur gré. Tout homme peut gravir les échelons du ‘hessed même s’il n’a pas de moyens financiers, comme l’ont dit nos Sages : “Grands sont les actes de bonté qui mobilisent le corps et l’argent.”
« Voici : chaque homme s’appliquera à les pratiquer et son salaire sera très grand. Il plaidera la cause des nécessiteux et entraînera les autres à leur prodiguer du bien. Comme le soulignent nos Sages, celui qui encourage les autres à faire du bien est plus méritoire que celui qui fait du bien. Il souhaitera faire de la tsédaka, même s’il n’en a pas les moyens, approuvera ceux qui s’y consacrent et se réjouira de ses actes de tsédaka, conformément à ce passage des Écritures : “Ce que le Seigneur demande de toi, rien que de pratiquer la justice, d’aimer la bonté.” »
Rabbi Yaakov Kopel de Likov zatsal (le grand-père du ‘Hozé de Lublin) était très versé en Torah et se distinguait par sa bonté. Une fois venue l’heure de quitter ce monde, des groupes d’anges créés par ses mitsvot se présentèrent et affirmèrent qu’il était encore jeune et qu’il avait une fille à marier. Mais le Satan, ange de la mort, vint l’accuser : « Même ceux-là peuvent être qualifiés d’actes de bonté ? Peuvent-ils être reliés au principe “la tsédaka sauve de la mort” ? Car l’essentiel de ses actes n’a été fait que pour avoir part au Monde futur. Et ainsi, il quittera ce monde-ci et aura droit au monde à venir ».
On décida au Tribunal céleste : « L’ange de la mort descendra dans le monde et examinera ses actes et s’il voit que ses actes ne sont pas désintéressés, il aura le droit [d’agir contre lui]. »
L’ange de la mort descendit dans le monde, fixa le moment au jeudi, le jour où Rabbi Kopel avait l’habitude de faire ses achats pour le Chabbat.
Le Satan se déguisa en pauvre, vêtu de haillons et sale. Rabbi Kopel le vit, arrêta sa charrette et l’invita à y monter, mais l’homme refusa. « Je n’ai pas besoin de tes faveurs », dit-il à Rabbi Kopel, « laisse-moi tranquille. »
Mais Rabbi Kopel implora le pauvre pour qu’il lui accorde le mérite d’une mitsva. Le pauvre éclata en sanglots et déclara : « Tu as voulu obtenir une mitsva pour mériter le Monde futur, tu agis pour obtenir une récompense ! »
Rabbi Kopel, blessé, lui répondit : « Je renonce pour toi à ma part au Monde futur en échange de cette mitsva de ‘hessed, si tu acceptes juste de monter dans ma charrette ! » L’ange de la mort, surpris, accepta de monter dans la charrette et lui annonça :
« Victoire ! Tu as gagné vingt-cinq années de vie supplémentaires et tu mériteras aussi de marier ta fille, ainsi que le fils qui lui naîtra »… Et en effet, le fils qui naquit à sa fille fut Rabbi Yaakov Its’hak, le ‘Hozé de Lublin zatsal.
CHEMIRAT HALACHONE
Instiller une forte haine
Il est interdit de faire des commérages même si c’est la pure vérité et même si ce n’est pas devant la personne – même en sachant qu’on se serait exprimé de la même façon devant elle, cela reste interdit. À plus forte raison, si l’on osait dire devant elle : « tu as parlé d’untel », ou « tu lui as fait ceci ou cela », c’est interdit, et il s’agit d’une faute bien plus grave, car on instille ainsi de la haine dans le cœur de son interlocuteur. En effet, à partir de là, ce propos sera accepté par son interlocuteur comme la pure vérité, à partir du raisonnement suivant : si ce n’était la pure vérité, il n’aurait pas osé la dire devant lui.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Tsion avait dit… » (Yéchayahou 49)
Lien avec la paracha : cette haftara est l’une des sept Chabbatot de consolation qu’on lit à compter du Chabbat après le 9 Av. Elle contient des passages de consolation au côté de passages de foi en D.ieu et en Sa Torah.
À MÉDITER
Nous savions beaucoup de choses sur le niveau élevé de répondre amen avec l’intention appropriée. Mais à partir de l’histoire suivante rapportée dans le Zohar, nous pourrons apprendre qu’il faut vraiment se sacrifier pour répondre amen :
Rabbi ‘Hiya et Rabbi Aba se trouvaient dans une auberge, et comme c’était leur habitude chaque nuit, ils se levèrent à ‘hatsot (au milieu de la nuit) pour se consacrer à la Torah. La fille de l’aubergiste s’en aperçut, se leva et leur alluma une bougie, puis se tint derrière eux pour entendre les paroles de Torah qu’ils prononçaient.
Au bout d’un certain temps, les Sages s’aperçurent de la présence de la fille du propriétaire, qui écoutait leur conversation. De ce fait, l’un d’eux se mit à parler de la mitsva de l’allumage des bougies, et ajouta que les femmes ne brillent pas par la Torah, étant donné qu’elles ne l’étudient pas, mais que, lorsque les hommes se consacrent à la Torah, ils éclairent la mitsva que les femmes sont tenues d’accomplir et la complètent.
Tandis que les Maîtres parlaient, la femme qui les écoutait se mit soudain à pleurer au point que son père se réveilla au son de ses pleurs. Leur étonnement s’accrut lorsque le père, qui avait appris ce qui avait provoqué ses sanglots, se joignit à elle.
Rabbi Yossi lui demanda : « Pourquoi pleures-tu, parce que ta fille n’a pas mérité d’épouser un homme de Torah ? »
Leur hôte leur confirma cette intuition et poursuivit en expliquant pourquoi il avait pris ce mari pour sa fille : « Je l’avais vu un jour sauter du haut du toit pour écouter le kaddich et répondre amen avec l’assemblée ; j’ai été tellement frappé par son acte qui prouvait sa grandeur, qu’immédiatement à l’issue de la prière, je décidai de lui donner ma fille pour épouse. Mais après le mariage, se désola le père, nous avons découvert qu’il ne savait même pas réciter le birkat hamazone ou lire le Chéma. »
Les sages lui dirent : « Si c’est la réalité, demandez-lui qu’il donne le guett à votre fille, mais s’il n’accepte pas, vous pouvez vous consoler en sachant que ses fils étudieront la Torah. »
Ils étaient encore en train de parler lorsque le principal intéressé arriva et s’assit à leurs côtés. Rabbi Yossi observa son visage rayonnant et déclara : « Je vois que la lumière de la Torah émane du visage de ce jeune homme, mais je ne sais pas encore si cela provient du fait qu’il va lui-même grandir en Torah, ou parce que ses enfants vont grandir en Torah. »
En entendant ces propos, le jeune homme sourit, et soudain, à la surprise de tous, se mit à évoquer des mystères de la Torah, des explications inédites. Une fois qu’il eut fini de parler, il expliqua aux Sages, devant son épouse et son père stupéfaits : « Je suis jeune et étant venu de Babel en Erets Israël où vivent de nombreux géants et Maîtres, je me suis engagé à me taire et à ne pas dévoiler ma sagesse pendant une certaine période. Hier, cette période s’est achevée et du Ciel, on a fait en sorte que vous veniez ici pour que vous entendiez ces propos. »
Pendant ce temps, le jeune homme continua à discourir sur le verset sur lequel ils s’étaient penchés au début de la nuit : « Car le devoir est un flambeau, la doctrine, une lumière », et comme plus tôt, il prononça des paroles extrêmement profondes.
Rabbi ‘Hiya et Rabbi Yossi s’intéressèrent à ses origines et à celles de sa famille. Le jeune homme leur relata : « Je suis de Babel, fils de Rav Safra ; lorsque j’étais un tout jeune enfant, j’ai perdu mon père et je suis monté en Terre Sainte. Mais quand j’ai vu la grandeur des sages d’Erets Israël, je me suis imposé une longue période de silence. »
Une fois la vérité découverte, le père et sa fille laissèrent éclater leur joie et organisèrent un grand festin pour tous les résidents de la ville, au cours duquel ils nommèrent le jeune marié Rav et dirigeant de la communauté.
À la fin de l’histoire, le Zohar précise que lorsque Rabbi Chimon Bar Yo’haï en fut informé, il se souvint que de longues années plus tôt, il avait béni Rav Safra, le père du jeune homme, pour qu’il mérite un fils érudit, et il se réjouit de voir que sa bénédiction s’était accomplie.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Avantage de l’étude de la Torah en Erets Israël
« Un pays sur lequel veille l’Éternel, ton D.ieu, et qui est constamment sous l’œil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin de l’année » (Dévarim 11, 12)
La surveillance du Saint béni soit-Il sur la terre d’Israël est constante et éternelle, de sorte que Ses yeux se trouvent rivés dessus du premier au dernier jour de l’année. Il n’y a pas un seul jour de l’année pendant lequel le Saint béni soit-Il n’offre Sa protection particulière à la terre d’Israël et à ses habitants.
De même, nous avons vu qu’il existe des mitsvot particulières dépendant de la terre d’Israël, comme les troumot et les maasserot (prélèvements), la nomination d’un roi, les offrandes des prémices, etc., qui ne doivent être accomplies que par les résidents de la Terre Sainte ; ceux qui vivent dans des contrées étrangères n’ont pas le droit de les accomplir. Nous en déduisons qu’Erets Israël jouit d’un ajout de sainteté particulier par rapport aux autres pays du globe grâce aux mitsvot dépendant de la terre, et ce, en sus de la Providence particulière dont elle bénéficie grâce au Créateur, loué soit-Il.
On sait de même que l’homme a 248 membres et 365 nerfs, en parallèle aux 613 mitsvot ; il en ressort que l’homme est en réalité un séfer Torah vivant, tandis que chacun des membres du corps existe en contrepartie d’une mitsva de la Torah. Les mitsvot dépendantes de la Terre sont comprises aussi dans les 613 mitsvot, et des parties du corps humain correspondent donc à ces mitsvot. À la lumière de ceci, on pourrait affirmer que lorsque l’homme vit en terre étrangère et n’accomplit pas les commandements liés à la terre d’Israël, son corps est lacunaire.
En revanche, un Juif vivant en Terre Sainte a par là la possibilité d’accomplir toutes les mitsvot, y compris celles liées à la terre ; il s’assure que son corps est parfait en termes de Torah et de commandements ; bien qu’aujourd’hui, nous n’ayons pas de Temple et qu’il nous soit impossible d’accomplir de nombreuses mitsvot, un homme qui attend et espère la construction du Temple reçoit un salaire pour toutes les mitsvot, car il n’est pas responsable du fait que le Temple n’a pas été reconstruit.
DES HOMMES DE FOI
Un passage de la Torah évoque la perte d’ânesses par Kich, père de Chaoul. Il fait alors appel à son fils pour les retrouver. Celui-ci lui propose de louer les services d’un prophète pour savoir où les chercher.
En ces temps, il n’y avait pas de notion de plaintes déposées à la police suite à la disparition d’un objet, mais on donnait plutôt la tsédaka à la mémoire d’un Tsaddik, geste à même d’apporter le secours, comme en témoigne le récit suivant :
Le jour du mariage de son fils, Rabbi Yaakov Oudis lui fit ce cadeau : un bracelet en or, sur lequel était gravé son nom. Le marié fut très content du présent, mais, malheureusement, le jour même, l’égara. Il revint chez lui, triste et confus d’avoir pu perdre ce précieux bijou si peu de temps après l’avoir reçu.
Le ‘hatan ne dit rien à son père, mais se dépêcha d’aller faire une déclaration au commissariat. En même temps, il promit une grosse somme à la tsédaka pour le mérite du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, s’il retrouvait l’objet perdu.
Le lendemain du mariage, il retourna à l’endroit où il pensait avoir perdu le bracelet la veille et là, ô surprise, il le retrouva par terre. Le propriétaire des lieux était abasourdi : « Je ne comprends pas ce qui a pu se passer. Nous avons déjà nettoyé quatre fois depuis hier et rassemblé tous les détritus – ce bracelet aurait-il échappé à notre vue ? »
Comment cela avait-il été possible ?
Tout simplement grâce au mérite de la promesse de tsédaka faite par le marié à la mémoire du Tsaddik !
EN PERSPECTIVE
Récitation de cent bénédictions par jour
Le Roi David a institué pour le peuple juif la récitation minimale et quotidienne de cent bénédictions.
Ce décret est rapporté dans la Guémara au nom de Rabbi Méir :
« L’homme est tenu de réciter cent bénédictions par jour, comme il est dit : “Et maintenant, ô Israël, ce que (ma) l’Éternel, ton D.ieu, te demande (…)” (Dévarim 10, 12) » – nos Sages ont interprété qu’il ne faut pas lire ma, mais plutôt méa (cent).
Quelle est la raison pour laquelle le Roi David l’a institué ?
Dans l’ouvrage Halévouch, il est rapporté que le Roi David avait vu par esprit prophétique que cent Juifs mouraient chaque jour à son époque pour des raisons inconnues, jusqu’à ce qu’il en comprenne la cause : on n’adressait pas assez de louanges et de bénédictions au Saint béni soit-Il pour toutes Ses bontés.
Il institua alors de réciter cent bénédictions chaque jour pour les cent personnes qui mouraient et à partir de là, ces morts mystérieuses cessèrent.
Lorsque l’homme récite des bénédictions et loue le Saint béni soit-Il, Il Le remercie et reconnaît que tout provient de Lui, loué soit-Il, et non pas, que D.ieu préserve, de « la force de [son] bras ». S’il en est ainsi, multiplions tous les jours cette reconnaissance au centuple et nous serons alors attachés à D.ieu pendant toute la journée, et mériterons aussi de Le remercier et d’être béni par Lui.