Ki Tavo 9 Septembre 2017 י"ח אלול תשע"ז |
|
Le sens de la mitsva des prémices
Rabbi David Hanania Pinto
« Tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre, récoltés par toi dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, t’aura donné, et tu les mettras dans une corbeille (…) » (Dévarim 26:1-2)
Ces versets nous décrivent la mitsva des prémices consistant à prélever les premiers fruits de l’arbre et à les apporter au Temple, à Jérusalem, pour les donner au Cohen.
Plusieurs aspects de cette mitsva peuvent être analysés. Le verset commence par le terme véhaya. Nos Sages nous enseignent (Béréchit Rabba 42, 3) que ce mot dénote toujours une expression de joie. Or, qu’y a-t-il de joyeux dans l’apport des prémices ? De plus, pourquoi la Torah ordonne-t-elle à chacun de les apporter à Jérusalem ? Pourquoi ne s’est-elle pas contentée d’exiger un don pécuniaire ou un acte de charité en faveur des érudits ?
Au sujet de la mitsva de maasser chéni (prélèvement effectué sur les récoltes en Terre Sainte), il est dit (Dévarim 14:24-25) : « Si le chemin est trop long pour toi (…) éloigné que tu seras du lieu (…) tu les convertiras en argent, tu réuniras la somme dans ta main (…) ». Cette mitsva également consiste à amener les fruits prélevés à Jérusalem et à les y consommer en état de pureté. Mais si quelqu’un habite très loin, il peut les racheter pour une certaine somme d’argent et apporter celle-ci dans la ville sainte. Pourquoi la Torah n’a-t-elle pas donné à ceux qui habitent loin du Temple la même possibilité pour l’apport des prémices ? Imaginons quelqu’un qui possède de nombreux vergers. Combien de charrettes doit-il louer pour y charger ses fruits ! Il serait certainement plus facile pour lui de racheter les prémices de sa récolte et d’apporter cette contrepartie au Temple.
La mitsva des prémices est très singulière. En effet, beaucoup de mitsvot consistent en de grands actes. En revanche, celle des prémices est facile à accomplir puisqu’elle consiste en un prélèvement de quelques fruits et en son apport au Temple. Nous pouvons nous demander pourquoi il est fait tant de cas de ces quelques fruits et quelle est la raison de ce tortueux voyage jusqu’à Jérusalem pour les racheter. C’est justement de cette mitsva en apparence si insignifiante que nous avons l’ordre de faire grand cas. Car quand il l’accomplit, l’homme réalise que toutes les mitsvot peuvent le faire accéder à de hauts niveaux de spiritualité.
Mais pourquoi évoque-t-on l’histoire de Yaakov dans le texte récité lors de l’apport des bikourim ?
Lorsque Yaakov fuit Essav en direction d’Aram Naharaïm, il prononça une prière émouvante à l’attention du Créateur. Tout ce qu’il demanda fut : « Si le Seigneur est avec moi, s’Il me protège dans la voie où je marche (…) si je retourne en paix (béchalom) à la maison paternelle (…) ». Rachi explique que ce dernier souhait de Yaakov exprime une notion d’intégrité : Yaakov voulait rester « entier » (chalem) et ne pas apprendre des manières d’agir de Lavan. Yaakov avait compris que bien qu’il pût se prévaloir d’une grande piété tant qu’il se trouvait dans la maison de son père Its’hak, dans l’entourage de Lavan l’impie, il y avait tout lieu de craindre cette mauvaise influence et la perte de son intégrité. C’est pourquoi il pria pour demeurer vertueux. Cette requête ressemble à celle de quelqu’un qui, contraint de rester sous l’eau, veut continuer à respirer ou de celui qui souhaite sortir indemne de sa traversée de la jungle, pleine d’animaux féroces.
Pourtant, non seulement il fut exaucé et resta intègre, mais il mérita de bâtir sa renommée et fonda une famille exemplaire de douze tribus, appelées les « tribus de l’Éternel, selon la charte d’Israël » (Téhilim 122, 4). La courte prière de Yaakov donna d’immenses résultats. Voilà pourquoi nous évoquons cet épisode dans la section traitant des prémices : « Enfant d’Aram, mon père était errant », afin de prendre conscience que même une petite mitsva facile à accomplir, comme celle-ci, a le pouvoir de hisser l’homme à des niveaux insoupçonnés, à l’instar de la brève prière de Yaakov qui produisit des résultats si extraordinaires.
À la lumière de cette explication, nous comprenons pourquoi Dieu a ordonné, concernant la mitsva des prémices, d’apporter au Temple le fruit et non sa contrepartie financière. Car c’est précisément de cet acte que Dieu retirera de la satisfaction et se réjouira, d’où l’emploi du terme véhaya. Lorsqu’un homme accomplit avec joie de petites mitsvot, remerciant le Créateur pour tous les bienfaits qu’Il lui prodigue, il parfait son service divin et s’élève spirituellement. Ces actes révèlent son état d’esprit : il ne s’attribue pas le mérite de ses succès personnels, mais les attribue entièrement à Dieu et n’agit que pour Sa gloire.
Lorsqu’il était enfant, le Gaon Rabbi Mordekhaï Gifter, Roch Yechiva de Telz, collectionnait les photos de Rabbanim. Bien qu’à l’époque elles fussent beaucoup plus rares qu’aujourd’hui, il les rassemblait avec passion et les rangeait soigneusement dans un album. Une nuit, sa mère aperçut celui-ci et se permit de le feuilleter. Elle l’ouvrit et regarda les nombreux portraits rayonnants de sainteté. Soudain, en plein milieu, elle tomba sur un emplacement vide. Connaissant le caractère ordonné de son fils, elle s’en étonna, jusqu’à ce que son attention se porte sur une petite mention écrite de la main enfantine de ce dernier. Elle s’approcha et lut : « Ici, avec l’aide de Dieu, figurera ma photo, lorsque je serai devenu un grand Rav, en Torah et en mitsvot ». Une immense émotion l’envahit. Comme les aspirations de son jeune garçon étaient pures ! Au lieu de rêver de devenir riche ou célèbre, il ne rêvait que de devenir grand en Torah.
Cet enfant si jeune aspirait à accomplir la volonté divine sans réserve et à devenir un géant en Torah, et son rêve se réalisa puisqu’il devint l’une des personnalités les plus illustres de sa génération. Dès son entrée en Terre Sainte, marquant sa soumission au joug des mitsvot qui lui sont liées, le paysan reçoit l’ordre d’accomplir la mitsva des prémices afin qu’il soit déterminé à accomplir les petites mitsvot comme les grandes. De cette manière, il respectera véritablement la volonté divine jusqu’à mériter d’exécuter des commandements de l’envergure de la chemita ou du yovel.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
À foie malade, foi inébranlable
Il y a vingt ans, Avigaïl Fortunée, la fille de Rosa Calderon, était alors une enfant d’environ six ans, quand elle fut soudain prise de violents saignements.
Les médecins qui la prirent en charge eurent du mal à diagnostiquer la cause de ceux-ci et plusieurs traitements furent tentés, tant conventionnels que naturels, mais aucun ne vint à bout de son problème.
Elle souffrit pendant une longue période sans qu’on parvienne à trouver de remède à son mal, lorsque soudain, les médecins découvrirent que son foie avait une taille disproportionnée et ne fonctionnait presque plus. Dans leur esprit, un signal d’alerte s’alluma et ils soupçonnèrent une tumeur au foie. Pour s’en assurer, ils lui prescrivirent une biopsie, examen sous anesthésie, dans un grand hôpital de Boston.
À l’approche de celle-ci, on lui fit passer d’urgence tous les examens complémentaires préalables. Cependant, ses parents apprirent vers cette époque que la date de ma visite avait été avancée et y virent un signe leur indiquant qu’il valait mieux attendre ma brakha avant de faire la biopsie, et ce, bien que le foie de l’enfant ne fonctionnât quasiment plus.
Les médecins s’opposèrent à ce délai, superflu et même dangereux selon eux, au vu de la gravité de l’état de leur patiente, qui nécessitait un traitement urgent. Cependant, les Calderon avaient une foi puissante dans les Sages et leurs bénédictions, et ils s’entêtèrent donc à attendre ma venue, afin que je bénisse leur fille par le mérite de mes ancêtres.
À peine étais-je arrivé dans leur ville qu’ils vinrent en hâte me rencontrer, en compagnie de la malade. Ils passèrent un bon moment face à moi, pendant lequel je bénis l’enfant pour qu’elle guérisse entièrement. Je leur affirmai également qu’il fallait lui faire passer des examens supplémentaires, car il me semblait que le voyage à Boston et la biopsie étaient superflus. Avec l’aide de D.ieu, l’état de leur fille irait en s’améliorant.
Le lendemain, les parents suivirent mon conseil, mais du fait que c’était un vendredi, ils n’eurent pas le temps de m’informer des résultats extraordinaires avant Chabbat.
Il s’avéra que, par miracle, il ne s’agissait pas d’une tumeur, comme l’avait pensé le corps médical. Le foie se remit à fonctionner tout à fait normalement, ainsi que le prouvèrent ces examens, en contradiction flagrante avec ceux effectués deux semaines plus tôt.
Lorsque les parents émus vinrent m’apprendre la bonne nouvelle le dimanche suivant, je les bénis de nouveau, souhaitant que les graves saignements cessent au plus tôt.
Le mérite de mes ancêtres, dans lequel les parents de l’enfant avaient une telle foi, fit pencher la balance en faveur de la jeune malade, qui échappa par miracle à la mort et guérit de cette grave maladie.
CHEMIRAT HALACHONE
L’interdit de colporter s’applique même s’il s’agit d’un commérage qui n’a rien d’inédit. En effet, même si notre interlocuteur sait qu’on a dit cela sur lui, le fait d’attirer son attention sur ce fait constitue de la rékhilout. Par exemple, si Réouven a perdu lors d’un procès et que, le rencontrant, Chimon lui demande quel est le verdict puis souligne, suite à la réponse de Chimon, qu’il lui semble injuste, il s’agit de rékhilout. En effet, cela pousse Réouven à se pencher de nouveau sur le déroulement du jugement, faisant naître dans son cœur de la haine.
PAROLES DE TSADDIKIM
Éviter les faux pas
« Maudit soit celui qui égare l’aveugle en son chemin » (Dévarim 27, 18)
Qui est cet aveugle évoqué par le verset ? Rachi explique qu’il s’agit de celui qui est aveugle sur une question et à qui on donne un mauvais conseil. Cela rejoint l’explication du Torat Cohanim sur le verset « ne place pas d’embûche devant l’aveugle » – devant celui qui est aveugle sur une question (c’est-à-dire ne sait pas quel parti prendre) et consulte une autre personne ; celle-ci n’a pas le droit de lui donner un mauvais conseil.
Le Gaon Rabbi ‘Haïm Shmulevitz zatsal démontrait, plusieurs sources à l’appui, que même si le conseilleur n’a pas de mauvaise intention, du fait que concrètement, il induit en erreur celui qui le consulte, il sera jugé très sévèrement là-dessus !
Une fois, la veille de Ticha Béav, une femme en détresse se présenta au domicile du Rav Yossef Dov Soloveitchik zatsal :
« Rav, j’ai toujours respecté très scrupuleusement les moindres lois. Depuis mon mariage, j’ai l’habitude de confectionner des nouilles, la veille de Ticha Béav, pour la séoudat hamafséket, mais cette année, je ne sais pas ce qui m’est arrivé et par erreur, je les ai faites de forme ronde !
– Ah oui ! s’écria le Rav. Il s’agit effectivement d’un gros problème. »
Sur ces mots, le Gaon se leva et se mit à feuilleter un épais ouvrage pris dans sa bibliothèque. Plissant le front, tiraillant sa barbe, il s’y plongea comme s’il était confronté à un problème complexe. Tous ceux qui avaient entendu la question étaient muets d’étonnement.
Une heure plus tard, le Rav rendit son verdict, imperturbable : « Vous pouvez les consommer, mais vous devez vous engager, les autres années, à ne préparer que des nouilles pour la séoudat hamafséket ! »
Une fois la femme sortie, les témoins de la scène ne manquèrent pas d’exprimer leur étonnement : pourquoi le Rav avait-il réagi comme s’il s’agissait d’une question des plus graves ?
Voici la réponse qu’il leur fit : « Il est évident, vu sa question, que cette femme est limitée. Si je la renvoie avec mépris, je risque de lui causer de faux pas à l’avenir, du fait qu’elle ne viendra plus soumettre ses questions, même sérieuses et fondamentales, à un Rav… »
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Lève-toi, resplendis (…) » (Yéchaya 60)
Elle fait partie des sept haftarot de consolation lues au cours des Chabbatot suivant Ticha Béav.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
La Torah, les mitsvot et la Terre Sainte
« Quand tu seras arrivé dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage, quand tu en auras pris possession et y seras établi (…) » (Dévarim 26:1)
« Moché, avec les anciens d’Israël, exhorta le peuple en ces termes : “Observez toute la loi que je vous impose en ce jour”. » (ibid. 27:1)
La juxtaposition du récit de l’arrivée des enfants d’Israël en Terre Sainte et de l’ordre de Moché d’observer les préceptes de la Torah nous enseigne que la condition sine qua non de leur existence dans ce pays est l’accomplissement des mitsvot. Sans ce ciment qui allait consolider leur installation, celle-ci ne pourrait perdurer. D’ailleurs, la terre d’Israël est le seul endroit au monde à posséder ses commandements propres.
Moché supplia longuement le Tout-Puissant de lui permettre d’entrer en Terre promise. Cette volonté farouche d’y pénétrer provenait justement du fait que c’était le seul pays dans lequel il lui serait possible d’accomplir l’intégralité des commandements de la Torah, y compris ceux qui lui sont spécifiques (Sota 14a).
L’homme est composé de deux cent quarante-huit membres et de trois cent soixante-cinq nerfs, en parallèle aux six cent treize mitsvot de la Torah (Chaaré Kedoucha 1, 1) ; chaque composant du corps humain a donc une mitsva qui lui correspond (ibid.). Or, nous avons expliqué que la Terre Sainte possède des commandements qui lui sont propres et qui permettent au peuple d’Israël de s’y maintenir. Il semblerait donc qu’il existe un lien direct entre l’homme et la terre d’Israël, l’existence des deux dépendant de l’accomplissement de commandements, lien d’autant plus puissant que l’homme a été créé à partir de la terre.
Nos Sages déclarent (Ketouvot 110b) que quiconque habite en dehors d’Israël est comparable à un homme privé de Dieu. En effet, étant donné que le corps de l’homme est fermement lié à la Terre Sainte en raison de leur dépendance commune aux mitsvot, s’il rompt ce lien en s’établissant en dehors d’elle, celui qui l’unit à la Torah et à ses préceptes se défait également, entraînant une rupture de relation avec le Créateur.
Dès lors, l’homme qui a la possibilité de s’établir en Terre Sainte et ne le fait pas endosse une lourde responsabilité, car il perd volontairement l’occasion de se lier à la terre et aux mitsvot, et par conséquent affecte également son lien avec le Créateur. Il existe malheureusement beaucoup de personnes qui demeurent totalement insensibles à la perte spirituelle résultant d’une vie hors des frontières de la Terre promise. Israël leur apparaît comme un pays étranger. Il est certain qu’elles ont étouffé l’étincelle juive qui se trouvait en elles, d’où leur indifférence vis-à-vis de la terre d’Israël.
Nous tous qui nous trouvons en France ou aux quatre coins du monde, notre affliction au sujet de l’exil de la Présence divine et notre attente de la venue du Machia’h nous lient à la Terre Sainte et nous donneront le mérite d’assister à la Délivrance.
Enfin, il existe un lien supplémentaire entre la Torah et la Terre Sainte. Tout comme la Torah, la Terre Sainte s’acquiert dans la souffrance (Brakhot 5a). Celui qui souffre dans ces deux domaines méritera la vie dans le Monde futur, summum du bien et du bonheur.
À MÉDITER
Voici une anecdote rapportée par le Gaon Rav Its’hak Zilberstein chelita :
« Mon beau-frère, le Gaon Rabbi ‘Haïm Kanievsky chelita, a reçu la lettre d’un Talmid’ Hakham qui, après avoir souffert de douleurs pendant une longue période, avait subi un examen révélant la présence d’une tumeur maligne. Au départ, écrivait cet érudit, lorsque les médecins lui avaient présenté les résultats, il avait senti son monde basculer. Mais que fait un Talmid ‘Hakham, un érudit, en cas de détresse ? Il se tourne vers Hachem, tentant de L’“apaiser” et de Lui apporter satisfaction.
« Soudain, il se remémora les paroles de nos Sages concernant l’immense pouvoir du “Amen yéhé chémé raba” récité à voix haute et avec ferveur, et décida de prendre une initiative originale : il proposa à dix Talmidé ’Hakhamim de mettre en pratique ce conseil en contrepartie d’une importante rétribution. Une offre que l’on ne pouvait refuser.
« Quelque temps après, le malade subit de nouveaux examens à l’hôpital. Incroyable mais vrai : la tumeur s’était évanouie comme si elle n’avait jamais existé ! Les médecins étaient médusés.
« La publication de ce miracle fit alors grand bruit et la rumeur en arriva jusqu’aux oreilles d’un autre Talmid ‘Hakham, vivant sur le Vieux Continent. Depuis près d’un an et demi, il souffrait de sclérose. Ses pieds étaient atrophiés et il ne pouvait plus marcher normalement. Son mal empirait rapidement. C’est alors qu’il se souvint de la fameuse lettre parvenue au Gaon Rabbi ‘Haïm Kanievsky et décida d’imiter l’exemple de son pair israélien : il proposa à dix Avrékhim du Collel local triés sur le volet de réciter “Amen yéhé chémé raba” avec une concentration intense, contre la somme de 100 dollars. L’accord fut conclu à la satisfaction générale.
« Pour la plus grande stupéfaction des médecins, de mois en mois, cet érudit sentait une amélioration constante dans l’état de ses pieds. Pourtant, soudain, son état de santé empira de nouveau. Que s’était-il passé chez les dix érudits enrôlés dans son opération ? s’enquit le malade. Avaient-ils totalement maintenu leur résolution ? La majorité d’entre eux avouèrent qu’au cours du dernier mois, l’intensité de leur concentration avait quelque peu diminué !
« Lorsque le malade leur fit part des derniers développements, les Avrékhim décidèrent de se renforcer encore davantage pour “rattraper” leur mois de relâchement.
« Et voici ce qu’écrit le Talmid ‘Hakham pour conclure sa lettre : Il y a quelques jours s’est passé quelque chose d’incroyable : j’ai soudain senti que j’étais capable de tenir sur mes jambes et de marcher comme tout le monde. En me voyant, mes proches ont manqué s’évanouir sous le choc. J’ai le sentiment clair que la récitation du “Amen yéhé chémé raba” à voix haute et avec ferveur m’a permis de me lever et de retrouver la capacité de marcher normalement. »
EN PERSPECTIVE
Faut-il tout entendre ?
Le Gaon Rav Aharon Walkin confie :
D’après mon grand-père, le Gaon et Tsaddik Rabbi Chemouel David Walkin zatsal, dans sa vieillesse, le ‘Hafets ‘Haïm se mit à souffrir de problèmes auditifs, et on lui proposa d’avoir recours à des appareils auditifs, qui amplifient l’intensité du son.
Mais le Cohen Gadol de Radin voyait les choses sous un autre angle : « Toute ma vie, déclara-t-il, je me suis efforcé d’en entendre le moins possible pour ne pas tomber dans le lachone hara ou la rékhilout, et maintenant que le Ciel m’a donné le mérite d’entendre moins bien, je devrais recourir à des subterfuges pour entendre mieux et davantage ? »
DES HOMMES DE FOI
M. Sammy Gabay de Casablanca venait chaque année sans exception à la hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto. En 2003 (5763), il se tint près de la tombe et versa des larmes abondantes. En effet, il était déjà marié depuis longtemps et n’avait toujours pas d’enfant.
Les personnes présentes, ressentant sa détresse, lui souhaitèrent de tout cœur qu’à la prochaine hilloula, il soit déjà père.
L’année d’après, il revint, comme à son habitude. À sa sortie du cimetière, il demanda à notre Maître chelita sa bénédiction. Celui-ci lui dit : « Grâce à D.ieu, votre épouse est enceinte et la bénédiction que vous avez reçue de toute l’assemblée s’est accomplie. »
M. Gabay confirma ces paroles mais il se permit de demander :
« Pourquoi toute la bénédiction ne s’est-elle pas accomplie ? En effet, d’après les termes de celle-ci, j’aurais déjà dû être père, ce qui n’est pas encore le cas. La preuve : je suis à Mogador, tandis que ma femme est restée à Casablanca, à cinq cents kilomètres d’ici, en attendant d’accoucher !
– Sais-tu quelle est la date hébraïque d’aujourd’hui ? demanda notre Maître chelita.
– Oui, aujourd’hui nous sommes le Chabbat 25 Elloul.
– Dans ce cas, répondit le Rav, qui sait si ta femme n’est pas en train d’accoucher ? Si les pèlerins ont prié près de la sépulture de Rabbi ‘Haïm Pinto, leurs prières doivent totalement s’accomplir. »
Entre-temps, l’assemblée continuait, dans une atmosphère d’élévation, à réciter avec ardeur les prières de Chabbat, et prit le troisième repas. Les gens évoquèrent, avec M. Gabay, sa conversation avec le Rav et lui souhaitèrent même mazal tov.
À la fin de Chabbat, l’émotion atteignit son comble : M. Gabay apprit que son épouse avait mis au monde un fils, à trois heures précises, heure à laquelle tous les amis l’avaient béni d’un mazal tov.
Cet évènement fut un grand moment de kiddouch Hachem. Il est question de Juifs simples, à première vue, mais dont la bénédiction près du saint tombeau eut un grand impact dans le Ciel et fut à l’origine d’un miracle.