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paracha de la semaine

Vayéra

4 Novembre 2017

ט"ו חשון תשע"ח

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 17h08 18h08 19h03
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Ra'anana 16h27 17h26 18h02

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L’épreuve de la Akéda, la voie tracée pour les générations futures

Rabbi David Hanania Pinto

« Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Its’hak ; dirige-toi vers la terre de Moria, et là, offre-le en holocauste sur une montagne que Je te désignerai. » (Béréchit 22, 1-2)

Il s’agit de la dernière épreuve et de la plus ardue. Elle met en valeur l’intensité de l’amour d’Avraham pour le Saint béni soit-Il, qui ne se limitait pas aux domaines du service divin et de la prière, mais s’étendait également à celui de sa vie privée, puisqu’il se montra prêt à sacrifier son propre fils. Nos Sages nous enseignent : « Ce n’est pas l’étude qui est le principal, mais la mise en pratique. » (Avot 1, 17) Certaines personnes étudient, mais ne mettent pas cette étude en application. Or, sans ce passage à l’acte, elles ne peuvent apprécier leur étude, car celle-ci représente un effort dont on ne tire profit que lorsqu’il se concrétise par des actes. C’est l’acte qui donne sa pleine valeur à l’étude, incitant ainsi l’homme à étudier encore davantage.

Illustrons ceci par une allégorie. Un homme qui est payé pour un certain travail désirera travailler davantage lorsqu’il aura profité de son salaire, puisque tel est le but de l’argent. Par contre, si quelqu’un gagne de l’argent mais ne l’utilise pas, il n’en verra pas l’intérêt, car cet argent n’aura pour lui aucune signification ; cette absence de but causera, simultanément, un manque de motivation au travail. Cette logique se vérifie aussi dans le domaine de l’étude de la Torah : lorsqu’on étudie dans le but de mettre cette étude en pratique, on est motivé à approfondir son étude. Par exemple, quelqu’un qui étudie les lois relatives au Chabbat sera motivé en constatant qu’il a, par ce biais, évité de commettre des transgressions dans ce domaine.

Il est écrit : « J’ai créé le mauvais penchant, et J’ai créé la Torah comme antidote » ; la Torah s’oppose donc au mauvais penchant, mais elle ne l’annule pas. En effet, le mauvais penchant ne dit pas directement à l’homme de faire le mal, mais lui fait croire que ce qu’il l’incite à faire est bien, par exemple, parce que « tout le monde agit ainsi ». Mais il omet de dire à l’homme qu’il existe une différence fondamentale entre ce que les non-juifs et ce que les enfants d’Israël considèrent comme bien : le mal des non-juifs semble extérieurement bon, alors que la Torah permet au Juif de distinguer le bien fictif du bien réel. Les non-juifs, qui ne possèdent pas la Torah, n’ont pas cette opportunité, comme il est dit : « La Torah chez les non-juifs ? N’y crois pas. » (Ekha Rabba  2, 13) L’homme peut se leurrer et penser que tous ses actes sont bons, mais, dès qu’il étudie la Torah, il prend conscience que ce qu’il prenait pour bon était en réalité mauvais. La Torah lui permet donc de parvenir au Bien authentique.

Tel est le sens de l’injonction du roi David : « Éloigne-toi du mal et fais le bien. » A priori, comment l’homme est-il en mesure de savoir qu’il agit mal pour pouvoir s’en éloigner ? En faisant le bien, c’est-à-dire, en étudiant la Torah, appelée Bien, il pourra discerner entre le bien et le mal et opter pour le bien.

Les trois patriarches possédaient, chacun, deux facettes à leur personnalité ; le premier patriarche, en tant qu’individu isolé, était Av-ram, un « père élevé », et par rapport à l’influence qu’il exerçait sur le monde entier, par le biais de sa bonté, il était Avraham, le « père d’une multitude de peuples ». Le deuxième patriarche, Its’hak, porte un nom faisant écho à la joie qu’il incarnait, mais, parallèlement, il représentait aussi la crainte, comme il est dit : « le Dieu que craint Its’hak » (Béréchit 31, 42). Enfin, le troisième patriarche, Yaakov, se plaçait, comme son nom l’indique, au talon, tandis que sa vaillance face aux épreuves spirituelles a fait de lui un chef, « Israël », nom qui lui sera donné suite aux épreuves surmontées chez Lavan.

Dans la prière, nous disons : « Dieu d’Avraham, Dieu d’Its’hak, et Dieu de Yaakov », car nos patriarches nous ont, par leur vaillance, frayé le chemin que nous devons emprunter pour servir l’Éternel. Nos Sages, de mémoire bénie, nous enseignent : « Le monde repose sur trois piliers : sur la Torah, sur le service divin, et sur la bienfaisance. » (Avot 1, 2) Or, ces trois piliers correspondent, en réalité, aux trois patriarches. Yaakov, représentant à la fois le talon et la tête, est le pilier de la Torah. Un talon sans tête ou une tête sans talon ne sert à rien ; mais l’échelle de Yaakov possédait des pieds et un sommet, et ceci grâce au mérite de la Torah. D’Its’hak, nous apprenons la façon dont nous devons servir notre Créateur : avec une joie, ponctuée de tremblements – dus à notre conscience de la toute-puissance de Dieu, devant qui nous nous tenons. Quant à Avraham, il incarne la bonté, sans laquelle le monde ne peut se maintenir, comme le souligne le verset : « Le monde est bâti sur la bonté. » Or, la bonté ne doit pas se limiter au niveau individuel – comme un acte de bienfaisance accompli en faveur d’une famille isolée – mais elle doit s’étendre au monde dans sa totalité, car tous en ont besoin. Telle a été l’œuvre d’Avraham, dont la bonté universelle lui a valu une modification de son nom individuel en un nom général : « père d’une multitude de nations » (Béréchit 5, 17).

Rabbi Haïm Pinto Ha Katan (Le petit) • 1855-1937

Rabbi Rabbi Haim Pinto Ha-Katan width=

Ce Chabbat (4 Novembre- 15 Hechvane) verra la hilloula de l’un des géants de l’esprit, un rejeton de la noble dynastie des Pinto, au Maroc, à savoir le tsaddik habitué aux miracles Rabbi ‘Haïm Pinto « le petit », qui a mérité et fait mérité le grand nombre, à la fois dans le domaine spirituel et matériel, en faisant revenir le cœur des juifs à leur Père des Cieux, de son vivant ainsi qu’après sa mort.

À l’occasion de la Hilloula du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto Hakatan zatsal, nous aimerions rapporter quelques anecdotes afin de donner une petite idée de sa sainteté et de sa grandeur.

Cela fait des centaines d’années que le nom saint et pur des Tsaddikim de la prestigieuse famille des Pinto est prononcé par les Juifs séfarades avec une révérence exceptionnelle. Une lueur d’espoir s’allume dans les yeux de ces Juifs lorsqu’ils entendent parler de cette noble lignée, ou qu’ils racontent des histoires à propos de ces Tsaddikim.

La Torah élit domicile là où on lui a toujours fait bon accueil, nous révèlent nos Sages, et c’est là l’un des secrets de son héritage de génération en génération. Si nous examinons la chaîne des générations, nous voyons clairement comment la Torah a élu domicile chez les membres de la famille Pinto. Génération après génération, à chaque époque, des Tsaddikim et saints Rabbanim issus de cette noble lignée illuminent le monde de la Torah de leur Tsidkout et de leur piété.

Dans l’arbre généalogique des Pinto, plusieurs figures se sont illustrées par les prodiges qu’elles accomplissaient. Par le pouvoir de leur Torah et de leurs prières, elles avaient le mérite de bouleverser l’ordre naturel des choses. Parmi ces illustres personnalités, citons celui qu’on appelle le Rif, Rabbi Yochiahou Pinto zatsal, Rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol et Rabbi ‘Haïm Pinto Hakatan, dont nous célébrons cette semaine la Hilloula. Puissent leurs mérites nous protéger !

Ce dernier, telle une échelle posée à terre dont le sommet atteignait le Ciel, ne vécut jamais en grand seigneur, en dépit de sa grandeur exceptionnelle dans la Torah et le ‘hessed. Sa porte était toujours ouverte à tous, sans exception. À toute heure du jour et de la nuit, des gens en quête de salut venaient le trouver, pour lui demander un conseil ou une brakha.

Les journées de ce Tsaddik, jouissant d’une réputation d’homme saint, étaient riches en réalisations en faveur de la collectivité comme de l’individu : cours et diffusion de la Torah, tsédaka et ‘hessed en faveur de tout demandeur et de tout nécessiteux. Il était le pilier de la Torah et de la bienfaisance dans sa génération, ce qui nous permet un peu de comprendre le pouvoir exceptionnel de ses prières et brakhot, pouvoir qui a continué à se manifester même après son décès.

Dans la rubrique « Des hommes de foi », nous allons tenter de retranscrire une infime part de la grandeur des Tsaddikim, de leur immense sainteté et du pouvoir exceptionnel de leurs prières et bénédictions. En outre, à l’occasion de la Hilloula, nous voudrions rapporter ce que nous avons entendu de notre Maître, continuateur de cette noble lignée, le Gaon et Tsaddik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita. Il nous a rapporté un témoignage sur la grandeur de Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal, qu’il tenait de son beau-frère, le Rav Pin’has Amos chelita :

Une fois, Rabbi Pin’has s’adressa à son père : « Papa, je vois qu’à chaque fois que tu es confronté à un problème, tu allumes une bougie à la mémoire du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal et pries pour qu’Hachem te vienne en aide par son mérite. Pourquoi fais-tu cela ? En es-tu vraiment convaincu ? »

Son père lui répondit par une histoire : « Autrefois, je travaillais dans l’élevage des vaches, que je vendais ensuite. C’était ma seule source de revenus. Une année, tout le sud du Maroc fut touché par une sécheresse très sévère, et la majorité des vaches moururent. Je me retrouvai soudain sans parnassa et errai comme une âme en peine dans Casablanca, affamé. La maison était vide et je n’avais pas la moindre nourriture à offrir à mes proches.

« Maman me pressait de trouver de quoi nourrir les enfants, qui risquaient de mourir de faim. Je quittai la maison et me dirigeai vers le bord de mer, situé à quelques kilomètres du mellah. Là, face aux flots déchaînés, je me pris à réfléchir à l’avenir. Je n’entrevoyais aucune solution pour me sortir de cette impasse.

« Mais voilà que soudain, j’aperçus de loin le Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, qui s’approchait rapidement avec son chamach. J’étais confus : d’un côté, je savais qu’il collectait toujours de l’argent pour les pauvres et je n’avais rien à lui donner. Mais d’un autre côté, je me dis qu’étant doué de l’inspiration divine, il savait sûrement que j’étais sans le sou ; peut-être même me donnerait-il de quoi acheter à manger ? Dans le doute, je pensais toutefois m’esquiver, mais Rabbi ‘Haïm, qui avait deviné mon intention, me cria de l’attendre. Il arriva enfin à mes côtés, haletant à force d’avoir couru (il faut préciser qu’au moment des faits, le Tsaddik avait déjà plus de soixante-dix ans) et me dit : “Je suis venu de loin uniquement pour te rassurer et t’encourager ; tu n’as aucune raison de t’inquiéter, Hachem t’aidera ! Mais ce n’est pas tout : ta femme est enceinte, et tu auras un fils qui vous apportera la brakha et une bonne parnassa. Et pour ce qui est de l’argent dont tu as besoin, voici de quoi acheter à manger à tes enfants, et qu’Hachem t’aide dès aujourd’hui à connaître la réussite !”

« Je me réjouis du fond du cœur des bonnes nouvelles que me donnait Rabbi ‘Haïm, lui baisai la main, mais refusai, gêné, de recevoir l’argent qu’il me tendait. Je finis cependant par l’accepter, puis allai acheter à manger pour la famille. En arrivant chez moi, j’annonçai à Maman qu’elle était enceinte (ce dont elle n’eut confirmation que plusieurs semaines plus tard). Et effectivement, à la naissance de notre fils, notre situation s’améliora, au point que nous sommes devenus très riches.

« Tu comprends certainement, à présent, pourquoi je voue un tel amour au Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal et pourquoi, à chaque fois que j’ai un souci, j’allume une veilleuse à sa mémoire, tout en implorant Hachem de m’exaucer par son mérite. »

Un oiseau de bon augure

Docteur Laurent Lugassy, qui est originaire du Maroc, exerce aujourd’hui sa profession de médecin à Marseille. Dans le passé, il était très éloigné de la Torah et des mitsvot, jusqu’à ce qu’il vive cet évènement qui l’amena à opérer un retour sincère vers le Judaïsme.

Une fois, le praticien décida, lors d’un voyage, de retrouver la tombe de son grand-père. Il se rendit à cette intention dans l’ancien cimetière d’Essaouira, où il se mit à la chercher, parmi les milliers de pierres tombales, souvent en mauvais état. En vain.

Pendant ces investigations fébriles à travers des centaines de tombes, Dr Lugassy s’approcha du tombeau de Rabbi ‘Haïm zatsal. Là, il prit l’engagement suivant : s’il trouvait la tombe de son grand-père, alors il reconnaîtrait l’existence de D.ieu et ferait une téchouva complète !

Quand il termina sa prière, il reprit ses recherches. Soudain, en levant ses yeux vers le ciel, son regard fut attiré par une grosse nuée d’oiseaux qui, après s’être posés sur une certaine tombe, en redécollèrent, répétant plusieurs fois cet étrange manège.

Cette vision insolite capta son attention et il fut attiré comme un aimant vers cet endroit. À mesure qu’il approchait, il fut surpris de constater que, progressivement, les colombes s’envolaient, à l’exception de l’une d’entre elles.

L’allusion n’était que trop claire. Dès qu’il fut assez près de la tombe pour en lire l’épitaphe, il reconnut le nom de son grand-père, Rabbi Méir Lugassy zatsal ; qui plus est, la date de son décès correspondait exactement aux informations qu’il avait de son père.

Comme si elle avait compris que sa mission prenait fin, la colombe s’envola alors à tire d’ailes.

Le médecin réalisa que le Tsaddik l’avait aidé à trouver la tombe de son ancêtre et, par conséquent, il se devait d’accomplir sa promesse de se rapprocher de nos sources. De plus, il prit l’engagement de revenir chaque année à Mogador pour la hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto.

Nouvelle coïncidence : lorsqu’il vint me faire part de l’expérience vécue dans le cimetière d’Essaouira, avant même qu’il ait commencé son récit, j’aperçus par la fenêtre une immense nuée d’oiseaux en vol. Me parlant à moi-même, je m’écriai : « “Qu’elles sont belles Tes œuvres, ô Éternel !” Ces milliers d’oiseaux volent pour accomplir la volonté de D.ieu ! »

En m’entendant, mon visiteur fut interloqué : « D’où savez-vous que ce sont des oiseaux qui m’ont mené à la tombe de mon grand-père ? »

Pour le coup, j’étais tout aussi surpris que lui. Mais quand j’entendis tous les détails, je compris qu’effectivement, c’était le fait de la Providence. Depuis lors, ce Juif a pris sur lui de participer, chaque année, à la hilloula du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, au Maroc.

En marge de cette merveilleuse histoire, nous ajouterons que Dr Lugassy avait des difficultés à trouver son zivoug. Mais, par le mérite du Tsaddik, justement le jour de la hilloula, il rencontra à Mogador celle qui lui était destinée.

Dix ans plus tard, le 8 Av à trois heures du matin, je reçus un appel de sa femme, me racontant ce qui était arrivé à leur fils, âgé d’à peine quatre ans. La veille, il était sorti à leur insu en direction de la piscine de leur jardin. Soudain, ils s’aperçurent de l’absence de leur fils et sortirent dans le jardin, où ils aperçurent avec horreur son corps flottant à la surface de la piscine.

Face à cette scène, la mère se mit à crier et à invoquer le mérite de Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal, pour que cet enfant auquel son petit-fils, Rabbi David Pinto, avait coupé les cheveux un an plus tôt, survive par miracle.

À peine avait-elle terminé sa prière ardente qu’un inconnu fit son apparition. Il se jeta dans la piscine et en sortit le jeune enfant, qu’il entreprit de réanimer, notamment en vidant toute l’eau qu’il avait avalée. Enfin, l’enfant reprit connaissance, et son sauveteur quitta les lieux sur-le-champ. Entre-temps, le SAMU, qui avait été appelé, arriva, et ses hommes avouèrent qu’il y avait eu un miracle manifeste : l’enfant n’avait théoriquement aucune chance de survivre.

Mais la prière de la mère, émergeant du fond de son cœur, monta jusqu’au Trône de Gloire et eut raison des lois de la nature. C’est ainsi que, grâce au mérite de Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal, cet enfant ressuscita en quelque sorte.

Dans la prestigieuse lignée des Pinto, le Gaon et Tsaddik Rabbi Haïm Pinto Hakatan zatsal, auteur de miracles, était le digne représentant de cette tradition de simplicité et d’attachement à la Torah ainsi que d’attachement inconditionnel à la tsédaka et au ‘hessed, incarnée avant lui par son père et son grand-père.

Quand le Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto connaissait des difficultés financières, il empruntait de l’argent à ses connaissances afin de pouvoir accomplir la mitsva de tsédaka avec les pauvres. Et il le remboursait lorsque sa situation s’améliorait.

Une fois, il emprunta une somme importante à un vendeur de volailles, qui s’appelait ‘Hassan Zafrani. Mais, lorsqu’arriva l’échéance, le Tsaddik n’avait pas de quoi honorer sa dette.

Le prêteur, un non-juif, menaça le Tsaddik :

« Si tu ne me rembourses pas tout l’argent que je t’ai prêté, je n’hésiterai pas à te tuer ! »

À cette époque, le Tsaddik était encore jeune et ne connaissait pas l’étendue de son pouvoir. Il pensait vraiment que ce non-juif le tuerait s’il ne lui restituait pas son dû.

Rabbi ‘Haïm demanda à cet homme de l’accompagner au cimetière et de l’attendre près de l’entrée, jusqu’à ce qu’il ressorte avec l’argent. Le Tsaddik entra et s’approcha de la tombe de sa grand-mère, la Rabbanite Myriam, l’épouse de Rabbi ‘Haïm Hagadol, et s’y prosterna. Il pria en pleurant et implora sa grand-mère : « Lève-toi et regarde ton petit-fils qui n’a pas de quoi rembourser sa créance. »

Quand il termina sa prière, il vit devant lui une femme de noble apparence, vêtue avec magnificence.

« Pourquoi pleures-tu ? » lui demanda-t-elle.

Rabbi ‘Haïm lui confia son malheur, lui parla de la dette qu’il ne pouvait rembourser à ce non-juif menaçant, qui l’attendait à présent à l’entrée du cimetière.

L’inconnue sortit de sa poche un foulard rouge, dans lequel elle plaça une somme d’argent conséquente, et disparut aussitôt, sans laisser de trace.

Rabbi ‘Haïm tâta l’argent et fut émerveillé du grand miracle qu’il venait de vivre. Il sortit retrouver le vendeur de volailles qui l’attendait comme convenu à l’entrée du cimetière, et lui remboursa toute sa dette.

Quand il retourna chez son père, le Tsaddik Rabbi Hadan, qui était alors à la fin de sa vie, et qu’il lui raconta sa prodigieuse histoire, celui-ci lui dit, rassemblant ses dernières forces :

« Sache, mon fils, que cette femme n’était autre que ta grand-mère, la Rabbanite Myriam, que la paix repose sur elle. Quand tu lui as demandé de se lever et de regarder ta peine, elle est descendue du Monde de Vérité afin de te sauver. »

Celui qui accomplit le principe : « Intègre, tu seras avec Hachem, ton D.ieu » mérite une véritable aide divine et tous ses actes sont couronnés de succès.

PAROLES DE NOS SAGES

« Qu’on aille quérir un peu d’eau » (Béréchit 18, 4)

D’après nos Sages, l’eau désigne invariablement la Torah. Ici, il s’agit allusivement d’encourager tout Juif, quel que soit son niveau, à se parfaire et acquérir des connaissances étendues dans toutes les parties de la Torah, avec cet idéal d’étudier pour appliquer et accomplir la volonté du Créateur.

De manière générale, la connaissance de la Halakha est une nécessité pour tous, à chaque instant, en particulier les lois du Ora’h ‘Haïm, concernant la vie courante, comme le souligne Rabbi Yaakov de Lissa, l’auteur du Nétivot, dans son testament : « Car la majorité de ces lois se présentent à l’homme à des moments où il ne lui est pas possible de vérifier ou d’interroger un Sage. »

Beaucoup d’entre nous ont certes l’ambition de connaître la Halakha de manière claire, mais ils ne savent pas comment s’y prendre pour parvenir à ce niveau.

Le Gaon Rabbi Haïm Pin’has Scheinberg zatsal a donné un conseil se résumant en quatre notions clés, commençant toutes pas la lettre lamèd – qui évoque, quant à elle, le limoud, l’étude : étudier (lilmod), enseigner (lélamed), observer (lichmor), accomplir (laassot). Voici, à ce propos, le témoignage de l’un de ses élèves :

« A l’époque où j’étais Ba’hour à la Yéchiva Torah Or, je saisis une fois un moment propice pour interroger le Roch Yéchiva : “Rav Scheinberg, quel est le secret pour grandir ?”

« Au lieu de me répondre, le Rav me demanda de lui apporter le Responsa de Rabbi Akiva Eiger, édition Kama, qu’il ouvrit ensuite à la réponse 20. Il me demanda de lire le texte, et je m’exécutai :

“Voici un fait dont j’ai été témoin, en passant le Chabbat, dans la cour de la synagogue, ici, dans notre sainte communauté de Lissa : un homme jeta un peu d’eau d’un flacon par la fenêtre vers la cour commune. Je me suis aussitôt demandé si cela ne serait pas par hasard interdit, étant donné que le vent disperse les gouttes en tous sens. Cela ressemble apparemment au cas évoqué dans le Yérouchalmi : ‘celui qui crache et dont le vent disperse le crachat a transgressé l’interdit de vanner’, et le Korban Haéda explique que le vent disperse le liquide en une multitude de petites particules. Il en ressort qu’a priori, même en versant une petite quantité d’eau – et pas seulement un grand jet – que le vent pourrait disperser, on transgresse l’interdit de vanner.”

« “Qu’est-ce que tu apprends de là ?” me demanda ensuite le Roch Yéchiva. Je lui expliquai le problème soulevé par Rabbi Akiva Eiger. “Qu’est-ce que tu vois apprends de là ?” répéta-t-il, imperturbable. Je réitérai ma réponse. Mais quand il reprit le même refrain, je compris qu’il voulait faire allusion à quelque chose de bien plus profond.

« “Que voulez-vous dire ?” lui demandai-je. Il voulait en fait m’apprendre un principe fondamental, qu’il introduisit par une nouvelle question : “Si un Juif passait dans la rue et voyait quelqu’un jeter de l’eau par la fenêtre, comment réagirait-il ?”

« Sans attendre la réponse, le Roch Yéchiva me dit : “Tu veux que je te dise ce que tu aurais fait ? Tu aurais baissé la tête et continué ton chemin… Pourtant, pour Rabbi Akiva Eiger, il en allait tout autrement : à peine avait-il surpris ce geste qu’il se mit à réfléchir à la manière dont la Halakha l’envisageait !” »

Cela implique pour tout évènement, petit ou grand, de vivre la réalité concrète à la lumière de la Halakha. Non pas se contenter de savoir en théorie, mais traduire cette connaissance en actes !

(rapporté dans Nétivot Hahalakha, vol. 46)

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Le vrai croyant

J’ai connu par le passé un homme qui se déclarait sans cesse grand croyant devant l’Éternel.

Une nuit, je laissai volontairement traîner sur ma table de travail une liasse de billets, dans le but de le mettre à l’épreuve.

En pleine nuit, à l’heure où tout le monde dort et où il était certain que personne ne le verrait, je le vis pénétrer dans la pièce, prendre l’argent posé sur la table et le mettre dans sa poche sans aucune hésitation.

Le lendemain, je lui parlai exprès de l’interdit du vol et de l’importance de respecter les biens d’autrui, avec beaucoup d’insistance. Lui, comme si de rien n’était, feignit d’approuver sans réserve mon discours. Il alla même jusqu’à me répéter qu’il était un vrai croyant.

Face à une telle impudence, je ne pus garder plus longtemps le silence et lui expliquai que j’étais au courant de ses agissements nocturnes : il avait pris l’argent posé sur ma table. Je lui prouvai ainsi qu’il était loin d’être un véritable homme de foi, puisqu’en l’absence de regard étranger, il s’était approprié des billets qui n’étaient pas à lui, sans que sa prétendue « foi » l’en empêche ; sa cupidité avait été plus forte.

La véritable foi en D.ieu implique l’accomplissement des mitsvot en public comme en privé, tout en reconnaissant qu’Il intervient constamment dans le monde et qu’absolument rien ne Lui échappe.

La foi d’un homme est mise à l’épreuve lorsque le mauvais penchant et les envies tentent de prendre le dessus. Il est alors possible de vérifier facilement son niveau de foi et de sincérité. S’il reste attaché à l’ordre divin en dépit de ses envies, c’est un croyant sincère et véritable, tandis que s’il tombe sous la coupe du mauvais penchant, c’est le signe que sa foi est instable et n’est pas parfaitement ancrée en lui.

CHEMIRAT HALACHONE

Être sur ses gardes, mais rester sceptique

Il faut faire extrêmement attention, si l’on entend que quelqu’un a médit de nous, nous a fait telle ou telle chose ou a l’intention de le faire, de ne pas y croire. Du fait que nous devons accorder à toute personne une présomption d’innocence, on se contentera d’être sur ses gardes, c’est-à-dire de prendre des précautions, tout en pensant qu’il ne nous a en fait sûrement causé aucun tort en paroles ou en actes.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « La femme de l’un des jeunes prophètes (…) » (Mélakhim II, chap. 4)

La haftara évoque la brakha donnée par Élicha à la Chounamite, qui eut un fils au moment qu’il lui avait indiqué, à l’instar d’Avraham, à qui les anges annoncèrent, un an à l’avance, la naissance d’Its’hak, fait décrit dans notre paracha.

 

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