Vayichla'h 2 Décembre 2017 י"ד כסלו תשע"ח |
|
La richesse spirituelle de Yaakov
Rabbi David Hanania Pinto
« J’ai séjourné chez Lavan et prolongé mon séjour jusqu’à présent. » (Béréchit 32, 4-6)
Explication de Rachi : « J’ai séjourné » – « Je n’y suis pas devenu un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger. Tu n’as vraiment pas lieu de me haïr à cause de la bénédiction que ton père m’avait donnée : “Sois le maître de tes frères”, car elle ne s’est pas réalisée. Autre explication : le mot garti a pour valeur numérique six cent treize ; Yaakov voulait dire : “J’ai séjourné avec Lavan l’impie, mais j’ai gardé les six cent treize commandements, et n’ai pas suivi son mauvais exemple.” »
La Torah nous décrit la façon dont notre patriarche Yaakov s’est préparé à la confrontation avec son frère Essav. Il a envoyé à Essav, par l’intermédiaire de messagers, une grande partie de son menu et gros bétail, afin de l’apaiser et de le dissuader de le tuer. En plus de ces cadeaux, les messagers de Yaakov étaient également chargés de transmettre un message à Essav : bien que Yaakov ait habité auprès de Lavan le mécréant, à ‘Haran, il ne s’était pas laissé influencer par l’impiété de ses habitants, mais était resté juste et avait continué à observer la totalité des mitsvot. Le patriarche désirait démontrer à son frère qu’il avait réussi à respecter scrupuleusement les commandements de Dieu, même dans un endroit où l’on pratiquait l’idolâtrie.
Pourtant, on peut se poser la question suivante : le fait que Yaakov avait su préserver son niveau spirituel intéressait-il réellement Essav, qui n’était occupé, toute sa vie, qu’à servir les idoles, verser du sang et se livrer à la débauche ? Comme nous le savons, Essav, qui avait méprisé son droit d’aînesse, est le symbole de l’impureté par excellence. Nos Sages, de mémoire bénie, rapportent à ce propos (cf. Targoum Yonathan 27, 5) que lorsque Its’hak a demandé à Essav de lui apporter un plat, en l’absence de gibier, ce dernier lui a présenté une tête de chien, alors qu’il aurait pu prendre une bête de son propre bétail. Aussi semble-t-il très surprenant que Yaakov ait choisi de transmettre à un être tellement perverti un tel message !
De plus, que signifie l’affirmation de Yaakov à Essav : « Tu n’as vraiment pas lieu de me haïr » ? Il existe pourtant un principe immuable selon lequel Essav hait Yaakov, cette haine ayant pour but de renforcer le lien entre le peuple juif et son Père céleste – puisque, sans cette aversion, notre peuple se serait, depuis bien longtemps, assimilé aux nations non-juives, ce qui aurait mis fin à son existence !
Proposons la démarche suivante. Notre patriarche Yaakov, conscient de la dégradation spirituelle de son frère, désirait susciter son repentir. Il éprouvait de la peine en constatant qu’Essav, qui descendait de parents saints, était tombé à un niveau si bas qu’il passait tout son temps à commettre les trois transgressions majeures. En outre, il pensait qu’Essav possédait en lui le potentiel nécessaire pour se repentir.
Nous pouvons rapprocher cette idée de l’anecdote suivante, rapportée par la Guémara (Baba Metsia 84a). Rèch Lakich, qui était le chef d’une bande de brigands, a une fois aperçu Rabbi Yo’hanan en train de se baigner. Ce dernier était d’une beauté exceptionnelle, et Rèch Lakich qui, de loin, l’avait pris pour une femme, voulut s’approcher de lui. Sa concupiscence était telle qu’il réussit à atteindre l’autre bout du fleuve d’un seul bond. Lorsque Rabbi Yo’hanan constata le potentiel hors du commun de cet homme, il lui dit : « Consacre ta force à la Torah ! », tout en lui promettant que s’il était prêt à abandonner ses mauvaises fréquentations et à corriger ses voies, il lui donnerait sa sœur, encore plus belle que lui, en mariage.
L’intention sous-jacente de Yaakov, à travers le message qu’il fait passer à Essav, était de lui démontrer que toute son opulence était le fruit de l’assiduité dont il avait fait preuve dans l’observance et l’étude de la sainte Torah. D’où le sens de l’affirmation : « Tu n’as vraiment pas lieu de me haïr. » Autrement dit, « si toute ta haine provient du fait que je suis devenu considérablement riche, sache que toutes ces possessions n’ont fait de moi ni un prince ni un notable, puisqu’elles découlent uniquement de mon attachement à la Torah et aux mitsvot ; tu n’as donc aucune raison de me haïr, car ma fortune ne ternit nullement la tienne ». C’est en ce sens que Yaakov a affirmé à son frère qu’il n’était ni un prince ni un notable, c’est-à-dire que la fortune qu’il avait amassée n’avait pas suscité en lui un sentiment de domination.
Mon ancêtre, le juste Rabbi Yochiyahou Pinto, que son mérite nous protège, explique la raison pour laquelle il a choisi d’intituler ses livres par des noms faisant référence à l’argent, comme « Kessef Niv’har » (l’argent choisi), ou « Kessef Mezoukak » (l’argent purifié) : la nature de l’homme est d’aimer et de convoiter l’argent, et rares sont les personnes qui en font peu de cas. En outre, l’homme ne peut vivre dans ce monde sans argent. L’intention de Rabbi Yochiyahou est donc d’éveiller notre conscience au fait que notre existence dans ce monde n’est envisageable qu’avec la Torah et de nous enseigner notre obligation d’être avides de Torah de la même façon que nous sommes avides d’argent.
Par conséquent, les deux explications données par Rachi n’en font qu’une : Yaakov a observé les six cent treize mitsvot dans la maison de Lavan et n’est pas devenu un prince suite à la fortune qu’il a amassée ; au contraire, il est parvenu à cette noble position grâce à l’étude de la sainte Torah, et c’est pourquoi Essav n’avait pas lieu de le haïr.
CHEMIRAT HALACHONE
L’interdiction de croire
De même qu’il est interdit de croire du lachone hara, même si on a parlé d’une personne devant elle, il est défendu d’accorder crédit à des colportages, et ce, même rapportés en présence de la personne qu’on accuse d’avoir dit telle ou telle chose d’autrui. Même si cette personne garde le silence face à cette accusation – cela fût-il contraire à sa nature –, il n’en reste pas moins interdit d’y croire, car ce n’est pas une preuve.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Vision d’Ovadia (…) » (Ovadia 1) – parmi les Ashkénazes, certains récitent : « Oui, Mon peuple se complaît (…) » (Hochéa 11).
La haftara évoque la haine continuelle d’Essav pour Yaakov, largement décrite dans notre paracha, lorsqu’à la tête de 400 hommes, le premier s’apprête à combattre le second.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Le pouvoir d’une simple cassette
Un Juif religieux vint un jour m’annoncer avec émotion : « Rabbi David, vous êtes mon Rav ! J’ai toujours rêvé de vous rencontrer en vrai ! »
De mon côté, son visage ne me disait rien, et c’est pourquoi je lui demandai de se présenter. Son nom ne m’était pas plus familier. Pourtant, s’il ne me connaissait pas, comment cela se faisait-il qu’il se considérait comme mon élève ? Je lui posai cette question, et sa réponse m’éblouit :
« Il y a quelques années, j’étais très éloigné de la pratique religieuse et avais une allure bien différente de celle que vous me voyez aujourd’hui. Un jour, je pris un taxi conduit par un Juif religieux. Il me demanda la permission d’écouter pendant la course la cassette d’un cours, car il ne pouvait pas écouter de musique.
« J’acceptai évidemment. Il mit en marche son autoradio et tout au long du trajet, j’ai eu le mérite d’entendre votre cours, si extraordinaire, destiné à un public de mon niveau. Au cours de votre intervention, vous avez évoqué un cas ressemblant étrangement au mien et vos paroles énergiques ont progressivement pénétré mon cœur, m’inspirant des pensées de téchouva.
« Lorsque je suis descendu du taxi, extrêmement ébranlé, je demandai au chauffeur, après lui avoir réglé la course, de me prêter la précieuse cassette. Il me répondit qu’il ne pouvait malheureusement pas s’en défaire, mais s’engagea à m’en envoyer une autre à mon domicile.
« Il tint parole et je me mis à l’écouter en boucle. C’est ainsi que j’ai fait téchouva grâce à votre cassette, et c’est pourquoi je me considère comme votre élève ! » conclut-il.
Cette anecdote montre le pouvoir d’un simple enregistrement de paroles de Torah, qui, en un temps limité, est parvenu à embraser l’étincelle juive d’un homme et à le rapprocher du Créateur.
PAROLES DE TSADDIKIM
Le yétser hara, un adversaire infatigable
« Yaakov étant resté seul, un homme lutta avec lui, jusqu’à l’aube. » (Béréchit 32, 25)
Qui est ce personnage mystérieux qui s’attaqua à Yaakov en chemin ?
Nos Sages expliquent (cf. Rachi) que c’est l’ange tutélaire d’Essav. Mais le combat de Yaakov contre Essav n’a jamais vraiment cessé, puisqu’il apparaît sous les traits du yétser hara, logé dans notre cœur, qui tente en permanence de nous terrasser. Jamais il ne se décourage ni ne fatigue. Il n’a pas besoin de vacances et travaille sans relâche 24 heures sur 24, 7 jours sur sept.
L’Admour d’Ashlag décrit cette lutte perpétuelle à travers l’anecdote suivante :
Un Roch Yéchiva avait l’habitude de se rendre à l’étranger pour collecter de l’argent en faveur de son institution. Un jour, il se rendit chez un notable particulièrement riche, habitant au dixième étage d’un grand immeuble. Plutôt que de prendre l’ascenseur, le Roch Yéchiva monta les étages à pied. Mais quelle ne fut pas sa déconvenue lorsqu’arrivé devant le nanti, celui-ci s’excusa : il avait déjà donné tout son maasser annuel… Le Rav repartit dépité.
Près d’un an plus tard, lorsque vint le moment de sa tournée de collecte habituelle, le Rav se rendit de nouveau chez cet homme d’affaires en prenant l’escalier jusqu’au dixième étage, mais une fois de plus, la déception était au rendez-vous.
Un an plus tard, la même scène se répéta, de même que les années suivantes : chaque fois, il essuyait le même refus, assorti du même prétexte.
La septième année, lorsque le nanti le vit entrer chez lui rouge et tout essoufflé par son ascension des dix étages, il lui lança carrément : « Vraiment ? Vous m’étonnez, Rav ! Pourquoi êtes-vous une fois de plus monté jusque chez moi ? Vous ne comprenez pas que je ne veux pas vous faire de don ?!
– Eh bien, c’est simple, lui dit le Rav sans se formaliser. C’est que vous n’êtes pas le premier à m’avoir dit cela aujourd’hui… Quand j’étais en bas, le yétser hara m’a soufflé : Pourquoi monter ? Cet homme ne te fait pas de dons…
– Mais alors, pourquoi être monté ?! insista le businessman.
– Parce que je lui ai répondu que je faisais comme lui. L’année dernière, comme tous les ans, il a pris la peine de venir me demander pourquoi je montais, et je suis quand même monté. Or, cette année, il est malgré tout revenu pour tenter de me dissuader. Si tu ne te décourages pas, lui ai-je répondu, moi non plus, et c’est pourquoi j’ai pris la peine de monter jusqu’à vous !... »
À MÉDITER
La mitsva d’aimer son prochain comme soi-même n’est pas un simple « plus » ou une ‘houmra (mesure de rigueur), mais une mitsva explicite de la Torah (Vayikra 19, 18) : « Tu ne te vengeras pas ni ne garderas rancune (…) ; tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem. »
Essayons donc de nous représenter mentalement la sensation extraordinaire qui happe tout Juif, celle que nous aussi avons personnellement ressentie, en mangeant des matsot, mitsva du soir du séder. Pendant les trente jours qui précèdent la fête, nous nous consacrons aux préparatifs à l’approche de ce grand moment où nous accomplissons cette mitsva dans ses moindres détails : nous cherchons les matsot de la meilleure qualité d’un point de vue halakhique, surveillées depuis le moment de la moisson du blé, réalisées et cuites selon les exigences halakhiques les plus strictes que l’on puisse imaginer…
Et pour ce qui est des Quatre Espèces ? Là non plus, rien à dire. De bons Juifs passent des heures à vérifier à la loupe la pointe d’un loulav ou la disposition des feuilles du hadass, afin qu’ils soient d’une beauté, d’une perfection optimale ! Et qui serait prêt à renoncer à un ethrog impeccable, sans défaut ? Des gens qui sont des plus économes pour toutes les dépenses courantes vont soudain ouvrir grand leur bourse pour acheter un splendide ethrog, summum de la perfection !
Et qu’en est-il de la lecture du Chéma, précieuse mitsva que nous avons le mérite d’accomplir deux fois par jour – à Cha’harit et Arvit ? Quelqu’un la laisserait-il passer sans l’accomplir dans les moindres détails ? Que D.ieu préserve ! Tout le monde se concentre sur son premier verset avec le plus grand sérieux, pesant scrupuleusement chaque mot.
Aucun doute. Nous observons tous scrupuleusement les mitsvot, que nous apprécions et cherchons à accomplir de manière optimale, au maximum de nos capacités – voire même au-delà.
Et pourtant, pour une raison ou une autre, il existe une mitsva qui ne jouit pas de la même considération que de nombreuses autres obligations, une mitsva que non seulement nous ne cherchons pas à accomplir de façon optimale et ne recherchons pas, mais dont nous oublions parfois même l’existence…
Il s’agit de la mitsva mentionnée explicitement dans la Torah (Vayikra 19, 18) « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C’est une mitsva positive, au même titre que le chofar, le loulav, la soucca ou la matsa, une mitsva qui est même plus importante ! Et pourtant, elle n’est pas entourée du même halo, de la même affection et de la même déférence que bien d’autres mitsvot…
Une chose est claire : les empreintes du yétser hara sont ici clairement décelables… Pour une raison ou une autre, il mène une lutte particulièrement acharnée contre cette mitsva spécifique, bien plus que contre d’autres mitsvot que nous percevons comme importantes et particulières.
Or, la lutte du yétser hara contre cette mitsva en particulier est censée nous apprendre combien elle est importante dans le ciel. Car le mauvais penchant ne se donnerait pas tant de peine pour combattre un objectif mineur !
À méditer…
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
« Yaakov envoya des messagers en avant-garde, à Essav son frère, au pays de Séir, dans la campagne d’Édom. Il leur avait donné cet ordre : “Vous parlerez ainsi à mon seigneur, à Essav : Ainsi parle ton serviteur Yaakov : J’ai séjourné chez Lavan et prolongé mon séjour jusqu’à présent. J’ai acquis bœuf et âne, menu bétail, esclaves mâles et femelles ; je l’envoie annoncer à mon seigneur, pour trouver grâce à tes yeux.” » (Béréchit 32, 4-6)
Les justes n’ont pas droit au repos dans ce monde. Yaakov venait à peine de sortir indemne de toutes les épreuves et souffrances que Lavan lui avait fait subir et de se séparer de cet impie, qu’il devait maintenant faire face à une confrontation avec Essav. Celle-ci était certes de nature différente, Essav étant son frère. Cependant, Yaakov voulait démontrer à ses enfants pieux qu’il n’est pas uniquement nécessaire de se séparer de Lavan, mais qu’il faut aussi couper tout lien avec Essav, serait-ce au prix d’une guerre.
Il existe une controverse (Béréchit Rabba 75, 4) entre nos Sages, de mémoire bénie, au sujet du verset : « Yaakov envoya des messagers en avant-garde, à Essav son frère. » Certains affirment qu’il s’agissait d’anges, d’autres, de messagers humains. Quoi qu’il en soit, Yaakov a envoyé ces intermédiaires afin de faire savoir à Essav qu’il avait observé toutes les mitsvot, malgré les difficultés inhérentes à son séjour auprès de Lavan. Pour quelle raison désirait-il souligner ceci ? Yaakov voulait expliquer à Essav que telle était sa ligne de conduite : il ne se laissait influencer par personne et, de même qu’il avait coupé tout lien avec Lavan afin de ne pas subir son influence, de même, agirait-il à l’égard de son frère, afin d’être sûr de pouvoir continuer à respecter les mitsvot.
L’attitude de Yaakov, emblème pour les générations à venir, nous livre une édifiante leçon : elle nous indique la façon dont nous devons gérer nos relations avec les non-juifs, afin de nous assurer que la braise représentée par notre peuple ne s’éteigne jamais. Cette ligne de conduite est valable même pendant les périodes de crise, durant lesquelles nous devons veiller à ne pas nous laisser influencer par les courants d’assimilation, mais où, au contraire, il nous incombe de prendre encore plus de distance par rapport aux nations qui nous entourent.
EN PERSPECTIVE
Patience en toutes circonstances
Yaakov Avinou a vent de la terrible tragédie qui a secoué sa famille, quand sa fille Dina a été déshonorée par Chekhem, mais il ne s’empresse pas de se mettre en colère et garde le silence jusqu’au retour de ses fils des champs.
Vers la fin de sa vie, le Gaon Rabbi Moché Chmouel Shapira zatsal, qui était très âgé, dut une fois entreprendre un long voyage, particulièrement difficile dans son état. Lorsqu’il rentra chez lui, tard dans la nuit, un pauvre hère fit soudain irruption. Il se mit à importuner le Rav avec des questions en tout genre, parfois des plus fantaisistes, mais le Rav répondit avec une patience hors norme à chacune d’entre elles.
Les proches du Tsaddik étaient excédés et n’avaient qu’une envie : jeter l’importun dehors. Cependant, Rabbi Moché Chmouel s’y opposa formellement : « Pour nous, ces questions sont peut-être ridicules, mais pour cet homme, elles sont vitales !... »
DES HOMMES DE FOI
Une dette miraculeusement honorée
Une fois, Rabbi ‘Haïm Pinto passait, comme à son habitude, dans les rues de la ville pour collecter de l’argent, quand, de loin, Rabbi Avraham Amar l’aperçut. Il se sentit gêné, car ces derniers temps, il n’avait pas un sou en poche. Il traversait une période de pauvreté extrême. Comme il craignait que Rabbi ‘Haïm le sollicite, il se cacha dans la cour d’une des maisons.
Le Tsaddik, qui avait remarqué son manège de loin, se hâta de le suivre. Quand il l’eut rejoint, il lui dit : « Je sais que tu n’as pas d’argent et je veux t’aider. » Tout en parlant, il sortit plusieurs pièces de sa bourse et les lui donna. « Reviens me voir dimanche et rends-moi l’argent. Tu auras à ce moment-là de quoi me rembourser », ajouta-t-il.
Rabbi Avraham Amar refusa au départ de prendre l’argent (comme l’a raconté son fils, David Amar), de peur de ne pas trouver de quoi s’acquitter de sa dette. Mais, Rabbi ‘Haïm insista pour qu’il le prenne.
Finalement, il accepta et s’en fut au marché. Il acheta du poisson, de la viande et d’autres denrées en l’honneur de Chabbat.
Le dimanche, Rabbi Avraham n’osa pas sortir dans la rue. Il n’avait pas un sou pour rembourser ce prêt et craignait de rencontrer Rabbi ‘Haïm. Après réflexion, il décida de placer sa confiance en D.ieu et sortit.
En chemin, il rencontra un Arabe qu’il ne connaissait pas. Celui-ci lui demanda de vendre pour lui plusieurs bijoux en or. Pour le récompenser de ses efforts, il lui promit de lui verser une somme honorable. De plus, l’inconnu lui remit déjà la moitié de la somme avant qu’il ne commence son travail.
Aussitôt après avoir effectué cette transaction, l’homme disparut.
Alors, Rabbi ‘Haïm apparut devant lui, le visage rayonnant, et lui dit :
« Tes yeux ont vu que mes paroles se sont totalement accomplies. Nous sommes dimanche aujourd’hui, rends-moi l’argent que je t’ai prêté et pas un sou de plus. »
Rabbi Avraham lui remit ce qu’il lui devait et il lui resta encore beaucoup d’argent.