Mikets 16 Décembre 2017 כ"ח כסלו תשע"ח |
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La perpétuelle recherche de progression : un objectif essentiel de la vie juive
Rabbi David Hanania Pinto
« Yossef, apercevant parmi eux Binyamin, dit à l’intendant de sa maison : Fais entrer ces hommes chez moi ; qu’on tue des animaux et qu’on les accommode, car ces hommes dîneront avec moi. » (Béréchit 43, 16)
Chaque année, la paracha de Mikets est lue à la période de ’Hanoucca. Le verset précité contient une allusion à cette fête. En effet, la dernière lettre du mot téva’h (littéralement : « qu’on tue ») et celles du terme vehakhen (littéralement : « et accommode »), forment, associées, le mot ’Hanoucca. Cependant, au-delà de cette allusion, il nous reste à déterminer le lien profond existant entre cette fête et la section de Mikets.
Comme nous le savons, nous avons la coutume de procéder à l’allumage des lumières de ’Hanoucca conformément à l’avis de l’école d’Hillel, c’est-à-dire, en allumant chaque jour une lumière de plus que le jour précédent (Chabbat 21b). Nos Sages, de mémoire bénie, expliquent (ad loc.) que cette tradition a été adoptée par les communautés juives, du fait qu’elle fixe en nous la volonté de « chercher toujours à progresser » (ibid.). En effet, cela nous enseigne qu’il est impossible de progresser une seule fois dans le service divin, celui-ci demandant au contraire des efforts constants de la part de l’homme, de sorte que chaque jour, il y ajoute un nouvel élément par rapport à la veille. Autrement dit, selon le message contenu dans cette loi de nos Sages, l’homme doit, chaque jour ou à intervalle régulier, prendre sur lui un petit engagement ; puis, lorsque celui-ci devient un acquis, en prendre un nouveau, tout en maintenant ses engagements précédents. De cette façon, lorsque l’homme aspire continuellement à progresser dans son service divin, il peut atteindre des niveaux spirituels très élevés.
La Torah rapporte que Yossef Hatsaddik s’est retrouvé dans un pays étranger, exilé du foyer parental, aussi bien qu’éloigné de toute source de sainteté. Arrivé en Égypte, pays de l’impureté par excellence, il a dû faire face à de nombreuses épreuves, notamment les tentatives de séduction quotidiennes de la femme de Potifar, visant à l’inciter à pécher. Pourtant, en dépit de l’isolement dans lequel se trouvait Yossef, ce dernier sut non seulement surmonter toutes les difficultés, mais en plus rester modeste, même lorsqu’il fut finalement nommé vice-roi d’Égypte. En effet, il n’en éprouva aucune fierté, reconnaissant que tout provenait de Dieu, et déclarant à tous : « Je crains le Seigneur » (Béréchit 42, 18). Or, la résistance de Yossef aux tentations est d’autant plus louable qu’il était d’une beauté exceptionnelle, comme en témoignent nos Sages (Béréchit Rabba 98, 18). À cet égard, il est rapporté que quand il passait dans la rue, il attirait les regards de toutes les femmes, qui étaient tellement impressionnées que celles qui étaient en train de couper un fruit se blessaient sans même s’en rendre compte (Midrach Tan’houma sur Vayéchev, 5). Cette anecdote illustre la beauté hors pair de Yossef, qui n’en éprouvait cependant aucune fierté, et faisait tous les efforts possibles pour se préserver du péché.
À présent, tentons de comprendre d’où Yossef puisait cette force, qui lui permit de se maintenir à son niveau, sans jamais faillir ni se laisser influencer par l’atmosphère impure qui régnait alentour.
En réalité, la résistance exceptionnelle de Yossef et son attachement continuel à l’Éternel, s’expliquent par son statut de « fils de sa vieillesse » (Béréchit 37, 3), que Rachi interprète en s’appuyant sur le Targoum, dans le sens d’« un enfant intelligent, à qui Yaakov avait transmis tout ce qu’il avait appris auprès de Chem et Ever ». Il en ressort que Yossef était un homme de Torah, par excellence ; or, la Torah nous permet de faire face à toutes les épreuves, même les plus amères. Le Rambam explique, dans Hilkhot Déot (6, 1), que la nature humaine est telle que l’homme qui n’étudie pas la Torah se laisse influencer par le comportement et la façon de penser de son entourage ; par contre, lorsque le cœur et l’esprit de l’homme sont plongés dans la Torah, lumière qui guide ses pas, celle-ci le protège et le préserve du péché (Sota 21a). C’est pourquoi Yossef, qui perpétua avec fierté le patrimoine de son père Yaakov et sut conserver sa Torah, qui lui assura la protection dans un pays étranger et impur, fut capable de surmonter toutes les difficultés qui se succédèrent sur sa route.
Dès lors, nous pouvons interpréter de la façon suivante l’ordre donné par Yossef à l’intendant de sa maison : « Qu’on tue des animaux et qu’on les accommode » (outvoa’h téva’h). Cette expression sous-entend que si nous désirons tuer le mauvais penchant et abolir son influence néfaste, il ne nous suffit pas de le maîtriser une seule fois – car le mauvais penchant possède la particularité de se renouveler chaque jour –, mais plutôt de nous comporter à son égard avec l’attitude que nous avons l’habitude d’adopter à ’Hanoucca, c’est-à-dire d’aller en progressant, en le frappant coup après coup. Seule cette tactique peut nous permettre de vaincre notre mauvais penchant et de nous préserver de son influence. En frappant sans relâche et avec détermination le mauvais penchant, Yossef Hatsaddik nous a enseigné cette leçon de morale. D’où la redondance contenue dans les directives qu’il donna, en allusion à notre devoir de nous renforcer toujours davantage dans notre lutte contre le mauvais penchant et, simultanément, dans notre fidélité à la Torah.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Publier le Miracle
Quand nos Sages affirment que l’allumage des bougies de ‘Hanoucca vise à publier le miracle, ils ne font pas seulement allusion aux éventuels passants dans le domaine public, mais à une prise de conscience personnelle. Regarder ces lumières et apprendre d’elles à toujours progresser dans le Service divin, en vertu de la Halakha, fixée selon Hillel, qui veut que nous allumions chaque jour davantage de bougies. Cet ajout de lumière physique doit être parallèle à un ajout de lumière spirituelle par la Torah, à un renouveau perpétuel, au quotidien, dans le Service divin. Car l’homme a l’obligation de progresser de palier en palier dans la sainteté et la pureté – « maalin bekodech » (« on s’élève dans la sainteté »), comme on dit, ce premier terme pouvant être rapproché du mot amal, qui désigne l’effort.
Ce ne sont pas seulement les lumières de ‘Hanoucca qui publient les prodiges réalisés par Hachem en notre faveur ; ceux qu’Il réalise par l’intermédiaire des Tsaddikim ou leurs récits publient également la Gloire du Nom divin dans le monde, ce qui renforce les cœurs des auditeurs dans le Service divin.
À l’occasion de la Hilloula du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal, organisée chaque année au Maroc, nous entendons souvent des histoires extraordinaires racontées par les pèlerins qui les ont vécues, et les milliers de participants en tirent un grand renforcement dans leur foi en D.ieu tout-puissant ainsi que dans les Tsaddikim, Ses plus proches serviteurs. Cela rejaillit automatiquement sur leur rapport à la Torah et aux mitsvot.
Citons, parmi ces innombrables récits, le témoignage d’un couple venu de loin pour assister à la Hilloula – le mari, ému jusqu’aux larmes, insista pour prendre la parole devant le public :
« Il y a quelques années, relata-t-il, nous étions encore très éloignés de la pratique de la Torah et des mitsvot, jusqu’au jour où nous sommes venus ici pour la Hilloula ; l’étincelle juive qui couvait en nous s’est alors réveillée. Après notre participation à un évènement d’une telle sainteté, nous avons progressivement changé d’orientation, suivis par nos enfants dans cette démarche de téchouva radicale.
« L’année dernière, ma femme est tombée enceinte, mais la joie a vite laissé place à la détresse, lorsque nous avons découvert qu’elle était atteinte de la maladie redoutable… Personne ne pourrait imaginer la douleur que nous avons ressentie, douleur mêlée à la peur – le pire était à craindre. Mais ma femme, avec une foi dans les Sages remarquable, n’a pas désespéré de la Miséricorde divine.
« Un jour, elle s’est mise à prier de tout son cœur, debout dans un coin de la maison. Elle a déversé son cœur devant le Créateur, L’implorant pour que le mérite du Tsaddik Rabbi Haïm Pinto zatsal lui vaille une guérison complète. Sans pouvoir stopper le flot de larmes qui s’échappait de ses yeux, elle s’écria : “Notre Maître, tu sais bien que c’est grâce à notre participation à la Hilloula que nous avons fait téchouva. Je t’en prie, intercède en notre faveur devant le trône de Gloire, et nous progresserons encore davantage, avec l’aide d’Hachem, dans l’observance de la Torah et des mitsvot…”
« Quand elle eut terminé de prier, notre foi dans le Tsaddik était encore plus tangible. Nous avions la conviction qu’il éveillerait la Miséricorde divine en notre faveur et que le Créateur nous enverrait sans tarder le salut. Et c’est exactement ce qui se passa. Quelques jours plus tard, les médecins firent passer à ma femme un nouvel examen, qui révéla qu’elle était en parfaite santé ! Les spécialistes étaient médusés… Ce fut un immense kiddouch Hachem, et nous sommes à présent venus ici pour remercier le Créateur et afficher au grand jour le miracle. »
C’est ainsi que se conclut l’émouvant et éblouissant récit de cet homme à la foule des pèlerins venus participer à la Hilloula du Tsaddik. Un récit qui illustre l’immense pouvoir de la émouna, à même de sauver de tout malheur.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Exulte et réjouis-toi (…) » (Zékharia 2, 14 et suivants)
Dans la haftara sont évoquées la ménora et les lumières dans la vision du prophète Zékharia, à l’heure où nous célébrons la fête de ‘Hanoucca.
CHEMIRAT HALACHONE
Se garder d’agir concrètement
Lorsqu’il est question de précautions à prendre sur la base de paroles médisantes, ne sont admises que des mesures de protection personnelle. Il est en revanche formellement interdit de prendre des mesures qui pourraient nuire d’une manière ou d’une autre à la personne soupçonnée. Même le seul fait d’éprouver de l’animosité envers celle-ci du fait qu’on la soupçonne est interdit d’après la Torah.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
‘Hanoucca : une arme contre le mauvais penchant
Quand la fête de ‘Hanoucca tombe le Chabbat, on ne la repousse pas. Par contre, quand il s’agit de Pourim, les festivités et la lecture de la Méguila sont reportées au lendemain. Comment expliquer cette différence ?
Nous allons, pour répondre, reprendre l’explication du Michna Broura (670, 6), selon lequel il existe une différence profonde entre l’essence des deux fêtes. Comme on le sait, l’objectif de l’empire hellénistique était de porter atteinte et de profaner l’âme, et non le corps. Haman, par contre, visait à anéantir physiquement le peuple juif. À la lumière de la différence entre ces deux périodes de ténèbres, la manière dont nous louons Hachem pour Son sauvetage s’exprime, à ‘Hanoucca, spirituellement, en propageant la lumière de la émouna par l’allumage des bougies et des louanges. À Pourim, où le danger était physique, nous remercions Hachem par le boire et le manger, qui sont des actes de jouissance physique.
Ainsi, ‘Hanoucca étant une fête spirituelle consacrée à des louanges au Créateur, elle est célébrée également le Chabbat – de nature aussi pure et spirituelle, délice pour l’âme. La spiritualité le Chabbat est si forte que l’étude de la Torah en ce jour est mille fois supérieure à celle de la semaine (Ben Ich ‘Haï, introduction à Chémot, Chana Chnia). Par contre, à Pourim, les ré-jouissances du jour, physiques, ne sont pas dignes de la haute spiritualité du Chabbat, et c’est pourquoi on ne peut célébrer les festivités de Pourim – et notamment son banquet – le Chabbat. Car si nous mangeons également en ce jour tout spirituel, toute la nourriture consommée vise à procurer une jouissance à l’âme supplémentaire dont nous bénéficions alors. Par contre, en multipliant le boire – au risque de s’enivrer – et le manger à Pourim, dans le but d’une jouissance physique, nous risquerions de porter atteinte au Chabbat, spirituel, et de diminuer sa valeur.
ZOOM SUR UNE FÊTE
Pourquoi huit jours ?
En tant que jours de louanges et de remerciement au Créateur pour tous les miracles dont ont bénéficié nos ancêtres à l’époque, nos Sages ont institué les huit jours de ‘Hanoucca.
Nous voudrions, dans les lignes suivantes, évoquer quelque peu la célèbre question du Beth Yossef (Ora’h ‘Haïm 670) : pourquoi fête-t-on ‘Hanoucca pendant huit jours alors que le miracle n’en dura que sept (la petite fiole d’huile contenait une quantité normalement suffisante pour un jour, on ne devrait donc parler de miracle qu’à partir du deuxième jour) ?
Des centaines de réponses ont été proposées, mais, par manque de place, nous allons ici n’en rapporter que quelques-unes :
Le Méiri explique que le premier jour a été institué pour célébrer le miracle de la victoire militaire, qui s’est avérée totale le 25 Kislev, où les Hasmonéens ont pu se reposer, de même que la victoire de Pourim est célébrée le jour où les représailles cessèrent. Dans ce cas, les sept jours suivants célèbrent le miracle de la fiole d’huile.
Dans l’ouvrage Haechkol, il est expliqué que la simple trouvaille de la petite fiole d’huile pure portant le sceau du Cohen Gadol représentait en soi un miracle.
Quant au Beth Yossef, il propose lui-même plusieurs réponses à sa propre question :
1. Le contenu de la fiole d’huile fut partagé en huit, et chaque nuit était donc versé seulement 1/8ème de la quantité nécessaire pour que la ménora soit allumée vingt-quatre heures ; aussi le fait que ces quantités permirent de l’alimenter bien au-delà de la capacité du combustible était chaque jour un miracle.
2. La première nuit, toute la quantité d’huile fut versée, mais le lendemain, on s’aperçut que le niveau de l’huile n’avait pas baissé d’un pouce, miracle qui se reproduisit pendant les huit jours.
Le Birké Yossef explique, au nom du Chilté Haguiborim, qu’étant donné que les Grecs interdirent la brit-mila – décret le plus dur puisqu’il allait à l’encontre de l’Alliance –, lorsque les Hasmonéens l’emportèrent sur les Grecs, les Juifs se réjouirent d’être désormais libres d’accomplir cette mitsva obligatoire le huitième jour après la naissance d’un garçon. Dès lors, la fête de ‘Hanoucca célèbre également ce point, avec une durée qui rappelle cette mitsva fondamentale.
Le Rav Yéhouda Tsvi Brendvein explique que, d’après le Aboudraham, rapporté dans de nombreux ouvrages, le nom ‘Hanoucca correspond aux initiales des mots « ‘heth nérot véhalakha kéBeth Hillel – huit bougies et la Halakha est selon Hillel ». C’est une allusion à la divergence entre Hillel et Chamaï concernant l’allumage des bougies de ‘Hanoucca. Le premier pense que l’on en allume chaque jour une de plus que la veille, si bien que le huitième jour, on en allume huit. Cela va dans le sens d’une démarche de progression constante dans la sainteté. Son contradicteur pensait, lui, qu’il fallait procéder à l’inverse, dans l’ordre décroissant, en allumant huit bougies le premier jour pour terminer le dernier avec une seule, en parallèle à la jouissance ressentie.
On peut dire que chacun suit sa vision propre des choses, comme l’illustre ce passage de Guémara (Chabbat) où un candidat à la conversion demande à apprendre toute la Torah sur un pied. « Ce que tu détestes, ne le fais pas à autrui, tout le reste n’est qu’explication ! » lui proposa Hillel. En d’autres termes, il l’engageait à accomplir la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même, principe fondamental de la Torah, après quoi il ajouterait au fur et à mesure toutes les autres mitsvot. Chamaï, par contre, fut intraitable, puisqu’il le repoussa, d’après la Guémara, avec une aune de maçon. Cela représentait en fait sans doute une allusion au fait que nous avons un édifice entier de Torah et de mitsvot, que l’on ne peut pas prendre « au pied levé », ni à la légère. Il faut s’engager à accomplir l’ensemble, même si ensuite, il ne nous incombe pas de terminer la tâche. On comprend à présent pourquoi Chamaï repoussa cet homme sans ménagement.
Le Pri Tsaddik explique par ailleurs que les Grecs voulaient extirper du cœur des enfants d’Israël la foi en D.ieu, en tant que Dirigeant du monde par Sa Providence. Pour la civilisation hellénistique, l’univers est régi par des lois naturelles. Beaucoup de Juifs furent malheureusement influencés par cette philosophie. Mais en assistant au miracle, tout le monde vit que tout est l’effet de la Main d’Hachem, de la Providence divine –, et ce, même quand il nous semble que le monde est régi par des lois naturelles. C’est la raison pour laquelle nous disons, dans le Piyout de ‘Hanoucca, « béné bina yémé chmona kavou chir ourénanim – les enfants de l’intelligence ont fixé huit jours de chant et de louanges ». C’est dire combien, du fait de leur intelligence, ils furent à même de percevoir, à travers le miracle, que le seul fait, a priori naturel, que l’huile puisse servir de combustible était en fait prodigieux.
EN PERSPECTIVE
Y a-t-il du vrai dans les rêves ?
On considère, de manière générale, que les rêves ne représentent pas de réalité tangible et qu’étant vains, on ne peut s’y fier.
Une fois, rapporte le Dérekh Si’ha, un Juif interrogea l’auteur du Kéhilot Yaakov : « Pourquoi dit-on que les rêves sont vains, alors que j’ai rêvé que mon frère était décédé la nuit précise où il nous a quittés ? »
En guise de réponse, le Steipeler a comparé cela à la prudence à garder vis-à-vis d’un menteur invétéré. On ne peut pas prétendre qu’il ne dit jamais la vérité – par exemple, s’il a faim et dit qu’il voudrait manger, il dit la vérité… En fait, en le qualifiant de menteur, on veut dire qu’il est habitué à mentir, et non pas que toutes ses paroles ne sont que mensonges et mystifications.
De même, pour les rêves, on ne peut pas s’y fier, car ils sont généralement vains, mais il est tout à fait possible qu’ils comportent, de temps à autre, une part de vérité !
DES HOMMES DE FOI
« Prenez garde aux pauvres desquels la Torah sortira » (Sanhédrin 81), avait l’habitude de dire Rabbi ‘Haïm Pinto à chaque occasion. Ces paroles n’étaient pas de vains mots. Rabbi ‘Haïm Pinto appréciait vraiment la compagnie des nécessiteux et aimait s’asseoir parmi eux plus qu’avec les nobles et les riches. Il aimait les aider et les soutenir dans tous les domaines.
Chaque jour, il rendait visite à des familles qui se contentaient, en guise de tout repas, d’un peu de légumes ou de pain et de lait. Il partageait leur maigre pitance et montrait en cela qu’il la préférait aux plantureux repas de viande des nantis.
À la fin de la visite, Rabbi ‘Haïm avait pour usage de bénir la famille, et en particulier son chef. Il leur prodiguait ses encouragements et les assurait qu’il avait plus de plaisir en leur compagnie qu’en celle des riches. De plus, il leur disait : « La crainte du Ciel s’acquiert précisément dans l’épreuve, dans une vie de pauvreté et de souffrance. Il est connu que la Torah sortira des pauvres, comme il est raconté au sujet de Rabbi Yéhouda bar Ilaï, dont les élèves se couvraient à six sous un seul talit. »
Notre Maître chelita ajoute à ce sujet : « Effectivement, beaucoup de personnes m’ont raconté que Rabbi ‘Haïm avait l’habitude de toujours partager le repas des pauvres, en s’asseyant par terre comme eux. »