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paracha de la semaine

Parachat  Bemidbar

19 Mai 2018

ה' סיון תשע"ח

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 21h11* 22h31 23h46
Lyon 20h50* 22h04 23h08
Marseille 20h40* 21h51

22h48

Ra'anana 19h11 20h15

20h57

(*) A allumer selon l'heure de votre communauté

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Le feu n’a aucun effet sur les anges

Rabbi David Hanania Pinto

« Et les Léviim camperont autour du tabernacle du Témoignage (…) » (Bamidbar 1, 53)

La Torah nous décrit (cf. Nombres 1, 52-53 ; 2, 2) l’agencement du campement du peuple juif, divisé en trois camps : celui de la Présence divine, avec en son centre le tabernacle ; ensuite, celui des Léviim ; à partir de là et jusqu’à l’extrémité du camp des drapeaux, dans les quatre directions, s’étendait, par tribus, le camp des Israélites, chacune autour de son drapeau. Ceux qui se trouvaient le plus près de la Chékhina étaient les membres de la tribu de Lévi, à qui avait été confiée la tâche de monter et de démonter le tabernacle à l’occasion des déplacements. C’était l’élite du peuple, à qui ils enseignaient la Torah et les mitsvot, comme il est dit : « Ils enseigneront Tes lois à Yaakov et Ta Torah à Israël » (Dévarim 33, 10), et c’est pourquoi ils avaient le privilège d’être plus proches du Saint béni soit-Il, ce qui se matérialisait aussi physiquement.

On peut toutefois se demander comment concilier le campement des enfants d’Israël autour du tabernacle avec la notion qu’Hachem est un « feu dévorant » (cf. Dévarim 4, 24). Une telle proximité ne risquait-elle pas de les brûler ? Une telle lumière, inimaginable, ne risquait-elle pas de les aveugler ? On sait pourtant que seul Moché Rabbénou, être de chair et de sang, eut le mérite de pénétrer au cœur du feu sans s’y brûler.

Il me semble que l’on peut répondre de la manière suivante : en Égypte, les enfants d’Israël se trouvaient presque au degré le plus bas, englués qu’ils étaient dans l’impureté ambiante. Mais, lorsqu’ils quittèrent cette contrée, ils s’élevèrent et se purifièrent quelque peu suite aux miracles éblouissants, émanant de la Main divine, dont ils furent témoins. À la mer des Joncs, ils atteignirent un niveau encore supérieur, celui de la prophétie, se purifiant de cette impureté qui s’était « collée » à eux en Égypte. Ainsi que le soulignent nos Sages (Mékhilta), une servante accéda alors à des visions supérieures à celles de Yé’hezkel ben Bouzi, comme celle du char céleste. « C’est mon D.ieu, je veux Lui rendre hommage », dit le verset (Chémot 15, 2), et nos Sages d’expliquer (Sota 11b) que même un fœtus dans les entrailles maternelles vit alors la Chékhina et la pointa en quelque sorte du doigt.

Toutefois, ajoute le Zohar, les enfants d’Israël n’atteignirent le summum spirituel, le niveau d’élévation suprême qu’au moment où ils reçurent la Torah : comme le précise la Guémara (Chabbat 146a), alors qu’ils se tenaient au pied du mont Sinaï, toute trace d’impureté les quitta et ils atteignirent un niveau de pureté supérieur aux anges, qui les couronnèrent comme leurs maîtres en déposant des couronnes sur leurs têtes (cf. Chabbat 88a). Chaque Juif se vit alors octroyer un escadron de 600 000 anges pour se tenir à ses côtés, prêts à répondre à ses moindres besoins, un contingent digne d’un roi !

On comprend dès lors pourquoi les Hébreux purent camper par tribus autour de la sainte Chékhina, bien qu’elle soit un feu dévorant : ils s’étaient en effet tant élevés que toute trace d’impureté les avait quittés et qu’ils étaient tels des anges qui n’ont rien à redouter du feu, ou encore comme Moché Rabbénou qui monta dans le Ciel où il résida sans dommage parmi les séraphins et autres créatures spirituelles, de nature comparable à celle du feu.

Témoins de ce miracle, les enfants d’Israël réalisèrent alors l’ampleur des forces qui résident en l’homme. Ils prirent conscience de la différence entre leur niveau de départ et celui qu’ils étaient parvenus à atteindre. Des ténèbres les plus profondes, de l’impureté et des abominations égyptiennes dans lesquelles ils étaient englués, ils s’élevèrent peu à peu, se sanctifiant et se défaisant de toute trace de cette impureté lors du Don de la Torah, où ils devinrent aussi purs que des anges. Ils comprirent dès lors que pourvu qu’un homme ait le désir de changer et de se défaire du mal qui est en lui, il aura certainement le pouvoir de s’élever de degré en degré, en se basant sur les forces spirituelles gravées en lui par le Très-Haut dès sa Création et sur le feu de la Chékhina qui brûle en lui. Il devra toutefois attiser et raviver cette flamme, tout au moins en faisant le premier effort pour cela, et Hachem l’aidera largement – comme le soulignent nos Sages (Chabbat 104a) : « Celui qui vient se purifier se voit prêter main-forte. »

Nombreux sont ceux qui connurent Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal et confièrent qu’ils craignaient parfois de contempler son visage du fait de l’intensité de l’éclat qui s’en dégageait. Ma mère raconte par ailleurs sur mon père, de mémoire bénie, qu’il arrivait souvent que l’on croie voir du feu dans la pièce où il étudiait. Quelqu’un se précipitait à l’intérieur, pour s’apercevoir qu’il n’y avait rien… Il s’agit certainement de l’intense feu spirituel émanant de la Torah et de la sainteté de nos saints ancêtres. Ils étaient si proches d’Hachem qu’ils méritèrent que le feu de la Torah les éclaire de l’intérieur, et c’est ce qui explique cet éclat si particulier qui animait leur visage – éclat de la Chékhina. Or, pour en revenir à notre sujet, le peuple juif eut le mérite de parvenir à ce niveau alors qu’ils campaient autour du tabernacle, et c’est pourquoi ils ne redoutaient pas le feu de la Chékhina qui se trouvait si près d’eux, dans le tabernacle.

Il appartient à chacun d’entre nous de se renforcer au maximum en ces jours qui représentent une préparation au Don de la Torah, outre la nécessité de ressentir une volonté, un désir intense de recevoir ce cadeau qu’Hachem aspirait à donner à Son peuple. Car ne pas se préparer convenablement et ne pas prouver à Hachem son aspiration à recevoir la Torah, c’est ressembler aux non-juifs qui la refusèrent. Il convient donc de renforcer son lien avec la Torah, de lui consacrer des moments d’étude réguliers et incontournables, sans retard ni interruption. Le maître mot doit être l’assiduité. C’est ainsi que l’on méritera de se rapprocher et de se lier à Hachem, à l’instar des Léviim qui avaient le privilège d’occuper la place la plus proche autour du tabernacle.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Investir des efforts dans son Service divin

Lors d’un passage à New York, je rencontrai un Rav célèbre, qui dirige une importante Yéchiva. Étonnamment, il me posa la question suivante : « Comment progresse-t-on dans le Service divin ? »

Après être resté quelques instants interdit, je lui demandai : « Est-ce que vous êtes sérieux ?

– Oui, m’avoua-t-il calmement. Je suis certes plongé dans l’étude et capable de citer de nombreuses pages de Guémara par cœur ; je donne même des cours de Moussar à mes élèves, mais je ne ressens malheureusement aucune élévation personnelle dans le domaine spirituel. »

En entendant cet aveu, je me dis qu’il s’agissait effectivement d’un gros problème, qu’il fallait traiter, de même que si quelqu’un ne ressentait aucun goût à la nourriture qu’il mange, personne ne remettrait en doute la nécessité de soigner cette agueusie. Aussi, celui qui ne ressent pas de saveur dans l’étude devra-t-il approfondir le problème à la racine et y remédier.

Dans le cas, encore plus délicat, où quelqu’un ne parvient pas à digérer, il faudra d’urgence consulter un médecin à même de le guérir. De même, un Juif qui ressent une incapacité à intégrer les paroles de Torah, lesquelles ne lui permettent pas de s’élever d’un point de vue spirituel, devra traiter ce problème grave immédiatement, en particulier s’il est un érudit.

Je lui fis donc la réponse suivante : « De même qu’avant le don de la Torah, une préparation fut requise, avant de se consacrer à l’étude, toute personne doit bien se préparer, dans l’esprit du duo “pour servir et comme fardeau” (Bamidbar 4, 24). Il s’agit donc, en d’autres termes, de mesures impliquant tout un travail et des efforts. C’est la condition sine qua non pour ressentir élévation dans la Torah et la crainte du Ciel. »

Je poursuivis par des questions : « Au moment où vous récitez les bénédictions de jouissance, est-ce que vous vous concentrez sur la signification des mots que vous prononcez ? Est-ce que vous réalisez devant Qui vous vous tenez, avec Qui vous parlez et Qui vous remerciez de vous avoir nourri et rassasié ? Ce n’est certes pas facile de doubler chaque brakha d’une pensée et d’une réflexion. Mais si vous le faites, vous constaterez certainement un immense changement en vous et mériterez de ressentir une élévation spirituelle ! »

Tout au long de la journée, nous nous adressons à D.ieu à la deuxième personne, et c’est ainsi que débute chaque brakha : « Loué sois-Tu, Éternel (…) ». Ce n’est pourtant pas ainsi qu’habituellement, on s’adresse à une personnalité importante – normalement, la familiarité n’est pas de mise. Mais, en dépit de Sa grandeur, le Saint béni soit-Il désire que nous nous sentions proches de Lui, et c’est pourquoi Il nous permet de Lui parler à la deuxième personne, comme un fils à son père.

Cependant, quand un homme prie l’Éternel sans aucune ferveur, sans réaliser l’immense privilège qui lui est donné de se rapprocher du Roi du monde et de se sentir comme Son fils, après 120 ans, Il pourra lui reprocher de Lui avoir parlé à la deuxième personne, familiarité qui ne se justifiait pas par une proximité concrète.

Afin de parvenir à vivre réellement celle-ci, il est nécessaire d’investir des efforts et de fournir un travail – « pour servir et comme fardeau ». Il s’agit de ressentir qu’on se soumet au règne suprême, celui de D.ieu, dont on porte le joug. C’est là le secret pour ressentir une élévation spirituelle.

PAROLES DE TSADDIKIM

Contre toute attente

Si l’on examine de plus près le recensement des tribus, il en ressort que la tribu de Dan était apparemment la plus importante d’un point de vue numérique, à l’exception de celle de Yéhouda. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les membres de Dan avaient la responsabilité de fermer la marche lors des déplacements des différents camps et, comme le rapporte le Yérouchalmi (Erouvin 85, 1), en tant qu’arrière-garde, ils récupéraient ainsi les objets perdus et les restituaient ensuite.

Qu’est-ce qui leur valut ce mérite ?

Le Gaon Rabbi Yé’hezkel Lévinstein zatsal, machguia’h de la Yéchiva de Poniewicz, disait qu’en réfléchissant à un tel élément, on peut forcément en tirer une grande leçon. Lorsque la tribu de Binyamin descendit en Égypte, elle représentait une très grande famille, forte de 10 enfants, et en toute logique, leurs descendants auraient donc dû être très nombreux. La tribu de Dan, par contre, ne comptait alors qu’un fils, qui était d’ailleurs sourd, et il aurait donc dû en sortir une petite tribu. Pourtant, à la fin, c’est l’inverse qui est vrai, puisque la tribu de Binyamin compte 35 400 membres, tandis que celle de Dan est recensée à 62 700 membres, près du double des autres tribus !

Dans l’un des cours qu’il donnait chez lui le Chabbat, le ‘Hafets ‘Haïm raconta une histoire remarquable, qui s’est déroulée en Galicie. L’habitude y était alors, chez les Juifs de la communauté, de se regrouper à la synagogue pour réciter des Téhilim avant la prière d’Arvit du motsaé Chabbat.

Une fois, en entrant au Beth Haknesset pour cette récitation hebdomadaire, un membre de la communauté fut frappé par l’attitude d’un coreligionnaire, qui se tenait dans un coin et récitait les Téhilim avec une ferveur exceptionnelle. Ému par cette vision, notre ami se laissa gagner par l’enthousiasme et se mit lui aussi à réciter les Téhilim avec flamme, les deux hommes pleurant sans que le second connaisse la cause des larmes et de la ferveur hors norme du premier.

À l’issue d’Arvit, notre ami se tourna vers son « modèle » et lui confia qu’il avait remarqué sa ferveur particulière lors de la récitation des Psaumes. « Pour quoi priais-tu ? l’interrogea-t-il. Est-ce que tu as un problème ? »

« J’ai une fille en âge de se marier, lui confia l’autre, mais je n’ai pas même de quoi payer les frais du mariage, et je ne peux donc rien faire d’autre pour trouver à la marier que de réciter des Téhilim en implorant le Créateur de me venir en secours ! »

« Écoute, lui répondit le premier, j’ai un fils doté de yirat Chamaïm (crainte du Ciel) et de bonnes midot, et je n’ai pas besoin d’argent, alors pourquoi ne ferions-nous pas un chidoukh entre nos enfants ? »

La proposition aboutit, et de cette union naquirent quatre fils, qui devinrent des Guédolé Israël, de véritables sommités rabbiniques.

Cette histoire nous démontre qu’en dépit de la logique, il ne faut pas se décourager en pensant qu’il n’y a pas de solution, mais renforcer son bita’hon et prier pour jouir de l’Aide du Ciel.

CHEMIRAT HALACHONE

Les paroles des Sages, dites avec douceur

Nos Sages nous enseignent (Chabbat 54b) qu’aux Temps futurs, celui qui a des reproches à faire à ses proches sera, s’il s’en abstient, pris en faute et puni à cause de ceux-ci.

Chacun doit donc s’habituer à réprimander ses proches s’ils tombent dans le travers de la médisance ou du colportage, mais seulement avec douceur, en leur soulignant la lourde punition que ces fautes entraîneront, dans les Temps futurs, en même temps que l’immense récompense qui attend ceux qui les évitent soigneusement.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Il arrivera que le nombre des enfants d’Israël (…) » (Hochéa 2:1)

Dans la haftara, le prophète annonce l’accroissement de la population juive, qui deviendra aussi nombreuse que le sable, que l’on ne peut pas compter. Cela nous renvoie au recensement des enfants d’Israël, détaillé au début de notre paracha.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

Lévi par adoption ?

« Pour ce qui est de la tribu de Lévi, tu ne la recenseras ni n’en feras le relevé en la comptant avec les autres enfants d’Israël. » (Bamidbar 1, 49)

Pourquoi les membres de Lévi ne devaient-ils pas être comptés avec ceux des autres tribus ?

La Guémara (Baba Batra 121a) explique que la légion du Roi mérite d’être recensée à part.

En d’autres termes, il s’agit de la tribu d’élite, jouissant d’une affection particulière de la part d’Hachem pour ne pas avoir pris part à la faute du veau d’or. Ils étaient les dirigeants spirituels des Hébreux, ainsi que le souligne Moché Rabbénou : « ils enseignent Tes lois à Yaakov et Ta doctrine à Israël » (Dévarim 33, 10).

C’est ce que souligne le Rambam (Hilkhot Chemita Véyovel 13, 12) : « La tribu de Lévi a été distinguée des autres pour servir Hachem et enseigner à la multitude Ses voies rectilignes et Ses lois justes, comme il est dit : “Ils enseignent Tes lois à Yaakov”. C’est la raison pour laquelle ils ont été écartés de la vie séculière, ne participent pas aux guerres comme le reste du peuple et n’ont pas de patrimoine [en Terre Sainte], ils ne disposent pas librement de leur corps ; ils représentent la légion d’Hachem, comme il est dit : “Bénis, Éternel, sa troupe” (ibid., verset 11). Mais ils peuvent se prévaloir d’un lien privilégié avec Lui, comme il est dit : “Je suis ta part et ton héritage”. »

Ce sont essentiellement les membres de Lévi qui brandissaient l’étendard de la Torah, et c’est pourquoi le Créateur a choisi de leur accorder une plus grande proximité.

Il me semble par ailleurs que le nom de cette tribu en souligne l’essence, puisqu’il est de même racine que le mot livouï, indiquant la notion d’accompagnement. Et, comme le note la Torah lors de la naissance de son père fondateur, « désormais, mon époux me sera attaché (…). C’est pourquoi on l’appela Lévi. » (Béréchit 29, 34) En d’autres termes, cette tribu, étant la plus honorable, avait droit au privilège d’« escorter » Hachem, de même que seuls les ministres les plus importants, qui occupent les postes-clés au sein du Royaume peuvent prétendre à l’insigne honneur d’accompagner Sa Majesté lors de ses déplacements.

Cependant, le Rambam ajoute, dans le passage cité plus haut : « En fait, ce n’est pas seulement la tribu de Lévi, mais tout homme qui choisit librement de se consacrer à se tenir devant Hachem, à Le servir et Le connaître, se sanctifie au niveau suprême de sainteté. » Comme s’il appartenait à la tribu de Lévi…

Mais comment peut-on le considérer comme tel alors qu’il appartient à une autre tribu ?

Du fait de son aspiration intense à porter l’étendard de la Torah et à se consacrer à Hachem ainsi qu’à Sa Torah comme les autres membres de Lévi, il devient dès lors aussi honorable, important et digne d’être enrôlé dans la légion du Roi. Il mérite d’être considéré comme un descendant de Lévi, faisant partie de l’escorte royale.

À MÉDITER

Nous allons consacrer cette fois notre rubrique hebdomadaire au sujet de la préparation à la prière, qui tenait tellement à cœur au saint Baal Chem Tov dont nous célébrons cette semaine la Hilloula.

À ce propos, la brochure Michkénotékha Israël rapporte une histoire qui met quelque peu en lumière la préparation exceptionnelle du saint Maître avant ses prières, dans lesquelles il se répandait en louanges et supplications devant le Créateur, tant pour la collectivité que l’individu :

Non loin de la bourgade de Medzibuz, dans la voie menant vers la forêt coule une source d’eaux vives appelée par les habitants des alentours jusqu’à ce jour « ravinova krinitse », que l’on peut traduire de l’ukrainien par les mots « la source du Rabbi ».

Cette source pluricentenaire attire toujours les visiteurs venant contempler de leurs propres yeux cette curiosité naturelle : un courant d’eau qui se déverse à travers champs, sans qu’on parvienne à en identifier le point de départ ni l’aboutissement. Nombreux sont ceux qui en boivent les eaux ; c’est une ségoula qui a fait ses preuves, tant dans le domaine matériel que spirituel.

L’histoire suivante va nous révéler l’origine de cette source ainsi que la raison du caractère saint qu’on lui attribue : un jour, le Baal Chem Tov invita son élève, Rabbi Yaakov Yossef Cohen de Polnia zatsal, à l’accompagner avec ses plus proches disciples dans un voyage en dehors de la ville.

Sur le chemin du retour, étant donné qu’il se faisait tard, le Baal Chem Tov et son escorte firent halte non loin de la forêt qui se trouvait en dehors de la ville pour la prière de min’ha. Mais lorsque le saint Rav voulut se laver les mains avant la prière, il s’avéra que leur provision d’eau était épuisée. Ses disciples se mirent alors à la recherche d’une quelconque source d’eau. En vain.

Quand ses élèves revinrent les mains vides, le Baal Chem Tov leva les yeux vers le ciel, qui s’assombrissait rapidement : il ne leur restait plus que très peu de temps pour la prière de min’ha… Tournant alors le dos à ses compagnons de route, le Maître se dirigea seul vers la forêt – et Rabbi Yaakov Yossef se mit à le suivre à son insu.

Dans la semi-pénombre qui régnait entre les arbres, le Baal Chem Tov déposa son bâton contre l’un des arbres, et se jeta aussi soudainement que violemment à terre. Rabbi Yaakov Yossef tressauta ; il n’avait encore jamais été témoin d’une telle scène !

Et soudain, ses oreilles perçurent des gémissements à fendre le cœur. C’était la voix du Baal Chem Tov, en une sorte de cri du cœur :

« Maître du monde, s’écria le Rav, je Te demande, Je T’en supplie devant Ton trône de Gloire, je T’en prie, dans Ta Miséricorde infinie, fais-nous trouver de l’eau pour que nous puissions nous laver les mains avant la prière de min’ha. Sinon, je préfère mourir ! Fais-moi mourir, Maître du monde, mais ne me contrains pas à transgresser les paroles de nos Sages ! »

Les cheveux de Rabbi Yaakov Yossef se dressaient de peur, et son cœur battait à tout rompre. Puis son Maître se redressa, récupéra son bâton et se dirigea vers son escorte. Juste derrière celle-ci, à seulement trois pas de leur carriole, s’écoulait avec lenteur une source d’eaux vives…

« “Ils ont des yeux mais ne voient pas !” cita le Baal Chem Tov, qui semblait le premier surpris. Tout près de nous coulait une source d’eau vive, alors que nous en cherchions plus loin ! »

Tous les témoins de la scène contemplaient le filet d’eau avec émerveillement. Puis ils s’empressèrent de se laver les mains et se mirent à prier. Parmi eux, seul Rabbi Yaakov Yossef connaissait le secret de ce courant d’eau. Lui seul avait été témoin de la bouleversante prière de son Maître dans la forêt quelques instants plus tôt.

Un tel esprit de sacrifice chez un Tsaddik qui avait affirmé préférer la mort que de transgresser une légère ‘houmra (mesure plus rigoureuse que la stricte loi) d’ordre rabbinique, Rabbi Yaakov Yossef ne l’avait encore jamais vu… Et il ne laissa de s’en émerveiller jusqu’à son dernier jour.

Il finit en fait par comprendre que c’était là l’une des principales raisons de son attachement au Baal Chem Tov, qui lui valut d’être immédiatement inscrit dans le « livre des ‘hassidim ».

LA PLUME DU CŒUR

Piyout pour la fête de Chavouot, de la plume du Tsaddik auteur de miracles Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal :

סימן: חיים חזק

אִמְרֵי אֵ-ל מַה נִמְרְצוּ, מֵעֵינֵיכֶם אַל יָלִיזוּ

הִתְקוֹשְׁשׁוּ וָקוֹשׁוּ, אַל תֶּחֶטְאוּ וְתִּרְגָּזוּ, וְתָמִיד פָּנָיו בַּקְּשׁו

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ

חֶלְאַת זוֹהֲמַת נָחָשׁ, הָסִירוּ וְהִטַּהֲרוּ

עֲשׂוּ מַעֲשֵׂה פִּנְחָס, אֲשֶׁר קִנֵּא לְשֵׁם יוֹצְרוֹ

עוּרוּ הַיְשֵׁנִים וְהָקִיצוּ, וּבִנוּ בוֹעֲרִים עַם זו

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ

יָצַר אָדָם בְּחָכְמָה, אַרְבַּע יְסוֹדוֹת בּוֹ חִבַּר מוֹתָרוֹ מִבְּהֵמָה

הֵן פִּיהוּ הַמְדַבֵּר, גּוֹבֵר עֲלֵיהֶם תָּמִיד כְּחֶפְצוֹ, מִפָּנָיו חָלוּ וְרָגְזו

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ

יְקָרָה מִפְּנִינִים, תּוֹרַת אֱמֶת אֲשֶׁר נָתַן, בָּהּ יִכָּנְעוּ הַזּוֹנִים

אַחַר יִצְרָם אֲשֶׁר נָתַן, יוּתַּן לַטֶּבַח וְכָל נִיצוֹצוֹ, אַנְשֵׁי צָבָא אִישׁ לֹא בָּזְזו

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ

מָה אָנוּ מָה חַיֵּינוּ, כִּי אָדָם לַהֶבֶל דָּמָה

אִם רְצוֹן אֵ-ל עָשִׂינוּ, הֲלֹא יֵשׁ לוֹ דִין קְדִימָה

כַּמָּה רַב טוּבוֹ, מִי בָא עַד קִצּוֹ, עֵינָיִם אוֹתוֹ כֹּל חָזוּ

דִּרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ

חַסְדְּךָ וְצִדְקָתְךָ, מְשֹׁךְ אֵ-ל חַי לְיִשְׁרֵי לֵב

זְמַן קֵץ מְשִׁיחֶךָ, דָּרַשְׁתִּי אוֹתוֹ בְּכָל לֵב

עוֹלָם קַנָּא וְנוֹקֵם קָצְצוּ, אֲזַי חֲסִידִים יַעֲלֹזו

דִרְשׁוּ ה' וְעוּזוֹ

DES HOMMES DE FOI

Le frère de notre Maître chelita, Rav Avraham, a vécu un grand miracle sur le tombeau du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto.

Avec plusieurs amis, il avait été victime d’un grave accident de voiture. Il en réchappa, contrairement à un certain nombre de ses camarades. Mais son état était extrêmement critique, et ses jours, en danger.

Dans ces instants décisifs, il prit l’engagement que s’il survivait, il irait au Maroc se recueillir sur les tombeaux de Rabbi ‘Haïm Pinto et de ses ancêtres.

Après plusieurs années, alors qu’il avait totalement guéri, il décida que le moment était enfin arrivé d’accomplir son vœu. Il entreprit avec sa famille ce fameux voyage. Même sa mère, qu’elle ait une bonne et longue vie, l’accompagna et prit place dans le véhicule. Ils étaient donc cinq passagers.

Des personnes bien informées l’avaient prévenu qu’il ne pourrait entrer au Maroc parce qu’il ne possédait qu’un passeport israélien. Même un visa n’était d’aucune utilité dans un tel cas. Mais il était resté sur ses positions et avait énoncé sa ferme décision d’entrer au Maroc, coûte que coûte : « Je veux accomplir ma promesse d’aller prier sur les tombes de mes pères. Advienne que pourra ! »

La famille avait pris le risque. Ils arrivèrent ainsi au poste-frontière. Évidemment, les policiers les arrêtèrent et leur demandèrent leurs passeports. Chaque passager présenta le sien, sauf Rav Avraham. Les policiers regardèrent dans la voiture et déclarèrent à plusieurs reprises : « Nous avons quatre passeports, il y a quatre personnes, tout est en ordre. » La cinquième leur était devenue invisible. Le verset : « Ils ont des yeux et ne voient pas », semblait s’accomplir.

C’est ainsi que tous entrèrent au Maroc, même Rav Avraham. C’était un vrai miracle, accompli par le mérite du Tsaddik et grâce à la volonté inébranlable de Rav Avraham de se rendre sur son tombeau. Une fois au Maroc, Rav Avraham put régulariser sa situation en tant que natif de ce pays.

À cette époque, Rav Avraham avait gardé des séquelles de son accident et marchait en boîtant, à l’aide d’une canne. Chaque jour, il se rendait sur le tombeau et demandait au Tsaddik, en poussant des cris poignants, de lui permettre de marcher comme avant. Même les Arabes du quartier s’étaient habitués à l’entendre.

Un jour, Rav Avraham formula cette prière venant de son cœur :

« Rabbi ‘Haïm ! Voilà, je prends ma canne et je la jette très loin. Je ne l’utiliserai plus et je veux que tu me fasses un miracle. »

Le gardien, qui avait entendu ces paroles prononcées avec une telle fougue et une telle confiance, alla tout de suite vers lui et lui dit : « Ne faites pas cela, vous avez besoin de cette canne pour marcher. Comment pourriez-vous la jeter ? »

Rav Avraham n’avait pas besoin de ses conseils. Sa confiance dans le Tsaddik était inébranlable :

« Tu travailles ici depuis des années. Tu as dû certainement entendre beaucoup d’histoires extraordinaires. En voici à présent une de plus que tu pourras raconter à tes visiteurs. »

Quand Rav Avraham termina sa prière, il jeta la canne au loin et se mit à marcher, sans aide, comme tout le monde. C’est ainsi qu’il se déplace jusqu’à ce jour.

 

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