La Paracha de la semaine en format PDF

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paracha de la semaine

Parachat  NASSO

26 Mai 2018

י"ב סיון תשע"ח

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 21h20* 22h41 00י03
Lyon 20h58* 22h13 23h21
Marseille 20h47* 21h59

22h59

Ra'anana 19h16 20h20

21h03

(*) A allumer selon l'heure de votre communauté

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L’enthousiasme dans le Service divin

Rabbi David Hanania Pinto

« Ils présentèrent pour offrande, devant l’Éternel, six voitures-litières et douze bêtes à cornes (…) » (Bamidbar 7, 3)

Commentaire de Rachi : « Rabbi Nathan demande pourquoi les princes de tribu se dévouèrent ici en premier, ce qui ne fut pas le cas lors de la construction du tabernacle – à l’époque, ils dirent : “Que la communauté apporte ce qu’elle veut, et nous compléterons ce qui manquera !” Mais lorsqu’ils constatèrent que la communauté avait tout apporté, comme l’indique le verset “Les matériaux suffirent, et par-delà (…)” (Chémot 36, 7), ils se demandèrent ce qu’ils pouvaient alors faire. Ils apportèrent les pierres de Choham et les pierres à enchâsser pour l’éfod et le pectoral, et c’est pourquoi, cette fois, ils se dévouèrent les premiers. »

Or, du fait qu’ils n’en avaient pas l’ordre, mais avaient apporté les chariots d’eux-mêmes, Moché ne voulut pas les accepter, jusqu’à ce qu’il en reçût l’ordre divin : « Reçois ces présents de leur part » (ibid. 7, 5).

Ce point est étonnant : pourquoi Hachem n’ordonna-t-Il pas à Moché de préparer des chariots afin de déplacer le tabernacle ? Vu la lourdeur de ses poutres, il n’était pas envisageable de le porter autrement et donc, si les princes n’avaient pas, dans cet élan de générosité, offert les chariots, il aurait été impossible de déménager le tabernacle à chaque fois. Pourquoi, dans ce cas, n’y avaient-ils pas officiellement été invités par le Très-Haut ?

Il me semble que cette omission de Sa part était volontaire, afin justement de leur offrir cette opportunité de le faire d’eux-mêmes. C’était en quelque sorte un test visant à vérifier s’ils parviendraient d’eux-mêmes à la conclusion qu’il manquait des chariots et prendraient l’initiative d’en offrir, sans temporiser, sans attendre d’ordre explicite ou que d’autres s’en chargent. Car celui en qui brûle l’amour d’Hachem doit être le premier à courir pour Le servir, tel Na’hchon qui se jeta le premier dans les flots. Étant donné qu’au moment de l’érection du tabernacle, les princes avaient manqué d’empressement en laissant le peuple les devancer, ils réparaient à présent leur manquement à travers cette heureuse initiative.

C’est la raison pour laquelle la Torah décrit longuement les chariots ainsi que les sacrifices offerts par les princes dans le prolongement de cet élan de zèle (cf.  Rachi sur le verset 10), en une sorte d’éloge de l’amour et de l’empressement que ces gestes témoignaient, des dispositions vivement appréciées par Hachem. Inspirons-nous donc de cette diligence dans notre propre Avodat Hachem, en réfléchissant toujours à la manière de progresser, de Lui démontrer notre amour.

Mais comment l’homme peut-il mériter cet élan d’enthousiasme pour tout ce qui est saint ? En ressentant de la ferveur dans le Service divin et l’étude de la Torah, dans l’esprit des paroles de David Hamélekh (Téhilim 55, 15) « nous nous rendions en groupe (beraguech) dans la maison de D.ieu ». Le doux chantre d’Israël était habité d’un désir et d’une émotion (hitraguechout) intenses lorsqu’il entrait dans la maison d’étude ; il n’avait qu’une aspiration : « de séjourner dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, de contempler la splendeur de l’Éternel et de fréquenter Son sanctuaire » (ibid. 27, 4). D’un côté, David Hamélekh désirait résider de manière fixe et permanente dans la maison d’Hachem, mais de l’autre, il voulait le vivre à chaque fois comme une visite dans un nouvel endroit, comme s’il se contentait de « fréquenter » son sanctuaire. De la sorte, son émerveillement et son enthousiasme ne faibliraient pas, et la flamme ne s’éteindrait pas. Le roi d’Israël avait ainsi trouvé une parade à la force de l’habitude, qui peut s’avérer si négative puisqu’elle nous entraîne à étudier et pratiquer la Torah machinalement.

Avec un tel enthousiasme pour le Service divin, l’homme aspirera certainement à prendre des initiatives pour ajouter en Torah et en mitsvot ; il sera le premier à courir pour tout ce qui est saint.

Et s’il jouit d’un tel entrain entre les murs de la maison d’étude, il lui appartient, non pas de laisser cet élan au Beth Hamidrach pour en ressortir sans aucun sentiment d’ordre spirituel, mais de le maintenir même lorsqu’il se trouve en dehors, en vivant en permanence, à chaque étape de sa vie, dans cette atmosphère de sainteté. C’est là le sens de l’invite « Dans toutes tes voies, songe à Lui » (Michlé 3, 6).

C’est aussi, me semble-t-il, l’idée que l’on peut lire en filigrane dans le verset « Il faut faire aussi le relevé (nasso) des enfants de Guerchon (…) » (Bamidbar 4, 22), ce nom pouvant être rapproché du mot hitraguechout (émotion). Car celui qui vit sa Avodat Hachem avec amour, chaleur et émotion, au point que tout son corps est tel un feu brûlant pour Hachem, a le mérite de s’élever (mitnassé, de même racine que nasso) au-dessus de tous, d’être le premier pour tout ce qui a trait a la sainteté. Est offerte à un tel homme la garantie d’une progression spirituelle constante.

Tel était l’état d’esprit des princes : pleins de flamme et d’un enthousiasme saint pour le Créateur, ils s’empressèrent d’apporter, de leur propre chef, les sacrifices et les chariots, offrandes tant appréciées du Créateur.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Face à la vérité, la peur

Il m’est arrivé de passer une nuit au chevet d’un Juif malade dans un hôpital argentin. Après être resté toute la nuit assis à ses côtés sur un fauteuil rigide, j’ouvris la porte pour aérer un peu la chambre et dégourdir mes membres douloureux.

C’était le jour de Ticha Béav, où nous nous endeuillons sur la destruction du Temple, et je m’apprêtais donc à aller à la synagogue faire la prière du matin, écouter la traditionnelle lecture de la Méguila d’Ekha – le rouleau des Lamentations – et réciter les kinot, ces complaintes sur la destruction du Temple.

Un religieux tout de noir vêtu passait dans le couloir au même moment. Lorsqu’il m’aperçut dans l’embrasure de la porte, il sursauta, surprise qui, à en croire son regard, se transforma rapidement en peur.

Je ne compris pas pourquoi il avait peur, et, pour détendre l’atmosphère, je lui fis un sourire et le saluai. Cela ne le rassura apparemment pas, puisqu’il se mit à trembler de tous ses membres, au point que je dus le retenir pour qu’il ne tombe pas. Peu à peu, il reprit ses esprits et bredouilla quelque chose en espagnol.

Je lui expliquai que je ne comprends pas l’espagnol, et ne pouvais communiquer avec lui qu’en français, anglais ou hébreu. Le religieux m’adressa finalement un sourire et je l’aidai à entrer dans la chambre. Je le fis asseoir sur une chaise jusqu’à ce qu’il se sente vraiment mieux. Après quelques instants, il prit la parole :

« À l’entrée de l’hôpital, à l’étage inférieur, sont pendues de nombreuses photos de représentants du culte de différentes religions, avec des barbes blanches ou argentées qui ajoutent à leur prestance. Pourtant, je ne ressens pas la moindre peur face à ces images. Mais dès que je vous ai vu, je me suis senti envahi d’une crainte respectueuse. Comment cela se fait-il ? Pourquoi leur vision me laisse-t-elle de marbre, tandis que la vôtre, celle d’un Juif religieux, me fait-elle tant d’effet ? »

Il attendait de ma part une réponse, mais, en y réfléchissant, je me dis que s’il se posait une telle question, il en connaissait en fait certainement la réponse au fond de lui-même. Je lui suggérai donc d’y répondre.

Il tenta au départ d’esquiver, prétendant ne pas être en mesure de répondre, mais, à force d’insister, il s’exécuta, comme à contrecœur :

« La différence entre un religieux juif et un religieux non-juif tient au fait que la Torah des Juifs est vraie. Et lorsqu’on voit la vérité, on prend peur. » Sur ces mots, il quitta aussitôt les lieux pour ne plus réapparaître.

S’il en était arrivé à une telle conclusion et avait reconnu la vérité que recèle notre Torah, me dis-je sur le moment, il allait certainement vouloir se convertir.

Mais en y réfléchissant à deux fois, je compris qu’il ne franchirait pas le pas, du fait que son âme ne se trouvait pas au pied du mont Sinaï au moment où nous avons reçu la Torah. Comme lui, il existe de nombreux non-juifs, et non des moindres, qui demandent à recevoir les bénédictions de Tsaddikim et apprécient les prières des Juifs, sans pour autant se convertir, car ils n’ont pas reçu la Torah sur le mont Sinaï à l’instar des bné Israël, et n’y ont pas entendu, de la bouche divine, les mots « Je suis l’Éternel, ton D.ieu ».

Un non-juif qui n’a pas reçu la Torah peut, certes, apprécier les prières des Juifs et goûter à un certain nombre d’autres points dans le Judaïsme, sans toutefois aller jusqu’à joindre sa destinée à celle de notre peuple.

Quant à ceux qui ont franchi le pas, ils sont certes nés de parents non-juifs, mais portaient en eux une étincelle d’âme juive, qui était au pied du mont Sinaï et a reçu la Torah avec l’ensemble du peuple juif. C’est pourquoi, dès qu’ils découvrent la vérité de la Torah, ils décident d’unir leur destinée à celle de notre peuple.

DES HOMMES DE FOI

À l’occasion d’une visite de Rabbi ‘Haïm Pinto à Meknès, le Rav s’ouvrit à lui : de nombreux érudits de sa ville ne lui montraient aucun respect et le contredisaient ouvertement sur des sujets de Halakha.

Rabbi ‘Haïm le réconforta :

« Cette génération ne veut pas admettre la vérité et c’est pourquoi de nombreuses polémiques éclatent, menées par de bas intérêts. Mais toi, en tant que Rav, tu dois agir selon ta propre opinion et les tempérer. De plus, tu dois savoir qu’avant d’avoir été choisi pour être Rav par le Beth Din, tu l’as été par l’assemblée céleste. C’est pourquoi tous doivent respecter et accepter ce choix. »

Quelques heures plus tard, Rabbi ‘Haïm rencontra l’un de ces érudits, et il le sermonna pour son manque de respect à l’égard du Rav de la ville, lui reprochant son comportement indigne du respect dû à la Torah. Néanmoins, loin d’écouter les remontrances du Tsaddik, l’individu se montra insolent à son égard, prouvant par là que ses convictions n’étaient pas conformes à l’apparence qu’il se donnait. Il lui dit en se moquant de lui :

« Qui êtes-vous et pour qui vous prenez-vous ? Cela ne vous suffit pas de venir nous soutirer des dons, il faut en plus que vous nous fassiez des leçons de morale ?! Prenez votre argent, retournez chez vous, et cessez de nous dicter notre conduite. »

Rabbi ‘Haïm garda le silence. Puis, il demanda à lui parler en privé. Mais cet impertinent refusa. Alors, le Rav pria toutes les personnes présentes de bien vouloir quitter la pièce.

Quand toutes furent sorties, Rabbi ‘Haïm lui dit : « Sache que tu as tort de te comporter ainsi et je peux te prouver que mes propos sont justes.

– Comment ? demanda l’homme.

– N’est-il pas vrai, commença alors à raconter le Tsaddik, que lors du jeûne d’Esther, tu t’es senti mal et as pris une part de gâteau ? Puis, tu as voulu la manger, mais au même moment, on a frappé à la porte. Tu as eu peur qu’on te voie et tu l’as dissimulée dans ta poche… »

Le Tsaddik continua à lui dévoiler ses comportements secrets :

« Puis tu es allé dans une pièce contigüe. Dans ta précipitation, tu l’as mangée sans dire la bénédiction. Quand tu as terminé, tu as bu de l’eau d’une jarre dans laquelle tu as plongé entièrement la tête. Depuis, tu souffres de migraines. »

Comprenant qu’un homme saint dont tous les propos n’étaient que pure vérité se tenait devant lui, il n’avait plus aucune raison de démentir ou de cacher les faits. Il tomba aux pieds du Tsaddik, embrassa ses mains et lui demanda pardon en pleurant amèrement.

L’assemblée qui attendait dehors fut conviée à un repas que cet homme organisa en l’honneur du Tsaddik. En public, il prit la parole, exprima au Rav de la ville son regret pour ses actes et lui demanda pardon. Il prit la résolution de veiller dorénavant au respect de l’honneur des Sages.

Cette histoire a eu un témoin, Rabbi Aharon Hassine, l’auteur de l’ouvrage Maté Aharon, qui fut le président du Beth Din de Mogador.

CHEMIRAT HALACHONE

L’exemple personnel

Il faut toujours faire attention à ce que nos proches ne nous entendent pas tenir des propos désobligeants sur autrui. C’est d’autant plus grave qu’en plus de l’interdit de lachone hara, on ne pourra plus ensuite empêcher nos proches de parler de la même manière. En général, leur comportement dans le domaine du langage dépend de celui du maître de maison, et c’est pourquoi celui-ci doit faire particulièrement attention à ce qu’il dit, pour s’en trouver bien dans ce monde comme dans le suivant.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Il y avait alors un homme (…) » (Choftim 13)

La haftara évoque la future nézirout (vœu d’abstinence) de Chimchon et les consignes données par le prophète à sa mère à ce sujet, que l’on retrouve dans la paracha.

PAROLES DE NOS SAGES

Là par hasard ?

« Tout le temps de son abstinence, il ne mangera d’aucun produit de la vigne, depuis les pépins jusqu’à l’enveloppe. » (Bamidbar 6, 4)

« Celui qui voit une femme soupçonnée d’infidélité dans sa dépravation – dans son opprobre, précise Rachi – fera vœu de s’abstenir de vin. » (Sota 2a)

Où l’homme pouvait-il être amené à voir une telle femme ? N’était-ce pas dans l’enceinte du Temple ? Et qu’y faisait-il ? Il y était certainement venu pour s’élever et se purifier. Courait-il le risque, dans ce cas, de subir l’influence négative de la vision, non pas d’une faute, mais de sa punition ?

Le Rav Israël Salanter répondait en expliquant que la vision de cette femme n’était pas la cause, mais la preuve. Et l’homme qui se trouvait confronté à une telle vision devait s’interroger : pourquoi m’est-il arrivé de me trouver là juste à ce moment-là et de voir cela ? C’était donc forcément pour lui signifier qu’il ne lui fallait pas se contenter d’un pèlerinage ponctuel au Temple, mais prendre des mesures en s’abstenant notamment de consommer de l’alcool.

Tel est le sens des paroles du Prophète « J’ai anéanti des nations, leurs tours fortifiées sont en ruines » (Tséfania 3, 6). Il arrive parfois que le Créateur anéantisse complètement une nation, tandis que parfois, ce sont seulement un coin, une région ou une ville qui sont anéantis : « J’ai dévasté leurs campagnes, qui ne voient plus de passants, leurs villes sont ravagées, abandonnées de tous, dépeuplées », poursuit le verset. Pourquoi ? « Je disais : Si seulement tu me craignais et acceptais une leçon ! » Et Rachi d’expliquer : « J’ai frappé les nations afin que vous voyiez et preniez peur. » Suite des paroles du Prophète : « Ainsi cette résidence échapperait à la destruction (…) ». En d’autres termes, les maisons d’Israël ne seront pas détruites. Plus, de la sorte, elles échapperont « (…) à toutes les menaces dirigées contre elle » – rien ne sera retranché du bien que J’ai ordonné d’amener sur elle !

Le Maguid Rav Yaakov Galinsky zatsal rapportait une histoire remarquable pour illustrer cette idée : un Juif vivant en Chine travaillait dans l’import-export. Dans le cadre de ses affaires, il se rendit en Europe. Or, comment envisager un tel voyage sans faire un détour par Radin pour y recevoir une brakha du célèbre ‘Hafets ‘Haïm ? Voilà donc notre ami arrivant chez le Tsaddik devant lequel il se présenta.

Le visage du Tsaddik s’illumina et il demanda : « Comment ça va, en Chine ? »

Notre ami lui confia en soupirant qu’il s’y trouvait très peu de Juifs, regroupés dans de petites communautés sans véritable dirigeant spirituel ni même cho’het.

« C’est malheureusement le problème que rencontrent un grand nombre de coreligionnaires à notre époque ! C’est ce que me racontent des Juifs d’Amérique du Nord et du Sud, d’Afrique du Sud et d’Australie C’est une dure épreuve, mais qu’il est possible de surmonter. C’est pour des personnes dans votre cas que j’ai rédigé les ouvrages Nid’hé Israël. Prenez-le en cadeau, étudiez-le et enseignez-le à d’autres ! Et que se passe-t-il d’autre en Chine ? »

Étonné par la question, notre ami lui raconta qu’un immense barrage avait cédé, entraînant l’inondation d’une importante vallée. Des villages entiers avaient été inondés, et la moisson ravagée. Des milliers de personnes s’étaient noyées, et des centaines de milliers se retrouvaient privées de toit…

Visiblement bouleversé, le ‘Hafets ‘Haïm s’intéressait à tous les détails. Ha ! L’attribut de Rigueur se déchaînait!

« Rabbi, se risqua son interlocuteur, en quoi le sort de ces gens nous concerne-t-il ?

– Si quelqu’un dressait une tribune sur la place municipale de Varsovie, capitale polonaise, y montait et se mettait à disserter en yiddish, à qui son discours s’adresserait-il ? répliqua le Rav.

– Aux Juifs, évidemment !

– Pourquoi ? Ils ne représentent qu’une minorité des habitants de la capitale !

– C’est vrai, reprit l’autre, mais eux seuls comprennent la langue…

– C’est exactement ça ! s’enflamma le Maître. Ce genre de catastrophes est un signe du Ciel. Mais à qui est-il destiné ? Seulement à celui qui “comprend la langue”… Qu’est-ce que les Chinois comprennent à ces manifestations de la Rigueur divine ? Le message nous est en fait destiné, pour que nous fassions téchouva. Mais comment en sommes-nous informés ? Du Ciel, on dirige les évènements de telle sorte qu’un Juif vivant en Chine vienne en Europe et passe par Radin, pour que nous en tirions une leçon et nous repentions quand il en est encore temps… »

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

S’éloigner de l’orgueil

« Si la femme de quelqu’un, déviant de ses devoirs, lui devient infidèle » (Bamidbar 5, 12)

La paracha évoque le cas de la femme qui s’est isolée avec un tiers et que son mari soupçonne d’avoir fauté. Il l’emmène chez le Cohen, qui lui fait boire des eaux amères pour vérifier si c’est le cas. « Si elle s’est souillée et a trahi son époux, ce breuvage de malédiction portera dans son sein l’amertume : il fera gonfler son ventre, dépérir son flanc ; et cette femme deviendra un sujet d’imprécation parmi son peuple ; mais si cette femme ne s’est pas souillée, si elle est pure, elle restera intacte et aura même une postérité », poursuit le Texte (ibid. 5, 27-28).

« La jalousie, le désir et la recherche des honneurs expulsent l’homme du monde », précisent nos Sages (Avot 4, 21).

En fait, ils ne désignent pas seulement le Monde futur, mais ce monde, car l’orgueilleux ne sera jamais prêt à reconnaître son erreur et sa faute. Et même lorsque la corde se resserre autour de son cou, il continuera à se révolter et à clamer sa prétendue innocence.

Il me semble que c’est ce vice qui est à l’origine du comportement de la femme adultère : son orgueil ne lui permet pas de reconnaître ses mauvaises actions et elle n’est pas disposée à se remettre en question. C’est pourquoi même lorsqu’elle voit la mort en face, alors qu’elle s’apprête à boire les eaux amères, elle continue à nier et à se prétendre pure. Ainsi, la personne orgueilleuse est prête à perdre les deux mondes – celui-ci et le suivant – plutôt que de reconnaître ses torts.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on lit cette paracha aussitôt après Chavouot, qui célèbre le Don de la Torah, afin que l’on prenne conscience de la gravité de l’orgueil et des abîmes auxquels il mène, outre l’incompatibilité entre la Torah et ce vice.

Le but est ainsi, aussitôt après le Don de la Torah, de nous apprendre à nous méfier de ce défaut et à le fuir au maximum, pour nous efforcer d’acquérir son contraire : l’humilité, qui est la racine de toutes les vertus et qui permet à la Torah de résider en l’homme et de devenir partie intégrante de son être.

À MÉDITER

Dans les dernières années de sa vie, Rabbi Chmouel Aharon Lieder souffrit de problèmes aux yeux, et on lui proposa un traitement qui lui permettrait de retrouver ses pleines capacités visuelles. Mais à la surprise de ses proches, il refusa, arguant : « C’est une opportunité extraordinaire, un cadeau du Ciel ! Si je perds l’usage de mes yeux, je suis sûr de ne pas faillir en les employant à mauvais escient ! Y a-t-il une plus grande brakha ? »

Ses enfants, admiratifs devant une telle résolution, refusèrent toutefois de baisser les bras, et ils s’adressèrent au grand-rabbin de Bné Brak, le Rav Moché Leib Landau, pour qu’il lui fasse entendre raison. Celui-ci se rendit chez le Rav Lieder et lui expliqua qu’il devait suivre ce traitement en tant que hichtadlout, effort minimal obligatoire. Puis le Rav Landau lui suggéra, en tant que ségoula pour la vue, de compter tous les jours les fils de ses tsitsit – il y en a huit à chaque coin, soit en tout trente-deux. Le Rav Lieder se mit à accomplir cette ségoula, et il a témoigné que depuis lors, sa vue s’était considérablement améliorée.

Cette anecdote est particulière impressionnante : un Juif d’un très haut niveau spirituel, ayant près de 90 ans, avait une telle appréhension pour le maintien de la sainteté de son regard qu’il préférait perdre la vue que d’y porter atteinte ! On retiendra également la ségoula de compter les fils des tsitsit pour garder une bonne vue à long terme.

Il s’avère en effet que le centre « névralgique » de notre corps, à la pureté et la sainteté duquel nous devons faire extrêmement attention, est le cerveau. En tant qu’organe d’une telle centralité, qui régit tous les autres et analyse toutes les données qui lui parviennent, le maintien de sa « propreté », de sa pureté, est d’une importance critique. Il est le commandant en chef, qui prend la direction des opérations de manière automatique, et toute démarche de purification et d’élévation spirituelle commencera donc automatiquement par lui.

Dans le monde médical, on accorde d’ailleurs au cerveau une importance capitale, dans la mesure où il est le « processeur » et le « serveur » central de notre vie. C’est la raison pour laquelle l’accent est mis sur son maintien et son bon fonctionnement afin qu’il soit à même d’accomplir la variété de ses rôles fondamentaux : en amont, il analyse et stocke ce que nous lisons et étudions ; ensuite, lorsque nous avons besoin d’une information que nous avons apprise, lue ou entendue, son rôle est de percevoir qu’une telle information du passé peut maintenant nous être utile et de la faire émerger de notre mémoire. Il analyse les données avec génie et nous pousse à agir en fonction.

Or, il ne faut pas perdre de vue que l’élément ayant le plus d’influence sur le cerveau et son fonctionnement est… notre paire d’yeux. Ce n’est pas un hasard si ce sont les organes les plus proches du cerveau. C’est dire combien ce que nous voyons a d’impact sur les processus se déroulant dans les profondeurs du cerveau. Nos Sages affirment que les yeux voient et le cœur désire, ce qui souligne que la vision a une influence énorme sur nos volontés et aspirations. En d’autres termes, ce que nous voyons devient un désir, une volonté, un objet avec lequel nous nous lions.

C’est justement pour cette raison, afin d’améliorer les performances de notre cerveau que nous devons commencer par les yeux, qui sont l’élément qui l’influence le plus. Quiconque aspire à s’élever dans la Torah, se souvenir de son étude, vivre sa Torah comme l’épicentre de sa vie tout en ressentant une proximité avec Hachem, doit commencer par protéger son regard. Quiconque désire avoir un cerveau développé, une mémoire de qualité, une rapidité d’analyse, des idées brillantes voire même géniales, doit commencer par sauvegarder la sainteté de ses yeux, protéger leur pureté. (Tiré d’un cours du Rav Acher Kowalski chelita)

EN PERSPECTIVE

L’amour des Cohanim

« Ainsi vous bénirez les enfants d’Israël » (Bamidbar 6, 23)

Le mot ko (ainsi) sert à introduire des détails concernant la birkat Cohanim au peuple juif. C’est étonnant, puisqu’il aurait avant tout été logique d’ordonner aux Cohanim de donner cette brakha, puis seulement ensuite d’en détailler le contenu.

Le Imré Émeth explique que la bonté représente la qualité essentielle des Cohanim, et c’est d’ailleurs pourquoi on nous engage à compter « parmi les disciples d’Aharon, qui aime et poursuit la paix ». Ainsi, les Cohanim aspirent en permanence à bénir leurs frères juifs, et n’ont donc nullement besoin qu’on le leur ordonne, mais seulement qu’on leur précise comment procéder…

 

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