La Paracha de la semaine en format PDF

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paracha de la semaine

Parachat  Re'Eh

11 Août 2018

ל' אב תשע"ח

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 20h57* 22h07 23h09
Lyon 20h38* 21h45 22h40
Marseille 20h30* 21h35

22h26

Ra'anana 19h12 20h09

20h49

(*) A allumer selon l'heure de votre communauté

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Quand il est permis de jouir de la nourriture

Rabbi David Hanania Pinto

« Tu emploieras cet argent à telle chose qu’il te plaira, gros ou menu bétail, vins ou liqueurs fortes, enfin ce que ton goût réclamera. » (Dévarim 14, 26)

La Torah évoque ici la mitsva du maasser chéni : après que l’homme a peiné pour travailler son champ et en extraire ses produits, il doit se plier à l’ordre : « Tu prélèveras la dîme du produit de ta semence, de ce qui vient annuellement sur ton champ. » (Ibid. 14, 22) Autrement dit, il lui incombe de prélever le maasser chéni des fruits de sa récolte et de les apporter à Jérusalem pour les y consommer dans la pureté et la sainteté. Cela étant, s’il lui est difficile de transporter tant de fruits jusqu’à la ville sainte, il peut les convertir en argent et, avec la somme obtenue, racheter d’autres denrées, une fois arrivé à Jérusalem. Le texte souligne la manière dont il les mangera : « Tu emploieras cet argent à telle chose qu’il te plaira, gros ou menu bétail, vins ou liqueurs fortes, enfin ce que ton goût réclamera. » En d’autres termes, le plaisir gustatif lui était tout à fait permis.

Ceci ne manque de nous surprendre. En effet, la Torah exige généralement de l’homme de renoncer aux jouissances de ce monde ou, tout au moins, de s’en éloigner de peur d’en être attiré et de s’y enfoncer. Nos Maîtres vont jusqu’à dire : « Telle est la voie de la Torah : tu mangeras du pain avec du sel, boiras de l’eau au compte-gouttes, coucheras sur le sol. Tu vivras une vie de souffrances et peineras dans l’étude de la Torah. » (Avot 6, 4)

Telle était la conduite des justes de notre peuple, tout au long des générations. Je me souviens que mon père et maître, Rabbi Moché Aharon Pinto – que son mérite nous protège –, se suffisait toute sa vie de peu et veillait à s’éloigner au maximum des jouissances physiques. Il mettait un point d’honneur à ne pas se laisser aller au plaisir du palais, se contentant de pain et d’eau. Il lui arrivait même parfois de ne manger que les restes du repas qui se trouvaient sur la table, faisant fi de son honneur. De fait, telle est réellement la ligne de conduite à adopter si l’on désire se hisser dans les hauts niveaux de Torah et de crainte du Ciel.

Or, contrairement à toute attente, la Torah supprime ici le réfrènement généralement imposé à l’homme dans ses désirs, l’invitant au contraire à jouir du boire et du manger. Pourquoi donc et qu’en est-il de son devoir de se contenter de peu ?

Un homme qui possède une très grande récolte, grâce à l’abondance dont l’a béni l’Eternel, détiendra forcément un maasser chéni conséquent qui se convertira en une somme colossale. C’est toute cette somme qu’il doit employer pour acheter, à Jérusalem, des denrées alimentaires desquelles il se réjouira, tandis qu’il donnera les restes aux pauvres de la ville sainte. Cependant, il y a une ombre au tableau : face à son opulence, l’homme peut en venir à tomber dans les filets de la fierté et à penser : « C’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras, qui m’a valu cette richesse. » C’est la raison pour laquelle la Torah souligne : « Tu le consommeras là, en présence de l’Eternel, ton D.ieu, et tu te réjouiras avec ta famille. » (Dévarim 14, 26) Il s’agit de se réjouir de la consommation du maasser chéni en l’honneur de l’Eternel. Plutôt que de chercher à en retirer des honneurs aux yeux des autres, on se souciera d’amplifier l’honneur divin. Au moment où l’on mangera, on se représentera la Chékhina face à soi, dans l’esprit du verset : « Je fixe constamment mes regards sur le Seigneur. »

L’homme doit toujours garder à l’esprit que toute la bénédiction dont il jouit n’est que le fruit de la générosité du Créateur, comme il est dit : « C’est l’Eternel, ton D.ieu (…) qui t’aura donné le moyen d’arriver à cette prospérité. » Dès lors, il n’y a pas lieu de s’enorgueillir.

Celui qui parvient à consommer son maasser chéni dans la pureté et la sainteté et ressent la Présence divine face à lui, tout en jouissant de la nourriture dans l’intention d’amplifier l’honneur du Créateur et non de se glorifier, ne subira aucun préjudice de cette jouissance gustative. Au contraire, ces aliments seront considérés comme consacrés, à l’exemple des offrandes, et le propulseront encore plus haut dans la sainteté, lui permettant de purifier son âme. En outre, plus il mangera de ces aliments saints, plus il aura le mérite de s’élever spirituellement. Car, contrairement à une consommation physique qui renforce l’aspect matériel du corps humain, cette consommation spirituelle visant l’honneur divin le raffine. C’est pourquoi la Torah a permis à l’homme et l’a même encouragé à jouir de cette consommation.

C’est pour cette même raison qu’il lui est permis de profiter des plaisirs gustatifs le Chabbat et durant les jours de fête. Car le surplus de mets raffinés a un caractère sacré et leur consommation acquiert donc un aspect spirituel, comme s’il s’agissait de sacrifices. Il s’agit donc là d’une mitsva, à condition toutefois de bien garder à l’esprit que l’on mange de manière désintéressée, pour l’honneur divin.

DES HOMMES DE FOI

Hilloula du Tsaddik Rabbi Moché Aharon Pinto, puisse son mérite nous protéger

Le Tsaddik Rabbi Moché Aharon Pinto, fils du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto Hachéni – puisse leur mérite nous protéger – et père de notre Maître, Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, atteignit un niveau sublime dans le service divin.

Dans son foyer paternel, Rabbi Moché Aharon s’imprégna de sainteté, sainteté qu’il préserva et même renforça dans l’esprit de l’adage : « On progresse dans la sainteté et on n’y régresse point. » L’exceptionnelle piété de ce juste provient du fait qu’il veillait scrupuleusement à accomplir les injonctions de nos Sages du traité Avot. En effet, comme il est dit dans la Guémara (Baba Kama 30a), « celui qui désire devenir pieux doit s’en tenir à ce qui est écrit dans Avot ». Toute indication énoncée par nos saints Tanaïm, il l’accomplissait à la lettre, sans n’y rien modifier.

Par exemple, il était l’incarnation de l’enseignement du Tana Rabbi Levitas de Yavné : « Sois extrêmement humble. » Chaque Chabbat, lorsqu’il entrait dans la synagogue, il pliait son dos comme quelqu’un qui courbe l’échine lorsqu’il pénètre dans le palais du roi. Lorsqu’à la fin de la prière, les fidèles se dirigeaient vers lui pour recevoir sa bénédiction et lui embrasser la main, il tremblait à cette idée et s’y opposait de toutes ses forces, tant il était modeste.

L’humilité hors du commun de Rabbi Moché Aharon rayonnait autour de lui. Quiconque s’approchait de lui ressentait qu’il avait face à lui une personnalité élevée dépassant tout le monde. Pourtant, il se rabaissait devant tout homme, prêt à partager sa souffrance et plein de compassion pour celui qu’il considérait comme l’image de D.ieu. Tout celui qui entrait chez lui, quelle que soit l’heure de la journée, était aimablement reçu, avec un visage avenant.

Une de ses habitudes était de se lever devant toute personne qui entrait dans sa pièce, qu’il s’agisse d’un vieillard ou d’un jeune homme, afin de témoigner de l’honneur à ses visiteurs. Plus d’une fois, on l’interrogea sur cette attitude et il répondait :

« Sachez que tout homme détient en lui une parcelle divine. Je ne me lève pas devant l’homme, mais devant cette partie divine ; c’est elle que j’honore. Nos Sages n’ont-ils pas dit : “Ne regarde pas l’outre, mais ce qu’elle contient” ? »

Les érudits et les Rabbanim ne manquèrent d’être frappés par l’effacement qu’il témoignait vis-à-vis de ceux qui étudient la Torah et la représentent. Lorsque ces derniers se présentaient à lui pour solliciter sa bénédiction, il leur tendait la main pour leur souhaiter Chalom alékhem, puis s’empressait de la retirer afin d’éviter qu’ils l’embrassent, comme le voulait la coutume dans les communautés orientales.

Puis, quand ces visiteurs déversaient leur cœur amer devant lui et lui demandaient de bien vouloir intercéder en leur faveur par ses prières, il leur faisait comprendre, à travers son regard, qu’il n’était pas à la hauteur d’un tel rôle. Voici ce qu’il disait aux érudits et aux bné Torah :

« Qui suis-je donc pour mériter de vous bénir ? C’est vous, érudits et bné Torah, constamment assis dans la tente de celle-ci, qui êtes la source de la bénédiction ! D’ailleurs, nos Sages affirment que “tout celui qui s’investit dans la Torah, le Saint béni soit-Il accomplit sa volonté” et “les souffrances s’écartent de lui”. »

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

L’inspiration divine

Au cours de mes innombrables visites au Mexique, un habitant des lieux, M. Bergman, insista pour m’inviter chez lui. Il tenait tant à recevoir ma visite qu’il s’engagea à cachériser sa cuisine pour l’occasion. Quand j’acceptai finalement son invitation, on n’aurait pu s’imaginer un homme plus heureux. Il en profita pour inviter également quelques amis juifs et non-juifs.

À la fin de la visite, au moment où j’allais partir, M. Bergman me demanda une brakha, imité par son ami, un avocat non-juif. Après les avoir tous deux bénis, je m’adressai à ce dernier : « Où avez-vous l’intention de vous rendre demain ?

– Demain, j’ai prévu de voyager pour Los-Angeles.

– Ne voyagez pas demain, lui intimai-je. Il faut que vous restiez à Mexico. »

J’ignore pourquoi je lui demandai où il avait l’intention de voyager le lendemain et pour quelle raison je lui déconseillai formellement ce voyage. D.ieu seul qui m’avait inspiré ces paroles le savait.

L’avocat décida de suivre mon conseil qui allait s’avérer particulièrement judicieux. Apparemment, du Ciel, on l’avait poussé à m’écouter et à ne pas se rendre à Los-Angeles, afin d’entraîner un kiddouch Hachem.

Le lendemain, à l’heure où l’avocat était censé être dans l’avion pour Los-Angeles, il eut une brutale attaque cardiaque et fut emmené d’urgence à l’hôpital. Aussitôt placé en unité de soins intensifs, son état put être stabilisé ; sa vie était sauve.

Au cours de la discussion qu’il eut avec le spécialiste sur les circonstances de cette attaque, l’avocat lui confia que la veille, il avait participé à une soirée chez un ami juif où un Rav l’avait dissuadé de voyager comme prévu ce jour-là.

En entendant cela, le praticien, lui aussi non-juif, s’écria, ébloui :

« J’ignore d’où le Rav des Juifs savait qu’il ne fallait surtout pas que vous voyagiez, mais si vous aviez entrepris ce voyage, vous ne seriez plus en vie à l’heure qu’il est ! Vous devriez remercier ce Rav grâce auquel vous avez eu la vie sauve ! »

Cet incident fut à l’origine d’un grand kiddouch Hachem et lorsque l’avocat vint me remercier, je lui expliquai que mes conseils émanaient du Ciel et que j’ignorais moi-même, quand je les avais formulés, ce qui m’y avait poussé. Il devait uniquement louer D.ieu.

Parfois, le Saint béni soit-Il veut montrer aux nations Son existence ; Il les rend alors témoins de prodiges. En outre, désirant également leur prouver qui est le peuple élu, Il le fait de telle sorte que Son peuple en soit glorifié aux yeux des nations.

CHEMIRAT HALACHONE

La faute vient de l’habitude

La parole et les traits de caractère doivent être travaillés, tandis que l’habitude devient un acquis. Si l’on réfléchit bien, on trouvera que la faute amère de la médisance trouve sa source dans l’habitude que nous avons, depuis notre enfance, de dire ce que nous voulons sans que personne ne nous reprenne. A cause de cela, nous ne nous imaginons même pas que nos propos seraient interdits.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « O infortunée, battue par la tempête, privée de consolation ! (…) » (Yéchaya 54)

Lien avec le Chabbat : cette haftara fait partie des sept haftarot de consolation lues durant les sept Chabbats suivant le 9 Av et communiquant des paroles de consolation pour le peuple juif.

D’après le rite achkénaze, on lit la haftara commençant par le verset : « Le ciel est Mon trône » (Yéchaya 66), ce qui correspond au sujet de ce Chabbat qui est Roch ‘Hodech. Certains sépharades ont l’habitude d’ajouter, à la haftara qu’ils lisent, le premier et le dernier versets de celle lue par les achkénazes.

PAROLES DE TSADDIKIM

La charité sauve de la mort

« Non ! Il faut lui donner et lui donner (…) » (Dévarim 15, 10)

Le peuple juif, surnommé am ségoula (peuple de prédilection), ne cesse de chercher des ségoulot (remèdes) pour obtenir le salut dans l’un ou l’autre domaine. Nos écrits regorgent d’ailleurs de récits illustrant la force de celles-ci. Dans son ouvrage Ahavat ‘Hessed, le ‘Hafets ‘Haïm écrit que « nombreux sont ceux qui recherchent des ségoulot pour avoir des enfants (…) mais ne pensent pas à appliquer la plus simple et la plus efficace d’entre elles : la mitsva de charité. »

Outre la grande valeur de cette mitsva et l’immense récompense qu’elle nous réserve dans le monde futur, elle entraîne dans son sillage la bénédiction pour son donateur, dans tous les domaines.

Dans une autre de ses œuvres maîtresses, le ‘Hafets ‘Haïm, l’auteur raconte l’histoire qui suit. Un homme dont les enfants étaient tous décédés jeunes – que D.ieu préserve – se rendit auprès d’un Sage [d’après certains il s’agit du ‘Hafets ‘Haïm lui-même mais cela n’est pas écrit] pour lui demander un conseil afin de ne plus être soumis à cette épreuve. Il lui répondit qu’il ne connaissait pas de ségoula pour cela, mais lui conseillait de fonder un organisme de bienfaisance dans sa ville – peut-être cette charité qu’il témoignerait aux autres éveillerait-elle la miséricorde divine à son égard.

Notre homme suivit ce conseil et fonda un gma’h qu’il mit à la disposition de quiconque avait besoin d’emprunter de l’argent. Il s’engagea à le prendre en charge et, comme le voulait la coutume, écrivit le règlement dans un carnet. Un des points de ce règlement était que tous les trois ans, un rassemblement général serait organisé, le Chabbat Michpatim où on lit le verset « si tu prêtes de l’argent », afin de se renforcer dans cette mitsva.

Or, voilà que trois ans plus tard, cet homme eut un garçon. Et comme pour souligner le lien de cause à effet entre cet heureux événement et la mitsva de bienfaisance, la brit mila tomba exactement le jour prévu, de longue date, pour ce fameux rassemblement ! Il continua encore à prendre en charge ce gma’h de nombreuses années durant lesquelles lui naquirent plusieurs enfants.

Cependant, après de longues années, son sentiment de reconnaissance envers l’Eternel s’était quelque peu dissipé et la charge du gma’h commença à lui peser, en plus de ses nombreuses autres occupations. Il alla alors trouver le Sage pour lui demander de confier cette fonction à quelqu’un d’autre.

Au départ, celui-ci refusa, lui objectant que personne d’autre que lui ne parviendrait à gérer ce gma’h aussi bien qu’il le faisait. Toutefois, après plusieurs années durant lesquelles il insista auprès du Sage, ce dernier n’eut d’autre choix que de céder à sa demande. Le soir même, un nouveau responsable fut nommé. Or, le lendemain matin, l’homme qui avait fondé le gma’h se rendit, complètement brisé, chez le Sage pour lui raconter que, durant la nuit, un de ses enfants s’était étouffé et avait rendu l’âme. Il demandait de reprendre immédiatement ses fonctions.

Cette histoire saisissante démontre le pouvoir de la mitsva de charité. En l’observant, on peut mériter de donner naissance à des enfants, alors qu’en renonçant à l’accomplir, on peut devenir la cible de la Rigueur divine.

Puisse la tsédaka tenir lieu de mérite à ceux qui la pratiquent, les épargner de toute calamité et annuler miraculeusement les mauvais décrets pesant sur eux !

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

L’émulation vis-à-vis de Moché

« Voyez, je vous propose en ce jour, d’une part la bénédiction, la malédiction de l’autre. » (Dévarim 11, 26)

L’emploi du mot reéh pose une difficulté : peut-on donc voir concrètement la bénédiction et la malédiction ?

Afin de répondre, je propose une autre lecture de notre incipit, reéh anokhi : « regardez-moi ». Moché dit aux enfants d’Israёl de le regarder, c’est-à-dire de constater le haut niveau qui peut être atteint par celui qui s’attache à la sainte Torah. En effet, le dirigeant du peuple juif eut le mérite de parler directement avec D.ieu, de séjourner dans le ciel auprès des anges durant quarante jours et d’accéder au summum spirituel. Or, il n’y parvint que grâce à son implication constante dans la Torah et à sa soumission totale à la volonté divine. Par son exemple personnel, Moché invitait les membres du peuple juif à s’attacher eux aussi à l’Eternel et à Sa Torah.

Il va sans dire que ce reproche implicite que Moché leur formula n’était pas entaché de la moindre pointe de fierté. D’ailleurs, le fait qu’il leur transmit ce message quelques jours avant sa mort le confirme, puisqu’à cette heure-là, l’homme n’est plus en proie à de tels sentiments. En faisant, pour ainsi dire, sa propre louange, Moché signifie aux enfants d’Israёl leur devoir de réfléchir au niveau qu’il put atteindre et d’en être jaloux, « l’émulation stimul[ant] la sagesse » (Baba Batra 21a).

A travers les mots reéh anokhi, Moché leur transmet également un autre message : en dépit de son niveau sublime et des innombrables mérites qu’il a à son actif, la mort l’emportera. Car, comme le souligne le roi David, l’homme est mortel : « Est-il un homme qui demeure en vie sans voir venir la mort ? » (Téhilim 89, 49) En dépit de sa piété, Moché devra lui aussi quitter ce monde et rendre des comptes devant le Tribunal céleste. Aussi ne devaient-ils pas se leurrer en pensant que leur existence, dans ce monde, se prolongerait éternellement, mais au contraire garder à l’esprit la fin qui les attend et se préparer des « provisions » pour cette longue route – des provisions de Torah, de mitsvot et de bonnes actions. Car, tandis que l’homme doit laisser derrière lui son or et son argent, seules celles-ci l’accompagnent jusqu’à sa dernière destination et intercèdent en sa faveur lors de l’ultime jugement céleste.

A MÉDITER

Le mois d’Eloul est à notre porte. Nous voici arrivés aux jours de miséricorde lors desquels nous nous préparons à ceux du jugement, où nous implorerons le Créateur en disant : « Inscris pour une bonne vie tous les enfants de Ton alliance ! »

Rav Eizik Cher zatsal explique qu’afin de mériter une « bonne vie » dans ce monde, il nous incombe d’accomplir les mitsvot dont nous mangeons l’usufruit sur terre, comme par exemple celle de charité. Et plus particulièrement encore, une charité authentique où l’homme n’attend rien en retour et agit à l’insu de celui qu’il aide. C’est ce type de charité désintéressée qui nous vaut une « bonne vie ».

Durant tout le mois d’Eloul, l’inscription suivante était accrochée sur la porte du Talmud-Torah – une inscription effrayante où l’on pouvait lire : « La validité du royaume est soumise à une acceptation unanime du service du Roi. Le couronnement de D.ieu revient à une solidarité entre Ses sujets. Aussi, avons-nous le devoir de nous engager à nous impliquer toute l’année dans l’amour de notre prochain et, de cette manière, nos malkhouyot seront agréées. Que l’on ne dise pas qu’il s’agit d’une chose très dure, car une fois qu’on s’investira dans ce domaine en élaborant des idées pour y parvenir, cela deviendra progressivement plus aisé, en particulier si l’on suit l’ouvrage Tomer Dévora ! »

Durant le dernier été où le Talmud-Torah existait à Grouvin, Rav Sim’ha Zissel écrivit à ses élèves que, durant le mois d’Eloul, notre tâche consiste à coexister dans un climat d’amour et de fraternité avec les personnes dont on ne partage pas les idées.

Lors d’une si’ha qu’il prononça à Roch Hachana, le Gaon Rav Aharon Leib Steinman zatsal souligna que la volonté de D.ieu est que chacun d’entre nous arrive à ce jour avec une conscience claire qu’Il est le Roi et que lui désire devenir Son serviteur. Il ajouta que « couronnez-moi sur vous » signifie que nous devons tout sous-peser à l’aune de la Torah, qu’il s’agisse de nos relations envers autrui ou de celles à l’égard de l’Eternel.

Si l’on réfléchit sur quoi portent les querelles des gens et ce qu’ils en retirent et qu’on considère, d’un autre côté, qu’on gagne de chaque concession, on préférera certainement suivre le conseil avisé de nos Sages : « Celui qui fait un effort pour passer l’éponge, on passera l’éponge sur tous ses péchés. » Le fait de renoncer à son dû nous apporte le pardon de nos fautes. Qui prétendrait ne pas avoir besoin d’une telle faveur divine ?

Pourtant, au lieu de se travailler et de céder, on a tendance à camper sur ses positions. Et qu’en gagne-t-on ? Il y a lieu de réfléchir à « la perte occasionnée par une mitsva en regard de sa récompense et à ce qu’on gagne d’une transgression en regard de ce qu’on y perd ». En fait, nous devons nous soumettre au joug divin dans tous les domaines et, le cas échéant, si l’on fait le compte, on sortira largement gagnant. Même si cela nous a uniquement permis d’éviter d’entrer en querelle avec autrui ou de prononcer des paroles vaines, de médisance, de colportage ou tout autre propos interdit, ce sera déjà un gain immense. Si, grâce à cette attitude, on a pu accomplir serait-ce une mitsva, ce sera aussi un gain incommensurable. Aussi, couronnons-nous l’Eternel et nous mériterons une bonne année !

 

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