La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

paracha de la semaine

Parachat Vayéra

27 Octobre 2018

י"ח חשון תשע"ט

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 18h22 19h28 20h14
Lyon 18h18 19h21 20h05
Marseille 18h20 19h21

20h03

Ra'anana 17h35 18h33

19h08

Acceuil ARCHIVES

L’épreuve du sacrifice d’Its’hak

Rabbi David Hanania Pinto

« Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Its’hak ; dirige-toi vers la terre de Moria et là, offre-le en holocauste sur une montagne que Je te désignerai. » (Béréchit 22, 2)

Il s’agit de la dernière épreuve et de la plus ardue. Elle met en valeur l’intensité de l’amour d’Avraham pour le Saint béni soit-Il qui ne se limitait pas aux domaines du service divin et de la prière, mais s’étendait également à celui de sa vie privée, puisqu’il se montra prêt à sacrifier son propre fils. Nos Sages nous enseignent : « Ce n’est pas l’étude qui est le principal, mais la mise en pratique. » (Avot 1, 17) Certaines personnes étudient, mais ne mettent pas cette étude en application. Or, sans ce passage à l’acte, elles ne peuvent apprécier leur étude, car celle-ci représente un effort dont on ne tire profit que lorsqu’il se concrétise par des actes. C’est l’acte qui donne sa pleine valeur à l’étude, incitant ainsi l’homme à étudier encore davantage.

Illustrons ceci par une allégorie. Un homme qui est payé pour un certain travail désirera travailler davantage lorsqu’il aura profité de son salaire, puisque tel est le but de l’argent. Par contre, si quelqu’un gagne de l’argent mais ne l’utilise pas, il n’en verra pas l’intérêt, car cet argent n’aura pour lui aucune signification ; cette absence de but causera, simultanément, un manque de motivation au travail. Cette logique se vérifie aussi dans le domaine de l’étude de la Torah : lorsqu’on étudie dans le but de mettre cette étude en pratique, on est incité à l’approfondir. Par exemple, quelqu’un qui étudie les lois relatives au Chabbat sera motivé en constatant qu’il a, par ce biais, évité de commettre des transgressions dans ce domaine.

Le saint Rabbi ’Haïm Vital, que son mérite nous protège, affirme que l’homme possède deux âmes : une âme bestiale et matérielle (néfèch) et une âme élevée et spirituelle (nechama). La tâche de l’homme consiste à créer un lien entre ces deux âmes et à transformer son âme bestiale en âme spirituelle. La façon d’y parvenir nous est livrée par le roi David : « Eloigne-toi du mal et fais le bien » (Téhilim 34, 15). Le début du verset fait allusion à la partie bestiale de l’homme, tandis que la fin se réfère à sa partie spirituelle. Le terme « bien », employé par le roi David, possède une double sémantique : le Bien en soi et l’inverse du Mal. Le Bien absolu est la Torah, comme le souligne le verset : « Car Je vous ai donné un enseignement de valeur : n’abandonnez pas Ma Torah. » (Michlé 4, 2) Par conséquent, la Torah, appelée Bien, permet à l’homme de relier sa part bestiale à sa part spirituelle.

Il est écrit : « J’ai créé le mauvais penchant et J’ai créé la Torah comme antidote. » La Torah s’oppose donc au mauvais penchant, mais elle ne l’annule pas. En effet, le mauvais penchant ne dit pas directement à l’homme de faire le mal, mais lui fait croire que ce qu’il l’incite à faire est bien, par exemple, parce que « tout le monde agit ainsi et en profite ». Mais il omet de dire à l’homme qu’il existe une différence fondamentale entre ce que les non-juifs et ce que les enfants d’Israël considèrent comme bien : le mal des non-juifs semble extérieurement bon, alors que la Torah permet au Juif de distinguer le bien fictif du bien réel. Les non-juifs, qui ne possèdent pas la Torah, n’ont pas cette opportunité, comme il est dit : « La Torah chez les non-juifs ? N’y crois pas. » (Eikha Rabba 2, 13) L’homme peut se leurrer et penser que tous ses actes sont bons mais, dès qu’il étudie la Torah, il prend conscience que ce qu’il prenait pour bon était en réalité mauvais. La Torah lui permet donc de parvenir au Bien authentique.

Notre patriarche Avraham nous donne l’exemple de ce parcours. Au début, il a vu que ses contemporains étaient idolâtres et considéraient ceci comme le bien ; il a lui aussi essayé de servir ces idoles. Puis, il a recherché le Créateur du monde, a compris que l’idolâtrie correspondait au mal et s’en est détourné pour servir le Tout-Puissant. C’est en cela que consiste la tâche de l’homme : corriger son âme bestiale en la liant à son âme spirituelle. D’ailleurs, nous pouvons constater que le corps des justes est saint, au point qu’il n’exhale pas de substances corporelles comme la transpiration ou une mauvaise odeur – la raison étant que leur corps est intrinsèquement lié à l’âme spirituelle.

Comme nous le savons, le corps humain est formé de 248 membres et de 365 nerfs auxquels correspondent respectivement les mitsvot positives et négatives. Pourtant, le corps des non-juifs est le même, donc, comment comprendre que la Torah ne leur ait pas été donnée ? En réalité, le Saint béni soit-Il avait créé Adam parfait et, s’il n’avait pas péché, il n’y aurait pas eu de distinction entre Juifs et non-juifs et seul le bien aurait régné. C’est le péché qui est à l’origine de l’existence des non-juifs.

On peut ajouter que le non-juif étant incirconcis, il ne possède effectivement pas 248 membres et 365 nerfs. Seul le Juif, qui pratique la circoncision, devient achevé, comme le souligne le verset : « Marche devant Moi et sois intègre » (Béréchit 17, 1) ; autrement dit, sans la circoncision, Avraham n’aurait pas pu être intègre, complet. Pour cette raison, c’est la première mitsva qui lui fut donnée, ainsi qu’à ses descendants, mitsva qui les distinguera des non-juifs. La Torah, dans son ensemble, est liée à la mitsva de la circoncision et l’enfant que l’on circoncit, dès son plus jeune âge, a la possibilité de grandir dans la sainteté de la Torah. Le non-juif, quant à lui, naît incirconcis et meurt incirconcis. Tout Juif reçoit un potentiel par le biais de la circoncision et ensuite, tout dépend de lui : s’il utilise ces outils de façon optimale et fournit des efforts, l’Eternel lui viendra en aide et il réussira.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Une pensée pure

Lors d’un séjour à Toulouse, le docteur Asseraf, célèbre cardiologue de haut niveau, vint me raconter l’histoire suivante, le touchant de très près.

Son fils avait eu un grave accident de la route et était grièvement blessé. Bien qu’étant très éloigné de la pratique, aussitôt il eut une pensée de émouna. En effet, même un Juif non religieux sera porté, en cas de malheur, à rechercher le salut divin. Cependant, à son grand regret, il ne savait comment prier, comment implorer D.ieu pour qu’Il le secoure.

Soudain, le docteur Asseraf se rappela de récits de miracles concernant le Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal et se dit : « Si tous ces récits de miracles sont justes, j’aimerais que le Tsaddik me le prouve en accomplissant un en ma faveur. »

À peine quelques instants s’étaient-ils écoulés que l’on informa le médecin que son fils venait de retrouver connaissance : il avait ouvert les yeux !

Tel est le récit que me fit le praticien. Il nous apprend le grand pouvoir de la pensée pure d’un Juif, grâce à laquelle le Créateur est prêt à modifier l’ordre naturel pour Se plier à sa volonté.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « La femme de l’un des jeunes prophètes (…) » (Mélakhim II chap. 4)

Lien avec la paracha : la haftara rapporte la bénédiction que le prophète Elicha donna à la Chounamite pour la naissance d’un enfant, promesse qui s’accomplit au moment où il le lui avait prédit et, dans notre paracha, les anges annoncent à Avraham qu’un an plus tard, il aura un garçon.

CHEMIRAT HALACHONE

Un récit qui laisse deviner la suite…

Même si on ne révèle pas explicitement à quelqu’un le nom de la personne qui a médit de lui, mais qu’on se contente de lui faire un récit duquel il le déduira forcément, ou qu’on lui dit simplement qu’on a parlé de lui ou lui a fait quelque chose, c’est aussi interdit.

PAROLES DE TSADDIKIM

Mon Père céleste sait exactement ce qu’il me manque

« Est-il rien d’impossible au Seigneur ? » (Béréchit 18, 14)

Le Saba de Novardok avait l’habitude de s’isoler, pour effectuer des examens de conscience, dans la forêt proche de la Yéchiva de Novardok. Un jour, il remarqua une cabane abandonnée, construite par des bûcherons qui avaient coupé des arbres dans cette région. Le Sage se réjouit de cette découverte et, depuis lors, y élit domicile pour y étudier du moussar, y prier ou méditer sans être dérangé.

Une nuit, il alluma une bougie et s’assit dans la cabane pour étudier avec enthousiasme et une grande proximité avec le Créateur. Une heure passa, puis une autre, suivie d’une troisième sans qu’il n’y prête attention, tant il était absorbé dans son étude. Soudain, il se retrouva dans l’obscurité : la bougie s’était éteinte.

Le Saba resta assis dans le silence. Il ne se mit même pas à prier. Pourquoi implorer l’Eternel ? Il le voyait et savait qu’il voulait étudier, aussi n’était-il pas nécessaire de L’en informer. Son Père lui donnerait ce qu’il avait besoin, il lui suffisait juste d’attendre patiemment.

La porte de la cabane s’ouvrit. Un homme, une bougie à la main, fit son apparition. L’étranger déposa la bougie sur le bougeoir vide, puis disparut aussitôt dans le froid et la pénombre. Le Sage ne tenta pas de savoir qui était cet individu. Peut-être était-ce le prophète Eliahou ou un ange ? Ou encore un envoyé humain, chargé par le Très-Haut de cette mission ? Que lui importait-il ? L’essentiel était que son Père céleste, se souciant de tous ses besoins, lui avait envoyé cette bougie et qu’il pouvait maintenant poursuivre son étude jusqu’au matin.

Au petit matin, le Saba éteignit la bougie et l’emmena avec lui à la Yéchiva. Il lui réserva une place, en guise de souvenir de son histoire qu’il raconta à ses élèves, et la nomma la « bougie du bita’hon ». Ces derniers furent émus et impressionnés de la sérénité de leur Maître, de sa confiance en D.ieu, de sa conviction qu’Il pourvoirait à ses besoins d’une manière ou d’une autre et que, s’Il n’y pourvoyait pas, ce serait le signe qu’il n’en avait pas réellement besoin…

Quelques années plus tard, un incendie éclata dans la ville. Les maisons en bois furent la proie du feu et tous les efforts déployés pour le maîtriser furent vains.

Les ba’hourim s’empressèrent d’évacuer les livres saints de la Yéchiva, sortirent les sifré Torah et les tefillin. Or, incroyable mais vrai, les prières des étudiants furent exaucées et le feu put être éteint. L’immeuble de la Yéchiva resta intact. Cependant, la chaleur puissante qui régna alors fit fondre la « bougie du bita’hon ».

Les ba’hourim en éprouvèrent un grand chagrin et se désolèrent de n’avoir pas pensé à évacuer cette bougie en même temps que les livres saints. Pourtant, le Saba ne s’en attrista pas pour le moins du monde. « Tant que nous avions cette “bougie du bita’hon”, c’est que nous en avions besoin. A présent que nous ne l’avons plus, c’est le signe que nous n’en avons plus besoin. »

Telle est la force du bita’hon : savoir quand on a besoin de la bougie et quand on peut s’en passer…

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

Observer la lumière entourant les mitsvot

« Il aperçut de loin l’endroit. » (Béréchit 22, 4)

Tel est le sens du verset : « Il aperçut (vayar) de loin l’endroit. » Le mot vayar peut être associé au terme or, signifiant lumière, à savoir qu’Avraham a vu une lumière dans la mitsva du sacrifice d’Its’hak, alors même qu’elle semblait inconcevable. C’est aussi sur ce point qu’il voulut questionner Its’hak : appréhendait-il, lui aussi, les événements avec du recul et se montrerait-il prêt à exécuter une mitsva à première vue illogique ? Its’hak répondit par l’affirmative, autrement dit, s’affirma prêt à accomplir même une mitsva éloignée de l’entendement, à l’image de la nuée qui, fixée sur le sommet, voilait la montagne à sa vue.

Par contre, lorsque ce fut le tour de questionner Eliezer et Ichmaël – percevaient-ils, eux aussi, cette nuée ? – ils répondirent par la négative. Avraham ne cherchait pas à les tester dans le but de savoir s’ils voyaient la nuée, mais désirait simplement déterminer leur niveau en s’appuyant sur leur degré de volonté pour observer les mitsvot, afin de savoir s’ils étaient aptes à participer à la mitsva du sacrifice d’Its’hak. La réponse d’Eliezer et d’Ichmaël signifiait que l’essence de cette mitsva échappait à leur entendement et qu’ils éprouveraient donc des difficultés à l’exécuter avec joie. D’où la décision d’Avraham : « Tenez-vous ici avec l’âne », car tel était leur niveau dans le service divin. Il voulait ainsi susciter en eux un examen de conscience et les inciter à accomplir les mitsvot avec davantage de recul. Par conséquent, s’il est vrai qu’Eliezer et Ichmaël étaient tous deux des justes, ils n’avaient pourtant pas atteint ce niveau.

Le Rav Chakh, de mémoire bénie, est l’exemple d’un homme qui a orienté toute sa vie et dirigé toute la génération selon cette perspective d’un regard vers le lointain. Aujourd’hui, sans lui, nous sommes perdus. A l’occasion d’un congrès électoral se tenant à Yad Eliahou, alors que tous les Israéliens étaient sous tension, attendant de connaître sa consigne de vote – la droite ou la gauche –, Rav Chakh s’est tu et a pleuré. Je pense qu’il a pleuré que la Torah se soit rabaissée au point de devoir s’associer aux groupes laïques, alors qu’« elle est notre vie » et que le monde entier a été créé pour elle ; c’est donc elle seule qui devrait diriger le monde !

Il existe de nombreuses anecdotes témoignant l’attention particulière que ce juste donnait aux jeunes enfants, en leur distribuant des sucreries ou en leur racontant des histoires. A première vue, comment comprendre que le grand de la génération se soit ainsi rabaissé ? En réalité, Rav Chakh appréhendait la vie avec du recul : peut-être qu’un beau jour, l’un de ces enfants serait influencé par un mauvais entourage et que seul le souvenir de ce bonbon et de l’affection reçus le ramènerait sur le droit chemin.

A une certaine occasion, deux hommes très riches vinrent me voir pour me demander une bénédiction en faveur d’une institution qu’ils désiraient créer, projet qui nécessitait des fonds importants. Or, ils se présentèrent à moi le jour de la Hilloula du Rav Chakh, de mémoire bénie. Généralement, je n’hésite pas à donner ma bénédiction, mais cette fois, contrairement à mon habitude, je leur demandai si cette institution serait en conformité avec le judaïsme authentique ou si les jeunes enfants y apprendraient également des matières profanes. A cette interrogation, les hommes eurent honte et prirent congé. Je suis convaincu que c’est le mérite de Rav Chakh qui m’a poussé à leur poser une telle question, car ce dernier envisageait tout avec du recul et pesait scrupuleusement le pour et le contre de chaque question avant de prononcer son verdict.

PERLES SUR LA PARACHA

Comprendre les besoins du nécessiteux

« Comme il levait les yeux et regardait, il vit trois personnages debout près de lui. En les voyant, il courut à eux (…) » (Béréchit 18, 2)

La redondance du verbe « voire » a fait couler beaucoup d’encre chez nos commentateurs. Sur le mode moraliste, le Rav Eliezer Mena’hem Man Shakh zatsal explique que le problème principal, lorsqu’on manque d’accomplir un acte bienfaisant, est qu’on ne « voit » pas l’homme qui en a besoin.

Dans ce sens, nos Sages parlent de « celui qui se cache les yeux de la tsédaka », allusion au fait qu’on ne donne pas de tsédaka parce que, ignorant le pauvre, on ne ressent pas le besoin de lui venir en aide.

C’est pourquoi la Torah souligne ici que ce sens de la « vision », cette sensibilité à autrui, aux personnes dans le besoin, était développé de manière optimale chez notre patriarche Avraham, et c’est justement ce qui lui permit de parvenir au summum de la bienfaisance, vertu qu’il incarne.

Là où les sépharades s’arrêtent

« Est-il rien d’impossible au Seigneur ? » (Béréchit 18, 14)

Le soir de Chabbat, le Tsaddik Rav Arié Lévin zatsal avait l’habitude d’étudier avec sa femme la haftara du lendemain.

Une année où on lisait la paracha de Vayéra, ils arrivèrent au verset de la haftara : « Il répondit : “Pourquoi vas-tu chez lui aujourd’hui ? Il n’y a point de néoménie, point de fête.” Elle repartit : “Sois tranquille.” » Le Sage s’étonna alors et demanda :

« Je ne comprends pas comment mes frères sépharades peuvent s’arrêter ici, en pleine tension, sans savoir ce qui va arriver à l’enfant. C’est le milieu de l’histoire ; pourquoi ne continuent-ils pas pour raconter le dénouement, dire que tout s’est bien fini et mentionner le grand miracle opéré par le prophète Elicha qui semble l’essentiel. »

La Rabbanite lui répondit : « Parce que les sépharades ont une émouna pure. Ils comprennent que si la Chounamite s’est adressée au prophète, il est sûr qu’il l’aidera et que cela se terminera bien. Par contre, les achkénazes sont plus suspicieux ; ils veulent voir le miracle de leurs propres yeux. Ils n’ont pas cette émouna pure qu’ont les sépharades… »

Rav Arié sourit et, le lendemain, dans son cours, il mentionna cette explication de son épouse, lui donnant son aval.

Le zikouï harabim

« Si Je l’ai distingué, c’est pour qu’il prescrive à ses fils et à sa maison après lui (…) » (Béréchit 18, 19)

Suite à la akéda, la dernière des dix épreuves auxquelles Avraham fut confronté, l’ange lui avait annoncé au Nom de l’Eternel : « Désormais, j’ai constaté que tu honores D.ieu. » S’il en est ainsi, pourquoi est-il ici écrit que le Saint béni soit-Il a distingué Avraham du fait qu’il avait ordonné à ses enfants de suivre les voies divines ? Il avait pourtant déjà touché à la perfection dans son service divin personnel.

Le Gaon Rav Mikhel Yéhouda Leifkovitz zatsal explique au nom de son Maître, Rav Leib ‘Hasman zatsal, directeur spirituel de la Yéchiva de ‘Hevron, que celui qui accomplit des mitsvot satisfait certes pleinement la volonté du Créateur, mais lorsqu’il fait du zikouï harabim, il parvient à un niveau encore plus élevé car, à travers ses actes, il entraîne le maintien du monde en donnant du mérite au grand nombre. Il devient ainsi, pour ainsi dire, l’associé de D.ieu dans l’œuvre de la Création. C’est la raison pour laquelle l’affection que l’Eternel portait à Avraham trouva sa pleine expression quand il se mit à transmettre à ses enfants la manière correcte de se comporter, conformément aux voies divines.

Et le Sage d’ajouter : « Nous devons y méditer et réaliser l’importance cruciale du zikouï harabim. C’est une erreur de penser que pour faire du zikouï harabim il faut sortir du beit hamidrach. On peut aussi le faire à l’intérieur de la Yéchiva, par exemple en venant à l’avance à la prière ou au séder, en priant et en étudiant à voix haute et mélodieuse, donnant l’exemple aux autres ba’hourim, ou encore en répondant cordialement et avec le sourire à leurs questions. »

DES HOMMES DE FOI

Rabbi ‘Haïm Pinto habitait à cette époque à Casablanca. Cette année-là, la date de la Hilloula de son grand-père, Rabbi ‘Haïm Hagadol, approchait et il s’avéra qu’il leur manquait de l’arak pour les festivités.

Un des membres de la communauté s’engagea à se rendre à Safi pour y acheter quelques bouteilles, ceci en dépit de la loi du pays qui interdisait la fabrication et la commercialisation de boissons alcoolisées.

Le Tsaddik lui indiqua le nom de la personne à laquelle il devait s’adresser, de sa part, en arrivant à Safi. Malgré la longue distance qui séparait les deux villes, cet homme effectua le voyage en paix et fut bientôt de retour.

La Hilloula fut organisée avec beaucoup de faste. On y sentait une grande élévation spirituelle parmi les participants. Mais le Satan fit son œuvre et un voisin jaloux alla dénoncer au commissariat le plus proche la présence de boissons prohibées. Bien évidemment, un groupe de policiers, chargé de vérifier la véracité de ces propos, fut immédiatement envoyé sur les lieux.

Dès qu’il les vit, Rabbi ‘Haïm s’approcha d’eux et leur demanda : « Que cherchez-vous donc ? »

« Nous détenons l’information que les participants ici présents ont transgressé la loi : ils boivent de l’alcool », répondirent les policiers, d’un ton agressif et déterminé.

« Je vous en prie, leur dit le Tsaddik, cherchez autant que vous le désirez. Cependant, nous n’avons que de l’eau, vous ne trouverez pas d’alcool ici. »

Les policiers découvrirent rapidement les bouteilles portant des étiquettes indiquant qu’il s’agissait d’arak. Leurs visages exprimaient la victoire. Sans se décontenancer, le Rav leur demanda d’ouvrir et de juger par eux-mêmes de leur contenu.

Les policiers obtempérèrent et goûtèrent. Honteux, ils reconnurent qu’il s’agissait bien d’eau pure et limpide et non d’alcool comme ils l’avaient supposé. A présent, ils n’avaient d’autre choix que de repartir, confus, tout en se dépêchant d’aller donner au délateur la punition qu’il méritait.

Les invités poursuivirent les festivités, émerveillés du miracle qu’ils venaient de vivre. Par la suite, ils firent part à Rabbi ‘Haïm de leur désir de goûter à l’arak, car s’ils ne buvaient que de l’eau, ils ne pourraient célébrer la Hilloula de manière parfaite.

Le Tsaddik leur dit : « Cet homme qui est allé à Safi a bel et bien rapporté de l’arak et non de l’eau. Goûtez et vous verrez. »

Une des personnes présentes a raconté à notre Maître qu’effectivement, lorsqu’ils se servirent une seconde fois, incroyable mais vrai, l’eau était redevenue de l’alcool…

EN PERSPECTIVE

Notre paracha s’ouvre par l’histoire de l’hospitalité pratiquée par notre patriarche Avraham, histoire qui nous apprend l’importance prépondérante de cette mitsva dans laquelle le peuple juif excelle.

Rabbi Yéhouda Leib ‘Hasman raconte qu’un vendredi soir, il mangea à la table du ‘Hafets ‘Haïm, à Radin. A leur retour de la synagogue, à la fin de la prière, il fut étonné de constater que le Sage n’entonna pas l’habituel « Chalom alékhem », mais s’assit immédiatement à table afin de réciter le Kiddouch, pour ensuite laver les mains et manger le poisson. Seulement après l’entrée, il chanta « Chalom alékhem ».

Ne pouvant plus retenir sa curiosité, il se risqua de demander à son hôte pourquoi il avait ainsi dérogé à ses habitudes. Le ‘Hafets ‘Haïm lui répondit alors : « Je suis sûr que votre honneur avait faim après avoir fait la route, aussi voulais-je tout d’abord vous servir le début du repas. Les anges, quant à eux, n’ont pas faim ; ils peuvent un peu attendre… »

 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan