Parachat Beha'alotekha (En Israël Chela'h) 22 Juin 2019 י"ט סיון תשע"ט |
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La Torah, le délice du Chabbat
Rabbi David Hanania Pinto
« “Quand tu feras monter les lumières, c’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière.” Ainsi fit Aharon. » (Bamidbar 8, 2-3)
D’après Rachi, les mots « Ainsi fit Aharon » soulignent l’éloge de ce dernier qui ne modifia en rien l’ordre reçu. Ce commentaire ne laisse de nous étonner : aurait-on pensé qu’il eût modifié la parole divine ? En quoi le fait de ne rien avoir changé constitue-t-il donc une louange ?
Afin de le comprendre, penchons-nous tout d’abord sur la controverse opposant Tana Kama et Rabbi Yossi concernant le jour où la Torah fut donnée (cf. Chabbat 86b). Le premier date cet événement au six Sivan et le second au sept. La Guémara ajoute que tous sont d’accord qu’il s’agissait d’un Chabbat. Pourquoi la Torah devait-elle être donnée lors du jour saint ?
Nos Sages affirment par ailleurs (Chabbat 30a) que le roi David désirait savoir quand il mourrait, mais D.ieu refusa de le lui révéler, lui indiquant simplement que ce serait un Chabbat. En l’apprenant, David demanda à mourir la veille ou le lendemain, mais se heurta une fois de plus au refus divin. Pour quelle raison voulait-il éviter de quitter ce monde un Chabbat ?
Tentons de comprendre d’où provient la sainteté particulière du Chabbat, qui lui donne toute sa valeur. Loin de se limiter à une jouissance gustative ou à une opportunité de savourer un bon sommeil – plaisirs qui font certes partie du jour saint, comme l’indiquent les initiales du mot Chabbat, chéna béChabbat taanoug –, le Chabbat doit avant tout être mis à profit pour s’élever spirituellement par le biais de l’étude de la Torah représentant le délice essentiel. Ainsi, il est affirmé : « Les Chabbatot et jours de fête n’ont pas uniquement été donnés pour manger et boire, mais aussi et surtout pour se plonger dans les paroles de Torah. » (Talmud de Jérusalem, Chabbat 15, 3) De même, dans le Tana debé Eliahou (chap. 1), nous pouvons lire : « Le Saint béni soit-Il dit au peuple juif : “Bien que vous travailliez durant les six jours de la semaine, le Chabbat, vous vous consacrerez à l’étude de la Torah.” Nos Sages en ont déduit que le matin, dès son lever, on se rendra à la synagogue et à la maison d’étude pour y lire la Torah et étudier les Prophètes ; seulement ensuite, on rentrera chez soir pour s’attabler. »
Ainsi, la vertu principale du Chabbat est le surplus d’étude de la Torah à laquelle nous pouvons nous adonner. L’Eternel enjoignit à Moché (Yalkout Vayakhel) de regrouper de nombreuses assemblées et de leur enseigner publiquement les lois du Chabbat, de sorte que son exemple soit suivi dans les générations à venir.
Soulignons que l’étude de la Torah pratiquée lors du jour saint apporte la bénédiction sur tous les autres, le Chabbat y faisant descendre un courant de sainteté et de pureté. Nos Maîtres affirment à cet égard (Guitin 77a) que le dimanche, le lundi et le mardi sont liés au Chabbat qui les précède, tandis que le mercredi, le jeudi et le vendredi sont attachés à celui qui les suit. Le Chabbat se situe donc au milieu, entouré de part et d’autre par les jours de la semaine sur lesquels il diffuse lumière et sainteté.
Par conséquent, la lumière du candélabre symbolise celle de la Torah, conformément à l’enseignement de nos Sages selon lequel « la lumière c’est la Torah » (Méguila 16b). La lumière diffusée par la bougie centrale représente celle de la Torah du Chabbat, centre de la semaine, tandis que les trois branches placées de part et d’autre du candélabre sont l’image des jours de la semaine entourant le Chabbat. Ceci est donc porteur d’un message édifiant à notre intention : la lumière de la Torah du Chabbat se diffuse sur tous les jours de la semaine et y déverse la bénédiction.
Tel est le sens profond de notre verset « C’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière. » Plus on fera monter la lumière centrale, celle du Chabbat, par l’éclairage de la Torah, plus on amplifiera la bénédiction se déversant par ce biais sur le reste de la semaine. C’est ainsi que j’explique les paroles du Ben Ich ‘Haï.
Dès lors, nous sommes en mesure de comprendre les propos de Rachi. Aharon donnait au peuple l’exemple de la conduite à adopter lors du Chabbat. Il ne modifia en rien l’ordre divin et alluma le candélabre en conformité absolue avec celui-ci, c’est-à-dire en allumant la bougie centrale, représentant le Chabbat, par l’éclairage de la Torah. Face à tout le peuple, il diffusa la lumière de la Torah du Chabbat, illuminant ainsi les six jours de la semaine. Lorsque les enfants d’Israël constatèrent la grande abondance dont Aharon jouissait durant la semaine, ils comprirent que cette bénédiction lui provenait du Chabbat, mis à profit pour l’étude de la Torah. En effet, plus l’homme s’investit dans l’étude lors du jour saint, plus il en récolte les fruits tout au long de la semaine.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
La Torah protège et sauve
C’est un M. Abittan inquiet et peiné qui fit un jour son apparition dans notre Yéchiva à Lyon. Il avait fait le vœu d’organiser un repas en l’honneur du Tsadik Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal.
Pourquoi cette promesse ? Les médecins venaient de lui annoncer que son bébé avait une tumeur au cerveau et qu’il allait falloir l’opérer pour l’en extraire. Du fait qu’il s’agissait d’une intervention extrêmement compliquée et délicate, à un organe ultra-sensible, le risque était grand et les spécialistes lui accordaient peu de chances de réussite. D’un autre côté, c’était le seul espoir de sauver la vie de l’enfant et ils n’avaient donc pas le choix.
M. Abittan était donc venu prier à la Yéchiva et invoquer le mérite de Rabbi ‘Haïm Pinto, afin que l’opération réussisse et que son fils puisse guérir. Je lui conseillai alors d’étudier davantage chaque jour, engagement qui devrait bien sûr perdurer même après la guérison tant espérée, avec l’aide de D.ieu. Profondément ébranlé, il s’engagea à ajouter des moments d’étude à ceux qu’il y consacrait quotidiennement à la Yéchiva.
Le jour de l’opération arriva et les médecins firent passer au nourrisson différents examens pour vérifier son état de santé. A leur plus grande stupéfaction, sur les images, toute trace de tumeur avait disparu, comme si elle n’avait jamais existé ! Encore sous le choc, les médecins demandèrent au père s’il avait des explications. La réponse vibrante de émouna et de bita’hon qu’il leur donna fut : « Ce que vous ne pouvez faire, D.ieu le peut par le mérite de l’étude de la Torah et des Tsadikim. Du fait que j’ai pris sur moi d’étudier davantage, le Tout-Puissant a guéri mon fils et a fait disparaître la tumeur. »
Après cela, M. Abittan est devenu Rav et les cours de Torah qu’il donne à Paris ont acquis une grande notoriété.
PAROLES DE TSADIKIM
Quel est cet avrekh de la Yéchiva Porat Yossef ?
« Or, cet homme, Moché, était fort humble. » (Bamidbar 12, 3)
Il incombe à l’homme d’être attentif aux reproches qu’on lui formule. Mais, avant qu’ils ne surviennent, il doit constamment effectuer des introspections afin de trouver lui-même ses failles. Ces examens de conscience sont d’une grande utilité, à en croire nos Maîtres qui affirment : « Quand l’homme se tyrannise une fois dans son cœur, cela vaut plus que mille coups. » (Brakhot 7a)
Généralement, on a des difficultés à voir ses propres défauts. Mais plus l’homme est grand, plus il parvient à avoir un regard sincère sur lui-même et donc à déceler ses scories.
Ainsi, les grandes figures de notre peuple n’attendent pas que les autres fassent ce travail pour eux. Ils se soumettent sans répit à une autocritique méticuleuse, examinant leur conduite à la loupe et ne laissant rien passer.
Le ‘Hafets ‘Haïm procédait chaque jour à un examen de conscience personnel. Entre lui et lui-même, il relevait tous les points qu’il estimait devoir améliorer. Il était si concentré qu’il ne prêtait pas attention aux gens l’entourant, qui témoignèrent l’avoir entendu se reprocher : « Israël Meïr ! Tu dois te réjouir davantage dans l’accomplissement des mitsvot ! », « Israël Meïr ! Tu dois témoigner plus de zèle dans ton service divin ! » et autres reproches similaires.
Dans sa récrimination, il passait également en revue tous les moments de sa journée qu’il estimait ne pas avoir pleinement exploités pour l’étude de la Torah ou le service divin. Il se reprochait amèrement chaque instant perdu et, après en avoir fait le compte, il en trouvait une dizaine sur les vingt-quatre heures de la journée qui, selon ses critères ultra-stricts, n’avaient pas été correctement mis à profit.
Le Gaon et Tsadik Rabbi Yossef Mougrabi chelita raconte l’histoire qui suit (Avot Oubanim, Pirké Avot). Un avrekh de la Yéchiva Porat Yossef se rendit chez l’Admour Rabbi Meïr Abou’hatséra, que son mérite nous protège, qui lui demanda : « Avez-vous dans votre Yéchiva un avrekh érudit appelé Bentsion Aba Chaoul ? »
Il lui répondit : « Un avrekh ? C’est le Roch Yéchiva, le Sage Bentsion Aba Chaoul ! »
Le Baba Meïr soupira et dit : « Hier, il était chez moi et, quand je lui ai demandé qui il était, il m’a répondu “Bentsion Aba Chaoul”. Je lui ai ensuite demandé où il étudiait et il m’a répondu qu’il étudiait dans la Yéchiva Porat Yossef. »
Rien d’étonnant que cet avrekh étudiant à Porat Yossef n’était autre que le Roch Yéchiva en personne, celui qui mérita de former des générations entières d’élèves grands en Torah et en crainte de D.ieu, puisque, comme nous le savons, « celui qui fuit les honneurs » mérite d’acquérir véritablement la Torah.
CHEMIRAT HALACHONE
Comment se préserver du péché de la médisance ?
Afin de se préserver du péché de la médisance, il ne suffit pas de s’engager à ne pas y succomber, mais il faut également se fixer des moments d’étude quotidiens pour apprendre les lois relatives à la parole. Car, la guérison de ce péché ne peut se faire que par le biais d’une étude approfondie de tous les détails des interdits de la médisance et du colportage, comme nos Sages l’ont enseigné : « Comment peut-on faire en sorte de ne pas en venir à médire ? En étudiant la Torah. »
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Exulte et réjouis-toi, fille de Sion ! » (Zékharia 2)
Lien avec la paracha : dans la haftara, est évoquée la vision du candélabre et de ses lampes par le prophète Zékharia, tandis que dans la paracha, est précisée la manière dont celles-ci devaient être allumées.
PERLES SUR LA PARACHA
Une réprimande agréable à entendre
« Il nous souvient du poisson que nous mangions pour rien en Egypte. » (Bamidbar 11, 5)
Il aurait été plus logique d’employer le passé ; pourquoi est-il écrit « que nous mangerons » (traduction littérale) ?
Rabénou Yossef ‘Haïm, auteur du Ben Ich ‘Haï, explique que les enfants d’Israël désiraient par ce biais provoquer Moché en lui signifiant qu’ils étaient, pour ainsi dire, obligés de retourner en Egypte, car il n’y avait aucune chance qu’ils trouvent de la viande dans le désert. Ils se gênèrent d’exprimer explicitement, comme ils l’avaient fait auparavant, leur volonté de retourner dans ce pays. Aussi le firent-ils par allusion en employant le futur, exprimant ainsi leur certitude qu’ils y retourneraient manger du poisson.
En retour, Moché les réprimanda sur le mode allusif : « Puisque vous avez sangloté aux oreilles de l’Eternel en disant : “Qui nous donnera de la viande à manger ? Car nous étions mieux en Egypte !” » Ou littéralement « car c’est bien pour nous en Egypte », sous-entendu « de retourner en Egypte pour y manger de la viande ».
Des poissons sur un fond de légumes
« Il nous souvient du poisson que nous mangions pour rien en Egypte, des concombres et des melons, des poireaux, des oignons et des aulx. » (Bamidbar 11, 5)
Quel est donc le lien entre tous ces légumes et le poisson ?
L’auteur du Zikhron Israël explique que Yaakov avait béni Paro en lui souhaitant que le Nil monte à sa rencontre et abreuve les champs de l’Egypte, de sorte que les Egyptiens pourraient étendre leurs filets dans ce fleuve traversant leurs champs et attraper ainsi de nombreux poissons.
C’est la raison pour laquelle, lorsque les enfants d’Israël évoquèrent le souvenir du poisson consommé en Egypte, ils mentionnèrent également les concombres, melons, poireaux, oignons et aulx, car le poisson était récolté en même temps que ces légumes, dans les champs égyptiens.
Le langage atteste la valeur de l’homme
« Miriam et Aharon parlèrent contre Moché, à cause de la femme éthiopienne qu’il avait épousée. » (Bamidbar 12, 1)
Rachi commente : « Si déjà Miriam, qui n’avait pas l’intention de le blâmer, fut sévèrement punie, combien plus doit l’être celui qui médit de son prochain dans cette intention ! »
La parole représente la grandeur de l’homme. Avec ses mains et ses pieds, combien un homme peut-il déjà faire, pour le meilleur et pour le pire ? Il n’est capable de construire ou de détruire que dans une mesure limitée. Par contre, à l’aide de sa bouche, il peut construire des mondes ou, à D.ieu ne plaise, en détruire. Par quelques paroles, Névoukhadnétsar détruisit le Temple et exila le peuple juif de son pays.
Il y a quelques dizaines d’années, un démon nommé Hitler – que son nom soit à jamais effacé – se leva et sema une terrible destruction par ses seules paroles. S’il était entré dans les maisons des Juifs et leur avait donné des coups de pieds, que serait-il parvenu à leur faire ? De même s’il avait frappé de ses mains tous ceux qu’il eût rencontré dans la rue, le dommage aurait été limité.
Cependant, il agit d’une tout autre manière. Il prononça des discours provocateurs, excitant les foules et leur transmettant sa haine des Juifs. Il parvint ainsi à exterminer des milliers de gens.
A l’inverse, toutes proportions gardées, le ‘Hafets ‘Haïm zatsal sauva le monde entier. Le monde, avant sa venue, ne peut être comparé au nouvel aspect qu’il lui donna. Si nous n’avions pas eu le mérite de compter ce Sage parmi les grands de notre peuple, le monde aurait été totalement différent. Nous n’aurions pas connu tous les détails des lois relatives à la médisance. De même, d’immenses richesses de notre judaïsme auraient manqué. Or, ce grand Maître nous transmit cet héritage par le biais de la parole.
La capacité de maîtriser les paroles émises par sa bouche définit véritablement l’homme. Un grand homme est celui qui domine sa bouche, tandis que celui qui ne la surveille pas est un petit homme. La valeur de l’homme se mesure à l’aune de sa parole. (Noam Sia’h)
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
La Torah, un diamant non poli
« Quand tu feras monter les lumières. » (Bamidbar 8, 2)
A travers l’image du candélabre, la Torah nous transmet entre les lignes notre devoir de préserver et de consolider notre paix conjugale. En effet, le candélabre fait allusion à l’homme et les lumières à la femme, tous deux devant former « un bloc » pur et être liés par des liens d’amour. Car, si les conjoints vivent en bonne intelligence, la Présence divine réside parmi eux.
Le terme béhaalotékha peut être coupé en deux : la lettre Beit et le mot haalotékha. Or, cette lettre peut se référer à la maison (bayit) et à la maison d’étude (beit hamidrach) dans lesquelles l’homme doit faire monter la flamme, c’est-à-dire renforcer la paix, l’amour et la fraternité au sein de son foyer et, parallèlement, amplifier les lumières spirituelles en se renforçant dans son service divin, en étudiant la Torah et en accomplissant de nombreuses mitsvot.
Comment parvenir à s’élever spirituellement et à se renforcer ?
La réponse est claire et sans équivoque : en se vouant à l’étude de la Torah.
Si l’on réfléchit, on constatera que la Torah ne nous a pas été donnée comme un présent ordinaire. Généralement, celui qui offre un cadeau l’emballe le plus joliment possible. Sans cet emballage qui le rehausse, il ne produit pas le même effet et la même émotion chez son destinataire. Toutefois, le Saint béni soit-Il nous a donné la Torah sans l’enjoliver, à l’état brut, tel un diamant n’ayant pas été poli, et il est de notre devoir de le faire. En nous y efforçant, nous découvrirons la beauté de la Torah et de ses mitsvot.
Ceci est l’une des expressions des bontés divines à notre égard car, si la Torah nous avait été présentée sur un plateau d’argent, si nous l’avions comprise sans devoir fournir le moindre effort, nous n’aurions pas éprouvé à son égard un amour aussi intense, celui-ci résultant justement de notre investissement pour appréhender pleinement une souguia. Le dévouement fourni par l’homme ancre la Torah en lui et génère en son sein un puissant amour pour elle, ainsi qu’une grande proximité avec l’Eternel.
LA FEMME VERTUEUSE
Dédié à la mémoire de la Rabbanit Madeleine Mazal Pinto Zal
« Elle jette son dévolu sur un champ et l’acquiert ; avec le produit de son travail, elle plante un vignoble. »
La puissante volonté de la femme juive de fonder un foyer empreint de Torah et de crainte du Ciel trouve toute son expression dans le début du verset « Elle jette son dévolu sur un champ et l’acquiert. » A l’origine, il se rapporte à Sarah iménou qui, toute sa vie durant, n’aspirait qu’à se préparer un lieu de sépulture dans la méarat hamakhpéla, futur emplacement du Temple.
Les projets conçus à l’avance par l’homme pour consolider son foyer sur les bases de la foi et du respect des mitsvot lui assurent, dans toute situation, la réussite dans l’esprit de l’adage « Le résultat final dépend de la pensée première. » A l’inverse, celui qui ne fait pas précéder l’acte par la pensée ne pourra mériter une telle prérogative.
La femme qui a l’habitude de programmer les choses pour parvenir à fonder un foyer de Torah et de foi entière en D.ieu et dans les Sages, aura l’insigne mérite de voir sa belle famille s’ajouter, grâce à elle, au vignoble du peuple juif, comme le souligne la fin du verset « avec le produit de son travail, elle plante un vignoble ».
Si nous nous penchons sur la vie de la Rabanite Pinto – qu’elle repose en paix –, épouse de notre Maître Rabbi Moché Aharon – puisse son mérite nous protéger –, nous découvrirons de nombreux épisodes où, mue par un profond amour pour le Créateur, elle s’investit en réflexion afin de parvenir à bien éduquer ses enfants selon notre tradition et conformément à la sainteté et à la pudeur. Et, vers la fin de sa vie, elle eut le bonheur de recueillir de la satisfaction de ses descendants, des générations droites sanctifiant le Nom divin à travers leur conduite.
Tout récemment, nous est parvenu l’écho de cette merveilleuse histoire, à travers laquelle nous pouvons avoir un petit aperçu de la satisfaction qu’elle recueille dans les sphères supérieures.
Dans les trois mois suivant le départ de sa Maman, notre Maître Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita est parvenu à fonder trois nouveaux mikvaot pour la commémorer.
L’un de ces trois mikvaot se situe dans un village non religieux d’Israël. La balanite, une Tsadéket se dévouant pour cette mitsva, prie quotidiennement devant la mézouza, demandant à l’Eternel de couronner son œuvre de réussite. Jour après jour, elle révise les lois de pureté et lit des Psaumes.
Peu avant l’inauguration de ce mikvé, cette femme rêva d’une vieille dame rayonnant d’une lumière éblouissante, indescriptible. Elle eut un puissant sentiment d’élévation et ressentit comme si cette dame lui transmettait des forces et lui donnait son soutien. Prenant appui sur un jeune avrekh qui l’accompagnait, elle lui prononça des mots chaleureux et lui caressa la main en signe d’affection et d’approbation. Elle l’accompagna dans la montée menant au mikvé, puis, à son retour, dans ce même sentier en descente.
Le Rav M., responsable du mikvé, connaît la crainte du Ciel et la foi pure animant cette femme et fut impressionné par son rêve laissant transparaître des vérités. En outre, les indices de temps, la clarté, l’enchaînement des choses et les émotions confirmaient qu’il ne s’agissait pas d’un rêve vain. Il pensa alors que cette vieille dame était peut-être la Rabanite Pinto au nom de laquelle le mikvé avait été fondé.
Désirant le vérifier, il demanda à Rav Arié, fidèle assistant de notre Maître, de lui envoyer une photo de la Maman de celui-ci. Lorsqu’il la reçut, il montra à la balanite plusieurs photos de l’inauguration du mikvé, parmi lesquelles le portrait de la Rabanite.
Lorsqu’elle le vit, elle faillit s’évanouir. Elle s’exclama : « C’est exactement l’image de la vieille dame que j’ai vue dans mon rêve ! » Sur ces entrefaites, le Rav M. lui révéla qu’il s’agissait de la Rabanite Pinto, ce qui ne fit qu’amplifier ses émotions. Elle réalisa le grand mérite qu’elle avait eu et la satisfaction qu’elle procurait, par ses actes, dans les mondes supérieurs.
Quand le récit de ce rêve parvint aux oreilles de notre Maître, il fut saisi d’émotion. Il exprima sa propre joie du contentement occasionné ainsi à la Rabanite et bénit la balanite qui avait le mérite de pratiquer du ‘hessed et d’amplifier la pureté au sein de notre peuple. Il rapporta le célèbre principe énoncé par nos Sages selon lequel « D.ieu choisit une personne déjà méritante pour accomplir des actes méritoires » et ajouta que les actes de cette femme « lui apporteront, ainsi qu’à son mari, le bonheur, la richesse, la réussite et de bonnes nouvelles et que le mérite de cette mitsva et des âmes qui verront le jour par ce biais les protégeront comme toute leur famille ».