La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

Parachat Tétsavé - Chabbat Zakhor

7 Mars 2020

י"א אדר התש"ף

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 18h24 19h31 20h18
Lyon 18h16 19h21 20h05
Marseille 18h16 19h18 20h00
Ra'anana 17h21 18h19 18h55
Jerusalem 17h06 18h18 18h54

Acceuil ARCHIVES

Le pouvoir de la pureté face à celui de l’impureté

Rabbi David Hanania Pinto

« L’un des agneaux, tu l’offriras le matin, et le second agneau, tu l’offriras vers le soir. » (Chémot 29, 39)

Le Ben Ich ’Haï explique (Chana Richona, Pin’has) pourquoi il fallait apporter en sacrifice un holocauste perpétuel le matin et le soir : celui du matin expiait les péchés commis la nuit et celui du soir, ceux de la journée. De plus, du fait que l’animal apporté en sacrifice perpétuel était acheté avec l’argent de la communauté, il possédait le pouvoir d’expier les fautes du peuple entier. Le Ben Ich ’Haï ajoute que le terme olat (holocauste) peut être rapproché du terme tolaa (vers), parce qu’il existe des mauvais anges, correspondant aux puissances impures, qui ressemblent à un ver cherchant à dévorer et à ronger tout ce qui se trouve sur son passage ; en apportant l’holocauste perpétuel, on affaiblissait ces anges et les empêchait de nous porter atteinte spirituellement.

Le Saint béni soit-Il a créé un équilibre entre les forces du Mal et celles du Bien. Aussi, de même qu’il existe un mauvais ange nommé tolaa, il existe également un ange pur surnommé ainsi, dont la mission consiste à empêcher son adversaire de remplir la sienne, en affaiblissant son pouvoir. Or, l’apport de l’holocauste perpétuel transmettait au tolaa pur la force de lutter contre le tolaa impur, comme le laisse entendre la phrase de l’Eternel : « Ne crains rien, vermisseau de Yaakov. » (Yéchaya 41, 14)

Nos Sages demandent (Nédarim 81a ; Chabbat 119b ; Baba Métsia 30b) pour quelle raison la terre d’Israël a été mise en ruine. L’holocauste perpétuel transmettant au bon tolaa le pouvoir de lutter contre les puissances impures, ils s’étonnaient que les nations aient réussi à détruire la Terre Sainte. En outre, de grands érudits, animés de l’Esprit saint et habitant à Jérusalem, faisaient jurer aux anges de venir combattre les pouvoirs destructeurs afin d’empêcher les nations d’anéantir la terre (Midrach Zouta, Eikha 1, 7). Dès lors, comment ceux-ci purent-ils accomplir leurs mauvais desseins ?

Cette question fut posée à des Sages et à des prophètes, mais aucun d’eux ne sut y répondre. Le Saint béni soit-Il se prononça alors : « Parce qu’ils ont abandonné Ma Torah. » (Yirmiya 9, 12) La Guémara relie cette tragédie à l’omission de la bénédiction propre à l’étude de la Torah devant la précéder (Nédarim 81a) ou au délaissement de celle-ci de la part des jeunes enfants (Chabbat 119b) ou encore à l’intransigeance des verdicts prononcés. Lorsque la pénurie de bétail contraignit le peuple juif à cesser d’offrir l’holocauste perpétuel, il ne détint plus d’expiatoire pour ces péchés et perdit donc toute protection. 

Les enfants d’Israël n’avaient le dessus sur leurs ennemis que tant qu’ils apportaient l’holocauste perpétuel, symbole d’élévation et octroyant du pouvoir au saint tolaa. Comme son nom l’indique, l’apport de cette offrande ne devait subir aucune interruption, à l’image d’un avion décollant, qui doit constamment s’élever dans le ciel. Aussi, dès qu’ils cessèrent de l’apporter, le tolaa saint perdit le pouvoir nécessaire pour vaincre les puissances impures, ce qui permit aux non-juifs de causer la désolation de Jérusalem.

Le dix-sept Tamouz, le peuple juif cessa d’apporter l’holocauste perpétuel, en raison d’une pénurie d’agneaux (Arakhin 11b ; Rachi ad loc.). Au lieu de se demander pourquoi ils en étaient arrivés à une telle situation, ils s’en sont contentés et n’ont pas cherché à y déceler un signe du Ciel soulignant la nécessité de corriger leur comportement.

Si une maman remarque que son enfant ne se développe pas comme il le devrait ou dort bien plus que la moyenne, elle consultera immédiatement des médecins afin de déceler la source du problème. De même, quand un homme ressent que, au lieu de s’élever, il ne fait que stagner, il lui incombe de s’en préoccuper et il n’a droit au repos qu’après avoir trouvé une solution à sa situation.

C’est la raison pour laquelle le Saint béni soit-Il a fait en sorte que, au fur et à mesure qu’un homme vieillit, ses cheveux blanchissent et des rides apparaissent. Car, ces signes viennent nous rappeler que nous ne sommes pas destinés à vivre éternellement, que nos jours sur terre sont au contraire comptés et que viendra bientôt le jour où nous devrons quitter ce monde. Cette prise de conscience doit éveiller tout Juif, afin qu’il mette à profit tous les jours de sa vie pour l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot, avant que cette opportunité de s’élever spirituellement lui soit retirée, alors qu’il sera jugé en fonction de ses actes, sans disposer d’aucun moyen pour les rectifier.

De même, les enfants d’Israël auraient dû se soucier du fait qu’ils n’étaient plus en mesure d’apporter l’holocauste perpétuel et s’en demander la raison, la pénurie d’agneaux constituant effectivement une allusion à un relâchement dans l’accomplissement de la Torah. Mais, ils y restèrent indifférents et ne recherchèrent pas un moyen de renforcer le tolaa de sainteté, ce qui permit aux forces du Mal de prendre le dessus et de détruire Jérusalem.

De nos jours où, en l’absence du Temple, nous n’avons pas la possibilité d’apporter le sacrifice perpétuel, il nous incombe alors de nous élever par la sainte Torah et d’examiner notre conduite, dans le but de déterminer ce qui doit être corrigé. L’homme qui agit ainsi transmet une vigueur redoublée au pouvoir de la pureté, permettant de contrer celui de l’impureté.

PAROLES DE TSADIKIM

Un repas à l’ombre du Baba Salé

A deux endroits de ses vêtements de prêtre, Aharon portait les noms des enfants d’Israël : sur le éphod, au niveau des épaules, et sur les pierres du ‘hochen. Toutefois, comme le souligne Rabbi Chimon Pinkous zatsal, ils étaient écrits individuellement sur chacune des douze pierres du ‘hochen, tandis que, sur les deux pierres des épaulières, figuraient six noms ensemble.

Ces différentes dispositions des noms visent à nous enseigner la double fonction du Gadol Hador. Tout d’abord, porter sur ses épaules la responsabilité de la charge de la communauté, gérer les affaires générales la concernant et prononcer des verdicts s’appliquant à l’ensemble de ses membres. Puis, prendre à cœur les difficultés de chacun, offrir une approche personnelle à tout individu s’adressant à lui et écouter attentivement sa détresse.

Cette seconde fonction relève d’un travail du cœur, puisqu’elle nécessite de la miséricorde et des sentiments à l’égard d’autrui. C’est pourquoi, sur le ‘hochen porté par Aharon, figuraient des pierres au nombre des tribus, de sorte que leurs noms y soient écrits de manière individuelle. Quant à la première fonction, elle exige une grande responsabilité, représentée par les deux pierres du éphod posées sur les épaules du Cohen, chacune d’elle portant l’inscription des noms de six tribus. 

On raconte l’histoire suivante au sujet de Rabbénou Israël Abou’hatséra – que son mérite nous protège. Un jour, un Juif n’ayant pas encore eu d’enfant frappa à sa porte. Les membres de la famille de Baba Salé lui dirent qu’il était sur le point de partir pour quelques jours à Jérusalem, lui montrant ses valises toutes prêtes, posées au seuil de la porte.

« Je suis juste venu demander une brakha, insista-t-il. Laissez-moi entrer une minute ! »

On le fit alors entrer et il éclata en sanglots, tout en suppliant le Tsadik de le bénir. Face à sa détresse, ce dernier l’interrogea avec chaleur sur les traitements auxquels il avait déjà eu recours. Il s’avéra qu’il avait déjà tout essayé, mais en vain.

Quand le juste entendit cela, il demanda qu’on prépare une table en l’honneur de l’invité. Il fut convié à s’asseoir aux côtés du Sage. Après qu’ils eurent mangé, bu et récité les actions de grâce, il le bénit, lui promettant qu’il aurait un garçon l’année suivante.

Après son départ, les membres de sa famille demandèrent au Rav pourquoi il ne l’avait pas béni immédiatement et avait, au contraire, retardé son voyage.

Il leur expliqua alors : « Quand j’ai entendu le nombre de traitements médicaux que lui-même et sa femme avaient tenté de faire pour avoir des enfants, j’ai compris que les portes du salut s’étaient fermées devant eux. J’ai réfléchi comment je pouvais les rouvrir. J’ai alors eu l’idée de vaincre ma volonté en repoussant mon voyage à Jérusalem pour accueillir ce pauvre Juif et le réjouir. De cette manière, D.ieu briserait sans doute Lui aussi Sa volonté et lui accorderait le salut. J’ai attendu de ressentir que j’avais suffisamment brisé ma volonté pour le bénir. »

CHEMIRAT HALACHONE

Même sur un ignorant

Il est également interdit de médire d’un ignorant, car il fait partie du peuple juif. A fortiori, il est prohibé et encore plus grave de médire d’un érudit.

Nos Maîtres affirment que « quiconque médit d’un érudit défunt mérite de la géhenne ». En outre, ce péché entraîne celui de mépriser un érudit, dont la gravité équivaut à dédaigner la parole divine.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Chmouel dit (…). » (Chmouel I chap. 15)

Lien avec la paracha : lors de ce Chabbat, Chabbat Zakhor, nous lisons la haftara où il est question de la mitsva d’effacer le souvenir d’Amalec qui sortit en guerre contre le peuple juif à l’époque du roi Chaoul.

Les achkénazes lisent la haftara à partir de : « Ainsi parle (…). » (Ibid.)

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Qui rend la parole à ceux qui sont muets

Je reçus à l’occasion, à Bné Brak, chez la famille Zer, un couple avec leur jeune fils âgé de quatre ans. Les parents me confièrent qu’un jour, sans raison clairement identifiable, l’enfant était soudainement devenu muet. Ils s’étaient adressés aux meilleurs médecins et spécialistes. En vain.

Du fait que je craignais que leur fils ait été victime du mauvais œil, je demandai au père : « Est-ce que vous avez dernièrement fait l’acquisition d’un nouvel appartement ? »

La stupéfaction se lisait sur son visage et les questions se pressaient visiblement dans son esprit : « Comment le Rav l’avait-il su ? Nous ne le connaissions pas jusque-là et n’avons entendu parler de ses puissantes brakhot que récemment, lorsque nous avons cherché un remède pour notre fils. Dès lors, comment est-il au courant, pour l’appartement ? »

Mais il garda ses questions pour lui-même et reconnut avoir récemment fait l’acquisition d’un nouvel appartement.

« Est-ce que vous auriez également acheté une nouvelle voiture ? » poursuivis-je.

Nouvelle surprise du père, qui me répondit par l’affirmative.

J’expliquai alors aux parents que, du fait qu’en une courte période, ils avaient changé d’appartement et de voiture, le mauvais œil leur avait porté atteinte, causant le soudain mutisme de leur fils.

Je les bénis aussitôt par le mérite de mes ancêtres et leur indiquai un certain nombre de tikounim qu’ils devaient opérer et grâce auxquels D.ieu leur retirerait ce mauvais œil et l’enfant recommencerait à parler.

Quelques jours plus tard, je retournai en France où je reçus pour ma plus grande joie un appel des Zer m’apprenant que, grâce à D.ieu et le mérite de mes ancêtres aidant, après que les parents eurent suivi mes recommandations, leur fils s’était remis à parler comme auparavant.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

La Torah n’est pas dans le ciel

« Et toi, tu ordonneras aux enfants d’Israël de prendre pour toi une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire, afin d’alimenter les lampes en permanence. » (Chémot 27, 20)

Sur le mode allégorique, le terme chémen peut être rapproché du terme michna, signifiant alors que le peuple juif doit prendre la Michna afin de l’étudier. En outre, de même qu’il lui incombe d’étudier la Michna, il doit également étudier tous les trésors de la Torah. Or, lorsque les enfants d’Israël étudient la Michna, qui est une partie de la Torah, toutes leurs âmes s’unissent les unes aux autres. En effet, le mot néchama, lui aussi assimilable au mot chémen du verset, peut également être rapproché du mot michna. Quant au terme tétsavé, il fait allusion au terme tsavta (compagnie), connotant alors l’idée selon laquelle, lorsque le peuple juif étudie la Torah de manière solidaire, il crée un lien entre toutes les âmes qui le constituent et permet ainsi au Saint béni soit-Il de faire résider Sa présence en son sein.

Le roi David affirme dans les Psaumes : « Tu es remonté dans les hauteurs, après avoir fait des prises ; tu as reçu des dons parmi les hommes. » (68, 19) Le saint Ari, zal, explique que ce verset se réfère à notre maître Moché, qui captura l’âme de Rabbi Chimon bar Yo’haï lorsqu’il monta au ciel, comme le terme chévi (prises), composé des initiales de ce dernier, y fait allusion. Toutefois, pourquoi était-il nécessaire que Moché capture l’âme de Rabbi Chimon bar Yo’haï et qu’il la fasse descendre sur terre ? Car Rabbi Chimon symbolise la Torah ésotérique, aussi, dès que son âme descendit sur terre, tous les secrets de la Torah y descendirent également et celle-ci quitta en quelque sorte le ciel. Tel est le sens du verset « Elle n’est pas dans le ciel ». Autrement dit, tout celui qui désire étudier la Torah en a la possibilité, du fait qu’elle « se trouve à tous les coins de rue ».

Or, le fait que tous les secrets de la Torah, y compris les plus ésotériques d’entre eux écrits par Rabbi Chimon bar Yo’haï dans le Zohar, ont été descendus sur terre, nous oblige encore davantage à étudier la Torah et nous empêche de fuir cette responsabilité qui est la nôtre, prétendant qu’il nous serait impossible de la comprendre. Effectivement, comme nous l’avons expliqué, dès le moment où la Torah a été donnée au monde, elle a été mise à la portée de tout homme, et ce, en particulier après que notre maître Moché captura l’âme de Rabbi Chimon bar Yo’haï pour l’amener sur terre, ce qui transporta les secrets de la Torah dans le monde et les rendit perceptibles par tous.

PERLES SUR LA PARACHA

La propriété de l’huile d’assurer le maintien de la Torah

« Pour toi, tu ordonneras aux enfants d’Israël de te choisir une huile pure d’olives concassées. » (Chémot 27, 20)

Dans le Midrach, il est écrit que Moché eut des difficultés à concevoir la construction du candélabre, aussi l’Eternel lui dit-Il de jeter le bloc d’or dans le feu, suite à quoi il se formerait de lui-même.

Le ‘Hatam Sofer explique pourquoi il eut plus de mal à construire le candélabre que les autres ustensiles du tabernacle : car l’influence de chacun d’entre eux devait se perpétrer à travers toutes les générations à venir.

La table symbolisait le gagne-pain et la richesse, conformément aux paroles de nos Sages selon lesquelles « qui désire s’enrichir ira vers le Nord », emplacement de la table dans le tabernacle. Aussi, lorsque Moché la construisit, il dut s’assurer qu’elle continue à apporter l’abondance matérielle au peuple juif tout au long des générations. Le candélabre représentant la sagesse de la Torah, appelée à être oubliée, Moché ne savait comment réaliser cet ustensile.

C’est pourquoi D.ieu lui enjoignit de jeter le bloc d’or dans le feu où le candélabre pendrait forme, allusion au caractère miraculeux de la sagesse propre à la Torah. Moché hérita de ce pouvoir, d’où le conseil de nos Sages : « Une remarquable ségoula pour comprendre la Torah est de s’attacher par la pensée à Moché Rabénou. » Cette idée peut se lire en filigrane à travers le verset « Tu ordonneras aux enfants d’Israël de te choisir (véyik’hou élékha) une huile », élékha signifiant littéralement « vers toi ».

Le nom entre les épaulières du éphod

« Six de leurs noms sur une pierre. » (Chémot 28, 10)

D’après le Talmud de Jérusalem, le nom de Binyamin était divisé entre les deux pierres du éphod : sur celle de droite, figuraient les lettres Beit et Noun, et sur celle de gauche, les lettres Youd, Mèm, Youd et Noun. Le terme michmotam (de leurs noms) laissant entendre que seulement une partie de leurs noms était inscrite, nos Sages en ont déduit que le nom de Binyamin avait été divisé entre les deux pierres du éphod.

Even, initiales de av, ben et nékhed

« Tu le garniras de pierreries enchâssées, formant quatre rangées. Sur une rangée : un rubis, une topaze et une émeraude, première rangée. » (Chémot 28, 17)

Dans le traité de Baba Métsia (85a), il est affirmé, au nom de Rabbi Yo’hanan : « Tout érudit ayant un fils et un petit-fils érudit peut être assuré que la Torah ne quittera jamais sa descendance. » Les Tosfot, commentant le traité Kétouvot (65b), nuancent cette assertion en précisant qu’elle n’est valable que dans le cas où les années de vie des trois générations se recoupent.

Dans son ouvrage Na’hal Yéhouda, Rabbi Yéhouda Gaz zatsal fait remarquer que cette affirmation de Rabbi Yo’hanan se trouve allusivement évoquée à travers les versets mentionnant les noms des pierres du ‘hochen. Le mot évèn (pierreries) correspond aux initiales des mots av (père), ben (fils) et nékhed (petit-fils), tandis qu’en modifiant l’ordre des lettres de l’expression oumiléta vo (tu le garniras), on obtient vélibo émèt, signifiant son cœur est vérité, celle-ci se référant à la Torah.

Dès lors, les mots oumiléta vo milouat évèn (tu le garniras de pierreries enchâssées) prennent tout leur sens : les deux premiers termes renvoient à celui dont la vérité, c’est-à-dire la Torah, habite le cœur, tandis que les deux derniers font allusion au fait que la Torah emplit le évèn, autrement dit, père, fils et petit-fils, soit trois générations successives.

Quant aux versets suivants, ils recèlent l’enseignement des Tosfot selon lequel les années de ces trois générations doivent se recouper : « (…) formant quatre rangées. Sur une rangée : un rubis, une topaze et une émeraude, première rangée. » Autrement dit, si l’on désire que la Torah soit léguée à la quatrième génération, il faut que les trois précédentes aient vécu ensemble, à l’image d’une rangée dont les pierres sont disposées les unes à côté des autres. Le cas échéant, la prochaine rangée sera fidèle à la précédente : « Un nokef, un saphir et un diamant », et ainsi de suite.

LA PARACHA SOUS UN NOUVEL ANGLE

L’allumage du candélabre au Temple nécessitait « une huile pure d’olives concassées » (Chémot 27, 20). Pour parvenir à ce résultat, les olives devaient passer par un long processus de purification : on les coupait et les écrasait au moyen de coups.

Certes, elles subissaient un traitement dur, on les concassait de manière peu délicate, mais quel était le résultat final ? Elles devenaient meilleures, plus raffinées et on pouvait en faire de l’huile pure, apte à l’allumage du candélabre. En outre, elle serait également utilisée pour oindre tous les ustensiles du sanctuaire, ainsi que le Cohen gadol et le roi.

Or, affirme Rabbi Réouven Elbaz chelita, il en est de même concernant l’homme. Il lui arrive parfois de devoir subir des coups, mais ceux-ci ont pour but de l’élever et de le rendre meilleur. Aussi, ne devons-nous pas tomber dans le désespoir après une chute, car elle est justement le signe que l’Eternel désire de nous et va bientôt nous rehausser.

Un jour, alors que le ‘Hafets ‘Haïm était en train de monter un escalier, il glissa sur une épluchure et tomba. Des spectateurs stupides, ignorant l’identité du Sage, ricanèrent de la scène. Ce dernier se leva et, constatant ce groupe de moqueurs, s’emplit de joie.

Ses élèves, surpris, le questionnèrent à ce sujet. Il leur expliqua alors : « Aujourd’hui, j’ai reçu un cadeau du Ciel : des gens se sont moqués de moi quand je suis tombé dans la rue. Cette peine représente une grande expiation. Comment ne m’en réjouirais-je pas ? »

Que cette anecdote nous serve de leçon ! Dans le même esprit, il est raconté que, lorsque Rabbi Chlomké de Zwil zatsal habitait à Jérusalem, il avait l’habitude de se rendre quotidiennement au Kotel. Une fois, il voulut en revenir par Chaar Chékhem, chemin qui ne le confronterait pas à des visions interdites. Mais, son accompagnateur, Rav Eliahou Rata zatsal, souligna qu’il était préférable de passer par Chaar Haachpot, car c’était moins dangereux.

Cependant, il campa sur sa position. Lorsqu’ils passèrent par Chaar Chékhem, un Arabe frappa violemment le Rav d’un coup de poing. Son bedeau lui dit : « Constate ce qui nous est arrivé… », sous-entendant qu’il eût été préférable de suivre son conseil. Le Rabbi lui répondit : « J’ai appris de mes ancêtres que, quand un Juif reçoit un coup aussitôt après avoir terminé de prier, c’est le signe que sa prière a été agréée par le Maître du monde. » Puis il conclut : « Il vaut mieux recevoir un coup sur son corps [par un Arabe] qu’un coup à son âme [par une vision interdite]. »

D’où le sens profond de notre verset, « Une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire » : si, après la prière, on est « concassé », on reçoit des coups, cela signifie que c’est « pour le luminaire », que l’Eternel éclaire Sa face vers nous, agréant notre prière.

Ainsi, affirme Rabbi Chlomké, lorsqu’un homme prie et supplie le Créateur de lui accorder une certaine chose et, peu après, obtient le contraire de ce qu’il avait demandé, c’est la preuve que sa prière a été acceptée – par exemple quand il prie pour la guérison d’un malade et apprend ensuite que sa situation s’est aggravée. A l’inverse, s’il observe immédiatement le salut, il n’est pas certain que celui-ci se maintiendra.

Cette idée se retrouve aussi dans notre verset : si un homme parvient à prier avec ferveur, comme le suggère l’huile pure d’olives, puis, à l’image des olives concassées, a le sentiment de recevoir un coup quand l’Eternel lui répond par le contraire de sa demande, il doit savoir qu’en réalité, tout ce processus n’a pour but que d’éclairer – à l’instar du candélabre. En effet, sa prière a été agréée et est parvenue au trône céleste, tandis que le salut est très proche.

 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan