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Parachat Vayikra

28 Mars 2020

ג' ניסן התש"ף

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 18h56 20h04 20h53
Lyon 18h44 19h49 20h35
Marseille 18h41 19h44 20h28
Ra'anana 17h36 18h34 19h11
Jerusalem 17h20 18h33 19h09

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Les sacrifices, une leçon de dévouement

Rabbi David Hanania Pinto

« Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : “Si quelqu’un d’entre vous veut présenter au Seigneur une offrande de bétail, c’est dans le gros ou le menu bétail que vous pourrez choisir votre offrande.” » (Vayikra 1, 2)

Le Saint béni soit-Il se révéla à Moché dans la tente d’assignation pour lui demander d’ordonner aux enfants d’Israël d’apporter des sacrifices. A priori, il aurait été logique que l’homme lui-même doive faire le sacrifice de sa vie pour voir ses péchés expiés. Mais, dans Sa Miséricorde, l’Eternel lui demande d’apporter une bête à sa place. Toutefois, il lui appartient de percevoir le message sous-jacent : à l’instar de l’animal sacrifié et consumé sur l’autel, il doit être prêt à se sacrifier pour le Créateur. Cependant, si l’on peut mener une bête vers l’abattoir, de gré ou de force, il demeure impossible de contraindre un homme, animé de volontés propres et disposant du libre arbitre, à se sacrifier pour D.ieu.

S’il en est ainsi, comment l’homme peut-il parvenir à ressentir une profonde volonté de se sacrifier pour son Créateur ? La position du Ramban relative au but des sacrifices nous éclaircit à ce sujet. Il explique qu’ils visaient à susciter la réflexion de l’homme qui, constatant le traitement subi par l’animal sacrifié, réalisait ce qu’aurait dû être son propre sort, en raison de ses péchés. Il comprenait ensuite que l’Eternel, dans Sa grande Miséricorde, désirait l’épargner de tels châtiments, infligés à l’animal en guise d’expiation. La vision de l’abattage de la bête et de l’aspersion de son sang faisait naître en l’homme des pensées de contrition, ainsi qu’un désir ardent de trouver grâce aux yeux du Tout-Puissant afin d’éviter de devoir connaître le même sort que cet animal.

Depuis la destruction du Temple, notre devoir de sacrifier notre volonté devant celle de D.ieu est d’autant plus importante que nous ne disposons plus de sacrifices pour obtenir l’expiation de nos péchés. Bien souvent, à force d’accomplir une certaine mitsva, on en vient à l’exécuter de façon automatique sans y investir le moindre sentiment d’amour. Malheureusement, dans une telle situation, la mitsva n’est pas en mesure d’atteindre l’effet escompté, puisqu’elle ne procure pas de satisfaction à notre Créateur.

Néanmoins, « D.ieu mène l’homme dans la voie qu’il désire emprunter » et « quiconque veut se purifier bénéficie de l’aide divine ». Lorsque le Saint béni soit-Il décèle en l’homme une aspiration à se sacrifier pour Lui, Sa Torah et Ses mitsvot, Il lui octroie une bénédiction particulière lui permettant de transcrire ses ambitions pures en actes et de poursuivre dans cette voie. 

Nous entamons l’étude de la Torah des jeunes enfants par la section de Vayikra, traitant des sacrifices. Au regard de la difficulté du sujet, il aurait semblé plus logique de débuter avec le livre de Béréchit, décrivant la création du monde et le comportement de nos ancêtres. Mais, ce choix est dû aux qualités de naïveté et de pureté propres aux jeunes enfants et les poussant à se sacrifier pour ce qui leur est cher, comme un petit bonbon. Nos Sages ont voulu utiliser cet élan naturel de dévouement et l’orienter vers le service divin, en les éduquant à vivre dans une optique de sacrifice de soi visant à la sanctification du Nom divin. La description de tout le protocole des sacrifices nous permettant de réaliser quel aurait normalement dû être notre sort, ce sujet est le plus apte à éveiller notre sensibilité au dévouement ; l’enseignement précoce de ce thème permet donc à l’enfant d’acquérir naturellement l’habitude de se plier à la volonté divine.

Par ailleurs, notons la réduction de la lettre Aleph du terme vayikra. Elle nous enseigne notre devoir de prendre exemple du comportement des plus jeunes d’entre nous. De même que les enfants sont prêts, dans leur pureté, à se sacrifier pour une quelconque sucrerie, il nous incombe de nous habituer à nous dévouer pour l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot.

Tout être humain a été créé pour remplir une mission donnée. Cependant, de quelle manière l’homme peut-il déterminer celle constituant sa raison d’être ? Comment discerner laquelle des épreuves variées pavant ce monde lui a été réservée en tant que moyen lui permettant de remplir sa mission ? Il semble que l’homme doive investir le plus d’efforts dans les domaines de son service divin où il éprouve de réelles difficultés. Par exemple, il est très probable que quelqu’un ayant du mal à se lever de bonne heure le matin, pour aller prier à la synagogue, a précisément pour mission de se travailler sur ce point, l’Eternel lui rendant ceci difficile afin de le tester. Si cet individu parvient, en dépit de sa résistance naturelle, à se maîtriser pour se vouer pleinement à la prière, il aura rempli sa mission dans ce monde.

Si l’on considère la vie en général, on constatera bien vite qu’elle est parsemée de calamités et d’épreuves. Or, personne ne peut prétendre en être à l’abri et nul ne sait quand le malheur risque de le frapper lui-même ou l’un de ses proches parents, que D.ieu nous en préserve. Par conséquent, chacun a l’obligation de réfléchir afin de déterminer ses points faibles dans le service divin, de sorte à pouvoir s’améliorer, se renforcer et aller même jusqu’à se sacrifier dans ces domaines-là. En outre, l’homme qui s’efforce de satisfaire la volonté de son Créateur, en cherchant perpétuellement à remplir sa mission personnelle, bénéficiera d’une assistance et d’une protection divines particulières.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Une croix à cet endroit !

Je fus une fois invité dans la demeure d’un Juif extrêmement fortuné. En visitant l’imposante résidence, qu’il conviendrait davantage d’appeler « palais », je remarquai que les murs étaient ornés de toiles d’artistes célèbres, dont chacune devait valoir une fortune. Tout ce luxe dans les moindres recoins témoignait ostensiblement de la richesse considérable du maître de céans. Pourtant, en dépit de ce raffinement extrême, je ne ressentis pas la moindre sainteté en ces lieux.

Enfin, mon hôte m’introduisit dans une pièce somptueusement meublée et décorée, qui abritait une arche sainte entièrement tapissée d’argent. À son aspect extérieur, il était évident que cette œuvre d’art avait coûté une fortune, ce qui me fut confirmé quand il l’ouvrit : une dizaine de rouleaux de Torah y étaient rangés dans leurs splendides étuis !

Je restai quelques instants sans voix face à une telle vision, mais je remarquai soudain un tableau avec une croix, posé à côté de l’arche sainte.

« Qu’est-ce que c’est ? lui demandai-je, interloqué. C’est de l’idolâtrie !

– C’est juste un tableau, répliqua-t-il. Je n’y accorde aucune importance et ne le considère certainement pas comme un objet de culte. »

Choqué par sa réponse, je le réprimandai sans détour pour avoir introduit chez lui ce symbole idolâtre, qu’il avait en plus eu l’audace de placer si près de l’arche sainte.

En sortant de chez lui, je me fis la réflexion que cet homme avait pu arriver à une telle aberration, car il n’avait jamais recherché la Vérité, ni fourni d’efforts dans le service divin. Se contentant du fait qu’il accomplissait certaines mitsvot, comme le Chabbat et la cacheroute, et que ses enfants étaient mariés à des Juifs, il agissait d’après sa propre réflexion, ce qui le mena à une telle contradiction – celle d’avoir une arche sainte regorgeant de nombreux rouleaux de Torah et, juste à côté, un symbole d’idolâtrie ostensible.

En vérité, il manquait dans la vie de cet homme l’essentiel : la volonté de persévérer dans le service divin, dans l’esprit de l’adage : « Tu as cherché et trouvé, c’est plausible. » Si ce Juif s’était efforcé de parvenir à la vérité pure, il n’en serait certainement pas arrivé à une telle incohérence. Car celui qui recherche la vérité à l’état pur se voit aidé par le Ciel et parvient à découvrir la lumière de la Torah. Par contre, sans fournir d’efforts, il est impossible de progresser dans le service divin.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Ce peuple, Je l’ai formé pour Moi (…). » (Yéchaya chap. 43)

Lien avec la paracha : la haftara parle de l’époque du roi A’haz, qui ferma les portes du Temple afin d’empêcher que le service y soit accompli, tandis que la paracha évoque les lois relatives à l’apport des sacrifices.

CHEMIRAT HALACHONE

Pas non plus à sa femme

L’interdit de raconter de la médisance s’applique aussi bien à des étrangers qu’à des proches ou même à sa femme, à moins qu’il s’agisse d’une information qui lui sera utile à l’avenir et dont il faut donc lui faire part.

Par exemple, si elle risque de vendre de la marchandise à crédit à des gens malhonnêtes, il sera nécessaire de la prévenir de la nature de ces personnes, afin d’éviter qu’elle leur accorde cet avantage, sans quoi elle aurait des difficultés à récupérer son argent.

PAROLES DE TSADIKIM

La pureté des enfants juifs

Nous avons l’habitude de commencer l’apprentissage de la Torah aux jeunes enfants par le livre de Vayikra, afin que, comme le disent nos Sages, « les purs viennent pour se pencher sur les sujets ayant trait à la pureté ».

Rapportons les merveilleuses paroles de Rav Arié Chakhter zatsal à ce sujet :

« Grâce à D.ieu, dans notre génération, l’étude de la Torah se renforce. Des enfants de six ans connaissent déjà le livre de Béréchit. A l’âge de neuf ans, ils maîtrisent les cinq livres de la Torah. Nos enfants sont très forts. J’ai déjà plusieurs fois assisté au sioum de mes petits-enfants et je suis chaque fois surpris et émerveillé par les vastes connaissances des jeunes de notre génération.

« J’ai entendu parler d’une méthode d’enseignement, conçue par Rav Yossef Helprin zatsal, avec laquelle on explique aux élèves toutes les lois de mouktsé en quatre cours. Après cela, on leur apprend les halakhot complexes des mélakhot borer (trier) et mévachel (cuire), que les enfants intègrent parfaitement. Ils savent ensuite exactement ce qui est permis et ce qui est interdit. Quant aux petits de trois ou quatre ans, ils arrivent déjà à se garder de dire de la médisance !

« Et qu’en est-il des enfants de nos frères éloignés de la pratique du judaïsme ? Ceux s’étant installés en Diaspora ne sont pas prêts à ce que leurs enfants se détachent complètement de notre peuple et épousent des non-juives, à D.ieu ne plaise. Une grande partie d’entre eux sont conscients que, s’ils désirent que leurs enfants soient bien éduqués, ils doivent les envoyer dans des établissements juifs. La vision d’une Maman non religieuse marchant avec un enfant portant une kipa et ayant des péot n’est plus rare…

« Dans les générations passées, le public orthodoxe n’était pas si important. A l’époque où mes sœurs se sont mariées, les filles avaient honte d’épouser un ba’hour étudiant la Torah. La première question posée pour les chidoukhim était “Que fait le jeune homme ? Quel est son gagne-pain ?” Qui envisageait alors le parti d’un ben Torah ?

« Lorsque ma grande sœur fut en âge de se marier, un chadkhan dit à mon père : “J’ai trois propositions à vous faire, mais l’un d’entre eux est un fou.” Mon père, qui était intelligent, lui demanda ce qu’il désirait signifier. Il expliqua : “Il s’agit d’un jeune homme désirant étudier toute sa vie. De quoi vivra-t-il ?” Mon père, animé d’une grande crainte du Ciel et chérissant la Torah, reprit : “C’est un fou de ce type que je recherche !” Et il mérita qu’il devienne son gendre, puisque ma sœur devint l’épouse du futur président du tribunal rabbinique, Rabbi Moché Sternburg chelita.

« Quel sacrifice cela exigeait-il pour ma sœur ! Grâce au profond amour pour la Torah ancré en elle, elle œuvra avec dévouement pour la publication de ses ouvrages, déchiffrant ses écrits de Torah pour ensuite les taper et les vendre. En outre, elle assumait la bonne marche de leur foyer et l’éducation de leurs enfants, afin que son mari puisse se consacrer pleinement à l’étude.

« Aujourd’hui, les personnes se vouant à l’étude de la Torah sont considérées avec la plus haute estime. Quels parents ne désirent pas un gendre érudit ?

« C’est une génération avide de Torah. Le soir de Pourim, les synagogues sont emplies de pères et de fils assis ensemble pour étudier. Dans la Yéchiva de Mordékhaï hatsadik, des milliers d’enfants participent, avec leurs papas, à l’étude du soir et de la journée de Pourim.

« De nouveaux cours de Torah ouvrent chaque jour. Grâce à une ‘havrouta fixée par téléphone avec un avrekh, des gens n’ayant jamais étudié ont la possibilité de devenir de véritables érudits, de même que des retraités qui, auparavant, arrivaient à peine à lire Rachi.

« De quelle génération s’agit-il donc ? De celle précédant la venue du Machia’h ! »

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

L’appel de D.ieu à l’homme

« L’Eternel appela Moché et lui parla de la Tente d’assignation en ces termes. » (Vayikra 1, 1)

Le terme éponyme de notre section, vayikra, figurant dans son incipit, est écrit avec un petit Aleph. Pourquoi cette lettre a-t-elle été réduite ?

Penchons-nous sur le commentaire de Rachi : « “Vayikra” : cela exprime l’affection. C’est le terme dont les anges de service font usage, comme il est dit : “Un ange appelle l’autre.” (Yéchaya 6, 3) Mais, aux prophètes des nations, D.ieu se révéla en un terme de rencontre fortuite et d’impureté, comme il est dit : “D.ieu se présenta fortuitement à Bilam.” (Bamidbar 23, 4) »

Le fait que les anges emploient le mot vayikra lui octroie une certaine importance. Seuls les prophètes de l’Eternel méritèrent un appel divin de ce rang, tandis que ceux des nations, d’un niveau bien inférieur au regard de leur impureté, furent appelés de manière fortuite – vayikar.

Or, Moché, dans son extrême humilité, ne pouvait accepter l’idée que le Saint béni soit-Il s’adresse à lui dans le langage des anges. Il ne parvenait pas à concevoir que de tels égards lui étaient réservés. Aussi, demanda-t-il que la lettre Aleph du mot vayikra soit écrite en petit, afin que les générations à venir ne pensent pas qu’il était digne d’un appel divin exprimant la grandeur et l’affection, mais avait simplement reçu un appel fortuit – vayikar (vayikra sans le Aleph).

Ajoutons que le mot vayikra, ayant le sens d’un appel, laisse entendre que, lorsque l’homme se lie au Créateur en adhérant à Sa Torah et à Ses mitsvot, en retour, Il se lie à lui et l’appelle à venir à Ses côtés pour étudier la Torah.

Comme l’enseignent nos Sages (Tana debé Eliahou Rabba 13), après cent vingt ans, toutes les âmes des justes entourent le trône de gloire divin et étudient la Torah avec le Très-Haut. Lorsque l’homme se lie ainsi au Saint béni soit-Il par le biais de la Torah, il accomplit les célèbres mots du Zohar (II 90b) : « Le peuple juif, la Torah et le Saint béni soit-Il forment une seule entité. »

PERLES SUR LA PARACHA

Une modestie indéfectible

« L’Eternel appela Moché. » (Vayikra 1, 1)

Comme l’explique Rabbi Bonim de Parchis’ha zatsal, le petit Aleph du mot vayikra est porteur d’une signification profonde. Bien que Moché se hissât au plus haut degré spirituel, il n’en fit pas grand cas, mais resta extrêmement humble. De même qu’un homme parvenu au sommet d’une montagne ne s’enorgueillit pas de sa hauteur, conscient qu’elle est simplement due à l’altitude à laquelle il se trouve, Moché savait que sa grandeur lui provenait de l’Eternel.

Il s’interroge ensuite sur l’affirmation faite à propos de D.ieu : « Il abaisse les superbes jusqu’à terre et relève les humbles jusqu’aux cieux. » Si l’Eternel abaisse les orgueilleux, ils deviendront humbles et, conséquemment, Il les élèvera ensuite, si bien qu’ils redeviendront arrogants. Ce scénario se répétera alors en boucle sans fin ! En réalité, cela ne se passe pas ainsi, car, même à la porte de la géhenne, le mécréant ne se repent pas ; aussi, quand D.ieu le rabaisse, il reste néanmoins orgueilleux. Quant au juste, lorsque le Saint béni soit-Il l’élève, il persiste dans son humilité, à l’instar de notre Maître Moché, comme nous l’apprend la réduction de la lettre Aleph.

La sévérité des mauvaises pensées

« Alors le pontife fera fumer le tout sur l’autel comme holocauste, combustion d’une odeur agréable au Seigneur. » (Vayikra 1, 9)

Pourquoi l’holocauste devait-il être entièrement brûlé, contrairement au sacrifice expiatoire ? L’auteur du Imré Chéfer l’explique par le fait que l’holocauste expiait les mauvaises pensées, plus graves que le péché lui-même. L’auteur du Akéda affirme à cet égard que celui ayant eu de mauvaises pensées et reniant leur caractère répréhensible tire un trait définitif sur ce commandement, tandis que celui qui faute sans avoir eu de mauvaises pensées, mais uniquement suite aux incitations de son mauvais penchant, ne récidivera pas forcément.

C’est pourquoi l’holocauste, expiant les mauvaises pensées, devait être entièrement brûlé, en allusion à l’extrême gravité du péché de cet homme qui, normalement, aurait lui-même mérité ce sort. Par contre, le sacrifice expiatoire, venant absoudre des actes condamnables, d’une moindre gravité, n’était consumé que partiellement, en rappel aux souffrances mesurées qu’auraient méritées le fauteur et visant à éradiquer de lui tout péché.

Le miel, permis juste au début

« Car nulle espèce de levain ni de miel ne doit fumer. » (Vayikra 2, 11)

Le levain symbolise le mauvais penchant, et le miel les désirs.

Le Kli Yakar explique que ces deux ingrédients ne pouvaient être fumés en combustion pour l’Eternel, mais uniquement Lui être apportés en tant qu’« offrande de prémices ». Au départ, lorsque l’homme cherche à s’habituer à servir son Créateur, il lui est permis d’avoir recours à des mobiles personnels, dans l’esprit de l’enseignement de nos Sages : « Que l’homme s’implique toujours dans la Torah et les mitsvot, serait-ce de manière intéressée, car, à force d’agir ainsi, il en viendra à le faire de manière désintéressée. »

Les pensées du pauvre

« Que si ses moyens ne suffisent pas pour l’achat d’une menue bête. » (Vayikra 5, 7)

Quand un riche fautait, il devait apporter uniquement un sacrifice expiatoire, alors qu’un pauvre ayant commis un péché avait, en plus, l’obligation d’apporter un holocauste. Comment expliquer cette nécessité, alors que ce dernier disposait de peu de moyens ?

Dans son ouvrage Pné David, le ‘Hida explique qu’au moment où le pauvre apportait son modeste sacrifice, il pouvait arriver que, éprouvant de la honte de ne pouvoir en offrir un plus conséquent comme le riche, il eût de la rancœur contre D.ieu qui l’avait défavorisé. Aussi, la Torah lui impose-t-elle également l’apport d’un holocauste, afin d’expier ces pensées répréhensibles.

LA PARACHA SOUS UN NOUVEL ANGLE

Le troisième livre de la Torah, Vayikra, a été intitulé ainsi en écho à l’appel divin adressé à Moché. Cet appel particulier dont il a bénéficié a fait couler beaucoup d’encre chez les commentateurs. Nous nous concentrerons ici sur l’interprétation donnée par nos Maîtres dans le Midrach Rabba (Vayikra 1, 6) :

« Rabbi Tan’houma cite en préambule : “Il existe de l’or, une quantité de perles fines ; mais la parure précieuse [entre toutes], ce sont les lèvres intelligentes.” (Michlé 20, 15) Généralement, un homme possède de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, des perles et tout autre bien désirable de ce monde, mais le bien véritable et l’intelligence lui font défaut. Qu’a-t-il donc ? Il est dit : “Tu as acquis de l’intelligence, de quoi manques-tu ? Tu manques d’intelligence, qu’as-tu acquis ?” “Il existe de l’or” : tous apportèrent des dons en or pour le tabernacle, comme il est dit : “Et voici l’offrande.” (Chémot 25, 3) “Une quantité de perles fines” : c’est le don des princes de tribus, comme il est écrit : “Quant aux phylarques, ils apportèrent.” (Ibid 35, 27) “Mais la parure précieuse, ce sont les lèvres intelligentes” : Moché étant peiné de ne pas avoir pu participer aux dons du tabernacle, comme tous les autres, le Saint béni soit-Il lui dit : “Je te jure que te parler M’est plus cher que tout.” Car, parmi tous, Il n’adressa la parole qu’à Moché. »

Aux yeux des hommes étudiant la Torah, ses paroles, celles de l’Eternel, sont plus précieuses que l’or fin, que des milliards de dinars et que les pierres précieuses. Animés d’un profond amour pour la Torah, ils rejettent derrière eux tout ce qui a trait à ce monde et se plongent dans les débats de Torah et de halakha. Le temps ne saurait suffire pour décrire l’intensité de cet amour. Néanmoins, nous allons rapporter quelques anecdotes d’une grande figure de notre époque incarnant cet idéal, Rabbénou Ovadia Yossef zatsal, afin d’avoir une petite idée de son immense amour pour les paroles de D.ieu.

L’auteur de l’ouvrage Chalhévèt Yossef ‘Haï raconte qu’en l’an 5731, Rabbénou se rendit à la Yéchiva Hanéguev pour donner un chiour klali. Au terme de celui-ci, Rabbénou, accompagné du Roch Yéchiva de Hanéguev, alla chez le Baba Salé zatsal, qui le reçut avec tous les égards.

Le Baba Salé lui dit : « Depuis de nombreuses années, j’attendais de voir votre honneur. J’ai étudié votre ouvrage Yabïa Omer quand j’habitais encore au Maroc. Je vous demande maintenant de bien vouloir vous attarder chez moi pour un repas, grâce auquel nous accélérerons la venue du Machia’h, car “de la joie des érudits, découle la délivrance”. »

Mais Rav Ovadia lui répondit, tout en s’excusant : « Je suis désolé de ne pouvoir m’attarder, car un grand public m’attend à Bné-Brak pour un cours ; un érudit est encore plus important que la construction du Temple. »

Rav Its’hak Zilberstein chelita raconte qu’en 5735, il accompagna son beau-père, Rav Yossef Chalom Eliachiv zatsal, pour rendre visite au Rav Ovadia Yossef qui était alité. Rav Eliachiv resta plus qu’il en avait l’habitude et parla également davantage. Lorsqu’ils repartirent, son gendre, surpris, lui demanda pourquoi il ne s’était pas comporté comme à l’accoutumée.

Rav Eliachiv lui expliqua : « Vois donc combien ce Gaon est empli d’amour pour la Torah : il est maintenant alité parce qu’il est monté sur une échelle pour prendre un livre de sa bibliothèque et, en le consultant, il a oublié qu’il était encore sur l’échelle et a voulu courir avec le livre pour mettre à l’écrit le ‘hidouch lui étant venu à l’esprit ; il a alors trébuché, est tombé et s’est blessé. Pour honorer ce géant en Torah, habité d’un tel amour pour elle et l’étudiant avec une assiduité hors pair, au point qu’il oublie ce qu’il est en train de faire, il convenait que je modifie mes habitudes. »

L’histoire suivante est l’une des milliers d’autres illustrant l’assiduité inégalée de Rav Ovadia Yossef. Une année, son père organisa une azkara à la date du décès de sa mère, pour l’élévation de son âme. A l’heure prévue, tous les membres de la famille et connaissances arrivèrent, tandis que Rabbénou se faisait attendre. Comme il n’arrivait toujours pas, ils se mirent à entamer l’étude programmée, dans l’espoir qu’il les rejoindrait par la suite. Or, pour leur plus grande surprise, il n’apparut pas du tout à cette azkara.

Le lendemain, le frère de Rabbénou alla prendre de ses nouvelles et lui demander pourquoi il n’avait pas participé à la réunion de la veille, en faveur de leur mère. Il expliqua alors : « Hier soir, une agouna [femme dont le mari a disparu sans laisser de traces et qui ne peut donc se remarier] m’a demandé si j’avais un moyen de la libérer. Je me suis assis pour étudier ce dossier toute la nuit et, seulement à quatre heures du matin, j’ai terminé d’écrire la réponse. Je suis sûr que j’ai davantage contribué à l’élévation de l’âme de Maman que si j’avais participé à la azkara. »

Lorsque le frère vint rapporter ces propos à leur père, il s’emplit de joie et dit : « Heureuse la mère qui a eu le mérite d’avoir un tel fils ! »

Concluons avec une merveilleuse histoire du même type. Lors de la lévaya de Rav Ovadia, son fils Rav Yossef chelita prononça un éloge funèbre mêlé de larmes, où il témoigna : « Il y a quatorze ans, quand Papa était hospitalisé suite à sa première crise cardiaque, les médecins affirmèrent qu’il fallait lui faire d’urgence un cathétérisme. Mais il refusa et s’y opposa de toutes ses forces, expliquant qu’il devait d’abord rentrer chez lui pour trois heures, suite à quoi il reviendrait pour cette intervention. Nous ne comprenions pas pourquoi. Nous lui demandâmes des explications et il nous dit : “Je suis en train d’écrire un arrêt pour libérer une agouna. Qu’adviendra-t-il d’elle si je ne termine pas ? Si je reste à l’hôpital, je ne sais pas si je vais en sortir. Qui aura alors pitié de cette pauvre femme ?” »   

 

 

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