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Vayichla'h

5 Décembre 2020

י"ט כסלו התשפ"א

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La perpétuelle confrontation de la lumière et de l’obscurité

Rabbi David Hanania Pinto

« Un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aube. » (Béréchit 32, 25)

La lutte de Yaakov contre l’ange tutélaire d’Essav n’a pas encore pris fin. Elle s’est prolongée à travers la guerre des Hasmonéens contre les Grecs, à l’époque de ‘Hanouka, confrontation entre la lumière et l’obscurité. En effet, nos Maîtres interprètent le verset « des ténèbres couvraient la face de l’abîme » en référence à la culture hellénistique, qui chercha à obscurcir les yeux des Juifs et à réduire la lumière de la Torah. Les Hasmonéens les combattirent vigoureusement et redonnèrent à celle-ci ses lettres de gloire.

Or, cette confrontation se poursuit avec force tout au long des générations et ne se terminera qu’avec la venue du Messie, comme le laisse entendre le verset « Un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aube ». Elle s’étendra jusqu’à la levée de l’aube, la révélation de la lumière du Messie. A chaque génération, la culture hellénistique tente, sous une autre forme, de diffuser son opacité spirituelle au sein du peuple juif pour y faire des ravages. Dans notre génération, elle se présente sous la forme du progrès technologique, avec l’accès à l’Internet mis à notre disposition sur des téléphones portables. Il suffit d’appuyer sur un bouton pour être précipité dans un profond abîme. Malheureusement, nombre d’entre nous sont déjà tombés au piège. Il nous incombe donc d’être très vigilants et de lutter constamment contre l’obscurité, afin de nous en préserver et d’éclairer notre âme de la lumière de la vie, c’est-à-dire de la Torah.

Au sujet de ‘Hanouka, le Ran écrit : « D’après certains, ces jours furent appelés ainsi parce qu’ils campèrent (‘hanou) le 25 Kislev. » Notons que, plutôt que de souligner la victoire des Hasmonéens, nos Sages ont nommé cette fête en rappel au jour où ils terminèrent la guerre. Pourquoi ?

J’expliquerai que justement à l’heure où cette guerre prit fin, commença le véritable combat. Certes, ils vainquirent les Grecs et les anéantirent, mais le désastre spirituel causé par ces derniers était encore persistant. La plupart des Juifs s’étaient hellénisés et avaient abandonné la voie de la Torah et, si la guerre à proprement parler était terminée, celle spirituelle venait juste de commencer. Il fallait dorénavant rejeter la culture grecque et réparer ses dommages dans le peuple juif. C’est d’ailleurs pourquoi les Hasmonéens ne célébrèrent pas publiquement cette victoire en dansant et jouant du tambour, conscients qu’il restait encore beaucoup de travail pour purifier leurs frères égarés de l’influence néfaste qu’ils avaient subie.

Aussi, s’empressèrent-ils de chercher de l’huile pure pour allumer le candélabre, symbolisant la lumière de la Torah, de sorte à raviver les âmes juives et les rapprocher de leur Père céleste. Ils trouvèrent alors une petite fiole scellée par le Cohen gadol et, en l’allumant, ils parvinrent à restaurer la lumière de la Torah au sein du peuple juif.

Par ailleurs, le mot ‘hanouka peut être rapproché du mot ‘hinoukh, l’éducation. On a tendance à penser que cette tâche reposant sur les parents ne concerne que les enfants en bas âge. A priori, les plus âgés, qui sont déjà engagés sur la bonne voie, n’ont plus besoin d’être guidés, comme il est dit : « Donne au jeune homme de bonnes habitudes dès le début de sa carrière ; même avancé en âge, il ne s’en écartera point. » (Michlé 22, 6) Pourtant, il faut savoir qu’un Juif a toujours besoin d’être éduqué. Même s’il mène déjà une existence à l’aune de la Torah, il peut encore progresser, et ce, jusqu’à sa vieillesse. Car, l’élévation spirituelle n’a pas de fin et de nouveaux sommets peuvent donc être atteints. Un homme parvenu à un très haut niveau n’a cependant pas atteint la perfection. D’ailleurs, plus on progresse et se rapproche de l’Eternel, plus on réalise ses manquements et le chemin qu’il nous reste encore à parcourir.

Notre manière de procéder à l’allumage des bougies de ‘Hanouka nous livre un précieux enseignement relatif à l’éducation. Le premier jour, nous en allumons une, le second deux et ainsi de suite, amplifiant chaque jour la lumière de la Torah. On veillera à ne pas sauter d’un bond à un niveau spirituel très élevé, car on risquerait bien vite de retomber. On ne se contentera pas non plus de celui déjà atteint, en se reposant sur ses lauriers. Mais, on optera pour une ascension graduelle, avançant doucement et sûrement. On s’efforcera de faire un petit pas de plus au quotidien.

Les Grecs cherchèrent à faire progressivement oublier la Torah du peuple juif. Conscients que nos ancêtres n’accepteraient pas de l’abandonner de but en blanc, ils ne leur ordonnèrent pas immédiatement de quitter les lieux d’étude et de prière. Ils agirent avec ruse, en construisant à proximité de ceux-ci des salles de sport et des théâtres, prétendant les mettre à leur disposition pour qu’ils puissent renforcer leur corps afin de mieux servir l’Eternel. Ainsi, de manière sournoise, ils les attirèrent vers leur culture impure, qui exerça de plus en plus son influence sur eux ; pour finalement les mettre totalement à l’écart de la Torah.

Cette tactique doit être utilisée pour la sainteté et la pureté qu’il nous incombe de renforcer perpétuellement. Avec constance, on ira ainsi de progrès en progrès en raffermissant notre crainte du Ciel et en fixant des moments pour étudier la Torah.

PAROLES DE TSADIKIM

Penser à l’intérêt d’autrui, l’apanage du Juif

Rav Chlomo Zalman Friedman chelita, président du Tribunal rabbinique de Santov, raconte l’histoire suivante qu’il a entendue d’un repenti :

« J’ai été élevé comme un non-juif et je n’ai jamais connu rien d’autre. A un certain âge, j’ai commencé à travailler dans un restaurant tenu par des non-juifs. Un jour, le propriétaire, qui avait prévu de partir quelques jours en vacances, me confia les clés du restaurant et me donna ces instructions : chaque soir, après que les derniers clients seraient partis, je devais tout nettoyer et jeter à la poubelle la nourriture restante.

« Le premier jour, quand je constatai qu’il y avait beaucoup de restes, je me dis qu’il était dommage de les jeter, au lieu d’en faire profiter des gens. Je décidai donc de les distribuer à des nécessiteux.

« Dans la rue du restaurant, de pauvres vieillards avaient l’habitude de se rassembler. Je pris toute la nourriture restante et la leur apportai. Bien entendu, ils furent très heureux de déguster des plats raffinés.

« Cependant, l’un d’entre eux refusa mon offre. Le premier jour, je pensais que c’était un hasard, mais, lorsqu’il eut la même attitude les jours suivants, je l’interrogeai à ce sujet. Pourquoi ne mangeait-il pas, alors que tous le faisaient ? Il ne devait pas avoir honte de recevoir. Il restait tant de nourriture et je préférais lui en donner que la jeter.

« La réponse qu’il me donna provoqua une terrible secousse en moi : “Je ne veux pas profiter de toi, parce que tu es Juif.” Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer. Je lui répondis : “Tu es normal ? Moi, un Juif ? Mes parents ne le sont pas et ce sont eux qui m’ont éduqué. Je suis non-juif. Pourquoi me dis-tu de telles bêtises ?” Mais, l’autre s’entêta et poursuivit : “Ecoute bien, seulement un Juif pense de cette manière, a de la peine de jeter de la nourriture et cherche à en faire profiter les autres.”

« A ces mots, je téléphonai aussitôt à mon père pour lui demander quelles étaient mes origines et si je n’étais pas par hasard juif. Il s’énerva et m’ordonna de cesser de le déranger avec des choses qui n’avaient aucune logique. Quelques jours plus tard, je décidai néanmoins de le rappeler pour insister. Quand j’entendis qu’il commençait à bégayer, je fis pression pour qu’il me dise la vérité et il m’avoua : “Tu es Juif, parce que ta mère l’est.”

« Je fus très choqué. Je comprenais à présent d’où m’était venue cette pensée d’amour gratuit, de pitié pour autrui. Car, comme l’avait défini le vieillard non-juif, seul un Juif éprouve de la compassion pour les autres et aspire à pratiquer de la charité. Depuis ce jour, j’ai entamé un retour aux sources et, après une certaine période, j’ai eu le mérite de me repentir. Aujourd’hui, je suis, grâce à D.ieu, un Juif orthodoxe, très scrupuleux dans l’observance des mitsvot. »

Il en ressort que même un non-juif connaît la particularité du Juif, aimer son prochain gratuitement, sans le moindre calcul.

CHEMIRAT HALACHONE

Dire d’un homme qu’il est un repenti

Evoquer le passé de quelqu’un peut s’apparenter à de la médisance. C’est le cas si celui qui émet ces propos ou son auditeur considère ce fait passé comme du blâme, même si ce n’en est pas.

Nos Maîtres nous enseignent : « Là où les repentis se tiennent, les justes parfaits ne peuvent se tenir. » (Brakhot 34b) Le fait d’être un baal téchouva n’est donc pas du tout condamnable, bien au contraire. Toutefois, il est interdit de raconter d’un individu qu’il l’est, si on a du mépris, ou son auditeur, pour de telles personnes.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Vision d’Ovadia (…). » (Ovadia chap. 1)

Certains Achkénazes lisent pour la haftara : « Oui, Mon peuple se complaît dans sa rébellion contre Moi (…).» (Hochéa chap. 11)

Lien avec la paracha : la haftara dépeint la haine viscérale d’Essav pour Yaakov, sujet longuement développé dans la paracha où Essav sortit à la rencontre de Yaakov, accompagné de quatre cents hommes, dans l’intention de le combattre.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Un rêve inquiétant

Souvent, D.ieu envoie à l’homme différents signes et allusions à travers ses rêves, dans le but de le renforcer dans le service divin. Il lui appartient, dès lors, de comprendre leur signification et de progresser dans son accomplissement de la Torah et des mitsvot.

Ainsi, une femme me raconta qu’elle avait rêvé qu’elle perdait toutes ses dents.

Ce rêve étant connu pour être un mauvais présage (cf. Choul’han Aroukh, Ora’h ‘Haïm 248 :5) pour lequel il convient de jeûner, cette femme me demanda ce qu’elle devait faire et dans quel domaine progresser. Je lui dis d’étudier les lois de pureté familiale et de se renforcer dans leur accomplissement.

Mon interlocutrice se soumit à ma proposition. Mais, l’histoire ne s’arrête pas là. En effet, le rêve se réitéra et, une fois de plus, elle revint me voir, paniquée.

Je tentai à nouveau de lui donner des conseils, mais rien n’y fit : le rêve se répétait en boucle, pour la plus grande frayeur de cette dame. Finalement, je lui suggérai de réfléchir pour parvenir à déterminer seule dans quel domaine elle devait se reprendre. Seulement alors, elle retrouverait la paix intérieure et son rêve cesserait de la tourmenter.

Effectivement, après un certain temps, elle revint me voir pour m’annoncer que, depuis qu’elle avait suivi ce dernier conseil, ce rêve avait totalement cessé de surgir.

Je lui demandai dans quel domaine elle avait concentré ses efforts. « Dans l’amour de la Torah, me répondit-elle. J’ai encouragé mon mari à fixer des moments pour l’étude et je l’envoie chaque soir étudier avec joie et enthousiasme. »

On retrouve ici une idée clé de la Guémara (Brakhot 5a) : « Si l’homme voit qu’il est en proie à des tourments, qu’il examine ses actes, comme il est dit (Eikha 3) : “Examinons nos voies, scrutons-les et revenons vers l’Éternel”. S’il n’y trouve pas de scories, qu’il les attribue à sa négligence dans l’étude de la Torah, comme il est écrit (Téhilim 94) : “Heureux l’homme que Tu redresses et que Tu instruis dans Ta Torah”. »

PERLES SUR LA PARACHA

La haine d’Essav encore persistante

« Yaakov envoya des messagers en avant, vers Essav son frère, au pays de Séir, dans la campagne d’Edom. » (Béréchit 32, 4)

Pourquoi Yaakov envoya-t-il des messagers à Essav pour l’apaiser au sujet du détournement des bénédictions et du droit d’aînesse ? Ces événements dataient de trente-quatre ans plus tôt – le patriarche était resté quatorze ans à la Yéchiva de Chem et Ever et vingt dans le foyer de Lavan – et, entre-temps, la colère de son frère s’était peut-être apaisée.

L’auteur de l’ouvrage Pdé Nafchi explique que Yaakov détenait un signe lui indiquant qu’Essav avait encore des griefs contre lui. Son frère possédait deux terres qu’il avait nommées d’après ces épisodes douloureux : Séir, en rappel au vêtement poilu porté par Yaakov pour se faire passer pour lui devant son père, et Edom, en écho au plat de lentilles, de couleur rouge, qu’il lui a vendu contre le droit d’aînesse.

Notre verset précise « au pays de Séir, dans la campagne d’Edom », afin de souligner ce qui poussa Yaakov à dépêcher des envoyés vers Essav : son animosité encore persistante à son égard.

Le caractère éphémère des jouissances matérielles

« Il remit aux mains de ses esclaves chaque troupeau à part et leur dit : “Passez devant moi et laissez un intervalle entre un troupeau et l’autre.” » (Béréchit 32 ; 17)

Rachi explique : « Laissez un intervalle entre un troupeau et l’autre : pour satisfaire le regard de cet impie et l’impressionner par l’importance du cadeau. »

Rav Yé’hezkel Levenstein – que son mérite nous protège – commente : « Notez ce qui a satisfait le regard de ce mécréant : de l’air, du vide ! De même, les plaisirs de ce monde ne sont qu’illusoires et n’ont aucune consistance.»

Ceci nous permet de comprendre pourquoi nous mettons la main sur les yeux lorsque nous récitons le Chéma : afin de prendre conscience du fait que seule la foi en D.ieu est véridique, alors que tout ce que nos yeux voient correspond à des réalités passagères, fugitives et trompeuses.

Le plus cher à la fin

« Il plaça les servantes avec leurs enfants au premier rang, Léa et ses enfants derrière, Ra’hel et Yossef les derniers. » (Béréchit 32, 2)

Rachi commente : « Le plus cher en dernier. » Autrement dit Yaakov plaça ceux qui lui étaient le plus cher le plus loin d’Essav. Le Rav de Chinouva zatsal demande comment le patriarche put se comporter ainsi, alors que cela semble contredire la loi interdisant de « repousser une personne au profit d’une autre » (Ohalot 8, 6).

L’auteur du Dvar Yé’hezkel répond en s’appuyant sur le principe selon lequel « D.ieu cherche le poursuivi » (Kohélèt 3, 15). D’après le Midrach, même si un juste poursuit un mécréant, D.ieu protégera ce dernier.

Par conséquent, les servantes et leurs enfants étant « poursuivis » par les enfants des épouses principales de Yaakov, il savait qu’ils ne pouvaient encourir aucun mal, du fait que le Saint béni soit-Il les protégeait tout particulièrement. C’est la raison pour laquelle il les plaça en premier. Puis, il les fit suivre par Léa et ses enfants, qui, en vertu de ce même principe, étaient plus exposés au danger qu’eux, mais moins que Ra’hel et son fils. Ces derniers, qui lui étaient le plus cher, furent positionnés tout derrière, car plus on aime quelqu’un, plus on doit le protéger, puisqu’il ne jouit pas de la protection maximale de l’Eternel.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

Le but de la rencontre : un message pour les générations à venir

Yaakov envoya des messagers à Essav et, parallèlement, se prépara à le rencontrer de trois manières – par des cadeaux, la prière et la guerre.

A priori, nous pouvons nous demander pourquoi Yaakov devait rencontrer son frère et se mettre ainsi en danger. Il aurait pu se cacher et poursuivre sa route, plutôt que d’aller à sa rencontre.

Mais, il était important pour Yaakov que ses enfants et tous les membres de sa famille assistent à cette rencontre historique ; il pourrait de la sorte leur transmettre, ainsi qu’aux générations suivantes, un message édifiant : quiconque étudie la Torah n’a pas lieu de craindre la confrontation avec Essav l’impie et ne doit avoir peur de rien. Nos Sages nous enseignent à cet égard que, tant que la voix de Yaakov résonne dans les maisons d’étude, les mains d’Essav demeurent impuissantes. Il voulait donc le rencontrer afin d’être en mesure de démontrer à ses enfants qu’il ne le craignait pas.

Tel est le sens de sa déclaration à Essav : « J’ai séjourné chez Lavan. » (Béréchit 32, 5) Rachi commente : « Et j’ai observé les six cent treize mitsvot, sans me laisser influencer par sa mauvaise conduite. » C’est la raison pour laquelle Yaakov n’avait pas peur d’Essav, comptant sur le pouvoir de la Torah pour le protéger dans sa lutte contre lui, certain que, par ce mérite, il le vaincrait, de même qu’il avait vaincu son ange tutélaire.

Nous en déduisons que, si nous désirons subjuguer notre mauvais penchant, nous devons nous éloigner des jouissances de ce monde et nous sacrifier pour l’étude et l’observance de la Torah, à l’instar de Yaakov. A son sujet, le verset dit : « Yaakov resta (vayivater) seul », où le terme vayivater peut être compris dans le sens de viter, signifiant « il renonça », allusion au fait qu’il renonça à toutes les jouissances terrestres, à ses désirs personnels et resta « seul », c’est-à-dire se distingua des autres nations et de leur culture impure. Il se voua pleinement à l’étude dans la tente de la Torah, dans laquelle il se plongea avec assiduité.

LA PARACHA SOUS UN NOUVEL ANGLE

Le monde dans lequel nous vivons est plein de défis, de buts et de missions. Comme nous pouvons l’observer, tout homme s’affaire dans une activité, tente d’atteindre un certain résultat ou de remplir une tâche. Chacun, du plus commun des mortels au plus doué, ressent qu’il a une fonction à accomplir durant ses années d’existence terrestre.

Au centre des êtres humains, occupés à exécuter leurs besognes respectives, nous nous trouvons nous aussi, membres du peuple élu, enfants du Roi des rois. Proportionnellement aux autres nations du monde, nous ne représentons qu’un modeste groupe. Néanmoins, notre raison d’être, commune, est claire. Tentons de la définir, de souligner le rôle unique qui nous a été confié.

Prendre conscience de ce rôle est d’une importance cruciale. Personne ne désire gaspiller ses années de vie sans savoir pourquoi il est venu sur terre, sans connaître la tâche qu’il est supposé réaliser.

Rav Acher Kovalsky chelita donne la parabole d’un individu se présentant à une interview d’embauche. Il cherche avant tout à savoir ce que le patron attend de lui, de quel rôle il désire le charger, afin de pouvoir, le cas échéant, lui donner entière satisfaction en se concentrant sur sa fonction de manière optimale, sans s’occuper de tout le reste. En l’absence de ces informations de base, il serait incapable de s’acquitter de sa tâche.

C’est la raison pour laquelle nous aspirons tous à connaître notre tâche, afin d’être en mesure de l’exécuter au mieux, de diriger les moindres de nos actes routiniers vers ce but suprême. Quelle est-elle donc ?

Tout Juif a un rôle précis que le Créateur lui a réservé à lui seul. Mais, nous avons également une mission commune : nous plier à la volonté divine, agir de manière à procurer le contentement et la joie de notre Père céleste. Quels que soient notre âge, notre statut social et notre occupation, que nous travaillions ou étudiions, il nous incombe à tout moment et en toute circonstance de satisfaire notre Créateur.

Une fois notre mission définie, nous devons diriger vers elle l’ensemble de nos gestes. De la sorte, nous les sanctifions, les ornons d’une aura spirituelle. Même lorsque nous mangeons, dormons ou pratiquons une autre activité physique, si nous le faisons afin de trouver l’agrément de l’Eternel et de nous rapprocher de Lui, nous octroyons une dimension spirituelle à ces actes.

Telle est justement la profondeur dissimulée dans la célèbre déclaration de Yaakov à Essav : « J’ai séjourné chez Lavan. » Nos Maîtres commentent : « Et j’ai observé les six cent treize mitsvot, sans me laisser influencer par sa mauvaise conduite. » Pourtant, aurait-on pensé que cet impie fût parvenu à entraîner l’élite des patriarches dans sa mauvaise voie et à le détourner du droit chemin ?

Mais, à travers ces mots, Yaakov nous transmet un message fondamental. Il vécut avec Lavan, coexista avec lui dans le même foyer, s’occupa du bétail, tout comme lui. Tous deux accomplirent les mêmes actes. Cependant, tandis que ceux de Lavan visaient à servir ses besoins personnels, ceux du patriarche avaient une autre fin, bien plus élevée, celle de remplir sa raison d’être.

Le meilleur investissement

Un Juif nanti entra dans la modeste demeure de Rav Aharon Leib Steinmann zatsal. Constatant le délabrement de son vieil intérieur, l’extrême pauvreté que respiraient les murs et le rudimentaire lit du Rav, qui semblait bien l’avoir accompagné au cours de plusieurs décennies, il ne put se retenir de lui faire cette généreuse proposition : « Vénéré Rav, veuillez bien séjourner pour quelques jours dans un autre appartement et, pendant ce temps, je me charge d’entreprendre tous les travaux de restauration nécessaires, de changer votre logement en une résidence de luxe, comme il sied à l’honneur d’un dirigeant spirituel de notre génération. »

Le Sage sourit. Ce n’était pas la première fois qu’un homme aisé, surpris par la simplicité de son logis, lui faisait une offre de cette nature. Il invita son visiteur, célèbre expert-comptable, à prendre place à ses côtés, puis lui demanda : « En tant que doyen expert-comptable, répondez donc à ma question. Si on me propose une affaire de laquelle je pourrai retirer 10 % d’intérêts et une autre de laquelle j’en retirerai 100 %, laquelle m’est-il préférable de choisir ? »

Ne voyant pas où il voulait en venir, l’autre répondit : « C’est évident : celle qui vous rapporte 100 % d’intérêts.»

« C’est justement ce que je fais, poursuivit le Tsadik. Investir dans des travaux de réparation dans l’habitation où je passe quelques courtes années d’existence sur terre ne rapporte pas suffisamment pour que cela m’en vaille la peine. C’est pourquoi je ne m’investis que dans les affaires spirituelles, desquelles je pourrai retirer 100 % d’intérêts – la vie éternelle. » 

 

 

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