Vayéchev 12 Décembre 2020 כ"ו כסלו התשפ"א |
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La vigilance dans l’éducation des enfants
Rabbi David Hanania Pinto
La paracha de Vayéchev, qui tombe toujours dans la période de ‘Hanouka, nous livre un message propre à ces jours saints. Si l’on se penche sur l’histoire de notre peuple à l’époque de la domination des Grecs, il apparaîtra que la plupart de nos ancêtres se laissèrent influencer par leur culture et s’hellénisèrent. Ces impies parvinrent presque totalement à exécuter leurs mauvais desseins, à effacer la Torah de notre sein. Seule une poignée de Juifs réussit à résister au courant et à rester fidèle à l’Eternel.
Comment comprendre que dans la ville sainte, à l’époque du Temple où les enfants d’Israël avaient le mérite d’assister au service des Cohanim et des Lévites et voyaient de leurs propres yeux les dix miracles quotidiens qui s’y déroulaient (cf. Avot 5, 7), tant de nos frères subirent l’ascendant néfaste des Grecs ?
La tactique pernicieuse de ces derniers nous livrera le secret de leur succès. Ils ne leur ordonnèrent pas subitement de cesser de respecter le Chabbat et les autres mitsvot fondamentales du judaïsme, mais commencèrent par leur proposer de petites distractions, comme celles offertes dans les salles de sport, par divers jeux ou compétitions. Du fait qu’elles ne comportaient rien d’immoral, le Juif moyen ne vit pas l’inconvénient d’en profiter.
Les parents juifs, qui ne décelèrent pas le piège que cela représentait, envoyèrent en toute sérénité leurs enfants en ces lieux. Mais, ils ne réalisèrent pas que si ces activités, en elles-mêmes, n’avaient rien de répréhensible ou d’interdit, les personnes qui les dirigeaient n’étaient pas les plus recommandables. Leur fréquentation était à éviter. Ils ne prirent pas conscience du grand risque de confier leurs enfants à des individus pleins de vices et dont la conception du monde était en contradiction totale avec celle de la Torah. Il était pourtant évident que de jeunes enfants absorberaient leur culture corrompue, qui s’ancrerait en eux au point de les déraciner des valeurs de la Torah à l’aune desquelles ils avaient été élevés.
J’ai pensé que telle est la signification profonde du jeu de la toupie, que nous avons l’habitude de faire tourner à ‘Hanouka. Son but est de nous rappeler que les Grecs tournèrent, si l’on peut dire, la conception juive du monde, en nous détournant du droit chemin, à l’image de la toupie qui commence à pivoter à un point précis et termine son parcours ailleurs.
Au départ, les Grecs abordèrent nos ancêtres en leur proposant, pour leurs enfants, diverses activités a priori inoffensives du point de vue spirituel. Cependant, par ce biais, ils leur transmirent leur philosophie hérétique et impure. Naïvement, les Juifs simples ne prêtèrent pas attention au piège qu’ils leur tendaient ainsi. Malheureusement, ils ne se rendirent compte de leur erreur qu’une fois que le mal avait été fait : leurs ennemis avaient réussi à éteindre toute étincelle de judaïsme et de Torah du cœur de leurs enfants.
PAROLES DE TSADIKIM
L’impact de l’allumage des bougies par un Juif non religieux
« Comment puis-je prouver rapidement à un Juif non religieux l’existence d’un Créateur et la véracité de la Torah?» s’interrogea Rabbi Arié Chakhter zatsal, question qu’il soumit à d’autres grands Maîtres. Un dilemme délicat…
Au sujet de ce type de public, il raconte par ailleurs l’histoire suivante :
« Comme vous le savez peut-être, j’ai prononcé des conférences dans de nombreux séminaires sur les relations interhumaines et la paix conjugale. J’ai l’apparence d’un homme du Moyen-Age, avec une barbe et de longues péot. A une occasion où mon auditoire se composait de Juifs non religieux, ils me fixèrent d’un regard incrédule. “Nous nous sommes sans doute trompés d’adresse, semblaient-ils vouloir dire. Cet orthodoxe nous développerait-il réellement de tels sujets ?”
« Que se passa-t-il finalement ? En moins de cinq minutes, tous les écrans nous séparant étaient déjà tombés. Ils furent passionnés par le sujet et tous leurs préjugés et idées préconçues avaient disparu. L’un des éléments leur ayant permis de s’ouvrir, puis de se repentir, fut leur prise de conscience que, jusqu’à présent, ils vivaient dans l’erreur. Ils n’avaient qu’une connaissance superficielle du judaïsme et des Juifs pratiquants. »
A sa question évoquée en préambule, Rabbi ‘Haïm Greinmann zatsal répond : « Souligne-lui que nous ne représentons qu’un pourcentage insignifiant de l’humanité et, pourtant, l’ensemble de celle-ci parle de nous jour et nuit. »
Rav Chakhter ajoute (cf. Arié Chaag) que, si une autre peuplade se conduisait de manière étrange, voire stupide, cela n’éveillerait l’intérêt de personne. Tout au plus, certains en riraient un moment, mais retourneraient vite à leurs occupations pour oublier ce phénomène marginal. Qu’importe donc tant aux non-juifs que nous avons des habitudes différentes des leurs ? Pourquoi désirent-ils tellement nous faire du mal, déploient-ils de si nombreux efforts pour nous anéantir, physiquement ou spirituellement ?
Car, notre survie à travers les siècles de l’histoire démontre qu’ils font fausse route et c’est justement cette preuve qu’ils veulent effacer. Ils ne supportent pas cette attestation vivante et permanente que seule la voie de la Torah est véridique.
‘Hanouka est une fête aussi bien pour les ‘hilonim que pour nous. Il est même possible que ces jours soient encore plus décisifs pour eux, car, en l’absence de leurs lumières, ils risqueraient de tomber dans de profonds abîmes.
A l’époque du ‘Hozé de Lublin, vivait dans cette ville un délateur qui causait de nombreux malheurs aux Juifs, les dénonçant au gouvernement. Un jour de ‘Hanouka, des élèves apportèrent au Rav un kvitel (petit papier) sur lequel ils inscrivirent la requête pressante d’user de son pouvoir pour punir lourdement ce dénonciateur, afin qu’il ne soit plus en mesure de faire du mal à qui que ce soit.
Mais, à leur grand étonnement, le Rabbi leur répondit : « Savez-vous ce que cet homme est en train de faire en ce moment ? Il suscite un tumulte dans les mondes… »
Les disciples se rendirent chez leur ennemi et lui demandèrent quelle était son occupation, quelques instants plus tôt. Il les regarda d’un air surpris et leur répondit : « Que voulez-vous dire ? C’était l’heure de l’allumage et j’ai allumé les bougies de ‘Hanouka. »
Il en résulte que l’allumage de ces lumières, même réalisé par un homme d’un piètre niveau, a un impact inestimable sur tous les mondes.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Exulte et réjouis-toi (…) » (Zékharia chap. 2-4)
Lien avec la paracha : dans la haftara, sont mentionnés le candélabre et les bougies vus par le prophète, ce qui correspond au sujet du jour, l’allumage des bougies de ‘Hanouka.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
La force de la sainteté
J’eus l’occasion de participer à un évènement important organisé au profit d’une institution de Torah, en présence du maire de la ville.
Nombre de participants profitèrent de l’occasion pour recevoir mes bénédictions. Soudain, le maire, non-juif, m’aborda également pour me demander une bénédiction pour la réussite.
J’étais stupéfait : n’étant pas croyant, comment pouvait-il faire une telle démarche auprès d’un homme de religion ?
Je lui soumis cette question et, avec un enthousiasme non voilé, il me répondit : « Pendant un long moment, je vous ai observé donner vos bénédictions à tout individu venant les solliciter. J’en suis venu à me dire qu’il n’est pas possible que tant de personnes veuillent les obtenir sans raison et qu’elles ont certainement un effet bénéfique sur ceux qui les reçoivent. »
En entendant cet aveu, je réalisai l’immense impact de cet évènement en l’honneur de la Torah, capable d’inspirer une sensibilité à la sainteté même à des non-juifs.
Plus, la sainteté a le pouvoir de faire fléchir même un homme complètement détaché de D.ieu. Or, si elle a cette faculté même sur un athée, à plus forte raison elle peut adhérer à un Juif, dont l’âme a été extraite du trône de Gloire, et l’y ramener.
CHEMIRAT HALACHONE
L’interdiction de médire même sans haine
Même si celui qui médit s’inclut dans le blâme qu’il prononce sur son prochain, soit en soulignant qu’il agit lui aussi ainsi, soit parce qu’il a le même défaut, c’est considéré comme de la médisance et prohibé.
En effet, D.ieu tint rigueur au prophète Yéchaya pour ses paroles : « Car je suis un homme aux lèvres impures, je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures. » (Yéchaya 6, 5)
En outre, il est interdit de médire même quand il est clair qu’on ne le fait pas poussé par de mauvais mobiles et qu’on n’a nullement l’intention de causer un préjudice à autrui. C’est pourquoi on ne doit pas dire de mal des membres de sa famille, serait-ce les plus proches.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
La tranquillité et l’oisiveté empêchent l’étude de la Torah
« Ya’akov désirait s’installer dans la tranquillité, lorsqu’il fut atteint du malheur de Yossef...» (Béréchith Rabah 84:1).
Ya’akov désirait-il vraiment la tranquillité en ce monde, un monde qui ne lui appartenait pas puisqu’il avait partagé les mondes avec son frère Essav (Tana D’Bey Eliyahou Zouta 19). Comment peut-il vouloir s’installer dans la tranquillité en ce monde? Et pourquoi le malheur atteint-il Yossef et non pas un autre de ses enfants?
C’est que Ya’akov ne désirait pas la tranquillité pour en jouir, lui qui symbolise la souffrance dans l’étude. Il voulait alléger pour ses enfants le fardeau de l’exil. Mais D. ne voulait pas que Ya’akov s’installe dans la tranquillité, car dans ce cas, ses enfants risquaient de s’affaiblir, d’abandonner l’étude et d’oublier la Torah. Le mot Vayéchèv, il s’installa, peut se décomposer en vay - chev, et s’expliquer ainsi: pour avoir seulement aspiré à s’installer dans la tranquillité (Chèv), Ya’akov incite les générations futures à rechercher le confort, ce qui a des conséquences néfastes (Vay) car la Torah s’acquiert dans la souffrance.
Et donc, le malheur de Yossef le saisit, justement lui, comme son nom l’indique : Yossef a le sens de « qui ajoute - accroît » (Ta’anith 31a): il faut faire des efforts supplémentaires pour l’étude de la Torah, sans prendre de repos, c’est la seule chose qui peut corriger l’exil.
C’est grâce à la Torah de Ya’akov - qui est à la tête du Char Céleste (Béréchith Rabah 82:7), « dont le portrait est gravé sur le Trône divin » (Pessikta Zouta Vayetsé 28:13), et « qui est lui-même un trône » (Zohar I, 97a), « dont D. est si fier » (Ichaya 49:3), « qui est le fondement de la Splendeur » (Zohar III, 302a) - que l’on glorifie D. Si Ya’akov aspire à la tranquillité, ne serait-ce qu’en pensée (même dans l’intention de se consacrer à la Torah), il commet une faute qui se transmet à tous ses descendants.
Sur cette base, j’ai voulu expliquer l’expression: « La voix est la voix de Ya’akov » (Béréchith 27:22). Pourquoi le mot « voix » est-il répété deux fois? C’est que lorsqu’on entend en ce monde la voix de la Torah prononcée par les Enfants d’Israël, la voix de Ya’akov se fait entendre aussi dans les Cieux. C’est vers lui que se tournent toutes les légions des anges. Ils savent que la voix de la Torah se fait aussi entendre dans le monde d’en bas et que les hommes servent D., comme il est dit (Sifri Brach’a 33:5): « Lorsque Israël est uni dans ce monde pour servir D., le Nom de D. est loué dans le monde céleste ». Lorsque la voix de la Torah se fait entendre, les mains d’Essav ne dominent pas (Béréchith Rabah 65:20), et aucun peuple ne peut vaincre Israël lorsqu’il suit les voies de la Torah (Kétouboth 66b). Sinon, il ne peut pas survivre, ne serait-ce qu’un seul instant. Pourquoi? C’est que, lorsque les Enfants d’Israël oublient la Torah, D. aussi détourne Sa face dans le monde d’en-Haut, les anges ne peuvent plus voir le portrait de Ya’akov gravé sur le Trône de Gloire, et ils interrompent leur service. Seul D. a le portrait de Ya’akov présent devant Lui et grâce à lui, D. ne punit pas ses enfants pour leurs fautes avec la sévérité qu’ils mériteraient, comme il est dit (Yalkout Chimoni Esther 1057): « Lorsque les Enfants d’Israël fautent, D. fait comme s’Il dormait ».
Les Sages ont dit (Chemoth Rabah 29:9): « Lorsque D. a donné la Torah, Il a fait taire toute la création ». Pourquoi était-ce nécessaire? Jusqu’au don de la Torah, les anges obéissaient à la volonté de D. mais à partir du moment où elle fut donnée à Israël, celui-ci est devenu le porteur du destin du monde et tout dépend de son mérite.
Au moment du don de la Torah, le monde entier se tint coi. Il y eut une brève interruption dans le service des anges. Ce n’est que par l’étude de la Torah que le monde se perpétue, et les anges et les séraphins préposés aux affaires de ce monde poursuivent leurs activités lorsqu’ils entendent la voix de Ya’akov, la voix de la Torah qui se fait entendre dans la bouche des Enfants d’Israël.
Mais si Israël abandonnait la Torah, le monde ne pourrait pas survivre. « Si Mon pacte avec le jour et la nuit pouvait ne plus subsister, si Je cessais de fixer des lois au ciel et à la terre... » (Yérémia 33:25), c’est-à-dire « Si ce n’était pour la Torah, le ciel et la terre ne se maintiendraient pas » (Nédarim 32a), car alors les anges préposés aux affaires de ce monde ne pourraient pas poursuivre leur tâche puisqu’ils dépendent des Enfants d’Israël, et s’ils se donnent du repos, les anges aussi se mettent au repos.
Chaque Juif a une grande part de responsabilité envers la Torah, surtout durant les périodes de vacances, dans son temps libre, et durant les longues nuits d’hiver. S’il n’étudie pas, il met le monde en danger. Nous apprenons de Ya’akov qu’il ne faut pas rechercher le repos, et « Yfta’h en son temps est égal à Chmouel en son temps » (Roch HaChanah 25b). Si nos efforts ne sont pas à la mesure de nos capacités, la punition est grande. Par contre si nous nous élevons dans l’étude de la Torah à la mesure de notre compréhension et de notre entendement, nous éveillons la Rose Céleste dans les mondes supérieurs, et nous glorifions D. dans toute Sa splendeur.
PERLES SUR LA PARACHA
L’absence de dialogue, source des conflits
« Ils le prirent en haine et ne purent se résoudre à lui parler amicalement. » (Béréchit 37, 4)
Rabbi Yonathan Eibechits – que son mérite nous protège – souligne que l’essentiel de leur détresse résidait dans leur incapacité à se parler. Car, s’ils avaient pu dialoguer, il n’est pas impossible qu’ils eussent trouvé un moyen d’atténuer leur haine pour Yossef.
Il ajoute que l’absence de dialogue est à la source de tous les conflits. Si, au contraire, on était prêt à écouter et comprendre le point de vue de l’autre, de nombreuses querelles résultant de la haine ou de la jalousie disparaîtraient.
La foi de Yaakov dans la résurrection des morts
« Mais son père attendit l’événement. » (Béréchit 37, 11)
L’auteur du Divré Chaoul explique, au nom de Rabbi David Acher Zalig Orlikh zatsal, que le terme èt de notre verset inclut ici Ra’hel. Bien que Yaakov ait dit « Eh quoi ! Nous viendrions, moi et ta mère », car celle-ci était déjà décédée, il attendait que le rêve de Yossef puisse se réaliser pleinement, que Ra’hel vienne elle aussi se prosterner à lui.
Pourquoi donc ? Parce que le patriarche pensait que la résurrection des morts allait avoir lieu de son vivant (Béréchit Rabba 84, 10) ; le cas échéant, Ra’hel pourrait également se prosterner devant Yossef.
Un accès de révolte, l’opportunité de s’élever
« Il abandonna son vêtement dans sa main, s’enfuit et s’élança dehors. » (Béréchit 39, 12)
S’éloignant de la lecture littérale du verset, l’Admour de Spink chelita explique, au nom de Rabbi Herchelé Lisker zatsal, que le mot bigdo (son vêtement) peut être rapproché du mot bogued (révolté).
Le mauvais penchant prit d’assaut Yossef le juste et lui souffla à l’oreille : « Pourquoi t’enfuis-tu ? Depuis quand es-tu si Tsadik ? Je sais exactement qui tu es, au plus profond du toi, et connais bien tes sentiments de révolte. Qu’est-ce qui te prend soudain de vouloir te conduire comme un juste ? »
Cependant, Yossef abandonna son vêtement (bégued) dans la main de la femme de Potifar, comme pour signifier au mauvais penchant : « Avec tout l’accès de révolte qui est en moi, toutes les fois où j’ai eu de tels sentiments et étais tenté d’y céder, l’image de mon Père céleste persiste face à moi. Je peux donc encore sortir gagnant du combat… Prends donc ma tendance à la révolte (bogued), mes éventuels échecs passés ! Ils ne m’importunent pas, je peux grandir avec eux, justement avec eux. Je ne tomberai pas dans leur fossé ni perdrai espoir, mais m’en servirai au contraire comme un tremplin pour m’élever. »
Qu’en serait-il sans l’aide divine ?
« Le gouverneur de la Rotonde ne vérifiait rien de ce qui se passait par sa main, parce que le Seigneur était avec lui. » (Béréchit 39, 23)
Rabbi Raphaël Halévi zatsal, fils du Rav de Brisk, raconte que, lorsqu’ils fuirent vers Vilna en l’an 5700, son père posa la question qui suit sur notre verset.
Il est écrit que le gouverneur ne vit rien de mal chez Yossef du fait que l’Eternel était avec lui. Or, en réalité, il n’avait fauté en rien et s’était retrouvé injustement emprisonné. S’il en est ainsi, pourquoi avait-il besoin d’une assistance divine particulière pour qu’on ne lui trouve pas de méfaits ?
Le Rav de Brisk répond en déduisant que, si ce n’était l’aide divine dont il jouissait, le chef de la prison lui aurait iniquement imputé de nouveaux crimes.
LA PARACHA SOUS UN NOUVEL ANGLE
Dans notre paracha, nous pouvons lire l’épisode lors duquel les maîtres échanson et panetier, emprisonnés avec Yossef, firent des rêves qu’ils ne parvinrent pas à interpréter. Le matin, ce dernier, remarquant qu’ils n’avaient pas leur air habituel, leur demanda pourquoi ils avaient une triste mine.
Dans son ouvrage Machkhéni A’harékha, Rabbi Réouven Elbaz chelita demande pourquoi il était si capital pour Yossef que ces hommes soient de bonne humeur. En quoi cela le concernait-il s’ils étaient anxieux ? En outre, on peut s’imaginer qu’il ne s’ennuyait pas en prison, puisqu’il y révisait les enseignements de Torah de son père. La Torah souligne que Yaakov avait une préférence pour Yossef « parce qu’il était le fils de sa vieillesse », où nos Maîtres lisent en filigrane que le patriarche lui enseigna tout ce qu’il avait lui-même appris à la Yéchiva de Chem et Ever, durant quatorze ans. Il était donc loin de s’embêter. Que lui importait donc que deux non-juifs soient tristes et, plus encore, comment le remarqua-t-il ?
Une analyse précise du déroulement des événements nous révélera ce qui permit à Yossef d’accéder à la position de vice-roi d’Egypte.
Lors de sa détention, il entretenait des relations amicales avec les autres détenus. Il est probable que, chaque matin, lorsqu’il rencontrait les maîtres échanson et panetier, il leur souriait et prenait de leurs nouvelles.
Or, un beau jour, lorsqu’il les croisa et s’enquit de leur bien-être, ils ne lui répondirent pas comme à l’accoutumée et semblaient affligés. Sachant qu’il s’intéressait à eux et compatissait réellement à leur peine, ils s’ouvrirent à lui et lui confièrent leurs songes étranges.
Il en résulte que la nomination de Yossef à des fonctions si prestigieuses, suite à l’intervention du maître échanson, trouve sa racine dans sa conduite bienveillante envers autrui, son visage avenant et son sourire pour tout un chacun. Dans sa piété, il ne supportait pas de voir quelqu’un la mine abattue. C’est justement le profil idéal d’un dirigeant : un homme aspirant à faire du bien à tous les êtres humains, juifs ou non.
La portée de la charité envers un petit enfant non-juif
Il y a quelques années, à ‘Hanouka, un grand rassemblement fut organisé à Moscou, avec la participation de Vladimir Poutine et de Rav Berl Lazar chelita, respectivement président et grand Rabbin du pays.
Le président prit la parole et prononça les paroles suivantes, très poignantes :
« Ecoutez bien, les Juifs, j’aimerais vous raconter une histoire qui a eu lieu en Russie, il y a quelques dizaines d’années. Dans une certaine région, vivait une famille très pauvre qui avait un jeune enfant. Il était misérable, parce que ses deux parents devaient travailler dur pour leur gagne-pain, du matin au soir, et il se retrouvait donc seul toute la journée, parfois même sans nourriture.
« Non loin de là, habitait une famille juive. Lorsqu’ils se rendirent compte que ce jeune était livré à lui-même de longues heures durant, ils lui demandèrent s’il avait à manger. Il leur répondit par la négative et ils se soucièrent qu’il ait tous les jours de quoi calmer sa faim. Le Chabbat et les jours de fête, ils l’invitaient même à leur table pour partager leur repas. C’est ainsi que, pendant une longue période, ils adoptèrent en quelque sorte ce garçonnet, veillant à tous ses besoins. »
Puis, non sans émotion, le président conclut : « Ce jeune enfant… c’était moi. Je ne peux oublier comment cette famille juive m’a apporté son soutien durant ces jours difficiles. Jusqu’à aujourd’hui, je me souviens des bénédictions suivant l’ablution des mains, avant de manger du pain, et de celles récitées à la fin du repas, que j’entendais régulièrement au sein de ce foyer. »
En grandissant, ce pauvre enfant est devenu une importante personnalité politique, tandis qu’il se montre sympathisant envers les Juifs, type de relations presque sans précédent dans l’ensemble des états européens. Tout ceci par le mérite d’une famille qui se soucia de combler ses besoins lors de son enfance difficile.
Qui est comme Ton peuple, Israël, dont les membres pratiquent la charité même envers des non-juifs ? Cette noble ligne de conduite nous a été transmise par Yossef, qui avait l’habitude de s’entretenir chaleureusement avec les autres détenus. C’est la raison pour laquelle le roi d’Egypte le jugea digne de l’épauler dans la direction du pays, ces fonctions ne convenant qu’à un individu doté de générosité d’âme.