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Parachat Beha'alotékha

29 Mai 2021

יח סיון התשפ"א

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 21h23 22h46 00h11
Lyon 21h01 22h17 23h26
Marseille 20h50 22h02 23h04

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Vivre avec l’aspiration d’observer les mitsvot

Rabbi David Hanania Pinto

« Parle à Aharon et dis-lui : “Quand tu disposeras les lampes, c’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière.ˮ » (Bamidbar 8, 2)

Rachi commente : « Pourquoi le chapitre du candélabre suit-il celui des chefs de tribus ? Quand Aharon vit les offrandes inaugurales de ces derniers, il fut attristé de ne pas avoir été parmi eux à l’inauguration, ni lui ni sa tribu. Le Saint béni soit-Il lui dit alors : “Par ta vie, ta part est plus grande que la leur, car c’est toi qui allumes et arranges les lampes.ˮ »

A priori, la déconvenue d’Aharon de ne pas pouvoir participer à l’inauguration du tabernacle est surprenante. Le peuple juif est composé d’une grande variété de membres ayant des fonctions différentes. Ainsi, D.ieu a chargé les Cohanim d’apporter les sacrifices sur l’autel et d’effectuer le service au Temple, tâches non imposées aux autres sujets. De même, le roi lisait le passage de hakhel, que tous les autres ne faisaient qu’écouter. Seul un homme possédant un champ est tenu de respecter les mitsvot afférentes, lékèt, chikh’ha et péa. Enfin, est-on jaloux d’untel Cohen qui monte tous les jours sur l’estrade pour prononcer la bénédiction des Cohanim ? Non, évidemment, car nous savons que c’est sa fonction propre.

Aussi, pourquoi Aharon s’affligea-t-il de ne pas participer à l’inauguration de l’autel ? En outre, seule la tribu de Lévi, surnommée « légion du roi », avait l’insigne mérite de servir au Temple, donc sa déception semble injustifiée.

Il est aussi difficile de comprendre en quoi la réponse divine, selon laquelle l’allumage des bougies lui octroyait une plus grande part que les princes, le consola. De nombreuses autres mitsvot sont l’apanage du Cohen gadol, comme la permission d’entrer dans le Saint des saints à Kippour pour obtenir l’expiation des enfants d’Israël. Qu’avait de particulier cet allumage pour apaiser son chagrin ?

Penchons-nous, en préambule, sur le récit fait par la Torah des sacrifices apportés par les chefs de tribus pour l’inauguration de l’autel. Ils sont cités en détail, l’un après l’autre, alors qu’ils étaient composés exactement des mêmes éléments. Cette prolixité inhabituelle du texte saint, où même des lois fondamentales n’y sont évoquées qu’allusivement par l’ajout d’une lettre ou d’un mot, réclame des éclaircissements. Pourquoi ne pas s’être contenté de détailler le sacrifice du premier prince, puis de signaler que tous les autres étaient identiques ?

Nos Sages affirment (Sifri, Nasso) : « Rabbi Nathan demande : pourquoi les princes s’empressèrent-ils d’apporter leur offrande lors de l’inauguration de l’autel, alors que pour le tabernacle, ils n’apportèrent pas leurs dons en premier ? Ils attendirent en effet que les membres du peuple apportent les leurs, dans l’intention de compléter ce qui manquerait. Mais, constatant ensuite qu’ils avaient déjà fourni tout ce qu’il fallait et même plus, ils ne surent que faire et offrirent les pierres de choham. C’est pourquoi, à l’occasion de l’inauguration de l’autel, ils se manifestèrent en premier. Toutefois, du fait qu’au départ ils firent preuve de nonchalance, une lettre de leur nom fut omise. »

Malgré leur bonne intention, les chefs de tribus commirent une erreur, leur conduite s’apparentant à de la paresse. Par ailleurs, ils auraient dû penser que, mus d’un grand amour pour D.ieu, les enfants d’Israël apporteraient eux-mêmes tout le nécessaire. Aussi se repentirent-ils lors de l’inauguration de l’autel, où ils firent preuve de zèle.

Or, cet élan de repentir aurait pu entraîner dans son sillage un esprit de compétition et une volonté d’apporter un meilleur sacrifice que son pair. Cependant, il n’en fut pas ainsi. La solidarité prévalut et ils apportèrent tous exactement le même, au plus petit détail près. Le Créateur, qui chérit particulièrement la solidarité, accepta leur repentir sincère. Il semble qu’à travers les douze répétitions de la nature de leur sacrifice, nous puissions lire le contentement de l’Eternel face à cette solidarité exemplaire et Son agrément de leur repentir.

Ceci explique simultanément la déconvenue d’Aharon de n’avoir pas pu participer, comme les princes, à l’inauguration de l’autel. Certes, de nombreuses mitsvot sont réservées au Cohen gadol, mais, dans un esprit d’émulation, il aurait aussi voulu avoir une part dans une mitsva accomplie à la perfection, grâce à une remarquable solidarité.

L’Eternel rassura alors Aharon en soulignant que non seulement il allumait les lampes, mais aussi les arrangeait, allusion à sa recherche de perfection dans l’accomplissement des mitsvot. Face à sa déception de ne pas avoir pu se joindre aux sacrifices des chefs de tribus, apportés dans une solidarité parfaite, le Saint béni soit-Il lui dit qu’il aurait lui aussi le mérite d’accomplir une mitsva de manière intègre, en veillant à bien nettoyer les restes d’huile du candélabre avant de l’allumer une nouvelle fois.

Tirons-en leçon dans notre manière d’accomplir les mitsvot. Nous ne pouvons nous contenter de les exécuter comme des automates, mais devons aspirer à les faire à la perfection. De plus, lorsqu’une opportunité se présente à nous, il nous incombe d’en profiter, et non pas de la laisser passer négligemment.

Un jour, quelqu’un entendit qu’on souhaitait mazal tov à un homme et l’interrogea à ce sujet. Il lui répondit qu’il venait de célébrer la circoncision de son fils. L’autre s’affligea alors d’avoir manqué de participer à cette mitsva. Voilà l’exemple d’un homme constamment à la recherche de mitsvot, au point que, lorsqu’il en rate une, il est aussi triste que s’il avait perdu le gros lot.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Grâce à l’ange Réphaël

Une année, nous avons organisé un grand gala pour des associations d’entraide. Pour l’occasion, nous avons loué une grande et belle salle, destinée à accueillir tous les participants. Le menu offert par le traiteur fut, lui aussi, bien étudié et, de manière générale, aucun détail ne fut laissé de côté. Nous espérions ainsi parvenir à de bons résultats, avec une participation généreuse du public en faveur des nécessiteux.

Pour créer une ambiance agréable tout au long de la soirée, nous avons par ailleurs fait appel aux services d’un chanteur connu, accompagné d’un important orchestre. Nous espérions que cette soirée serait parfaite et sans incident.

Pourtant, quelques heures avant celle-ci, je reçus un appel imprévu du chanteur : il avait des crampes au dos et ne pourrait, dans cet état, paraître à la soirée.

Je restai quelques instants sans voix. Que faire ?

« Bénissez-moi pour que ces contractures se relâchent rapidement, afin que je puisse paraître au gala comme prévu », poursuivit le chanteur, interrompant le fil de mes pensées.

Je lui donnai aussitôt ma brakha, lui souhaitant, par le mérite de mes saints ancêtres, que les choses rentrent dans l’ordre. Après avoir prié en sa faveur, je téléphonai à mon fils Rabbi Réphaël chelita, qui porte le nom de l’ange préposé à la guérison, le priant d’allumer des bougies à la mémoire des Tsadikim, pour que le chanteur guérisse rapidement.

J’avais déjà remarqué à d’autres occasions que son nom lui octroyait des forces particulières, lui permettant de contribuer à la guérison des malades.

Le Rav Sitruk zatsal, Grand Rabbin de France, était plongé dans le coma et paralysé suite à son attaque cérébrale.

Lorsque j’eus vent de l’état grave dans lequel il se trouvait, je m’empressai d’aller le voir à l’hôpital. Ayant apporté la canne de mon grand-père, Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal, aux propriétés remarquables, je la posai sur les yeux du malade. Aussitôt, il émergea du coma et se mit à remuer ses membres, à l’exception d’une jambe, qui resta paralysée.

Quelques semaines passèrent et je lui rendis de nouveau visite, cette fois-ci accompagné de mon fils Rabbi Réphaël. Je priai alors ce dernier de placer la canne de Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal sur le pied du Rav, dans l’espoir que les Tsadikim dont mon fils porte le prénom, ainsi que l’ange préposé à la guérison, viennent en aide au Rav Sitruk pour qu’il retrouve l’usage de sa jambe.

Mon fils suivit mes instructions et, grâce à D.ieu, depuis ce jour, le Rav Sitruk put de nouveau remuer sa jambe.

Du Ciel, on nous avait clairement montré, à travers tous ces événements, la main de D.ieu à l’œuvre, qui intervient dans tous les domaines et sans laquelle on ne pourrait rien réaliser dans ce monde – « L’homme ne peut remuer le doigt ici-bas, sans que cela ait été décrété en Haut, comme il est dit : “Les pas de l’homme sont dirigés par D.ieu ; mais l’homme comprend-il sa voie ?” (Michlé 20, 24) » (‘Houlin 7b)

CHEMIRAT HALACHONE

Effacer tout sentiment négatif avant de blâmer

Il est interdit de raconter le blâme de quelqu’un, même si on le fait pour une visée constructive.

Cela est particulièrement difficile lorsqu’on nous demande de parler d’un individu qu’on n’apprécie pas.

Avant de commencer à parler, il faut déraciner de son cœur toute haine ou rancune à l’égard de la personne en question. Seulement ensuite, il est permis de dire les propos dépréciatifs nécessaires pour aboutir au but recherché.

PAROLES DE TSADIKIM

Une compassion bien récompensée

La Torah relate l’épisode lors duquel la prophétesse Myriam médit de Moché. Elle conclut par une phrase courte, mais significative : « Et cet homme, Moché, était très humble. » Dans sa grande modestie, il ne prêta pas attention à la beauté de son épouse Tsipora, mais uniquement à la noblesse de ses actes. C’est pourquoi l’Eternel déploya Sa Présence sur lui.

Rabbi Gamliel Rabinovitz chelita raconte (Tiv Hamaassiot) l’histoire d’Avraham Chanker zatsal, mé’houtan de Rabbi Yossef ‘Haïm Zonnenfeld zatsal. Les membres de la famille Kopchits, célèbre dans le monde de la Torah, sont les petits-enfants de ces deux éminentes personnalités.

Les anciens de Jérusalem expliquent le mérite de ces ancêtres d’avoir eu des descendants si distingués par l’exceptionnel dévouement qui présida au mariage de Rav Avraham.

Autrefois, la distance séparant le ‘hatan et la cala ne leur permettait pas toujours de se rencontrer avant le jour de leurs noces. Ainsi, le futur marié ne voyait celle qui lui était destinée que quelques instants avant leur entrée sous le dais nuptial, afin de ne pas enfreindre l’interdiction de prononcer les kidouchin sans avoir auparavant vu la cala – de peur qu’il lui découvre ensuite quelque chose de déplaisant et ne puisse observer l’ordre « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Or, avant la célébration d’un certain mariage, le ‘hatan n’avait pas eu le temps de voir la cala. Il n’en eut l’opportunité qu’au dernier instant précédant la ‘houpa, lorsque cette dernière, vêtue de sa belle robe, occupait déjà le magnifique siège décoré à son intention. Mais, le jeune homme remarqua alors qu’elle boitait un peu. Il affirma qu’on l’avait trompé en lui cachant ce fait et exprima son refus de l’épouser. Sans réfléchir davantage, lui et sa famille quittèrent le lieu où devait avoir lieu la célébration.

Sur ces entrefaites, la cala, humiliée au plus profond d’elle, éclata en sanglots. Des torrents de larmes coulèrent de ses yeux, ce qui entraîna une grande agitation au sein du public présent. Parmi les nombreux spectateurs, se trouvait le jeune Avraham Chanker, qui fut profondément touché par la tristesse de la cala. Pour lui éviter de devoir rentrer chez elle honteuse, il proposa aussitôt de se marier avec elle.

Les parents des deux côtés, qui se connaissaient, se mirent à discuter de tous les détails du mariage et cette union plut à tous ceux qu’elle concernait. On s’assit pour signer le contrat des conditions établies entre les deux familles. Puis, les noces furent célébrées en bonne et due forme, tandis que l’honneur de la jeune femme et de tous les siens fut sauvé.

Cette belle histoire explique, comme le soulignaient les anciens de Jérusalem, la noblesse de la descendance de cette union, d’éminents Rabbanim et érudits, plongés dans l’étude de la Torah et craignant D.ieu.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

L’interdépendance de l’étude de la Torah et de l’observance des mitsvot

« Parle à Aharon et dis-lui : “Quand tu disposeras les lampes, c’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière.ˮ » (Bamidbar 8, 2)

La section de Béhaalotékha s’ouvre par la lettre Beit, qui équivaut numériquement à deux. Nous pouvons y lire une allusion aux deux éléments indispensables du service divin : l’étude de la Torah et l’observance des mitsvot.

Tout Juif doit savoir qu’une étude de la Torah non conjuguée à l’observance des mitsvot ne peut se maintenir, cette observance représentant la finalité de l’étude. De même, accomplir les mitsvot sans étudier la Torah constitue un manquement, car c’est l’étude qui pousse l’homme à les exécuter et qui lui permet de savoir de quelle manière le faire.

Nombreux sont ceux qui prétendent qu’il suffit d’accomplir les mitsvot, puisqu’ils savent comment le faire et n’ont donc pas besoin d’étudier. On leur répondra qu’il est impossible de s’y plier méticuleusement sans étudier la Torah, parce que, outre ses directives, elle détient aussi le potentiel de nous stimuler à les observer.

Par conséquent, celui qui ne s’attelle pas à la tâche de l’étude éprouvera bien vite un refroidissement dans son service divin, au point qu’il ne ressentira plus le besoin de réaliser les mitsvot, au départ secondaires, mais, avec le temps, même plus importantes.

A l’instar du Cohen gadol qui allumait quotidiennement le candélabre au Temple, il incombe à l’homme d’étudier tous les jours la Torah, comparée à cet ustensile, et à se réchauffer à sa lumière. Il obtempérera ainsi à l’injonction de la Torah : « Tu les inculqueras à tes enfants et tu t’en entretiendras, soit dans ta maison, soit en voyage, en te couchant et en te levant. » (Dévarim 6, 7)

PERLES SUR LA PARACHA

Des mécontents ? C’est leur nature !

« Le peuple affecta de se plaindre amèrement aux oreilles de D.ieu. » (Bamidbar 11, 1)

Sur quoi portait leur plainte ? Le verset ne le précise pas. Le Ramban commente : « Il est dit “affecta de se plaindreˮ, car ils parlaient avec amertume, comme le font les gens qui souffrent, ce qui déplut à l’Eternel, car ils auraient dû Le suivre avec joie et contentement de cœur, vu tout le bien qu’Il leur avait accordé. »

L’auteur de l’ouvrage Taam Hatsvi explique que certaines personnes trouvent toujours de quoi se plaindre, car telle est leur nature. Qu’importe de quoi il s’agit, ils ont toujours une bonne raison de se lamenter.

Dans chaque génération, il existe des individus passant leur temps à déplorer toute situation. Malheur à eux !

C’est pourquoi D.ieu s’irrita contre eux. Pourquoi donc ne considéraient-ils pas les choses d’un œil bienveillant ? La Torah fait l’ellipse de cette information, pour la simple et bonne raison qu’ils n’avaient aucun motif valable pour se plaindre. Ils trouvaient toujours matière à exprimer leur mécontentement.

Le relâchement dans la Torah entraîne la guerre

« Quand vous marcherez en bataille, dans votre pays. » (Bamidbar 10, 9)

Normalement, il aurait dû être écrit lamil’hama, et non pas mil’hama. Pourquoi la lettre Lamed a-t-elle été omise ?

Rav Tsvi Elimélekh de Dinov zatsal (Igra Décala) en déduit une édifiante leçon. Le Saint béni soit-Il avait promis : « Le glaive ne traversera point votre territoire. » (Vayikra 26, 6) Aussi, comment parler de guerre en terre d’Israël ?

Si le peuple juif se relâche dans l’étude, il aura de quoi craindre l’ennemi, qui pourra venir l’attaquer. L’omission du Lamed y fait allusion : quand le limoud fait défaut, cela entraîne la guerre. A l’inverse, lorsque les enfants d’Israël étudient, les forces du mal ne sont pas en mesure de leur faire le moindre mal.

Ne pas se laisser impressionner par chaque remarque

« Est-ce donc moi qui ai conçu tout ce peuple, moi qui l’ai enfanté ? » (Bamidbar 11, 12)

Rav ‘Haïm Kanievsky chelita affirme que nous ne devons pas nous laisser impressionner par toutes les remarques d’autrui.

A ce sujet, il a l’habitude de citer l’interprétation de son père zatsal du verset des Téhilim « Ils furent jaloux de Moché dans le camp, d’Aharon, le saint de l’Eternel. » (106, 16) Moché vivait à l’écart du peuple et séjourna quarante jours dans les cieux ; les enfants d’Israël arguèrent qu’il devait être davantage à leurs côtés dans le camp. Par contre, au sujet d’Aharon, qui œuvrait pour rétablir la paix parmi eux, ils dirent qu’il était saint et devait se séparer davantage d’eux.

Il ajoute une plaisanterie, rapportée par les Kadmonim. Un père et un fils se promenaient, le père chevauchait un âne, tandis que le fils marchait. Un passant dit au père : « N’as-tu pas pitié de ton fils ? » Aussitôt, il descendit de l’âne pour lui céder la place.

Un autre dit au fils : « Où est donc le respect de ton père ? » Il lui fit alors une place sur l’âne à côté de lui.

En les voyant, un troisième homme leur reprocha : « N’avez-vous pas de compassion pour cet animal ? » Ils descendirent tous les deux de l’âne.

Enfin, un dernier leur fit remarquer : « Trois ânes marchent ensemble et aucun ne porte l’autre ? » Ils décidèrent de prendre l’âne sur leurs épaules.

Voilà ce qui arrive à celui qui se laisse impressionner par les réflexions de son prochain.

LA PARACHA SOUS UN NOUVEL ANGLE

Les qualités d’un bon dirigeant

L’affirmation de l’Admour de Tsanz, auteur du Divré ‘Haïm, selon laquelle, « lorsqu’on aime le père, on aime aussi ses enfants », jette une nouvelle lumière sur la description du dirigeant idéal, donnée par Moché dans notre paracha, « comme le nourricier porte le nourrisson ».

L’Admour de Nadvorna zatsal, auteur du Beer Yaakov, était animé d’un profond amour pour le peuple juif, comme le décrit l’ouvrage Avihem chel Israël. Il aimait si passionnément le Père des enfants d’Israël qu’il vouait également à ces derniers un amour sans borne. Son exceptionnel altruisme et sa disposition à tout faire en faveur des autres attirèrent des Juifs de toutes les communautés. Des milliers d’histoires illustrent sa compassion pour eux et les efforts qu’il déploya pour leur venir en aide, alors qu’il ne les connaissait même pas.

Quiconque sollicitait son soutien ou un contact avec lui en recevait plus encore qu’il ne l’escomptait. Dans sa grandeur d’âme, il accueillait même les gens desquels on a tendance à s’écarter et se vouait à la guérison de toutes sortes de plaies sentimentales ou psychiques qu’il désinfectait, pansait et auxquelles il remédiait. Il n’existait pas de plaie qu’il ne sut soigner.

Un jour, il confia à l’un de ses fidèles assistants : « Des Juifs ayant fauté viennent me voir. Je les écoute patiemment et les encourage, alors que, pour leur seul discours, ils mériteraient que je les renvoie sur-le-champ. Mais, je me mets à leur niveau… »

Puis, il raconta une histoire arrivée à son grand-père, Rabbi Mirel de Primichlan – que son mérite nous protège. Une femme vint le voir et lui donna un kvitel [petit papier où l’on inscrit une requête]. Après l’avoir lu, le Tsadik lui dit : « N’as-tu pas honte de me présenter un tel papier ? » Elle répondit simplement : « Le Maître du monde voit bien plus que cela et garde le silence. » Suite à cette réplique, il lui donna raison.

Un Juif d’une éminente famille de Bné-Brak raconte que, lorsque sa fille fut en âge de se marier, on lui proposa un ba’hour d’une certaine Yéchiva ‘hassidique. Mais, malgré tous ses efforts, il ne parvint pas à trouver un moyen de se renseigner sur lui. Bien qu’il ne connût pas personnellement l’Admour de Nadvorna, il s’adressa à lui pour lui faire part de ses difficultés. Le Sage lui répondit : « Reviens me voir dans deux jours et, par précaution, laisse-moi le numéro de téléphone de ton domicile. » Le lendemain même, il le rappela lui-même, se présenta et lui donna toutes les informations qu’il avait recueillies à son intention sur le jeune homme.

Son amour pour autrui apparut également lorsqu’on vint lui demander conseil au sujet d’un homme qui avait dévié du droit chemin et, suite à un jugement, s’était retrouvé en prison. Au bout d’une certaine période d’emprisonnement, les militants débattirent entre eux pour savoir s’il fallait tenter de le faire libérer plus tôt ou s’il était préférable de le laisser incarcéré pour s’assurer qu’il en tire leçon.

Quand cette discussion parvint aux oreilles de l’Admour, il cita l’enseignement de nos Sages : « Une fois qu’il a été puni, il est comme ton frère. » (Makot 23a) Puis, il trancha : « Il a déjà suffisamment souffert et il est de notre devoir de l’aider à reprendre une vie normale. »

Non seulement il se sacrifia pour tirer les Juifs de leur détresse, mais il déploya aussi tous ses efforts pour leur apporter un rayon de soleil les réconfortant, serait-ce de manière temporelle, dans l’obscurité où ils étaient plongés. Même lorsqu’il se savait impuissant pour les tirer d’embarras, il s’efforçait de les soutenir moralement par un sourire et des mots chaleureux, les soulageant ainsi de leur lourd fardeau.

Enfin, l’Admour mettait un point d’honneur à ne pas repousser le moment d’annoncer une bonne nouvelle à autrui ou de lui donner un conseil utile. A fortiori, il veillait à remettre le plus rapidement possible l’argent de la tsédaka à son destinataire.

Une fois, il entendit qu’une de ses connaissances était préoccupée par de violentes poursuites, ce qui lui fit beaucoup de peine. Cet homme avait l’habitude de venir régulièrement le voir et, ce jour-là, il devait se rendre chez lui le soir. Mais, le Rabbi n’attendit pas son arrivée et, dès l’après-midi, il lui fit parvenir une lettre d’encouragement lui faisant part de sa compassion pour sa situation difficile. Le soir, quand il vint le voir, il lui demanda : « Maître, vous saviez pourtant que je devais venir. Quelle urgence y avait-il donc à m’envoyer une lettre dans la journée ? »

Il répondit, tout naturellement : « Si on peut alléger la souffrance d’un Juif deux heures plus tôt, comment se permettre de le faire attendre ? »

 

 

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