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Parachat Balak

26 Juin 2021

טז תמוז התשפ"א

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23h23

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Appliquer ce que l’on prêche

Rabbi David Hanania Pinto

« Qu’elles sont belles tes tentes, ô Yaakov, tes demeures, ô Israël ! » (Bamidbar 24, 5)

Pris d’appréhension face au peuple juif, Balak, fils de Tsipor, envoya des messagers chez Bilam pour lui demander de le maudire. Le verset explicite la raison de sa peur : « Moav avait peur de ce peuple parce qu’il était nombreux (rav). » (Bamidbar 22, 3) Nos Sages expliquent que le roi de Moav craignait les enfants d’Israël du fait qu’ils retiraient leur force de leur Rav, de leur dirigeant Moché, qui avait eu le mérite de parler directement avec le Tout-Puissant. C’est pourquoi il s’adressa à Bilam, dirigeant et prophète des nations, pour qu’il l’aide à les combattre, ainsi que leur prophète Moché.

Nous pouvons nous demander pourquoi le Saint béni soit-Il désirait que cet épisode soit transcrit dans la Torah et éternisé ainsi pour toutes les générations, alors qu’à cette période, nos ancêtres séjournaient dans le désert et y étudiaient la Torah, dans l’ignorance totale de ce complot entre Balak et Bilam. S’il devait faire partie du texte saint, c’est sans doute afin de nous enseigner une leçon, dans l’esprit des paroles du Zohar : « D.ieu a regardé la Torah puis a créé le monde. » En d’autres termes, tous les récits de la Torah ont la dimension d’un livre de conseils à notre intention.

Quand Bilam s’apprêta à maudire le peuple juif, ses malédictions se transformèrent en bénédictions et il dit : « Qu’elles sont belles tes tentes, ô Yaakov, tes demeures, ô Israël ! » (Bamidbar 24, 5) Nous prononçons ce verset chaque matin avant la prière et, dans de nombreuses synagogues, il figure à une place centrale. Constatant que les portes des tentes des enfants d’Israël ne se faisaient pas face, Bilam en déduisit qu’ils méritaient le déploiement de la Présence divine sur eux. Il semble que toutes les discussions entre Balak et Bilam ont été rapportées dans la Torah uniquement pour que le verset précité y figure.

Dans son ouvrage Or Torah, le Maguid de Mezritch écrit que les portes des tentes des enfants d’Israël sont une allusion aux paroles de Torah émanant de leur bouche, comme dans le verset « Surveille les portes de ta bouche » (Mikha 7, 5). Lorsque Bilam constata que les enfants d’Israël débattaient de Torah, non pas afin de se contredire et de s’attaquer les uns les autres, mais par amour mutuel et désir de parvenir à la vérité, il comprit pourquoi ils avaient droit à la résidence de la Présence divine parmi eux, leur intention étant d’amplifier l’honneur de la Torah. Il réalisa que les paroles émises de leurs bouches n’avaient pas pour but la démonstration de leur grandeur, mais étaient désintéressées, visaient avant tout à appréhender pleinement la volonté divine.

Rabbi Yonathan Eibechitz explique qu’à ce moment, Bilam comprit que la Torah étudiée par les enfants d’Israël n’était pas uniquement importante pour eux, mais également pour le monde entier, dont elle assure le maintien. Par conséquent, même les nations du monde en dépendent. Aussi, les bénit-il en disant « Qu’elles sont belles tes tentes », en référence aux maisons d’étude, soutenant l’ensemble des mondes.

L’Eternel désirait que nous aussi en prenions conscience, pour que cela ait sur nous un effet bénéfique, de même que Bilam en vint à nous bénir en le réalisant. C’est pourquoi Il mentionna dans la Torah tout cet épisode, qui aboutit à la bénédiction de Bilam.

Cela étant, il y a lieu de s’étonner que, après avoir tant admiré la pudeur du peuple juif et la pureté d’intentions présidant à son étude de la Torah, Bilam ne se soit pas repenti. Il avait pourtant découvert la vérité et, de surcroît, jouissait de révélations divines en tant que prophète. Notre étonnement s’accrue si l’on se réfère à l’affirmation de nos Sages (Sota 11a) selon laquelle Yitro et Iyov, plongés dans l’impureté en tant que conseillers de Paro, roi du pays le plus immoral de l’époque, finirent cependant par reconnaître la vérité et modifier leur conduite. Pourquoi Bilam, lui aussi conseiller du monarque, persista-t-il dans son impiété ? De plus, lorsque les nations du monde entendirent les manifestations tonnantes accompagnant le don de la Torah, elles demandèrent à Bilam des explications (cf. Zéva’him 116a) et il leur répondit : « Que l’Eternel donne la force à Son peuple ! Que l’Eternel bénisse Son peuple par la paix ! » (Téhilim 29, 11)

Bilam reconnut certes la vérité et fut impressionné par la pudeur et l’étude de la Torah du peuple juif, mais il ne s’y lança pas lui-même. C’est la raison pour laquelle son émerveillement ne le conduisit pas à modifier sa conduite. Car, pour ce faire, il faut appliquer ce que l’on prêche (cf. Yévamot 63b). Le cas échéant, nos paroles ne se limitent pas à des mots, mais sont conjuguées à des actes. Se contentant de prêcher, Bilam resta mécréant.

Suite à un cours de Torah et de morale donné au public, je suis souvent témoin de l’enthousiasme de nombre de mes auditeurs. Mais, malheureusement, quand je les rencontre ensuite après une certaine période, je ne constate chez eux aucun changement. Ceci est certainement dû à un manque d’implication de leur part dans ce qu’ils savent être la vérité. Avec le temps, leur entrain s’estompe, sans qu’ils en aient profité pour opérer un changement positif en eux.

Puissions-nous nous efforcer de traduire nos connaissances en actes ! Nous prendrons alors le dessus sur tous les mécréants.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Donne-moi la main

Un jour, une femme vint me voir, accompagnée de son fils, cloué dans un fauteuil roulant. Avec amertume, elle m’expliqua que, suite à un grave accident de voiture, il était devenu paraplégique et les médecins ne lui donnaient aucune chance de surmonter ce handicap.

Cependant, ajoutait-elle, elle avait une grande émouna en D.ieu et était certaine qu’Il pouvait guérir toute maladie. C’est pourquoi elle était venue me voir, afin de me demander une brakha, par le mérite de mes ancêtres, pour la guérison de son fils.

Je me souvins alors du passage de la Guémara (Brakhot 5b) où Rabbi ‘Hanina était venu rendre visite à Rabbi Yo’hanan, malade. Il lui demanda : « Ces souffrances te sont-elles chères ? » Son pair répondit : « Ni elles, ni leur récompense ! » Rabbi ‘Hanina lui demanda alors de lui donner la main. Ce qu’il fit, suite quoi il fut capable de se lever de son lit et guérit.

Aussi, eus-je l’idée de m’adresser de cette manière au jeune homme handicapé : « Donne-moi la main. » Après des efforts surhumains, il parvint à se lever pour me la tendre, mais il retomba aussitôt sur son fauteuil roulant. Sur ces entrefaites, je suggérai à sa mère de lui raconter cette histoire de la Guémara, puis d’essayer chaque jour de le faire lever de force après lui avoir dit cette phrase. Avec l’aide de l’Eternel, ils verraient des miracles.

Trois années s’écoulèrent et voilà qu’elle revint me voir avec son fils… qui marchait normalement à ses côtés !

Elle me raconta, non sans émotion, que durant les trois années passées, elle avait suivi mon conseil, répétant inlassablement à son fils « Donne-moi la main ». Il arrivait parfois que ce scénario répétitif irrite ce dernier, qui lui disait : « Tu vois bien que cela ne sert à rien, à part me faire mal, alors pourquoi t’entêtes-tu ? »

Mais, elle refusait de baisser les bras, certaine qu’un beau jour, le salut finirait par arriver. Or, voilà qu’un matin, lorsqu’elle demanda à son fils, comme à son habitude, de lui donner la main, il se leva sans difficulté et resta debout, comme un homme jouissant d’une parfaite santé. Tout aussi abasourdi que ses spectateurs, il se mit à crier de joie, suite au miracle qu’il venait de vivre.

Ce témoignage me permit de réaliser la remarquable puissance de la émouna pure, ancrée dans le cœur de tout Juif, même le plus simple. Comme l’ont expliqué nos Sages (Sanhédrin 37a) au sujet du verset « tes lèvres (rakatekh) sont comme un fil d’écarlate » (Chir Hachirim 4, 3), même les individus les plus vides (rékanim) du peuple juif sont aussi pleins de mitsvot que la grenade l’est de grains.

Sans nul doute, c’est la foi pure de cette mère qui lui valut ce salut miraculeux pour son fils. En effet, bien qu’elle ne vît aucun résultat durant trois années, elle ne se découragea pas et continua à croire en D.ieu, convaincue que le jour viendrait où Il les secourrait.

CHEMIRAT HALACHONE

Juger positivement ou réprimander ?

Si l’on apprend que quelqu’un, habitué à enfreindre un certain interdit, a commis un acte s’apparentant à celui-ci, on n’est pas obligé de le juger selon le bénéfice du doute. Cependant, il est malgré tout préférable d’essayer de le juger favorablement et de supposer que, cette fois-ci, il n’a pas transgressé ce péché. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire de le réprimander.

Par contre, si on est certain qu’il a enfreint un interdit, c’est une mitsva de le réprimander. Par le biais de ce reproche, formulé avec respect et douceur, on tentera de l’aider à surmonter son mauvais penchant.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Les survivants de Yaakov seront (…). » (Mikha chap. 5 et 6)

Lien avec la paracha : la haftara relate la bonté du Saint béni soit-Il qui fit en sorte que Bilam loue le peuple juif au lieu de le maudire, sujet de notre paracha qui rapporte la volonté de Balak, roi de Moav, et de Bilam l’impie de maudire le peuple juif, finalement béni contre le gré de ce dernier.

PAROLES DE TSADIKIM

Le foyer de l’homme, le plus grand centre de bienfaisance du monde

En observant les tentes des enfants d’Israël, Bilam l’impie fut impressionné : chacun des membres de la famille se souciait de l’autre et s’efforçait de l’aider. Il s’exclama alors : « Qu’elles sont belles tes tentes, ô Yaakov, tes demeures, ô Israël ! » (Bamidbar 24, 5)

Dans son ouvrage Machkhéni A’harékha, Rabbi Réouven Elbaz chelita rapporte les paroles du ‘Hazon Ich zatsal. Ce Sage disait que les gens font l’erreur suivante : ils pensent que, pour les juger, D.ieu porte Son regard sur l’ensemble du peuple juif. En réalité, le Créateur observe chacun d’entre nous individuellement, examine chaque tente du peuple juif. Aussi, nous incombe-t-il de bien veiller à ce que notre propre foyer se base sur les fondements de la bienfaisance et de la pudeur, afin de mériter la louange « Qu’elles sont belles tes tentes ! »

Citant le Or Chivat Hayamim, le Baal Chem Tov zatsal explique qu’il vaut la peine de venir au monde pendant quatre-vingts-ans pour avoir le mérite d’accomplir serait-ce un seul acte de charité envers autrui. Or, quel est le plus grand centre de bienfaisance ? Le foyer de l’homme. Il lui offre de constantes opportunités de se montrer charitable envers son épouse et ses enfants. Ceux qui ont la chance de fréquenter les demeures des Grands de notre peuple peuvent avoir une notion de l’image idéale d’un foyer juif.

Le Roch Yéchiva Rabbi Bentsion Aba Chaoul zatsal se conduisait de manière incroyable avec ses proches. Quiconque le côtoyait était surpris par sa simplicité et ses vertus, alors qu’il était un géant en Torah, en sagesse et en crainte de D.ieu.

Rapportons ici une petite histoire illustrant sa grandeur. Un jour, il devait voyager en taxi avec son épouse. La moitié de son corps paralysé, il se déplaçait avec difficulté. Le taxi arriva et le chauffeur attendait. La Rabbanite n’était pas encore prête, mais le Rav descendit néanmoins déjà.

Rabbi Réouven Elbaz, qui assista à la scène, l’interrogea : « Rabbénou, pourquoi vous êtes-vous dépêché de descendre, alors que la Rabbanite n’est pas encore descendue ? » Le Tsadik expliqua : « Je dois lui montrer que je l’attends, c’est à son honneur. » Existe-t-il une plus grande marque de respect que celle témoignée ainsi à sa femme en l’attendant, pour lui éviter, à elle, de devoir l’attendre ? Il observait ainsi à la lettre la recommandation du Rambam : « Respecte-la plus que toi-même. » (Ichout 15, 19)

Rav Elbaz raconte : « J’ai eu le mérite d’être chez lui et d’étudier à ses côtés et, de nombreuses fois, j’ai vu comment il aidait son épouse. Il mettait un tablier et préparait le poisson. Ses élèves rentraient alors à la cuisine et voyaient leur Maître debout à la cuisine, avec un tablier, en train de cuisiner. Ce spectacle diminuait-il leur estime pour lui ? Au contraire, le fait de voir un géant en Torah, en crainte de D.ieu et en vertus se comporter avec tant de simplicité, de modestie et de pudeur ne faisait que l’augmenter.

« Certains bné Torah refusent d’aider leur femme sous prétexte que cela les empêcherait d’étudier correctement. Je suis certain que Rabbi Bentsion n’a jamais répondu cela à son épouse quand elle le sollicitait. Elle passait avant tous, comme une couronne le surmontant. Telle était sa manière de voir les choses, qui servit de ligne de conduite aux autres, éduqués dans ce sens grâce à son exemple. »

PERLES SUR LA PARACHA

Le nom de Bilam, expression de son essence

« Viens donc, je te prie, et maudis-moi ce peuple, car il est plus puissant que moi. » (Bamidbar 22, 6)

Ce verset soulève deux questions. Premièrement, pourquoi Balak demanda-t-il à Bilam de maudire le peuple juif, au lieu de solliciter sa bénédiction pour lui-même ? Deuxièmement, pourquoi Balak dit-il : « Car je le sais, celui que tu bénis est béni et celui que tu maudis sera maudit » ?

Rabbénou ‘Haïm ben Attar explique dans son Or Ha’haïm (idée retrouvée dans le Kli Yakar) que la bénédiction de Bilam équivalait à celle d’un âne. Il n’avait aucun pouvoir de bénir, mais uniquement de maudire, force qu’il retirait de son mauvais œil et de sa capacité à déceler les moments de colère divine. Quand quelqu’un venait lui demander une bénédiction, étant magicien, il regardait quel était son mazal, puis le bénissait en fonction de cela. Par exemple, s’il voyait qu’un tel devait s’enrichir, il le lui souhaitait. Cet individu pensait alors s’être enrichi grâce à sa bénédiction. C’est aussi ce qu’il fit à Balak, auquel il souhaita de devenir roi, après avoir vu que c’était sa destinée.

Balak, lui-même plus grand magicien encore que Bilam, savait qu’il bénissait les hommes en fonction de leur mazal. C’est pourquoi il ne lui demanda pas de le bénir, mais de maudire le peuple juif. D’ailleurs, ce pouvoir se lit à travers son nom, Bilam, où l’on retrouve la racine bala, signifiant endommager.

Tel est le sens des mots de Balak « Car je le sais » : je connais les limites de ton pouvoir et sais que celui que tu bénis est déjà béni (mévorakh, au passé), alors que celui que tu maudis sera maudit (youar, au futur). La bénédiction du premier est un fait déjà établi, alors que la malédiction du second résulte de celle que tu as prononcée à son encontre.

Une opportunité unique

« La colère de Bilam s’enflamma et il frappa l’ânesse de son bâton. » (Bamidbar 22, 27)

Pourquoi frappa-t-il son ânesse au lieu de la maudire, pouvoir qu’il détenait ?

Dans son ouvrage Dérekh Si’ha, Rav ‘Haïm Kanievsky chelita rapporte les paroles du Midrach selon lesquelles, s’il l’avait maudite, il n’aurait pas pu maudire le peuple juif. Vraisemblablement, il aurait ainsi perdu son pouvoir. Pour la même raison, le bâton d’Elicha ne fut plus d’aucune utilité, parce que Gué’hazi l’avait utilisé en chemin pour ressusciter un chien mort, suite à quoi il perdit son pouvoir.

On raconte que Rabbi Mordékhaï Banet zatsal, désirant témoigner sa reconnaissance à quelqu’un, lui dit d’acheter un billet de loto auquel il sortirait gagnant. Ce dernier se rendit au guichet pour ce faire. De retour chez lui, il fit un tirage au sort afin de vérifier s’il sortirait bien gagnant. Et effectivement, ce fut le cas. Mais, à sa plus grande déconvenue, il ne sortit pas gagnant au vrai tirage. Il se plaignit alors au Rav Banet, qui lui dit que cela ne se pouvait pas. L’autre lui confia alors qu’il avait d’abord fait chez lui un essai de tirage, auquel il était sorti gagnant. Le Rav comprit la raison de son échec au vrai tirage. « J’avais prié pour que ton numéro sorte gagnant et cela a été le cas », expliqua-t-il.

Destiné à tomber par le glaive

« Eh bien donc, fuis dans ton pays. » (Bamidbar 24, 11)

Dans son ouvrage Adérèt Eliahou, Rabbénou Yossef ‘Haïm – que son mérite nous protège – souligne que le terme béra’h (fuis) est composé des mêmes lettres que le terme ‘hérev (épée).

Balak signifiait ainsi allusivement à Bilam qu’il finirait par tomber par le glaive, celui de Pin’has, comme il est écrit : « Et aussi Bilam, fils de Beor, le magicien, que les enfants d’Israël avaient fait périr, avec leurs autres victimes, par le glaive. » (Yéhochoua 13, 22)

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

La Torah protège de toute calamité

« Il ne regarde pas l’iniquité en Yaakov, Il ne voit point de mal en Israël. » (Bamidbar 23, 21)

Balak, venu écouter comment Bilam maudissait les enfants d’Israël, l’entendit dire : « Il ne regarde pas l’iniquité en Yaakov, Il ne voit point de mal en Israël. L’Eternel, son D.ieu, est avec lui, et l’amitié d’un Roi le protège. » Autrement dit, lorsque les enfants d’Israël étudient la Torah et accèdent au niveau de « rois », c’est-à-dire de Sages – comme il est dit : « Qui sont les rois ? Les Sages » (Guitin 62b) –, ils méritent que s’applique en leur faveur le début du verset « Il ne regarde pas l’iniquité en Yaakov, Il ne voit point de mal en Israël », c’est-à-dire jouissent d’une protection de toute calamité, même si le plus grand des prophètes des nations tente de les maudire.

Ajoutons que le mot téroua (traduit ici par « amitié ») est composé des lettres du mot Torah et de la lettre Ayin, allusion à la Torah pouvant être interprétée selon soixante-dix facettes. Nous y lisons en filigrane que, lorsque les enfants d’Israël étudient la Torah, ils ont le privilège de couronner l’Eternel et d’être appelés « fils du Roi ». Le cas échéant, ils sont à l’abri de tout danger. Par ailleurs, les initiales des mots outrouat mélekh bo (et l’amitié d’un Roi le protège) équivalent numériquement à quarante-huit, écho à ce nombre de prérequis de la Torah (cf. Avot 6, 6), tandis que les lettres finales de mélekh bo ont pour valeur numérique vingt-six, comme le Tétragramme.

Bilam, qui voulait maudire, agit finalement dans le sens inverse : il nous donna de précieux conseils pour avoir droit à la protection divine. Cependant, bien que la vérité sortît de sa bouche, il resta un impie, car il n’appliquait pas ce qu’il prêchait et, de plus, avait de mauvais traits de caractère, en particulier l’orgueil, racine de tous les vices.

La Torah raconte que, alors qu’il chevauchait son ânesse, un ange de l’Eternel se tint devant lui. Du fait qu’il y avait une barrière des deux côtés, l’animal dévia de son chemin et heurta le pied de son cavalier à la barrière. Cet incident constituait une allusion à l’intention de Bilam : en route pour maudire les enfants d’Israël, il n’y parviendrait pas, en raison des barrières placées par ces derniers et leur assurant une protection. Ils puisent leur pouvoir dans leur fidélité à la Torah et aux mitsvot et sont à l’abri de tout mal grâce aux barrières ajoutées à celles-ci.

Refusant de mettre en pratique ce qu’il appréhendait de son esprit, Bilam continua à avancer jusqu’à ce que son ânesse se heurtât à la barrière et qu’il se cassât le pied. C’est une allusion au fait que quiconque perturbe les personnes étudiant la Torah et observant les mitsvot, qui se placent des barrières, finit par être puni. L’ange divin apparut trois fois, en référence aux trois fêtes de pèlerinage où le peuple juif se rend à Jérusalem et y puise un influx de sainteté et de pureté, qui continue à l’accompagner par la suite et le pousse à adhérer à la voie de la Torah. Par ce biais, ils bénéficient d’une protection contre la malédiction et ses dommages, que Bilam désirait justement entraîner.

L’auteur du Kaf Ha’haïm explique, dans son ouvrage Isma’h Israël, le verset « Il envoya des messagers à Bilam, fils de Beor, à Pétor qui est sur le fleuve » (Bamidbar 22, 5). Le terme pétora (à Pétor) peut être lu pé Torah (une bouche de Torah), tandis que le fleuve renvoie aux eaux de Torah qui coulent comme celles d’un fleuve. Bilam reçut ici un message du ciel : il ne pourrait pas maudire le peuple juif, à cause du pouvoir de sa Torah. Mais, ses vices l’empêchèrent de le percevoir. C’est pourquoi son ânesse pressa son pied contre la barrière et il se cassa. Quant à nous, nous apprenons de cette histoire que, si nous nous attachons de toutes nos forces à la Torah, nos ennemis seront impuissants et ne pourront nous détruire.

LA PARACHA SOUS UN NOUVEL ANGLE

Qui peut compter la poussière de Yaakov ?

« Si vous me le demandez personnellement, affirme Monsieur Oded Korakin de Ramat Hacharon, je ne ressens pas le moins du monde que mon respect des mitsvot et, en particulier, de celles de la chémita, représente un sacrifice. » Propriétaire de champs de foin, il reçoit régulièrement des délégations de Rabbanim du monde entier. Par ses propos, il parvient toujours à les émouvoir et à leur prouver que, en dépit de tous les décrets et tentatives de nos ennemis de déraciner la Torah de notre peuple, nous continuons à vivre dans le respect de celle-ci et aspirons à préserver notre proximité de l’Eternel, serait-ce au prix d’une véritable abnégation.

La mitsva de la chémita se retrouve allusivement dans le verbe de Bilam : « Qui peut compter la poussière de Yaakov ? » En effet, comme l’explique Rachi, cette phrase fait écho aux innombrables mitsvot accomplies par le peuple juif sur le sol. Rapportons ici la formidable histoire de Monsieur Oded, récemment parue dans le journal Kol Barama :

« Le Saint béni soit-Il me montre une face si joyeuse qu’il faudrait être aveugle pour ne pas voir Ses miracles », déclara-t-il. Ces heureuses manifestations de l’intervention divine peuvent aussi se lire sur le visage rayonnant de ses agriculteurs du kibouts Yakoum.

Lorsque le vieil agriculteur décida de moissonner ses champs de foin au début du mois d’Iyar de la sixième année du dernier cycle, il fut la risée de tous. « Que fais-tu donc ? lui lançait-on. Pourquoi moissonnes-tu si tôt ? Laisse donc le foin pousser encore un peu ! » Les autres agriculteurs se moquèrent de lui et le prirent pour un fou.

Mais Oded n’y prêta pas attention. Il préféra se conformer à son sixième sens qui lui donna le présentiment, dès le début du mois d’Iyar, en pleine période de sécheresse, que les pluies allaient bientôt arriver. Aussi, il moissonna ses champs, puis fit de grandes bottes de foin qu’il entreposa dans ses immenses hangars. Les autres propriétaires de champs de foin ne commencèrent pas leur moisson. Le résultat de son initiative suscita l’étonnement de ces derniers, tout comme des Rabbanim venus visiter son kibouts. Ce qui est certain, c’est que les champs d’Oded furent l’antithèse totale de la sécheresse annoncée alors, dans le Nord comme dans le Sud. La preuve en qu’il parvint à vendre immédiatement tout le foin entreposé dans ses hangars, exploit que ne connut aucun de ses voisins.

Bien qu’Oded et son frère Mikhaël, son partenaire en activité agricole, naquissent tous deux en Israël à une époque où l’identité religieuse était déjà présente, ils traversèrent de nombreuses expériences et aventures avant de parvenir au sublime niveau de Juifs respectant la chémita. A cet égard, ils exprimèrent leur accord total à laisser reposer l’ensemble de leurs champs, qui s’étendent sur plus de 1 500 kilomètres carrés, sur l’un des terrains les plus fertiles du pays. « Sans le soutien permanent dont nous jouissons de la part des Grands de notre peuple, nous ne serions pas arrivés où nous sommes aujourd’hui », reconnaissent-ils. Les visites fréquentes sur le terrain de Rabbanim, chaleureux à leur égard et leur adressant de ferventes bénédictions, attestent leurs propos.

Quiconque entrait dans leurs champs lors de la dernière chémita était saisi de stupeur, face aux épis de blé se dressant à une hauteur inhabituelle. « Comment des épis si hauts et gros avaient-il pu pousser dans les champs d’un homme respectant la chémita ? » se demandait-on. On en déduisait rapidement l’ampleur du miracle dont il avait bénéficié, qui témoignait la bonté considérable du Créateur envers Ses vaillants. Quel rapport entre les mois d’Adar et de Nissan de la sixième année et ce qui advint dans les champs d’Oded la septième ? A priori aucun et c’est justement pourquoi eut lieu ce grand miracle.

Probablement, personne ne se souvient plus des puissantes pluies qui tombèrent soudain à la fin du mois d’Adar de la sixième année du cycle précédent. Il s’agissait d’un véritable prodige, parce que, sans ces pluies, tout le blé semé n’aurait rien produit. Si ce miracle s’exprima dans la plupart des champs par la sauvegarde du blé de la sixième année, dans ceux d’Oded, ce miracle s’étendit jusqu’à la septième année.

« Les pluies étaient si fortes que, même après la moisson de la sixième année, il resta du blé dans les champs ; il eut encore le temps de bourgeonner pendant cette année et poussa durant celle de la chémita », souligne Oded.

Le rare spectacle d’épis de blé élancés en plein hiver était l’un des miracles évidents de la chémita précédente. L’équipe des tracteurs du kibouts Yakoum travailla sans relâche. Ils devaient ôter tous les tuyaux d’arrosage pour qu’ils n’incommodent pas la moisson. Evidemment, celle-ci fut destinée à la nourriture d’animaux, mais réfléchissons un instant : il s’agissait de blé n’ayant pas été semé par les propriétaires des champs. En outre, contrairement aux autres agriculteurs respectant la chémita, qui sèment le blé utilisé pour nourrir les animaux, Oded n’en avait pas semé du tout, mais, grâce aux pluies de la sixième année, du blé avait poussé tout seul sur ses terrains, y avait bourgeonné et atteint une maturité telle qu’il put être vendu en tant que nourriture pour animaux, ce qui lui avait rapporté beaucoup d’argent.

« De l’argent ? s’écrie l’agriculteur portant des tsitsit. Ce gain ne m’intéresse nullement. Ce que j’ai gagné, avant tout, c’est la grande sanctification du Nom divin qui a résulté de ce miracle. »

 

 

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