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Parachat Ekev

31 Juillet 2021

כב אב התשפ"א

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 21h13* 22h18 23h36
Lyon 20h53* 22h03 23h03
Marseille 20h44* 21h51 22h46
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La vertu de s’installer en Terre Sainte

Rabbi David Hanania Pinto

« Car le Seigneur ton D.ieu te conduit dans un bon pays, pays de torrents et de sources jaillissant de l’abîme, dans les vallées et les montagnes ; pays de froment, d’orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers, pays d’oliviers oléagineux et de miel ; pays où tu mangeras le pain à discrétion, où tu ne manqueras de rien ; ce pays, ses pierres sont de fer, de ses montagnes, tu extrairas le cuivre. » (Dévarim 8, 7-9)

Ces versets soulignent la sainteté du pays d’Israël. La Torah précise que, lorsqu’on s’apprête à s’y installer, on doit savoir qu’il s’agit d’une terre particulière, dotée de sainteté, contrairement aux autres pays du monde. En quoi se différencie-t-elle de ces derniers ? Où réside donc sa sainteté ?

Elle est appelée « Terre Sainte » parce qu’elle retire sa sainteté de la Torah et des mitsvot qui lui sont propres et s’appliquent uniquement sur son sol. Par conséquent, tout Juif qui fait sa alia doit s’élever par le biais de l’étude de la Torah et de l’observation des mitsvot.

Au sujet d’Israël, il est également dit : « Un pays dont le Seigneur ton D.ieu prend soin : sur lui, les yeux du Seigneur ton D.ieu sont fixés constamment, du début de l’année à la fin de l’année. » (Dévarim 11, 12) En d’autres termes, il jouit d’une Providence divine permanente. Or, malheureusement, au lieu d’utiliser à bon escient tous ces atouts pour progresser spirituellement, nombre d’entre nous se laissent rapidement décourager par les difficultés de l’intégration.

Puisque nous parlons de la vertu de la Torah qui apporte à l’homme un renforcement, j’aimerais vous dire que c’est la seule chose qui m’a consolé suite au décès de ma mère, la Rabbanite – puisse-t-elle reposer en paix. Peu après qu’elle eut envoyé mon frère Yaakov étudier à la Yéchiva, mon père eut une attaque cérébrale. Lorsque cette nouvelle parvint aux oreilles de mon frère, il téléphona à Maman et lui dit : « J’ai entendu que Papa avait eu une attaque cérébrale. Puis-je venir lui rendre visite ? » Elle lui répondit en arabe : « Ton père mourrait-il, ta mère mourrait-elle, tu resteras à la Yéchiva ! »

Mes parents ancrèrent en nous la foi en D.ieu et un amour inconditionnel pour la Torah, quelle que soit la situation, bonne ou mauvaise. Ils se sacrifièrent pour l’étude et nous transmirent la volonté d’en faire de même et d’y progresser toujours davantage, que Papa soit malade ou qu’une autre difficulté survienne.

À présent, j’aimerais vous parler de ma alia en Terre Sainte. Avant de faire ce pas, je me rendis chez le Gaon Rabbi Ovadia Yossef – que son mérite nous protège – pour connaître sa position à ce sujet. Il me répondit : « Bien sûr, bien sûr. C’est un pays saint, qui sanctifie ses habitants. Vous devez poursuivre ici et là-bas vos œuvres en faveur de la communauté. Il est vrai qu’ici, cette tâche est très difficile, mais, si vous réussissez, avec l’aide de D.ieu, vous aurez un grand mérite. »

Depuis que j’habite ici, j’ai eu l’occasion de constater la vérité de ces propos. De nombreuses familles ont fait leur alia, mais ne sont finalement pas restées habiter ici. Soit elles sont retournées en France, soit elles se sont dirigées vers d’autres pays. Ceci est dû au fait qu’elles ne s’étaient pas préparées correctement à leur installation en Israël. Elles n’avaient pas réfléchi où habiter ni où scolariser leurs enfants et comment les éduquer.

Car, de leur point de vue, Israël est un pays touristique, tandis que sa véritable nature de pays de Torah leur a échappé. C’est la raison pour laquelle elles n’ont pas su se préparer à leur vie en Terre Sainte. Même si certaines d’entre elles avaient prévu de se perfectionner par la suite, jusqu’à ce que leurs yeux se soient dessillés et qu’elles aient compris la valeur spirituelle d’Israël, leur situation financière était devenue très précaire, les plongeant dans un grand dilemme.

Nos ancêtres sortirent d’Égypte de manière très précipitée : « Parce que, chassés de l’Égypte, ils n’avaient pu attendre et ne s’étaient pas munis d’autres provisions. » (Chémot 12, 39) Ils suivirent l’Éternel vers le désert, terre inculte, sans avoir préparé la moindre provision de vivres et d’eau. Les mains vides, ils n’avaient que quelques restes de matsa emportés avec eux. Le Saint béni soit-Il accomplit en leur faveur de nombreux miracles, ce qui ancra dans leur cœur la foi en Lui. Cependant, nous sommes loin de les égaler et ne pouvons nous comparer à eux. À notre piètre niveau, il nous incombe de nous préparer à chaque entreprise, de prévoir le chemin que nous emprunterons et la manière dont nous agirons.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Passer au péage

La plupart des autoroutes à travers le monde comportent des péages – le montant du paiement étant fonction de la distance parcourue.

Un jour, je voyageais avec mon accompagnateur, Rav Moché Mirali, sur une autoroute du New Jersey. Après avoir parcouru un certain nombre de kilomètres, nous avons été bloqués dans un grand bouchon. Nous nous demandions à quoi il était dû et avons ouvert les fenêtres de notre voiture afin de tenter de nous renseigner. Des cris nous sont alors parvenus et, peu après, nous avons compris qu’il manquait dix centimes à un homme pour pouvoir continuer son voyage.

Les agents lui interdisant de passer, toute la circulation avait été bloquée. Face à ce tumulte, je suggérai à Rabbi Moché d’aller remettre dix centimes à ce conducteur pour que nous puissions poursuivre notre route.

Suite à cet incident, je me suis dit que si D.ieu avait fait en sorte que j’assiste à cette scène, c’était afin que j’en tire leçon.

Je réalisai alors que, dans ce monde, nous aussi cheminons continuellement sur une autoroute en direction du monde à venir. « Nos jours sont de soixante-dix ans et, en cas de grande vigueur, de quatre-vingts ans. » (Téhilim 90, 10) Un beau jour, notre voyage se terminera et nous arriverons au péage. Or, notre mode de paiement consistera en Torah, mitsvot et bonnes actions. Malheur à celui qui, arrivé à ce péage, n’aura pas de quoi couvrir les frais de son voyage !

Cet incident me permit également de comprendre que l’homme peut, avec une toute petite faute, causer un immense bouchon dans le canal des bénédictions se déversant sur lui d’En-haut. Ce bouchon ne disparaîtra que s’il se repent de ce léger faux pas.

PAROLES DE TSADIKIM

Héritier d’une fortune du jour au lendemain

De nombreux versets de la Torah raffermissent notre confiance dans le Maître du monde, qui veille à la subsistance de l’ensemble de Ses créatures, tandis que tous nos efforts pour obtenir un gagne-pain ne sont que de l’ordre de la hichtadlout. De même qu’aucun individu sensé ne pense aider la locomotive à tirer les wagons du train, nous n’aidons nullement le Saint béni soit-Il à subvenir à nos besoins. Nous accomplissons uniquement notre devoir de fournir un effort minimal.

Dans notre paracha, nous trouvons une phrase très puissante : « Pour t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur. » (Dévarim 8, 3)

Rabbi Acher Weiss raconte l’histoire d’un avrekh de Manchester qui vouait son existence à l’étude de la Torah, à laquelle il s’attelait avec une assiduité exceptionnelle. Même après que sa famille se fut agrandie, il continua à s’y consacrer. Avec sacrifice, son épouse, une femme pieuse, accepta de s’occuper, à elle seule, des différentes charges de leur foyer.

La famille entière contribuait à cette noble cause, aussi bien le père, la mère que les enfants. Tout le monde se demandait comment ils avaient un gagne-pain suffisant. En outre, ils avaient toujours le sourire. Un beau jour, leur naquit un douzième enfant, tandis que le père continua à étudier. Un peu plus tard, ils en eurent un treizième. Mais, en dépit des difficultés grandissantes, il ne voulut pas renoncer à sa vocation, tant il se délectait de la douceur de la Torah, outre le soutien de sa femme et de ses enfants d’où il puisait le courage et les forces nécessaires pour persister.

L’instabilité financière de cette famille ne fit qu’accroître sa confiance en D.ieu, qui pourvoit aux besoins de tous. Les multiples tentatives de ses amis et connaissances pour convaincre le père de travailler au moins une demi-journée tombèrent dans les oreilles d’un sourd. Des liens d’amour si puissants le rattachaient à la Torah que nul ne pouvait les défaire.

Un jour, quand il quitta le beit hamidrach pour rentrer chez lui, il remarqua qu’une lettre l’attendait dans sa boîte. Il constata aussitôt qu’elle n’avait pas l’aspect d’un courrier ordinaire. En l’ouvrant, il en eut la confirmation : il s’agissait d’une convocation au tribunal, où il devait comparaître pour un jugement le concernant. Quel n’en fut pas son étonnement ! Qu’est-ce qu’un avrekh étudiant jour et nuit au Collel avait donc affaire avec la cour de justice ? Il n’avait certainement pas commis une infraction pénale et n’était pas non plus impliqué dans une quelconque affaire financière.

Le mystère persista jusqu’à la date du jugement. Notre cher avrekh apprit alors que, d’après le testament d’un certain millionnaire non-juif de la ville, il était devenu l’unique héritier de tous ses biens. Mais, ceci semblait trop loin de la réalité et il était sûr qu’il s'agissait d’une erreur. Quel rapport entre lui et un millionnaire non-juif qu’il n’avait pas connu et duquel il n’avait jamais entendu parler ? Pourtant, le juge lui expliqua que le défunt n’avait pas eu d’enfant et, du fait qu’il les aimait beaucoup, il avait exigé que toute sa fortune soit remise à la famille la plus nombreuse de la ville.

« Après avoir consulté le registre de la population, poursuivit le juge, il s’est avéré que votre famille de treize enfants correspond à ce critère. Il existe plusieurs autres familles de douze enfants, mais votre dernier fils, né il y a deux semaines, vous a donné le statut de famille la plus nombreuse. C’est pourquoi nous vous désignons comme l’unique héritier du défunt. »

CHEMIRAT HALACHONE

Tenir compte du résultat

Il existe un autre cas où il est permis de formuler une critique sur autrui dans une visée constructive : afin d’aider la personne victime du mauvais comportement de celui-ci.

C’est le cas, par exemple, si on voit de ses propres yeux un Juif causer un préjudice financier ou autre à son prochain et que l’on se soucie de son dédommagement ; il sera permis de rapporter ce qui s’est passé. Après s’être assuré de l’exactitude des faits, avoir parlé à l’auteur du préjudice et l’avoir réprimandé, il faut bien réfléchir quels seront les résultats d’un rapport des faits et s’il est réellement permis, d’après la loi, de les rapporter.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Tsion avait dit : “L’Éternel m’a délaissée, le Seigneur m’a oubliée” (…). » (Yéchaya chap. 49)

Cette haftara fait partie de celles lues au cours des 7 Chabbatot de consolation suivant le 9 Av et, de fait, contient des passages destinés à consoler le peuple juif, juxtaposés  à d’autres traitant de la foi en D.ieu et en Sa Torah.

LA CHÉMITA

Quelques lois de la chémita

Il existe une mitsva positive de la Torah de cesser toute activité agricole durant la septième année. Cette mitsva comprend trois impératifs généraux.

Premièrement, on évitera tout travail dans le champ, aussi bien au sol que sur les arbres. Deuxièmement, on mettra les produits de la récolte de la septième année à la libre disposition du public et on leur appliquera les lois les concernant. De même, on ne pourra garder chez soi une espèce qui n’existe plus dans le champ. Troisièmement, à la fin de l’année de chémita, il ne sera plus possible de réclamer sa dette à son débiteur.

Les années de chémita n’ont pas été comptées depuis la création du monde. Le début de ce compte remonte à quatorze ans après l’installation de nos ancêtres en Terre Sainte, où ils reçurent l’ordre d’observer cette mitsva. Il en résulte que la première année de chémita correspondait à leur vingt et unième année de résidence dans ce pays.

La mitsva de chémita ne doit être observée qu’en Israël, comme il est dit : « Quand vous serez entrés dans le pays que Je vous donne, la terre sera soumise à un chômage en l’honneur de l’Éternel. » (Vayikra 25, 2) En Diaspora, il n’existe donc aucune restriction dans le domaine agricole la septième année. Seul le troisième volet mentionné – l’annulation des dettes – s’y applique également.

Selon la plupart des décisionnaires, de nos jours, la mitsva de chémita n’est pas obligatoire d’après la Torah (min haTorah), mais uniquement d’après nos Maîtres (midérabanan). C’est pourquoi tout doute qui surgira concernant ces lois sera traité à la manière d’un doute relatif à cette catégorie de mitsvot, c’est-à-dire qu’on considérera que c’est permis.

PERLES SUR LA PARACHA

Un appartement suffit !

« De peur que tu manges, étant rassasié, que tu bâtisses de belles maisons, étant installé. » (Dévarim 8, 12)

L’ouvrage Ben David cite la question de Rabbi Yaakov Dawik zatsal, originaire d’Iran : pourquoi est-il dit « tu mangeras » [traduction littérale] au futur et « étant rassasié » au passé, ainsi que « tu bâtiras » au futur et « étant installé » au passé ?

Il explique que la Torah désire mettre en garde les enfants d’Israël contre l’accumulation de biens matériels dépassant leurs besoins. Le verset les avertit de ne pas manger alors qu’ils sont déjà rassasiés, et de ne pas désirer une autre maison, meilleure que celle qu’ils possèdent. Car, si on est attiré par le luxe, à D.ieu ne plaise, on risque de tomber dans le travers décrit dans la suite des versets : « Il se pourra que ton cœur s’élève et que tu oublies le Seigneur ton D.ieu. » (Dévarim 8, 14)

La Torah ne parle donc pas d’un individu affamé ou n’ayant pas de toit, qui a tout à fait le droit de se soucier de combler ces besoins élémentaires. Il peut chercher une demeure et un gagne-pain, ce qui lui permettra de servir l’Éternel et ne le fera pas tomber dans les rets du mauvais penchant.

La mitsva, signée par son auteur

« Ne considère pas l’entêtement de ce peuple. » (Dévarim 9, 27)

Comment Moché put-il dire au Roi des rois « Ne considère pas », alors qu’Il observe et surveille les actes de tous les êtres humains et les juge, comme il est dit : « C’est que Ses yeux sont ouverts sur les voies de l’homme » (Iyov 34, 21) ?

Dans le Zohar (Kédochim 83, 1), Rabbi ‘Hiya y répond en déduisant combien l’homme doit se garder du péché. Quand il accomplit une mitsva, elle monte dans les cieux, se tient devant le Saint béni soit-Il et déclare : « Je proviens d’un tel qui m’a créé. » L’Éternel la maintient devant Lui pour la regarder tous les jours et faire du bien à son réalisateur. S’il commet un péché, celui-ci rejoint les cieux et se présente en nommant son auteur. D.ieu le maintient devant Lui pour l’observer et punir ce dernier. Cependant, au sujet de celui qui se repent, il est dit : « Eh bien ! Le Seigneur a repoussé (héévir) ta faute. » (Chmouel II 12, 13) Le Saint béni soit-Il ôte ce péché de devant Lui pour cesser de le regarder et être bienveillant envers le repenti.

D’où le sens de la requête adressée par Moché : « Ne considère pas l’entêtement de ce peuple, sa perversité, son péché. »

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

Les mitsvot foulées au talon

« Si vous écoutez ces lois, si vous les observez et les exécutez, alors, en récompense, le Seigneur ton D.ieu te gardera l’alliance et l’affection qu’Il a jurées à tes ancêtres. » (Dévarim 7, 12)

Rachi interprète le terme ékev (si) comme une allusion aux mitsvot souvent foulées du talon (akev) ; elles doivent être observées au même titre que celles plus fondamentales. Parfois, on a tendance à penser qu’il n’est pas si grave d’arriver cinq minutes en retard à son cours ou de prier une fois chez soi, plutôt qu’à la synagogue. S’il ne s’agit certes pas d’interdits absolus, néanmoins, la Torah nous ordonne explicitement de veiller à ne pas négliger ces devoirs semblant moins importants. Nous devons faire très attention de les respecter eux aussi, car ils font partie intégrante de la Torah.

Il nous arrive aussi de négliger d’autres mitsvot, celles s’inscrivant dans la routine, l’accoutumance entravant notre ferveur. Quand nous écoutons le chofar, nous parvenons à nous concentrer sur la mitsva du repentir, parce qu’elle est rare. Par contre, lorsque nous mettons le talit katan chaque matin, cela ne nous émeut pas outre mesure et nous l’enfilons machinalement comme un simple vêtement. Tel est le pouvoir destructeur de l’habitude. L’Éternel nous met également en garde contre la négligence témoignée dans ce type de mitsvot. Nous devons lutter pour ne pas tomber dans le piège de la routine en foulant du talon les commandements réguliers. Pour ce faire, on gardera bien à l’esprit l’importance de toute mitsva et sa récompense conséquente.

Cela étant, il nous faut comprendre pourquoi la Torah a utilisé l’image du talon pour illustrer les commandements quelque peu négligés.

Le talon, partie la plus basse de l’homme, symbolise la fin de son existence terrestre. Celui qui désire se repentir et se renforcer dans le respect des mitsvot routinières doit considérer ce qui l’attend au terme de sa vie, lorsqu’il devra se présenter devant la cour céleste. Cette pensée lui rappellera sans nul doute la valeur inestimable de toute mitsva et son salaire incommensurable. En effet, après cent vingt ans, ces milliers de petites mitsvot quotidiennes lui seront d’un grand secours.

Dans son ouvrage Pitou’hé ‘Hotam, Rabbi Yaakov Abou’hatséra – que son mérite nous protège – explique dans cet esprit la juxtaposition des sections Ekev et Réé : celui qui désire se travailler pour ne pas piétiner les mitsvot semblant secondaires doit voir (réé) son talon (akev), autrement dit se souvenir du jour de la mort, où il retirera une jouissance de toute mitsva, serait-ce la plus minime. Si l’on réfléchit ainsi de son vivant, on méritera de l’accomplir avec la ferveur requise, contribuant à sa perfection.

LA PARACHA SOUS UN NOUVEL ANGLE

Pratiquer la bienfaisance « en chemin »

« L’homme sensible saura, comprendra et réalisera que presque tout le judaïsme, en particulier lors de cet exil amer, repose sur le secours apporté à notre frère ou proche pour qu’il ne s’effondre pas », a affirmé Rabbi Kalfon Moché Hacohen zatsal, interprétant ce verset de notre paracha : « Et maintenant, Israël, que te demande le Seigneur ton D.ieu, sinon de craindre le Seigneur ton D.ieu, d’aller dans toutes Ses voies, de L’aimer. » (Dévarim 10, 12) Rachi commente : « De même que l’Éternel est miséricordieux, sois-le ; de même qu’Il est bienfaisant, sois-le. »

On a tendance à penser que seuls les gens aisés sont en mesure de réellement pratiquer la bienfaisance, par exemple par un don de cent mille dollars pour un malade devant subir une opération coûteuse. Or, il s’agit là d’une grande erreur, comme le souligne l’auteur du Ménou’hat Ahava, Rabbi Moché Lévi zatsal, puisque tout acte accompli dans l’intention de faire du bien à autrui s’inscrit dans la charité. Par conséquent, des opportunités incessantes s’offrent quotidiennement à nous et il nous suffit de les exploiter.

Lorsque des parents s’occupent de leurs enfants, ils font du ‘hessed sans même s’en rendre compte. Plus encore, celui pratiqué au sein du foyer est de première priorité. Rabbi Moché Lévi témoigne que, depuis qu’il a lui-même pris conscience de la primauté de la charité, il « essaie de trouver des occasions d’en pratiquer ». « Par exemple, ajoute-il, en route vers la Yéchiva comme sur la route du retour, j’essaie de repérer des enfants désirant traverser la rue et leur indique quand ils peuvent le faire en toute sécurité. »

La charité ne se limite pas à une assistance matérielle, elle comprend également une aide spirituelle, tout aussi importante. Celui qui récite des psaumes pour un malade lui apporte ce type de soutien, disait Rabbi Moché Lévi, qui appliquait ce qu’il prêchait. Lorsque l’épouse de Rabbi Meïr Mazouz chelita tomba malade, il organisa un voyage au Kotel où des prières furent récitées en faveur de sa guérison. De plus, en route, il se soucia de répartir les dix-huit livres de Téhilim dans ce but.

Même lorsqu’on nous énerve

Rabbi Acher Freiner zatsal était le « père » des personnes déprimées. À toute heure de la journée, sa demeure était grande ouverte à tous. Il rapprochait de lui les hommes auxquels la chance ne souriait pas et, tel un père miséricordieux, veillait à combler leurs besoins. En outre, il l’accomplissait avec simplicité et modestie, comme les anciens de Jérusalem qui fuient les honneurs et la célébrité. Par ailleurs, il avait l’habitude d’ancrer la foi pure en D.ieu dans le cœur d’autrui, en répétant qu’il n’existe rien de ce monde qui ne provienne de Lui.

Quant à l’enseignement précité de nos Sages, « De même qu’Il est miséricordieux, sois miséricordieux », il l’expliquait ainsi : « À l’instar du Saint béni soit-Il qui nous prend en pitié même lorsque nous ne nous conduisons pas correctement, il nous incombe d’imiter cette vertu divine, y compris quand on nous irrite ou agit à notre égard d’une manière déplaisante. »

Rapportons ici le témoignage d’un de ces malheureux auquel Rabbi Acher a porté secours : « À une certaine phase de mon existence, je connus un déclin spirituel. Progressivement, je commençais à me relâcher dans la prière et la Torah, au point que je devins désabusé et désœuvré. Constatant ce qui se passait en moi, Rabbi Acher m’invita à venir discuter avec lui. À la fin de notre entretien, il me proposa une mission : m’occuper d’un certain jeune homme quelque peu perturbé mentalement, en le prenant sous ma tutelle et pourvoyant à tous ses besoins. C’est ainsi que j’étais désormais occupé du matin au soir à remplir cette tâche.

« Je réalisai alors l’immense charité de Rabbi Acher : non seulement il m’avait préservé de l’ennui mortel, mais, en plus, il s’était soucié de faire du bien à ce ba’hour qui, depuis lors, ne se sentait plus seul et avait l’agréable sentiment que son sort intéressait quelqu’un. Un jour, je reçus un appel téléphonique. À l’autre bout du fil, Rabbi Acher m’annonçait qu’il mariait bientôt sa fille et m’invitait, ainsi que le jeune homme, à cette célébration.

« Le grand jour arrivé, nous nous dirigeâmes vers la demeure de Rabbi Acher. Sur place, nous le vîmes debout devant chez lui, son shtreimel sur la tête. Lorsqu’il nous remarqua, il me demanda si j’avais ciré les chaussures du ba’hour en l’honneur du mariage. Je répondis par la négative et il s’empressa alors de retourner sur ses pas, pour bientôt revenir du cirage à la main et se mettre lui-même à la tâche. »

Un autre homme ayant côtoyé de près ce Tsadik raconte : « Certains individus qui fréquentaient sa maison n’étaient pas stables. L’un d’eux était si perturbé qu’il ne cessait de crier et de s’exciter, ce qui était très pénible pour les membres de la famille. Avec délicatesse, je tentai de suggérer à Rabbi Acher de le renvoyer chez lui. Mais, il me répondit avec fermeté : “Est-ce ma maison pour que je puisse me permettre d’en chasser des gens ?ˮ»

 

 

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