Chabbat Hol Hamoêd Soukot 25 Septembre 2021 יט תשרי התשפ"ב |
|
Se sacrifier dans l’accomplissement des mitsvot
Rabbi David Hanania Pinto
Nos Maîtres affirment (Avoda Zara 3b) que, dans les temps futurs, les idolâtres voudront se convertir. Ils placeront des mézouzot à leurs portes, mettront des téfillin sur la tête et le bras, porteront des tsitsit et se présenteront ainsi au Saint béni soit-Il pour Lui réclamer une récompense. De plus, ils Lui demanderont de leur donner la Torah. Cependant, Il leur rétorquera qu’avant d’en faire don au peuple juif, Il l’avait proposée à toutes les autres nations, qui l’avaient refusée ; aussi, pourquoi la désirent-ils soudainement ?
Suite à leur insistance, D.ieu leur répondra : « Imbéciles ! Celui qui se donne de la peine la veille de Chabbat aura de quoi manger Chabbat, alors que celui qui ne s’en donne pas, qu’aura-t-il à manger ? Néanmoins, Je peux vous donner une mitsva facile, celle de la soucca. Allez donc l’accomplir ! » Chacun d’entre eux s’affairera à la construction d’une soucca sur le toit de sa maison. L’Éternel dardera sur eux un soleil de plomb, en plein mois de Tamouz. Aussitôt, chacun frappera du pied sa soucca et en sortira.
Les non-Juifs réclameront une récompense de nature spirituelle. C’est pourquoi ils s’habilleront comme des Juifs, feindront de se comporter comme tels, afin de justifier leur droit à cette rétribution. D.ieu leur répondra que seul celui qui a peiné pour Chabbat, c’est-à-dire qui s’est préparé durant toute sa vie au monde futur, pourra manger lors du jour saint, bénéficier d’une récompense dans le monde éternel. Or, uniquement les Juifs se sont attelés à cette tâche, aussi bien en Terre Sainte que durant leurs exils successifs. Ils ont respecté l’ensemble des mitsvot, consommé des matsot à Pessa’h, dormi dans une cabane à Souccot, jeûné à Kippour, etc. Ce sacrifice pour rester fidèles aux mitsvot leur vaudra une récompense dans le monde futur.
Toutefois, les non-Juifs n’abandonneront pas si vite. Ils argumenteront que, si D.ieu leur avait donné la Torah, ils l’auraient observée. Il leur rappellera qu’ils l’avaient refusée lorsqu’Il la leur avait proposée. Mais, comme Bilam l’impie qui souhaita « Puissé-je mourir comme meurent ces justes, et puisse ma fin ressembler à la leur ! » (Bamidbar 23, 10), ils désiraient vivre à la manière des non-Juifs et mourir comme des Juifs, en étant récompensés. Nos Maîtres définissent ainsi ce type d’individus : « Il agit comme Zimri et veut être rétribué comme Pin’has. » (Sota 22b)
Néanmoins, le Saint béni soit-Il prendra en pitié les non-Juifs et leur suggérera : « Vérifions si vous méritez une récompense. Je vais vous donner une petite mitsva facile et peu onéreuse, celle de la soucca. Voyons si vous parviendrez à l’accomplir. » Aussitôt, tous iront construire une cabane sur le toit de leur maison. Que fera le Saint béni soit-Il ? Il dardera sur eux un soleil de plomb et ils ne tarderont pas à sortir de leur soucca en la frappant du pied.
Comment comprendre une telle réaction ? Sachant que leur récompense dépend directement de l’accomplissement de cette mitsva, pourquoi ne fourniraient-ils pas d’efforts ? En frappant du pied la soucca, ils ne feront que prouver qu’ils ne méritent pas d’être rétribués. Après avoir tant insisté pour recevoir une récompense, comment se décourageront-ils si rapidement, à cause de la chaleur ?
Quant à nous, agissons-nous ainsi ? Il arrive souvent que la chaleur soit au rendez-vous à Souccot ; nous transpirons et il nous est difficile de manger dans la soucca. Pourtant, nous ne la frappons pas du pied en sortant, mais nous nous efforçons d’accomplir cette mitsva. Même si nous ne supportons plus la canicule et sommes contraints de quitter la soucca, nous le faisons avec de la peine.
Pourquoi les non-Juifs la frapperont-ils du pied, perdant stupidement leur récompense ? Nous en déduisons la différence de fond existant entre les nations du monde et le peuple juif. Ce dernier mène une vie de souffrance. Pourtant, il ne l’accepte pas par habitude, mais par amour pour l’Éternel. C’est la raison pour laquelle cet amour ne peut disparaître, même en cas de souffrance. Car tout Juif est prêt à en pâtir, pourvu d’accomplir l’ordre divin à la perfection.
Seuls les Juifs, animés d’un puissant amour pour le Créateur, sont disposés à tout faire pour Le contenter, quel que soit le sacrifice qu’impliquent les mitsvot. Ainsi, au lieu d’aller dormir ou manger, combien d’hommes vont étudier ou écouter des cours de Torah ! Eux méritent, sans nul doute, une grande récompense.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
En souvenir de la sortie d’Égypte
Une année, pendant la fête de Souccot, je marchais en direction de la synagogue, muni des quatre espèces, quand un voisin non-Juif m’arrêta pour m’interroger : « Aujourd’hui, j’ai croisé beaucoup de personnes, comme vous, avec ces plantes en main. Qu’est-ce qu’elles représentent ?
– Ce sont les quatre espèces.
– À quoi cela se réfère-t-il ? », reprit-il, intrigué.
Je lui expliquai brièvement ce que sont le loulav, l’étrog, le hadass et la arava, que nous avons la mitsva de secouer à Souccot.
Profitant de cette discussion sur des sujets religieux, il continua : « Chaque année, je vous entends chanter et jouer de la musique dans la cabane que vous construisez au-dehors. Est-ce que vous devez en construire une chaque année ? Qu’est-ce que cela représente ? »
Je compris aussitôt qu’il évoquait la soucca, c’est pourquoi, remontant aux sources de cette mitsva, je lui racontai que, de nombreuses années auparavant, nous étions sortis d’Égypte.
« D’Égypte, quand cela ? s’étonna-t-il. Il n’avait pas souvenir que notre famille fût originaire de ce pays.
– Il y a quelques milliers d’années, lui répondis-je.
– Et alors, qu’y a-t-il eu, à l’époque ? », reprit-il, en riant.
Je poursuivis en lui expliquant que nous avons marché dans le désert pendant quarante ans. Cela non plus ne manqua pas de l’étonner. « Pourquoi dans le désert ? Le jour, il y fait très chaud et, la nuit, très froid. » J’évoquai alors le fait que le Saint béni soit-Il nous avait entourés de Ses nuées de Gloire, nous protégeant du froid, du chaud, des bêtes sauvages et autres embûches, ce pour quoi nous célébrons la fête de Souccot en souvenir de ces nuées.
« Et vous voulez me dire que vous croyez à tout cela ? », poursuivit mon voisin, incrédule.
– Bien sûr ! Et c’est parce que j’y crois et ai foi dans le Créateur, qui nous a délivrés d’Égypte, nous a guidés dans le désert, nous a donné la Torah et nous a fait entrer en Israël que je célèbre la fête de Souccot. »
Après que le voisin m’eut poliment salué et quitté, je me dis qu’il ne pourrait jamais comprendre notre foi en D.ieu et toutes les fêtes merveilleuses que nous avons en souvenir de tous ces prodiges dont nos ancêtres ont bénéficié au long de l’Histoire. Car les nations du monde n’ont pas de passé, pas d’histoire.
Notre peuple, en revanche, est le seul à avoir traversé les siècles, en dépit de toutes les vicissitudes de l’Histoire. Au cours des générations, les Juifs ont toujours ressenti qu’ils étaient les descendants de leurs saints ancêtres, dans les traces desquels ils marchaient.
C’est là notre grandeur en tant que peuple éternel, qui maintient vive la flamme de son histoire, la transmettant aux générations suivantes. De même, nos descendants ressentiront également le privilège d’appartenir au peuple élu et transmettront à leur tour cet héritage à leurs propres enfants. Car un peuple qui a un passé a aussi un avenir.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Ainsi parle le Seigneur D.ieu : II arrivera, ce jour-là, que des projets germeront dans ton esprit et que tu méditeras un mauvais dessein. » (Ye’hezkel, chap. 38 et 39)
Le lien avec Souccot : il est question de la guerre de Gog et Magog, qui éclatera à la fin des temps et, d’après nos Sages, à la période de Souccot.
PAROLES DE TSADIKIM
Pourquoi Rabbi ‘Haïm a changé d’avis
Le soir de Souccot, un invité vint frapper à la demeure de Rabbi ‘Haïm Ozer zatsal, Rav de Vilna. Il lui fit servir un repas et l’invita à prendre place dans sa soucca. Toutefois, il décida de dîner lui-même à l’intérieur de sa demeure, en raison du grand froid qui, lui causant de la souffrance, l’exemptait de la mitsva de séjourner dans la soucca.
L’invité alla donc y manger seul. Mais, comme le rapporte l’ouvrage Moadim Ouzmanim (1, 88), à peine quelques instants plus tard, Rabbi ‘Haïm fit son apparition dans la cabane pour y manger en compagnie de son hôte. Etonné, ce dernier le questionna : « Le Rav avait pourtant tranché qu’il était exempt de cette mitsva parce qu’il ne supportait pas le froid. Pourquoi avoir changé d’avis ? »
Le Sage lui répondit : « Tu as raison. Je ne suis pas obligé d’accomplir la mitsva de soucca. Mais, ceci ne me dispense pas des autres mitsvot. Je dois maintenant observer celle de l’hospitalité. Pour cela, je dois venir manger à tes côtés dans la soucca. » La célèbre phrase retenue de cette anecdote est : « Je suis exempt de la mitsva de soucca, mais non pas de celle de l’hospitalité. »
Au départ, Rabbi ‘Haïm avait tranché qu’il était exempt de la mitsva de soucca. Mais, il réalisa ensuite qu’il avait des obligations vis-à-vis de son invité, auprès duquel il devait rester. Pourquoi changea-t-il subitement de position ? Plus encore, comment expliquer qu’il n’ait pensé, dès le début, que le fait de prendre son repas à un autre endroit que son invité posait problème ? Il va sans dire que, durant ces instants d’hésitation, il passa en revue, dans son esprit, l’ensemble des lois de la Torah, en particulier celles concernant les relations interhumaines.
Cette histoire nous livre une leçon édifiante : les lois de morale d’un jour ne s’appliquent pas forcément à la nouvelle conjoncture du lendemain. Ceci corrobore les propos de Rav Israël Salanter selon lesquels l’acquisition de vertus représente une guerre permanente. Il nous incombe d’étudier quotidiennement de la morale, du fait que la vie est tissée d’un grand éventail d’événements différents. Même une autorité comme Rabbi ‘Haïm Ozer dut soigneusement peser le pour et le contre pour se prononcer sur un sujet délicat comme celui qui se présenta à lui.
CHEMIRAT HALACHONE
Le regret, la confession et l’engagement
L’homme ayant commis un péché envers l’Éternel doit se repentir en suivant les trois étapes suivantes : le regret, la confession et l’engagement à ne pas récidiver. Celui qui a entendu de la médisance et y a prêté crédit doit également se repentir selon ces trois impératifs.
S’il a prêté crédit à la médisance entendue, il doit, avant d’effectuer ces trois impératifs du repentir, s’efforcer de déraciner cette croyance de son cœur en se convainquant que ces propos ne sont pas véridiques. Ceci est également valable lorsque la loi autorise à écouter des critiques dans un but constructif, puisqu’il est alors néanmoins interdit d’y croire comme s’il s’agissait d’un fait avéré.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Le secret des saints ouchpizines
Lors de Souccot, nous avons l’insigne mérite d’accueillir chez nous des invités de marque, les saints ouchpizines, Avraham, Its’hak, Yaakov, Moché, Aharon, Yossef et David. Il n’est pas fortuit que Yossef mérita que lui soit réservé l’un des sept jours de la fête. En effet, il se conduisit de manière très remarquable en passant l’éponge sur la cruauté de ses frères à son égard. Il fit ainsi preuve d’une exceptionnelle grandeur d’âme, digne du niveau d’homme parfait auquel il était parvenu.
Alors que ses frères le vendirent en tant qu’esclave, plutôt que de leur garder rancune, il leur dit : « Vous, vous aviez médité contre moi le mal ; D.ieu l’a arrangé pour le bien. » (Béréchit 50, 20) En outre, il alla jusqu’à leur rendre le bien en contrepartie du mal.
Or, il apprit cette conduite du Créateur, qui ne punit pas immédiatement le pécheur, mais attend patiemment qu’il se repente, comme il est dit : « Est-ce que Je souhaite la mort du méchant, dit le Seigneur D.ieu, ne préféré-Je pas qu’il revienne de sa conduite et vive ? » (Yé’hezkel 18, 23) Yossef se conduisit à l’instar de l’Éternel, car il ressentait Sa Présence en lui. Il se dit que, si D.ieu Lui-même n’avait pas puni les tribus pour leur conduite, il ne pouvait pas se permettre de le faire.
Celui qui ressent la force divine dont il est animé n’est pas porté à sanctionner son prochain, même s’il lui a causé un préjudice. Au contraire, il cherche à agir en sa faveur. Il peut ainsi se hisser à un très haut niveau spirituel et mérite pleinement le titre d’homme.
Ceci nous permet de mieux comprendre le concept des ouchpizines. Les initiales des noms des six premiers d’entre eux équivalent numériquement à soixante-douze, soit la valeur numérique de l’un des Noms divins (Zohar II 132b). Un verset de Chémot (19, 9) y fait allusion : « L’Éternel dit à Moché : “Voici, Moi-même Je t’apparaîtrai au plus épais du nuage (béav héanan).ˮ »
Pourquoi les noms des ouchpizines se lisent-ils en filigrane précisément à travers ces derniers mots ? Car le nuage symbolise la matérialité. Le Saint béni soit-Il désigne les Justes de Son peuple par le mot adam (homme), parce qu’ils annihilent leur nuage intérieur, l’aspect matériel de leur être. C’est pourquoi ils sont aussi appelés av – de valeur numérique soixante-douze –, car ils s’identifient à D.ieu.
Enfin, le verset précité nous indique que le Très-Haut nous rend Lui-même visite durant la fête de Souccot, à travers nos patriarches et les autres saints ouchpizines.
DE LA PLUME DU CŒUR
Piyout sur la longueur de l’exil parmi les nations, de la plume empreinte de pureté de Rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol zatsal
סימן: חיים
לעומתי בן שפחתי, ניצב לריב איתי
קשתו דרוכה לירות תם, פתאום במסתרים
הנה בניך בעתם, צר בדברים זרים
למה אלוקים עזבתם, פזורים בהרים
א-ל נאמן הר הנסמן, המזומן. תנה, לעם לא אלמן .
חשתי ולא התמהמהתי, לעבוד עבודתי
ודבר סופרים וחידותם, הלוא הם ספורים
נפשי יצאה על דברתם, עמי הם צרורים
הלוא המה כמו חותם, על לבי קשורים
א-ל נאמן הר הנסמן, המזומן. תנה, לעם לא אלמן .
יצאתי חוץ למחיצתי, עניה סוערה
אני כשה בין זאבים, רשעים אכזרים
ויש לי כמה ערבים, תמימים וישרים
הלוא המה כתובים, מילדי העברים
א-ל נאמן הר הנסמן, המזומן. תנה, לעם לא אלמן .
יוקם אכזר בן אמתי, בזעם ועברה
ועמך קהל נדיבים, יאירו במאורים
מה להם עוד לעצבים, איך קץ הדרורים
ארך והם ביד שובים, נתונים ומסורים
א-ל נאמן הר הנסמן, המזומן. תנה, לעם לא אלמן .
מי יתן אשוב אל ביתי, עיר המעטירה
מעלותיה מרובים, כמה מפוארים
בימינך תקבל שבים, טהורים ושמורים
ושפוך חמתך על אויבים, השקמו תמרורים
א-ל נאמן הר הנסמן, המזומן. תנה, לעם לא אלמן .
LA PARACHA SOUS UN NOUVEL ANGLE
La recherche de perfection et les quatre espèces
Les mitsvot de la fête de Souccot mettent en exergue le sujet de l’embellissement et de la recherche de perfection, tant à travers la mitsva de la soucca, décorée au mieux, que dans le choix scrupuleux des quatre espèces.
L’ouvrage Ayin Parparot illustre remarquablement cette idée par une allégorie, rapportée au nom de Rav Yaakovson zatsal. Une maman devait mettre à son fils de beaux vêtements pour l’emmener à une sim’ha. Il revint chez lui sale et les habits tachés. Sa mère les lui ôta pour le revêtir d’autres. Ses voisines vinrent et lui dirent : « On ne fait pas cela. Tu dois d’abord le laver, puis, une fois propre, lui enfiler les beaux vêtements. »
De même, lors du mois d’Eloul, de Roch Hachana et de Kippour, les enfants d’Israël se purifient. Seulement ensuite, à Souccot, ils s’embellissent avec une belle soucca et quatre espèces, choisies parmi les meilleures. Ceci nous enseigne qu’il faut tout d’abord s’assurer de la propreté et, uniquement ensuite, se soucier de la beauté.
Tel est le sens profond de Roch Hachana et de Kippour, où le Saint béni soit-Il nous purifie de nos péchés.
Comment vérifier le étrog
Rabbi ‘Hizkiya Michkovsky chelita, Machguia’h de la Yéchiva Or’hot Torah, raconte ce qu’il a entendu du Roch Yéchiva de Kfar Ganim, Rav Greinman chelita. Une année, la veille de Souccot, il était en train de sélectionner méticuleusement les quatre espèces et, tout particulièrement, le étrog, veillant à ce qu’il ne présente pas le moindre petit défaut.
Au même endroit, un Rav de Jérusalem, lui aussi occupé à effectuer le même tri, lui raconta l’histoire qui suit. À Bné Brak, une vente de quatre espèces à prix réduit fut organisée en faveur des bné Torah. La marchandise n’était pas la meilleure, mais néanmoins très belle. Afin d’avoir suffisamment de temps pour répondre à toutes les questions des acheteurs, les décisionnaires qui se trouvaient sur place décidèrent de ne répondre qu’aux doutes concernant un point précis.
Un Juif à l’apparence simple s’approcha de l’un d’eux et lui dit, avec un accent russe très prononcé : « Vénéré Rav, veuillez bien m’excuser. J’ai entendu que vous ne répondriez qu’aux questions portant sur un point précis. Comme vous l’avez sûrement deviné à mon accent, je suis Russe. Lors de mon enfance, les Russes interdisaient aux Juifs d’observer la Torah et les mitsvot. J’ignorais même l’existence de D.ieu. Tout le monde avait si peur qu’on ne m’enseigna rien sur le judaïsme ; mes connaissances dans ce domaine étaient nulles. Je savais uniquement que j’appartenais au peuple juif. Quand je me suis installé en Israël, il y a trois ans, j’ai commencé progressivement à connaître l’Éternel et à étudier. Cependant, pour ce qui est des quatre espèces, je ne sais même pas quelle question poser. J’ai choisi plusieurs sets qui me semblaient beaux. Pourriez-vous, s’il vous plaît, me dire si j’ai bien choisi ? »
Le Rav accepta de vérifier les trois sets que lui et ses deux fils avaient en main. Comment le refuser à un Juif russe dont la volonté sincère de progresser était si palpable ? Le Sage saisit le premier étrog qu’il lui présenta et n’en crut pas ses yeux : il était parfait, dépourvu de la moindre protubérance et du moindre enfoncement. Il pensa : « Cela peut arriver de bien tomber… » Il regarda ensuite le deuxième étrog et quelle ne fut sa stupéfaction de constater qu’il était aussi beau que le premier. Il saisit enfin le troisième et une nouvelle surprise l’attendait ; il était lui aussi parfait. Cela lui semblait si invraisemblable qu’il se mit à douter de sa vue. Aussi, alla-t-il montrer ces produits aux autres Rabbanim présents. Ebahis, ils dirent : « Ces étroguim sont le summum de la perfection. Pourvu que nous puissions nous-mêmes accomplir la mitsva des quatre espèces sur de si belles pièces ! »
Toutefois, le Rav restait sceptique. « Ce n’est pas possible, pensait-il. N’y aurait-il pas là de la magie ou un phénomène semblable ? Ce Juif russe ne sait pas choisir. Comment a-t-il pu trouver des sets si parfaits ? »
Constatant son désarroi, ce dernier lui expliqua : « Je vis avec D.ieu. Je Lui ai parlé avant de venir ici. Je Lui ai dit : “D.ieu, Tu sais que je T’aime. Tu sais aussi ce que j’ai enduré en Russie, où on m’a caché Ton existence et interdit de Te connaître. Si on me l’avait permis, Tu sais que je me serais attaché à Toi. Arrivé en Israël, je me suis efforcé, peu à peu, d’étudier et de Te connaître. Mais, j’ignore les halakhot et ne sais pas comment choisir les quatre espèces. Je Te demande donc, Maître du monde, de bien vouloir le faire pour moi.ˮ »
Rav Michkovsky conclut : « Nous déduisons de cette anecdote que, si un homme fait tout ce qui est en son pouvoir et prie l’Éternel de l’aider, D.ieu remplira Sa part et déversera sur lui un courant de bénédiction et de réussite. C’est ce qu’on appelle être en contact étroit avec le Créateur du monde, savoir qu’Il nous aime, désire et peut nous aider. Il nous suffit d’emprunter Ses voies et de Lui demander, d’un cœur pur, de combler nos aspirations.