La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

Hayé Sarah

30 Octobre 2021

כד חשון התשפ"ב

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 18h17 19h22 20h09
Lyon 18h13 19h16 20h00
Marseille 18h16 19h17 19h59

Acceuil ARCHIVES

La vertu de Ra’hel Iménou

Rabbi David Hanania Pinto

« Sarah mourut à Kiriat-Arba, qui est ‘Hévron, dans le pays de Canaan. » (Béréchit 23, 2)

Rachi commente : « Kiriat-Arba : ainsi nommée en raison des quatre couples qui y sont inhumés : Adam et ‘Hava, Avraham et Sarah, Its’hak et Rivka, Yaakov et Léa. » De même, un peu plus loin, en marge du verset « Qu’il me cède le caveau de Makhpéla qui est à lui » (ibid. 23, 9), il explique au nom des Sages (Érouvin 53a) : « Makhpéla : double par ses couples. »

Nous pouvons nous demander pourquoi seule Ra’hel ne fut pas enterrée en ce lieu, comme les autres patriarches et matriarches. Celle qui était la femme essentielle de Yaakov ne méritait-elle pas de partager avec les autres ce lieu de sépulture ?

Yaakov dit à Yossef : « Je l’inhumai là, sur le chemin d’Éfrat, qui est Beit-Lé’hem. » (Béréchit 48, 7) Yaakov ne l’emmena même pas à l’intérieur de la ville de Beit-Lé’hem, mais l’enterra sur place, sur la route d’Éfrat. Nos Sages expliquent qu’il le fit sur l’ordre divin, afin que Ra’hel puisse plus tard implorer l’Éternel en faveur des enfants d’Israël. En effet, lorsqu’ils seront exilés par Névourzadan, ils passeront par Beit-Lé’hem ; Ra’hel sortira alors de sa tombe pour pleurer sur leur sort et invoquer la Miséricorde divine.

Toutefois, notre question subsiste : le Saint béni soit-Il aurait pu ordonner d’enterrer Ra’hel à Maarat-Hamakhpéla et faire en sorte que le peuple juif passe par là, par ‘Hévron. De la sorte, l’ensemble des ancêtres auraient pu prier en sa faveur, y compris Ra’hel, dont les supplications auraient eu le plus d’impact dans les cieux.

Dès lors, pourquoi Yaakov enterra-t-il Ra’hel sur le chemin d’Éfrat, alors que ce n’était pas du tout loin de ‘Hevron ? En outre, les tribus transportèrent Yaakov de l’Égypte jusqu’à ‘Hevron pour l’y enterrer, donc, pour quelle raison l’Éternel n’ordonna-t-Il pas à Yaakov de transporter ainsi Ra’hel ?

Dans Yirmiya (31, 14), nous lisons : « Ainsi parle le Seigneur : “Une voix retentit dans Rama, une voix plaintive, d’amers sanglots. C’est Ra’hel qui pleure ses enfants, qui ne veut pas se laisser consoler de ses fils perdus.ˮ » Cela signifierait-il qu’Avraham, Its’hak et Yaakov, Sarah, Rivka et Léa n’auraient pas supplié suffisamment l’Éternel en faveur de leurs descendants ? Il semble évident qu’ils L’implorèrent eux aussi avec ferveur. Aussi, pourquoi insiste-t-on tellement sur les prières de Ra’hel pour ses enfants, seules à être évoquées ?

Uniquement chez Ra’hel, nous trouvons la vertu d’abnégation. Il était prévu qu’elle se marie avec Yaakov, mais, quand elle comprit que son père lui avait finalement donné sa sœur en épouse, elle lui céda la place et lui transmit les signes convenus avec le patriarche, afin de lui épargner la honte d’être immédiatement répudiée. D’où la supériorité de Ra’hel sur les patriarches et autres matriarches. C’est pourquoi elle seule fut enterrée sur la route de Beit-Lékhem, car elle se distinguait par sa grandeur d’âme et son abnégation.

Du fait qu’elle fut prête à s’effacer devant sa sœur en lui cédant sa place le jour du mariage, ainsi que celle auprès de Yaakov dans la maarat hamakhpéla, il fut décidé qu’elle serait son épouse principale et que ses prières, baignées de larmes, auraient le plus d’impact dans les cieux. De plus, l’Éternel lui promit que les enfants d’Israël finiraient par revenir de l’exil.

Considérée comme la mère de tous ceux-ci, Ra’hel pria en leur faveur. On dit qu’elle « pleure ses enfants », parce qu’elle les considérait comme des enfants, qu’on ne peut pas changer. Dans la même veine, il est dit : « Vous êtes les enfants de l’Éternel, votre D.ieu » (Dévarim 14, 1), avec la même connotation. Lorsque le Saint béni soit-Il consola Ra’hel en lui disant de cesser de pleurer, Il lui promit que « les enfants retourneront dans leur terre », où le mot « enfants » souligne l’amour intense de Ra’hel pour ces derniers, et réciproquement.

Si le nom d’un homme a une grande signification, son statut de « fils » en a une encore plus importante. Tel est l’enseignement déduit des prières de Ra’hel pour ses enfants, émanant de son puissant amour pour eux et agréées par le Très-Haut plus que toutes les autres.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

La clé de la foi

En Éloul 5777, nous nous rendîmes en pèlerinage à Marrakech, notamment sur la tombe du Tsadik Rabbi David ben ‘Hazan. Je demandai au gardien du cimetière de me donner, en souvenir, une clé de la sépulture du Juste. Par la suite, ne la retrouvant pas, je ne me souvins plus si j’avais oublié de la lui réclamer ou si je l’avais perdue après l’avoir reçue.

Le lendemain, un jeudi, nous prîmes la route pour Essaouira, où nous devions passer Chabbat, en l’honneur de la Hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol. Là, j’appris qu’un certain Juif avait racheté la synagogue de Rabbi David ben ‘Hazan, suite à l’installation d’autochtones dans ce lieu saint. Il me demanda de bien vouloir y fixer la mézouza.

En quittant l’hôtel, je tombai sur un Juif parisien. Naïvement, je lui dis : « J’ai une surprise pour toi, suis-moi. » Il appela son épouse pour la prévenir, puis, avec tout un groupe et escortés par la police, nous allâmes inaugurer le beit hamidrach.

Nous marchâmes dans les étroites ruelles où, jadis, habitaient les Juifs. Arrivés à la demeure du Tsadik Rabbi David ben ‘Hazan, le Juif qui m’avait accompagné sur ma demande faillit s’évanouir. Une fois remis de ses émotions, il nous raconta qu’une demi-heure plus tôt, il revenait de Marrakech et, avant de quitter la ville, il s’était recueilli sur la sépulture de ce Juste. Là, à sa grande surprise, le gardien lui avait remis la clé du tombeau, le chargeant de me la remettre.

Quelle manifestation claire de Providence individuelle ! Du Ciel, on avait dirigé vers moi un Juif en provenance directe de Marrakech et on m’avait donné l’idée de l’inviter à m’accompagner. Il ignorait totalement où je le conduirais, tandis que moi, j’ignorais comment il était arrivé là et me doutais encore moins qu’il m’apportait la clé du mausolée du Tsadik, sur le beit hamidrach duquel nous étions sur le point de fixer une mézouza.

J’en retirai un double message : Rabbi ben ‘Hazan, heureux que son beit hamidrach ait pu être racheté et mis à l’abri de personnes indésirables, m’avait envoyé la clé de sa sépulture pour me signifier que, bien qu’il reposât à Marrakech, sa sainteté s’étendait jusqu’à ce lieu. En outre, il était si satisfait que j’y fixe une mézouza que, en guise de remerciement, il s’était soucié de me faire parvenir cette clé par un envoyé. Puis, comme si nous étions, ce Juif et moi-même, animés d’inspiration sainte, je l’invitai à m’accompagner à cette inauguration et il accepta.

À une certaine occasion où l’on me demanda comment acquérir la foi en D.ieu, je répondis par le récit complet de cette anecdote.

LES VOIES DES JUSTES

Parfois, un décret céleste

Si l’on ressent qu’un de ses camarades éprouve de la haine envers soi, on s’efforcera d’en éclaircir la raison. Si nécessaire, il faudra lui présenter ses excuses, afin de l’apaiser et de recevoir son pardon.

Si, après avoir agi ainsi, il continue à nous haïr, on se rendra ensemble auprès d’un ami commun ou d’un érudit, qui écoutera attentivement chacun des deux partis et se prononcera ensuite. Ou bien, on ira au tribunal pour faire un din Torah.

Si même cette démarche s’avère inefficace, on en déduira qu’il s’agit d’un décret céleste, ce camarade n’étant qu’un envoyé du Ciel.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Le roi David était âgé, chargé de jours (…). » (Mélakhim I, chap. 1)

Concernant le roi David, la haftara reprend la même expression, « chargé de jours », que celle employée à propos d’Avraham Avinou. En outre, la haftara rapporte qu’avant sa mort, David nomma son fils Chlomo pour lui succéder au trône, de même qu’il est mentionné dans la paracha qu’Avraham donna tous ses biens à Its’hak.

PAROLES DE TSADIKIM

Le verdict du juge

Avraham confia à son serviteur Eliezer la mission de trouver la conjointe adéquate à son fils Its’hak. Ce dernier, ayant atteint un niveau de sainteté suprême suite à l’épisode de sa ligature, n’avait en effet pas le droit de sortir des frontières de la Terre Sainte.

Eliezer accepta. Arrivé à ‘Haran, plutôt que de compter sur les prières d’Avraham et d’Its’hak, il se mit à supplier longuement l’Éternel de lui venir en aide et de lui accorder la réussite, comme le rapporte le texte. Aussitôt après, nous lisons : « Il n’avait pas encore fini de parler que voici venir Rivka, la fille de Bétouel, fils de Milka, épouse de Na’hor, frère d’Avraham, sa cruche sur l’épaule. » Tel est l’extraordinaire pouvoir d’une prière émanant du fond du cœur.

L’ouvrage Machkhéni A’harékha rapporte une incroyable histoire, racontée par le Rav Achkénazi chelita. Un ba’hour qui, suite à plusieurs convocations, ne s’était toujours pas présenté aux bureaux de l’armée en était arrivé à de très grandes complications. Or, il apprit que, cette même semaine, se serait la Hilloula du Tsadik Rabbi Mordékhaï Charabi. Ce dernier avait l’habitude de dire « ptir véatir » ; autrement dit, si tu veux recevoir une exemption de l’armée, prie et tu verras des miracles. Ce conseil marchait à merveille, comme l’attestent d’innombrables cas de jeunes hommes venus le solliciter.

Le ba’hour décida donc de se rendre sur le lieu de la sépulture du Juste pour l’implorer d’intercéder en sa faveur auprès du Très-Haut. « De même que tu disais toujours de ton vivant ptir véatir aux jeunes qui se trouvaient dans ma situation, veuille bien prier pour moi dans les cieux en vertu de ce principe ! »

Peu après, le ba’hour devait comparaître en justice au tribunal. Généralement, un délit de ce type était sanctionné par six mois d’emprisonnement. S’adressant à l’inculpé, le juge lui demanda : « Que veux-tu donc ? Pourquoi ne t’es-tu pas présenté à l’armée ?

– Je veux étudier la Torah », répondit-il simplement.

Contre toute attente, le juge trancha : « Tu es innocent et aucune sanction ne sera prononcée contre toi. »

Quel miracle ! Le ptir véatir, soit le formidable pouvoir de la prière, s’était, une fois de plus, vérifié.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

Profiter de l’occasion qui s’offre à nous

« Eh bien, la jeune fille à qui je dirai : “Veuille pencher ta cruche, que je boiveˮ et qui répondra : “Bois, puis je ferai boire aussi tes chameauxˮ, c’est elle que Tu auras destinée à ton serviteur Its’hak. » (Béréchit 24, 14)

Nous pouvons nous demander pourquoi Eliezer, serviteur d’Avraham, voulut trouver la conjointe destinée à Its’hak grâce à des prières et certains signes qu’il se fixa. Pour quelle raison ne s’est-il pas plutôt efforcé de partir à sa recherche à maints endroits ?

Avant de quitter le foyer de son maître, il l’avait entendu prier l’Éternel et Lui demander d’envoyer Son ange devant son serviteur, afin de couronner sa mission de réussite. Par la suite, il constata le grand miracle du raccourcissement de chemin auquel il eut droit, dans sa route vers Padan Aram (Yalkout Chimoni, ‘Hayé Sarah 107). Il comprit alors qu’une opportunité lui était offerte de recevoir l’assistance divine par le biais de la prière. C’est pourquoi il en profita. Arrivé au puits, il imita Avraham et se mit à prier le Saint béni soit-Il de l’aider à trouver rapidement l’âme sœur d’Its’hak.

Nous sommes les enfants du Roi des rois, le Saint béni soit-Il. À tout instant, nous nous trouvons dans la proximité de notre Père et Roi, qui ne cherche qu’à nous aider. Un Juif n’est jamais seul ni perdu, avait l’habitude de dire le Baal Chem Tov. Aussi, chacun d’entre nous a constamment la possibilité d’avoir recours au « long bras » du Saint béni soit-Il. Profitons-en donc pour Lui demander tout ce dont nous avons besoin !

Eliezer ne passa pas à côté de cette aubaine. Avraham avait déjà prié pour la réussite de sa mission. Son serviteur, remarquant que l’Éternel était à Ses côtés, en profita pour L’implorer : « Seigneur, D.ieu de mon maître Avraham ! Daigne me procurer aujourd’hui une rencontre et agis avec grâce envers mon maître Avraham. » Il savait que le Tout-Puissant mènerait les événements vers le but escompté en faisant miraculeusement apparaître devant lui la jeune fille recherchée.

Nous en déduisons une leçon valable dans tous les autres domaines de la vie : lorsqu’un homme constate qu’il bénéficie d’une assistance divine particulière et a l’opportunité de recevoir ce qu’il désire, il doit l’utiliser à bon escient, en ayant recours à la prière et à tous les moyens possibles. Ses supplications ne seront pas vaines et il en constatera rapidement les fruits.

LA CHÉMITA

Comme nous l’avons expliqué, l’irrigation est permise durant la chémita uniquement afin d’assurer la survie d’un champ, et non pas pour y stimuler la pousse. En outre, on veillera à réduire l’arrosage de 10 à 20 %. De la sorte, l’aspect du jardin ne sera pas des meilleurs, néanmoins, aucun dommage ne s’ensuivra.

Il n’est pas nécessaire de repousser l’irrigation jusqu’à l’apparition de signes de flétrissement. Du moment que l’on sait qu’elle est nécessaire pour le maintien des plantes, il est permis de les arroser un peu avant qu’elles en aient besoin. La déshydratation et le flétrissement des feuilles se produisent lorsque l’humidité du sol s’épuise et que la plante active son mécanisme de survie, ce qui peut endommager les feuilles et les branches. C’est pourquoi il est permis d’arroser un peu avant, de sorte à éviter le déclenchement de ce processus.

Il est permis de laver le sol de sa maison durant la chémita même si l’eau du ménage va aboutir, par un tuyau, dans la cour, arrosant ainsi les plantes qui s’y trouvent. Ceci reste permis dans le cas où l’on pousse soi-même l’eau dans ce tuyau, à l’aide d’un balai en caoutchouc.

Il est permis, durant la chémita, d’installer un climatiseur ou de l’allumer et de placer l’ouverture du tuyau d’évacuation de l’eau dans le jardin. Bien que l’eau y coule ainsi, cela n’est pas interdit à titre d’irrigation.

Cela reste permis dans le cas où le jardin n’a pas besoin d’être arrosé et où l’arrosage est donc interdit. [Car, en ce qui concerne les lois de la chémita, on permet généralement les actes ayant le statut de psik réché dérabanan (actions entraînant forcément un certain résultat), même si on est intéressé par leur résultat, comme dans le cas de cet arrosage. En outre, il ne s’agit pas d’une irrigation à proprement parler, mais seulement d’une petite quantité d’eau. Enfin, d’après certains, durant la chémita, l’interdit de psik réché n’entre pas du tout en vigueur.]

Dans cet esprit, il est permis de laver sa voiture dans la rue, même si l’eau coule ensuite dans son jardin, car on n’a pas l’intention de l’arroser.

Il est permis d’irriguer un champ ou des arbres fruitiers qui appartiennent au domaine public et ont besoin d’être irrigués. Bien qu’à ‘hol hamoed, ce soit interdit d’arroser des arbres du domaine public, ceci est permis durant la chémita, parce qu’on a alors un lien avec ces produits, en vertu du verset : « Pour que les indigents de ton peuple en jouissent. » (Chémot 23, 11)

Durant la chémita, il est permis d’arroser des pots de fleurs placés à l’intérieur de la maison.

EN SOUVENIR DU JUSTE

Rabbi Chalom Aharon Lopez zatsal

Le Gaon et Tsadik Rabbi Chalom Aharon Lopez zatsal, Rav de la ville d’Acco, est devenu célèbre essentiellement par sa grandeur en Torah, conjuguée à son implication dans les œuvres communautaires et sa générosité, témoignée dans le soutien des veuves et des orphelins.

Jeune avrekh, il œuvrait activement, à Jérusalem, en faveur de la communauté. L’amour du peuple juif et celui de la Torah brûlaient ardemment en lui. Avec son ami, le Gaon Rabbi Yéhouda Tsadka zatsal, il fonda la « Agoudat Mékabtsiel », présidée par le Richon Létsion Rabbi Yaakov Meïr zatsal. Ils œuvrèrent remarquablement pour diffuser la Torah, ramener nombre de leurs frères égarés sur le droit chemin et mettre en place un réseau d’éducation toranique.

Suite à la création de l’État et celle du Grand Rabbinat d’Israël, le Richon Létsion de l’époque, Rav Ouziel zatsal, lui demanda de bien vouloir assumer les fonctions de Rav d’Acco. Son Rav, le Gaon Rabbi Ezra Attia zatsal, lui donna son accord, ainsi que sa bénédiction, qu’il conclut par le message : « Acco correspond aux initiales de amod kéguéver véhitgaber – tiens-toi comme un homme et maîtrise-toi. » Et, effectivement, ceci devint sa devise tout au long des années où il exerça en tant que Rav d’Acco, durant lesquelles il surmonta vaillamment les nombreuses difficultés se dressant sur sa route.

À cette époque, Acco, située près d’une ville arabe, attirait de nombreux immigrants. Avec un dévouement hors pair, Rav Lopez allait d’une maison à l’autre pour se soucier que les enfants bénéficient d’une éducation juive. Durant ces jours difficiles, il fonda des écoles indépendantes (‘hinoukh haatsmaï) afin que les garçons et les filles puissent être éduqués en conformité avec notre tradition pure. Sa lutte effrénée pour chaque enfant juif lui valut des poursuites du parti religieux au pouvoir, mais il ne se laissa pas intimider. Grâce à lui, des milliers d’élèves d’Acco fondèrent des foyers fidèles à nos croyances. Malgré son intransigeance et ses nombreuses sommations, il parvint, par ses paroles émanant du cœur, à toucher celui de ses auditeurs et à les ramener à de meilleures dispositions.

Un Juif traditionaliste, croyant dans la bénédiction du Rav, vint lui en demander. Il venait d’acheter un camion et désirait qu’il lui donne une brakha pour la réussite et le gagne-pain. Alors qu’il s’apprêtait à lui remettre de l’argent pour la tsédaka, le Tsadik le questionna, comme à son habitude : « Quand as-tu prié ce matin et où étudient tes enfants ? » Un sourire gêné aux lèvres, son visiteur, honnête, répondit que le matin, il était incapable de prier et que ses enfants étaient dans l’école de leur quartier.

‘Hakham Chalom lui expliqua l’importance de la prière et de l’éducation. Mais, lorsqu’il constata que son interlocuteur campait sur ses positions, il le gronda et lui fit remarquer que celui qui ne prie pas correctement n’est pas digne de recevoir une bénédiction. Le Juif lui tendit néanmoins l’argent pour la tsédaka et le Rav s’écria alors : « Voudrais-tu soudoyer D.ieu ? La banque du Saint béni soit-Il est pleine, Il n’a pas besoin de ta charité. Quel sens a-t-elle si tu es cruel envers tes enfants ? » Puis, il le renvoya chez lui.

Confus, le Juif prit congé du Rav. Il demanda à son gendre de s’excuser de sa part auprès de ce dernier et d’insister pour qu’il accepte son argent. Cependant, le Sage n’était pas prêt à changer d’avis. Le gendre tenta de lui expliquer que son beau-père était un ignorant et qu’il fallait peut-être se montrer plus indulgent à son égard. Mais, le Rav trancha : « La justice, la justice tu poursuivras. »

À peine une heure plus tard, le Juif revint et promit de s’efforcer d’améliorer sa conduite. Toutefois, étant honnête, il dit qu’il le ferait progressivement. Le Rav refusa toute concession et lui assura que « celui qui vient se purifier bénéficie de l’aide divine ». « Commence donc, lui suggéra-t-il, et tu verras la bénédiction. » Cette promesse se réalisa. Cet homme fut l’un des nombreux autres qui vinrent solliciter une brakha pour le matériel et en gagnèrent une pour le spirituel.

Durant les dizaines d’années où il fut au service de la communauté d’Acco, il se consacra pleinement à la Torah, au service divin et à la bienfaisance. Il étudiait comme les hommes de la génération précédente : la plupart des heures de la journée, il se trouvait à la synagogue et, muni de ses téfillin, étudiait la Torah avec une assiduité et une concentration hors du commun, ne détournant pas son attention un seul instant.

Par ailleurs, il se rendait d’une ville à l’autre pour lutter en faveur de la création d’un minian de cha’harit au nets. Grâce à D.ieu, il eut le mérite d’être l’initiateur de dizaines d’offices à cet horaire, dans l’ensemble du pays d’Israël.

Il y a quelques années, Rav Lopez passa Chabbat chez des membres de sa famille, dans le quartier de Bayit Végan, à Jérusalem. Il avait l’habitude de recevoir le Chabbat très tôt et de se rendre à l’avance à la synagogue. Il y trouva le responsable et lui demanda l’heure de la prière du lendemain matin. Quand il apprit qu’elle était tard et qu’il n’y avait pas de minian à l’aube, il lui dit : « Je me lève toujours de bonne heure pour étudier ; pourriez-vous, s’il vous plaît, me donner l’hospitalité en avançant l’heure de la minuterie pour que j’aie de la lumière ? »

Le chamach accepta. Au cours de la prière du vendredi soir, Rabbi Chalom, célèbre pour ses interventions passionnantes, agrémentées de perles de sagesse, fut invité à prendre la parole. De la section hebdomadaire, il passa à la valeur suprême de la prière à l’aube, pour finalement conclure son cours par l’annonce d’un office à cette heure-ci, sur place, le lendemain matin…

Une fois de plus, ses paroles, émanant d’un cœur pur, touchèrent celui de l’assemblée : nombre de ses membres furent au rendez-vous. À la fin de la prière, il donna un nouveau cours, où il rapporta des sources, dans la halakha, attestant la vertu de la prière au nets. Les fidèles de la synagogue lui promirent de maintenir ce minian. Depuis lors, il existe toujours.

Il procéda avec la même méthode dans d’autres quartiers de Jérusalem, ainsi que dans les villes de ‘Haïfa, ‘Hatsor, Tibériade, Kiriat-Chmouel et autres. Chacune de ses visites dans une localité y laissa son empreinte : la création d’un office de vatikin.

 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan