La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

Vayéchèv

27 Novembre 2021

כג כסלו התשפ"ב

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 16h41 17h52 18h41
Lyon 16h42 17h49 18h35
Marseille 16h48 17h53 18h37

Acceuil ARCHIVES

Aller de l’avant dans la sainteté

Rabbi David Hanania Pinto

« Le Seigneur fut avec Yossef, qui devint un homme heureux et fut admis dans la maison de son maître l’Égyptien. Son maître vit que D.ieu était avec lui et que D.ieu faisait prospérer en ses mains tout ce qu’il entreprenait. » (Béréchit 39, 2-3)

Chaque année, la section de Vayéchev est lue dans la période de ‘Hanouka et, parfois, elle coïncide avec le premier Chabbat de cette fête. Tentons de dégager un lien entre l’histoire de Yossef, rapportée dans cette paracha, et le miracle de ‘Hanouka.

Nos Maîtres affirment (Chabbat 21b) que, lorsque les Grecs pénétrèrent dans le Temple, ils souillèrent toutes les huiles. Puis, quand les Hasmonéens prirent le dessus sur eux, ils y entrèrent et ne trouvèrent qu’une seule fiole pure, scellée par le Cohen Gadol. Elle suffisait pour l’allumage d’un jour, mais, par miracle, elle brûla huit jours. L’année suivante fut instaurée la fête de ‘Hanouka pour louer et remercier l’Éternel.

Suite à la profanation causée par les Grecs, le Temple fut fermé durant des décennies. Dès lors, comment expliquer qu’après leur victoire, les Hasmonéens y menèrent des recherches pour trouver une fiole d’huile pure ? A priori, il n’y avait aucune chance.

Ces hommes étaient animés d’une confiance en D.ieu si ferme qu’ils ne tinrent pas compte de ce sacrilège et cherchèrent avec conviction dans les moindres recoins du Temple, dans l’espoir de pouvoir allumer le candélabre. Confiants que l’Éternel n’avait pas retiré Sa Providence de ce lieu saint, ils ne furent pas déçus : leur foi et leur puissante volonté leur valurent la découverte de cette fameuse fiole pure, qu’ils utilisèrent immédiatement. Ils en déduisirent une leçon édifiante : même quand tout espoir semble perdu, on doit continuer à croire en D.ieu – leçon qu’ils eurent l’occasion d’appliquer aussitôt après.

En effet, ils savaient que cette petite quantité d’huile avait été prévue pour l’allumage d’un seul jour ; que feraient-ils donc les suivants ? Or, au lieu de désespérer, ils raffermirent leur foi dans le Saint béni soit-Il et comptèrent pleinement sur Lui. Ils se dirent que, s’ils étaient parvenus à mettre la main sur une fiole ayant échappé au sort général, cela signifiait que le Créateur agréait leurs actes. Aussi, L’implorèrent-ils pour qu’Il continue à leur accorder Son assistance, en faisant en sorte que cette quantité d’huile suffise pour un jour supplémentaire, prière qui fut agréée.

Le deuxième jour, ils se réjouirent une nouvelle fois de ce miracle additionnel et poursuivirent leurs suppliques au Très-Haut, réitérant leur requête pour le lendemain. Et ainsi de suite pour les suivants, où ils demandèrent à l’Éternel de permettre à l’huile de continuer à brûler jusqu’à ce que la nouvelle soit confectionnée. Le Tout-Puissant leur répondit favorablement en opérant un miracle, qui leur permit d’allumer le candélabre durant huit jours.

Les Hasmonéens, constatant qu’ils avaient pu trouver une fiole d’huile pure, y virent une grande assistance divine, un véritable miracle qui leur fut accordé à cette époque. Par conséquent, ils profitèrent de cette perception claire de la Providence de l’Éternel pour Lui demander de continuer à la leur octroyer, en prolongeant le miracle jour après jour. De la sorte, l’ensemble des membres du peuple juif comprendraient qu’ils sont aimés du Saint béni soit-Il et réaliseraient qu’Il se soucie de leur amendement spirituel. Après que leur âme se fut souillée sous l’influence nocive de la culture grecque, qui les avait entraînés à renier leur appartenance au judaïsme, D.ieu désirait leur offrir l’opportunité de la ramener à sa pureté d’origine.

Il arrive parfois que l’Éternel accorde à l’homme Son assistance, voire de manière surnaturelle. Il lui incombe alors de l’utiliser à bon escient pour poursuivre son ascension spirituelle, à l’instar des Hasmonéens.

Il en ressort que, quand nous avons le mérite de percevoir la réalité et la Providence divines, nous avons le devoir d’aller de l’avant dans notre service divin. C’est la raison pour laquelle, selon l’école d’Hillel, l’allumage des lumières de ‘Hanouka doit se faire de manière progressive, en allumant chaque jour une de plus que la veille, dans l’esprit du principe selon lequel « on doit avancer dans la sainteté » (Chabbat 21b). C’est également pourquoi la loi fut tranchée selon cet avis, afin de nous inviter à appliquer cette règle de base fondamentale dans notre vie.

LES VOIES DES JUSTES

Ce qui nous pousse le plus à juger négativement autrui est le manque de réflexion et la mauvaise tendance à considérer ses défauts plutôt que ses qualités.

Celui qui observe une mauvaise conduite chez son prochain et ne parvient pas à le juger selon le bénéfice du doute se souviendra de l’enseignement de nos Sages : « Ne juge pas ton prochain avant d’être arrivé à sa place.»

De plus, on veillera à se conformer à l’instruction de nos Sages selon laquelle, si on soupçonne injustement autrui, on doit se réconcilier avec lui et le bénir.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Ainsi parle l’Éternel : “À cause du triple (…).ˮ » (Amos chap. 2 et 3)

Lien avec la paracha : dans la haftara, il est dit : « Parce qu’ils vendent le juste pour de l’argent », ce qui fait écho à la vente de Yossef évoquée dans notre paracha.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Le vestibule avant la salle du trône

Présent aux côtés d’un malade à l’article de la mort, à l’hôpital, je tentai de renforcer sa foi et sa confiance en D.ieu par des paroles d’encouragement. Je remarquai cependant qu’il paraissait très perturbé, comme si quelque chose le préoccupait.

« Qu’est-ce qui vous perturbe ? lui demandai-je.

– Je n’arrête pas de me demander ce qui va se passer après ma mort, ce que mes parents vont devenir. Qui se souciera et prendra soin d’eux quand je ne serai plus de ce monde ? »

Je compris qu’il avait senti que son heure était arrivée et c’est pourquoi toutes ses pensées se tournaient vers ses parents, qui allaient se retrouver privés de son aide.

Cet homme m’a donné une grande leçon : de même qu’en ses derniers instants, toutes ses pensées étaient pour ses parents et leur bien-être, chaque Juif doit évoquer la vie du monde futur et se soucier de s’y préparer une bonne place, par l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot. C’est en ce sens que nos Sages nous conseillent : « Ce monde-ci est semblable à un vestibule avant le Monde futur ; prépare-toi bien dans le vestibule pour pouvoir entrer dans la salle du trône. » (Avot 4, 16)

De même qu’un homme arrange sa tenue avant de pénétrer dans le palais royal, ce monde-ci est comme un vestibule avant le suivant : l’homme doit s’y préparer une belle « tenue » spirituelle, tirer avantage de ses actes et nettoyer son âme, afin d’être fin prêt pour passer dans le monde du Bien absolu.

UNE ANECDOTE

Le miracle de la ‘hanoukia de Vilna

Une somptueuse ‘hanoukia de cuivre resplendissait dans la grande synagogue de Vilna. Placée à la droite de l’arche sainte, elle reposait sur une grande base de pierre et, avec ses calices, ses boutons et ses fleurs, elle n’était pas sans rappeler le candélabre du Temple.

Quand la Première Guerre mondiale éclata, elle fut transportée à Moscou, tout comme d’autres objets sacrés de la synagogue, sur l’ordre du gouvernement russe qui les plaça dans les trésors du royaume.

C’est ainsi que disparut la merveilleuse ‘hanoukia de cette synagogue. Mais, son histoire ne s’est pas perdue. Elle se déroula il y a environ trois cents ans.

Rabbi Yéhochoua Héchel zatsal siégeait au tribunal de Vilna. Une période difficile s’annonçait pour les Juifs de la ville. Le roi de Pologne, Frédéric-Auguste, leur imposa de lourds impôts, au point qu’ils devinrent totalement démunis et qu’il n’y avait plus à qui réclamer de l’argent. Il eut alors l’idée de prendre en gage la synagogue, en attendant que la communauté trouve un moyen de s’acquitter de ses impôts.

Les portes de la synagogue furent fermées et les voix de la prière et de l’étude cessèrent d’y retentir. La détresse des Juifs, qui n’avaient même plus de lieu où exprimer leur douleur, avait atteint son comble.

Un jour, une incroyable rumeur se répandit et enflamma l’imagination du public : chaque nuit, vers minuit, une voix suppliante s’élevait de la synagogue. Diverses interprétations furent données à ce mystère. Seuls quelques hommes en connaissaient la réelle origine. En raison de la situation critique, une dizaine de vieillards juifs avaient pris l’habitude de jeûner les lundis et jeudis. Chaque nuit, ils entraient dans un long tunnel secret, qui les conduisait au sous-sol de la synagogue, où ils récitaient le tikoun ‘hatsot.

Cette rumeur parvint également aux oreilles du duc de Vilna. Une nuit, il voulut en savoir plus et se rendit sur les lieux, escorté par ses serviteurs. Après vérification, il trouva toutes les portes et fenêtres closes. Il patienta alors jusqu’au milieu de la nuit, quand, soudain, il entendit effectivement cette mystérieuse voix, mêlée de larmes.

Bouleversé, il ordonna qu’on lui apporte une grande échelle. Il grimpa pour atteindre la fenêtre supérieure du mur oriental et regarda à l’intérieur. La vision qui s’offrait à ses yeux lui coupa le souffle. D’étranges vieillards, vêtus de blanc, se tenaient au pied de l’arche, autour d’une bougie, et pleuraient en silence.

Tout pâle, le duc redescendit de l’échelle pour sauter sur son cheval et s’enfuir à toute vitesse. Cependant, cet effrayant spectacle le poursuivit jusqu’à son palais. Son sommeil fut perturbé par un cauchemar. Il se réveilla couvert de transpiration. Dans son rêve, un des personnages vus à la synagogue lui était apparu pour le mettre en garde de cesser de harceler les Juifs.

Le lendemain matin, le duc convoqua les dirigeants de la communauté juive. Il les informa de sa décision de rouvrir les portes de la synagogue, à condition qu’ils lui remettent un de ses objets de culte. Sur le conseil de Rav Yéhochoua Héchel, il fut décidé de lui donner la ‘hanoukia. Il se réjouit de ce choix et la plaça dans l’une des salles de ses idoles. Quand on l’alluma, elle se mit à émettre une fumée épaisse, qui noircit les statues. La tentative d’utiliser un autre type d’huile ne fit qu’amplifier ce phénomène. Le duc, apeuré, n’eut d’autre choix que de déplacer la ‘hanoukia vers une autre pièce isolée de son palais.

‘Hanouka arriva et les Juifs s’attristèrent de ne pouvoir allumer la ‘hanoukia de la synagogue. Ils en placèrent une autre et prononcèrent les bénédictions de l’allumage, mais les lumières ne brûlèrent pas le temps minimal fixé par nos Sages. On mit de nouvelles lampes, mais, là aussi, elles s’éteignirent trop rapidement. Le Rav en déduisit : « C’est un signe du Ciel que nous devons racheter notre ‘hanoukia. Il est interdit de laisser des objets saints entre les mains de non-Juifs. »

Dès le lendemain, l’organisme « Ner Tamid » de la communauté de Vilna commença sa collecte. Il fallut six années entières aux pauvres Juifs de la ville pour rassembler l’argent nécessaire imposé par le duc. La veille du premier jour de ‘Hanouka de l’an 5493, le bonheur résidait au sein de la communauté. Avec un grand cortège, accompagné d’instruments de musique, on chercha la ‘hanoukia au palais du duc pour la remettre à sa place d’honneur, à droite de l’arche. Cette année, tous les Juifs de Vilna, émus, se rassemblèrent à la synagogue pour assister au rituel de l’allumage.

LA PLUME DU CŒUR

Hymne pour ‘Hanouka de Rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol

א-לי ארוממנהו. אין יחיד כיחודו. נס לבני מתתיהו. עשה פלא לבדו. פדה עדה נדה. מלא ארץ כבודו

 הודו לה' כי טוב כי לעולם חסדו

נועצו יחד רעה. היוונים עלינו. מצות א-ל גדול דעה. להעביר ממנו. אנו קמנו ששנו. גבר חסדו עלינו.

הודו לה' כי טוב כי לעולם חסדו

יוונים בית א-ל באו. טמאו השמנים. בדקו והנה מצאו. פך מפכים קטנים. אטום חתום סתום. כהן כוננה ידו.

הודו לה' כי טוב כי לעולם חסדו

חלק ושיעור לילה. אחת לבד היה בו. ברכת נורא עלילה, שרתה תוך הנשאר בו. רמו עצמו עמו. קמו ויתעודדו.

הודו לה' כי טוב כי לעולם חסדו

יחיד מסר גיבורים, ביד אישים חלשים. קרן ישראל הרים. על הצרים הנוגשים. אפילו כולו נפלו, נגרשו ושודדו.

הודו לה' כי טוב כי לעולם חסדו

ימים אלה נקבעו, בהלל ובהודאה. כי נפשותם נושעו. מיד צר גאה גאה. חילו גילו סולו. לא-ל גדול כבודו.

הודו לה' כי טוב כי לעולם חסדו

משתה ושמחה יהיו בם. מטעמים אמורים. הנרות הם חיובים. נעשים ונזכרים. צאו בואו ראו. התורה הזאת למדו.

הודו לה' כי טוב כי לעולם חסדו

פתילות יחד נמנו. טוב טעמם ונימוקם במספר לו ימנו. כי כן דינם וחוקם. שמרו הורו עזרו. אשר לא תשיג ידו.

הודו לה' כי טוב כי לעולם חסדו

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

La Torah, un bouclier contre les désirs de ce monde

D’après les kabbalistes, l’Égypte fut appelée « la nudité de la terre », parce qu’il s’agissait d’une terre impure, emplie d’idolâtrie, d’immoralité et peuplée par des gens vivant selon la licence des mœurs.

S’il en est ainsi, il devait être extrêmement ardu de résister à un courant de dépravation si puissant. Pourquoi donc l’Éternel plaça-t-il Yossef face à une épreuve si difficile, en faisant en sorte qu’il fût vendu en esclave dans ce pays, où il se retrouva seul, sans ses parents pour le guider dans sa conduite et en l’absence de tout lieu de Torah ? Quoi de plus effrayant que d’être jeté dans un lieu si dangereux d’un point de vue spirituel ?

D’après mon humble avis, c’est justement la raison pour laquelle la Torah ouvre ce sujet par une longue introduction. Avant que Yossef ne fût vendu comme serviteur à Potifar, le texte s’étend sur son éloge : « Le Seigneur fut avec Yossef, qui devint un homme heureux et fut admis dans la maison de son maître l’Égyptien. Son maître vit que D.ieu était avec lui et que D.ieu faisait prospérer en ses mains tout ce qu’il entreprenait. » (Béréchit 39, 2-3)

Du fait que Yossef se conformait à la voie divine, resta toujours fidèle à la Torah et aux mitsvot et mentionnait toujours le Nom divin dans ses paroles, il eut le mérite de s’élever spirituellement et de bénéficier, même en Égypte, de la Providence et de la protection du Très-Haut, qui lui permirent de se maintenir à son niveau et de réussir, tant sur le plan matériel que spirituel.

Telle fut la grandeur de Yossef, qui s’efforça de préserver sa piété dès son arrivée dans ce pays corrompu. D’où puisa-t-il cette remarquable force d’âme ? De l’étude de la Torah faite avec son père, avant son départ. C’est ce qui l’aida à résister aux assauts de la femme de Potifar, de prendre la fuite comme on s’enfuit du feu et de surmonter ainsi l’épreuve.

Tout au long de son existence, l’homme est confronté à l’adversité sous toutes ses formes. Il n’est pas question de baisser les bras. Au contraire, il doit garder à l’esprit que D.ieu lui a envoyé ces épreuves afin de tester sa résistance et son attachement à la Torah, mais continue, simultanément, à lui accorder Son soutien pour lui permettre de les surmonter.

EN SOUVENIR DU JUSTE

Rabbi Ezra ‘Hamoï zatsal

Durant quarante-cinq ans, le Gaon Rabbi Ezra ‘Hamoï zatsal, l’un des éminents Sages de Syrie, fut l’associé du Saint béni soit-Il dans la création du monde, puisque, pendant toute cette période, il remplit les fonctions de juge rabbinique – rôle ainsi défini par nos Maîtres.

Les Juifs du pays lui soumettaient toutes sortes de questions, aussi bien concernant les lois monétaires que celles relatives au mariage. Même les autochtones, qui, plus d’une fois, avaient eu vent des jugements véridiques prononcés par le Tribunal juif, se présentaient de temps à autre, animés d’une grande vénération, à Rabbi ‘Hamoï. Outre son impressionnante érudition, sa maîtrise totale de l’ensemble du Talmud et son intelligence aiguisée, il était également informé, voire versé, dans les pratiques et modes de vie des habitants des villages, juifs comme arabes.

L’anecdote suivante, qui devint le sujet du jour parmi les Syriens, toutes religions confondues, l’atteste. En effet, tous purent constater à travers elle l’esprit perspicace du grand Maître des Juifs, sur lequel ils ne tarirent pas d’éloges.

Voici la fameuse histoire. L’un des voisins de Rabbi Ezra, un Arabe respecté et distingué au sein de son peuple, avait un penchant pour les boissons alcoolisées qu’il consommait abondamment. Un soir, revenant chez lui dans un état d’ivresse, il ordonna à son épouse de lui apporter immédiatement un verre de café fumant. D’un ton sans équivoque, il la menaça même en lui disant que, si elle le lui apportait une fois qu’il aurait déjà fini de manger, son sort serait amer…

Effrayée, la femme s’empressa de s’exécuter. Elle courut vers la réserve de charbon se trouvant dans le coin de leur maison, en alluma, puis y plaça une bouilloire d’eau. Pendant ce temps, son mari, assis sur son lit, mordait son gâteau sec, qu’il eut le temps de terminer avant que le café ne fût prêt.

Terriblement offensé de ce qu’il interpréta comme une atteinte à son honneur, il se mit en colère contre sa femme et hurla : « Tu es divorcée ! Tu es divorcée ! Tu es divorcée ! » Selon les lois de l’Islam, cette phrase, prononcée trois fois, donne une valeur légale au divorce.

Après avoir retrouvé sa lucidité, cet homme comprit la gravité de sa conduite. Par ses propres paroles, il venait de répudier sa femme qui, désormais, lui était devenue interdite. Que faire s’il n’était pas intéressé par ce divorce ? Comment revenir sur les mots qu’il avait prononcés ?

Désemparé, l’Arabe se dirigea vers le cheikh local pour prendre conseil et lui demander par quel moyen il pouvait annuler sa parole pour continuer à vivre normalement avec sa femme. Cependant, à sa plus grande déconvenue, le cheikh trancha : « D’après la loi islamique, tu as divorcé. Et il n’est pas possible de revenir en arrière, puisqu’elle n’a pas rempli ta volonté. »

En désespoir de cause, il raconta son malheur à ses voisins, qui lui conseillèrent d’aller consulter le Sage juif. Il suivit ce conseil et se rendit chez Rabbi Ezra ‘Hamoï, qui écouta attentivement son histoire. Il pensa immédiatement à une solution, mais ne voulut pas se prononcer avant d’avoir obtenu l’accord du cheikh.

Après que ce dernier lui eut donné son approbation, Rabbi Ezra interrogea l’Arabe :

« Dis-moi, le gâteau que tu as mangé était-il moelleux ou sec ?

– Il était sec. C’est d’ailleurs pourquoi j’avais tellement soif, tenta-t-il de s’excuser.

– Dans ce cas, trancha le Rav, ta femme te reste permise, parce que quand on mange un gâteau sec, on fait tomber des miettes par terre. Tu n’avais donc pas terminé de te restaurer. »

La lumière de cet illustre Sage s’éteignit le quatrième jour de ‘Hanouka, alors qu’il avait atteint un âge très avancé. Il repose à présent au mont des Oliviers.

 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan