La Paracha de la semaine en format PDF

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Emor

14 Mai 2022

יג אייר התשפ"ב

Horaires de Chabbat
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Comment fermer la porte au mauvais penchant

Rabbi David Hanania Pinto

« Vous prendrez, le premier jour, le fruit du cédratier. » (Vayikra 23, 40)

Nos Sages s’interrogent (Tan’houma, Emor 22) : « Pourquoi dit-on “le premier jourˮ, alors qu’il s’agit du 15 du mois ? C’est le premier jour pour le compte des péchés. »

Dans le journal Hasvivot est expliqué le sens de ce concept (au nom de mon Maître Rabbi Guershon Liebman zatsal). Entre Kippour et Souccot, tous les Juifs sont occupés à accomplir des mitsvot, en particulier la recherche des quatre espèces. Aussi, ils n’ont pas le temps de prêter oreille aux incitations du mauvais penchant et, par conséquent, ne trébuchent pas dans le péché.

À Kippour, chacun d’entre nous se repent sincèrement et, parallèlement, prend certains engagements pour se renforcer dans son service divin. Mais, comment prolonger l’effet positif de ce jour le plus saint de l’année à l’ensemble de celle-ci, parvenir à s’en tenir à ses engagements et poursuivre son élévation ? Le Midrach nous en livre le secret : quand l’homme est occupé à exécuter les mitsvot, le mauvais penchant demeure impuissant.

Ceci corrobore un autre enseignement de nos Sages (Otsar Midrachim) selon lequel le chômage mène à l’ennui et aux pensées impures. Autrement dit l’inactivité est la porte ouverte au mauvais penchant, qui pénètre en nous pour nous faire déchoir. Le Rambam (Hilkhot Issouré Bia 22, 21) affirme à cet égard : « Les pensées immorales ne se renforcent que dans un cœur dénué de sagesse. » Celui qui n’emplit pas son cœur de Torah et de mitsvot y laisse une place vacante pour le mauvais penchant.

À l’inverse, l’homme toujours plongé dans l’étude de la Torah et la recherche ou l’accomplissement des mitsvot ferme l’accès de son cœur au mauvais penchant. De la sorte, il ne se souille pas par le péché, reste pur et peut se vouer pleinement à la satisfaction de la volonté divine.

Ceci nous permet de comprendre la nécessité de pousser les Cohanim à faire preuve de zèle dans l’apport de l’holocauste, comme le suggère le terme tsav du verset « Ordonne (tsav) à Aharon et à ses fils ce qui suit : ceci est la loi de l’holocauste » (Vayikra 6, 2). Rachi explique que « le texte doit enjoindre particulièrement là, où il s’agit d’une perte d’argent ». Pourtant, comment envisager qu’Aharon et ses fils eussent fait preuve de nonchalance pour s’occuper de ce type de sacrifice du fait qu’il était entièrement brûlé et qu’ils n’en recevaient donc aucune part ? Il semble au contraire évident que, même sans recevoir une telle injonction, ils se seraient pliés à l’ordre divin.

Cependant, le Créateur connaît les plus intimes pensées de l’homme. Il sait pertinemment qu’il a tendance à exécuter avec moins de zèle les actes desquels il ne retire aucun intérêt personnel. Or, dès l’instant où il ne s’implique pas de tout son cœur dans une action, il la réalise avec un certain degré de paresse et, dès lors, le mauvais penchant trouve le moyen de s’introduire en lui, voire de le faire fauter.

C’est la raison pour laquelle la Torah ordonne aux Cohanim d’apporter l’holocauste avec zèle, afin de ne pas laisser le temps au mauvais penchant de leur transmettre de l’engourdissement. En s’occupant rapidement de cette mitsva, ils chassaient cet adversaire et pouvaient se plier à cet ordre avec une grande ferveur – principe également valable pour tout Juif.

Soulignons, toutefois, que l’étude de la Torah à proprement parler ne suffit pas ; il faut lui associer celle du moussar. Le Saba de Kelm, Rav Sim’ha Zissel zatsal, écrit que la Torah se vexe si l’on se contente de l’étudier elle seule et ne se penche pas également sur la morale. Car celle-ci fait naître en l’homme l’aspiration de s’élever, de résister vaillamment aux épreuves et même la force de garder le silence face à ceux qui l’offensent et l’injurient.

Ainsi donc, l’étude du moussar permet à l’homme, tout au long de son existence, de poursuivre son élévation spirituelle. Elle est si efficace qu’une seule volonté de s’élever est déjà suffisante pour repousser le mauvais penchant et entamer la lutte permanente contre lui. De cette manière, on sera en mesure de le vaincre et de se rapprocher du Saint béni soit-Il.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Les bons 50 %

Un avrekh me fit part de l’angoisse qui se mêlait à sa joie d’être bientôt père : d’après le résultat d’un des examens effectués sur sa femme, on avait découvert un certain problème chez le fœtus.

Il s’agissait d’un problème relativement courant qui, dans 50 % des cas, disparaît avant même la naissance. Dans le reste des cas, les enfants naissent et vivent toute leur vie avec cette anomalie.

Le futur père me demanda donc une brakha pour que son enfant naisse sans aucune anormalité, afin qu’il puisse étudier la Torah dans les meilleures conditions.

En entendant une demande aussi touchante, témoignant d’une volonté pure, je lui répondis aussitôt : « Nous allons dire que votre bébé fait partie des 50 % de fœtus chez qui le trouble disparaît avant même la naissance ! Si D.ieu veut, votre enfant n’aura aucun embarras ! »

Après avoir reçu ma brakha, il prit congé.

Quelque temps plus tard, sa femme refit l’examen permettant de suivre l’évolution du dérèglement détecté chez le bébé. Le médecin découvrit alors qu’il avait complètement disparu.

« Apparemment, dit-il à l’avrekh qui était venu me voir, votre bébé faisait partie de la moitié des cas où le problème disparaît spontanément ! »

Très heureux d’apprendre la bonne nouvelle, notre ami n’en oublia pas moins que cela provenait de D.ieu qui, par le mérite des saints Tsadikim, avait fait en sorte que cet enfant puisse à l’avenir étudier la Torah sans entrave.

PAROLES DE TSADIKIM

Le manque de respect mutuel

En pleine période de la supputation de l’Omer, un travail sur nous-mêmes nous est demandé. Durant sept semaines entières, il nous incombe de nous remettre en question pour purifier nos traits de caractère, afin de nous élever de plus en plus pour acquérir les quarante-huit prérequis de la Torah.

Or, parallèlement, nous nous endeuillons de la disparition des vingt-quatre mille élèves de Rabbi Akiva, disparus entre Pessa’h et Chavouot. Nos Maîtres expliquent pourquoi ces géants dans l’étude de la Torah trouvèrent la mort : « Parce qu’ils manquaient de respect mutuel. »

Réfléchissons un instant. Ces Sages ne transgressaient pas les mitsvot ; au contraire, ils les observaient toutes scrupuleusement. Certes, il s’agissait de Justes, de Tanaïm, d’éminents érudits, mais ils avaient un manquement dans le respect du prochain. Vraisemblablement, ils ne lui parlaient pas de manière suffisamment respectueuse, le blessaient et l’offensaient.

Pourtant, s’il est indéniable que le respect d’autrui représente une vertu louable, un idéal à atteindre, comment comprendre qu’une faille dans ce domaine les ait rendus passibles de mort ? En outre, comment D.ieu, en prononçant contre eux un tel décret, a-t-Il pu prendre un tel risque dans la transmission de la Torah aux générations suivantes et sa diffusion au sein du peuple juif ?

Il en ressort, explique Rabbi Baroukh Mordékhaï Ezra’hi chelita, Roch Yéchiva d’Atérèt Israël, que le respect d’autrui constitue le fondement sur lequel tout le reste repose, dans l’esprit de l’enseignement de nos Sages « le dérekh érets précède la Torah ». Avant de se plonger dans l’étude de la Torah, de l’observer, de l’enseigner, de la développer et de s’élever par son biais, il nous appartient de corriger notre personnalité, de veiller à l’honneur du prochain et d’établir de bons liens avec lui. C’est la base, à partir de laquelle seulement on peut prendre son envol.

C’est justement pourquoi le manque de respect du prochain est si grave, parce qu’il ne s’agit pas du défaut d’une valeur accessoire, mais touchant à la base sur laquelle l’homme peut construire sa personnalité, son étude et la tradition. Aussi, la moindre faille dans ce domaine est-elle dévastatrice.

Ceci explique qu’une multitude de disciples de Rabbi Akiva mourut à cause de cela, en dépit du risque que représentait leur disparition pour la transmission de la Torah. Car, de même que les Sages nous enseignant la Torah doivent se tenir à un haut niveau spirituel, comme ces saints Tanaïm, ils doivent aussi se distinguer par leur finesse vis-à-vis d’autrui, exigence d’autant plus grande au regard de leur grandeur.

Par conséquent, leur manque de respect mutuel, de cette base fondamentale sur laquelle tout repose, entravait le maintien de leur Torah et de sa transmission aux générations suivantes.

La paracha de la semaine nous enseigne la mitsva de compter l’Omer. Profitons de cette période pour méditer à son sens profond et en tirer une leçon. Faisons-en un tremplin pour nous améliorer dans les relations interhumaines, progresser dans le respect d’autrui, raffiner nos traits de caractère et fuir la querelle et la haine gratuite !

Si nous sommes en mauvais termes avec quelqu’un, c’est le moment de trouver une solution, de lui demander pardon, d’ouvrir une nouvelle page dans nos relations, d’oublier le passé et de tisser des liens amicaux. Plus nous exploiterons ces jours-là pour progresser dans notre conduite vis-à-vis de notre prochain, plus nous aurons le mérite de nous préparer convenablement à la fête de Chavouot et de recevoir la Torah dans la joie.

LA CHÉMITA

D’après la stricte loi, il est interdit de fermer l’accès à son champ ou à sa vigne pendant la septième année. Cependant, pendant la période qui a suivi le deuxième Temple, les Sages ont constaté que certains commerçants profitaient de leur droit de prendre quelques produits des champs et des vignes pour s’emparer, illégalement, d’une grande quantité qu’ils revendaient ensuite sur le marché.

Les représentants du Tribunal, qui siégeaient aux portes des villes, leur reprenaient alors ces produits pour leur rendre uniquement la quantité nécessaire à trois repas, tandis qu’ils gardaient le reste pour le otsar beit din de la ville. Les veilles de Chabbat, ils redistribuaient ces produits aux familles, en fonction du nombre de leurs membres.

De nos jours, le otsar beit din existe également, ainsi que des points de distribution. Il n’y a pas lieu d’avoir des doutes à ce sujet, car les grands Rabbanim des générations précédentes adoptaient déjà cette conduite. Aussi, il est permis lékhat’hila d’acheter des fruits d’un otsar beit din qui se conforme à la Loi [et ne réclame pas un prix supérieur à celui du marché], d’autant plus que, d’après certains décisionnaires, c’est une mitsva de manger des produits dotés de la sainteté de la septième année. Si un beit din remplit correctement sa mission, en demandant uniquement une participation aux frais de distribution, et non pas un prix exagéré, il est préférable d’acheter ceux-ci plutôt que ceux vendus par des non-Juifs au moyen du héter mékhira.

De cette manière, nous encourageons les agriculteurs juifs qui, avec sacrifice, respectent scrupuleusement les lois de la chémita, en renonçant à leur gagne-pain.

Toutefois, si le beit din vend des produits de la septième année à des prix élevés, il y a lieu de suspecter qu’il enfreint l’interdit de les commercialiser. Le cas échéant, il est préférable de compter sur le héter mékhira. Ceux qui avaient l’habitude de ne pas avoir recours à cette permission pourront annuler leur vœu et, dorénavant, acheter des produits de cette provenance.

D’après certains, il est préférable que le propriétaire d’un verger mette ses produits à la disposition du public, plutôt que de compter sur leur distribution par le otsar beit din. En tout cas, il veillera à l’ouvrir au public au moins quelques heures par jour et, pour le reste, il pourra compter sur le partage du otsar beit din. Comme tous les produits de la septième année, ces fruits devront être rendus publics quand arrivera leur zman habïour. Au-delà de celui-ci, on veillera à ne plus consommer de produits ou de vin du otsar beit din, jusqu’à ce qu’on les rende publics conformément à la Loi.

Bien qu’il soit interdit de récolter et de cueillir des produits de la septième année comme on le fait les autres années, cet interdit ne concerne que le particulier qui désire travailler son champ. Les représentants du beit din, quant à eux, qui effectuent ces travaux pour la communauté, ont le droit de le faire de la manière usuelle.

De même, les représentants du beit din peuvent mesurer et peser ces produits, parce qu’ils ne les vendent pas de la manière habituelle.

Le otsar beit din ne réclame pas d’argent pour les fruits eux-mêmes, puisqu’ils ont été rendus publics et sont interdits à la commercialisation, mais pour couvrir les frais de rémunération de ses employés. C’est pourquoi les fruits vendus par le otsar beit din ne sont pas soumis à l’interdit de commercialisation, et l’argent donné en échange n’est pas investi de sainteté, car il n’est pas remis en échange de ces fruits, mais uniquement pour couvrir les frais de distribution.

Les produits de la septième année qui se trouvent en possession du otsar beit din pendant le zman habïour ne sont pas soumis à l’obligation du bïour, puisqu’ils sont considérés comme ayant déjà été rendus publics. Celui qui en reçoit de la part de représentants du beit din après le bïour a le droit de les consommer, sans devoir les rendre publics. S’il reçoit de tels produits avant le zman habïour, d’après certains, il faut les rendre publics lorsque ce moment arrive, mais, selon d’autres, cela n’est pas nécessaire et telle est la loi.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR 

Rabbi David Hanania Pinto

Le devoir de donner une éducation pure à ses enfants

On m’a demandé pourquoi dans le verset « L’Éternel dit à Moché : “Parle aux Cohanim, fils d’Aharon, et dis-leurˮ (Vayikra 21, 1), il est écrit à la fois « aux Cohanim » et « fils d’Aharon », alors que l’un aurait pu être déduit de l’autre. Pourquoi donc répéter « fils d’Aharon » ?

À mon humble avis, j’expliquerai comme suit. Il est connu que la fête de Pessa’h est appelée ainsi en rappel de notre devoir de multiplier les récits relatifs à la sortie d’Égypte et de les raconter à nos enfants – pé sa’h signifiant « bouche qui parle » –, comme il est dit : « Tu donneras, ce jour-là, cette explication à ton fils. » (Chémot 13, 8) En outre, il nous incombe de ressentir que nous avons nous-mêmes été libérés de ce pays, comme nous l’affirmons dans la Haggada le soir du Sédèr : « Chacun doit se considérer comme étant lui-même sorti d’Égypte. »

Si nous nous contentons de raconter cet épisode de notre histoire à nos enfants, nous ne serons pas quittes de notre devoir. Il s’agit de leur en faire plusieurs fois le récit, sous différents angles, d’insister et d’éveiller leur intérêt, jusqu’à ce qu’il s’ancre pleinement dans leur cœur.

En outre, il faut également leur souligner que le but de la libération d’Égypte de nos ancêtres était leur acceptation de la Torah, comme l’a signifié le Saint béni soit-Il à Moché en disant : « Quand tu auras fait sortir ce peuple de l’Égypte, vous adorerez le Seigneur sur cette montagne même. » (Chémot 3, 12) Plus nous parlons de la sortie d’Égypte et de la préparation au don de la Torah, plus nous nous obligeons à nous y préparer, préparation à laquelle contribue la supputation du Omer entre Pessa’h et Chavouot.

Enfin, en racontant à nos enfants la sortie d’Égypte, nous implantons en eux l’amour de l’Éternel. Si nous remplissons notre tâche d’éducateur, dans l’esprit des mots du verset « Parle (…) et dis », en expliquant aux grands comme aux plus jeunes la signification profonde de cet événement majeur, nous leur transmettons simultanément notre mise en garde de veiller à la pureté de leur âme et de ne pas se souiller. La fin de notre verset y fait allusion : « Nul ne doit se souiller parmi son peuple. » En d’autres termes, lorsque les parents éduquent leurs enfants, ceux-ci constatent combien ils se dévouent pour eux et intègrent alors leur message de préserver leur pureté et leur sainteté.

EN SOUVENIR DU JUSTE

Rabbi Zondel Kroyzer zatsal

C’est dans un univers de sainteté que naquit et grandit le Tsadik Rabbi Zondel Kroyzer, descendant du célèbre « père des Yéchivot », Rav ‘Haïm de Volozhin zatsal. Sa jeunesse fut marquée par la misère régnante entre les deux Guerres mondiales, mais baigna aussi dans le bonheur spirituel de l’amour de la Torah et la crainte de D.ieu.

Pour illustrer l’extrême pauvreté dans laquelle il fut élevé, on raconte que son père avait l’habitude d’utiliser son streimel de Chabbat comme coussin pour s’y endormir. Par cette pratique, il concrétisait la vanité de ce monde face à l’immense valeur de la Torah et des mitsvot.

Quand il atteignit un âge mûr, il prit l’habitude d’aller dormir tôt et, dès son réveil, même si seulement une heure s’était écoulée, il s’empressait de se lever pour entamer sa journée d’étude. Il devint rapidement célèbre dans tout Jérusalem pour son exceptionnelle assiduité dans l’étude.

Rabbi Na’houm Cohen chelita raconte qu’il eut le mérite d’apprendre Torah et morale auprès de Rabbi Zondel, qui était l’un des génies de sa génération. D’après lui, le point le plus remarquable de la personnalité de son Maître était sa puissante joie, toujours lisible sur son visage.

« Il ne possédait rien, vivait dans un tout petit appartement, avec une cuisine minuscule. Son intérieur était d’une simplicité qu’on aurait, aujourd’hui, qualifiée d’ahurissante. Et, pourtant, le sourire ne quittait pas son visage. C’était l’homme le plus heureux. Il était toujours content et rien ne l’énervait ni ne le décevait. »

Rabbi Zondel fut désigné à la fonction d’éducateur dans plusieurs Yéchivot, où il avait l’habitude de rehausser l’estime de soi de ses disciples. Une des méthodes originales à laquelle il avait recours était d’avoir un carnet dans sa poche, dans lequel il notait toutes les remarques et paroles de Torah prononcées par ses élèves pendant son cours.

À chacun d’entre eux, il réservait une page entière, à la tête de laquelle figuraient son nom et celui de son futur ouvrage. Par exemple, s’il s’appelait Avraham, il écrivait ce nom et, à côté, la mention « auteur du Divré Avraham » ; s’il se nommait Its’hak, il notait : « Its’hak, auteur du Béer Its’hak ». Il est difficile de concevoir le sentiment de gloire ressenti par tous ceux qui avaient le mérite de voir leur nom et leurs ‘hidouchim écrits dans le carnet de leur Maître, sous le titre de leur future œuvre.

L’Admour de Bialé zatsal fut invité à célébrer le mariage de l’un des élèves de Rabbi Zondel, qu’il vit soudain apparaître devant lui en tant que témoin. Il le connaissait bien et savait que c’était un érudit, animé d’une grande crainte de D.ieu. L’Admour se réjouit beaucoup de le rencontrer et, avant de célébrer le mariage, il se tourna vers les témoins et leur dit avec un grand sourire : « À de grands hommes comme vous, il n’est sans doute pas nécessaire de rappeler le devoir d’avoir des pensées de contrition avant de témoigner. »

À ces paroles, Rabbi Zondel fut saisi de peur et de tremblements. Il demanda à l’Admour : « Comment donc puis-je me repentir en un instant, avant la ‘houpa ? Il fallait me le dire quelques jours plus tôt, afin que j’aie le temps de le faire correctement. »

Cette remarque secoua l’Admour, son visage devint rouge et il s’écria avec véhémence : « Qu’est-ce que c’est le repentir ? Le regret du passé et un engagement pour l’avenir ! Une seule pensée de repentir sincère, une volonté d’abandonner tout le mal et faire le bien, suffit pour ne plus être considéré comme impie et être digne de témoigner. »

Il prouva rapidement ses paroles par un passage de Guémara (Kidouchin 49b) où il est expliqué que si un couple se marie à condition que l’homme se repente, le mariage est valable, parce qu’on suppose que ce dernier a déjà eu des pensées de repentir [entre le moment où cette condition a été énoncée et celui où il a remis la bague à sa future épouse]. Il en ressort qu’il est possible de se repentir pleinement en un instant. La loi est tranchée ainsi par le Rambam et le Choul’han Aroukh.

Rabbi Zondel lui-même racontait cette anecdote à ses élèves et ajoutait qu’on pouvait en déduire de nombreuses conduites et lois importantes, aussi bien la finesse avec laquelle l’Admour rappelait aux témoins leur devoir de se repentir, sans les humilier, que les lois de base du repentir. On en déduit notamment qu’en dépit des multiples conditions et lois relatives au repentir, qui doit également comprendre une confession orale des péchés – l’une de ses trois étapes (cf. Rambam, Hilkhot Téchouva 1) –, néanmoins, elles ne sont pas un obstacle au repentir. Même si on ne dit pas explicitement « j’ai fauté » et ne remplit pas toutes les conditions, l’essentiel est d’avoir de réelles pensées de repentir, ce qui est suffisant pour ne plus être considéré comme un mécréant et voir son repentir agréé.

Quand des gens venaient lui demander de les bénir pour bénéficier d’une délivrance dans un certain domaine, il refusait en disant : « Ils pensent que je suis capable de les bénir, alors que j’ignore comment je me présenterai au Jugement. » Mais, il poursuivait : « Je m’engage à étudier un traité pour sa guérison » – ou autres formules similaires. Et nombreux furent ceux qui connurent le salut grâce à ses bénédictions.

Sa plume prolifique a produit des dizaines d’ouvrages, les célèbres séries intitulées « Or Ha’hama » sur la Torah, sur la plupart des traités du Talmud, sur le Choul’han Aroukh et sur de nombreux sujets de halakha et de aggada.

 

 

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