Kora'h 2 Juillet 2022 ג תמוז התשפ"ב |
|
La responsabilité reposant sur chaque individu
Rabbi David Hanania Pinto
« Kora’h, fils de Yitshar, fils de Kéhat, fils de Lévi, prit parti. » (Bamidbar 16, 1)
Rachi commente : « Il se prit [lui-même] d’un côté pour se séparer de la communauté et s’insurger contre la prêtrise, ce que le Targoum rend par itpéleg, il se sépara du reste de la communauté pour chercher querelle. »
L’âme de tout Juif comprend celles de l’ensemble des autres membres du peuple, toutes provenant d’une même souche. Il en résulte la considérable influence de l’individu sur la communauté, en particulier en ce qui concerne les hommes de Torah. Une grande responsabilité repose sur ces derniers, qui se vouent à l’étude, car tous les autres leur sont liés. Leur solide lien avec la Torah leur permet d’influencer spirituellement leurs frères juifs, toutes couches confondues, en les renforçant dans le respect des mitsvot.
À l’heure actuelle, une de nos Yéchivot accueille des hommes autrefois totalement à l’écart du judaïsme. Aujourd’hui, grâce à D.ieu, ils observent scrupuleusement l’ensemble des mitsvot. Comment sont-ils parvenus à modifier si radicalement leur mode de vie et à se repentir ? Certainement grâce à l’influence bénéfique des bné Torah, avec lesquels leur âme est étroitement liée. Car, comme l’enseigne le Zohar, « la Torah, le Saint béni soit-Il et le peuple juif forment une seule entité ».
Kora’h, qui était prophète, comptait parmi les hommes transportant l’Arche sainte. Mais, en dépit de son niveau élevé, il commit la lourde erreur de se séparer de la communauté. Dès lors, son âme ne faisait plus partie de l’ensemble des autres et il se soustrayait totalement à sa responsabilité vis-à-vis d’eux. Simultanément, il ne pouvait plus bénéficier du mérite de la communauté et c’est pourquoi il fut expulsé de ce monde.
Nos Sages affirment également que Moché équivaut à tous les enfants d’Israël réunis. En d’autres termes, son âme comprend toutes les leurs. Une immense responsabilité reposait donc sur lui d’influencer positivement chacune d’entre elles. C’est la raison pour laquelle il veillait à rester très humble, parce qu’en l’absence de cette vertu, la seule pensée de détenir un pouvoir tellement puissant l’aurait fait tomber dans le travers de l’orgueil.
Ce principe reste vrai pour tout Juif, qui a une responsabilité vis-à-vis de toutes les âmes de ses coreligionnaires. Le passage de la prière introduisant les bénédictions du matin, Elokaï néchama, y fait allusion. Nous affirmons : « Mon D.ieu, l’âme que Tu m’as donnée est pure. » Le mot bi (m’) équivaut numériquement à douze, allusion au nombre de tribus de notre peuple. Autrement dit, dès son réveil, le Juif prononce une bénédiction sur son âme et évoque le fait qu’à l’intérieur d’elle sont comprises celles des Juifs de toutes les tribus d’Israël.
Ainsi donc, de même que l’âme de Moché englobe celles de tous les Juifs, l’âme de chaque Juif les comprend également. Si, à notre réveil, nous pensons à cet insigne mérite qui est le nôtre, notre âme se réveillera immédiatement et s’enthousiasmera d’y avoir eu droit. Parallèlement, nous réaliserons notre responsabilité colossale de corriger nos actes et notre conduite, car tous apprendront de nous et nous imiteront.
D’après le Midrach (Kohélèt Rabba 7), au moment où le Saint béni soit-Il créa le premier homme, Il lui fit visiter le jardin d’Éden et lui montra tous ses arbres. Puis Il lui dit : « Regarde comme Mes œuvres sont belles ! Tout ce que J’ai créé, Je l’ai créé à ton intention. Veille à ne pas abîmer Mon monde. »
Dans le même esprit, nos Sages enseignent (Avot 1, 14) : « Si je ne m’occupe pas de moi, qui le fera ? Et lorsque je m’occupe de moi, que suis-je ? » Il incombe à l’homme de prendre conscience du fait que, s’il ne se travaille pas, personne ne le fera à sa place. En conséquence, il s’attellera à cette tâche tout au long de son existence, afin de rectifier ce qui doit l’être.
À un âge très précoce, le Gaon de Vilna était conscient de sa responsabilité à l’égard des autres. Lors de son enfance, à la clôture de Kippour, il resta à la synagogue pour y étudier la Torah toute la nuit. Le lendemain matin, son père le trouva plongé dans l’étude et l’interrogea sur sa conduite. Le jeune Eliahou expliqua : « Après Kippour, tous les gens sont occupés à manger ou à construire la soucca. Il en résulte un grand manque de Torah. Or, l’univers ne se maintient que grâce à l’étude. C’est pourquoi je suis resté étudier la nuit, afin d’assurer une protection suffisante à tous les habitants du monde. »
PAROLES DE TSADIKIM
Ce qui fit rire Rav Steinman
Si l’épisode de la querelle de Kora’h peut être remarquablement expliqué, il est déplorable de constater que, jusqu’à aujourd’hui, des disputes éclatent en tout lieu. Comment donc expliquer cette section de la Torah en retirant les leçons de morale nécessaires pour éviter de trébucher dans ce travers ?
L’ouvrage Kol Michalotékha rapporte des discussions passionnantes entre Rabbi Eliahou Man et Rav ‘Haïm Kanievsky zatsal. Comme il le témoigne, « notre Maître se lamente et s’afflige des querelles existant au sein du peuple juif et laisse échapper des larmes quand il entend la détresse de ses frères. Il nous indique également qui doit renoncer à sa position et quand ».
Dans la section de Nasso, il est écrit : « Si la femme de quelqu’un, déviant de ses devoirs. » Le Midrach déduit : « La Torah enseigne à l’homme son devoir d’être indulgent à l’intérieur de son foyer. Si du vin ou de l’huile se renverse, il fermera les yeux, de même si son vêtement se déchire. Par contre, s’il entend que sa femme lui a été infidèle, il se conduira comme un homme. » Il en ressort l’obligation d’être souple pour tout ce qui a trait au matériel et de faire preuve de fermeté pour le domaine spirituel.
Rav Man raconte ce qu’il dit un jour à Rav Kanievsky : « Rav Steinman m’a dit que, quand il a voyagé à l’étranger, un vieillard de quatre-vingts ans lui a demandé une bénédiction. Il lui a demandé pour quoi il désirait qu’il le bénisse et il lui a répondu “Pour la paix conjugale”. Rav Steinman lui a fait remarquer : “À ton âge, tu n’as pas encore appris comment te comporter avec ton épouse ?” Quand Rav Steinman me répéta cette discussion, il en rit beaucoup. »
Rav Kanievsky souligna alors : « Dans l’ouvrage Or’hot Tsadikim, il est écrit que l’homme se conduira à quatre-vingts ans comme il se conduisait à huit ans. Il est difficile de modifier sa nature. »
Il poursuivit ensuite : « Manoa’h était en désaccord avec sa femme. Il affirmait qu’ils n’avaient pas d’enfant parce qu’elle était stérile, tandis qu’elle disait qu’ils n’en avaient pas du fait qu’il était stérile. L’ange intervint afin de rétablir la paix entre eux. Il dit à la femme : “Voici, de grâce, que tu es stérileˮ, où les mots “de grâce” expriment la demande de ne pas se quereller avec son mari, étant donné qu’il avait raison. On en déduit que celui qui désire rétablir la paix entre deux partis ne doit pas s’adresser à celui qui a raison, car cela ne ferait que renforcer son opposition. En effet, si l’ange avait donné raison à Manoa’h, il aurait repris son argument, devant sa femme, avec l’aval de l’ange. Mais, il faut parler à celui qui a tort en lui disant de le reconnaître face à l’autre. Par ce biais, on restituera la paix. Ainsi, à l’époque du ‘Hazon Ich, il y avait une grande querelle entre deux hommes. Le Sage, qui pensait que l’un d’entre eux avait raison, fit informer l’autre qu’il avait tort. »
Rav Man demanda à Rav Kanievsky : « Quel âge avaient Manoa’h et sa femme ? »
« Ils étaient sans doute âgés, répondit-il. Mais, comme nous l’avons dit, l’homme se conduit à quatre-vingts ans comme à huit ans. Uniquement avec la Torah, il peut changer sa nature en peu de temps. »
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Enfin un garçon
À l’âge de six ans déjà, j’eus l’occasion d’être témoin de l’inspiration divine dont jouissait Papa. J’étais le troisième enfant, après un garçon et une fille, et étais moi-même suivi de trois filles.
Parfois, mes proches s’amusaient à me taquiner en me disant : « C’est ton mazal qui a amené après toi la naissance de trois filles ! » Mais cette plaisanterie me peinait énormément.
J’allais alors souvent me recueillir sur la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto, priant pour que mes proches cessent de me tourmenter et pour que le prochain enfant qu’auraient mes parents soit un garçon.
À notre époque, lorsque des gens, plongés dans la tristesse, tombent dans la dépression, il arrive souvent qu’ils souffrent en silence. D’autres vont jusqu’à se suicider. Cependant, dans notre foyer, nous avons reçu une éducation juive pure selon laquelle, en tout moment de détresse, il nous appartient de nous tourner vers D.ieu, de prier et de L’implorer de nous envoyer le salut. C’est pourquoi, dès mon plus jeune âge, j’étais conscient que la solution au problème qui me perturbait se trouvait dans des prières adressées au Créateur, tout-puissant.
Papa, qui savait combien les taquineries de mes proches me tourmentaient, tenta plus d’une fois de me consoler : « Pourquoi te laisser peiner par des bêtises pareilles ? » me disait-il. « Ne t’inquiète pas, si D.ieu veut, nous aurons un garçon. »
Ses paroles s’accomplirent pleinement, puisque, quelque temps après, mon frère Avraham vint au monde, me délivrant des quolibets de mes proches.
LE CHABBAT
Les lois relatives aux préparatifs du Chabbat
On n’accueillera pas le Chabbat dans une maison sale et désordonnée ; aussi, pour le respect du jour saint, on veillera à la ranger et à la nettoyer correctement. On enlèvera également les toiles d’araignée, ségoula pour la paix conjugale.
On mettra une belle nappe sur la table, qui y restera tout au long du Chabbat. Si on utilise aussi une jolie nappe en semaine, le Chabbat, on la remplacera par une autre, encore plus élégante.
Il existe une bonne coutume d’acheter des fleurs et des roses en l’honneur de Chabbat. On apportera plusieurs sortes d’aromates, afin d’y réciter la bénédiction. C’est une grande mitsva de la réciter sur un hadas (myrte) triple (cf. Chabbat 32a).
Dans ce traité (33b) est rapportée une anecdote au sujet de Rabbi Chimon bar Yo’haï et son fils, Rabbi Elazar. Après avoir étudié pendant treize ans dans la grotte où ils avaient trouvé refuge, ils sortirent et virent un vieux Juif courir, tout en tenant en main deux bouquets de myrte. Ils le questionnèrent à ce sujet et il leur expliqua qu’il en avait pris un pour zakhor et l’autre pour chamor. Rabbi Chimon fit alors remarquer à son fils : « Vois combien les mitsvot sont chères aux enfants d’Israël ! »
Pour le respect du Chabbat, on veillera à avoir faim au moment du repas. Aussi on se gardera de trop manger le vendredi. On évitera de consommer même un repas léger au-delà de la neuvième heure de la journée [en hiver, environ quatorze heures, en été environ seize heures quinze].
Si une circoncision ou une bar-mitsva coïncident avec un vendredi, il sera permis de célébrer le repas toute la journée, car il s’agit d’une séoudat mitsva. Cette même permission est valable pour le repas d’un pidion haben [même différé], mais on s’efforcera de le faire le matin, dans la mesure du possible. Par contre, le repas célébrant la fin de l’étude d’un traité sera préférablement repoussé à la semaine suivante, même si on clôt cette étude le vendredi même.
Le repas organisé par certains après que les parents des fiancés ont signé les conditions du mariage peut être célébré un vendredi, car ce n’est pas un grand repas.
La veille de Chabbat, c’est une mitsva de goûter les plats cuisinés, afin de vérifier s’ils ont été bien préparés en l’honneur de Chabbat. Celui qui les goûte bénéficiera d’un prolongement de ses jours.
Celui qui a de longs cheveux a la mitsva de les couper vendredi, même après ‘hatsot. S’il n’en a pas la possibilité le vendredi, il le fera jeudi matin ou soir.
Il est recommandé de couper les ongles la veille de Chabbat. Il est permis de le faire jeudi, bien qu’ils commencent à repousser le troisième jour, ce qui coïncidera avec Chabbat. On veillera à ne pas les jeter par terre, mais dans les toilettes.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
La grandeur et la fierté ne conviennent qu’à D.ieu
« Kora’h, fils de Yitshar, fils de Kéhat, fils de Lévi, prit parti. » (Bamidbar 16, 1)
Il n’est pas fortuit que la section de Kora’h soit placée dans la Torah entre le sujet des tsitsit et la section de ‘Houkat.
Au sujet de ce commandement, il est dit : « Vous les regarderez et vous vous rappellerez tous les commandements de l’Éternel, afin que vous les exécutiez. » (Bamidbar 15, 39) Et, dans la section de ‘Houkat, nous lisons : « Ceci est un statut de la Loi (…) lorsqu’il se trouve un mort dans une tente » (ibid. 19, 2-14), verset ainsi commenté par nos Maîtres : « La Torah ne s’acquiert que par celui qui se tue [à la tâche] pour elle. » (Brakhot 63b)
De fait, il s’agit là des deux conditions de base indispensables pour mériter la couronne de la Torah. La première est, à travers l’observation des fils azur, de se souvenir des mitsvot et de reconnaître la grandeur divine, conformément à un autre enseignement de nos Sages : « L’azur évoque la mer, la mer rappelle les cieux, les cieux la pierre d’assise et celle-ci ressemble au trône divin. » Par conséquent, lorsque l’homme regarde ses tsitsit, il se souvient de la grandeur de l’Éternel trônant sur Son siège céleste et, par ce biais, se souvient aussi des mitsvot.
Cependant, cela n’est pas suffisant, puisque, comme nous le constatons, la seule vue des tsitsit n’a pas forcément cet effet sur les gens. Qu’en est-il donc de l’assurance du verset « Vous vous rappellerez tous les commandements de l’Éternel » ? C’est justement pourquoi la section de ‘Houkat vient souligner la seconde condition à l’acquisition de la Torah : « Lorsqu’il se trouve un mort dans une tente. » Il incombe à l’homme de se vouer pleinement à l’étude de la Torah, de s’effacer devant elle et de renoncer à toutes ses volontés personnelles. Pour ce faire, il reconnaîtra son piètre niveau et adoptera l’humilité.
Ces deux conditions doivent être conjuguées. Certes, la mitsva des tsitsit rappelle à l’homme la grandeur du Créateur qu’il se doit de reconnaître, mais, pour y parvenir, il doit aussi être conscient de sa propre bassesse et annihiler ses vices. Car, s’il admet la grandeur divine tout en étant imbu de lui-même, il n’en viendra certainement pas à se souvenir de l’Éternel ni à vouloir accomplir Ses mitsvot. Aussi, la reconnaissance de la sublimité de D.ieu sera assortie à une grande modestie face à la Torah et ceux qui l’étudient.
EN SOUVENIR DU JUSTE
Rabbi Mikhel Yéhouda Leifkovitz zatsal
La prestigieuse ville de Volozhin, en Lituanie, connut l’un des derniers éminents membres de la génération précédente, Rabbi Mikhel Yéhouda Leifkovitz zatsal. Dans sa jeunesse, il étudia à la Yéchiva de Ramilès, à Vilna, auprès de Rav Chlomo Heymann, puis à la célèbre Yéchiva de Volozhin.
Plus tard, il évoquera cette époque par les souvenirs suivants : « Quand je quittais la Yéchiva pour rentrer chez moi à l’occasion de la fête de Pessa’h, je voyageais dans une charrette. Autrefois, les routes étaient faites de pierres saillantes, tandis que les roues de la charrette étaient en fer. Le voyage s’étendait sur de longues heures et, lorsque j’arrivais à la maison, je devais me reposer quelques jours pour me remettre de la fatigue du voyage.
« Pendant une certaine période, il n’y avait pas de cubes de sucre pour le thé et on allait chez Rav Heymann pour lui en demander. Il nous disait alors, avec tout son sérieux, de boire le thé avec les réponses de Rabbi Akiva Eiger, la Torah étant pour lui la plus grande source de douceur. »
En 5677, Rav Leifkovitz s’installa en Israël, où il étudia à la Yéchiva de ‘Hevron, à Jérusalem. Après son mariage, il se mit à enseigner à la Yéchiva Tiférèt Tsion, à Bné-Brak, où il eut comme élèves nombre des futurs Guédolé Torah, comme Rav ‘Haïm Kanievsky zatsal et Rav Nissim Karlitz zatsal.
Plus tard, il fonda, en coopération avec Rav Chlomo Yossef Cahanman, la Yéchiva de Ponievitz, qu’il présida avec Rav Aharon Leib Steinman zatsal.
Son fils, Rabbi Avraham Its’hak chelita, l’un des Raché Yéchiva de Beit Midrach Elion, raconte : « Il est difficile de croire combien chacun de ses élèves lui était cher comme son fils unique. D’après nos Sages, le verset “Tu les enseigneras à tes enfants” se réfère aux disciples ; c’est justement le sentiment qui animait ceux de mon père, qu’il les considérait comme ses propres enfants bien-aimés. »
Par ailleurs, il témoignait un très grand respect à tous les hommes. Un de ses élèves témoigne à ce sujet : « Il y a quelques années, j’ai participé à la fin d’un rassemblement important à Jérusalem. J’ai vu le Roch Yéchiva rejoindre sa voiture et y prendre place. À la fenêtre ouverte de celle-ci étaient postées de nombreuses personnes désirant recevoir sa bénédiction. La queue se poursuivant au-delà d’une attente raisonnable, son chauffeur lui demanda la permission de fermer la fenêtre pour commencer à rouler. Mais il répondit : “Les gens ont tellement de malheurs ! Comment puis-je ne pas leur répondre ?ˮ Il continua ainsi longtemps à écouter les plaintes de tous et à les bénir, comme si chacun d’entre eux était son fils ou son fidèle élève. »
Son estime pour les hommes se vouant à l’étude de la Torah était d’autant plus intense. À une certaine occasion, il se rendit à un rassemblement de Sages, au cours duquel il remarqua un jeune Roch Yéchiva rejoindre la table d’honneur. Aussitôt, il se leva pour lui proposer sa chaise. Pour répondre à l’étonnement de ce dernier, il expliqua : « Tu diriges une grande Yéchiva, alors que moi, j’en dirige une petite. »
Notre Maître, Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, eut le mérite d’être proche de Rav Leifkovitz. Chaque fois qu’il allait le voir, le Roch Yéchiva lui prenait affectueusement la main qu’il serrait pendant un long moment. Le lien qui les unissait dépassait largement un échange de questions et de réponses ou de conseils. C’était un lien très puissant et personnel.
« J’ai eu le mérite de faire de Rabbi Mikhel Yéhouda un Rav m’indiquant la voie à suivre, raconte notre Maître. Je lui demandais conseil sur tous les sujets, aussi bien pour de grands enjeux comme mes œuvres communautaires, concernant des milliers de Juifs, que pour des affaires personnelles plus banales. Il avait une réponse à tout, accordait de l’importance et du sérieux à chaque chose.
« Il ressemblait à Moché Rabbénou. L’amour du peuple juif brûlait en lui. Il accueillait exactement de la même manière un ‘hassid, un litaï ou un sépharade, un homme portant une barbe ou rasé. À tous, il réservait le même sourire, un sourire qui resta toujours identique. C’est cela qui le caractérisait et le rendait semblable à Moché Rabénou, duquel la Torah atteste qu’il était le plus humble des hommes. Il avait le même sourire pour les riches, les pauvres et gens moyens. »