EKEV 20 Août 2022 כג אב התשפ"ב |
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Les commandements foulés du talon
Rabbi David Hanania Pinto
« Si vous écoutez ces lois, si vous les observez et les exécutez. » (Dévarim 7, 12)
Rachi explique que le mot ékev (traduit ici par « si ») se réfère aux mitsvot moins importantes que l’homme a tendance à fouler de son talon (akev), alors qu’il devrait les observer de la même manière que les plus fondamentales. Parfois, on pense que ce n’est pas grave d’arriver quelques minutes en retard à son cours ou de manquer à une prière en minian. Si ce ne sont certes pas des interdictions formelles, l’Éternel nous ordonne ici néanmoins de ne pas négliger ce type de mitsvot semblant secondaires, elles aussi partie intégrante de la Torah.
Certaines mitsvot essentielles sont également foulées du talon, parce qu’on les accomplit quotidiennement. Habitué à les observer, on le fait sans ferveur. Quiconque écoute le chofar parvient à se concentrer et à éprouver des pensées de contrition, car il s’agit d’une mitsva rare. Par contre, l’homme qui revêt son talith katan le matin ne s’en émeut pas outre mesure ; sans y penser, il l’enfile comme un autre de ses habits. Telle est la force destructrice de la routine. Notre verset nous met donc aussi en garde contre le danger de réaliser ces mitsvot comme un automate. Au contraire, il nous incombe de bien garder à l’esprit l’importance de chaque mitsva et de sa récompense et d’y appliquer la ferveur requise.
Il nous reste à comprendre pourquoi la Torah a choisi l’image du talon pour nous transmettre ce message.
Situé à l’extrémité du pied, il renvoie allusivement au terme de la vie de l’homme. Celui qui désire se repentir et veiller dorénavant à respecter avec plus de ferveur l’ensemble des mitsvot doit se souvenir de la fin qui l’attend – sa mort, suivie du jugement céleste. Cette pensée lui rappellera le poids considérable de chaque mitsva et combien il aura besoin, le jour venu, de tous ces milliers de mitsvot si souvent bâclées.
Rabbi Yaakov Abou’hatséra – que son mérite nous protège –, auteur du Pitou’hé ‘Hotam, explique dans cet esprit la juxtaposition des sections Ékev et Réé : pour éviter de mépriser les mitsvot secondaires ou récurrentes, l’homme doit regarder (réé) son talon (akev), autrement dit se souvenir du jour de la mort, où il espérera tant avoir le plus de mitsvot à son actif. S’il y songe de son vivant, il aura le mérite d’accomplir avec ferveur toute mitsva, qui sera d’une perfection optimale.
On raconte qu’une fois, le fils de Rabbi El’hanan Wasserman – que l’Éternel venge sa mort – lui acheta des chaussures pour remplacer ses anciennes, très usées. Il les chaussa, mais, le lendemain, remit les vieilles. Son fils, étonné, le questionna à ce sujet et il lui expliqua : « Celles que tu m’as achetées ont des lacets et cela me prend quelques secondes de les fermer, alors que je peux enfiler les autres plus rapidement. N’est-il pas dommage de perdre ces quelques instants, au lieu de les exploiter pour l’étude de la Torah ? C’est pourquoi tant que je peux encore porter les anciennes, je préfère les garder et uniquement quand elles ne seront plus du tout mettables, je porterai les nouvelles. »
Quel incroyable niveau de piété ! Quand un Tsadik met ses chaussures, il se souvient du terme de sa vie sur terre et, dans son humilité, ressent la valeur de chaque instant et combien il est dommage de ne pas le mettre à profit pour l’étude. Les Justes ne font rien sans réfléchir, chacun de leurs actes est soigneusement calculé. Quant aux chaussures, elles rappellent naturellement à l’homme sa fin.
Notons que le mot naal (chaussure) peut être rapproché de néila, la prière de clôture de Kippour, où D.ieu scelle notre jugement. Pour nous permettre d’échapper à la force de la routine et de nous repentir pleinement, l’Éternel nous a donné un rappel quotidien de notre fin, par le biais de nos chaussures.
Toute mitsva observée crée un ange défenseur, qui se tiendra à nos côtés après cent vingt ans. Cependant, si on l’accomplit sans ferveur, que restera-t-il donc de cet ange qu’on aura piétiné ?
Chaque jour, l’homme accomplit de nombreuses mitsvot. À son lever, il se lave les mains, prie, honore ses parents, rend service à ses voisins, salue son prochain en premier, etc. Si seulement il les réalise avec ferveur, au lieu de les exécuter machinalement, elles lui seront d’un considérable secours, le moment venu.
PAROLES DE TSADIKIM
La récompense d’une étude de la Torah faite dans l’humilité
Les commentateurs ont fait couler beaucoup d’encre sur l’emploi du terme ékev qui donne son nom à notre section et apparaît dans son incipit. Le Or Ha’haïm propose une merveilleuse interprétation. Il explique que ce mot nous indique l’attitude à adopter dans l’étude de la Torah, en l’occurrence une grande humilité. Le cas échéant, poursuit-il, on sera en mesure d’écouter les enseignements, comme l’indique le mot suivant du verset, tichméou (écoutez), car, en se considérant bas comme le talon (akev), on se verra révéler les secrets de la Torah.
Rabbi Réouven Elbaz chelita, Roch Yéchiva de Or Ha’haïm, met en garde contre une étude faite avec arrogance et à la hâte. La Torah doit, au contraire, être étudiée avec application, ligne par ligne, une michna après l’autre, pour finalement aboutir à la conclusion du traité. Celui qui arrache les pages de Guémara avec désinvolture, fierté et la prétention de tout connaître, non seulement ne deviendra pas un érudit, mais, en plus, restera un ignorant.
L’homme désirant compter parmi les Grands de notre peuple doit adopter un profil bas et savoir qu’on ne le devient pas en un jour. Des dizaines d’années d’étude assidue et de sacrifice sont nécessaires. Pour parvenir à ce sublime niveau et à une telle maîtrise de la Torah, les grands Maîtres se sont voués toute leur vie à l’étude et ne se sont accordés que très peu de sommeil. Seuls l’assiduité et le sacrifice permettent d’acquérir la Torah, comme le suggère le verset « Froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit ne seront interrompus » (Béréchit 8, 22).
Certains Juifs, même quand ils travaillent pour leur gagne-pain, ont l’esprit plongé dans la Torah et exploitent chaque instant pour l’étudier. « Le produit de ton travail, tu le mangeras » (Téhilim 128, 2) – les mains s’affairent pour assurer une subsistance, mais la tête est plongée dans la Torah. Rav Chmouel Korkous zatsal, de Marrakech, tirait son gagne-pain d’un petit commerce. Pendant la journée, il était dans son magasin et, quand un érudit y entrait, il s’entretenait avec lui de paroles de Torah, avec beaucoup d’entrain. Dans son enthousiasme, il plongeait dans de profonds sujets du Talmud et oubliait complètement qu’il se trouvait dans sa boutique et devait servir ses clients.
« À l’âge de onze ans, raconte Rav Elbaz, quand je fis la alia seul, sans mes parents, j’allai un jour cueillir du coton dans le village Yakhini, près de Chdérot. Je me souviens que les habitants du village, de nouveaux immigrants du Yémen, venaient aux champs, enveloppés de leur talith et que, tout en cueillant, ils échangeaient des paroles de Torah. Immédiatement après avoir terminé leur cueillette, ils se remettaient dans l’étude de la Michna, de la Guémara et du Rambam. »
C’est de cette manière qu’on mérite la couronne de la Torah – par l’assiduité, l’humilité et la persévérance sur le long terme. De la sorte, l’homme ne tombe pas dans le travers de l’orgueil et, de surcroît, se voit révéler l’aspect ésotérique de la Torah. L’humilité l’élève à un niveau tel qu’il a accès aux cinquante portiques de la connaissance, aux secrets les plus dissimulés.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
La Torah protège et sauve
Lors d’un de mes voyages au Maroc, je participai à l’inauguration d’un séfèr Torah. Pendant la procession et les danses, je remarquai la présence d’un groupe de personnes recherchées par la police. En dépit du danger, ces hommes avaient quitté leur cachette pour accompagner le séfèr Torah dans les rues de la ville, jusqu’à la synagogue. Ils chantaient, dansaient et sautaient avec entrain en l’honneur de la Torah, comme si de rien n’était. Quelle abnégation !
Ébloui, je leur demandai : « Comment avez-vous eu l’audace de quitter votre cachette ? Vous vous mettez ainsi en péril.
– Lorsque nous dansons et nous réjouissons avec le séfèr Torah, nous ne sommes absolument plus en danger, rétorquèrent-ils. Il est impossible que le fait de nous réjouir avec le séfèr Torah nous soit préjudiciable », insistèrent-ils, avec cette foi spontanée si touchante.
Admiratif, je les bénis alors : « Je vous souhaite de ressentir dans vos cachettes ce même sentiment d’élévation et de ne plus rien craindre de la police ! »
Après m’être séparé d’eux, je réfléchis de nouveau à leur abnégation et me dis que c’était vraiment une vision émouvante que celle de ces Juifs, ressentant de tout leur cœur la protection du Créateur au moment où ils se réjouissent avec la Torah, certains qu’à côté d’elle, rien de mal ne peut leur arriver.
Malheureusement, après avoir terminé de se réjouir avec la Torah à la synagogue, ils s’en détachèrent ; aussi cette protection divine dont ils bénéficiaient les quitta et ils durent donc regagner leur cachette pour échapper aux recherches policières.
LE CHABBAT
La mitsva d’ajouter au Chabbat
C’est une mitsva d’accueillir le Chabbat à l’avance, [même quelques minutes] avant la chékia. De cette manière, on sanctifie ces instants, en les considérant comme partie intégrante du Chabbat. Dans tous les cas, on veillera à ne pas faire de travail interdit jusqu’à la chékia, en s’arrêtant un peu avant, afin d’être sûr de ne pas transgresser le jour saint.
Il est recommandé de commencer la prière de min’ha à la synagogue environ vingt-cinq minutes avant la chékia, de sorte à permettre aux fidèles de faire kabalat Chabbat [Boï kala et Mizmor chir léyom haChabbat] avant la chékia. Si on constate que c’est un peu juste et qu’on n’aura pas le temps, il est bien de dire ou de penser, avant la chékia, « J’accepte le Chabbat ». Même celui qui ne le dit pas explicitement, le fait de cesser tout travail un peu avant la chékia est considéré comme l’accomplissement de la mitsva d’ajout au Chabbat.
À partir de plag hamin’ha [environ une heure et quart avant la sortie des étoiles], on a le droit d’accueillir le Chabbat. À partir de ce moment, on peut dire « J’accepte le Chabbat » et arrêter tout travail. Avant cela, une telle affirmation n’a aucun sens.
Celui qui accueille le Chabbat à l’avance, même en public, n’entraîne pas avec lui sa femme et ses enfants, qui ont encore le droit d’effectuer des travaux. De même, une femme qui accueille le Chabbat à l’avance n’inclut pas son mari dans son acceptation. Par conséquent, celui qui prie arvit plus tôt peut demander aux membres de sa famille de faire une mélakha pour lui, tant qu’ils n’ont pas encore accepté le Chabbat.
Celui qui se rend à la synagogue pour prier min’ha et entend barékhou d’un minian d’arvit organisé plus tôt n’y répondra pas. S’il y a répondu, il sera obligé de recevoir le Chabbat avec les autres et ne pourra plus prier min’ha [il est impossible de faire la condition de ne pas recevoir Chabbat en répondant à barékhou]. Il devra prier arvit avec ce minian et réciter deux fois la amida, la deuxième remplaçant celle de min’ha qu’il a manquée. Par contre, celui qui accueille le Chabbat à l’avance tout seul [par exemple, en disant « J’accepte le Chabbat »] peut encore prier min’ha.
Si les fidèles de la synagogue n’ont pas trouvé de minian de min’ha avant la chékia, ils pourront faire cette téfila après la chékia. Ils n’auront pas perdu la mitsva d’accueillir le Chabbat plus tôt, car le fait d’avoir cessé tout travail interdit avant la chékia leur sera considéré comme tel.
Celui qui a accepté le Chabbat plus tôt tout seul et a faim ou soif a le droit de manger ou de boire jusqu’à la sortie des étoiles. Mais, s’il a accepté le Chabbat avec la communauté en répondant à barékhou, ce sera interdit jusqu’après le Kidouch.
Comme nous l’avons déjà expliqué, il existe un doute concernant l’intervalle de temps séparant la chékia et la sortie des étoiles, appelé ben hachmachot : fait-il encore partie de la journée ou marque-t-il le début de la nuit ? Aussi, celui qui a soif à ce moment-là peut boire sans réciter Kidouch. Par contre, après la sortie des étoiles, même si on n’a pas encore prié arvit, il faudra faire Kidouch avant de boire. De même, une femme qui a soif et à laquelle il est difficile d’attendre le retour de son mari de sa synagogue, récitera Kidouch puis boira.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Considérer le dénouement d’un acte
« Et votre ouvrage impie, ce veau que vous avez fabriqué, je m’en saisis, le jetai au feu. » (Dévarim 9, 21)
Le Or Ha’haïm s’étonne de ce verset : est-il donc possible de brûler un péché ? Il explique que tout péché entraîne non seulement un éloignement de l’Éternel, mais également la création d’une réalité de souillure spirituelle. Nos Sages enseignent à cet égard que celui qui commet une transgression se crée un accusateur pour le jour du jugement (Avot).
D’après les ouvrages saints, la puissance de ces anges est fonction de la gravité du péché. Or, le plus grave péché est la médisance. Les anges résultant des fautes des hommes n’ont pas de bouche ; ils se tiennent certes devant D.ieu pour accuser l’homme, mais ils demeurent incapables de crier leur inculpation. Par contre, en médisant, on faute par la bouche et on crée donc un ange en possédant une. Celui-ci ne se contente pas de se tenir devant le Créateur, mais récrimine violemment l’homme et rapporte ses péchés. Ses paroles peuvent causer un désastre à l’ensemble du peuple juif. C’est pourquoi la médisance équivaut aux trois péchés cardinaux réunis, dont le meurtre.
Pour en revenir au péché du veau d’or, outre l’idolâtrie à laquelle les enfants d’Israël s’adonnèrent, ils créèrent un ange destructeur qui voulut détruire le peuple juif. Moché, par ses actes et ses prières, brûla le veau d’or et le péché qu’il représentait, c’est-à-dire l’ange qui en résulta.
Ainsi donc, les actes de l’homme ne se mesurent pas à leur taille, mais au résultat qu’ils génèrent. Il arrive parfois qu’une petite parole anodine de médisance crée un ange très nuisible. Par conséquent, plutôt que de considérer la grandeur d’un acte, il convient de tenir compte de son aboutissement.
Certains petits actes ont une grande valeur, positive ou négative. Quand l’homme leur accorde de l’importance, en les accomplissant avec méticulosité, il en retire une élévation dans d’autres domaines et renforce son statut de serviteur du Roi du monde. Ce principe se vérifie aussi dans le mal : le moindre péché crée une réalité spirituelle nocive, capable de causer des préjudices à soi et à la communauté, à D.ieu ne plaise. Par exemple, la seule contemplation d’une vision interdite peut entraîner un considérable ravage spirituel, bien que le point de départ se limitât à un tout petit écart.
EN SOUVENIR DU JUSTE
Rabbi Avraham ‘Haïm Adès zatsal
Une prestigieuse lignée d’érudits et de Sages se forma autour de la famille Adès. Une génération après l’autre, on put constater la réalisation de la promesse du verset « Elles ne s’écarteront point de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants, ni de celle des enfants de tes enfants, soit à présent soit dans les temps futurs ».
Rabbi Avraham ‘Haïm Adès zatsal était l’un de ses maillons. Célèbre pour son sublime niveau en Torah et en crainte de D.ieu, il fut surnommé par les habitants de Jérusalem le « détenteur de l’étincelle d’inspiration sainte».
Il naquit en Syrie dans le foyer du Gaon Rabbi Its’hak Adès zatsal. Dès son plus jeune âge, lorsqu’il fréquentait les cercles d’érudits, on put reconnaître ses remarquables atouts et vertus. Outre sa piété et ses talents naturels, il étudiait avec une exceptionnelle assiduité, délaissant ses besoins physiques, les vanités et les jouissances de ce monde pour se consacrer à la Torah.
Son voisin à Jérusalem, Rabbi Réfaël Meïr zatsal, considéré comme l’un des membres de sa famille, raconte qu’après avoir constaté les maigres portions de nourriture rudimentaire constituant les repas du Sage, il l’interrogea à ce sujet, objectant que la Torah nous ordonne de veiller à notre santé et qu’en l’absence d’une alimentation correcte, il n’aurait pas les forces nécessaires pour étudier jour et nuit.
Rabbi Avraham lui répondit : « Pendant très longtemps, j’aspirais à voir le Baal Chem Tov et à lui demander comment il était parvenu à son remarquable niveau. Un jour, j’en eus le mérite et il me l’expliqua à l’appui du verset “Et vous, qui êtes attachés à l’Éternel, votre D.ieu, vous êtes tous vivants aujourd’huiˮ : celui qui aspire s’attacher au Créateur ne peut pas jouir de la nourriture ou des vêtements, mais doit se contenter du minimum. De plus, l’âme face à la Présence divine est telle une bougie devant un flambeau ; de même que le flambeau aspire la bougie, la Présence divine aspire l’âme, étincelle de sa lumière. Voilà pourquoi je mange le moins possible. »
Rabbi Avraham se distingua également par sa maîtrise de la parole. Il mettait un point d’honneur à ne pas parler en vain, tandis qu’il ne cessait d’étudier et de s’entretenir de Torah. Au beit hamidrach de Syrie, il étudiait avec Rabbi Its’hak Charim zatsal. Durant les quarante nuits séparant Roch ‘Hodech Éloul de Kippour, ils étudiaient en ‘havrouta, coutume qu’ils maintinrent sur plusieurs années.
Après avoir fait sa alia, Rabbi Avraham voulut s’installer à Jérusalem, dans le quartier de Boukharim. Quand Rav Chlomo Moussayof zatsal, connu pour sa générosité et sa grande estime des érudits, l’apprit, il mit aussitôt à sa disposition un appartement dans l’une des cours dont il était propriétaire.
Rabbi Avraham appartenait au groupe de kabbalistes dirigé par Rabbi Chaoul Dwik HaCohen zatsal, le « Sadé », fondateur de la Yéchiva des kabbalistes Ré’hovot Hanahar. Lorsqu’il dirigeait l’office, en particulier pendant les jours de pénitence, sa voix douce transmettait aux fidèles une formidable émotion spirituelle, éveillait en eux la crainte et l’amour de l’Éternel et les réjouissait profondément.
On raconte que, dans la jeunesse de Rabbi Avraham, un Juif remué fit irruption dans le beit hamidrach, plein de ressentiment sur le fait qu’il n’existait plus d’hommes qui défende le peuple juif et dont la prière porte ses fruits. Comprenant qu’il souffrait, Rabbi Avraham l’appela discrètement pour lui demander des explications. L’autre lui raconta alors que, depuis un mois, il souffrait de maux de tête l’empêchant de dormir. Rabbi Avraham mit ses deux mains sur sa tête et le bénit en citant le verset « Lorsque tu te livreras au repos, tu n’éprouveras aucune crainte, tu te coucheras et goûteras un doux sommeil ».
Le lendemain, cet individu se rendit chez Rabbi Avraham pour lui dire que sa bénédiction s’était réalisée. Le Sage en profita pour le réprimander d’avoir prononcé des paroles accusatrices et ne se sépara de lui qu’après qu’il se fut repenti.
Depuis cette anecdote, Rabbi Avraham acquit, en Syrie, le renom d’un saint dont les prières sont exaucées. De nombreux Juifs affluèrent à sa porte pour lui demander de les bénir et connurent la délivrance.
Le Roch Yéchiva de Porat Yossef, Rabbi Ezra Attia zatsal, raconta à ses élèves que lorsque son épouse, malade, souffrit d’une fièvre grimpante, mettant ses jours en danger, il s’empressa de se rendre au domicile de Rabbi Avraham, qui le rassura en disant : « Ne crains rien, mon fils. Je te promets qu’avec l’aide de D.ieu, la fièvre tombera d’un degré dès demain, d’un degré encore après-demain et que le troisième jour, elle tombera entièrement et ta femme sera complètement guérie. »
Rabbi Ezra loua une fois Rabbi Avraham devant son petit-fils : « Ton grand-père était un ange ! De même que les vagues de la mer projettent parfois sur le rivage une pierre précieuse, ton grand-père est arrivé ainsi dans notre génération. »