Parachat Béréchit 22 Octobre 2022 כז תשרי התשפ"ג |
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La mission de l’homme : mener une existence spirituellement pleine
Rabbi David Hanania Pinto
La Torah énumère en longueur tous les hommes ayant vécu dans la génération d’Adam et après lui, jusqu’à Noa’h. Puis, à la fin de la section de Noa’h, elle s’étend également sur les membres de la génération du Déluge, jusqu’à Avraham. Elle rapporte la durée de leur vie, l’âge auquel ils commencèrent à avoir des enfants et combien d’années ils vécurent encore ensuite. Après le déluge, le texte poursuit ce compte-rendu fastidieux.
A priori, tous ces détails ne semblent pas importants. Les individus mentionnés ne se distinguèrent nullement par leur conduite, aussi pourquoi s’attarder tant sur ces données de leur existence ?
La Torah désire ainsi nous enseigner une leçon de morale. Ces gens-là jouirent de la longévité, certains d’entre eux ayant vécu jusqu’à neuf cents ou huit cents ans. Tous connurent sans doute Adam, créature forgée par D.ieu Lui-même, ainsi que ‘Hava, son épouse.
Il est sûr que, pendant toutes ces années, Adam leur raconta de nombreuses histoires – la Création du monde par l’Éternel pendant six jours, son statut d’élite et de bien-aimé du Saint béni soit-Il qui le plaça dans le jardin d’Eden, où des anges lui grillaient de la viande et lui servaient du vin.
Il leur décrivit certainement l’exceptionnelle saveur de cette période, qui s’acheva avec son péché suite auquel il fut renvoyé de cet endroit, désormais gardé par « les chérubins, avec la lame de l’épée flamboyante ». Il est évident qu’il leur confia aussi la manière dont il se repentit et le psaume qu’il récita, « Cantique pour le jour du Chabbat ».
Or, tous ces récits n’exercèrent aucune influence positive sur ces hommes centenaires. Même après avoir constaté que les eaux du déluge commençaient à tomber, ils ne se soumirent pas au joug de l’Éternel et refusèrent de revenir vers Lui.
Plus encore, nos Sages affirment qu’ils voulurent attenter à la vie de Noa’h et, dans ce but, prirent des haches pour briser l’arche et le tuer. Le Tout-Puissant intervint alors en encerclant l’arche de lions et d’ours, afin de le sauver des mains de ces impies, comme il est dit : « L’Éternel ferma sur Noa’h la porte de l’arche. »
Si ces hommes se comportaient ainsi et menaient une vie à l’écart de toute pointe de spiritualité, quel était donc l’intérêt de leur existence si longue ? D’ailleurs, ils trouvèrent tous la mort dans le déluge, hormis Noa’h, sa femme, ses trois fils et ses brus, que D.ieu avait préservés de la mauvaise influence de leurs contemporains, afin d’assurer la continuité de l’humanité.
La génération suivante, celle de la Discorde, ne fut pas meilleure : au lieu de vivre en solidarité et de s’entraider, ils décidèrent de se rebeller contre le Créateur, tombant dans le travers de l’idolâtrie. Ils construisirent une grande tour s’élevant dans les cieux, dans l’intention de Le combattre.
Par conséquent, la Torah s’attarde sur les noms d’hommes ayant joui de la longévité, afin de nous enseigner qu’il ne sert à rien de demander à l’Éternel de nous accorder une longue vie si l’on n’exploite pas le temps qui nous est imparti pour se construire, apporter sa contribution au monde et exprimer sa reconnaissance envers le Très-Haut.
Ainsi, la Torah passe en revue les membres de ces générations qui vécurent longtemps, mais n’accomplirent rien de remarquable, qui dédaignèrent les multiples opportunités de se repentir offertes et finirent par être anéantis, dans le but de nous transmettre un message fondamental. Il nous incombe d’utiliser à bon escient nos années de vie, de les emplir de Torah, de mitsvot et de bonnes actions. L’aspiration à mener une telle existence où le spirituel domine nous permettra de remplir notre mission dans ce monde.
PAROLES DE TSADIKIM
L’œuvre de la Création
Dans notre paracha, le Or Ha’haïm récuse d’un seul coup toute la philosophie hérétique : « “Le ciel et la terreˮ (èt hachamayim véèt haarets) : le texte emploie deux fois le mot èt, afin d’inclure tout ce que le monde englobe. » En effet, a priori, il aurait été suffisant d’écrire « Béréchit bara Elokim chamayim véarets ».
Le terme èt vient toujours inclure un élément qui n’est pas mentionné explicitement. Ici, il constitue une mise en garde à notre intention : « Ne te leurre pas en pensant que la Création se limite à ce que tu vois à l’aide de tes yeux. Quand tu regardes les cieux, sais-tu ce qu’ils contiennent ? D’innombrables mondes. Or, tous ceux-ci aussi sont l’œuvre de D.ieu. »
Quant à la terre, au-delà du sol que nous pouvons observer jusqu’à l’horizon, il contient lui aussi d’autres créations divines destinées à servir essentiellement les hommes. Une partie d’entre elles sont dissimulées dans les profondeurs de la terre ou dans l’eau et, au cours des années, sont découvertes par hasard ou suite à des recherches. Elles sont toutes incluses dans le mot èt précédant le mot haarets.
Le mot èt placé avant le mot chamayim englobe toutes les créations spirituelles créées par l’Éternel et qui demandent à être approfondies.
Il est impossible de prétendre qu’une création puisse ne pas être l’œuvre de D.ieu, car Il est l’Auteur de tout ce qui existe, qui fut créé durant les six jours de la Création. Certaines créations sont apparentes, alors que d’autres ne le sont pas d’emblée, mais uniquement suite à des efforts pour les découvrir – l’or, les diamants, les gisements de cuivre et de zinc, etc.
Toutes les fabrications de l’homme se basent sur les merveilleuses matières premières existant dans le monde. Grâce à diverses techniques, il les transforme en de nouveaux matériaux. Cependant, même le plus grand professeur en zoologie n’est pas parvenu à créer le plus petit moustique. Seul D.ieu est à même de créer.
Il est important de se souvenir et de croire que l’Éternel a créé l’univers entier. L’étude des versets de la Torah relatifs à la Création nous permet de renforcer notre croyance dans le principe fondamental : « J’ai foi dans le fait que le Créateur, béni soit-Il, est le Créateur de toutes les créations qu’Il dirige. »
Le grand Maître de la morale, Rav Chlomo Wolbe zatsal, écrit : « Le Saint béni soit-Il a créé la lumière. Mais qu’est-elle ? Nul n’est encore parvenu à répondre. La lune éclaire le monde entier ; en son absence, il est plongé dans l’obscurité complète. Quel est donc ce projecteur qui éclaire tout l’univers ? La Russie et l’Amérique firent des recherches à ce sujet et envoyèrent une fusée sur la lune. Quand ils y arrivèrent, l’humanité fut frappée de stupéfaction. En mettant les pieds sur cet astre, ils découvrirent qu’il était recouvert de rochers noirs. Ils creusèrent, mais ne trouvèrent rien d’autre que des rochers. Comment un astre composé de rochers peut-il donc éclairer le monde entier ? »
Et le soleil, qu’est-il ? Les recherches ne sont pas encore entamées. Un genre d’immense feu, capable d’éclairer le monde entier.
Mais la véritable réponse à cette énigme est que ces créations sont divines. Le soleil et la lune sont les serviteurs de D.ieu, qui « éclaire la terre et ses habitants avec miséricorde ». Ces astres sont la force du Créateur. Il leur ordonne d’éclairer l’univers par une lumière éblouissante et ils obtempèrent, sans piles ni accumulateurs. Quand on voit cette lumière, en réalité, on voit le Créateur.
Rav Wolbe poursuit : « Si l’homme faisait des recherches pour trouver la divinité dissimulée dans le soleil et la lune, il serait effrayé face à cette lumière. À son lever, le matin, il irait se cacher dans des grottes, redoutant de voir la lumière du monde, qui n’est autre que celle de l’Éternel éclairant l’univers. »
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Un changement radical
Nous comptions dans notre famille, au Maroc, un artisan de grand renom. Dans ma jeunesse, je tentai à plusieurs reprises de le rencontrer, sans succès. À l’époque où je publiais un livre sur mon ancêtre, le Tsadik Rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol, je souhaitais m’assurer son soutien financier, qui m’aurait été très précieux, mais il cherchait apparemment à m’éviter, si bien que je ne réussis pas à le rencontrer.
Une fois arrivé à l’âge adulte, je pris sur moi, à la demande de mon père, que son mérite nous protège, d’organiser chaque année, au Maroc, la Hilloula du Tsadik Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal. J’invitai à chaque fois ce parent à la Hilloula, mais pendant de nombreuses années, il ignora mes invitations.
Pourtant, en vieillissant, lorsqu’il atteignit presque l’âge de quatre-vingt-dix ans, il changea complètement d’attitude envers moi : désireux de passer des heures en ma compagnie, il m’embrassait la main à tout instant, fier d’être en famille avec moi.
Ce changement radical me fit beaucoup réfléchir : lorsque j’étais un tout jeune homme, je n’avais rien à lui apporter, pensait-il, et c’est pourquoi il m’ignorait. Bien plus tard, lorsque j’ai commencé à devenir connu du public, il s’est mis à rechercher ma présence, fier de notre parenté. Je n’ai aucun doute que cela ne m’est venu que par le mérite de la Torah que j’ai étudiée pendant toutes ces années, depuis ma jeunesse jusqu’à ce jour. C’est cette Torah, dans l’étude de laquelle je me suis investi pendant tout ce temps, qui a fait naître chez cet homme une volonté de rechercher ma compagnie.
Cela m’a appris également combien il faut faire attention à l’honneur des plus petits que nous et combien nous devons veiller à ne pas les mépriser. Comme l’a dit David Hamélekh, « j’ai mis à profit les leçons de tous mes maîtres, car Tes préceptes sont le sujet de ma conversation » (Téhilim 119, 99) – « de tous mes maîtres », c’est-à-dire de tout homme.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Le devoir de l’homme de réaliser la volonté divine
« L’Éternel-D.ieu façonna l’homme, poussière détachée du sol, fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. »
En nous penchant sur le début du livre de Béréchit, nous constatons que le récit de la création de l’homme n’est rapporté qu’après la narration de toutes les autres œuvres divines réalisées lors des six jours de la Création. Pourquoi la conception de l’homme a-t-elle été séparée, dans le texte saint, de celle du reste des créations ?
L’homme est l’élite de la Création et c’est justement pourquoi la Torah a évité de souligner immédiatement son blâme, en l’occurrence sa désobéissance à l’interdiction divine de consommer du fruit de l’Arbre de la connaissance. Aussi, évoque-t-elle en premier lieu son éloge, la manière dont il fut conçu, lorsque l’Éternel insuffla en lui une âme vivante. Le Zohar explique (I 27a) qu’Il insuffla en l’homme une partie de Lui-même.
Après avoir ainsi glorifié l’homme, la Torah poursuit ses louanges en parlant de la sainteté et du respect du Chabbat. De même que l’homme est l’élu de la Création, le jour saint est l’élu de tous ceux de la semaine, auxquels il apporte la bénédiction (ibid. II 88a). C’est pourquoi la Torah a placé les versets relatifs au Chabbat après ceux évoquant les diverses créations, afin de marquer un petit arrêt suite à ceux-ci.
Seulement ensuite, la Torah reprend le sujet de la Création en se penchant longuement sur l’homme, son élite. Elle décrit son infraction à l’ordre divin par la consommation du fruit interdit, puis la dure punition qu’il reçut d’être chassé du jardin d’Éden, désormais gardé par « la lame de l’épée flamboyante » (Béréchit 3, 24). Le texte ne s’attarde donc que sur ce qui touche l’homme, parce qu’il est le centre de la Création.
Le plaisir retiré par le Saint béni soit-Il de la description des premiers versets de la Torah, évoquant la Création du monde et celle de l’homme, son élite, nous permettent de déduire l’immense satisfaction qu’Il retire des personnes étudiant la Torah. L’univers entier n’ayant vu le jour que pour l’homme, le texte saint s’attarde essentiellement sur sa conception. Puis elle passe au sujet du Chabbat, avant de se pencher sur le péché d’Adam. Il en résulte notre devoir de procurer de la satisfaction à l’Éternel à travers nos actes, par l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvot. Si nous y parvenons, nous aurons le mérite de ressembler à nos saints patriarches, d’être l’élite et la couronne de la Création.
LE CHABBAT
L’étude de la Torah le Chabbat
1. La mitsva d’étudier la Torah équivaut à toutes les autres réunies. L’étude effectuée le Chabbat est encore plus récompensée que celle de semaine. Une heure d’étude le Chabbat vaut cent soixante-dix millions d’heures d’étude d’un jour profane (Chivat Tsion, selon les Tikouné Zohar).
2. Le ‘Hida écrit : « Les érudits plongés toute la semaine dans l’étude de la Guémara et de la Loi se consacreront également, le Chabbat, au Midrach et à la Aggada. » Telle est la coutume de la plupart des érudits de toutes les communautés.
3. Le Zohar (introduction 4b) souligne l’éloge de celui qui trouve de nouvelles interprétations de Torah, en particulier lors du jour saint : « Rabbi Chimon bar Yo’haï dit : “Combien l’homme doit-il s’efforcer de se vouer à l’étude de la Torah jour et nuit ! Car le Saint béni soit-Il prête oreille à la voix de ceux qui étudient, et chacune de leurs paroles inédites crée un firmament. À cet instant, cette parole s’élève dans les cieux et atteste devant l’Éternel, qui l’embrasse et l’orne de soixante-dix couronnes.ˮ Dans la suite du Zohar (Chla’h-Lékha 173b), nous lisons : « Combien d’honneur témoigne-t-on, dans les cieux, au père de l’homme ayant trouvé un ‘hidouch ! Le Saint béni soit-Il dit à Son armée : “Rassemblez-vous pour écouter ce qu’a dit untel fils d’untel !ˮ On embrasse alors le père sur la tête, par le mérite de son fils. Heureux le sort de ceux qui étudient la Torah, en particulier le Chabbat ! »
Il est également écrit (Béchala’h 173) : « Avec l’entrée du Chabbat, les âmes descendent pour résider sur le peuple juif (le supplément d’âme accordé à chacun selon son niveau et qui correspond à un supplément de sainteté). À la clôture du Chabbat, ces âmes remontent vers les cieux et se présentent au Roi, qui leur demande : “Quel ‘hidouch avez-vous entendu dans ce monde ?ˮ Heureuse celle qui Lui en rapporte, Lui procurant ainsi une immense satisfaction. Le Saint béni soit-Il rassemble alors Sa cour et lui dit : “Écoutez donc les nouvelles interprétations de Torah données par l’âme d’untel !ˮ Toute l’armée céleste les écoute attentivement, tandis que les créatures saintes s’élèvent et se recouvrent de leurs ailes. »
4. Dans son responsa Torah Lichma (alinéa 98), Rabbénou Yossef ‘Haïm souligne un autre point important : « Même si un homme a trouvé une nouvelle interprétation de Torah pendant la semaine, s’il la formule le Chabbat pour la première fois, elle acquiert une supériorité provenant de la sainteté de ce jour et on considère qu’il l’a trouvée pendant celui-ci. Car l’essentiel est le moment où l’on exprime sa pensée. Quant à l’homme incapable de trouver des ‘hidouchim, il étudiera le Chabbat un nouveau sujet, qu’il ne connaissait pas encore, et l’Éternel considérera comme s’il l’avait lui-même innové en ce jour.
5. Nous en déduisons que quiconque se sent concerné par la sainteté du Chabbat s’évertuera, pendant ce jour, à ne s’entretenir que de Torah ou de sujets devant être abordés. Dans le Midrach, il est écrit : « La Torah dit au Saint béni soit-Il : “Maître du monde ! Quand les enfants d’Israël entreront en Terre Sainte, l’un sera affairé avec son champ, l’autre avec sa vigne. Qu’adviendra-t-il donc de moi ?ˮ Il lui répondit : “Ma fille, J’ai un conjoint pour toi, le Chabbat, où Mes enfants cessent tout travail et se vouent à ton étude.ˮ » Le Talmud de Jérusalem souligne : « Les hommes qui travaillent pour leur gagne-pain durant la semaine étudieront davantage que les érudits le Chabbat, tandis que ces derniers s’attarderont un peu plus aux jouissances gustatives. »
LE TRAVAIL SUR SOI
L’égoïsme, une véritable idolâtrie
Les changements de saisons constituent l’une des plus grandes bontés divines à l’égard des hommes. Ils entraînent une modification de leurs sentiments et de leurs activités et, par ce biais, créent un renouveau. Le renouvellement propre à la Création s’inscrit dans les bienfaits de l’Éternel à l’homme qui, grâce à cela, ne s’enfonce pas dans une situation continuelle et échappe au vieillissement. En l’absence de ce renouvellement, on tomberait dans une routine peu productive et même dangereuse, qui nous pousserait sur une mauvaise pente.
Actuellement, nous nous trouvons sur un axe temporel bien particulier, le Chabbat Béréchit – un Chabbat symbolisant le point de départ pour bonnes résolutions, dont la réalisation est malheureusement souvent repoussée par un causeur de troubles qui se soucie de toujours repousser ces heureux projets au lendemain.
Les exemples ne manquent pas. Un homme, déçu de la qualité de sa prière, se console à la pensée que, la fois suivante, il priera dès le départ avec plus de ferveur. Un élève dont l’écriture est illisible est prêt à l’améliorer, mais uniquement quand il commencera un nouveau cahier. Ce n’est pas uniquement de la paresse. Il existe un besoin mental qu’un facteur externe influence l’action. Avec un nouveau départ, le parfum spécial de la réalité renouvelée aide à modifier l’habitude et à agir différemment.
C’est le moment opportun pour se réveiller et adopter de nouvelles habitudes, pour améliorer ses traits de caractère et se débarrasser de ses vices, de provenance extérieure au peuple juif. Ayons donc le courage de changer positivement !
Au centre de la Création se trouve son élite, l’homme. Avant même sa création, sa nature profonde fut définie, celle qui allait l’accompagner durant toute son existence. Dans le Midrach (Yalkout Chimoni 1, 13), nos Maîtres enseignent : « Rabbi Simon affirme : les anges se divisèrent en groupes, comme il est dit : “L’amour et la fidélité se donnent la main, la justice et la paix s’embrassent.ˮ La Charité dit : “Que l’homme soit créé, car il est bienfaisant.ˮ Mais la Vérité intervint : “Qu’il ne soit pas créé, car il n’est que mensonge !ˮ La Justice dit : “Qu’il soit créé, car il fait des actes équitables.ˮ Mais la paix ne fut pas du même avis : “Qu’il ne soit pas créé, car il n’est que disputes !ˮ »
La première vertu, la plus essentielle, avec laquelle l’homme fut créé est la charité. Naturellement, elle le guide tout au long de sa vie et le pousse à agir avec générosité. Comment donc expliquer que les gens semblent parfois dépourvus de sentiments et que leur personnalité soit ternie par de mauvais traits de caractère ? La réponse est simple : ils ne veulent pas que les autres les exploitent.
Cette mauvaise tendance caractérisait les habitants de Sédom. Ils avaient un seul et unique but : empêcher la bienfaisance à l’égard d’autrui, annihiler toute compassion pour celui-ci, aveugler l’œil regardant son prochain. Le Saba de Kelm nous met en garde contre une telle conduite, en s’appuyant sur les paroles de la Guémara (Chabbat 105b) : « Rabbi Avin dit : “Que signifie le verset ‘Tu n’auras pas de dieu étranger et tu ne te prosterneras pas devant lui’ ? Quel est le dieu étranger résidant dans le corps de l’homme ? C’est le mauvais penchant. »
L’amour abusif de soi a la dimension de l’idolâtrie. L’homme égoïste ne pense qu’à lui-même et ne parvient même pas à penser à l’autre. Il s’adore, ce qui revient à de l’idolâtrie.
Celui dont les yeux sont fermés et les oreilles bouchées devient insensible au dérangement qu’il cause à autrui en faisant du bruit. Il n’entend même pas le klaxon de sa voiture à une heure tardive, près d’un immeuble d’habitation, sans doute occupé par quelques personnes âgées et jeunes enfants déjà plongés dans le sommeil. Il ne pense pas non plus que le papier d’emballage ou le mégot de cigarette jeté par terre indisposera autrui.