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Parachat Lekh Lekha

5 Novembre 2022

יא חשון התשפ"ג

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 17h07 18h14 19h01
Lyon 17h05 18h09 18h53
Marseille 17h08 18h10 18h52
Tel Aviv 16h26 17h25 18h01
Jérusalem 16h12 17h24 18h03

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La récompense de toutes les générations antérieures

Rabbi David Hanania Pinto

Nos Sages affirment : « Dix générations séparent Noa’h d’Avraham, afin de nous montrer combien Il est longanime ; car toutes les générations avaient suscité Sa colère, jusqu’à ce qu’arrivât notre patriarche Avraham, qui reçut le salaire de tous. » (Avot 5, 2)

Nous pouvons nous demander pourquoi nos Maîtres affirment uniquement au sujet d’Avraham qu’il était un grand Tsadik, auquel revenait la récompense de tous les hommes des générations précédentes. Pour quelle raison une telle affirmation n’est pas formulée sur Noa’h, que la Torah décrit pourtant également comme un Juste : «Ceci est l’histoire de Noa’h. Noa’h fut un homme juste, irréprochable entre ses contemporains » (Béréchit 6, 9) et « Car c’est toi que J’ai reconnu Juste parmi cette génération » (ibid. 7, 1) ? Pourquoi ne recevrait-il pas, lui aussi, le salaire des générations antérieures à lui ou, tout au moins, celui de sa génération ?

Si Avraham comme Noa’h se distinguèrent par rapport à leurs contemporains et les hommes des générations passées, il existe néanmoins une différence de fond entre ces deux personnages. Avraham ne profita pas d’un seul jour de son existence pour en tirer une jouissance personnelle, bien que l’Éternel lui eût ordonné « Va pour toi » – pour ton profit et pour ton bien. Car son unique motivation était de satisfaire la volonté divine.

Toute sa vie durant, il se consacra ardemment à la mission de proclamer le Nom divin dans le monde, comme il est dit : « Il y proclama le Seigneur, D.ieu éternel. » (Ibid. 21, 33). Il se donnait la peine de préparer un repas aux personnes qui faisaient étape dans sa tente et, lorsqu’ils désiraient le remercier, il leur expliquait que leurs remerciements devaient être adressés au Très-Haut, détenteur de tous les biens de ce monde. En outre, Avraham s’efforça de convertir ses contemporains et construisit un autel pour l’Éternel afin de déclarer à l’humanité entière qu’« il n’est rien en dehors de Lui ».

Pour s’assurer de pouvoir mener à bien sa mission, il choisissait d’habiter dans des endroits très peuplés, où il serait en mesure de publier le Nom divin auprès d’un maximum de personnes. Avec ce même esprit de sacrifice, il brisa les idoles de son père Téra’h et lutta contre l’idéologie de Nimrod, qui se révolta contre D.ieu et incita l’humanité à suivre son exemple. Cette hardiesse lui valut d’être jeté dans une fournaise de feu, mais, nullement impressionné, il plaça son entière confiance dans le Tout-Puissant, qui le sauva.

Aussi, en vertu de ses efforts incessants pour la Torah et le judaïsme, Avraham mérita de recevoir la récompense de toutes les générations précédentes, puisque c’est par son mérite qu’elles eurent droit à l’existence, comme le suggère le verset « Telles sont les origines du ciel et de la terre lorsqu’ils furent créés (béhibaram) » (ibid. 2, 4). Nos Maîtres (Béréchit Rabba 12, 9) font en effet remarquer que ce terme est composé des mêmes lettres que le nom Avraham qui, à lui seul, justifia la création du monde.

Du fait que les générations précédant Avraham virent le jour par son mérite, le Saint béni soit-Il considéra comme s’il y avait vécu et y avait proclamé le Nom divin. De ce fait, la récompense de tous ces hommes lui revient bien.

Quant à Noa’h, il ne déploya pas d’efforts pour publier le Nom divin dans le monde. Même dans sa propre génération, il n’entreprit rien dans ce sens. Après le déluge, il ne s’évertua pas davantage à remplir une telle mission et, au lieu de s’affairer à la reconstruction spirituelle du monde, il planta une vigne et se saoula.

Seulement dix générations plus tard, Avraham s’attela à cette tâche, ramenant nombre de ses contemporains sur la voie du repentir. Toutes les générations ne se maintinrent que par son mérite et c’est la raison pour laquelle il reçut leur récompense.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Qui fait souffler le vent

Toute sa vie durant, mon père et Maître, Rabbi Moché Aharon Pinto – que son mérite nous protège –, se contenta de peu et incarna la vérité énoncée par le verset « Ceux qui recherchent l’Éternel ne manquent d’aucun bien » (Téhilim 34, 11). Même lorsqu’il se trouvait dans le plus grand dénuement, il sentait qu’il ne manquait de rien, car les jouissances de ce monde ne l’intéressaient guère. Ses vêtements étaient modestes et simples, sa nourriture frugale.

Maman, de mémoire bénie, m’a raconté qu’à certaines périodes, il n’avait qu’une seule chemise. Lorsqu’il devait la laver, il n’en avait pas une autre de rechange, aussi remettait-il la même, bien qu’elle fût encore mouillée. En dépit de cette extrême pauvreté, il ne se plaignait jamais et, au contraire, se réjouissait de pouvoir servir le Créateur en étudiant assidûment la Torah, tout en se contentant de son sort.

Je me souviens que, pendant ma jeunesse, il n’y avait jamais de boisson sucrée à table, excepté le Chabbat où, en l’honneur de ce jour, Papa achetait une petite bouteille de Pepsi pour la partager entre nous.

Plus il se détachait des jouissances de ce monde, plus il s’élevait dans les degrés de la Torah et de la crainte de D.ieu. Car, comme il l’affirmait, pour faire « souffler le vent (roua’h) », il faut d’abord faire « tomber la pluie (guéchem) » ; autrement dit plus nous diminuons notre attrait pour la matérialité (gachmiout), plus nous progressons en spiritualité (rou’haniout). C’est pourquoi Papa renonça à la matérialité pour pouvoir se hisser dans les degrés de la spiritualité. Par ailleurs, il veillait à se maintenir à son niveau et à ne pas déchoir.

Ainsi donc, Papa sauvegardait son trésor spirituel avec toute la vigilance, alors qu’il n’accordait pas d’importance à ses besoins matériels, auxquels il ne répondait que pour assurer le maintien de son corps. Car il savait que le fait de s’affranchir de la matière et de se contenter de peu représentait la condition sine qua non à l’acquisition de la Torah.

PAROLES DE TSADIKIM

L’art de persuasion d’Avraham et de Sarah

Si nous nous penchons sur la manière dont Avraham convertit ses contemporains, nous découvrirons que sa vertu de bonté n’était pas un simple rassemblement de sentiments de pitié ni un plaisir à influencer autrui, mais correspondait à un concept bien plus élevé. Le premier patriarche était l’homme animé de l’amour le plus puissant. Surnommé par l’Éternel « celui qui M’aime », ce puissant amour de D.ieu brûlant en lui le conduisit également à aimer les autres.

Le Rambam nous enseigne que l’essence de l’amour de D.ieu correspond à la soif ardente de Le connaître. Le profond désir d’Avraham de connaître l’Éternel ne fut pas satisfait par sa connaissance personnelle, mais incluait également la volonté et l’espoir de la partager avec ses contemporains. Car l’amour de D.ieu est l’aspiration à œuvrer pour la symbiose entre le monde et son Créateur.

L’influence d’Avraham sur son entourage porta ses fruits parce qu’elle provenait de son amour pour l’Éternel. Tel est le pouvoir d’un amour jaillissant de la source la plus véridique : il touche directement les cœurs et les conduit à voir le bien, à y croire et à y adhérer de tout leur être.

Comment s’y prendre avec un enfant qui refuse d’écouter ou un élève non réceptif ? De quelle manière se frayer un chemin vers son cœur ? Cette question ne concerne pas uniquement parents et éducateurs ; tout Juif a le pouvoir d’exercer un ascendant sur autrui, de lui transmettre un message, de lui enseigner une ligne de conduite. Notre mission, dans ce monde, ne se limite pas à l’éducation de nos enfants ou de nos élèves. Toute interaction sociale porte la responsabilité de transmettre la parole divine, à travers sa parole et son comportement. Comment le faire de manière optimale ?

Avraham et Sarah étaient un couple unique face à une humanité totalement idolâtre. Comment parvinrent-ils à convaincre leurs contemporains de les suivre pour découvrir la vérité ? À quel art de persuasion eurent-ils donc recours ?

En première analyse, on est tenté d’interpréter cette volonté de convertir des gens comme une résultante de la Rigueur, qui oblige l’homme à lutter contre le mal, notamment par la diffusion de la vérité et la multiplication de ses adeptes. Toutefois, Rav Eliahou Dessler zatsal pense différemment. D’après lui, cette puissante aspiration d’Avraham à influencer son entourage provenait plutôt de la Miséricorde. En d’autres termes, la volonté d’être bienfaisant envers autrui, en lui offrant le plus précieux cadeau, un sens à sa vie, était à l’origine des efforts d’Avraham et de Sarah pour convertir leur prochain.

Il en résulte qu’une influence spirituelle concrète est celle qui provient d’une volonté de bienfaisance. Non pas d’une aspiration à modifier autrui ou à le rendre meilleur, mais à lui procurer du bien.

Car lorsque l’homme ressent qu’on ne se tient pas face à lui, mais à ses côtés, qu’on ne cherche pas à lui prendre, mais à lui donner, non pas à effacer ce qui existe en lui, mais à lui proposer une autre alternative, il n’a pas l’impression qu’on l’attaque, mais se sent aimé. Dès lors, son cœur est réceptif et il est prêt à essayer, voire même à adopter ce qu’il perçoit comme lui faisant du bien.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

Le pouvoir d’influence sur autrui

Les bergers d’Avraham, scrupuleux comme leur maître à l’égard du vol, muselaient leurs animaux lorsqu’ils les menaient paître dans les champs, afin qu’ils ne mangent pas dans des champs appartenant à autrui. Par contre, ceux de Loth, tout comme lui, n’étaient pas méticuleux sur ce point et laissaient leurs bêtes paître à tout endroit (Béréchit Rabba 41, 5). Une dispute éclata alors entre ces deux groupes de bergers, ceux du patriarche reprochant à ceux de son neveu d’enfreindre l’interdit du vol. Suite à cela, Avraham proposa à ce dernier : « Qu’il n’y ait donc point de querelle entre moi et toi (…). Toute la contrée n’est-elle pas devant toi ? De grâce, sépare-toi de moi. Si tu vas à gauche, j’irai à droite ; si tu vas à droite, je prendrai la gauche. »

Avraham se caractérisait par sa vertu de bonté. Sa devise était d’être bienfaisant vis-à-vis de son prochain, de lui donner une partie de ce qu’il possédait et, certainement pas, de lui prendre ses biens. De plus, ce qu’il recevait lui-même de l’Éternel, par Sa Miséricorde, il ne le gardait pas uniquement pour lui-même, mais le partageait avec les autres. Car sa volonté profonde était de donner, serait-ce jusqu’à cent fois (Sifri, Dévarim 117).

Cette grandeur d’âme provenait de sa conscience de n’être que de passage dans ce monde, ce qui le poussait à exploiter toute opportunité de pratiquer la charité et de diffuser la Torah, ainsi que le Nom divin auprès de l’humanité, par le biais de l’hospitalité. Telle fut la mission à laquelle il s’adonna à chaque instant de son existence.

Aux antipodes d’Avraham, nous avons le personnage de Loth, son neveu. Le patriarche n’ayant pas d’enfant, il pensait être son héritier, comme il l’affirma. Par ailleurs, il ressemblait physiquement à son oncle. Cependant, sa conduite divergeait totalement de la sienne : tandis qu’Avraham prônait la charité et la vérité, par le biais desquelles il proclama le Nom divin dans le monde, Loth chercha à renverser ces valeurs, se présentant comme le défenseur du vol.

Or, la conduite reprochable de Loth et de ses bergers constituait une profanation du Nom divin, du fait qu’il vivait avec Avraham et lui ressemblait physiquement. En effet, les gens en déduisirent qu’il avait appris une telle conduite de son oncle et, conséquemment, ils cessèrent de se rapprocher de lui.

Il semble évident qu’Avraham, dont la vertu essentielle était la charité, tenta d’insister et de supplier Loth de se corriger. Mais, lorsqu’il constata que la situation continuait à entraîner une profanation incontournable du Nom divin, il lui proposa, avec douceur : « De grâce, sépare-toi de moi » – Éloigne-toi de moi, afin que tous les hommes comprennent que je ne te donne pas du tout mon aval, mais que je poursuis mes œuvres de bienfaisance ; de la sorte, ils recommenceront à se rapprocher de moi et de l’Éternel.

LE CHABBAT

L’heure de la sortie du Chabbat

1. On s’abstiendra de faire tout travail interdit avant l’heure de sortie du Chabbat figurant dans le calendrier.

2. Certains ont l’habitude de ne pas faire de travail jusqu’à l’heure de sortie du Chabbat d’après l’opinion de Rabbénou Tam (en hiver, environ une demi-heure après l’heure habituelle et, en été, environ quarante minutes).

3. Celui qui se conforme à l’avis de Rabbénou Tam peut néanmoins demander à quelqu’un qui n’est pas strict à cet égard de faire un travail pour lui après l’heure habituelle de sortie du Chabbat.

4. Celui qui se conforme à l’avis de Rabbénou Tam peut se montrer indulgent à l’égard des travaux interdits par nos Sages et les effectuer dès l’heure habituelle de sortie du Chabbat. Par exemple, il peut éteindre l’électricité [mais pas l’allumer], déplacer un objet mouktsé, se joindre à un voyage en voiture (à condition que le chauffeur n’ait pas l’habitude d’attendre l’heure indiquée par Rabbénou Tam et à condition aussi de veiller à ne pas ouvrir soi-même la porte de la voiture, qui déclenche l’allumage, interdit de la Torah).

5. Dans la prière d’arvit de la clôture du Chabbat, le ministre officiant prononcera doucement la phrase « Bénissez l’Éternel, qui est digne de bénédictions » et, de même, l’assemblée s’attardera sur sa réponse, « Béni est l’Éternel, qui est digne de bénédictions à tout jamais ». C’est une ségoula pour la réussite et pour ne connaître aucun dommage durant toute la semaine.

6. Au milieu de la bénédiction « Tu gratifies l’homme de raison » (ata ‘honen) de la prière d’arvit, on ajoute un passage relatif à la havdala, « Tu nous as gratifiés » (ata ‘honantanou). Si on oublie de l’insérer, on ne se reprend pas, parce qu’on prononcera ensuite la havdala sur la coupe de vin.

7. Celui qui a oublié d’ajouter le passage « ata ‘honantanou » et s’est aussi trompé en mangeant avant havdala devra recommencer la prière de la amida d’arvit. Il est recommandé de dire que si on n’avait pas l’obligation de refaire cette prière, qu’elle soit considérée comme facultative. Même si on fait havdala sur la coupe de vin, on est néanmoins tenu de recommencer la prière d’arvit.

8. Celui qui a oublié d’ajouter le passage « ata ‘honantanou » et a également commis l’erreur de faire un travail avant havdala, recommencera de prier en disant la condition que ce soit considéré comme facultatif, le cas échéant.

9. Après le demi-kadich qui suit la amida, on récite « vihi noam » ainsi que le chapitre des Psaumes « yochev besseter elyon » (surnommé « chir chel pégaïm », le cantique de la protection contre les calamités). Le Zohar explique : « À l’heure de la sortie du Chabbat, plusieurs forces malfaisantes tournent dans le monde et espèrent dominer le peuple juif. C’est pourquoi nos Sages ont instauré la lecture du chir chel pégaïm, afin d’éviter de tomber sous leur coupe. Lorsque ces forces constatent que le peuple saint prie, récite havdala dans la prière puis sur le vin et prononce ce cantique, elles s’envolent de là et partent vers les déserts. »

EN SOUVENIR DU JUSTE

Rabbi ‘Haïm Pinto Hakatan zatsal

Rabbi Rabbi Haim Pinto Ha-Katan width=À l’occasion de la Hilloula de Rabbi ‘Haïm Pinto Hakatan – que son mérite nous protège –, notre Maître Rabbi David ‘Hanania Pinto nous a parlé de son exceptionnelle grandeur.

Rabbi Haïm Pinto de Casablanca que l’on dénomme aussi Rabbi Haïm Pinto Hakatane (le petit) pour le distinguer de son Grand-Père, Rabbi Haïm Pinto Hagadol (le Grand), naquit à Essaouira en l’an 5625 (1855) et a quitté ce monde le 15 Hechvan 5698 (20.10.1937). Il est le fils de Rabbi Yéhouda Pinto et le petit-fils de Rabbi Haïm Pinto (Hagadol) qui est enterré à Mogador. La maison qu’il habitait à Casablanca, située au 36 de la rue du Commandant Provost, est devenue un lieu de pèlerinage pour les Juifs qui y viennent y allumer des cierges.

« Comme vous le savez, mon grand-père, Rabbi ‘Haïm Pinto Hakatan, était célèbre pour les miracles qu’il entraînait. Lors d’un passage au Canada, une femme âgée vint me raconter l’histoire suivante :

« “Lorsque ma mère devait accoucher, elle connut de grandes complications. Après trois jours de souffrances, elle se retrouva dans un danger si grave que les membres de la ‘hévra kadicha attendaient déjà le moment où elle rendrait l’âme – D.ieu préserve. Mon père, incapable de la voir tant souffrir, sortit de la maison et resta dans la rue. Soudain, il rencontra Rabbi ‘Haïm, qui l’interrogea sur sa sombre mine. Il lui fit part de son malheur et le Tsadik lui reprocha de ne pas être venu le voir plus tôt. Puis il lui remit sa canne et lui enjoignit de la poser sur le ventre de son épouse. Il lui tendit également sa boîte de tabac et lui recommanda de lui en faire humer, lui assurant qu’il verrait bientôt des miracles. ‘Ta femme aura un garçon, je serai son sandak et vous l’appellerez ‘Haïm’, ajouta-t-il.

« “Papa courut à la maison et s’empressa de se plier aux directives du Sage. À la plus grande surprise de tous, peu de temps après, Maman mit au monde un garçon, qu’on appela plus tard ‘Haïm. L’enfant grandit et atteignit l’âge de deux ans. Mais, ses parents découvrirent alors qu’il ne parlait pas ni n’entendait. Ils allèrent consulter des médecins et, après de nombreux examens, ils leur annoncèrent qu’on ne pouvait rien faire.

« “Mon père savait que la délivrance ne pouvait venir que par le biais du Tsadik. Cependant, ce dernier n’était plus de ce monde. Aussi emmena-t-il toute la famille, avec le petit ‘Haïm, au cimetière. Papa se tint en face de la sépulture et se mit à pleurer en disant : ‘Vénéré Tsadik, Rabbi ‘Haïm Pinto ! Mon fils s’appelle ‘Haïm et tu étais son sandak. C’est grâce à toi qu’il est venu au monde. Or, malheureusement, on vient de découvrir qu’il est sourd-muet. Est-ce pour cet enfant que j’ai tant prié ?’ Il éclata ensuite en sanglots et supplia l’Éternel d’accorder la guérison à son enfant par le mérite du Tsadik.

« “L’incroyable arriva alors : ‘Haïm regarda Papa et lui demanda : ‘Papa, pourquoi pleures-tu ?’ Depuis ce jour, il se mit à parler et à entendre, pour le plus grand bonheur de ses parents. En devenant adulte, il fonda une belle famille. Il vécut jusqu’à l’âge de quatre-vingt-deux ans.ˮ

« “Voilà l’une parmi les milliers d’histoires de miracles entraînés par mon grand-père, qui avait le statut d’un “Juste [qui] décrète et le Saint béni soit-Il fait exécuterˮ. Le prodigieux pouvoir de sa parole n’avait d’égal que sa sagesse en Torah. Pourtant, quand on lui posait une question pratique de Loi, il disait de s’adresser plutôt aux décisionnaires de la ville. Quand ceux-ci lui demandaient pourquoi il leur avait envoyé ces personnes, il répondait avec humilité : ‘Chacun doit connaître sa place. C’est le rôle des juges de trancher les cas relevant de la Loi, pas le mien. Quant à ma mission, grâce au mérite de mes saints ancêtres, c’est de bénir les gens ayant besoin qu’on prie pour eux.’ˮ »

L’histoire qui suit illustre à la fois l’extraordinaire pouvoir des Justes et la foi pure des simples Juifs du Maroc. « Dans le quartier de Rabbi ‘Haïm, habitait un Juif aveugle de naissance, ‘Haïm Halévi. Quand il était appelé à la Torah, un autre fidèle l’accompagnait généralement jusqu’à l’arche. Mais quand personne ne pouvait le faire, il rampait par terre pour y arriver.

« Une fois, à un âge déjà avancé, il était en train de ramper quand mon grand-père marcha sur sa main, par inadvertance. Quand il s’en rendit compte, il s’empressa de s’excuser. L’aveugle lui répondit : “Si c’est vous, Rabbi ‘Haïm, je ne vous pardonne pas. » Le Sage, effrayé, lui dit : “Tu refuses de me pardonner ?ˮ L’autre répéta qu’il n’était pas prêt à lui pardonner, puis ajouta : “Je vous pardonne uniquement si vous priez pour que je puisse voir.ˮ

« Vous aurez peut-être du mal à le croire, mais telle est la suite de l’histoire. Rabbi ‘Haïm lui dit : “Dans ce cas, accompagne-moi maintenant au cimetière.ˮ Ils se rendirent ensemble sur la sépulture de Rabbi ‘Haïm Pinto Hagadol, suivis par toute l’assemblée, désirant assister au miracle. Face à la sépulture de son grand-père, Rabbi ‘Haïm Pinto Hakatan dit : “Cet aveugle ne veut pas me pardonner le mal que je lui ai fait, sauf s’il parvient à voir. Je ne sais que faire. Puisse ta grande piété me tenir lieu de mérite et entraîner ce miracle !ˮ

« À peine eut-il achevé ses propos que l’incroyable arriva : ‘Haïm Halévi put soudain voir, pour sa plus grande surprise et celle de tous les assistants. Il dit alors à Rabbi ‘Haïm : “Vous n’êtes pas aussi âgé que je me l’imaginais…ˮ »

 

 

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