Parachat Mikets 24 Décembre 2022 ל כסלו התשפ"ג |
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La publication du miracle ou la diffusion de la sainteté
Rabbi David Hanania Pinto
À ‘Hanouka, nous avons l’habitude d’allumer les bougies sur le seuil de notre maison, conformément à l’injonction de nos Sages (Chabbat 21b) : « Les lumières de ‘Hanouka, c’est une mitsva de les poser près de la porte de sa demeure, à l’extérieur. »
Comme nous le savons, à l’époque de l’empire grec, les Grecs voulurent introduire leur culture corrompue dans les foyers juifs, objectif que nulle nation ne se donna depuis la sortie de nos ancêtres d’Égypte. Dans ce but, ils ordonnèrent aux Juifs : « Écrivez sur la corne du taureau que vous n’avez pas de part dans le D.ieu d’Israël. » Ils cherchaient à faire pénétrer l’impureté de la rue dans les maisons des Juifs, afin de souiller leurs âmes. Finalement, les Hasmonéens vainquirent les Grecs et parvinrent de nouveau à diffuser la sainteté dans le peuple juif, miracle que nous célébrons à ‘Hanouka en allumant les lumières.
Du fait que les Grecs cherchèrent à introduire leur culture dépravée, l’impureté de la rue à l’intérieur des foyers juifs, lorsque nous allumons les lumières de ‘Hanouka en souvenir du miracle qui permit à nos ancêtres de contrer leur influence, nous le faisons justement sur le seuil de notre maison. De la sorte, nous rappelons à tous l’intention perverse des Grecs et, maintenant que nous les avons vaincus, rediffusons la lumière du judaïsme et la sainteté dans la rue. Nous prenons ainsi le dessus sur l’impureté. D’où l’importance de publier le miracle en allumant les lumières de la fête à l’extérieur de notre maison.
Toutefois, il est important de savoir que, si nous allumons les lumières sur le seuil de notre demeure, cela n’est pas tout ; il nous faut aussi croire d’une foi entière que leur éclat a le pouvoir de diffuser la sainteté dans la rue.
Même si nous demeurons incapables de percevoir concrètement la puissance de ces lumières, capables de propager la sainteté à l’extérieur, nous devons y croire. Car le potentiel des jours de ‘Hanouka et le miracle qui eut lieu à cette époque nous permettent, aujourd’hui aussi, de diffuser dans la rue la lumière de la sainteté. De nos jours, en particulier, où nombre d’appareils répandent malheureusement l’impureté à l’extérieur et à l’intérieur, les lumières de ‘Hanouka peuvent contrebalancer cette influence, en purifiant les rues comme les foyers.
Nous pourrions nous demander si les lumières que nous allumons sont suffisamment puissantes pour éclairer les rues. Mais, de même qu’en allumant une petite fiole d’huile pure, les Hasmonéens réussirent à purifier toutes les âmes juives – tâche qui semblait irréalisable – à l’heure actuelle, en allumant les lumières de ‘Hanouka sur le seuil de notre foyer, nous éclairons à la fois la rue et nos âmes, que nous mettons à l’abri des mauvais vents soufflant à l’extérieur.
Dans notre génération, comme dans toutes les autres, les lumières de ‘Hanouka s’inscrivent dans nos efforts éducatifs de préserver nos enfants des nombreux dangers de la rue. Le nom de cette fête, ‘Hanouka, évoque effectivement le ‘hinoukh, nos devoirs dans le domaine de l’éducation – « Donne au jeune homme de bonnes habitudes dès le début de sa carrière » (Michlé 22, 6). Il nous incombe d’élever nos enfants en les guidant sur la bonne voie, pour éviter qu’ils se laissent influencer par la culture corrompue de la rue et, au contraire, restent toujours dans le monde de la sainteté.
La culture grecque continue, encore aujourd’hui, à faire tomber des victimes parmi notre peuple, par le biais des appareils diffusant des images indécentes, manifestation des forces impures cherchant à envahir notre planète. C’est pourquoi nous allumons chaque année les lumières de ‘Hanouka, afin de combattre cette influence néfaste, en diffusant la sainteté aussi bien dans nos foyers que dans la rue.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Par la bonté et la vérité, ta faute sera expiée
Lorsque l’homme est en proie à des souffrances, il doit parvenir à les accepter avec amour, car elles constituent une expiation de ses fautes. Or, si l’on accepte les petites contrariétés avec amour, D.ieu nous épargnera des décrets bien plus durs.
À titre d’exemple, un riche Juif mexicain vint me raconter avec amertume qu’il s’était cassé la main. « Pourquoi cela m’est-il arrivé, alors que mes mains sont sans cesse occupées à faire de la tsédaka et du ‘hessed ? » se plaignit-il.
Peu de temps s’écoula avant qu’un incendie n’éclate chez lui, consumant tous ses biens. Lui-même faillit y laisser la vie et n’en réchappa que par miracle.
Lorsqu’il revint chez moi, par la suite, je lui dis : « Vous voyez ce que vous avez provoqué par vos plaintes ? Si vous aviez accepté avec amour la “légère” épreuve d’avoir la main cassée, peut-être le Saint béni soit-Il vous aurait-Il épargné celle d’avoir votre maison entièrement calcinée… »
Tout homme doit accepter les épreuves qui l’assaillent avec amour, en les considérant dans son cœur comme une expiation absolue pour toutes ses fautes. Il faudra alors faire très attention à ses paroles pour ne pas s’attirer de souffrances bien pires.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Un exemple dans l’éducation
Pendant la fête de ‘Hanouka, nous lisons le passage de l’inauguration de l’autel par les princes, ainsi que le début de la section de Béhaalotékha, où il est question d’Aharon qui allume les lumières du candélabre. Quant à la haftara de Chabbat, c’est les « lumières de Zékharia » (Zékharia 2, 14). Quel est le sens profond de ces lectures ?
Elles nous enseignent le devoir de tout Juif, quelle que soit la tribu à laquelle il appartient, de se sacrifier pour l’éducation de ses enfants, qui ont la dimension d’un petit sanctuaire. Il s’agit d’œuvrer pour allumer en eux la flamme de la Torah, afin qu’ils deviennent « comme des plants d’olivier autour de ta table ». De même que l’olivier produit une huile pure pouvant être utilisée pour l’allumage du candélabre, nous devons permettre aux âmes de nos enfants de diffuser la lumière pure de la Torah et des mitsvot.
À l’instar de Yossef, qui s’évertua à donner une éducation pure à ses deux fils, pour éviter qu’ils s’assimilent parmi les Égyptiens, en particulier durant les années d’abondance où ils purent beaucoup progresser en Torah et en crainte de D.ieu, il appartient à tout père juif d’éduquer ses enfants avec un grand dévouement, afin qu’ils s’élèvent dans ces domaines et se distinguent en Torah et en bonnes actions.
Le huitième jour de ‘Hanouka, nous lisons le passage mentionnant l’offrande apportée par le chef de la tribu de Ménaché, car le nom de ce fils de Yossef rappelle le miracle de ‘Hanouka, qui se prolongea sur huit (chémoné) jours. En ce jour, nous évoquons le prodige qui eut lieu avec l’huile (chémèn), symbole de celui réalisé en faveur des âmes (néchamot) juives, qui ne renièrent pas complètement leur identité.
Puis nous poursuivons cette lecture avec les offrandes de tous les princes restants [non évoqués les sept premiers jours de la fête], immédiatement suivie par celle du début de Béhaalotékha, où il est dit : « C’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière. » (Bamidbar 8, 2) Ceci nous enseigne le modèle d’éducation que nous devons imiter : éduquer nos enfants de sorte que leurs âmes pures brillent vers la face du candélabre.
Du fait que Yossef parvint à éduquer ses fils conformément à la voie de la Torah et de la crainte du Ciel dans un pays dépravé comme l’Égypte, il mérita d’être appelé Tsadik yessod olam, « Juste, pilier du monde » (Zohar I 186a). Quant à ses enfants, ils eurent le privilège d’être comptés parmi les tribus d’Israël, parce qu’ils reçurent une éducation juive pure.
D’ailleurs, leurs noms l’attestent, comme le soulignent les versets mentionnant leurs choix : « Ménaché, car D.ieu m’a fait oublier toutes mes tribulations et toute la maison de mon père », c’est-à-dire m’a aidé à abandonner tout le mal, à ne pas adhérer à l’impureté égyptienne. Et « Ephraïm, car D.ieu m’a fait fructifier dans le pays de ma misère », autrement dit m’a permis de faire le bien, en développant Torah et crainte du Ciel et en y éduquant mes enfants, malgré l’environnement malsain. Aussi, Ménaché et Ephraïm méritèrent-ils de devenir deux « plants d’olivier », à droite et à gauche de Yossef, parce qu’ils préservèrent la pureté de l’huile, en l’occurrence celle de leur âme.
LE CHABBAT
Paroles permises le Chabbat
1. Nos Sages (Chabbat 113a) ont déduit du verset « Si tu cesses de fouler aux pieds le Chabbat (…), si tu le tiens en honneur en t’abstenant de suivre tes voies ordinaires, de t’occuper de tes intérêts et d’en faire l’objet de tes entretiens » l’interdiction, le jour saint, de parler de la même manière qu’en semaine, comme par exemple de ses affaires.
2. Quiconque se sent concerné par la sainteté du Chabbat s’efforcera de n’y parler que de Torah et de ce qui est nécessaire. La récompense de celui qui étudie la Torah est inestimable et, a fortiori, quand elle est faite le Chabbat, où une heure d’étude équivaut à cent soixante-dix millions d’heures de semaine.
3. Il est interdit de parler d’actions interdites le Chabbat. Ainsi, on s’abstiendra de dire : « Demain, j’achèterai ceci » ou « Demain, je dois voyager à un tel lieu », « écrire une lettre » ou « construire cet immeuble ainsi ». Même si on se parle à soi pour programmer le lendemain, cela reste interdit.
4. Pendant Chabbat, il est permis de penser à des activités de la semaine. Aussi, il est permis de dire : « Demain, j’irai à un tel lieu », même si on a l’intention de voyager pour y arriver, du moment qu’on ne mentionne pas explicitement que ce sera nécessaire.
5. Il est permis de parler d’une action interdite le Chabbat, mais répondant aux besoins d’une mitsva, par exemple en disant : « Demain, j’achèterai des téfillin. » On évitera cependant de préciser le montant de cet achat.
6. Si, pendant Chabbat, on trouve un enseignant privé pour notre enfant, on peut convenir avec lui qu’il étudiera en semaine avec ce dernier et lui promettre de le rémunérer pour cela, mais sans préciser le salaire.
7. De même, il est permis de faire une proposition de mariage à un jeune homme, une jeune fille ou leurs parents, car il s’agit de propos de mitsva. Il est également permis de déclarer un objet perdu ou volé, afin qu’il soit restitué à son propriétaire.
8. Il est interdit de dire combien d’argent on doit à ses employés. Par contre, on peut mentionner la somme qu’on leur a versée dans le passé. (Le ‘Hida recommande toutefois d’éviter d’en parler, pour ne pas en venir à calculer ses dettes futures.) Néanmoins, il est permis de calculer les dépenses futures liées à une mitsva ou à la tsédaka, comme les frais de l’achat de livres saints ou ceux du mariage de son fils.
9. Celui qui se rend chez son prochain, y voit un certain objet et l’interroge sur son prix, s’il est intéressé à l’acheter, il est interdit de lui répondre. Mais s’il n’a pas cette intention, on peut lui dire le prix.
10. Des paroles ne mentionnant pas un travail interdit le Chabbat, mais qui n’ont pas d’intérêt, comme la politique ou les nouvelles, il est interdit de s’y attarder. Quant aux propos contenant du blâme, de la raillerie ou de la légèreté et, a fortiori, de la médisance, ils sont totalement interdits, même en semaine et même en petite dose.
LE TRAVAIL SUR SOI
L’histoire de ‘Hanouka
Un petit groupe de Juifs, les Maccabim, se préparent à une guerre de survie. Ils ne luttent pas pour sauver leur vie ou leur patrie, mais pour sauvegarder leur âme.
On ne tarit pas d’éloges sur le courage de ces derniers, on ne cesse de louer leur bravoure. Et quel était leur cri de guerre ? « Qui aime l’Éternel, me suive ! »
La guerre des Maccabim avait pour but de sauver l’âme du peuple juif et de chacun de ses membres. Les Grecs ne menacèrent pas d’anéantir physiquement nos ancêtres. Au contraire, ils étaient très heureux de les associer à leur mode de vie et à leur culture, mais à une condition, qu’ils coupent tout lien avec leur foi.
Sur le papier, la guerre des Hasmonéens semblait perdue d’avance. Une minuscule armée juive contre un immense empire grec. Une vieille religion contre l’humanisme et le modernisme. Et, pourtant, ils tinrent bon et parvinrent même, grâce à l’aide divine, à prendre le dessus sur leurs adversaires. S’ils avaient perdu espoir, nul d’entre nous n’aurait été présent aujourd’hui.
En condensé, voilà l’histoire de ‘Hanouka et tel est aussi le message à tirer dans notre service divin : notre devoir de résister, de ne pas s’avouer vaincu. Le mauvais penchant et ses multiples subterfuges sont un empire géant. Ses moyens de communication sont pleins de paroles humanistes, technologiques, savantes et prônant les droits de l’homme, quitte à piétiner en chemin l’honneur d’autrui.
Comme le souligne Rabbi Aharon Leib Steinman zatsal dans un de ses écrits traitant de la purification des traits de caractère, les lumières de ‘Hanouka nous rappellent la lumière de la Torah et des mitsvot, aussi bien celles envers D.ieu que vis-à-vis d’autrui. Il ajoute que quarante-neuf jours séparaient la sortie d’Égypte et le don de la Torah, parce que le peuple juif était plongé dans le quarante-neuvième degré d’impureté et ce laps de temps était donc nécessaire pour s’y soustraire. Si, à D.ieu ne plaise, les enfants d’Israël étaient tombés dans le cinquantième degré d’impureté, ils n’auraient pas pu s’en détacher.
Rav Steinman faisait aussi remarquer que, dans les dernières générations, on peut observer que nombreux sont ceux qui trébuchent dans le péché d’humilier autrui en public. Malheureusement, cette tendance à tomber dans ce travers, qui revient à verser le sang d’autrui, conduit parfois à la perpétration d’un meurtre au sens propre du terme. C’est pourquoi, avant la venue du Messie, il nous incombe de nous corriger dans ce domaine et d’éviter de porter atteinte à l’honneur d’autrui, afin qu’il n’y ait plus de catastrophes, car, en le blessant, on risque d’en venir à attenter à sa vie. Chacun d’entre nous doit se travailler pour s’efforcer de ne pas faire ce qui irait à l’encontre de son prochain.
L’appel de ‘Hanouka est « Qui aime l’Éternel me suive ! », autrement dit qui désire se plier à la volonté divine et observer méticuleusement les mitsvot envers son prochain. La guerre de survie de tout Juif se concentre sur l’annihilation de ses vices, ceux que le mauvais penchant utilise pour s’introduire en nous et briser notre solidarité. Cette lutte est loin d’être facile, comme l’affirmait Rav Israël Salanter, mais, à l’instar des Maccabim, nous ne devons pas perdre espoir. Il nous incombe de déclarer la guerre et de nous renforcer dans le travail de nos traits de caractère, ainsi que dans l’étude de la morale. Le Saint béni soit-Il, dans Sa grande bonté, nous accordera ensuite Son aide et, de bon gré et avec bienveillance, nous guidera par la lumière de la Torah.