La Paracha de la semaine en format PDF

la Paracha en PDF

Parachat Ki Tissa
Chabbat Parah

11 Mars 2023

יח אדר התשפ"ג

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 18h29 19h36 20h23
Lyon 18h21 19h25 20h09
Marseille 18h20 19h22 20h04
Tel Aviv 17h24 18h21 18h58
Jérusalem 17h07 18h20 19h00

Acceuil ARCHIVES

 

Le péché du veau d’or – pourquoi ?

Rabbi David ’Hanania Pinto

« Le peuple, voyant que Moché tardait à descendre de montagne, s’attroupa autour d’Aharon et lui dit : “Allons ! Fais-nous un dieu qui marche à notre tête, puisque celui-ci, Moché, l’homme qui nous a fait sortir du pays d’Égypte, nous ne savons ce qu’il est devenu.” » (Chémot 32, 1)

Lorsqu’on médite sur les versets de notre section, une problématique ardue apparaît : comment expliquer que les Hébreux, qui venaient juste de bénéficier de miracles hors du commun, comme celui de l’ouverture de la mer des Joncs – événement au cours duquel ils ont pu voir, de leurs propres yeux et de manière évidente, l’intervention du Tout-Puissant dans le monde – aient ensuite pu tomber à un niveau si bas, au point d’en venir à construire un veau d’or ? De plus, dans le désert, les enfants d’Israël étaient constamment guidés par une colonne de feu et une de nuée, vision qui mettait en évidence la distinction entre la lumière et l’obscurité et symbolisait ainsi, d’une part, la récompense des personnes qui étudient la Torah, et de l’autre, la punition de celles qui s’insurgent contre ses exigences.

Tentons d’éclaircir cela.

Au sujet de Noa’h, la Torah affirme : « Noa’h marchait avec D.ieu » (Béréchit 6, 9), ce qui signifieque l’Éternel marchait devant Noa’h pour lui indiquer la voie à suivre. Par contre, notre patriarche Avraham était parvenu à un niveau supérieur, puisqu’il cheminait devant le Saint béni soit-Il, c’est-à-dire qu’il n’avait pas besoin de Son aide et connaissait de lui-même la manière dont il devait se comporter afin de surmonter, par ses propres moyens, les vanités de ce monde. Quant aux enfants d’Israël, en dépit du fait qu’ils avaient déjà reçu la Torah – au sujet de laquelle il est dit : « ta vertu marchera devant toi » (Yéchayahou 58, 8), allusion au fait que la Torah protège l’homme –, ils désiraient cependant que l’Éternel leur indique la voie à suivre. Or, ils n’auraient pas dû avoir une telle exigence, mais au contraire prendre exemple sur leur patriarche Avraham, qui n’a jamais eu recours à l’assistance divine, et ce, avant même que la Torah n’ait été donnée. Aussi, le peuple juif, qui avait déjà reçu la Torah, capable de protéger l’homme, aurait-il dû compter sur ses propres forces pour avancer.

Cette exigence de la part des enfants d’Israël trouve son expression dans leur interrogation « Où est Moché ? », qui laisse qui laisse justement transparaître leur incapacité à s’autogérer, ne serait-ce qu’un seul instant, et leur dépendance exagérée vis-à-vis de leur dirigeant – alors que l’homme doit être capable de trouver en lui-même les forces nécessaires pour affronter les épreuves, même difficiles, de la vie. Empruntons un exemple de la vie courante : s’il arrivait au Rav d’une synagogue de devoir s’absenter, à cause d’un certain empêchement, il serait impensable que tous les fidèles quittent eux aussi ce lieu de prière, sous prétexte que leur Rav les a quittés ! Il leur faudrait, au contraire, s’armer de courage et poursuivre leur prière et leur étude, envers et contre tout.

La question posée par les enfants d’Israël – « Où est Moché ? » – était donc déplacée et interdite, et, dès le moment fatidique où ils l’ont formulée, elle a commencé à leur causer du tort, pour finalement devenir une véritable pierre d’achoppement. En réalité, la source profonde de cette question provenait de leur désir, encore subsistant, de rester attachés à la culture égyptienne. Celle-ci, qui se basait sur la croyance en plusieurs idoles, fut la cause de leur décadence.

Dans l’un de ses ouvrages, mon ancêtre, Rabbi Yochiyahou Pinto, que son mérite nous protège, développe longuement le sujet d’une étude désintéressée de la Torah. Il y explique que seules une étude et une pratique désintéressées de la Torah détiennent le pouvoir de sauver l’homme, alors qu’une étude intéressée ne lui est d’aucun secours. Il nous incombe donc de tirer leçon de cette vérité perçante, en nous efforçant d’étudier la Torah de manière désintéressée ; nous serons alors en mesure, au moment de l’épreuve, d’échapper aux rets du mauvais penchant. Dans cette optique, il est possible qu’avant le don de la Torah, les enfants d’Israël n’aient pas étudié de manière désintéressée, ce qui expliquerait que la Torah ait été incapable de les épargner du péché. Pour preuve, lorsque Moché tarda à descendre de la montagne, ils eurent immédiatement recours à l’idolâtrie, désirant la lui substituer et en faire leur dirigeant.

En raison de ce principe, il peut arriver qu’un homme qui vient juste de prier à la synagogue se délecte ensuite de visions interdites ; sa prière, machinale, se résumant à une simple articulation de phrases devant être prononcées, n’est pas authentique, manque de ferveur et ne peut donc avoir aucun impact sur celui qui l’émet.

Lorsqu’un homme salit son vêtement, il ôte la saleté qui le recouvre, mais cette saleté a en réalité pénétré bien plus profondément dans le vêtement lui-même, et il y reste des traces, assimilables à une tache. Il en est de même concernant le péché : il ne suffit pas de l’éliminer de manière superficielle, mais il est nécessaire de le déraciner depuis sa source de façon à en éliminer toute impression. C’est la raison pour laquelle Moché Rabbénou a brûlé le veau d’or et l’a réduit en menue poussière plutôt que de se contenter de le faire disparaître par la prononciation du Nom ineffable, parce qu’une mauvaise influence doit être détruite jusqu’à sa racine – la calcination symbolisant une destruction radicale.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

La valise de la émouna

Il arriva une fois à mon père qu’au cours d’un voyage du Maroc à Israël, il s’aperçoive soudain que son sac, contenant entre autres son argent et son passeport, n’était plus avec lui. Cela le contraria beaucoup.

Aussitôt, il se tourna vers le Saint béni soit-Il, lui demandant, par le mérite de son père, Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal, de « protéger » ce sac, afin qu’il ne lui arrive rien et que personne n’y touche.

Sa prière fut entendue : mon père revint sur ses pas et trouva le sac qui l’attendait tranquillement là où il l’avait laissé, sans que personne y ait touché.

Les années passèrent et un jour, je pris le train en direction de Paris. Au moment de descendre, une grande confusion régnait : de nombreuses personnes voulaient monter et poussaient pour se frayer un passage, tandis que moi-même, je devais descendre

et me glissai donc difficilement au milieu du flot de passagers. Cet effort me fit détourner l’attention de la valise que je portais avec moi, laquelle renfermait de nombreux écrits de Torah ainsi que de l’argent et tous mes papiers.

Peu de temps après, je m’aperçus que ce bagage n’était plus avec moi et cela me plongea dans le désarroi. Je me désolai surtout pour tous ces écrits de Torah qui s’y trouvaient et m’avaient coûté tant d’heures de réflexion. En effet, les biens spirituels sont le seul avoir que nous amassons dans ce monde et qui nous accompagne dans le Monde futur. En regard, la perte matérielle – celle de l’argent et des papiers – ne pouvait me causer de désagrément que dans ce monde.

Comme l’avait fait mon père en son temps, je me tournai vers le Très-Haut et lui demandai de me permettre de retrouver cette valise, après quoi je retournai à l’endroit où il me semblait l’avoir lâchée. Grâce à D.ieu, elle attendait « paisiblement » que je vienne la chercher, intacte.

Dès que je les avais informés de la perte, mes accompagnateurs avaient perdu tout espoir : il n’y avait aucune chance de mettre la main dessus, dans un endroit si grand et grouillant de monde, m’avaient-ils affirmé. Aussi lorsqu’ils me virent revenir avec la valise en main, ils crurent rêver. C’était comme de trouver une aiguille au milieu d’une botte de foin. Un vrai miracle.

Pour moi aussi, il s’agissait d’un fait surnaturel. Chaque heure, ce sont des milliers de personnes qui traversent la gare en tous sens. Dès lors, comment est-il possible de retrouver au milieu de toute cette confusion une valise perdue ? De plus, comment expliquer que, parmi la foule de passants, nul n’ait prêté attention à ce bagage laissé à l’abandon ?

La seule réponse : la Volonté de D.ieu. En contradiction flagrante avec les lois de la nature, le verset : « Ils ont des yeux, mais ne voient pas » s’est alors accompli de façon éclatante, si bien qu’avec l’aide de D.ieu, je pus mettre la main sur ma précieuse valise et continuer mon chemin.

PAROLES DE TSADIKIM

Pourquoi Yéhochoua ne manifesta-t-il pas contre le veau d’or ?

« Mais Yéhochoua, fils de Noun, son jeune serviteur, ne quittait pas l’intérieur de la Tente. » (Chémot 33, 11)

Nos Sages mentionnent quatre éléments nécessitant un renforcement, l’un d’entre eux étant l’étude de la Torah. D’où l’apprend-on ? demandent-ils. De ce qui a été dit à Yéhochoua : « Sois fort et résistant » – fort dans la Torah (Brakhot 32b).

À ce propos, le Roch Yéchiva de Torah Or, Rabbi ‘Haïm Pin’has Scheinberg zatsal, pose la question suivante : si Yéhochoua était « un jeune serviteur qui ne quittait pas la Tente [de la Torah] », pourquoi avait-il besoin d’être renforcé ?

Et de répondre que la solution se trouve dans l’analyse que fait Rachi des « quatre domaines qui doivent être renforcés », c’est-à-dire que l’homme doit constamment s’y renforcer de toutes ses forces. En fait, il n’est pas question de celui qui se reprendrait après s’être laissé aller, mais d’un renforcement indispensable concernant tout le monde, même les plus grands d’entre nous. Il s’agit de ne pas laisser la moindre

faiblesse nous gagner. À cet égard, même Yéhochoua avait besoin de se renforcer pour rester à ce niveau de « jeune qui ne quittait pas la Tente », face à tous les défis auxquels peut être confronté un dirigeant menant des luttes pour Hachem. À plus forte raison, tout Juif doit, à son niveau, maintenir une assiduité constante dans son étude.

On peut toutefois se demander ce que ce verset vient faire au beau milieu du passage relatant la faute du veau d’or.

Le Gaon Rabbi Naftali Tsvi Yéhouda Berlin zatsal, connu sous le nom de Netsiv de Volozhin, explique que la Torah nous livre cette précision précisément à cet endroit, afin de souligner que même à l’heure de la crise, alors qu’une grande confusion régnait au sein de notre peuple suite à la vision du cercueil de Moché dans le ciel (en fait un leurre du Satan), Yéhochoua resta parfaitement fidèle à son Maître, inébranlable dans ses positions – « jeune serviteur qui ne quittait pas l’intérieur de la Tente ».

Dans le même esprit, le Gaon Rabbi ‘Haïm Kanievsky chelita rapporte un enseignement de Rabbi Naftali Tsvi Rif zatsal, petit-fils du Gaon Rabbi Raphael Shapira zatsal de Volozhin, qui vécut sur ses vieux jours à Bné Brak : bien que Yéhochoua fût le disciple principal de Moché Rabbénou et qu’on eût pu concevoir qu’en tant que tel, il manifestât publiquement sa désapprobation pour ce manque de respect envers la Torah, il resta assis à étudier. C’est dire combien le rôle des érudits est de rester rivés au banc de l’étude, sans se mêler de manifestations et autres démonstrations grand public…

En vérité, ce rôle, de même que la sagesse de savoir comment et quand manifester sa désapprobation en public, appartient aux dirigeants de la génération, et non aux élèves dont le rôle est de se consacrer pleinement à l’étude de la Torah – notre raison d'être

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David ’Hanania Pinto

Le demi-sicle

« L’Éternel parla à Moché en disant : « Quand tu feras le comptedes enfants d’Israël selon leur nombre, chacun d’eux paiera au Seigneur le rachat de sa personne lors du dénombrement, et il n’y aura pas parmi eux de peste quand on les dénombrera. » (Chémot 30, 11-12)

La section de Ki-Tissa s’ouvre par l’ordre donné par le Saint béni soit-Il à Moché, à l’intention des enfants d’Israël, d’apporter un demi-sicle afin qu’on puisse les compter, ce demi-sicle représentant également un moyen de protection permettant d’échapper à l’épidémie. La section poursuit ensuite par l’ordre divin relatif au respect du Chabbat, comme il est dit : « Gardez donc le Chabbat, car c’est une chose sainte pour vous ! Qui le profane mourra. » (Chémot 31, 14) Puis nous est finalement relaté le péché du veau d’or, lorsque les enfants d’Israël, constatant que Moché tardait à redescendre de la montagne – tout au moins selon leur calcul –, construisirent cette idole, dont ils se firent une divinité et un nouveau dirigeant.

Soulignons, à ce propos, que nous avons souvent l’impression de ne pas être en mesure d’accomplir une bonne action ou un acte charitable avec une seule petite pièce. Or, c’est en réalité le contraire qui est vrai, puisque c’est justement lorsque l’homme donne, chaque fois, le peu qu’il détient qu’il s’autoéduque à l’acquisition de vertus et qu’il renforce en lui la crainte de D.ieu. Tel est le sens de l’enseignement de nos Maîtres, de mémoire bénie : « Tout dépend de la fréquence de l’acte » (Avot 3, 15), que le Rambam commente (ad loc.) en expliquant qu’il est préférable de donner cent fois un shékel que cent shékels en une seule fois, du fait que la réitération d’un don, même modeste, entraîne l’homme à la générosité et purifie ses traits de caractère.

Malheureusement, de nombreuses personnes sont prêtes à investir des millions afin d’acquérir de vaines et futiles possessions, qui sont au centre de leurs intérêts, alors qu’elles demeurent incapables d’ouvrir leur portefeuille pour en retirer quelques pièces au bénéfice de nécessiteux, calculant alors chaque centime. Il nous incombe de réaliser qu’un investissement excessif dans les vanités de ce monde, qui se traduit souvent par une accumulation de biens matériels, est susceptible de précipiter l’homme vers un profond abîme, voire même vers l’idolâtrie. À l’opposé, celui qui consacre une partie de son argent à l’aumône, en donnant à maintes reprises de modestes sommes, bénéficiera, grâce à ces dons répétés et formateurs, d’une plus grande élévation, d’un perfectionnement de sa personnalité. Nous comprenons, à présent, le lien existant entre le demi-sicle et le péché du veau d’or, la juxtaposition de ces sujets illustrant en effet la dégradation des personnes qui gaspillent stupidement leur argent, s’agirait-il de petites sommes.

Nous pouvons en retirer l’enseignement suivant : il est parfois possible d’acquérir un sentiment d’enthousiasme dans le service divin à partir de biens a priori insignifiants, comme le demi-sicle. Néanmoins, l’accumulation des pièces données par chaque membre du peuple juif avait finalement engendré un puissant pouvoir d’achat permettant d’acquérir une offrande. Car c’est justement par le biais d’éléments apparemment secondaires, que l’homme a souvent tendance à négliger, que lui est offerte la possibilité de s’élever dans son service divin.

À MÉDITER

Se renforcer et mériter la bénédiction

Après avoir, jusque-là, analysé la nature de l’amour d’Israël, nous allons à présent nous pencher sur son contraire, et tenter de comprendre ce qui est considéré comme de la haine, strictement interdite par la Torah.

Les gens ont souvent tendance à prétendre qu’ils ne détestent aucun Juif, mais qu’ils ne parviennent malheureusement pas à s’entendre avec  certaines personnes… Ils ne les détestent pas, mais ne veulent pas avoir affaire à elles.

Les raisons de cette répulsion sont variées : un différend passé sur tel ou tel point, comme en surgissent parfois entre voisins ou pour des motifs « idéologiques ».

Le ‘Hafets ‘Haïm (Ahavat Israël, chap. 2) cite les paroles de la (Sanhédrin 27b) selon lesquelles ne peut juger ni témoigner une personne que l’on aime ou que l’on déteste – la Michna précise : « celui qu’il aime, c’est son garçon d’honneur ; n’a pas parlé [pendant au moins] trois jours par animosité. »

Réfléchissons un instant : il est question de deux personnes qui n’ont jamais eu l’intention de blesser l’autre. Il y a eu entre elles une certaine mésentente, les poussant à prendre leurs distances. La Guémara considère cette attitude comme une forme de haine réciproque, au point qu’on les croit capables de porter un faux témoignage sur leur « ennemi ».

Ainsi, celui qui, n’étant pas parvenu à trouver un terrain d’entente avec autrui, l’évite, s’abstient de lui adresser la parole, est considéré comme hostile. Or, si cette manifestation de haine le rend inapte à témoigner concernant son « ennemi », ou à le juger, il enfreint également, à chaque instant, l’interdit « tu ne haïras pas ton frère en ton cœur » (Vayikra 19, 17)!

Pire le Or Ha’haïm, sur ce même verset, nous offre une définition concept de haine, se basant sur l’ordre des mots employés. Il eût été apparemment plus logique, précise-t-il, de détailler la nature de ce sentiment (« dans ton cœur ») avant même de mentionner l’objet de cette haine– « ton frère ».

Répondant à cette question, le Or Ha’haïm va nous éclairer sur la nature de la haine :

« Le but est de nous apprendre le niveau de haine qu’Hachem interdit. Que l’homme ne dise pas que la véritable haine est de souhaiter du mal et la perte de son ennemi, tandis qu’une simple répulsion au niveau du cœur ne s’y apparenterait pas ! C’est justement pour éviter cette erreur que le Texte juxtapose les mots “tu ne haïras pas” et “ton frère”. Car on en déduit ainsi que la haine interdite par Hachem est celle qui peut être décelée à travers une altération du concept de frère. Or, dès qu’on écarte un peu son prochain de son cœur, on ne le considère plus comme un frère et on transgresse donc cet interdit. »

Ainsi, la Torah part de la supposition qu’entre tous les Juifs est censé régner un amour semblable à celui qui unit des frères. Toute situation se caractérisant par une prise de distance, contraire à cet idéal de fraternité, est donc définie comme de la haine et représente une transgression de l’interdit « tu ne haïras pas ton frère en ton cœur ».

Pour conclure, le seul moyen d’échapper à une transgression permanente de l’interdit toraïque susmentionné est de s'appliquer à accomplir au mieux la mitsva « tu aimeras prochain [frère] comme toi-même ». C’est seulement cultivant dans notre cœur de l’amour vis-à-vis de tout Juif comme s’il était notre frère que nous pourrons nous assurer que la haine n’a pas implanté ses germes dans notre cœur.

DES HOMMES DE FOI

Tranches de vie – extraits de l’ouvrage Des hommes de foi, biographie des Tsaddikim de la lignée des Pinto

Rav Mordékhaï Knafo est une personne animée d’une grande croyance en D.ieu et en la sainteté du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto.

Il y a plusieurs années, sa fille se préparait à voyager en France pour y passer un examen important, quand soudain, Rav Knafo découvrit que son passeport avait disparu.

Cette découverte le contraria beaucoup, car il savait que son renouvellement nécessitait des démarches bureaucratiques compliquées et longues.

Rav Mordékhaï savait ce qu’il lui restait à faire : il se mit à prier D.ieu que, par le mérite du Tsaddik, il retrouve l’objet perdu. Le soir, il alluma des bougies, tout en priant, convaincu que cette même nuit, quelqu’un lui rapporterait le passeport.

Son épouse lui demanda d’aller se coucher, mais Rav Mordékhaï refusa.

« Je ne dormirai pas tant que le passeport ne reviendra pas à la maison.

– Et comment va-t-il pouvoir parvenir jusqu’à toi en pleine nuit ? s’étonna-t-elle.

– Je suis convaincu que par le mérite des Tsaddikim, il va arriver », répondit-il.

À trois heures du matin, on entendit des coups frappés à la porte. Rav Mordékhaï ouvrit. Devant lui se tenait un Marocain avec un sac dans la main. Rav Mordékhaï le lui arracha.

« Pourquoi me prends-tu mon sac ? » lui demanda l’homme. En guise de réponse, il l’ouvrit et en sortit le passeport de sa fille.

À présent qu’il avait le document en main, il s’adressa à l’inconnu et lui demanda :

« Où as-tu trouvé cela ?

– Près de l’ambassade de France, répondit l’inconnu.

– Et pourquoi es-tu venu me le rendre en pleine nuit ? continua-t-il.

– À vrai dire, répondit l’homme, je ne voulais pas le restituer, je pensais le déchirer. Mais cette nuit, ma mère m’est apparue en rêve et m’a dit de me dépêcher d’aller le rapporter à son propriétaire. Si tu veux accomplir le commandement de respecter tes parents, m’a-t-elle dit, va vite réjouir cette famille en lui rendant ce qu’elle a perdu. »

Les Arabes marocains sont connus pour leur comportement exemplaire en matière de respect des parents. Il accomplit donc la volonté de sa mère en se présentant chez Rav Mordékhaï.

Celui-ci lui remit un peu d’argent en récompense et le renvoya. Nous voyons ici la grandeur de la foi dans les Sages. Cette histoire n’est nullement ancienne mais contemporaine. En réalité, chacun d’entre nous peut parvenir à un tel niveau de foi, comme ‘Hababouk le prophète l’a dit : « Le juste vivra par sa ferme foi. » Même un homme simple, s’il possède une croyance inébranlable, peut être considéré comme un Tsaddik et vivre des prodiges. Sinon, il serait difficile d’expliquer le miracle qui s’est produit dans cette histoire. Toutefois, la croyance n’est pas une vertu à laquelle on accède facilement : son acquisition demande un travail constant et progressif.

 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan