Chela'h (en Israël Kora'h) 17 Juin 2023 כח סיון התשפ"ג |
|
Le pouvoir protecteur des tsitsit
Rabbi David ’Hanania Pinto
« Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Éternel, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre coeur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité. » (Bamidbar 15, 39)
Notons, à cet égard, que le sujet qui suit immédiatement la médisance des explorateurs est celui de la mitsva des tsitsit, suivi à son tour de la révolte de Kora’h, à propos duquel nos Sages précisent qu’il marqua son mépris pour cette précieuse mitsva. C’est ainsi qu’il rassembla une faction comptant deux cent cinquante notables auxquels il fit porter des talits entièrement teints en bleu azur. Puis ils se présentèrent devant Moché et lui demandèrent : « Un talit entièrement bleu azur doit-il, ou non, porter des tsitsit ? » Sa réponse fut positive, et ils se mirent alors à le railler : « Se peut-il que pour un vêtement fait d’une étoffe différente, un seul fil de laine d’azur suffise à le rendre apte à être porté, et qu’un vêtement fait entièrement de laine d’azur ne se rende pas apte forcément de luimême ? » (cf. Rachi)
« Se peut-il que pour un vêtement fait d’une étoffe différente, un seul fil de laine d’azur suffise à le rendre apte à être porté, et qu’un vêtement fait entièrement de laine d’azur ne se rende pas apte forcément de lui- même ? » (cf. Rachi)
Le but des tsitsit est de permettre à l’homme d’acquérir la crainte du Ciel, qui lui rappelle son devoir d’accomplir toutes les autres mitsvot. Comment comprendre, dans ce cas, que cette influence bénéfique ne se soit pas ressentie chez Kora’h et ses adeptes ? Et pourquoi est-ce justement cette mitsva qu’il choisit de railler ?
Réfléchissons quelque peu à l’immense vertu de la mitsva de tsitsit. J’ai entendu dire, au nom du ‘Hafets ‘Haïm, de mémoire bénie, que le talit est une sorte de signe distinctif et de marque honorifique donnée par le Roi suprême au peuple d’Israël. De la même manière qu’un roi distribue toutes sortes de médailles et décorations pour souligner sa gratitude et son estime pour la contribution de telle ou telle personne au bien de son royaume, Hachem voulut récompenser les bné Israël du fait qu’ils s’écrièrent « nous ferons puis nous comprendrons », acceptant de se soumettre avec dévouement à la Torah sans en connaître le contenu. Ce mérite leur valut l’insigne honneur de recevoir les tsitsit, sorte de « médaille » qu’ils porteront pour souligner l’estime du Créateur devant leur bonne volonté. On en déduit que la mitsva de tsitsit a l’important pouvoir de nous rappeler l’origine de notre âme sainte, souvenir qui amènera l’homme à garder en tête les mitsvot et à les accomplir.
Or, étant donné que la mitsva de tsitsit a le pouvoir d’inspirer à l’homme de bonnes dispositions, outre le fait qu’ils permettent de se rapprocher de D.ieu et de Sa Torah, j’ai demandé à mes fils, qui œuvrent à rapprocher nos frères du judaïsme, de distribuer des talits katan à tous ceux qui le désirent lors des rassemblements de Torah qu’ils organisent. Grâce à D.ieu, ne serait-ce que ces derniers temps, ce sont des centaines de talits qui ont ainsi été donnés. Certains Juifs parisiens, au début, entraient le Chabbat dans leur voiture avec ce talit sur leurs vêtements… Mais rapidement, ils se remirent en question et réalisèrent ce que cela avait d’hypocrite, et cessèrent de transgresser le Chabbat. C’est ainsi que de fil en aiguille, ils se repentirent complètement, et ce, grâce à ce talit katan qu’ils avaient enfilé… C’est dire combien la mitsva des tsitsit, de grande valeur, a l’immense pouvoir de ramener l’homme dans la bonne voie – celle des mitsvot d’Hachem.
Notons d’ailleurs que l’on enterre les défunts enveloppés dans un talit, et ce, afin de souligner aux vivants l’immense vertu de ce vêtement saint qui a le pouvoir de faire accéder l’homme au Gan Éden et à la vie du Olam Haba.
À ce propos, un de mes élèves, médecin de haut niveau, m’a raconté qu’il avait sauté de la fenêtre de son bureau pour éviter de fauter – grâce à D.ieu, il a survécu à cette chute. Je lui ai demandé comment il avait eu le courage de sauter d’aussi haut, et il m’a répondu qu’il était certain que son talit katan le protégerait, que cette mitsva le sauverait… Une mitsva qui protège tant spirituellement que physiquement.
Précisons toutefois que toute personne qui enfile un talit katan ne peut prétendre à une protection instantanée contre la faute. Il faut avant tout, pour cela, vouloir la fuir et s’en éloigner, et c’est pourquoi il est obligatoire de s’investir dans l’étude du Moussar, qui éveille la crainte du Ciel.
C’est ainsi que l’on redoutera de commettre un acte que le Créateur nous a ordonné d’éviter absolument. Une fois cette étape passée, la mitsva des tsitsit sera à même d’aider et de soutenir l’homme dans l’épreuve.
C’est la raison pour laquelle il est dit, à propos de la mitsva des tsitsit, « afin que vous (…) ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité. Vous vous rappellerez ainsi et vous accomplirez toutes Mes mitsvot (…) ».
L’homme doit avant tout prendre garde de ne pas se laisser entraîner par ses pensées et à préserver ses yeux de visions néfastes, qui sont vecteurs de la faute. Il doit coûte que coûte briser son mauvais penchant, le soumettre. Dans ce cas, le mérite de la mitsva de talit sera à même de l’aider, de lui permettre d’échapper au péché, de surmonter son mauvais penchant.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David ’Hanania Pinto
La véritable dimension d’Erets Israël
« Oui, vraiment, il ruisselle de lait et de miel, et voici de ses fruits (…) » (Bamidbar 13, 27)
La vertu de vivre en Terre Sainte est telle que nos Sages (Ketouvot 110b) vont jusqu’à dire qu’il vaut mieux y vivre dans une ville dont la majorité des habitants ne sont pas juifs que de résider en Diaspora, même dans une localité à majorité juive ! Car celui qui vit en Terre Sainte est tel un homme ayant un D.ieu, tandis que son coreligionnaire vivant en dehors d’Israël est comparé à un idolâtre.
Les explorateurs avaient, semble-t-il, cerné cette dimension, et, lorsqu’ils qualifient Israël d’une terre où coulent le lait et le miel (zavat ‘halav oudvach), on y lit en filigrane, à travers les lettres finales de cette expression, une allusion au Chabbat, jour totalement saint. Et de même que l’on parle du « Chabbat kodech », il est question de « Erets Hakodech », la
« Terre Sainte ». Ce n’est pas le seul point commun entre ces deux concepts, puisque « trois personnes héritent du Olam Haba : celui qui vit en Terre d’Israël (…) » (Pessa’him 113a), car la sainteté de la Terre Sainte est comparable à celle du Chabbat, qui est un avant-goût du Monde futur.
« Et voici de ses fruits », ajoutent les explorateurs, comme pour dire : « Heureux celui qui préserve la sainteté d’Israël et y réside, car il méritera alors d’en consommer les fruits spirituels et d’atteindre la complétude de l’ensemble des mitsvot. Telle était d’ailleurs la raison pour laquelle, d’après la Guémara (Sota 14a), Moché Rabbénou aspirait tellement à entrer en Terre Sainte : beaucoup de mitsvot spécifiques ne peuvent être accomplies que dans ses frontières, mitsvot qu’il désirait observer personnellement.
Il en est de même pour toutes les autres mitsvot : leur accomplissement en Terre Sainte n’est pas comparable à celui en Diaspora. Car en Terre d’Israël, la portée de la mitsva est bien supérieure à celle qu’elle a en dehors. Cela va nous amener à nous poser une autre question : où trouvons-nous, dans les paroles des explorateurs, de la médisance ? Ils semblent au contraire avoir fait l’éloge de la Terre d’Israël et de sa sainteté. Nos Sages (Sota 35a) répondent de la manière suivante : « “Oui, vraiment, il ruisselle de lait et de miel” : Rabbi Yo’hanan affirme, au nom de Rabbi Méir, que le lachone hara ne contenant pas de vérité à la base ne tient pas la route. » C’est aussi ce qu’écrit Rachi sur Bamidbar (13, 27) : « Tout mensonge auquel on ne mêle pas un peu de vérité à la base ne tient pas la route. »
On en déduit que l’intention des explorateurs était bien peu louable : en commençant par louer les vertus de la Terre Sainte, ils visaient en fait à capter l’attention des enfants d’Israël afin qu’ils soient disposés à croire leurs critiques et propos dépréciateurs. Et la Guémara (Sota 14a) témoigne que tel était leur dessein.
PAROLES DE TSADIKIM
Perles de Torah sur la paracha entendues à la table de nos Maîtres
À qui les tsitsit sont-ils utiles ?
« Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Éternel, afin que vous les exécutiez (…) » (Bamidbar 15, 39)
Rabbi Méir demandait quelle était, dans ce cadre, la spécificité du bleu azur par rapport à toutes les autres couleurs.
« C’est que le bleu azur ressemble à a teinte de la mer, qui rappelle celle du ciel, lequel évoque le Trône de Gloire, comme il est dit : “Sous Ses pieds, quelque chose de semblable au brillant du saphir, et de limpide comme la substance du ciel” (Chémot 24, 10). Or, est-il précisé, l’aspect du saphir évoque la forme d’un siège. » (Ména’hot 43b)
Rachi précise également : « Le firmament évoque le Trône de Gloire, et l’azur a le pouvoir d’évoquer Celui Qui y siège. »
On pourrait toutefois se demander si dans les faits, toute personne qui voit la mer pense au Créateur et à toutes les mitsvot qui ont été données au mont Sinaï.
Le Maguid de Douvno propose une réponse sous forme de machal (allégorie) : un pauvre est invité dans la demeure d’un ami extrêmement riche. Il y admire le somptueux fauteuil sur lequel siège le maître de maison, magnifiquement ciselé et incrusté de diamants. Il remarque aussi que sur le bras du fauteuil se trouve un bouton et qu’à chaque fois que son ami le presse, un valet arrive rapidement, portant un plat chargé d’appétissantes victuailles. La même scène se répète un nombre incalculable de fois et à chaque nouvelle pression apparaissent d’autres serviteurs apportant de nouveaux plats plus succulents les uns que les autres.
Émerveillé par le spectacle qui s’offre à lui, le pauvre hère en dépeint ensuite les moindres détails à sa femme. « Nous devons absolument acquérir un fauteuil semblable avec ce genre de bouton, conclut-il ; c’est la richesse assurée ! » C’est ainsi que ces malheureux, dont la misère matérielle allait de pair avec la misère intellectuelle, économisèrent sou après sou et au prix de terribles privations, parvinrent à la longue à se fournir une imitation du fameux fauteuil. Mais quelle ne fut par leur déconvenue lorsqu’une pression sur le bouton qui en ornait le bras ne produisit aucun effet… !
« Espèces d’insensés ! pourrait-on leur dire. Comment voulez-vous vous comparer à ce riche, qui a les moyens d’engager une armée de serviteurs et de se fournir les mets les plus fins ?! Et à chaque fois qu’il presse sur le bouton de son fauteuil, il signale ainsi à ses valets de lui apporter des plateaux garnis des bons plats qu’il peut s’offrir ! Mais en quoi un tel bouton peut-il vous être utile, quand votre maison est vide, et qu’il n’y a rien à apporter ni personne pour vous servir ?! »
D’après le Maguid de Douvno, il s’agit d’une explication allégorique du verset (Amos 3, 6) : « Le choffar sonnera-t-il dans la ville sans que le peuple tremble ? » Cet appel trouve son écho chez l’homme se préoccupant sans cesse des mitsvot et redoutant la faute. À un tel homme, une sonnerie de choffar suffit pour rappeler l’imminence du jour du Jugement et de la remise en question qu’il doit susciter. Mais pour des gens dénués de crainte du Ciel et d’engagement toraïque, une telle sonnerie sera sans effet ; elle ne perturbera pas leur tranquillité.
De même, soulignait le Gaon Rav Yaakov Galinsky zatsal, en ce qui concerne les tsitsit, ils n’ont de pouvoir évocateur et n’offrent de protection contre la faute qu’à ceux qui ont la crainte du péché et s’activent sans relâche à accomplir les mitsvot. C’est à leur sujet qu’il est dit : « Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Éternel. » Il est en revanche évident que les tsitsit n’auront pas cet effet sur ceux qui n’éprouvent pas de crainte de la faute et ne sont pas impliqués dans l’accomplissement des mitsvot.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Étincelles de émouna et de bita’hon consignées par le Gaon et Tsadik Rabbi David ’Hanania Pinto chelita
Le Judaïsme s’achète-t-il ?
Un riche non-juif demanda à me rencontrer. Il voulait que je le convertisse pour pouvoir épouser une Juive. Décidé à parvenir à ses fins, il était prêt à payer une somme colossale, à même de pourvoir aux besoins de toutes mes institutions de Torah.
« Croyez-vous qu’on achète le Judaïsme avec de l’argent ? lui lançai-je. Croyez-vous que la Torah du D.ieu vivant est une marchandise commerciale monnayable ? Sachez que notre sainte Torah est une Torah de vie, qui ne s’achète qu’au prix d’innombrables efforts. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le peuple d’Israël, le peuple élu, l’a méritée au détriment des autres nations. Car lui seul a accepté de se tuer à la tâche pour elle et, avant même de l’avoir reçue, a déclaré unanimement : “Nous ferons et nous comprendrons”.
« Il est écrit dans le livre des Téhilim (147, 19-20) : “Il a révélé Ses paroles à Yaakov, Ses statuts et Ses lois de justice à Israël. Il n’a fait cela pour aucun des autres peuples ; aussi Ses lois [leur] demeurent-elles inconnues. Allélouy-a !” Le peuple juif, avec sa peur constante de transgresser la Parole divine, a de nombreux mérites découlant de l’application des paroles de la Torah.
« Seul le peuple juif a un sens particulièrement développé qui lui permet de savoir s’éloigner de l’interdit, par crainte du Ciel et du péché. Lorsqu’un Juif aperçoit une assiette avec un plat carné posé sur une table sur laquelle on consomme du lait, il la retire automatiquement de la table.
« D’un autre côté, à travers l’accomplissement des mitsvot positives, le peuple juif témoigne de son désir ardent pour les mitsvot, désir qui provient de la sainteté et de la chaleur spirituelle qui lui sont propres et ne se trouvent nullement chez les nations du monde. »
Voilà, en substance, ce que j’expliquai à mon interlocuteur, qui croyait pouvoir acheter son Judaïsme à prix d’argent. J’espère qu’il a compris le message : le Judaïsme n’est pas une religion de plus comme toutes les autres et ne s’acquiert qu’au prix de nombreux efforts et d’une crainte du Ciel pure.
À MÉDITER
Dans la paracha des tsitsit que nous lisons deux fois par jour, il est écrit : « afin que vous (…) ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l’infidélité » (Bamidbar 15, 39). De ce verset nous déduisons que non seulement il ne fait pas commettre de fautes concrètement, mais également ne pas y penser ni regarder ou évoquer des choses qui attisent le mauvais penchant et risquent d’y mener, en particulier ce qui est contraire à la tsniout.
Nous sommes confrontés à notre époque à une épreuve encore jamais vue, avec le développement d’Internet et des téléphones qui permettent de surfer librement sur les pires sites. C’est pourquoi il nous appartient de prendre des mesures préventives, la première étant d’utiliser des filtres valables. Certains des plus grands Sages de notre génération nous avertissent : ces multiples épreuves visent à nous « obliger » à parvenir à un plus haut niveau d’amour de D.ieu et d’attachement intérieur aux mitsvot.
Nombreux sont ceux qui demandent comment les surmonter concrètement. Il faut tout d’abord savoir que, comme le précisent nos Sages, il est extrêmement difficile d’échapper aux pensées répréhensibles ; cela nécessite beaucoup d’efforts et de prières. Ils nous ont cependant donné certains conseils pour faciliter cette lutte : premièrement, s’éloigner de tout ce qui peut mener à de mauvaises pensées. Ensuite, s’efforcer d’être pris par des activités constructives et en particulier l’étude de la Torah, sachant que les pensées négatives surviennent en général quand on est oisif.
A récemment été publiée une histoire miraculeuse vécue par le membre d’un cours donné à Jérusalem, un homme traditionaliste qui avait récemment décidé de préserver la pureté de ses yeux en évitant toute vision indécente.
Au cours de la même semaine, notre ami était dans la file de personnes attendant leur tour pour monter dans un autobus de la ligne 78, qui dessert le quartier d’Armon Hanatsiv, quand il s’aperçut que la femme qui se trouvait devant lui se comportait de manière indécente. Décidé à s’en tenir à ses bonnes résolutions, il ferma les yeux… et rata le départ du bus.
Quand il s’en aperçut, le chauffeur avait déjà fermé les portes et commencé à rouler. La première impulsion de notre homme fut de regretter son geste « fanatique » : en voulant éviter de fauter, il se retrouvait maintenant à attendre le prochain bus qui allait tarder à arriver. Quelle perte de temps ! Mais il ignorait que la Providence divine avait en fait conduit les évènements de telle sorte que le mérite de la mitsva qu’il avait accomplie lui permette d’échapper à la mort.
Moins d’une heure plus tard, en effet, deux terroristes montèrent à bord du bus qu’il avait raté et y commirent l’attentat qui coûta la vie à deux personnes, tandis que neuf autres furent grièvement blessées. Ce n’est qu’en prenant connaissance des détails dans les médias qu’il réalisa qu’en observant les mitsvot, on n’est jamais perdant.
« Même s’il arrive parfois que l’on ait, sur le moment, l’impression d’avoir raté une occasion, à long terme, on est toujours gagnant. Le fait d’avoir voulu préserver la pureté de mes yeux m’a sauvé la vie ! » confia-t-il, ému, à ses amis.
DES HOMMES DE FOI
Tranches de vie – extraits de l’ouvrage Des hommes de foi, biographie des Tsaddikim de la lignée des Pinto
Durant les années précédant la Deuxième Guerre mondiale, l’antisémitisme commençait à faire des ravages dans le monde. Les autorités mirent en place différents décrets destinés à limiter la liberté des Juifs.
Un exemple de ces lois cruelles était que tout Juif surpris en possession de devises étrangères était immédiatement arrêté.
À cette époque, Rav Avraham Moyal se trouvait dans ce cas- là et, naturellement, craignait d’être appréhendé.
Lors de l’un de ses voyages le ramenant d’un pays étranger vers le Maroc, il transportait des sacs remplis d’argent en monnaie étrangère. Mais voilà qu’au beau milieu du trajet, la police se lança à sa poursuite. Terrorisé, Rav Avraham se mit à prier que par le mérite du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto (qui était encore vivant à l’époque), il échappe aux policiers.
Ceux-ci fouillèrent ses valises, prirent dans leurs mains les sacs qui contenaient les pièces, mais n’en devinèrent même pas le contenu, vraiment comme le verset le décrit : « Ils ont des yeux mais ne voient pas. »
De retour à Mogador, il rencontra Rabbi ‘Haïm qui lui dit : « Tu as invoqué le mérite de mes ancêtres et les Tsaddikim t’ont sauvé de leurs mains. »
Rav Avraham Moyal a raconté un autre évènement sur le même sujet :
Une fois, il voyagea en autobus en possession de plusieurs caisses remplies de pièces étrangères. Certaines personnes, jalouses de sa réussite, le dénoncèrent à la police et annoncèrent son arrivée prochaine à Mogador.
Sans savoir comment, la rumeur de cette délation arriva aux oreilles de Rav Moyal. Courageusement, il abandonna tout son argent, descendit de l’autobus et s’enfuit. Il emprunta un chemin détourné pour arriver à Mogador et échappa ainsi à une arrestation certaine.
Pendant ce temps, l’autobus arriva au terminus. Rav Avraham pria que le mérite du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto l’aide à remettre la main sur ses caisses, non sans toutefois s’imaginer que les voyageurs non-juifs devaient déjà les avoir prises.
En outre, les employés du nettoyage montaient habituellement dans le bus lorsqu’il stationnait au dernier arrêt et le préparaient soigneusement pour le prochain voyage. C’était sûr, pensait-il, que ces gens sans scrupules allaient garder l’argent pour eux.
Bien que les chances fussent minces, il essaya quand même. Il alla au terminus et vit les ouvriers en plein travail. Il leur demanda : « Avez-vous déjà nettoyé l’intérieur ? » Ce qu’ils confirmèrent.
Rav Avraham ne renonça pas. Il se tourna vers un des ouvriers et lui demanda l’autorisation de monter un instant dans l’autobus, lui expliquant qu’il avait oublié quelque chose.
« Qu’avez-vous oublié ? demanda l’homme. Nous avons déjà tout nettoyé et il n’y a plus rien à l’intérieur. »
Quoi qu’il en soit, Rav Avraham monta. Et là, il eut un choc : les cinq caisses se trouvaient exactement à l’endroit où il les avait abandonnées. Personne ne les avait touchées, comme si, tout simplement, les employés du ménage ne les avaient pas vues !
Les paroles de nos maîtres s’accomplissaient de nouveau :
« Ils ont des yeux et ne voient pas… »
Rav Avraham redescendit et demanda aux ouvriers de l’aider à charger les caisses dans sa voiture garée tout près.
L’un d’entre eux, toutefois, s’étonna : « Comment avons- nous pu ne rien voir ? Nous avons pourtant tout nettoyé !? »
Avraham leur répondit avec assurance :
« C’est normal, vous ne pouviez pas les voir : j’avais prié que, par le mérite du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto, personne n’y touche. Je devais absolument les récupérer, car elles sont mon gagne-pain. Que D.ieu soit loué de m’avoir gardé tous mes biens. »