Choftim 19 Août 2023 ב אלול התשפ"ג |
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Le remède à l’orgueil
Rabbi David ’Hanania Pinto
« Si tu es impuissant à prononcer sur un cas judiciaire, sur une question de meurtre ou de droit civil ou de blessure corporelle, sur un litige quelconque porté devant tes tribunaux, tu te rendras à l’endroit qu’aura choisi l’Eternel, ton Dieu ; tu iras trouver les prêtres, les Lévites ou le juge qui siègera à cette époque ; tu les consulteras et ils t’éclaireront sur le jugement à prononcer. » (Dévarim 17, 8-9)
Dans la section de Choftim comme dans celle de Reéh, figure l’ordre divin de monter à Jérusalem. Il est écrit dans la seconde (16, 16) : « Trois fois l’an, tous tes mâles paraîtront en présence du Seigneur, ton D.ieu, dans l’endroit qu’Il aura élu : à la fête des Azymes, à celle des Semaines et à celle des Tentes. » Le spectacle des nombreux pèlerins qui montaient allègrement vers Jérusalem avait le pouvoir de raffermir la foi en D.ieu, de même que celui des dix miracles qui se produisaient dans le Temple (Avot 5, 5). Ce renforcement de la foi en D.ieu entraînait dans son sillage la soumission au joug divin.
Dans la section de Choftim, la Torah ordonne également à celui qui ne parvient pas à trancher un jugement de monter à Jérusalem et de se rendre auprès du Cohen ou du juge afin qu’il lui donne son verdict. Autrement dit, si quelqu’un ne parvient pas à prendre de décision dans les cas cités par notre verset, il doit d’abord se rendre chez le juge de sa ville pour recevoir son verdict. S’il n’est pas encore convaincu et a des doutes, il doit monter à Jérusalem pour demander l’avis du Cohen ou du juge.
Dans la suite de notre section, il est expliqué que les décisions du Cohen et du juge sont définitives et ne peuvent être contestées. Celui qui n’est pas disposé à les accepter sera condamné à mourir, comme il est dit (Dévarim 17, 12) : « Et celui qui, téméraire en sa conduite, n’obéirait pas à la décision du prêtre (…) ou à celle du juge, cet homme doit mourir, pour que Tu fasses disparaître ce mal en Israël. »
Dans l’ouvrage Maor Vachamech (section Choftim), figure une question : pourquoi la Torah ordonnet- elle à celui qui a besoin de prendre une décision juridique de se rendre au préalable chez le Cohen ? Il aurait été a priori plus adéquat d’aller chez le juge, assigné à cette fonction, celle des prêtres et des Lévites étant de servir dans le Temple. Ce n’était que dans le cas de contamination par la tsaraat que le grand prêtre jouait ce rôle et déterminait le statut de pureté ou d’impureté du lépreux.
Et l’auteur de cet ouvrage d’expliquer que les doutes et les questions existant dans le monde ont tous une origine commune : la faute d’Adam qui fut le premier à mettre en doute les paroles divines. Il est écrit dans la Torah que Dieu le plaça dans le jardin d’Eden et lui permit de manger de tous les arbres, sauf de celui de la connaissance. Au lieu d’obéir à l’ordre du Créateur, il choisit d’écouter le conseil de sa femme qui l’attira pour en manger. Le choix d’Adam attestait de l’existence d’un doute dans son esprit. Car, dans le cas contraire, il ne serait pas passé outre à l’interdiction divine.
Tous les doutes existants sont donc la conséquence du premier qu’Adam sema dans le monde. Ces incertitudes ont également donné naissance aux questions sur la loi, si bien qu’il fut nécessaire de la clarifier.
Quand un homme donne la préséance aux propos de l’élève sur ceux du maître – à l’instar d’Adam qui écouta le serpent plutôt que D.ieu –, cette attitude démontre un manque de considération pour l’avis de celui-là. Car s’il l’estimait sincèrement, il aurait certainement accepté son opinion sans la contester. Ajoutons que le doute est également le produit de l’orgueil. Dès lors qu’un homme pense que son opinion est la seule qui prévaut, il aura tendance à remettre en question les paroles de nos Maîtres, tant sa suffisance l’aveugle. A présent, répondons à notre question initiale. Celui qui ne parvient pas à résoudre un cas juridique et qui, après consultation de l’instance juridique de sa ville, n’en accepte pas la décision, vraisemblablement à cause de l’orgueil qui l’habite, doit monter à Jérusalem. Mais, avant d’aller chez le juge, il se rendra au Temple.
Car le spectacle des Cohanim immolant les sacrifices a le pouvoir de secouer un homme, lui faisant prendre conscience de ce que devrait subir un fauteur. En outre, les chants des Lévites ont pour effet de renforcer son amour pour D.ieu et sa foi en Lui, annulant tout sentiment d’orgueil qu’il aurait pu ressentir. La raison de l’ordre divin de se rendre au Temple avant d’aller chez le juge est donc bien d’ôter l’orgueil du coeur de l’homme et de le remplacer par un sentiment de soumission qui lui permettra d’accepter la décision du juge sans contestation.
DES HOMMES DE FOI
Hilloula du Tsaddik Rabbi Moché Aharon Pinto, puisse son mérite nous protéger
Le 5 Elloul - 22 Août 2023
Le Tsaddik Rabbi Moché Aharon Pinto, fils du Tsaddik Rabbi ‘Haïm Pinto Hachéni – puisse leur mérite nous protéger – et père de notre Maître, Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita, atteignit un niveau sublime dans le service divin.
Dans son foyer paternel, Rabbi Moché Aharon s’imprégna de sainteté, sainteté qu’il préserva et même renforça dans l’esprit de l’adage : « On progresse dans la sainteté et on n’y régresse point. » L’exceptionnelle piété de ce juste provient du fait qu’il veillait scrupuleusement à accomplir les injonctions de nos Sages du traité Avot. En effet, comme il est dit dans la Guémara (Baba Kama 30a), « celui qui désire devenir pieux doit s’en tenir à ce qui est écrit dans Avot ». Toute indication énoncée par nos saints Tanaïm, il l’accomplissait à la lettre, sans n’y rien modifier. Par exemple, il était l’incarnation de
l’enseignement du Tana Rabbi Levitas de Yavné : « Sois extrêmement humble. » Chaque Chabbat, lorsqu’il entrait dans la synagogue, il pliait son dos comme quelqu’un qui courbe l’échine lorsqu’il pénètre dans le palais du roi. Lorsqu’à la fin de la prière, les fidèles se dirigeaient vers lui pour recevoir sa bénédiction et lui embrasser la main, il tremblait à cette idée et s’y opposait de toutes ses forces, tant il était modeste.
L’humilité hors du commun de Rabbi Moché Aharon rayonnait autour de lui. Quiconque s’approchait de lui ressentait qu’il avait face à lui une personnalité élevée dépassant tout le monde. Pourtant, il se rabaissait devant tout homme, prêt à partager sa souffrance et plein de compassion pour celui qu’il considérait comme l’image de D.ieu. Tout celui qui entrait chez lui, quelle que soit l’heure de la journée, était aimablement reçu, avec un visage avenant.
Une de ses habitudes était de se lever devant toute personne qui entrait dans sa pièce, qu’il s’agisse d’un vieillard ou d’un jeune homme, afin de témoigner de l’honneur à ses visiteurs. Plus d’une fois, on l’interrogea sur cette attitude et il répondait :
« Sachez que tout homme détient en lui une parcelle divine. Je ne me lève pas devant l’homme, mais devant cette partie divine ; c’est elle que j’honore. Nos Sages n’ont-ils pas dit : “Ne regarde pas l’outre, mais ce qu’elle contient” ? »
Les érudits et les Rabbanim ne manquèrent d’être frappés par l’effacement qu’il témoignait vis-à-vis de ceux qui étudient la Torah et la représentent. Lorsque ces derniers se présentaient à lui pour solliciter sa bénédiction, il leur tendait la main pour leur souhaiter Chalom alékhem, puis s’empressait de la retirer afin d’éviter qu’ils l’embrassent, comme le voulait la coutume dans les communautés orientales.
Puis, quand ces visiteurs déversaient leur coeur amer devant lui et lui demandaient de bien vouloir intercéder en leur faveur par ses prières, il leur faisait comprendre, à travers son regard, qu’il n’était pas à la hauteur d’un tel rôle. Voici ce qu’il disait aux érudits et aux bné Torah :
« Qui suis-je donc pour mériter de vous bénir ? C’est vous, érudits et bné Torah, constamment assis dans la tente de celle-ci, qui êtes la source de la bénédiction ! D’ailleurs, nos Sages affirment que “tout celui qui s’investit dans la Torah, le Saint béni soit-Il accomplit sa volonté” et “les souffrances s’écartent de lui”. »
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Perles de l’étude de notre Maître le Gaon et Tsadik Rabbi David ’Hanania Pinto chelita
Le travail sur soi n’a pas de fin
« A condition que tu t’appliques à accomplir toute cette loi que je t’impose en ce jour (…), alors tu ajouteras encore trois villes à ces trois-là. » (Dévarim 19, 9)
Rachi commente : « Tu ajouteras encore trois villes : cela en fera neuf en tout, trois en Transjordanie, trois au pays de Canaan et trois dans les temps futurs. » Autrement dit, en plus des six villes de refuge qui existaient déjà en Canaan et de l’autre côté du Jourdain, les enfants d’Israёl auront l’ordre d’en placer trois supplémentaires dans les temps futurs.
Cet ordre ne manque de nous surprendre. En effet, nos Sages affirment (Soucca 52a) qu’aux temps futurs, le Saint béni soit-Il sacrifiera le mauvais penchant et on ne sera plus enclin à transgresser la parole divine. Or, s’il en est ainsi, il est évident qu’il n’y aura plus de meurtrier involontaire, puisque ce dernier ne tombe dans ce péché qu’à cause d’autres péchés qu’il a commis. Aussi, pourquoi l’Eternel nous ordonne-t-Il d’ajouter trois nouvelles villes de refuge dans les temps futurs ?
Répondons en nous appuyant sur cet enseignement de nos Sages : « Ne crois pas en toi jusqu’au jour de ta mort. » (Avot 2, 4) Nos ancêtres avaient certes conquis la Terre Sainte et chassé les peuples qui y habitaient, supprimant ainsi leur mauvaise influence, néanmoins, le mauvais penchant existait toujours en eux. Par conséquent, leur travail sur eux-mêmes n’était pas terminé et c’est pourquoi ils reçurent l’ordre de construire des villes de refuge de sorte à « faire précéder la guérison à la plaie ». De même, dans les temps futurs, trois villes de refuge supplémentaires seront nécessaires, car l’homme n’est jamais à l’abri du péché.
L’homme a parfois le sentiment d’être « vacciné » d’une certaine atteinte, du fait qu’il a déployé tous les efforts possibles pour cela. Toutefois, il est important de savoir que, tant que nous sommes en vie, le mauvais penchant vibre en nous et tente de nous faire trébucher. Il nous incombe donc d’être constamment sur nos gardes afin de ne pas tomber dans ses filets. Ainsi, nos ancêtres étaient toujours exposés au risque de subir l’influence néfaste des peuples habitant en Canaan, outre le fait que D.ieu « utilise une personne déjà fautive pour accomplir un acte condamnable ». Il existait donc un risque qu’Il suscite un cas de meurtre involontaire, de sorte à les éveiller au repentir des fautes commises par le passé. Si l’Eternel a ordonné aux enfants d’Israёl de désigner trois nouvelles villes de refuge dans les temps futurs, combien plus devons-nous a fortiori être vigilants, tandis que le mauvais penchant est encore en nous ! Mais ce, tout en sachant que « celui qui vient se purifier bénéficie de l’aide divine».
PAROLES DE TSADIKIM
Perles de Torah sur la paracha entendues à la table de nos Maîtres
Qu’apprend-on de la fourmi ?
« Tu te donneras des juges et des officiers dans toutes les villes que l’Eternel, ton Dieu, te donnera, dans chacune de tes tribus ; et ils devront juger le peuple selon la justice. » (Dévarim 16, 18)
Tandis que la Torah ordonne à l’homme de nommer des juges et des officiers dans toutes ses villes, afin d’établir un ordre et d’éviter qu’on s’écarte du droit chemin, le roi Chlomo met en exergue l’autodiscipline de la fourmi qui « n’a ni maître, ni surveillant, ni supérieur » (Michlé 6, 7).
En marge du verset précédent « Va trouver la fourmi, paresseux, observe ses façons d’agir et deviens sage », le Yalkout Chimoni (Michlé 6, 938) explique ce que symbolise la fourmi et ce qu’elle doit apprendre à l’homme. Ce dernier, face à l’exemple de cette petite créature qui se garde de voler les provisions mises de côté par une autre fourmi, alors qu’aucun supérieur ne la surveille, doit a fortiori se préserver de ce travers, lui qui agit sous la surveillance de juges et de policiers.
Nos Maîtres affirment (Erouvin 100b) : « Si la Torah n’avait pas été donnée, nous aurions appris [l’interdiction du] vol de la fourmi. » L’ouvrage Oumatok Haor rapporte les propos de Rabbi Chmouel Halévi Wosner zatsal selon lesquels « la dégradation des générations provient essentiellement du manque de vigilance des gens pour le vol et la spoliation sous toutes ses formes ; c’est la plus grande accusation pesant sur l’homme, conformément au commentaire de nos Maîtres (Vayikra Rabba 33, 3) sur le verset “Or, la terre s’était corrompue” (Béréchit 6, 11) – ils ont rempli une mesure de fautes, celle du vol étant le principal chef d’accusation ».
Cependant, demande le Rav Wosner, pourquoi le roi Chlomo enjoint-il au paresseux d’observer le comportement de la fourmi et d’en déduire son devoir de s’éloigner du vol ? A priori, il aurait semblé plus adéquat de donner une telle instruction au voleur.
De fait, explique-t-il, dans notre génération, nous sommes témoins d’un phénomène étrange : de nombreux individus ne veulent pas travailler et n’ont pas non plus la force d’étudier. Ils sont très loin de ressentir la réalité énoncée par le roi David : « Oui, le produit de ton travail, tu le mangeras, tu seras heureux, le bien sera ton partage » (Téhilim 128, 2) ; ils aspirent au contraire à s’enrichir en une nuit.
Ils s’investissent dans des affaires douteuses qui se rapprochent du vol et risquent de les conduire à la faillite, outre la peine qu’ils en récolteront et la profanation du Nom divin qu’ils risquent d’entraîner.
C’est pourquoi le roi Chlomo, conscient que la tendance humaine à voler découle de son indolence, s’adresse au paresseux qu’il invite à tirer leçon de la conduite de la fourmi auto-disciplinée, se gardant de prendre ce qui ne lui appartient pas.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Étincelles de émouna et de bita’hon consignées par le Gaon et Tsadik Rabbi David ’Hanania Pinto chelita
Le hasard n’existe pas
Le nom d’Amalec qui a la même valeur numérique que le mot safek signifiant « doute » fait allusion au fait que tout ce qui a lieu dans ce monde est le fruit du hasard.
Or, si l’on se penche de près sur le terme mikré (hasard), on remarquera qu’il peut se décomposer en rak méHachem. Autrement dit, même ce qui semble être arrivé par hasard ne l’est en fait nullement, mais tout provient de D.ieu. Celui qui s’habitue à penser que tout n’est que hasard en vient rapidement au doute et à la confusion et se rabaisse à l’Amalécite qui, refusant de voir la main divine, se conduisait uniquement selon le hasard.
Il y a de nombreuses années, lorsque j’étais au Maroc, je devais me rendre à l’aéroport. Cependant, je me trompai de route. Généralement, je veille à être à l’aéroport environ trois heures avant le décollage, mais cette fois-ci, du fait que j’avais pris un mauvais chemin, je me trouvais encore à une bonne distance de celui-ci à peine une heure avant le départ de l’avion. Confus, je me mis à mentionner les noms de justes et à prier pour que leur mérite me protège et me permette d’arriver à temps à l’aéroport. Soudain, un taxi s’arrêta près de moi et son chauffeur accepta de me conduire à destination. Lorsque je lui demandai s’il avait l’habitude de passer par cet endroit, il me répondit par la négative, m’expliquant que ce jour-là, il s’était lui aussi trompé de route.
Je compris alors que, du Ciel, on avait fait en sorte que ce conducteur s’égare afin que nous nous rencontrions et que je puisse arriver le plus vite possible à l’aéroport. L’Eternel avait accompli ce miracle en ma faveur pour que je ne rate pas mon vol. Toutefois, si nous avons l’habitude de déceler la main divine dans tout événement et, en conséquence, de renforcer notre foi en D.ieu, il existe des personnes qui se sont au contraire habituées à y voir le fruit du hasard. Même dans l’incident qui m’est arrivé, elles auraient sans doute argué que le chauffeur de taxi s’était égaré par hasard.
Or, ces gens qui interprètent tout selon le hasard doivent savoir qu’ils renforcent ainsi dans le monde le pouvoir d’Amalec qui chercha à introduire le doute dans le coeur des enfants d’Israёl et refroidir leur foi en D.ieu et dans les Sages.
À MÉDITER
L’essentiel de notre tâche spirituelle, lors du mois d’Eloul, consiste à passer à la loupe nos actes quotidiens de toute l’année passée afin de nous demander si nous avons agi correctement et ce que nous pouvons améliorer dans notre conduite – aussi bien envers notre prochain que vis-à-vis de D.ieu. Il nous incombe également d’exprimer notre regret au sujet de nos manquements et de nous préparer au jour du jugement.
Le Maguid de Douvna illustre l’importance du regret par la parabole suivante :
Un berger emmena son troupeau paître dans une prairie. Fatigué, il posa sa tête sur l’herbe et s’endormit. Les moutons en profitèrent pour s’éloigner de part et d’autre. Ils trouvèrent finalement une brèche dans la barrière par laquelle ils s’enfuirent pour rejoindre le champ voisin où l’herbe était meilleure. Ils mangèrent avec appétit. Cependant, ce champ appartenait au prince de la ville, aussi, lorsque ses sujets remarquèrent que ces moutons s’y étaient introduits, ils les confisquèrent et les ajoutèrent au troupeau royal.
Notre berger se réveilla soudain et se rendit compte que ses montons avaient disparu… Il demanda autour de lui ce qui s’était passé. Il se mit alors à réfléchir à un moyen d’apaiser le prince. On lui raconta qu’un cas pareil était déjà arrivé et que le propriétaire du bétail avait apporté au prince un sac de sucre, ce qui avait calmé sa colère. Heureux de ce conseil, le berger s’empressa d’en faire de même. Lorsqu’il arriva au palais, on lui dit que le prince avait voyagé et ne serait de retour que le lendemain. Il déposa alors son présent sur la table, dans la pièce du prince, et s’en alla avec ses moutons.
A son retour, le prince entendit ce qui s’était passé et se mit en colère. Sans tarder, il fit convoquer le berger. Celui-ci, tout tremblant, se présenta. Le prince lui demanda : « Comment as-tu osé pénétrer chez moi et reprendre ton troupeau ? »
« J’ai agi comme l’autre berger qui avait eu la même mésaventure que moi ! » répondit-il.
« Imbécile ! Penses-tu réellement que j’ai besoin d’un sac de sucre ? Les supplications qui l’accompagnent sont l’essentiel. Quand le berger qui t’a précédé m’a imploré, j’ai compris qu’il regrettait sincèrement ce qui s’était passé et c’est pourquoi je lui ai pardonné. »
Tel est le sens de cette parabole : nous frappons sur notre coeur comme le faisaient nos ancêtres, mais estce suffisant ? Certainement pas ! Il nous faut avant tout supplier d’un coeur brisé le Très-Haut de nous pardonner. Seulement alors, Il acceptera nos seli’hot et nous absoudra.
EN PERSPECTIVE
La tristesse, le plus grand vice
Avant que le peuple juif ne sorte en guerre, le Cohen annonçait à ses membres ce qui les attendait et donnait la possibilité à certains d’entre eux de faire marche-arrière.
Il proclamait notamment : « S’il est un homme qui ait peur et dont le coeur soit lâche, qu’il se retire et retourne chez lui. » (Dévarim 20, 8)
Et Rachi d’expliquer, en s’appuyant sur la Michna du traité Sota : « D’après Rabbi Akiva, il faut le comprendre littéralement : c’est un homme qui ne peut se tenir debout, dans les rangs serrés, ni voir une épée nue. Mais Rabbi Yossé le Galiléen dit : celui qui a peur à cause de ses péchés. »
Rabbi Na’hman de Breslev commentait ainsi ce second avis : « Le pire de tous est celui qui a peur à cause de ses péchés. C’est la dépression et la tristesse de l’homme qui a transgressé un interdit. Il est important de savoir que lorsque le mauvais penchant incite quelqu’un à fauter, plus encore que sa volonté de lui faire commettre un péché, il cherche à introduire en lui les sentiments de tristesse et de dépression qui suivent le péché et qui sont encore plus graves que tous les péchés du monde. »