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Parachat Vayigache

23 Décembre 2023

יא טבת התשפ"ד

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Les acquisitions de l’étude de la Torah : la vraie vaillance

Rabbi David ’Hanania Pinto

« Puis il prit une partie (miktsé) de ses frères, cinq hommes, et les présenta à Paro. »(Béréchit 47, 2)

Rachi commente : « Une partie de ses frères : les derniers en force, ceux qui n’ont pas l’air forts. Si Paro avait vu qu’ils étaient forts, il les aurait pris pour en faire des hommes de guerre. Ce sont : Réouven, Chimon, Lévi, Issachar et Binyamin. » Autrement dit, Yossef choisit intentionnellement de faire venir auprès de Paro ceux de ses frères qui semblaient les plus faibles – miktsé signifiant littéralement « de la fin » –, afin d’éviter qu’il ne remarque leur vaillance et ne les recrute dans son armée. Car, s’il en avait été ainsi, qui donc serait-il resté pour étudier la Torah ?

D’ailleurs, la Torah rapporte que Yaakov avait envoyé Yéhouda devant lui pour « indiquer » la route, ce qui signifie en fait pour créer des maisons d’étude dans la terre de Gochen, afin que les enfants d’Israël soient en mesure d’y étudier et de diffuser la sainte Torah. Si les tribus avaient été mobilisées dans l’armée royale, qui auraient composé les soldats de l’armée de la Torah ? Il est vrai que Yossef avait été nommé chef de l’Egypte, mais il avait bénéficié d’une protection divine particulière. Il n’avait jamais oublié ses origines, alors même qu’il était plongé dans les abominations égyptiennes. L’Eternel avait voulu qu’il finisse par être nommé vice-roi d’Egypte, de sorte à entraîner la venue de Yaakov et de ses enfants, étape préliminaire à l’asservissement du peuple juif dans ce pays, exil qui devait lui-même conduire à une délivrance, pour finalement atteindre le but ultime de cette suite d’événements : le don de la Torah.

Toutefois, ce passage présente une grande difficulté : comment Yossef pensait-il pouvoir agir avec ruse à l’égard de Paro en ne lui présentant que les plus faibles de ses frères ? Paro était pourtant au courant de la vaillance exceptionnelle des tribus dont l’écho avait parcouru le monde entier ! De même, lorsque les frères de Yossef descendirent en Egypte pour libérer Binyamin, ils s’apprêtaient à passer tous les Egyptiens au fil de l’épée.

Proposons l’explication suivante. Comme nous l’avons expliqué, le but ultime de la venue des tribus en une terre étrangère comme l’Egypte était de mettre en place l’exil qui devait entraîner la délivrance, puis le don de la Torah. Le seul remède à l’exil est la sainte Torah qui possède le pouvoir de libérer l’homme des soucis rongeant son cœur, comme l’a affirmé à son sujet le roi David : « Si Ta loi n’avait fait mes délices, j’aurais succombé dans ma misère. » (Téhilim 119, 92) En d’autres termes, sans la Torah qui était devenue pour lui un délice, il se serait, depuis bien longtemps, laissé accabler par sa détresse. De même, on raconte de nombreuses histoires au sujet de Guedolé Israël qui, en dépit de leur souffrance physique et morale, parvinrent à oublier leur douleur en plongeant leur esprit dans l’étude de la Torah, qui s’avéra être le seul remède à leur détresse.

Notre patriarche Yaakov, désirant adoucir les difficultés si éprouvantes de l’exil égyptien, envoya Yéhouda en avant pour « indiquer », c’est-à-dire créer des maisons d’étude afin de pouvoir diffuser la voix de la Torah. Il donna également cette même instruction au reste de ses enfants. C’est la raison pour laquelle cette terre fut nommée Gochen, vu que les enfants d’Israël approfondirent (hitgochechou), à cet endroit, les paroles de Torah. Le pouvoir remarquable de la Torah peut être illustré par le fait que la tribu de Lévi ne subit pas le joug de l’asservissement car elle s’était entièrement consacrée à l’étude de la Torah, contrairement au reste des tribus qui furent assujetties.

Yossef recommanda à ses frères de transmettre à Paro, pour message essentiel, qu’ils étaient des bergers (anchei mikné), c’est-à-dire des hommes occupés à obtenir des acquisitions (kinyanim) en Torah. S’il est vrai qu’ils étaient également des hommes physiquement vaillants, cela ne constituait pourtant pas l’essentiel de leurs caractéristiques. Car, c’était la Torah qui représentait leur unique intérêt et leur devise. Remarquons le passé de l’expression « tes serviteurs étaient des éleveurs de bétail », allusion au fait qu’ils n’étaient pas uniquement occupés à obtenir des acquisitions en Torah au présent, mais que telle était déjà leur fonction dans le passé, avant même qu’ils ne viennent au monde.

En effet, lorsque leurs âmes se trouvaient en dessous du trône céleste, ils apprenaient déjà la Torah de la bouche du Tout-Puissant ; leur mission dans ce monde consistait donc à poursuivre l’étude de cette sainte Torah et à en accumuler des acquisitions. Car l’étude assidue de la Torah est la condition sine qua non à la pérennité du monde.

En faisant venir auprès de Paro les plus faibles de ses frères, Yossef lui démontra que la vaillance physique n’était pas l’essentiel à leurs yeux, mais plutôt la Torah, la preuve étant qu’ils n’étaient ni musclés, ni robustes. Car, la vraie vaillance consiste à vaincre son mauvais penchant et à le maîtriser, comme le souligne le verset : « Qui est l’homme vaillant ? Celui qui maîtrise son mauvais penchant. »

Yossef était un homme très vaillant et ses enfants héritèrent de cette force. Aussi, lorsque les tribus constatèrent la force remarquable de Menaché, ils se dirent : « Il a sans doute hérité cette force de son père. » Car on ne trouvait une telle vaillance physique chez personne d’autre que chez les tribus. Cependant, en dépit de sa vaillance exceptionnelle, on ne trouve pas que Yossef en ait fait usage pour combattre, dans le but de retourner au foyer paternel ; au contraire, il accepta avec amour ce jugement et resta emprisonné pendant deux ans, jusqu’à ce qu’arrivât le moment où il devait être délivré. La vaillance hors du commun de Yossef s’exprima ensuite à une autre reprise, lorsqu’il parvint à maîtriser son mauvais penchant en résistant aux avances de la femme de Potifar. C’est l’image de son père, apparue devant ses yeux, qui transmit à Yossef la force nécessaire pour surmonter cette épreuve. Ceci nous enseigne que les tribus étaient non seulement dotées d’une importante force physique, mais aussi et surtout d’une vaillance spirituelle, à savoir la capacité de maîtriser leurs pulsions – qui représente la réelle vaillance.

Notre interrogation se trouve à présent résolue. Yossef ne cherchait pas à tromper Paro par la ruse en lui présentant uniquement les plus faibles de ses frères, mais désirait ainsi lui prouver quelle était l’essence profonde des tribus, en l’occurrence la sainte Torah. Plutôt que la vigueur physique, c’était la puissance spirituelle de la Torah qui les déterminait, leur indiquait le droit chemin et leur procurait, en plus, la force nécessaire pour être en mesure de combattre leurs ennemis.

PAROLES DE TSADIKIM

Perles de Torah sur la paracha entendues à la table de nos Maîtres

Ra’heli l’a blessée et le Rav l’a consolée

« Il se jeta au cou de Binyamin son frère et pleura ; et Binyamin aussi pleura dans ses bras. » (Béréchit 45, 14)

Pour quelle raison les deux frères ont-ils pleuré ? Rachi explique : pour les deux Temples qui seraient construits dans le territoire de Binyamin et allaient finalement être détruits.

Rabbi Mordé’haï Porgamneski s’interroge : était-ce réellement le moment de se lamenter sur la future destruction des Temples, alors qu’ils n’avaient même pas encore été construits ? N’y a-t-il pas un temps pour tout, un temps pour pleurer et un temps pour se réjouir ?

En réalité, c’était le moment le plus opportun pour verser des larmes. En effet, en marge du verset « l’Eternel effacera la larme de tout visage », nos Maîtres expliquent que le mot « tout » laisse entendre que, dans les temps futurs, le Saint béni soit-Il effacera, non seulement les larmes de peine, mais aussi celles de joie.

A priori, ceci semble surprenant, puisqu’une fois cette ère arrivée, la joie ne fera qu’augmenter, comme il est dit : « Alors notre bouche s’emplit de chants joyeux. » Dès lors, pourquoi les larmes de joie seront-elles effacées ?

C’est que, lorsqu’on pleure de joie, ce n’est pas en raison de la joie éclatante, mais à la pensée que cette joie a une fin, ce qui nous attriste. Lorsqu’on vit un événement joyeux, on est aussi conscient de sa limite, ce qui entraine nos pleurs. Au début, la joie est ressentie de manière extrêmement intense, tandis qu’au pic de la joie, on commence déjà à percevoir la tristesse de son départ.

C’est pourquoi, dans les temps futurs, même les larmes de joie seront effacées, parce que la joie sera éternelle. Ainsi, Yossef et Binyamin pleurèrent car, malgré leur joie de savoir que le Temple sera dans leur territoire, ils perçurent aussi sa future destruction et ne purent donc se réjouir pleinement.

On raconte que, lors de ses vieux jours, Rabbi Yé’hezkel Avramsky zatsal avait un stimulateur et allait de temps à autre se promener en compagnie de ses élèves. Une fois, il vit une petite fille pleurer. Il se baissa à sa hauteur et lui demanda : « Fillette, pourquoi pleures-tu ? » Elle lui répondit : « Parce que Ra’heli a dit que ma robe n’est pas belle. »

Le Rav lui demanda : « Comment t’appelles-tu ? » Elle répondit : « Chochana. » Le Tsadik reprit : « Chochana, tu as un joli nom et ta robe est très, très belle. » La petite fille se calma alors.

Ses disciples le questionnèrent ensuite : « Rav, nous devons étudier la Torah. Nous étions plongés dans des sujets très complexes. Pourquoi avoir perdu notre précieux temps pour consoler une petite fille qui pleure ? »

Le Rav expliqua : « N’avons-nous pas l’ordre de suivre les voies divines ? Or, au sujet de l’Eternel, on dit qu’Il “efface la larme de tout visage”. “Tout” inclut même celui d’un enfant. D’ailleurs, si vous réfléchissez un peu, vous réaliserez que leurs larmes sont les plus pures. »

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Étincelles de émouna et de bita’hon consignées par le Gaon et Tsadik Rabbi David ’Hanania Pinto chelita

À la recherche de la vérité

Alors que j’étais un jeune élève de Yéchiva, nous avions l’habitude d’organiser entre étudiants des joutes de divré Torah où, à grand renfort d’arguments, chacun essayait de prouver aux autres la justesse de sa thèse. Cette coutume nous stimulait énormément dans l’étude et nous en tirions un grand profit, car cela nous poussait à mettre à contribution nos cellules grises pour comprendre seuls les paroles de Torah et les expliquer ensuite aux autres de la manière la plus claire possible.

Parfois, cependant, aucun d’entre nous ne parvenait à convaincre les autres de l’exactitude de son raisonnement et, à défaut d’aboutir à une conclusion claire et tranchée, nous nous adressions à notre Maître, le Gaon Rabbi ‘Haïm Chmouel Lopian zatsal, pour qu’il nous éclaire sur ce sujet.

Nous étions alors convaincus que les questions que nous lui soumettions étaient réellement ardues, mais souvent, pour notre plus grande surprise, le Roch Yéchiva nous indiquait simplement de bien relire les explications de Rachi ou d’un autre commentateur classique. Nous nous apercevions alors que nos questions n’en étaient pas, car notre compréhension du sujet était incomplète. De fait, à peine retournés à nos places, force était de constater, après vérification, qu’il n’y avait pas lieu de les poser et, bien souvent, nous en éprouvions un sentiment de honte et de gêne pour avoir dérangé notre Maître avec des questions superflues.

De longues années plus tard, avec le recul de la maturité, je me suis interrogé : lorsque nous demandions au Roch Yéchiva de trancher entre nous, nous avions vraiment l’impression qu’il s’agissait d’une question valable, alors qu’en quelques instants, après avoir vérifié le commentaire de Rachi, cette « excellente » question partait en fumée et nous ne comprenions même plus comment nous avions pu croire qu’il s’agissait d’un problème ! Comment cela se faisait-il ?

La réponse en est, me semble-t-il, que ces compétitions n’avaient pas de visées pures – comme de découvrir la vérité –, mais chacun aspirait à imposer son raisonnement, à prouver qu’il avait raison. Nous nous sentions ainsi sages et importants. Cependant, une fois que nous décidions de nous soumettre à l’avis du Roch Yéchiva, ce sentiment d’orgueil disparaissait au profit d’une authentique quête de la vérité.

De ce fait, lorsque nous consultions le commentaire de Rachi, notre question disparaissait comme si elle n’avait jamais existé et la vérité se dévoilait à nous dans toute sa splendeur. Car, l’arrogance et la recherche des honneurs entraînent, dans leur sillage, le doute. Tandis que, lorsque ces défauts sont éradiqués, toutes les incertitudes s’envolent.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Perles de l’étude de notre Maître le Gaon et Tsadik Rabbi David ’Hanania Pinto chelita

Le pouvoir de la vérité face à celui du mensonge

« Yossef acquit tout le sol de l’Egypte au profit de Paro, les Egyptiens ayant vendu chacun leurs champs, car la famine les pressait. Et la terre fut à Paro. »(Béréchit 47, 20)

Alors que la famine sévissait en Egypte, Yossef, nommé chef du pays, vendait aux Egyptiens des produits alimentaires en échange de tous leurs biens – or, argent, bétail, terres – si bien qu’ils se retrouvèrent dépourvus de tout. A priori, il aurait été logique que cette politique de Yossef, qui a conduit au dénuement du peuple, suscite sa colère et sa révolte ! Aussi, comment expliquer que le peuple n’ait pas réagi ? Il semblerait que les Egyptiens étaient animés d’un profond sentiment de crainte à l’égard de Yossef. Car, si certains d’entre eux avaient eu l’audace de faire effraction dans les réserves royales pour y voler des vivres, ces produits volés auraient aussitôt pourri, alors qu’ils gardaient toute leur fraîcheur quand ils se trouvaient sous le contrôle de Yossef. Cette réalité constituait comme un avertissement pour le peuple, éliminant toute tentative de rébellion de sa part.

En échange des produits alimentaires, Yossef avait acquis tous les biens des Egyptiens, à l’exception des terres appartenant aux prêtres et dont Paro leur avait fait don. En outre, c’est Paro lui-même qui subvenait à leurs besoins lors de la famine.

Ces faits suscitent pourtant une question de fond : comment expliquer que Yossef, qui était incontestablement reconnu comme le vice-roi d’Egypte, ait permis aux prêtres idolâtres de continuer à habiter sur leurs terres, alors qu’il avait la possibilité de les leur retirer, en échange des vivres dont ils bénéficiaient ? Pourquoi n’at- il pas profité de cette opportunité exceptionnelle pour anéantir toute trace d’idolâtrie de l’Egypte, en choisissant, au contraire, de laisser ces prêtres y habiter, sous l’autorité de Paro ?

Apparemment, Yossef était conscient que, s’il obligeait les prêtres à céder leurs terres contre leur gré, ils se plieraient certes à cet ordre, contraints et forcés, mais risquaient ensuite, lorsque le pays connaîtrait à nouveau l’abondance, de reconstruire à nouveau ces villes impures. Or, Yossef recherchait une solution efficace à long terme, raison pour laquelle il permit aux prêtres de continuer à habiter en Egypte, vêtus de leurs habits de fonction. En effet, il savait que les Egyptiens seraient ainsi frappés du contraste existant entre d’une part, leurs prêtres et, de l’autre, les enfants d’Israël, dynastie de prêtres et peuple saint. En établissant la comparaison entre ces deux antipodes, ils en viendraient forcément à la conclusion que leurs prêtres idolâtres étaient absolument impuissants et certainement pas en mesure de les secourir en période de famine. Dès lors, tous reconnaîtraient la royauté de l’Eternel dans ce monde et toute la terre s’emplirait de la connaissance de D.ieu. A une certaine occasion, il m’arriva de rencontrer un homme qui avait un poste important dans le gouvernement ; il était honoré de tous, attentifs à chacune de ses paroles. Or, cet homme n’osa pas me regarder en face, expliquant que je lui inspirais de la crainte. Lorsque je lui demandai ce que cela signifiait, il m’expliqua que ses fonctions lui avaient permis de discerner la vérité du mensonge et qu’il avait décelé en moi la vérité ; pour cette raison, il craignait de poser son regard sur mon visage.

Un jour, l’un des fils de mon grand-père, le saint Rabbi ’Haïm Pinto, que son mérite nous protège, frappa un non-Juif qui s’était avéré être le fils du maire de la ville. Ce maire, furieux de l’incident, se rendit aussitôt auprès de mon grand-père, mais, au moment où il se retrouva face à lui, il fut tant frappé par la majesté de son visage qu’il fit marche arrière, sans oser prononcer le moindre mot.

Ces histoires illustrent le pouvoir de la vérité face à celui du mensonge, qui est d’une réalité telle que même un homme simple peut être en mesure de le discerner et d’en retirer les conclusions appropriées.

PERLES SUR LA PARACHA

Quand la Torah met un frein aux sentiments

« Yossef ne put se contenir. » (Béréchit 45, 1)

Pourquoi ne parvint-il plus à se contenir précisément à ce moment-là ?

L’ouvrage Alé Vradim rapporte la merveilleuse explication de Rabbi Acher Kalman Brown zatsal. Yossef était à un si haut niveau qu’il fut en mesure d’évaluer lui-même combien il lui était permis de se comporter avec vengeance envers ses frères. Malgré les grandes difficultés que représentait pour lui cette conduite hostile sous les apparences d’un étranger, il le fit, estimant qu’il se devait de se conduire ainsi. Il était si honnête vis-à-vis de lui-même qu’il savait qu’il agissait de manière désintéressée, jusqu’à ce qu’il ressentît avoir atteint la limite lui indiquant qu’il lui était désormais interdit de poursuivre dans cette voie ; dès lors, il ne put plus se contenir.

D’après cela, l’expression « ne put se contenir » ne s’explique pas, comme le veut sa première lecture, dans le sens sentimental, mais dans le sens d’un interdit, comme dans d’autres versets où la non-possibilité se réfère en fait à un interdit de la Torah – par exemple « tu ne pourras pas consommer dans tes villes », ainsi traduit par le Targoum : tu n’as pas le droit.

Qui est plus grand que Yossef ?

« Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m’avoir vendu. » (Béréchit 45, 5)

Le Zohar sur notre paracha nous enseigne, à travers l’histoire qui suit, l’immense mérite de celui qui passe l’éponge sur les torts de son prochain à son égard. Rav Abba était assis aux portes de la ville de Loud et vit un homme se reposant sur une saillie de la montagne. Vaincu par le sommeil, il s’y endormit. Un serpent venimeux s’approcha soudain de lui, mais fut aussitôt abattu par un morceau de bois qui tomba sur lui. A son réveil, l’homme vit le serpent mort à ses côtés. Il se leva et commença à marcher quand la saillie sur laquelle il était assis se détacha brusquement pour dégringoler dans les profondeurs. Il échappa de justesse à la mort.

Rav Abba, interdit face à ces miracles successifs dont il avait été témoin, demanda à l’homme qui y eut droit : « Révèle-moi, s’il te plaît, quelles sont tes bonnes actions. Voilà deux fois que l’Eternel a accompli un miracle évident en ta faveur. Il t’a sauvé du serpent, puis de l’effondrement. » Et l’autre de répondre : « Toute ma vie, il n’est jamais arrivé que je ne pardonne pas à celui qui m’a fait du mal ni que je lui garde rancune. A partir d’aujourd’hui, je m’efforcerai même de me montrer bienfaisant envers ceux qui me causeraient du tort. »

Lorsqu’il entendit ces paroles, Rav Abba pleura et dit : « Les actes de ce Juif sont encore plus grands que ceux de Yossef le Juste. Car, ceux qui opprimèrent Yossef étaient ses frères, aussi était-il plus naturel qu’il ait pitié d’eux. Mais cet homme se comportait également de la sorte envers tout un chacun et il méritait donc bien que le Créateur accomplisse en sa faveur un miracle après l’autre. »

Le secret de la réussite dans l’éducation

« Yaakov avait envoyé Yéhouda en avant, vers Yossef, pour qu’il lui préparât l’entrée de Gochen. » (Béréchit 46, 28)

Quelle était la mission dont Yaakov chargea Yéhouda ? Rachi explique : préparer un centre d’étude d’où sortirait l’enseignement.

Les commentateurs demandent pourquoi cette mission a été confiée à Yéhouda, plutôt qu’à ses frères. Issakhar, « âne musculeux » (allusion à sa dévotion pour la Torah), ou Lévi, au sujet duquel il est dit « ils enseignent Tes lois à Yaakov », n’auraient-ils pas également pu s’en charger ?

L’auteur du Tiférèt Chlomo nous livre ici une merveilleuse explication du choix fait par Yaakov : celui qui prit sur lui la responsabilité de ramener Binyamin à son père fut Yéhouda, comme il le dit : « C’est moi qui réponds de lui, c’est à moi que tu le redemanderas. » Or, le fait de prendre sur soi la responsabilité et d’être prêt à se sacrifier représente l’un des instruments indispensables pour former des élèves, raison pour laquelle le patriarche chargea Yéhouda de fonder des maisons d’étude.

 

 

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