Parachat Pin'has 27 Juillet 2024 כז תמוז תשפ"ד |
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Celui qui acquiert son monde en une seule heure
Rabbi David Hanania Pinto
« Lui et sa postérité après lui posséderont, comme gage d’alliance, le sacerdoce à perpétuité. » (Bamidbar 25, 13)
Qu’est-ce qui valut à Pin’has une si grande récompense ? Le fait qu’il se montra prêt à se sacrifier pour sauver l’honneur divin. Bien que le fauteur, Zimri ben Salou, fût un prince de tribu et que tous les membres de celle-ci fussent présents, il ne se laissa pas intimider et se leva contre lui, au péril de sa vie. S’armant de courage pour relever l’honneur de D.ieu bafoué, il prit sa lance et, aux yeux de tous, tua les fauteurs d’un seul coup. Face à sa bravoure, l’Eternel lui accorda des miracles et le protégea, outre la récompense conséquente qu’Il lui donna.
Dans son ouvrage Pitou’hé ‘Hotam, Rabbi Yaakov Abou’hatséra – que son mérite nous protège – écrit que le nom de Pin’has indique le zèle qui l’habitait pour venger l’honneur divin. En effet, on y retrouve les mots pené (face) et ‘has (pitié). Zimri ne prit pas en considération la gloire de son Créateur et la bafoua publiquement, alors que Pin’has la défendit avec zèle, quitte à mettre sa vie en danger. Cette idée transparaît à travers son nom, puisqu’il eut pitié de la honte suscitée au Très-Haut par le péché de Zimri.
J’ai trouvé encore une autre allusion dans le nom de Pin’has. Le mot ‘has a la même valeur numérique que le mot ‘haïm, où nous lisons en filigrane que Pin’has fut prêt à renoncer à sa vie pour restaurer l’honneur divin. Il comprit l’importance suprême de déraciner le mal du sein du peuple juif, prise de conscience qui lui valut de gagner son monde en une seule heure (cf. Avoda Zara 18a).
A priori, il aurait pu réfléchir avant d’agir et se dire que si Moché, Aharon et les soixante-dix anciens, aussi présents, n’avaient pas réagi à l’encontre des pécheurs, il n’était pas non plus tenu de le faire. Pourquoi devrait-il faire preuve de plus de crainte de D.ieu que ces derniers, aurait-il pu penser.
Mais, il ne fit pas de tels calculs. Chassant ces pensées de son cœur, il prit la ferme décision d’agir conformément à ce qu’il estimait juste de faire pour l’honneur divin. D’où la précision du verset « parce qu’il a pris parti pour son D.ieu » (Bamidbar 25, 13), car, à cette heure, il réagit comme si l’Eternel était son D.ieu à lui seul et qu’il n’y avait donc personne d’autre que lui pour Le venger. C’est pourquoi il mérita de gagner son monde en une seule heure. Si, au contraire, il avait commencé à faire toutes sortes de calculs, le mauvais penchant en aurait profité pour lui trouver un quelconque prétexte l’exemptant de cette responsabilité et il aurait perdu ce grand mérite.
Ceci corrobore les mots du verset « Il se leva du milieu de la communauté, arma sa main d’une lance (…). » Il se leva soudainement pour s’emparer d’une lance et venger l’honneur divin. Ce zèle et cette détermination manifestés pour la gloire de D.ieu lui valurent le sacerdoce à perpétuité, conformément au principe énoncé par nos Sages selon lequel il est possible de « gagner son monde en une seule heure ».
En réalité, il incombe à chacun d’entre nous de se comporter de la sorte à tout moment. Car, si on témoigne de la paresse dans l’observance d’une mitsva et se dit qu’on aura encore le temps de la faire plus tard, tardant à l’accomplir, entretemps, le mauvais penchant tentera de nous dissuader en introduisant de l’appréhension ou un relâchement dans notre cœur. Il en résulte que la nonchalance nous poussant à différer la mitsva cause sa perte et celle de toute la récompense l’accompagnant. Car, seul celui qui, dès le départ, témoigne du zèle pour la mitsva, est le gagnant et acquiert son monde en l’espace d’une seule heure.
Puisse le Saint béni soit-Il ancrer dans notre cœur son amour et sa crainte et puissions-nous toujours avoir le mérite d’observer Ses mitsvot et d’accomplir Sa volonté avec zèle ! Amen.
PAROLES DE TSADIKIM
Rabbi Ovadia à la recherche de la vieille dame de Bokharim
« Que l’Eternel (…) institue un chef sur cette communauté qui marche sans cesse à leur tête et qui dirige tous leurs mouvements. » (Bamidbar 27, 17)
Dans son ouvrage, le Gaon Rabbi Yé’hiel Mikhel Stern chelita raconte l’anecdote suivante au sujet de Rav Ovadia Yossef zatsal.
Je me souviens qu’un vendredi soir, lors de mon enfance, lorsque mon père zatsal rentra de la synagogue, ma mère lui dit : « En prenant la soupe pour en donner aux enfants, j’ai vu qu’elle était très rouge. Je crains avoir oublié de cachériser le poulet avant de le cuire. »
Mon père lui répondit : « Ce n’est pas grave, on ne mangera pas la soupe et on cachérisera la vaisselle. » Mais Maman objecta : « Il y a un autre problème : tous les vendredis soirs, une pauvre femme du quartier de Bokharim vient frapper à ma porte et je lui donne deux ailes de poulet. Aujourd’hui aussi, elle est venue… »
Lorsque mon père entendit cela, il pâlit au point qu’il dut vite s’asseoir. Que faire à présent ? Ils ne savaient pas où elle habitait, aussi comment la trouver ?
Mon père se rendit auprès de Rabbi Tsvi Pessa’h Frank pour lui poser la question. Il lui répondit qu’il ne pouvait pas lui donner de permission à ce sujet, mais lui suggéra d’exposer le problème à Rav Ovadia Yossef qui trouverait peut-être un héter.
Mon père suivit ce conseil. Maran était en train de manger son repas de Chabbat. Après avoir écouté la question, il demanda à mon père si ma mère mettait le poulet à cuire une fois que l’eau avait déjà bouilli ou avant cela. Mon père répondit : « Je crois qu’elle met d’abord le poulet dans la casserole, puis y ajoute de l’eau et met le tout sur le feu. »
Le Rav trancha alors : « Dans ce cas, il n’y a aucun héter ! » Eclatant en sanglots, mon père se lamenta : « Qu’est-ce que je peux faire maintenant ? On a donné à une pauvre femme deux ailes de ce poulet ! »
Rav Ovadia reprit : « Savez-vous où elle habite ? » Mon père répondit : « Ma femme m’a dit qu’elle habite dans le quartier de Bokharim, mais je ne sais pas où. »
Maran réfléchit quelques minutes, puis dit : « Si tu vas à Bokharim, qui va te regarder ? En plus, tout le monde est en train de manger. Je vais t’accompagner et on trouvera peut-être quelqu’un dans la rue. Quand on me verra et que je dirai que je la cherche, je suis sûr qu’on nous aidera à la trouver. »
Il récita le birkat hamazone, prit congé des membres de sa famille et se dirigea, avec mon père, vers le quartier de Bokharim.
En route, il dit à mon père : « Priez pour qu’on la trouve vite, car je dois donner cours à la Yéchiva de Porat Yossef et ne peux retarder mes auditeurs. »
Lorsqu’ils arrivèrent à destination, Rabénou aperçut une femme sortir de sa cour. Il lui demanda : « Où habite la pauvre ? » Elle répondit : « Il y a beaucoup de pauvres dans notre quartier. » Au fur et à mesure, les gens se regroupèrent autour de Rav Ovadia. Mon père leur dressa alors un portrait sommaire de l’indigente et, aussitôt, surgirent quelques noms éventuels. Ils se rendirent à l’une de ces maisons et frappèrent à la porte, tandis qu’un groupe de gens se tenait derrière eux.
La femme dormait déjà. Elle se leva et demanda : « Qui est là ? » « Ovadia Yossef ! » lui répondit-on. Elle s’empressa d’ouvrir la porte et s’effraya à la vue de Rabénou et de tout son cortège. Elle demanda : « Qu’est-ce qui arrive ? »
Le Rav lui expliqua : « La femme de cet homme t’a donné aujourd’hui deux ailes de poulet et elles sont interdites à la consommation ! »
Elle répondit : « Merci Rav de m’en avoir informée. Grâce à D.ieu, je ne les ai pas mangées, mais les ai mises dans le ‘hamin pour demain. »
Se tournant vers mon père (qu’il ne connaissait pas), Maran lui dit : « L’Eternel veille à ce que les Tsadikim ne fassent pas de faux-pas. Apparemment, tu es un Tsadik… »
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Poussé par la main de D.ieu (…) » (Mélakhim I chap. 18 et 19)
Lien avec la paracha : la haftara décrit l’intervention d’Eliahou, jaloux de l’honneur divin, qu’il voulut réhabiliter au sein du peuple juif. De même, on voit dans la paracha la manière dont Pin’has vengea l’honneur divin, apportant ainsi une expiation à la faute des enfants d’Israël, ce qui permit de juguler l’épidémie.
CHEMIRAT HALACHONE
Ne pas perdre des « amen »
Il est interdit d’habiter dans un quartier de médisants et, a fortiori, de s’asseoir avec eux et de prêter oreille à leur discussion, même si on n’a pas l’intention de leur donner crédit. A plus forte raison, il faut veiller à ne pas choisir de place à côté d’eux à la synagogue car, outre la mauvaise influence qu’ils auront sur nous, nous entraînant à médire nous aussi, ils nous empêcheront parfois de répondre « Amen Yéhé chémé rabba » et « barékhou ».
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Si l’homme réfléchit au cours de son existence, il réalisera que, bien souvent, il a lui aussi le mérite d’acheter son monde en une seule heure, grâce à l’accomplissement d’un bon acte ou d’une mitsva. Celle-ci détient le pouvoir de le protéger de tout mal.
Dans le cadre de l’un de mes nombreux voyages à travers le monde, je me suis rendu au Venezuela afin de renforcer la communauté juive locale. Suite à mon discours, toute l’assemblée présente réunie récita le Chéma, produisant une grande sanctification du Nom divin. Puis, en m’appuyant sur le mérite de mes saints ancêtres, je bénis tous mes auditeurs et me dirigeai ensuite vers la voiture. Un des assistants arriva alors, demandant qu’on lui ouvre la porte du véhicule pour recevoir ma bénédiction. Mes accompagnateurs, conscients que je devais rapidement rejoindre ma prochaine étape, tentèrent de le repousser. Mais je leur signifiai de lui permettre de me parler. Je me dis : « Pourquoi ne serais-je pas charitable envers ce Juif ? S’il insiste tant pour me parler, c’est sans doute qu’il en a besoin. Je vais lui accorder quelques minutes et, ainsi, je procurerai également de la satisfaction à mon Créateur. » Il nous retarda donc un petit moment sur place.
Or, nous comprîmes bientôt que, grâce à notre compassion pour cet individu, l’Eternel nous accorda un incroyable miracle. Pendant ma conversation avec lui, une voiture passa près de nous et nous dépassa, poursuivant sa route. Un autre véhicule surgit soudain dans sa direction et, face à elle, deux hommes au visage menaçant en bondirent. Brandissant des pistolets, ils cherchaient à piller la voiture et ses passagers. En ces instants, la terreur nous saisit, d’autant plus que la voiture devant nous, qui fit une rapide marche-arrière afin de tenter d’échapper aux brigands, faillit entrer en collision avec la nôtre. Lorsque ceux-ci constatèrent que la voiture qu’ils avaient attaquée était blindée et qu’ils ne pourraient donc rien en retirer, ils s’empressèrent de quitter les lieux avant l’apparition de la police.
Je réalisai aussitôt ce qui serait arrivé si nous ne nous étions pas attardés avec cet homme venu me demander une bénédiction quelques minutes auparavant : nous aurions été la cible de ces brigands. A quel malheur avons-nous ainsi échappé, grâce à D.ieu ! Même s’ils nous avaient laissé la vie sauve, ils nous auraient certainement pris en otage afin d’obtenir en retour une rançon.
Nous vîmes donc de manière palpable combien le mérite d’une mitsva a le pouvoir de protéger l’homme qui l’accomplit, voire même de lui sauver la vie. Voilà l’une des applications du principe selon lequel « il est possible d’acheter son monde en une seule heure ».
PERLES SUR LA PARACHA
Agir pour le bien du peuple juif
« Pin’has (…) a détourné Ma colère de dessus les enfants d’Israël (…) C’est pourquoi, tu annonceras que Je lui accorde Mon alliance amicale. » (Bamidbar 25, 11-12)
D’après ces versets, il semble que seul le fait d’avoir détourné la colère divine du peuple juif a valu à Pin’has sa récompense. Pourtant, mise à part la cessation du fléau qu’il suscita ainsi, Pin’has se montra prêt à sacrifier sa vie pour sanctifier le Nom divin, ce qui, en soi, justifie également une récompense.
Le Birkat Pérets répond en s’appuyant sur cet enseignement de la Guémara (Kidouchin 40a) selon lequel l’homme ne reçoit pas de récompense dans ce monde pour un acte accompli uniquement pour D.ieu et non en faveur des autres. Seulement dans le monde à venir, il en sera récompensé.
Ainsi, si l’acte de Pin’has n’avait pas détourné la colère divine des enfants d’Israël, il n’en aurait été récompensé que dans le monde futur. Mais, du fait qu’il eut cet effet, il mérita également une récompense dans ce monde, l’alliance amicale de D.ieu.
Les Dix commandements formulés au singulier
« Parce qu’il a pris parti pour son D.ieu. » (Bamidbar 25, 13)
Tout pécheur a l’habitude de se justifier en disant : « Untel a aussi agi ainsi. »
C’est la raison pour laquelle le Saint béni soit-Il a formulé les Dix commandements au singulier, afin que chacun ait le sentiment que la Torah lui a été personnellement donnée et sache qu’il ne doit pas surveiller les actes de son prochain.
Ainsi, l’ouvrage ‘Homat Ech explique que Pin’has aurait pu se baser sur la conduite passive de Moché, d’Aharon et des soixante-dix anciens pour se considérer exempt de réagir, se disant qu’il n’était pas tenu de faire montre de plus de crainte de D.ieu que ces derniers. Pourtant, il ne fit pas un tel calcul, mais se comporta conformément à son propre jugement et vengea l’honneur divin.
D’où les mots du verset « parce qu’il a pris parti pour son D.ieu », puisqu’il se conduisit comme si l’Eternel était son D.ieu à lui seul et qu’il lui incombait de venger Son honneur, même si personne d’autre ne l’avait fait.
Le fidèle berger du peuple juif
« Afin que la communauté de l’Eternel ne soit pas comme un troupeau sans pasteur. » (Bamidbar 27, 17)
Le ‘Hafets ‘Haïm, fidèle berger de son peuple, donnait un cours de Guémara à la synagogue de Radin. Arrivé au traité de Baba Batra, il raconta ce qui y est écrit au sujet de la ville de Néhardaa, peuplée par de nombreux voleurs : les habitants ne laissaient pas leurs bêtes se diriger seules vers l’aire de pâturage, mais avaient pris l’habitude de les y conduire pour les confier eux-mêmes aux mains du berger qui les surveillerait.
Le surveillant de bain fit remarquer qu’il comprenait désormais la phrase que nous disons dans les Psaumes récités à l’accueil du Chabbat, « Nous sommes le peuple dont Il est le pasteur, le troupeau que dirige Sa main. » Nous signifions ainsi que l’Eternel exerce sur nous une protection continue, sans la moindre interruption, tel un objet transmis de main en main.
Le ‘Hafets ‘Haïm félicita son auditeur pour son intervention pertinente et, par la suite, cita son interprétation à maintes occasions.
Rabbi Chabtaï Cheptel Weiss chelita la rapporte également dans son ouvrage Michbétsot Zahav, où il ajoute que ceci apporte un nouvel éclairage sur la demande de Moché : « Afin que la communauté de l’Eternel ne soit pas comme un troupeau sans pasteur », serait-ce pour un très court instant. Au contraire, il faut qu’elle passe sans transition d’un dirigeant à l’autre, que Moché, fidèle berger du peuple juif, le confie directement dans les mains de Yéhochoua bin Noun.
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Un fauteur anonyme
A la fin de la section de Balak, la Torah relate le terrible péché de Zimri ben Salou, prince de la tribu de Chimon, avec la Midianite Kizvi bat Tsour. Cependant, leurs noms ne sont pas mentionnés à cet endroit-là, mais uniquement dans la section de Pin’has, après que celui-ci les eut tués pour venger l’honneur divin.
Mon cher fils Rabbi Mikhaël – que l’Eternel le protège – m’a demandé pourquoi la Torah n’évoque pas les noms des pécheurs dès le départ.
Avec l’aide de D.ieu, je lui ai répondu comme suit. Comme nous le savons, le prénom d’un individu exprime son lien avec ses racines et son âme provenant des sphères supérieures. Quand les parents nomment leur enfant, ils bénéficient de l’inspiration divine leur permettant de le choisir en fonction de son lien avec les mondes supérieurs. Du fait que le prénom d’un homme le relie à la racine supérieure de son âme, lorsqu’il faute, il coupe le lien l’unissant avec la Présence divine et, simultanément, annule son prénom qui, jusque-là, lui servait de lien avec sa racine spirituelle. Dès lors, il devient un homme anonyme.
C’est la raison pour laquelle la Torah a omis, au départ, de mentionner le nom de Zimri car, à cause de la gravité de son péché, il coupa son lien avec l’Eternel et la Torah. Il perdit donc son nom, dont la fonction est de relier l’homme à la racine de son âme, forgée en-dessous du trône céleste.
Cependant, après que Pin’has eut vengé l’honneur divin en tuant Zimri, il apporta, pour ainsi dire, une réparation à l’âme de ce dernier, puisque sa mort constitua son expiation. En outre, du fait que la faute de Zimri avec Kizvi entraîna une effroyable épidémie au sein du peuple juif, tous ses membres prirent conscience de la gravité de cette faute et la redoutèrent. Ils comprirent combien il leur incombait de s’en éloigner, D.ieu haïssant la débauche. Le péché de Zimri eut donc, dans un certain sens, des retombées positives et la leçon qu’il transmit aux enfants d’Israël constitua pour lui un mérite, suite auquel son âme atteignit sa réparation et se rallia à nouveau à sa racine, ce qu’indique le verset où figure son nom.
Bien que Zimri n’agît pas poussé par de bonnes intentions, sa conduite entraîna une sanctification du Nom divin, un rapprochement des enfants d’Israël de leur Père céleste et une crainte du péché. Ces retombées positives lui furent créditées, comme en témoigne la mention de son nom, soulignant que son lien avec sa racine, auparavant coupé, avait été ressoudé.
LA FEMME VERTUEUSE
A la mémoire de Mazal Tov bat Mo'ha Sim'ha Zal
« Elle ne redoute point la neige pour sa maison, car tous ses gens sont couverts de riches étoffes. »
Ces derniers mois, les récits des nombreux actes de charité pratiqués, toute sa vie durant, par la Rabbanite Pinto affluent de plus en plus. Main droite de son mari, le Tsadik, connu pour ses miracles, Rabbi Moché Aharon Pinto – que son mérite nous protège –, symbole de la charité, elle l’aida à soutenir les membres de sa communauté et tous ceux venus solliciter de l’aide ou une bénédiction, leur donnant généreusement de l’argent ou les assistant d’une autre manière.
A une certaine époque, les communautés juives marocaines commencèrent à se restreindre, suite au départ de nombreux Juifs de leur pays natal. Certains allèrent s’installer en Israël, d’autres en France, au Canada ou dans d’autres pays encore.
La famille Pinto habitait à Mogador, grande ville moderne peuplée par de nombreux hommes d’affaires qui furent les premiers à liquider leurs commerces pour quitter la ville. Parallèlement, d’autres Juifs, en provenance des villages voisins, vinrent s’installer à Mogador, apportant avec eux la pauvreté. En effet, à l’origine, ils travaillaient dans des métiers physiques.
A Mogador, il y avait de grandes maisons comprenant dix chambres. Vu leurs modestes moyens, les nouveaux venus louaient une maison à plusieurs familles, chacune d’elles occupant une autre chambre. Dans une grande pièce, il y avait une cuisine commune avec un four à charbon et, dans la cour, un puits d’eau à la disposition de tous.
Durant la chiva, son fils a raconté plusieurs souvenirs d’enfance. En voici l’un d’eux :
« Nous habitions dans le vieux méla’h de la ville. Il était entouré d’une muraille et de deux portails, un à l’entrée et un à la sortie. Nous aimions sortir dans les rues du méla’h et y jouer. Lorsque les Juifs plus pauvres arrivèrent, Papa et Maman les accueillirent à bras ouverts et les soutinrent de tout leur possible. Dans ma mémoire, est profondément ancré le souvenir de ma mère qui, chaque jeudi, achetait au marché de la viande, des pommes de terre et des pois-chiches. Elle les cuisait ensuite dans une énorme casserole, veillant à bien mélanger les différents ingrédients pour que la viande soit équitablement répartie. Puis, elle refermait la casserole avec un couvercle d’argile et laissait le plat cuire toute la nuit de Chabbat. Au matin, chaque famille pauvre venait prendre une portion de ‘hamin de cette grande casserole et on veillait à ce que chacune d’elles ait de la viande. A la période dont je me souviens, une trentaine de familles défilaient ainsi !
« Ce qui est remarquable, c’est que toute personne venant se servir de cette casserole faisait attention d’en laisser suffisamment aux suivants. Personne ne se jetait dessus, mais chacun attendait patiemment son tour et ne prenait que ce qu’il avait besoin.
« Il arriva un Chabbat que des personnes frappent à notre porte afin de venir prendre leur portion mais que, pour une raison inconnue, on ne leur ouvrit pas. Lorsque Papa l’apprit, il en fut terriblement peiné et en éprouva une grande colère. »