Parachat Va'ethanane 17 Août 2024 יג אב התשפ"ד |
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L’accomplissement personnel des mitsvot
Rabbi David Hanania Pinto
« Mais l’Eternel, irrité contre moi à cause de vous, ne m’exauça point. » (Dévarim 3, 26)
Moché s’épancha en prières devant D.ieu, afin d’obtenir la permission d’entrer en Terre sainte. Les commentateurs (Baal Hatourim 3, 23) expliquent que le mot vaet’hanan (j’implorai) a pour valeur numérique cinq cent quinze, correspondant au nombre de prières prononcées par Moché. Non seulement D.ieu n’exauça pas sa requête, mais Il lui demanda de cesser ses prières, comme il est écrit dans la suite de notre verset introductif : « Assez ! Ne Me parle pas davantage à ce sujet. » (Dévarim 3, 26) Cela paraît surprenant ! Est-ce la récompense de celui qui se dévoue pour la Torah ? Moché n’aurait-il pas mérité d’entrer en Terre sainte, lui qui avait voué son existence aux enfants d’Israël, allant jusqu’à risquer sa vie pour monter dans les cieux et leur transmettre la Torah ? En outre, il n’avait pas économisé ses prières.
D.ieu refusa à Moché l’accès en Terre Sainte car Il savait qu’en fin de compte, il ne serait pas bénéfique qu’il y entre. Nos Sages expliquent que s’il y avait pénétré, il aurait construit le Temple et imploré l’Eternel de ne pas le détruire. Le Tout-Puissant, qui n’aurait pas voulu lui refuser sa requête, aurait déversé Sa fureur sur Son peuple. Or, aimant Ses enfants, Il préféra détruire Sa résidence plutôt que ces derniers.
Ces propos recèlent un enseignement fondamental : tout ce que D.ieu fait, c’est pour le bien. Même si notre vision limitée ne nous permet pas toujours de le déceler et que les faits sont parfois difficiles à comprendre, il est bon cependant de s’habituer à voir la bonté divine dans tout ce qui nous arrive. Nos Sages (Brakhot 54a) ont dit qu’il faut remercier pour le mal comme pour le bien. Car, même si le malheur qui nous frappe peut nous paraître injuste, ce n’est jamais le cas. Qui est donc l’homme pour comprendre les calculs divins et déceler le véritable bienfait qui en découlera ?
Beaucoup de gens racontent avoir vécu des évènements qui, au départ, leur paraissaient difficiles et douloureux. Mais, après peu de temps, le brouillard s’est dissipé et ils ont pris conscience que c’est précisément de leur peine qu’a jailli leur secours. Seule leur vision limitée les avait empêchés de voir l’utilité de cette expérience.
Il est certain que les prières de Moché n’ont pas été vaines. Même si D.ieu ne les a pas exaucées, puisqu’Il lui a refusé l’entrée en Terre Sainte, nous pouvons être convaincus qu’elles ont influé positivement sur toutes les générations.
Il ressort de ces propos que, pour se lier à l’Eternel, il est nécessaire de se trouver à proximité de Lui, de ne pas se tenir à l’écart. En effet, l’éloignement génère un refroidissement et une séparation entre D.ieu et Son peuple. On ne peut comparer le fait de regarder, sur une photo, un paysage d’une beauté à couper le souffle à celui de le contempler de ses propres yeux, expérience d’une intensité incomparable où tous les sens sont en émoi.
Moché désirait ardemment entrer en terre d’Israël afin de rendre leurs lettres de gloire aux mitsvot négligées par la force de l’habitude et de procurer ainsi de la satisfaction au Créateur.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Consolez, consolez, Mon peuple (…) » (Yéchaya chap. 40)
Lien avec le Chabbat : il fait partie des sept Chabbatot de consolation – thème de la haftara – suivant le 9 Av. Cette haftara fait partie des sept haftarot de consolation issues du livre de Yéchayahou.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Je suis leur descendant
Après de longues années de mariage, Jack Edéry et son épouse n’avaient pas encore eu le mérite d’avoir des enfants. Ils avaient subi des examens et des traitements interminables qui les avait fatigués, tant physiquement que mentalement. Enfin, pour leur plus grande détresse, les médecins leur avaient annoncé que l’un d’entre eux était stérile : les examens qu’ils avaient effectués révélaient qu’ils n’avaient aucune chance d’avoir des enfants.
Désespéré, M. Edéry vint se confier à moi. « Si Sarah Iménou, ainsi que toutes les autres matriarches qui étaient stériles, finirent par être exaucées et avoir des enfants, pourquoi ne serait-ce pas notre cas également ? me lança-t-il.
– Il s’agissait de justes, des femmes vertueuses d’une grandeur incomparable ! Est-ce que vous avez leur niveau ? lui rétorquai-je.
– Certainement pas, mais nous sommes leurs descendants », repartit-il sans se démonter.
Face à une réponse aussi déconcertante, je restai quelques instants muet, ne sachant que répliquer. « Puissions-nous de même avoir le mérite de mettre au monde des enfants, reprit-il en pleurant.
– Amen », répondis-je avec force, espérant de tout cœur que son désir le plus cher se réalise.
Un an et demi passa et j’avais oublié cette conversation, lorsqu’un beau jour, M. Edéry revint me voir avec une excellente nouvelle : sa femme était enceinte et il était venu solliciter ma bénédiction pour que tout se passe bien.
Je m’exécutai, non sans lui demander également : « Quel spécialiste avez-vous consulté ? »
Il me répondit, avec une simplicité et une candeur déconcertantes : « Ni médecin, ni professeur. Du moment où vous m’avez béni, j’ai placé toute ma foi et ma confiance en D.ieu, certain que, par le mérite de vos ancêtres, je mériterai la Délivrance… Dans Sa Miséricorde infinie, D.ieu m’a soutenu et la bénédiction du Rav s’est pleinement accomplie. »
Très ému, je lui répondis que, grâce à lui, j’avais appris une grande leçon concernant la émouna : elle a le pouvoir d’annuler les mauvais décrets et de transformer la Rigueur en Miséricorde. Heureux celui qui a le mérite d’adhérer à ce principe si fondamental !
CHEMIRAT HALACHONE
Un grave péché
Celui qui médit de son prochain transgresse un commandement négatif de la Torah : « Ne va point colportant le mal parmi les tiens. » Il s’agit d’un grave péché, entrainant la mort de nombreuses personnes du peuple juif, raison pour laquelle lui a été juxtaposée l’interdiction : « Ne sois pas indifférent au danger de ton prochain. »
A nous de tirer leçon des conséquences dramatiques du colportage de celui émis par Doëg l’Adoméen, qui causa le massacre de tous les prêtres de Nov et de leurs familles.
PAROLES DE TSADIKIM
Vous a-t-on aussi assailli de questions à l’aéroport ?
« Pour ton bonheur et pour celui de tes enfants après toi. » (Dévarim 4, 40)
Tout homme a une part dans le monde futur. S’il a pris soin de la conserver ou s’il l’a perdue est déjà une autre question.
Mais il existe un niveau supérieur, « ben olam haba » (propre au monde futur), auquel pas tout le monde a la chance d’accéder. Enfin, nous trouvons dans la Guémara un degré encore plus élevé, celui d’être « invité à la vie du monde à venir », degré auquel quelques rares individus ont droit.
Le Maguid Rabbi Baroukh Rozenblaum chelita raconte qu’une fois où il se rendit aux Etats-Unis, il entendit une illustration nous permettant de bien comprendre cette idée. Après la prière de min’ha qu’il fit à Boro-Park, il assista au cours sur le Ein Yaakov.
« Du fait qu’il fut donné en anglais, langue qui m’est étrangère, je ne le compris pas. Pourtant, je parvins à saisir deux choses : “propre au monde futur” et “invité à la vie du monde à venir”.
« Au terme du cours, je demandai à l’un des hommes y ayant assisté de me le résumer. Il m’expliqua alors ce qui suit.
« Celui qui a déjà voyagé aux Etats-Unis sait que, pour y entrer, on doit d’abord passer par la police des frontières.
« A l’aéroport, on vérifie avec la plus grande méticulosité tous les papiers des voyageurs arrivant de l’extérieur du pays, afin de vérifier que tout est en ordre. Le visa et le passeport doivent être valides. De plus, lors du vol, on demande aux passagers de remplir un long formulaire et d’y préciser leur lieu d’hébergement durant leur séjour dans le pays, le motif de leur venue, la somme d’argent en leur possession et autres questions similaires. Comme si tout le harcèlement subi en Israël pour obtenir son visa n’avait pas suffi…
« Dès l’instant où on arrive, les voyageurs sont séparés en deux groupes : ceux détenant un passeport israélien et ceux en détenant un américain.
« Le Rav s’est interrogé sur le motif de cette séparation, alors qu’en fin de compte, [presque] tous les voyageurs passent le guichet et entrent dans le pays. Qu’importe donc la nature de leur passeport ? Pourquoi celui qui arrive avec un passeport étranger doit-il se diriger vers un endroit, tandis que celui muni d’un américain prend une autre direction ?
« Puis le Rav ajouta : “Autrefois, j’avais un passeport étranger et, maintenant, j’en ai un américain. Je peux donc vous raconter, par expérience, la différence entre les traitements reçus dans ces deux cas. Au détenteur d’un passeport étranger, le préposé à la sécurité pose une nouvelle fois toutes les questions auxquelles il a déjà fait l’effort de répondre dans le formulaire. S’il a l’impression que le voyageur est suspect, il l’adresse à ses supérieurs. Si tout semble en ordre et que ne subsiste plus le moindre doute à son sujet, il lui signe le passeport et le laisse passer.
“Par contre, le détenteur d’un passeport américain est d’emblée reçu avec le sourire par l’employé. Il ne lui pose aucune question, si ce n’est, sur un ton poli et aimable : ‘Comment allez-vous, monsieur ? Comment se sont passées vos vacances ? Quel pays êtes-vous allé visiter ?’ Puis il signe le passeport, lui souhaite la bienvenue et l’invite à poursuivre son chemin.
“Quelle est la différence ? Au bout du compte, les deux finissent par entrer dans le pays. Certes, les deux y entrent, mais pas de la même manière. Le premier doit passer par de longues et éreintantes procédures, accompagnées de l’appréhension de se voir refuser le droit d’entrée, alors que le second passe rapidement et sans problème, jouissant même d’une relation conviviale.
“C’est toute la différence, conclut le Rav. Tout Juif a une part dans le monde futur, tous finissent par y arriver [hormis ceux qui ont perdu leur part]. Reste à savoir dans quelles conditions ils y parviennent.”
« L’homme moyen doit passer par des obstacles et des souffrances. Il purge une peine à la géhenne et à d’autres lieux de purification. Par contre, celui jouissant du titre “ben olam haba” est automatiquement reçu dans le monde à venir, sans devoir souffrir au préalable à la géhenne. En tant que citoyen local, il y est accueilli avec le sourire. »
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Se concentrer sur la peine de la destruction
La section de Vaet’hanan tombe toujours près du 9 Av, jour de jeûne où nous nous affligeons sur la destruction des deux Temples et déplorons l’exil dans lequel nous sommes plongés, à travers la lecture du livre d’Eikha.
On m’a une fois demandé pourquoi, dans les générations précédentes, les gens pleuraient à chaudes larmes la destruction, alors que dans la nôtre, nous ne parvenons pas à en verser, comme si notre cœur était de pierre. Pourtant, face aux divers malheurs et maladies qui nous frappent sans cesse, il aurait semblé naturel que nous éprouvions le besoin de nous endeuiller sur notre situation, due à notre exil amer. Pourquoi donc, contre toute logique, ne pleurons-nous pas la ruine du Temple ?
Je pense que ce phénomène étrange est à imputer au ben hazemanim débutant aussitôt après le jeûne. Etant organisés, nous aimons programmer nos vacances à l’avance, aussi, dès le début du mois d’Av, presque tout le monde sait où il va les passer. Dans de telles conditions, comment parvenir à verser des larmes sur la perte de Jérusalem, quand nous avons en poche nos billets d’avion ou les détails de la route à prendre pour rejoindre l’hôtel où nous avons réservé des chambres ? Comment ressentir la détresse de la Présence divine sur la destruction et l’exil quand notre esprit est plein de projets de vacances ?
N’étant pas en mesure de changer l’ordre des choses, efforçons-nous, tout au moins, de nous concentrer, le 9 Av, sur la chute de Jérusalem et de chasser de notre esprit toute pensée relative aux congés. Ceci nous permettra de ressentir de toutes les fibres de notre être l’immense peine de la destruction des Temples et de l’exil de la Chékhina.
D’après nos Sages (Yalkout Chimoni, Eikha 1043), dans les temps futurs, Ticha Béav se transformera en jour de fête, comme le laisse entendre le verset « Il a convoqué une assemblée (moèd) » (Eikha 1, 15), raison pour laquelle on ne récite pas les Ta’hanounim (Choul’han Aroukh, Ora’h ‘Haïm 559, 4). Puissions-nous, bientôt et de nos jours, assister à la réalisation de ces paroles de nos Sages !
PERLES SUR LA PARACHA
Le respect des parents
« Honore ton père et ta mère comme te l’a prescrit l’Eternel. » (Dévarim 5, 15)
Rachi commente : où l’Eternel nous a prescrit cette mitsva ? A Mara.
Mais pourquoi le verset insiste-t-il sur le fait que cette mitsva a été donnée par D.ieu ?
Le Ktav Sofer explique que certains considèrent la mitsva d’honorer ses parents comme l’expression de notre reconnaissance pour tous leurs bienfaits à notre égard lors de notre jeunesse où ils nous ont éduqués, nourris, puis mariés.
C’est pourquoi le texte précise ici que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle doit être observée uniquement parce que D.ieu nous l’a ordonnée à Mara. Or, en ce lieu du désert, les enfants d’Israël recevaient la manne du ciel, tandis que leurs vêtements grandissaient avec eux et étaient lavés par la nuée protectrice. Et pourtant, ils reçurent l’ordre de révérer leurs parents. D’où nous déduisons que cette mitsva doit être respectée à toute époque et en toute circonstance, pour le seul fait que l’Eternel nous l’a prescrite.
Pas de relâchement !
« Va, dis-leur de rentrer dans leurs tentes ; toi ensuite, tu resteras ici avec Moi. » (Dévarim 5, 27-28)
L’auteur du Ahavat Chalom souligne que ces deux versets sont liés. D.ieu dit à Moché d’ordonner deux choses aux enfants d’Israël : rejoindre leurs tentes (verset 27) et se tenir devant Lui (verset 28).
Il désirait ainsi leur signifier que, lorsque chacun retournerait chez lui pour combler ses besoins personnels, il devrait se rappeler qu’il se tient malgré tout encore devant l’Eternel, dans l’esprit du verset « Je fixe constamment mes regards sur le Seigneur. » Tel est le sens implicite du mot véata (et toi), sous-entendant le devoir de chaque membre du peuple juif de ressentir perpétuellement l’omniprésence divine, comme il est dit : « Dans toutes tes voies, songe à Lui. »
Comment parvenir à l’amour de D.ieu ?
« Tu aimeras l’Eternel, ton D.ieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. » (Dévarim 6, 5)
Le Or Ha’haïm demande comment on peut contraindre quelqu’un à aimer quelque chose, alors que l’amour est un sentiment spontané jaillissant du cœur. Quel est donc le sens de l’ordre d’aimer l’Eternel ?
Il explique que le verset suivant celui évoquant cette mitsva nous indique comment parvenir à l’accomplir : « Ces choses que Je t’impose aujourd’hui seront gravées dans ton cœur. » En d’autres termes, nous parviendrons à aimer D.ieu en introduisant constamment dans notre cœur des choses éveillant notre amour pour Lui. Par ce biais, notre cœur sera animé d’un profond désir de L’aimer. D’où le sens de l’ordre d’aimer l’Eternel.
Il existe donc deux manières de comprendre cette mitsva.
Soit en expliquant qu’en réalité, le cœur de tout Juif est empli d’amour pour le Saint béni soit-Il, mais qu’il est enfoui en lui. Il doit donc se travailler pour aspirer à éveiller cet amour et se révélera alors cet esprit saint résidant en lui.
Soit en suivant le principe selon lequel l’Eternel se comporte envers Ses créatures en leur reflétant leur propre conduite, « mesure pour mesure ». Ainsi, lorsqu’un homme aspire à éprouver des sentiments d’amour à Son égard, Il le récompense en introduisant dans son cœur de tels sentiments.
LA FEMME VERTUEUSE
A la mémoire de Mazal Tov bat Mo'ha Sim'ha Zal
« Parée de force et de dignité, elle pense en souriant à l’avenir. »
Ce merveilleux verset est devenu célèbre dans les communautés juives, grâce à la belle mélodie avec laquelle il nous a été transmis.
Le « Tsadik de Bénel », Rabbi Eliezer Chlomo Chik zatsal, raconta une fois l’histoire qui se cache derrière cette mélodie. « Rabbi Meïr Leib Blakher zatsal, Maître de Torah exotérique de Rabbi Avraham, fils de Rabbi Na’hman Toltchiner zatsal, lui a enseigné beaucoup de Guémara avec Rachi et Tossfot et de Choul’han Aroukh avec ses commentaires. Il était très pauvre et n’avait même pas d’argent pour acheter à sa fille une robe de mariée. Aussi lui chanta-t-il sur une mélodie le verset “Parée de force et de dignité, elle pense en souriant à l’avenir.” Depuis, il composa cet air qui devint célèbre parmi nous. »
Or, qu’arriva-t-il finalement ? Le Tsadik de Bénel poursuit : « Le Saint béni soit-Il l’aida : au dernier moment, on lui apporta par miracle tout le nécessaire pour le mariage, y compris une robe de mariée pour sa fille. La célèbre mélodie sur laquelle on entonne ce verset vient de lui. »
Grâce à la poche du tablier
Une vieille Tsadékèt de Jérusalem se trouva pour vocation de faire des mitsvot n’intéressant personne d’autre. Elle parcourait les ruelles de vieille ville, vêtue de haillons, d’une ceinture et d’un tablier avec deux grandes poches. Dans la poche droite, elle rassemblait toutes les feuilles d’enseignements de Torah jonchant négligemment le sol et, dans la gauche, elle collectait les épluchures, bouts de verre ou autres obstacles se trouvant sur la route et pouvant être dangereux.
Cette vieille dame vécut longtemps. Peu avant de quitter ce monde, elle se rendit au tribunal situé dans la cour de Rabbi Yéhouda Ha’hassid pour demander qu’on écrive son testament. Elle y demanda que, quand elle mourrait, la ‘hévra kadicha utilise son tablier comme linceul pour l’envelopper. Lorsque ce moment arriva, de nombreux hommes de Jérusalem la raccompagnèrent vers sa dernière demeure et contèrent son éloge.
Le président du Tribunal rabbinique prononça une élégie dans laquelle il lut son testament, témoin de sa piété hors du commun. Quelques jours plus tard, elle lui apparut en rêve et lui raconta que, dans le monde de Vérité, on avait pesé ses mérites, ainsi que le contenu des poches de son tablier sur une balance en or pur. Or, c’était justement la poche gauche, où elle mettait tous les objets dangereux trouvés dans la rue, qui fit pencher la balance en sa faveur, lui donnant droit au monde à venir.
Suite à cela, le président du Tribunal rapporta une explication qu’il avait entendue sur le verset « Parée de force et de dignité, elle pense en souriant à l’avenir. » Le mot « force » renvoie à la solidité du vêtement, tandis que le mot « dignité » évoque sa beauté. Autrefois, la mode n’existait pas encore et on portait le même habit pendant plusieurs années. Il était solide et on le considérait toujours comme beau. Aujourd’hui, même s’il est encore solide, on se gêne de le garder de longues années, car ce n’est pas « beau ». Or, la femme vertueuse de jadis portait le même vêtement, solide et beau, jusqu’à son dernier jour.