Parachat Ré'eh 31 Août 2024 כז אב התשפ"ד |
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La foi, vecteur de crainte du Ciel
Rabbi David Hanania Pinto
« Et maintenant, ô Israël ! Ce que l’Éternel, ton Dieu, te demande uniquement, c’est de craindre l’Éternel, ton Dieu, de suivre en tout Ses voies, de L’aimer, de Le servir de tout ton cœur et de toute ton âme (…) » (Deutéronome 10, 12)
« C’est de craindre l’Éternel » : Rachi nous rapporte la déduction de nos Maîtres : « Tout provient du Ciel sauf la crainte du Ciel. »
Dans ce verset, Moché précise aux enfants d’Israël que tout ce que Dieu exige d’eux découle de la crainte du Ciel. Lorsqu’ils posséderont cette vertu, ils réussiront à acquérir toutes les autres. La Guémara pose toutefois une question (Berakhot 33b) : « La crainte du Ciel est-elle facile à acquérir ? » C’est ce qui semble transparaître à travers les paroles de Moché. Mais comment peut-on tenir de tels propos alors que nos Sages nous ont dit (ibid.) que tout dépend du Ciel, sauf la crainte du Ciel ? La Guémara répond qu’effectivement, pour notre maître Moché, il fut aisé de se doter de cette caractéristique, et c’est pourquoi il s’adressa au peuple en ces termes.
S’il est exact que Moché mérita d’acquérir facilement cette vertu, il s’adressait à présent aux enfants d’Israël, qui étaient d’un niveau bien inférieur au sien. Alors, pourquoi n’utilisa-t-il pas un langage plus adapté ?
Tous les bienfaits dont l’homme souhaite jouir – par exemple, un bon conjoint, une bonne subsistance, une bonne santé, la satisfaction des enfants ou la réussite – dépendent de la volonté divine. Au sujet du mariage, il est dit (Sota 2a) : « Il est aussi difficile de former des couples que de fendre la mer. » De même que lors de cet évènement, Dieu sauva le peuple en ouvrant la mer devant lui, il en est ainsi dans la recherche d’un conjoint. Seul Dieu est à même de fendre la « mer » personnelle de l’homme, aplanissant toutes les difficultés pour lui présenter la personne qu’Il lui a destinée. Concernant la subsistance, la Guémara rapporte (Pessa’him 118a ; Avoda Zara 3b) que le Tout-Puissant subvient aux besoins de toutes les créatures, des minuscules lentes aux cornes du réem (animal très grand ayant disparu de nos jours). De même, il est dit (Téhilim 55, 23) : « Décharge-toi sur Dieu de ton fardeau, Il prendra soin de toi. » Il en ressort que, même si un homme a l’impression de gagner largement sa vie à la force de son poignet, il n’en est rien. Seul Dieu lui fournit sa subsistance et détermine si elle sera maigre ou abondante.
Au cours de mon existence, j’ai rencontré des personnes immensément riches qui, en un jour, ont perdu toute leur fortune. À l’inverse, il m’est arrivé de voir des gens très pauvres, qui avaient à peine de quoi manger et dont le destin changea en un instant, suite au gain d’une somme colossale. Si nous essayons d’expliquer ces phénomènes rationnellement, nous n’y parviendrons pas. Nous sommes obligés de reconnaître que la clé de la subsistance se trouve entre les mains de Dieu.
De même, concernant la santé, nous demandons dans la Amida : « Guéris-nous, Éternel, et nous serons guéris, secours-nous et nous serons secourus », car c’est D.ieu qui tient les rênes de notre vie et décide si tel malade va guérir ou mourir.
Il en est ainsi dans chaque domaine de la vie. Tout ce qui nous arrive dépend du Saint béni soit-Il, qui a créé le monde et auquel tout appartient, à l’exception de la crainte du Ciel qui dépend, quant à elle, des efforts et de la volonté de chacun. Par conséquent, comment comprendre que, d’après Moché, Dieu exige « uniquement » des enfants d’Israël qu’ils aient la crainte du Ciel, terme sous-entendant qu’il est aisé de l’acquérir ?
Il est possible de l’expliquer de la manière suivante : dès qu’il se réveille, l’homme doit prononcer le passage suivant : « Je Te remercie (modé ani), Roi vivant et éternel, de m’avoir restitué mon âme avec bonté, infinie est Ta bienveillance. »
Ce texte, récité chaque matin, vient confirmer le fait qu’au cours de notre sommeil, notre âme monte dans les cieux et est déposée entre les mains de Dieu qui, dans Sa grande bonté, nous la restitue le matin. Au moment où il récite ce passage, l’homme doit prendre conscience que Dieu l’a créé avec sagesse et intelligence. Par conséquent, tout ce qui lui arrive et tous les actes qu’il accomplit sont le produit de Sa volonté, comme en atteste le prophète Jérémie : « Elles se renouvellent chaque matin, infinie est Ta bienveillance. » (Lamentations 3, 23) Autrement dit, lorsque, chaque matin, son âme lui est rendue, l’homme renouvelle sa croyance en Dieu, à l’origine de cette bonté.
Cependant, la répétition même de cette formule peut émousser notre enthousiasme. Mais si nous prenions le temps de nous interrompre quelques instants pour réfléchir sur le fait que notre âme nous est rendue après une nuit de sommeil, considéré comme un soixantième de la mort, notre foi et notre amour pour Dieu en seraient considérablement renforcés.
Cela nous mènerait naturellement à la crainte du Ciel, qui équivaut à celle de la faute. Nous voyons donc que, pour se doter de cette précieuse vertu, il nous incombe de réciter chaque matin le texte de « modé ani » avec concentration et en approfondissant le sens de chaque mot. En fait, cela n’est pas si difficile, et Moché disait donc juste : la crainte du Ciel est une vertu facile à acquérir.
SOUVENIR DU JUSTE
Le Tsaddik Rabbi Moché Aaron Pinto Zatsal
À l’approche de la Hilloula de notre Maître Rabbi Moché Aharon Pinto zatsal, père de notre Maître le Gaon et Tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chlita, le 5 du mois d’Eloul (8 Septembre 2024), nous allons tenter de donner à nos lecteurs un infime aperçu de ses hauts faits et de ses qualités exceptionnelles.
De père en fils, la noble lignée des Pinto s’est toujours distinguée par sa grandeur. De génération en génération, elle a donné naissance à des hommes de foi, d’une piété n’ayant d’égale que leur pureté et leur sainteté. Digne représentant de cette famille exceptionnelle, le Tsadik Rabbi Moché Aharon zatsal se rattachait à une chaîne ininterrompue d’érudits, auteurs de miracles, qui rayonnèrent sur le peuple juif.
Rabbi Moché Aharon zatsal s’est rendu célèbre par son service divin d’une grande intégrité, et notamment par le fait remarquable qu’il prit sur lui de s’isoler chez lui pendant quarante ans, sur ordre de son père le Tsadik Rabbi ‘Haim Pinto zatsal. Pendant ces dizaines d’années, il se consacra à la Torah avec une assiduité que l’esprit de simples hommes peut difficilement saisir. Dans cette petite pièce où il vécut reclus toutes ces années, il s’éleva en pureté et en sainteté, sans aucun lien avec le monde extérieur, sans se laisser soumettre par les besoins du corps et de la matière. Tous ses désirs et aspirations étaient exclusivement tournés vers le Service divin.
L’humilité qui caractérisait Rabbi Moché Aharon rayonnait sur tout son entourage et sur tous ceux qui s’en approchaient. Tous sentaient qu’ils avaient face à eux une personnalité d’une grandeur exceptionnelle, dépassant de loin ses contemporains, ce qui ne l’empêchait pas en même temps de ployer sous le poids de son souci et de sa compassion envers chaque homme, en tant que créature conçue à l’image d’Hachem. Quel que soit le jour ou l’heure, quiconque pénétrait chez lui, passait le seuil de sa porte, était reçu à bras ouverts, avec un visage affable.
Rabbi Moché Aharon était doté d’une confiance en Hachem inébranlable. Le verset « Décharge-toi sur Dieu de ton fardeau, Il prendra soin de toi ; jamais Il ne laisse vaciller le juste » représentait en quelque sorte sa devise permanente. Il l’appliquait à la lettre sans ses moindres démarches, si bien qu’il n’avait aucun intérêt pour les vanités de ce monde. Il passait généralement tant ses journées que ses nuits chez lui, se consacrant à la Torah et aux bonnes actions, à côté des veilleuses qu’il allumait à la mémoire de ses saints ancêtres.
Il recevait dans son humble demeure quiconque sollicitait son aide, et jamais il ne fermait sa porte à personne, homme ou femme. Tout en faisant particulièrement attention à ne pas lever les yeux vers la personne qui entrait, il savait toujours quel était l’objet de sa venue, que ce soit pour une demande de bénédiction, pour un conseil, une prière, un cas de maladie, etc. À tel point que, quand sa femme ou ses enfants pénétraient dans la pièce, il se mettait à les bénir par le traditionnel « Mi chébérakh », attendant qu’on lui donne le nom de la personne à bénir… jusqu’au moment où il sentait qu’il s’agissait de ses proches.
Nous aimerions à présent souligner un point que nous avons déjà abordé maintes fois par le passé, mais étant donné son importance, il n’est pas inutile de le répéter : Rabbi Moché Aharon se distinguait particulièrement par la pureté de son regard. Comme le rapportent les livres saints, c’est en préservant ses yeux de visions défendues que l’homme s’assure pureté et sainteté, et acquiert une véritable crainte du Ciel.
Ainsi, bien que Rabbi Moché Aharon reçût des milliers de visiteurs, il prenait garde, quoi qu’il arrive, de ne pas regarder les femmes. Et même lorsque son épouse, la Rabbanite Mazal, qu’elle repose en paix, entrait, il ne s’en apercevait pas !
Par ses prières, Rabbi Moché Aharon ébranlait les mondes pour défendre le saint peuple d’Israël. Par son inspiration divine, il voyait l’avenir et implorait le Ciel que les Tsadikim intercèdent en faveur de notre peuple, qu’il soit sauvé, et les décrets annulés.
Le jour de sa Hilloula, le 5 Eloul, ses enfants, proches et fidèles élèves se rendent en pèlerinage sur sa tombe, au côté d’innombrables Juifs ayant eu le privilège de connaître la délivrance par son mérite. De son vivant comme après sa mort, ce Tsadik a en effet été le vecteur de grands miracles pour tous ceux qui ont imploré le Créateur en invoquant son mérite – puisse-t-il nous protéger !
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
Goûter, c’est adopter
L’un des élèves que j’ai eu le mérite de ramener dans la voie de la Torah m’annonça ses fiançailles avec une jeune fille qui était loin d’accomplir les mitsvot, et donc d’un niveau bien inférieur à lui.
Devant ce décalage, je lui fis part de mes doutes quant aux chances qu’une telle union perdure, d’autant plus que sa fiancée envisageait d’entreprendre une carrière de danseuse – ce qui est loin d’être compatible avec une saine vie de famille dans un foyer juif. Je savais en effet, par expérience, qu’il n’en résulte généralement que frictions et problèmes de couple.
« Voilà ce que je te conseille, proposai-je finalement à mon élève : que tu encourages ta fiancée à aller étudier dans un séminaire afin qu’elle goûte pendant plusieurs jours à la beauté de la Torah, après quoi on verra si ce mariage a des chances de réussir. »
Je convins également avec lui que la jeune fille viendrait passer deux Chabbatot chez moi, afin que je puisse voir si elle était disposée à faire des changements dans sa vie et avait une volonté réelle de se rapprocher du Judaïsme.
Au cours du premier Chabbat qu’elle passa chez nous, les repas se sont, comme à l’accoutumée, déroulés dans une atmosphère joyeuse et paisible. J’ai récité le kiddouch, nous avons entonné les chants traditionnels, j’ai un peu dansé avec mes enfants en chantant, comme nous en avons la coutume, et prononcé des paroles de Torah.
Nous nous sommes efforcés de mettre la jeune fille à l’aise tout en essayant de voir, à travers ses réactions, quel était l’impact de ce Chabbat sur elle. Or, voilà que soudain, je décelai dans son regard un éclair d’émotion, suivi par des larmes. « Que la Torah est agréable ! » soupira-t-elle.
Je remarquai ensuite que son émotion ne faisait que croître, jusqu’au moment où, s’adressant à moi, elle me demanda : « C’est cela, le Judaïsme ? J’avais toujours cru qu’un Rav devait être inflexible pour respecter les mitsvot en détail. Je ne pensais pas qu’il était capable de chanter et de passer de bons moments avec sa famille. Pour moi, un Rav devait être dur avec ses enfants, même chez lui. Et je m’aperçois, chez vous, que c’est loin d’être le cas. »
Cela appelait une réponse : « En dehors de chez moi, je me comporte comme un Rav doit se comporter, avec dignité, car il en va de l’honneur de la Torah, que je m’efforce de représenter et de diffuser. Mais chez moi, je suis avant tout un père, qui doit être bon et aimant avec ses enfants afin de leur transmettre l’amour de la Torah et des mitsvot. Je remplis en somme le rôle que la Torah donne aux parents vis-à-vis de leurs enfants. »
À la fin du repas, la jeune fille déclara qu’elle espérait que D.ieu allait lui pardonner toutes les fautes qu’elle avait commises au moment où elle n’était pas consciente de leur gravité. Et à l’issue du Chabbat, elle s’empressa de changer sa tenue pour en adopter une plus pudique, digne d’une vraie fille d’Israël.
Cet exemple nous démontre clairement la facilité avec laquelle il est possible d’acquérir la crainte du Ciel ; en fait, tout dépend de la volonté d’ouvrir son cœur à la Torah.
Cette jeune fille était venue dans le but d’écouter, et c’est pourquoi un seul Chabbat lui suffit à changer d’optique et de mode de vie.
DE LA HAFTARA
Haftara de la semaine : « Ô infortunée, battue par la tempête, privée de consolation ! (…) » (Yechaya, chap. 54)
Cette haftara est l’une des sept Chabbatot de consolation, lues à partir du Chabbat suivant le 9 Av. Il s’agit effectivement de paroles de consolation adressées au peuple d’Israël.
La coutume ashkénaze est de dire la haftara commençant par les mots « Ainsi parle l’Éternel : Le ciel est Mon trône et la terre Mon marchepied (…) » (Yéchayahou, chap. 66), renvoyant au Roch ‘Hodech qui tombe ce Chabbat. Même dans les communautés séfarades, certains ont la coutume d’ajouter à la haftara du chapitre 54 le premier et le dernier verset de la haftara « le ciel est Mon trône ».
CHEMIRAT HALACHONE
Maîtriser le pouvoir de la parole
L’homme doit s’entraîner en permanence à maîtriser sa parole, l’habitude menant à la maîtrise. Car en y regardant de plus près, on s’apercevra que la cause de la dramatique brèche de la médisance est due à l’habitude que chacun a prise depuis son plus jeune âge de dire ce qu’il veut, sans penser qu’il pourrait s’agir d’un interdit.
PAROLES DE NOS SAGES
Qui est le vainqueur de la guerre sainte ?
« Quand l’Éternel, ton Dieu, aura fait disparaître devant toi les peuples que tu vas déposséder, quand tu les auras dépossédés et que tu occuperas leur pays, prends garde de te fourvoyer sur leurs traces (…) » (Devarim 12, 29)
Il y eut des temps où notre peuple se trouva confronté à de terribles épreuves au niveau de leur foi, quand des vents d’hérésie se mirent à souffler très fort, faisant malheureusement tomber nombre de nos frères. Cependant, à notre époque, il n’est pas possible de trouver de véritables hérétiques – mais seulement deux types de personnes : les croyants et les insensés. Car quiconque a des yeux sur son visage ne peut être hérétique. La réalité de la foi est si claire et tangible qu’il est impossible de l’ignorer !
Nous vivons parmi trois cents millions de non-juifs qui veulent nous exterminer. Ils disposent d’armes biologiques et chimiques, à même de leur permettre d’anéantir le pays entier en deux heures et demie maximum. Et en pratique, que se passe-t-il ? Ils restent assis les bras croisés. Comment peut-on expliquer qu’ils ne passent pas à l’acte, si ce n’est du fait de la Providence qui nous protège de tout mal ?
La seule raison à notre survie jusque-là est le fait que nous ayons un Père aimant et miséricordieux qui nous protège ! Des empires prospères ont fini par s’effondrer, tandis que notre peuple n’a jamais quitté la scène de l’histoire ! Existe-t-il une autre explication logique que l’extraordinaire Providence du Roi suprême ? Pas besoin, pour le reconnaître, d’une foi exceptionnelle ; il suffit d’ouvrir les yeux et de ne pas ignorer les faits…
Rabénou Tam écrit, dans le Séfer Hayachar, qu’un hérétique reniant l’existence du Créateur ressemble à une bête qui, gardant obstinément la tête tournée vers le bas, s’écrie : « Il n’y a pas de ciel ! » « Animal ! pourrait-on lui répliquer, lève seulement la tête et tu verras qu’il y a un ciel ! »
En Israël, nous avons malheureusement l’habitude des guerres ; mais il est impossible de dire que depuis 1948, une seule d’entre elles se soit déroulée de manière naturelle. À commencer par la guerre d’Indépendance, où 600 000 de nos frères – hommes, femmes et enfants – ont dû faire face à un front commun de tous les pays arabes… Et contre toute attente, cet état naissant est sorti vainqueur. Était-ce une guerre naturelle ?
À l’époque de cette guerre vivait à Tel-Aviv un ange à l’allure humaine : Rabbi Aharon de Belz zatsal. Son existence entière était surnaturelle : il ne mangeait, ne buvait et ne dormait presque pas.
On raconte à ce propos qu’une fois, un médecin venu l’examiner releva sa faiblesse extrême. L’examen ne révéla aucun problème particulier, si ce n’est les conséquences d’une sous-nutrition extrême. Il fallait absolument qu’il boive et mange un repas consistant.
Que fit l’Admour ? Il ordonna à ses intendants de lui préparer un repas riche et sain correspondant fidèlement à la définition du praticien. Et lorsqu’on lui apprit que le repas, comprenant poisson, viande, soupe et compote, était prêt, il fit venir deux ba’hourim à qui il dit simplement : « Le médecin m’a ordonné de manger un repas complet pour préserver ma santé, mais je ne suis pas en mesure de l’ingérer. Or, nos Sages nous indiquent que l’émissaire d’un homme est comme lui ; je vous mandate donc pour manger à ma place ce repas ! »
Telle était la grandeur de Rabbi Aharon, Admour de Belz : un ange à l’apparence humaine…
Or, pour en revenir à la guerre d’Indépendance, il faut savoir que le saint homme resta debout, immobile comme un roc, pendant 24 heures, jusqu’à la fin des hostilités ! Un homme qui, en temps normal, avait du mal à tenir sur ses pieds et qu’il fallait porter sur une chaise d’une pièce à l’autre, est resté debout sans bouger pendant 24 heures en train de prier ! Est-ce que nous comprenons à présent à quel mérite la victoire prodigieuse peut être attribuée ? Non, ce n’est pas aux tanks ni aux avions de combat, mais à l’Admour de Belz et d’autres Tsadikim comme lui, qui protégèrent par leurs mérites le peuple vivant en Israël !
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
La valeur inestimable des mitsvot en Israël
La Providence divine sur la terre d’Israël est constante et éternelle ; Ses yeux sont tournés vers la Terre Sainte du début de l’année, depuis le jour de Roch Hachana, jusqu’au dernier, et ainsi de suite, si bien qu’il n’existe pas un seul jour où Il ne fait jouir Israël et ses habitants de Sa Providence particulière.
La raison en est que la terre d’Israël s’est distinguée de toutes les autres par sa grande sainteté. Il existe également des mitsvot particulières dépendantes de la Terre Sainte, comme les troumot et les maasserot, l’établissement d’un roi, les prémices, etc. Les habitants de diaspora n’ont pas la possibilité de les accomplir. Ainsi, la terre d’Israël jouit d’un surcroît de sainteté particulier par rapport aux autres pays, et ce, grâce aux mitsvot dépendantes d’Israël, outre la Providence divine constante dont elle jouit.
Les ouvrages saints expliquent par ailleurs que l’homme a 248 membres et 365 tendons, en parallèle aux 613 mitsvot, si bien que chaque homme est en quelque sorte un rouleau de Torah vivant, chaque membre faisant pendant à une certaine mitsva de la Torah. Or, les 613 mitsvot incluant celles qui ne s’appliquent qu’en Terre Sainte, les membres qui correspondent à ces mitsvot en particulier sont en quelque sorte infligés d’un manque lorsque l’homme vit en dehors d’Israël.
Par contre, un Juif qui vit en Israël et accomplit l’ensemble des mitsvot, y compris celles spécifiques à cette terre, permet à son corps d’atteindre une certaine complétude dans la Torah et les mitsvot. Et bien qu’en l’absence du Temple, de nombreuses mitsvot ne soient plus à notre portée, celui qui attend la construction du Temple reçoit un salaire pour toutes les mitsvot, car il n’est pas responsable de cette absence.
Mais dans sa ruse, le mauvais penchant sait combien est importante la mitsva d’habiter en terre d’Israël et le haut niveau qu’il est possible d’y atteindre par l’accomplissement de ses mitsvot spécifiques. C’est pourquoi il tente par tous les moyens de lui placer des embûches l’empêchant de sanctifier son corps par l’accomplissement de toutes les mitsvot mentionnées dans la Torah. À nous de le combattre résolument !
PERLES DE LA PARACHA
Annuler les mauvais jours
« Voyez, je vous propose en ce jour, d’une part la bénédiction, la malédiction de l’autre. » (Devarim 11, 26)
A priori, le mot « aujourd’hui » semble superflu, et on aurait pu se contenter de dire : « Voyez, je vous propose d’une part la bénédiction (…) ».
Voici la réponse que nous propose Rabbi Yossef ‘Haim de Bagdad, dans son Ben Ich ‘Haï :
Hachem a donné au peuple juif cinq bons jours par année : Roch Hachana, le premier jour de Souccot, Chemini Atséret, le premier jour de Pessa’h et la fête de Chavouot.
Si les enfants d’Israël observaient ces cinq jours selon leurs différentes lois, ils échapperaient aux cinq jours négatifs que sont le jeûne de Guédalia, le 10 Tévet, le 17 Tamouz, le 9 et le 10 Av (sachant que la majorité du Temple brûla le second jour).
Tel est donc le sens du verset cité en préambule : « Voyez, je vous propose en ce jour (ha-yom) ». Sachant que la lettre hé a une valeur numérique de 5, cela revient en quelque sorte à dire : « Je vous donne cinq jours » – cinq jours de bénédiction et cinq de malédiction, et si vous respectez bien ces jours de fêtes, qui évoquent la bénédiction, vous échapperez aux jours teintés de malédiction.
L’alimentation, un impact héréditaire
« Ne le mange point ! Afin que tu sois heureux, toi et tes enfants après toi, pour avoir fait ce qui plaît au Seigneur. » (Devarim 12, 25)
Un exégète non-juif de la Bible demanda une fois à Rabbi Yonathan Eibeschutz : « Pourquoi est-ce que l’Ancien Testament ajoute-t-il, précisément concernant l’interdit de consommer du sang, la bénédiction “afin que tu sois heureux, toi et tes enfants après toi” ? »
Voici la réponse de Rabbi Yonathan : « Comme il est expliqué, la Torah a interdit la consommation de sang, du fait qu’il obstrue le cœur et ancre en l’homme la cruauté, défaut qui passe de manière héréditaire des parents aux enfants. C’est pourquoi le Texte précise que ce n’est pas bon pour les parents comme pour les enfants. La Torah nous engage à ne pas manger de sang pour que nous ayons, ainsi que nos enfants, un caractère raffiné et ne soyons pas cruels ! »
Tous les doigts ne sont pas égaux
« Que s’il y a chez toi un indigent, d’entre tes frères, dans l’une de tes villes, au pays que l’Éternel, ton D.ieu, te destine, tu n’endurciras point ton cœur, ni ne fermeras ta main à ton frère nécessiteux. » (Devarim 15, 7)
Ensuite, la Torah détaille ce que nous devons faire avec notre frère indigent : « Ouvre-lui plutôt ta main ! Prête-lui en raison de ses besoins, de ce qui peut lui manquer ! »
Le Gaon de Vilna explique que le Texte évoque ainsi allusivement l’ordre exact à répéter dans le don de la tsédaka : si l’homme plie ses doigts, ils ont tous l’air égaux, tandis que quand sa main est ouverte, on voit bien que ce n’est pas le cas.
Or, le verset précise qu’il faut fournir au nécessiteux « en raison de ses besoins, de ce qui peut lui manquer » – même un cheval en guise de monture et un serviteur pour courir devant lui. En d’autres termes, il faut donner à chacun selon son rang et sa valeur, ce qui nécessite un examen approfondi pour distinguer les uns des autres.
La Torah précise alors : « Tu ne fermeras pas ta main », car dans ce cas, les doigts ont tous l’air de même longueur. Au contraire, « ouvre-lui plutôt ta main », et tu verras bien que les doigts ne sont pas de longueur exacte – tu discerneras les différences entre pauvres.