Parachat Ha'azinou 5 Octobre 2024 ה' תשרי תשפ"ה |
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« Écoutez, cieux, je vais parler, et que la terre entende... »
Rabbi David Hanania Pinto
« Écoutez, cieux, je vais parler, et que la terre entende les paroles de ma bouche. » (Dévarim 32, 1)
Cette paracha est lue, cette année, entre Yom Kippour, un jour exceptionnellement puissant où le Créateur pardonne les fautes d’Israël, et Souccot, moment de joie particulière. Quel est le lien entre les deux ?
« Écoutez, cieux ». Lorsque Moché Rabénou est monté dans le Ciel après la faute du veau d’or et qu’il est descendu avec les deuxièmes Tables de la Loi, il a reçu l’annonce divine « J’ai pardonné selon Ta demande », à savoir qu’Hachem pardonnait la faute du veau d’or, annonce qui a justement résonné le jour de Kippour.
Il me semble que la puissance de ce jour redoutable et saint, qui est un jour de pardon pour toutes les générations, pendant lequel Hachem nous purifie de nos fautes – comme il est dit : « Car en ce jour, il sera fait expiation sur vous pour vous purifier de toutes vos fautes ; vous vous purifierez devant l’Eternel » – a en quelque sorte été mise en place par Moché Rabénou, étant donné qu’il s’est dévoué en faveur des enfants d’Israël par sa prière et ses supplications, qu’en ce jour, Hachem a agréées. Depuis lors, chaque année cette même date a été fixée comme jour de pardon et d’expiation.
Toutefois, pour mériter cette expiation, une condition indispensable est nécessaire, à laquelle fait allusion le verset « car en ce jour (ki bayom hazé) il sera fait expiation ». Le mot hazé, qui veut dire « celui-là », a la même valeur numérique (17) que le mot tov, qui désigne le bien, autrement dit la Torah. Ainsi, l’expiation de Yom Kippour dépend de l’acceptation du joug du Royaume céleste ainsi que de celui de la Torah et des mitsvot, puisque, comme le dit le Créateur, « J’ai créé le mauvais penchant, Je lui ai créé la Torah comme condiment » – ce n’est que par la Torah que l’on peut surmonter le mauvais penchant qui incite à fauter encore. Par contre, si l’homme s’engage dans une démarche de repentir sans prendre sur lui le joug de la Torah, sa téchouva ne sera certainement pas utile.
D’ailleurs, en ce jour, Moché ne descendit pas du Sinaï les mains vides, mais avec les deuxièmes Tables de la Loi, pour souligner que l’expiation de ce jour dépend de l’attachement de l’homme à Hachem et à la Torah, qui ne forment qu’un, et c’est là l’explication de notre verset introductif : « Écoutez la Torah que je vous ai descendue du Ciel ! »
Quant aux mots « Et que la terre entende », ils font allusion à la dimension de la fête de Souccot, pendant laquelle nous vivons sous un toit nécessairement constitué de végétaux, issus de la terre.
Par ce verset, Moché Rabénou répond en quelque sorte à notre question concernant le lien entre Yom Kippour et Souccot qui s’enchaînent, ainsi que celui avec la paracha : on lie la dimension de Yom Kippour, de l’ordre du ciel, à celle de Souccot, qui renvoie à la terre, puisqu’on utilise obligatoirement pour la soucca un toit issu d’un produit de la terre.
Autre indication importante : pour être valable, ce toit doit obligatoirement être détaché de la terre, comme l’explique la Guémara. De même, l’homme doit être détaché des contingences matérielles de ce monde. Car, si l’on veut prolonger la sainteté de Yom Kippour à toute l’année, il faut mettre sa tête et la majorité de son être dans la soucca, qui évoque l’aspect éphémère de ce monde. C’est ainsi que l’on pourra lier le jour si saint de Kippour au reste de l’année, lier l’esprit et la matière, ce monde et le suivant.
La voie qui nous permet d’y parvenir se trouve aussi dans la fête de Souccot, puisque d’après le Zohar, la soucca est appelée « l’ombre de la foi » et de la Présence divine, sous les ailes de laquelle nous nous réfugions.
Je me souviens que mon père, le Tsadik Rabbi Moché Aharon Pinto zatsal, préparait une petite chaise pour accueillir les ouchpizin – nos saints patriarches. Et lorsqu’il pénétrait dans la soucca, il les accueillait à voix haute, comme s’il les voyait face à lui. Et même si nous autres, enfants, ne les voyions pas, nous ressentions à travers la foi pure et authentique de Papa la présence des ouchpizin dans la soucca, et ce fait est resté profondément gravé dans notre cœur pendant des années.
Nous sommes ainsi parvenus à comprendre en profondeur pourquoi la fête de Souccot suit immédiatement le jour de Kippour, et en avons déduit la voie permettant de prolonger l’éclairage et la sainteté de Yom Kippour à toute l’année : nous devons être détachés de ce monde et lier la spiritualité à la matérialité, ce qui n’est possible que si l’on est fortement attachés à la foi en D.ieu et dans les Tsadikim.
GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA
La téchouva : un travail de longue haleine…
Lors d’un pèlerinage sur les tombes des Tsadikim d’Europe, j’exprimai le désir de passer un Chabbat en Ukraine, sur la tombe du Baal Chem Tov, puisse son mérite nous protéger.
Je demandai au responsable de ce site saint de nous préparer une chambre convenable et, au souvenir des années précédentes, insistai pour qu’elle soit propre, sans le moindre insecte – car leur présence m’avait beaucoup dérangé.
Je découvris effectivement une chambre propre et rangée, mais je ne parvenais pas à me défaire de la peur qu’une de ces créatures se cache dans l’un des recoins de la pièce et sorte de son trou à la faveur de la nuit pour se promener dans la chambre… C’est pourquoi je demandai à l’un de mes accompagnateurs d’aller acheter un produit contre les insectes et d’en vaporiser dans la chambre. Or, à peine avait-il terminé la vaporisation que d’innombrables insectes en tout genre sortirent de leurs cachettes et se mirent à tourner tranquillement dans la chambre. Je refusai bien entendu de dormir dans une telle chambre tant qu’elle n’aurait pas été nettoyée à fond.
Cependant, au même moment, la pensée suivante se glissa dans mon esprit : « Tu vois, David, il en va exactement de même concernant le repentir : l’homme se prépare dûment pendant quarante jours, scrutant ses actes et faisant tous les efforts pour s’éloigner du mal et se repentir complètement. Il croit alors naïvement que, grâce à D.ieu, le travail est terminé et qu’il est maintenant propre, dénué de toute faute… Et voilà que soudain, justement en ces instants les plus saints et les plus élevés, toutes sortes d’“insectes” et autres “moustiques” lui viennent à l’esprit – mauvaises pensées qui étaient en fait présentes jusque-là, mais de manière latente, cachées dans des recoins de son esprit. Il pensait en avoir terminé avec elles, mais voilà qu’il découvre soudain, stupéfait, qu’il a encore beaucoup de choses à réparer et à améliorer, et que le chemin vers la perfection de son être est encore long... »
C’est en quelque sorte un reproche explicite à tous ceux qui croient à tort que, d’un balayage de la main et en seulement un jour ou deux, il est possible de nettoyer le cœur de tout mal et de se repentir complètement. Si nos Sages ont fixé une période de quarante jours pour se repentir, il est évident qu’ils savaient clairement qu’une période plus courte ne serait pas suffisante. Car, si l’on vérifie dans les moindres recoins du cœur, après cette téchouva « express », on découvrira que les taches sont encore nombreuses et qu’il reste beaucoup de travail…
DE LA HAFTARA
« David parla (…) » (Chmouel 2, 22)
Lien avec la paracha : dans la haftara, il est question de la Chira, le cantique de David Hamélekh, en parallèle à celui de Moché Rabénou, évoqué dans notre paracha.
CHEMIRAT HALACHONE
Du colportage parfaitement véridique
Il est interdit de se livrer au colportage, même de faits parfaitement justes, même si ce n’est pas devant le « coupable » et même si l’on sait qu’on l’aurait dit devant lui. À plus forte raison cela est-il interdit de dire effrontément à celui-ci devant sa victime : « Tu as parlé de lui », ou « tu lui as fait ceci ou cela ».
Dans un tel cas, la faute du rapporteur est encore bien plus grande, puisqu’il inspire à cette dernière une haine intense contre celui qui l’aurait lésée et que désormais, elle va prendre cela pour la vérité absolue, en se disant que si ce n’était pas vrai, il n’aurait pas osé s’exprimer ainsi devant cette personne.
PAROLES DE TSADIKIM
Remplir ses batteries de joie et échapper à toute souffrance
Un homme happé par la passion du gain, nous met en garde le Gaon Rav Reouven Elbaz chlita, perd toute mesure et équilibre dans la vie, quand rien ne lui importe que l’envie d’accumuler d’avantage d’argent et de biens!
L’argent le rend fou, trouble son cœur jusqu’à ce que toute sa vie devienne une course aux gains rapides, et il se trouve en danger.
Le but de l’argent dans ce monde n’est pas d’en accumuler un maximum, mais d’accomplir les mitsvot divines avec envie et joie, enthousiasme et flamme pour tout ce qui a trait à la sainteté, de l’ordre d’une «pièce de feu»!
Nombreux sont les récits dont il faut s’inspirer pour ne pas oublier un seul instant que nous ne faisons rien et que tout vient du Ciel – « car tout vient de Toi et c’est de Ta Main que l’on T’a donné » (Divré Hayamim I 29, 14). En voici un, que nous relate le Rav Elbaz :
« J’ai rencontré un couple dont chacun des conjoints a un salaire mensuel de dizaines de milliers de shekels, d’après ce que m’a dit une connaissance. En discutant avec eux, ils m’ont fait part du fait qu’ils allaient bientôt se rendre en diaspora.
– Qu’allez-vous rapporter à vos enfants de votre séjour ? leur ai-je demandé en souriant.
Tristement, ils me répondirent qu’ils n’avaient pas d’enfants. Il est impossible de décrire la douleur terrible qui transparaissait sur leurs visages. »
Moralité : il faut se réjouir de ce que l’on a, et non pas se focaliser sur ce que l’on n’a pas, vivre avec foi et confiance en D.ieu, Le remercier pour tout ce qu’Il nous donne, et nous souvenir qu’il ne faut viser qu’un objectif : accomplir Sa volonté et Le servir d’un cœur entier.
« Qui est heureux ? Celui qui se réjouit de son lot », affirment les Pirké Avot (4, 1).
Le niveau de bonheur n’est pas forcément proportionnel à celui de richesse. Dans de nombreux cas, c’est au contraire justement la richesse qui chasse la joie et la sérénité et cause douleur et souci.
La soucca est une ségoula pour échapper à tout malheur, à toute détresse. Ainsi tranche la Michna : « Celui qui est souffrant, est dispensé de la soucca », et le Tiféret Chlomo explique cette affirmation littéralement : celui qui souffre, est proie à la détresse, devient patour, c’est-à-dire complètement dispensé de ses souffrances, douleurs, difficultés et détresse… de la soucca, c’est-à-dire par le pouvoir de Souccot, par les immenses bénédictions que cette fête recèle !
ZOOM SUR LA PÉRIODE
Une promesse pour l’avenir
« Et tu seras seulement joyeux », énonce la Torah, ce que Rachi explique dans son sens littéral comme l’expression d’une promesse et non d’un ordre.
Le Even Ezra commente, quant à lui, que « si tu es joyeux à Souccot, tu mériteras qu’Il te bénisse à l’avenir et tu seras toujours joyeux ! »
Selon la nature des choses
Abrabanel zatsal écrit que « le principe ici est de promettre à l’homme que s’il se réjouit lors de la fête de Souccot, il sera heureux et joyeux toute l’année. Et si tu t’attristes au début de l’année, tu connaîtras ensuite la tristesse, car telle est la nature des choses que celui qui se réjouit de son sort atteint la joie, et celui qui soupire sans raison ne cessera de soupirer toute sa vie.
La promesse d’une bonne année
Le Pélé Yoèts évoque l’importance de la mitsva de se réjouir lors de la fête de Souccot d’une joie procurée par la mitsva, qui est de bon augure pour l’année qui s’ouvre. Comme l’ont écrit les élèves du Ari Zal, celui qui se réjouira et ne sera pas du tout contrarié pendant toute la durée de la sainte fête a la garantie de connaître une bonne année et d’être toujours joyeux.
On en déduit qu’il ne devra pas se faire violence pour oublier sa tristesse et ses contrariétés, et se réjouir chaque jour d’une nouvelle joie, celle de la mitsva.
Car, s’étant réjoui à Souccot, il est béni d’une brakha immense et unique : être toujours heureux ! Autrement dit, il aura tous les éléments qui apportent la joie : la subsistance, la santé et tous les bienfaits de ce monde.
La chemise du bonheur
Dans l’ouvrage Otsarot Hatorah, il est question d’un des dirigeants du monde oriental, qui n’était pas heureux dans la vie.
Il se rendit chez un Sage, qui lui recommanda de chercher un homme heureux et de revêtir sa chemise.
Notre ami s’empressa de rechercher un tel individu, passant de ville. Il enfila tour à tour les vêtements de rois, de princes et de ministres. En vain !
Il revêtit ensuite une tenue d’artiste, de chef militaire, de commerçant, mais rien n’y fit. Exténué par ses vaines recherches, il décida de rentrer chez lui.
En chemin, il croisa un fermier occupé à labourer son champ ; la mine réjouie, l’homme fredonnait une petite chanson.
« Est-ce que tu es heureux ? l’interrogea notre ami.
– Oui, répondit l’autre.
– Est-ce que tu ne manques de rien ?
– Non, je ne manque de rien.
– Est-ce que tu pourrais me vendre ta chemise ? enchaîna-t-il, pris d’un soudain espoir.
– Je n’en ai pas, lui répondit le fermier. Celle que je porte m’a été prêtée… »
DANS LA SALLE DU TRÉSOR
Rabbi David Hanania Pinto
Une fumée « longue portée »
Après l’atmosphère exaltante de Yom Kippour, nous allons nous pencher quelque peu sur le culte que fait le Cohen Gadol en ce jour, dans le Saint des Saints. A priori, pourquoi le Grand Prêtre avait-il l’obligation de placer la pelle, contenant l’encens précisément, entre les barres de l’Arche ?
En outre, pourquoi devait-il, une fois la pelle mise en place, attendre que l’endroit s’emplisse de fumée, alors que le séjour dans le Saint des Saints représentait un danger pour sa vie ? On voit d’ailleurs qu’il se montrait bref dans sa prière pour le peuple juif, car celui-ci, voyant qu’il tarde à sortir, pourrait redouter le pire.
Le jour de Kippour, le Cohen Gadol ressemble à un roi, avec des vêtements d’or puis des blancs, escorté par tous ses frères ; il émane de lui gloire et magnificence ; c’est pourquoi on l’engage à entrer dans le Temple pour ressentir que sa valeur est limitée et que cette grandeur ne provient que du fait qu’il est envoyé pour prier dans le lieu le plus saint en faveur de tous.
De plus, la pelle qu’il porte contient les encens à l’odeur agréable, bien que sa composition inclue la lévona dont le parfum est nauséabond, pour faire allusion au fait qu’il faut inclure, à l’ensemble des demandes, également les impies.
Muni de cette pelle, le Cohen Gadol pénètre donc en ce lieu saint, où il voit l’Arche, qui symbolise ceux qui étudient la Torah, ainsi que les barres, représentant ceux qui la soutiennent. En outre, l’Arche est surmontée des chérubins, et nos Sages soulignent que, lorsqu’on accomplit la volonté du Créateur, les faces des chérubins sont tournées l’une vers l’autre, en signe de fraternité, de paix et d’amour.
Face à tous ces symboles, le Cohen Gadol s’emplit d’humilité, et s’empresse d’implorer la Miséricorde divine pour la collectivité comme l’individu, petit et grand, juste et impie – car tous sont importants aux yeux de D.ieu. Et en voyant la fumée emplir tout l’espace et lui brouiller la vue, il réalise l’importance de l’unité parmi notre peuple.
Rappelons, pour conclure, ces paroles de nos Sages (Yoma 9b) : « Du fait de la haine gratuite, le Temple a été détruit, et il ne sera reconstruit que grâce à l’amour gratuit. »
LA FEMME VERTUEUSE
A la mémoire de la Rabbanit Mazal Tov bat Mo'ha Sim'ha Zal
"Rendez-lui hommage pour le fruit de ses mains, et qu’aux Portes ses œuvres disent son éloge !"
Dans ce numéro, où nous nous penchons sur le verset de clôture du Echet ‘Hayil, l’hymne à la femme vertueuse composé par le roi Salomon, nous clôturons cette rubrique dédiée à la mémoire de la pieuse Rabbanite Mazal Pinto, fidèle compagne de notre Maître Rabbi Moché Aharon Pinto, que leur mérite nous protège. La Rabbanite, dont toute la vie ne fut que vertu, crainte du Ciel et aspiration à satisfaire le Créateur, a eu le mérite, après sa disparition, qu’on lui rende « hommage pour le fruit de ses mains, et [qu’] aux Portes, ses œuvres disent son éloge ».
Et cependant, nous cherchons toujours la consolation… À ce propos, notre Maître a souligné que « de même que Rabbi Yo’hanan a trouvé la consolation dans la Torah suite à la lourde perte qu’il subit, nous aussi, grâce à D.ieu, trouvons notre apaisement dans la Torah que nous a inculquée notre mère, car tout ce qui est à nous, en nous, est à notre père et à elle, revient à nos chers parents. Notre père n’aurait pu atteindre un tel niveau de perfection sans son appui constant. Maman, de mémoire bénie, prit sur elle la gestion du foyer et le joug de l’éducation des enfants, uniquement pour que notre saint père soit disponible jour et nuit pour le Service divin.
« Et de même que son aspiration était de mériter un mari Tsadik et saint, elle espérait de tout cœur avoir des enfants Tsadikim, des hommes de Torah se consacrant à la Torah et aux mitsvot, et elle se sacrifia dans ce but. Grâce à D.ieu, elle a eu le mérite de voir le fruit de ses efforts. »
Le but de cette rubrique, développée ces derniers mois, est que la prochaine génération, ceux qui tiennent à présent ce journal et lisent avec intérêt ces révélations sur la grandeur de la Rabbanite, sachent quelle est la voie à suivre, celle des hommes droits et justes, mais aussi celle des femmes vertueuses, qui leur permettent d’arriver à ce niveau.
Elle a raison !
Il paraît qu’un beau matin, à son réveil, le Rav de Brisk, Rabbi Its’hak Zeev Soloveitchik zatsal, raconta qu’il avait rêvé de sa mère, la Tsadéket Lipsha, qu’elle repose en paix. Celle-ci lui demandait pourquoi elle n’était pas mentionnée dans l’introduction du livre de son mari.
Le Rav de Brisk s’empressa de demander conseil au Dayan de la ville, le Gaon Rabbi Sim’ha Zelig Riger zatsal.
« Elle a raison, trancha le Maître, il faut la mentionner dans le livre. »
Et effectivement, à la fin de la préface de l’œuvre de Rabbi ‘Haïm de Brisk sur le Rambam, sa mémoire est évoquée en termes élogieux : « Elle était une femme unique en son genre, par sa pudeur, sa pureté d’âme et ses vertus remarquables, ainsi que son réel dévouement à la Torah, de tout son cœur et de toute son âme. »
Sur cette anecdote, le Gaon Rabbi Aharon Yéhouda Leib Steinmann zatsal s’étonna : « Cette femme vertueuse était déjà présente dans le Monde de Vérité, recevant certainement une récompense immense pour ses actes et son dévouement à la Torah – et on sait la confiance totale qu’avait en elle son mari, à qui elle permit de se consacrer à l’étude en toute sérénité. Dans ce cas, en quoi des louanges inscrites dans ce monde de vanité pouvaient-elles lui importer ? Comment comprendre qu’elle ait fait l’effort de se dévoiler à son fils depuis le monde de Vérité pour cela ?! »
Et de répondre qu’elle n’en avait certainement pas besoin, mais qu’une telle dédicace renforcerait les femmes d’érudits, qui aideraient leurs maris de plus belle, en voyant leurs efforts appréciés ! »
D’ailleurs, le Rav Steinman a rapporté cette anecdote à l’occasion de l’un de ses voyages de renforcement du Judaïsme de diaspora, en compagnie de l’Admour de Gour chlita. À l’issue de cette tournée, alors qu’ils attendaient leur vol de retour à l’aéroport, le Rav Steinman demanda à ses accompagnateurs combien de temps il leur restait jusqu’à l’embarquement. « Environ deux heures », lui répondirent-ils.
Le Rav exprima alors le désir de profiter de ce laps de temps pour étudier la Torah, et demanda qu’on lui passe sa Guémara. Mais avant de se plonger dans l’étude, il les interrogea : « Avez-vous acheté des cadeaux pour vos femmes ? » et d’expliquer aussitôt sa question : « Vous avez quitté votre foyer pour plusieurs jours, si bien que toutes les responsabilités sont retombées sur vos épouses. Il convient donc de leur exprimer de l’estime d’avoir assumé seules la gestion de vos foyers pour vous permettre de voyager sereinement. » Il ajouta ensuite l’histoire rapportée ci-dessus, du rêve suite auquel on ajouta dans l’ouvrage de Rabbi ‘Haïm de Brisk une mention spéciale à son épouse, pour ses vertus exceptionnelles et son abnégation hors norme en faveur de la Torah et de ceux qui l’étudient.
C’est aussi ce qui caractérisait la Rabbanite Mazal Pinto, qu’elle repose en paix. Elle a eu le privilège d’élever une prestigieuse descendance, et en particulier notre Maître le Gaon et Tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chlita, dont la réputation n’est plus à faire dans les trois domaines assurant la pérennité de l’univers, à savoir la Torah, le Service divin et la bienfaisance. Elle mérite vraiment qu’on lui applique le verset « Rendez-lui hommage pour le fruit de ses mains, et qu’aux Portes ses œuvres disent son éloge » !