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Parachat Mikèts

28 Décembre 2024

כז כסלו התשפ"ה

Horaires de Chabbat
Localité Allumage Fin de Chabbat Rabbenou tam
Paris 16h42 17h56 18h46
Lyon 16h44 17h55 18h41
Marseille 16h51 17h59 18h43
Tel Aviv 16h23 17h25 17h57
Jerusalem 16h08 17h24 17h56

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Une grande obscurité repoussée par un petit rayon de lumière

Rabbi David Hanania Pinto

« Après un intervalle de deux années, Paro eut un songe. » (Béréchit 41, 1)

Le Midrach (Béréchit Rabba chap. 89, 1) commente : « C’est ce qui est écrit : “Il a mis une fin à l’obscurité.” Un nombre d’années avait été fixé pour le séjour de Yossef dans l’obscurité de la prison. Lorsque leur terme arriva, Paro fit un rêve. »

Jusqu’à ce moment, Yossef était plongé dans le puits de la détresse, comme il le témoigna : « Car j’ai été enlevé, oui, enlevé du pays des Hébreux ; et ici non plus je n’avais rien fait lorsqu’on m’a jeté dans ce cachot. » (Béréchit 40, 15) Haï par ses frères, jaloux de lui, vendu pour être condamné à vivre loin de son foyer paternel, harcelé par la femme de Potifar désirant le faire fauter, finalement, Yossef vit la fin de tous ces malheurs. L’opacité disparaissait pour laisser place à la lumière.

Mais l’obscurité peut également être de nature spirituelle. En marge du verset « des ténèbres couvraient la face de l’abîme », le Midrach (Béréchit Rabba 2, 4) explique : « Les ténèbres font référence au royaume grec qui obscurcit les yeux des enfants d’Israël par leurs décrets. Il leur disait : “Ecrivez sur la corne des béliers que vous n’avez pas de part dans le D.ieu d’Israël.” » Les Grecs cherchèrent à détourner nos ancêtres de la Torah et des mitsvot. Une telle obscurité ne pouvait être chassée que par la lumière de la Torah. Car, lorsque celle-ci brille, l’opacité de la Grèce se dissipe, pour finalement disparaître complètement du monde.

Or, cette guerre se perpétue jusqu’à aujourd’hui. Car, si le royaume grec n’existe plus, sa culture corrompue persiste encore, tout comme sa volonté de causer l’oubli de la Torah. Seule son étude assidue est à même de faire briller sa lumière et de remédier ainsi à l’obscurité du monde.

Les miracles de ‘Hanouka, symbole de la victoire du spirituel, se perpétuent également jusqu’à aujourd’hui, alors que nous devons faire face aux persécutions de diverses nations cherchant à nous exterminer ou à nous éloigner de la Torah. Tout au long des générations, nous luttons contre ces deux types d’obscurité, spirituelle et physique. La Torah, au pouvoir protecteur, nous permet de sortir simultanément vainqueurs de ces deux guerres. A la venue du Machia’h, nous jouirons de la lumière spirituelle authentique, que nous aurons méritée grâce à notre détermination dans la lutte contre toutes les sortes d’obscurité rencontrées lors de l’exil, détermination s’appuyant sur notre étude de la Torah.

Lors de la fête de ‘Hanouka, nous allumons des bougies afin de chasser l’obscurité. Nous le faisons conformément à l’école d’Hillel, en allumant chaque jour une bougie de plus, exprimant ainsi notre devoir quotidien d’ajouter toujours un peu de Torah, seul moyen de contrer l’opacité de la Grèce, cherchant à souiller nos âmes. D’après l’école de Chamaï, nous devrions au contraire allumer chaque jour une bougie de moins, en rappel à la tentative des Grecs de nous éloigner de plus en plus de la Torah. Conscients que nos ancêtres ne les écouteraient pas s’ils leur disaient carrément de rejeter la Torah, ils s’y prirent progressivement. Cette ruse porta ses fruits, puisque de nombreux Juifs ne se rendirent pas compte du filet tendu ainsi devant eux ; ils se laissèrent séduire, goûtèrent à leur culture, pour finalement s’helléniser complètement.

La culture grecque peut être comparée au soir, symbole de l’obscurité. La nuit ne tombe pas d’un coup, mais progressivement. Le soleil commence à se coucher pour, bientôt, complètement disparaître et laisser place aux étoiles. Ce processus s’étend sur un long moment, jusqu’à ce qu’il fasse vraiment nuit. A cette image, les Grecs s’attaquèrent au peuple juif doucement mais sûrement, parvenant, à terme, à en couper la majorité de tout soupçon de judaïsme.

A Paris, lieu où règne la dépravation, les ba’hourim de notre Yéchiva parviennent malgré tout à s’éloigner de tous les attraits de ce monde pour se consacrer, avec entrain, à l’étude de la sainte Torah, dont l’éclat peut se lire sur leurs visages. D’où retirent-ils donc cette vaillance intérieure ? Quelle force secrète les attire-t-elle vers le monde de la Torah ? Telle est la vertu de la Torah, dont la lumière a la propriété de ramener l’homme vers le droit chemin et dont un seul rayon est en mesure de repousser une épaisse couche d’obscurité. A peine goûte-t-on de sa saveur subtile qu’il nous est difficile de nous en séparer, dans l’esprit du verset : « Goutez et voyez que l’Eternel est bon. » C’est ainsi que ces jeunes parviennent à maîtriser leur mauvais penchant.

C’est également ce qui explique la victoire des ‘Hachmonaïm, pourtant minoritaires, alors qu’un grand nombre de leurs frères s’étaient malheureusement hellénisés. Car, la petite lumière de la Torah qu’ils diffusèrent était suffisante pour dissiper l’obscurité ambiante et en soustraire le reste du peuple, qu’ils sauvèrent ainsi de l’emprise des Grecs.

D’après nos Maîtres (Midrach), les mots du verset « Les mandragores répandent leur parfum » (Chir Hachirim 7, 14) font référence à Réouven, tandis que la suite de celui-ci, « à nos portes se montrent les plus beaux fruits », renvoie aux bougies de ‘Hanouka, allumées sur le seuil de notre maison. Notre développement précédent donne tout son sens à ce Midrach : celui qui désire ressembler à Réouven, c’est-à-dire être un ben Torah, diffusant sa lumière, doit toujours chercher à aller de l’avant, à progresser dans la lumière de la Torah, à l’image des bougies de ‘Hanouka dont on allume une de plus chaque jour.

Puissions-nous avoir le mérite de rester fidèles à la Torah, de jouir toujours davantage de son éclairage et de chasser ainsi l’obscurité environnante. La lumière spirituelle reluira alors perpétuellement sur nous. Amen !

PAROLES DE TSADIKIM

De quoi les professeurs Goto et Tokno étaient impressionnés

« Paro envoya quérir Yossef qu’on fit sur-le-champ sortir de la geôle. » (Béréchit 41, 14)

Nous nous souvenons tous du terrible épisode lors duquel trois ba’hourim israéliens furent arrêtés et emprisonnés dans les prisons du Japon. Le monde juif entier chercha alors un moyen de les racheter. A cette occasion, une rencontre intéressante se déroula dans la maison du décisionnaire de la génération, Rav Wosner zatsal. Deux importants avocats japonais, professeur Goto et professeur Tokno, se déplacèrent jusqu’à Bné-Brak pour rencontrer cette sommité religieuse.

« Nous avons une grande dette de reconnaissance envers le Japon, commença le juste. Lors de l’Holocauste, votre pays sauva cinquante ba’hourim en leur donnant un visa japonais. Nous n’avons pas oublié cet épisode. » Le Rav faisait référence à l’ambassadeur japonais de Kaunas, capitale provisoire de la Lithuanie, qui avait été l’envoyé providentiel du sauvetage de nombreux Juifs et d’importantes Yéchivot d’Europe, comme celle de ‘Hakhmé Loublin. « Nous sommes reconnaissants envers le gouvernement japonais qui a sauvé une partie du monde des Yéchivot. »

L’avocat Goto demanda : « Quelle sanction le judaïsme religieux réserve-t-il aux personnes condamnables ? » Le Rav Wosner répondit : « De nos jours, notre pouvoir est limité. Nous n’avons pas de police et ne sommes pas en mesure d’appliquer des sanctions. Mais nous les excluons du peuple juif. » La gravité de son ton permit à ses interlocuteurs de comprendre, sans ambiguïté, que le judaïsme orthodoxe n’admet le péché sous aucune de ses formes.

L’avocat Tokno poursuivit : « Dommage que les juges ne voient pas et n’entendent pas ce que nous voyons et entendons ici, dans l’appartement du dirigeant spirituel juif. Ils auraient un tout autre regard sur le dossier des prisonniers du Japon. » Rav Wosner répondit : « J’espère que notre rencontre contribuera à vous aider à leur prouver l’innocence de ces enfants. »

Puis, il poursuivit : « Honorables avocats, j’aurais une requête à vous présenter. Je sais combien votre tâche est difficile et suis conscient des efforts que vous avez déjà déployés. Néanmoins, je vous demande de bien vouloir veiller, jusqu’à la fin du procès, à ce que ces enfants reçoivent de la nourriture cachère. L’histoire nous a prouvé que le Japon respecte la pratique du judaïsme ; vous avez donc sur quoi vous appuyer pour revendiquer que les deux jeunes se trouvant encore dans votre pays reçoivent de la nourriture cachère. »

C’était un grand moment. Les avocats, interdits, furent impressionnés par la préoccupation de ce Maître du peuple juif, un détail, à leurs yeux, anodin : la nourriture cachère pour les prisonniers. Il avait tenu à leur mentionner ce point avant leur départ, insistant pour qu’ils fassent le maximum à ce sujet.

Les deux avocats japonais réalisèrent la spécificité du peuple juif. Dans quelle autre nation la personnalité la plus respectable, occupant une place royale, comme ils l’ont défini, se rabaisserait-elle en se souciant de telles bagatelles ? Ils s’empressèrent de lui assurer qu’ils feraient tout leur possible pour lui donner satisfaction et remplir sa requête, exprimée avec tant d’émotion.

A la fin de la rencontre, les représentants japonais présentèrent, eux aussi, une requête : recevoir une bénédiction du Rav. Même ces non-juifs perçurent l’insigne mérite d’être bénis par un homme si grand. « Que votre intervention en faveur de ces jeunes vous donne le mérite de voir vos aspirations comblées ! » leur souhaita-t-il. Il les bénit ensuite de connaître la réussite dans le jugement.

DE LA HAFTARA

Haftara de la semaine : « Exulte et réjouis-toi (…) » (Zékharia chap. 2-4)

Lien avec la paracha : dans la haftara, sont mentionnés le candélabre et les bougies vus par le prophète, ce qui correspond au sujet du jour, l’allumage des bougies de ‘Hanouka.

CHEMIRAT HALACHONE

L’engagement et la confession

Si quelqu’un a déjà péché en donnant crédit à des propos médisants, il pourra réparer son erreur en s’efforçant de les effacer de son cœur et de ne plus y croire. Il se confessera également et s’engagera à ne plus récidiver dans ce domaine. De cette manière, il aura apporté une réparation à tous les commandements négatifs et positifs transgressés en accordant du crédit à de la médisance.

GUIDÉS PAR LA ÉMOUNA

Ne pas poser de questions

Je reçus un jour un appel téléphonique de Marseille, m’apprenant qu’une jeune fille de 29 ans venait de décéder de la maladie dont on préfère taire le nom. En entendant cela, je ne pus m’empêcher de me demander pourquoi des êtres innocents devaient souffrir et mourir.

Cette jeune fille avait récemment guéri et ses cheveux avaient recommencé à pousser. Tous ceux qui la connaissaient étaient heureux du miracle dont elle avait bénéficié. Pourtant, elle rechuta et la maladie finit par avoir raison d’elle. C’est ainsi qu’elle mourut très jeune, sans avoir eu le mérite de se marier ni de mettre au monde des enfants.

Telles furent mes premières pensées, suivies d’autres du même ordre, concernant la manière dont le Créateur régit le monde. Cependant, je finis par me secouer et prononçai à voix haute « Baroukh Dayan Haémeth – Béni soit le Juge de Vérité ».

J’eus la même réaction face à un album de photos datant de la Shoah – plus de cent clichés choquants pris pendant la guerre. Je sentais la colère me gagner, tandis que la question « Pourquoi des innocents ont-ils été si cruellement punis ? » se mit à me tourmenter. Mais, là aussi, je me repris bien vite, car de telles pensées nous sont inspirées par le mauvais penchant qui veut faire chanceler notre foi. Je me rappelai par ailleurs ces paroles d’encouragement que j’avais une fois entendues d’un grand Rav qui, à l’époque de la Shoah, avait dit que si un Juif entend une mauvaise nouvelle et se soumet au jugement céleste avec amour, en disant : « Béni soit le Juge de Vérité ! » avec ferveur et sans poser de questions, lorsqu’il arrivera au tribunal céleste, on se comportera avec lui de la même manière, sans lui demander pourquoi il a transgressé tel ou tel interdit.

En outre, je me rappelai que, quand un Juif est en proie à des malheurs, il doit les accepter avec amour, sans les remettre en cause ni poser de questions. Il lui est alors conseillé d’examiner ses actes en cherchant à déterminer s’ils sont à l’origine de ses malheurs et il aura ainsi le mérite de s’en repentir.

PERLES SUR LA PARACHA

La miséricorde à employer en faveur d’autrui

« Que le D.ieu tout-puissant vous donne de la compassion. » (Béréchit 43, 14)

A priori, il aurait été plus logique de dire : « Que le D.ieu tout-puissant vous prenne en compassion. »

Rabbi Moché Yé’hiel d’Ojrov zatsal explique que celui qui désire que le Ciel ait pitié de lui doit, tout d’abord, se conduire lui-même de la sorte à l’égard de son prochain, en vertu du principe énoncé par nos Sages : « Quiconque a pitié des gens, le Ciel le prend en pitié. » (Chabbat 151a)

Ainsi, Yaakov souhaita à ses fils de recevoir de l’Eternel la vertu de la compassion, afin qu’ils puissent l’utiliser en faveur d’autrui, puis, conséquemment, jouir eux-mêmes de cette disposition favorable de la part du Créateur.

L’assurance de faire bonne route

« Or, ils venaient de quitter la ville, ils en étaient à peu de distance, lorsque Yossef dit à l’intendant de sa maison : “Va, cours après ces hommes (…).” » (Béréchit 44, 4)

La formulation de ce verset semble souligner que, du fait que les frères de Yossef ne s’étaient pas encore trop éloignés, il a demandé à son intendant de les poursuivre. Quel rapport entre ces deux faits ?

Rabbi ‘Haïm Vital explique que la téfilat hadérekh a pour but de nous assurer la protection lors d’un voyage ; mais, nous ne la prononçons qu’après nous être éloignés d’au moins une parsa (environ 4 kilomètres) de la ville. Yossef, conscient qu’ils réciteraient cette prière en route, ordonna qu’on les poursuive avant qu’ils ne s’éloignent trop, c’est-à-dire avant qu’ils ne la prononcent.

Certains expliquent que Yossef ordonna qu’on remplisse leurs sacs de vivres « autant qu’ils en peuvent contenir », justement pour leur alourdir la charge et les empêcher d’avancer vite, ce qui lui permettrait de les poursuivre et de les rattraper plus facilement.

L’humilité de Yossef

« Yéhouda entra avec ses frères dans la demeure de Yossef, lequel s’y trouvait encore ; et ils se jetèrent à ses pieds contre terre. » (Béréchit 44, 14)

Rachi déduit des mots « lequel s’y trouvait encore » que Yossef les attendait là.

Dans son ouvrage Yisma’h Lev, Rav Lovinsky zatsal demande en quoi le fait que Yossef les attendait nous importe. L’expression « lequel s’y trouvait encore » semble superflue, puisque, si ses frères se jetèrent à ses pieds, il est évident qu’il se trouvait là.

Il explique qu’à travers ces mots, le texte saint fait allusion au niveau spirituel élevé de Yossef le juste. Bien que ses frères fussent venus se prosterner à lui, confirmant ainsi la véracité de ses rêves, il ne s’enorgueillit pas le moins du monde et resta humble, comme il l’avait été à l’heure où ils l’avaient jeté dans la citerne. Car, il était conscient que la grandeur dont il jouissait ne lui avait pas été accordée à titre personnel, mais faisait partie du plan divin selon lequel il devait être vice-roi afin de sauver sa famille des affres de la famine.

Tel est le sens des mots « lequel s’y trouvait encore » : au moment où ses frères se prosternèrent à lui, Yossef avait le même état d’esprit que quand il était dans le puits, ayant conservé son humilité.

DANS LA SALLE DU TRÉSOR

Rabbi David Hanania Pinto

Le lever du jour ou la fin de la discorde

« Après un intervalle de deux années, Paro eut un songe. » (Béréchit 41, 1)

Le Midrach (Béréchit Rabba chap. 89, 1) commente : « C’est ce qui est écrit : “Il a mis une fin à l’obscurité.” Un nombre d’années avait été défini pour le séjour de Yossef dans l’obscurité de la prison. Lorsque leur terme arriva, Paro fit un rêve. »

On peut expliquer que, lorsque la haine gratuite règne en maîtresse, que l’un cherche le mal de l’autre et ne le juge pas selon le bénéfice du doute, l’obscurité domine dans le monde. Car, quand l’homme voit l’autre face à lui, il éprouve des difficultés à le regarder à cause de la haine qui le nourrit à son égard, comme si un écran obscur les séparait. Puis, dès l’instant où il se réconcilie avec lui, la lumière revient l’éclairer ; il partage la joie de son prochain et le juge positivement. La paix devient alors dominante.

Tel est le sens profond du Midrach précité, à savoir que notre paracha marque la fin de l’obscurité dégagée par la haine entre les frères. En effet, jusque-là, les tribus haïssaient Yossef à cause de ses rêves à leur sujet, mais, à partir de ce moment, suite à un long intervalle où ils ne s’étaient pas vus, la haine s’était dissipée et ils se mirent à le languir et s’inquiéter à son sujet.

De son côté, Yossef leur avait pardonné leur dureté à son égard, conscient que « tout ce que le Miséricordieux fait est pour le bien ». Ainsi, notre section est celle de la réconciliation, de la fin de l’opacité. Jusque-là, les tribus étaient plongées dans l’obscurité et, dorénavant, elles se rapprochèrent et une lumière poignit, chassant toute trace de haine et de désaccord.

Tel est aussi, allusivement, le sens du verset : « Il fut soir, il fut matin. » (Béréchit 1, 5) D’après nos Sages, le terme vayéhi connote la souffrance. Quelle est la cause de la souffrance ? L’obscurité diffusée par la haine entre les hommes. Notons, en outre, que le mot érev (soir) est composé des mêmes lettres que le mot baar du verset « J’étais un sot (baar), ne sachant rien » (Téhilim 73, 22), laissant entendre que celui qui hait son prochain vit dans l’obscurité du soir et se conduit comme un sot.

Enfin, le mot érev peut aussi être rapproché du mot arvout (solidarité), allusion au fait que les Juifs sont garants l’un de l’autre. Lorsque cette solidarité fait défaut au sein de notre peuple et que les hommes se haïssent mutuellement, ils sont plongés dans une obscurité semblable au soir. Par contre, lorsqu’ils coexistent dans un climat de paix et d’amour gratuit, c’est le « matin », autrement dit, une atmosphère de joie éclaire le monde. Le terme boker est composé des mêmes lettres que le terme karov (proche), écho au rapprochement des cœurs et à une conduite solidaire qui engendrent un éclat semblable au jour, la lumière éblouissante de la paix et de la fraternité.

SUJET DU JOUR

Parfaire une mitsva en corrigeant ses traits de caractère

Le Roch Yéchiva de Torat Or, Rav ‘Haïm Pin’has Sheinberg zatsal, affirmait que les jours de ‘Hanouka sont propices à une élévation dans la Torah, car c’est à cette période de l’année que les secrets de celle-ci furent transmis à Moché, comme le souligne le ‘Hatam Sofer. D’ailleurs, ce dernier eut lui-même la plupart de ses ‘hidouchim durant la fête des lumières. Dans la si’ha qu’il prononçait à ‘Hanouka, Rav Sheinberg citait le Pri Magadim selon lequel les Grecs ne cherchaient pas uniquement à entraver l’étude de la Torah, mais aussi toute implication dans sa sagesse.

En d’autres termes, ils désiraient abolir chez nos ancêtres la finesse de compréhension de la Torah en les empêchant de l’étudier en profondeur. C’est pourquoi, précisément à ‘Hanouka, il nous incombe d’étudier en investissant toute notre réflexion.

Le Roch Yéchiva avait l’habitude de s’adresser ainsi aux ba’hourim : « Sachez que chacun d’entre vous peut devenir un érudit, un Roch Yéchiva et écrire des livres de ‘hidouchim sur la Torah. » Parfois, quand il parlait à de plus jeunes enfants, il le faisait de manière simple et claire, disant : « Chacun d’entre vous est capable d’écrire Tabbaat Ha’hochen [commentaire qu’il rédigea sur le Ktsot Ha’hochen]. Que pensez-vous, que je suis arrivé en un jour à écrire des ‘hidouché Torah ? J’ai commencé à en écrire un peu, puis encore un peu. Sachez que la spiritualité est, par nature, miraculeuse. Lorsque les ‘Hachmonaïm trouvèrent une petite fiole d’huile pure, elle n’était supposée brûler qu’un seul jour, mais continua de brûler sept jours supplémentaires. Celui qui se mesure d’après ses forces ne pourra pas beaucoup avancer dans l’étude et ne deviendra rien. Il faut savoir que le miracle caractérise essentiellement le spirituel. C’est pourquoi nos Maîtres se sont montrés stricts pour que nous publiions le miracle de ‘Hanouka, afin que nous comprenions que le miracle est la nature même du spirituel. »

Nous avons choisi de nous concentrer sur le sujet de l’amélioration des traits de caractère, en nous penchant sur les vertus raffinées du Roch Yéchiva, décrites dans l’ouvrage Migadlato Oumiromamto.

Lors du cours de halakha précédant la fête de ‘Hanouka, il citait le ‘Hessed Lé-Avraham selon lequel « la plus grande perfection concernant l’ustensile dans lequel on allume les lumières de ‘Hanouka est d’utiliser une ‘hanoukia en argent ». Il ajoutait que, d’après lui, l’essentiel était d’allumer l’huile directement dans la ‘hanoukia, et non dans de petits verres, car, le cas échéant, on perd presque tout le hidour mitsva.

A la fin du cours, des élèves s’approchèrent de lui pour souligner leur étonnement : « Pourtant, notre Maître lui-même allume dans de petits verres placés sur sa ‘hanoukia d’argent. » Il leur répondit : « Si j’allumais directement sur la ‘hanoukia, il serait bien plus difficile à la Rabbanite de la nettoyer après la fête. Comment pourrais-je perfectionner cette mitsva sur son compte ? »

Veiller à ne causer de peine à personne

Rav Sheinberg ne pouvait supporter de voir son prochain souffrir, en particulier par sa faute. Même si quelqu’un méritait qu’on le sermonne, il veillait à ne pas lui causer de peine ni à tirer gloire de son blâme.

De temps à autre, il avait l’habitude de faire le tour des chambres, après la prière, afin de réveiller les ba’hourim qui ne s’étaient pas levés. Se visites étaient, pour ses élèves, de véritables leçons de savoir-vivre, notamment concernant la manière correcte de réprimander autrui. Le Maître donnait à chaque ba’hour le sentiment qu’il l’estimait et comprenait ses excuses et, surtout, veillait à ne pas le blesser.

Il arriva une fois que, lorsqu’il voulut entrer dans une chambre, il trouvât la porte fermée à clé. Il y frappa alors et l’un des occupants lui demanda qui il était. Il répondit aussitôt. Mais le ba’hour pensa qu’il s’agissait de l’un de ses camarades ayant imité la voix du Roch Yéchiva ; aussi lui répondit-il en manquant de respect. Le scénario se répéta quelques minutes en boucle : le Rav frappait à la porte et le ba’hour lui répondait peu poliment. A un moment, celui-ci décida d’ouvrir la porte. Lorsque Rav Sheinberg entendit la clé tourner dans la serrure, il s’enfuit à toute vitesse, afin d’éviter au jeune homme une honte cuisante. Pour prévenir cette humiliation, il choisit de ne pas connaître l’identité de ce ba’hour.

Les anecdotes qui suivent illustrent son extrême sensibilité à la détresse d’autrui, fût-elle minime. Une fois, alors qu’il avait un pansement à l’un de ses doigts, on lui avait demandé d’être Sandak. Avant de se rendre dans la salle, il retira son pansement afin de ne pas être répugnant aux yeux de la famille célébrant la circoncision de leur enfant. Dans le même esprit, lorsqu’il participait à un mariage d’Admourim ou de ‘hassidim, il cachait sa cravate en-dessous de son talit katan, afin de faire honneur à leur coutume en paraissant le moins possible différent d’eux.

Un jeudi soir, avant le cours de « Michmar », un ba’hour voulut relier deux tables placées devant le Roch Yéchiva et, sans faire attention, lui coinça ainsi un doigt. Le jeune homme ne remarqua même pas l’incident, alors que le coup qu’il fit subir à son Maître était extrêmement fort. D’autres élèves, témoins du spectacle, furent impressionnés face au silence de ce dernier.

Cachant le doigt souffrant en dessous de la table, il leur fit signe, d’un autre doigt, de se taire. Durant le cours, lorsque les mains du Maître, participant à ses éclaircissements, refirent surface, ses élèves purent constater un doigt bleu. Malgré les douleurs aigües, il poursuivit son cours comme si rien ne s’était passé, afin de ne pas mettre mal à l’aise le ba’hour qui l’avait blessé par mégarde.

A nous de méditer sur la grandeur de ce juste et d’en tirer leçon…

 

 

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