La tranquillité et l’oisiveté empêchent l’étude de la Torah

« Ya’akov désirait s’installer dans la tranquillité, lorsqu’il fut atteint du malheur de Yossef... (Béréchith Rabah 84:1).

Ya’akov désirait-il vraiment la tranquillité en ce monde, un monde qui ne lui appartenait pas puisqu’il avait partagé les mondes avec son frère Essav (Tana D’Bey Eliyahou Zouta 19). Comment peut-il vouloir s’installer dans la tranquillité en ce monde? Et pourquoi  le malheur atteint-il Yossef et non pas un autre de ses enfants?

C’est que Ya’akov ne désirait pas la tranquillité pour en jouir, lui qui symbolise la souffrance dans l’étude. Il voulait alléger pour ses enfants le fardeau de l’exil. Mais D. ne voulait pas que Ya’akov s’installe dans la tranquillité, car dans ce cas, ses enfants risquaient de s’affaiblir, d’abandonner l’étude et d’oublier la Torah. Le mot Vayéchèv, il s’installa, peut se décomposer en vay - chev, et s’expliquer ainsi: pour avoir seulement aspiré à s’installer dans la tranquillité (Chèv), Ya’akov incite les générations futures à rechercher le confort, ce qui a des conséquences néfastes (Vay) car la Torah s’acquiert dans la souffrance.

Et donc, le malheur de Yossef le saisit, justement lui, comme son nom l’indique: Yossef a le sens de « qui ajoute - accroît » (Ta’anith 31a): il faut faire des efforts supplémentaires pour l’étude de la Torah, sans prendre de repos, c’est la seule chose qui peut corriger l’exil.

Le Michpat Tsédek confirme nos thèses. Il rapporte les paroles merveilleuses du Zohar (III, 66a): « Si les Enfants d’Israël savaient pourquoi D. les réprimande plus que tout autre peuple, ils sauraient que D. a renoncé à ce qui Lui revient... » Et il explique: « D. créa des légions d’anges pour Le servir. Lorsqu’Il créa le peuple juif, Il le créa sur le modèle de l’Assemblée Céleste (Zohar II, 169b; III 66a), et Il fit en sorte que tout ce qui advient dans le monde dépende des Juifs. Lorsque Israël abandonne la Torah et le service de D., les anges aussi se mettent en chômage, car tout dépend des actes des hommes. Lorsque Israël abandonne la voie de la Torah et ne sert plus D., la cour céleste cesse de remplir la volonté de D., comme il est dit aussi (Zohar III, 4b): « Lorsque Israël ne se conduit pas avec perfection en ce monde, le Nom de D. n’est pas complet dans le Ciel. Et alors D. dit: Si vous saviez que vos actes empêchent toutes les nombreuses légions de Me servir, vous sauriez aussi que vous ne méritez pas de continuer à vivre en ce monde, pas même une heure ».

C’est grâce à la Torah de Ya’akov - qui est à la tête du Char Céleste (Béréchith Rabah 82:7), « dont le portrait est gravé sur le Trône divin » (Pessikta Zouta Vayetsé 28:13), et « qui est lui-même un trône » (Zohar I, 97a), « dont D. est si fier » (Ichaya 49:3), « qui est le fondement de la Splendeur » (Zohar III, 302a) - que l’on glorifie D. Si Ya’akov aspire à la tranquillité, ne serait-ce qu’en pensée (même dans l’intention de se consacrer à la Torah), il commet une faute qui se transmet à tous ses descendants.

Sur cette base, j’ai voulu expliquer l’expression: « La voix est la voix de Ya’akov » (Béréchith 27:22). Pourquoi le mot « voix » est-il répété deux fois? C’est que lorsqu’on entend en ce monde la voix de la Torah prononcée par les Enfants d’Israël, la voix de Ya’akov se fait entendre aussi dans les Cieux. C’est vers lui que se tournent toutes les légions des anges. Ils savent que la voix de la Torah se fait aussi entendre dans le monde d’en bas et que les hommes servent D., comme il est dit (Sifri Brach’a 33:5): « Lorsque Israël est uni dans ce monde pour servir D., le Nom de D. est loué dans le monde céleste ». Lorsque la voix de la Torah se fait entendre, les mains d’Essav ne dominent pas (Béréchith Rabah 65:20), et aucun peuple ne peut vaincre Israël lorsqu’il suit les voies de la Torah (Kétouboth 66b). Sinon, il ne peut pas survivre, ne serait-ce qu’un seul instant. Pourquoi? C’est que, lorsque les Enfants d’Israël oublient la Torah, D. aussi détourne Sa face dans le monde d’en-Haut, les anges ne peuvent plus voir le portrait de Ya’akov gravé sur le Trône de Gloire, et ils interrompent leur service. Seul D. a le portrait de Ya’akov présent devant Lui et grâce à lui, D. ne punit pas ses enfants pour leurs fautes avec la sévérité qu’ils mériteraient, comme il est dit (Yalkout Chimoni Esther 1057): « Lorsque les Enfants d’Israël fautent, D. fait comme s’Il dormait ».

Que soit loué le Nom de D., qui a accordé plus d’importance à l’honneur des Enfants d’Israël qu’à celui des anges célestes qui accomplissent Sa parole, puisque ce n’est que l’étude de la Torah et le service des Enfants d’Israël qui donnent aux anges la force de chanter les louanges de D. C’est que les Enfants d’Israël comptent plus que les anges, puisque les anges se tiennent « debout » alors que les Enfants d’Israël « sont en marche », comme il est écrit (Za’haria 3:7): « Je te donnerai accès parmi ceux qui sont là debout ». Les Enfants d’Israël sont comparables à l’électricité qui fait fonctionner le moteur, qui à son tour active les roues - de même Israël met en marche tous les mondes.

Les Sages ont dit (Chemoth Rabah 29:9): « Lorsque D. a donné la Torah, Il a fait taire toute la création ». Pourquoi était-ce nécessaire? Jusqu’au don de la Torah, les anges obéissaient à la volonté de D. mais à partir du moment où elle fut donnée à Israël, celui-ci est devenu le porteur du destin du monde et tout dépend de son mérite.

Au moment du don de la Torah, le monde entier se tint coi. Il y eut une brève interruption dans le service des anges. Ce n’est que par l’étude de la Torah que le monde se perpétue, et les anges et les séraphins préposés aux affaires de ce monde poursuivent leurs activités lorsqu’ils entendent la voix de Ya’akov, la voix de la Torah qui se fait entendre dans la bouche des Enfants d’Israël.

Mais si Israël abandonnait la Torah, le monde ne pourrait pas survivre. « Si Mon pacte avec le jour et la nuit pouvait ne plus subsister, si Je cessais de fixer des lois au ciel et à la terre... » (Yérémia 33:25), c’est-à-dire « Si ce n’était pour la Torah, le ciel et la terre ne se maintiendraient pas » (Nédarim 32a), car alors les anges préposés aux affaires de ce monde ne pourraient pas poursuivre leur tâche puisqu’ils dépendent des Enfants d’Israël, et s’ils se donnent du repos, les anges aussi se mettent au repos.

Chaque Juif a une grande part de responsabilité envers la Torah, surtout durant les périodes de vacances, dans son temps libre, et durant les longues nuits d’hiver. S’il n’étudie pas, il met le monde en danger. Nous apprenons de Ya’akov qu’il ne faut pas rechercher le repos, et « Yfta’h en son temps est égal à Chmouel en son temps » (Roch HaChanah 25b). Si nos efforts ne sont pas à la mesure de nos capacités, la punition est grande. Par contre si nous nous élevons dans l’étude de la Torah à la mesure de notre compréhension et de notre entendement, nous éveillons la Rose Céleste dans les mondes supérieurs, et nous glorifions D. dans toute Sa splendeur.

 

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