L’union, la solidarité et l’amour fraternel rapprochent le temps de la rédemption

La responsabilité collective est une conséquence directe de l’union, de la coexistence pacifique et de l’amour fraternel.

« Tous les Juifs sont garants les uns des autres » (Sanhédrin 27b; Chavouoth 39a; Chemoth Rabah 27:8). La garantie des uns envers les autres nous unit comme un seul corps, et alors, par la force des choses, nous sommes unis à D. qui est le lien entre tous les Enfants d’Israël. Le but de l’homme est de s’attacher à D., c’est pourquoi nous disons: « Écoute Israël » au singulier, et non pas « Écoutez Israël ». D. est Un et Son Nom est Un, et Son peuple Israël est Un, comme un seul corps.

Bien que nous commencions par dire « Écoute Israël » au singulier, nous continuons au pluriel « l’Eternel est notre D. ». Il faut se demander pourquoi nous ne disons pas « l’Eternel est mon D. »? C’est que justement seul l’amour du prochain (Vayikra 19:18) nous amène à être unis à D. qui est notre D., le D. de chacun de nous, et Il est Un.

En Egypte, les Juifs se sont efforcés d’être garants les uns des autres, et c’est ce qui les a préparés à recevoir la Torah. Il est écrit (Chemoth 19:2): « Israël a campé face au mont », et Rachi rapporte le Midrach (Mekhilta ad. loc.): « Comme un seul homme avec un seul cœur ». Comment sont-ils parvenus à un tel résultat en quelques jours seulement? C’est qu’ils s’étaient exercés durant les nombreuses années qui ont précédé le don de la Torah, lorsqu’ils souffraient sous le joug des Egyptiens qui cherchaient à les désunir, à détruire leur foi et à les exterminer. Malgré tout, les Enfants d’Israël ressentaient la responsabilité collective qui les unissait, et chacun savait que tous les autres partageaient sa peine et le soutenaient, et qu’il y avait six cent mille compagnons qui se souciaient de lui et voulaient son bien, comme Ya’akov le leur avait enseigné. Il est écrit (Chemoth 14:8): « Les Enfants d’Israël sortirent triomphalement ». Ils avaient vaincu les efforts des Egyptiens pour rompre leur unité et au contraire, plus les Egyptiens les opprimaient, plus ils consolidaient leur union, ce qui les rapprochait de D. et leur permit de se libérer du joug de l’esclavage.

« Le deuxième Temple fut détruit à cause de la haine gratuite » (Yoma 9b) et cette génération fut punie de l’exil dans lequel nous nous trouvons encore. Par contre (Tana D’Bey Eliyahou 14): « Au temps du premier Temple, il y avait des hommes vertueux et bienfaisants, et le terme de l’exil leur fut révélé, comme il est écrit (Yérémia 29:10): Quand Babylone sera au terme de soixante-dix ans pleinement révolus, Je prendrai soin de vous et J’accomplirai en votre faveur Ma bienveillante promesse de vous ramener en ces lieux ». Ils sortirent de l’exil au bout de soixante-dix ans. Pour expliquer cette différence, les Sages disent (Yoma 9b): « Les fautes des premières générations étaient connues, c’est pourquoi le terme de la punition fut révélé ». C’est donc que l’exil amer dans lequel nous nous trouvons encore aujourd’hui est plus grave que le premier exil puisque son terme n’est pas connu. Mais si ce dernier exil n’a pas de terme fixe, sa durée ne dépend que de nous. Il est en notre pouvoir d’y mettre fin. La destruction du Temple fut causée par les fautes commises les uns envers les autres, la haine réciproque et les discordes, et il ne dépend que de nous de corriger ces fautes tôt ou tard et de mettre fin au temps douloureux de l’exil, car « celui qui veut se purifier est aidé par le Ciel » (Chabath 104a; Yoma 38b; Pessikta Zouta Bo 10:1). Malgré les difficultés accrues au cours des temps et qui nous affaiblissent de génération en génération, malgré les différences physiques, les différences de caractère, de pensées, etc., nous devons rester unis « comme un seul homme avec un seul cœur ». C’est ce qui est écrit dans la Torah au sujet de l’homme et de la femme (Béréchith 2:24): « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et ils ne formeront qu’un seul corps ». Bien qu’ils soient des êtres différents l’un de l’autre, l’un homme l’autre femme, appartenant apparemment à deux mondes différents, ils ne formeront qu’un seul corps et s’ils sont unis, la Présence divine les accompagnera (Sotah 17a).

Atteindre une telle unité n’est possible que si chacun renonce à son égoïsme, s’il ne se contente pas simplement de déclarer qu’il aime son prochain mais ressent vraiment cet amour et cette communion au fond de son cœur et s’il est de tout cœur avec lui dans ses peines et dans ses joies.

Malheureusement, nous sommes affligés de grandes fautes et il est devenu courant de dénigrer le prochain, bien que chaque homme ait été créé à l’image de D. Ce faisant, nous nous causons du mal à nous-mêmes et nous finissons par dénigrer la Torah et ses commandements. A ce sujet, les Sages ont dit (Sotah 49b; Sanhédrin 97a): « Avant la venue du Messie, la face de la génération sera comme la face du chien ». Nous devons comprendre le sens de cette comparaison. Pourquoi justement comme la face du chien? Nous savons que par nature, le chien regarde son maître avec des yeux suppliants, afin d’éveiller sa compassion, mais par ailleurs, il marche toujours devant son maître, c’est-à-dire qu’il se place en tête. La comparaison indique que de même, avant la venue du Messie, les gens auront la face du chien, chacun regardera son prochain avec des yeux pleins de compassion comme s’il désirait son bien, mais dans son cœur il s’accordera la priorité et partout, il voudra être le premier. Pareille conduite montre que l’amour pour le prochain n’est pas sincère et il faut se méfier et s’éloigner de telles marques d’amour hypocrites. Jusqu’à ce jour, l’attitude des nations envers Israël est semblable à celle de Pharaon envers nos ancêtres, ils ne nous montrent leur sympathie que pour nous briser. Combien nous devons prendre à cœur le conseil de Ya’akov et rester sincèrement unis, car c’est la seule attitude qui nous profitera et nous sauvera.

A ce sujet, il me semble à propos de rappeler le commandement de donner le demi-chekel, acte qui enseigne la solidarité.

« Moché dit devant le Saint, béni soit-Il: Maître du monde, par quoi relèveras-Tu l’honneur d’Israël?  D. lui répondit: Par ce que tu compteras » (Baba Bathra 10b). Il est difficile de comprendre comment le dénombrement des Enfants d’Israël réalisé lorsque chacun apporte son demi-chekel, relève justement l’honneur d’Israël.

Celui qui est pauvre apporte un demi-chekel tout comme celui qui est riche. Le pauvre ne se plaint pas d’être imposé au même titre que le riche qui a plus de moyens. De même, le riche ne se vexe pas d’apporter un demi-chekel, comme un pauvre, ce qui n’est pas en son honneur puisqu’il a la possibilité de donner davantage. Tous deux apportent la même somme, dans une égalité parfaite, et c’est alors que l’honneur d’Israël est relevé. D’autant plus qu’en donnant un demi-chekel, chacun prend conscience qu’il n’est qu’une moitié (et imparfait) et ce n’est qu’en s’associant à l’autre qu’il se complète, qu’il devient entier. D. ordonna à chacun d’apporter un demi-chekel afin d’être dénombré, et non pas d’inscrire son nom sur un billet ou d’apporter chacun une brebis, un taureau ou un objet. D. a voulu que tous soient égaux devant ce commandement, et non pas que l’un soit supérieur ou inférieur à l’autre, pour que chacun ressente à la fois ses lacunes et les qualités de son prochain, que chacun désire l’aide de son prochain pour corriger ses propres défauts, afin de lui permettre de pratiquer ce commandement dans la joie.

Nous sommes en mesure de comprendre ce que disent les Sages (Tan’houma Ki Tissa 9): « Moché avait du mal a comprendre le sens du commandement du demi-chekel.  D. lui montra une pièce de monnaie de feu et lui dit: qu’ils donnent cela ». Est-il possible que Moché n’ait pas connu la valeur du demi-chekel, de sorte que D. dût lui montrer cette pièce de monnaie?

Certes, Moché en connaissait la valeur, mais il ne comprenait pas pourquoi chacun devait apporter un demi-chekel, qu’il fût pauvre ou riche. Il est évident que la Torah décrète une mesure identique pour chacun afin de signifier que tous sont égaux devant D.

Nous pouvons aussi comprendre pourquoi Haman dit au roi A’hachveroch (Esther 3:9): « Je pèserai dix mille kikars d’argent (c’est-à-dire la valeur de 300 000 chékalim) à la disposition des agents et ils seront versés dans les trésors du roi ». Pourquoi voulait-il verser cet argent dans les caisses du roi afin de tuer les Juifs? C’est qu’à cette époque-là, les Juifs n’étaient pas égaux entre eux, ils étaient désunis, si bien qu’Haman put dire au roi (verset 8): « Il est une nation répandue, disséminée parmi les autres nations ». Ils sont désunis, leurs coutumes sont variées, ils se différencient les uns des autres, ils se distinguent les uns des autres, et s’il en est ainsi, les pièces d’argent d’Haman seront capables de faire pencher la balance au détriment des Enfants d’Israël.

Pourtant, lorsque les Juifs s’unirent, le décret fut annulé comme Esther le dit à Morde’haï  (ibid. 4:15): « Va rassembler tous les Juifs », qu’ils s’unissent et se rassemblent. Et par la suite, ils sont restés unis comme il est écrit (ibid. 9:14): « Les Juifs se rassemblèrent encore », unis par une même volonté.

Les Juifs donnaient le demi-chekel à Pourim, afin d’exprimer leur union et de proclamer que seule cette unité les avait sauvés du décret d’Haman, comme il l’avoua lui-même (Esther Rabah 10:4): « Vos chekels ont eu la priorité sur les miens », les liens qui vous unissent vous ont sauvés, grâce à Esther qui a associé son sort à celui de son peuple, lorsqu’elle a dit: « Va rassembler les Juifs et les unir ».

« Au moment du don de la Torah, D. a demandé aux Enfants d’Israël d’amener des garants qui assureraient qu’ils (les parents) allaient pratiquer toute la Torah. Ils prirent leurs enfants comme garants, et D. les accepta » (Chir HaChirim Rabah 1:24; Yalkout Chimoni Yérémia 263).

Le Lev Eliyahou demande pourquoi D. exige des garants avant de leur donner la Torah, étant donné qu’ils ont dit explicitement: « Nous ferons, et nous écouterons » (Chemoth 24:7)?  D. qui connaît le fond des cœurs sait que les Enfants d’Israël ont une foi sans faille, surtout après avoir été témoins des grands miracles de la sortie d’Egypte, de la Mer des Joncs et de la guerre contre Amalek. Pourquoi n’est-ce qu’après qu’ils eurent présenté leurs enfants comme garants que D. leur donna la Torah?

Pour répondre, il faut remarquer que, malheureusement, nous voyons de nos propres yeux que même la garantie supplémentaire que les Enfants d’Israël ont présentée à D. ne suffit pas à empêcher parents et enfants de commettre des fautes et d’abandonner la Torah. Combien la situation aurait été plus grave s’ils n’avaient pas eu de garants!  D. sait bien que le mauvais penchant est puissant et qu’il pousse les hommes à fauter, justement par l’abandon de la Torah. Peu importe au mauvais penchant que les Enfants d’Israël pratiquent de nombreux commandements et fassent des bonnes actions, ce qui le dérange surtout c’est de nous voir occupés à étudier la Torah. D. Lui-même dit (Yérouchalmi ‘Haguigah 1:7; Ekhah Rabah Petih’a 2): « Si seulement ils M’abandonnaient Moi, mais s’occupaient de Torah », car la lumière de la Torah leur permettra toujours de revenir à D. Et donc, D. demande des garants pour pouvoir leur donner la Torah qui est le remède contre le mauvais penchant.

Les Sages ont dit (Brach’ot 5a): « Si quelqu’un est assailli de souffrances, qu’il examine ses actes. S’il les a examinés et n’a pas trouvé de cause à ses maux, qu’il les attribue à l’abandon de la Torah ». Pourquoi? C’est que D. ne punit pas tout de suite les enfants (les garants) de celui qui a abandonné l’étude de la Torah, mais Il le prévient par l’intermédiaire de souffrances et de malheurs pour qu’il examine sa conduite et trouve la raison de ses maux. S’il n’a pas trouvé de raison, qu’il les attribue à son abandon de la Torah. Mais s’il persévère dans cette conduite, alors ses enfants seront punis. Une grande peur saisira quiconque réalise que, s’il délaisse la Torah, ses enfants en subiront les conséquences. Il n’est pas de peine plus grande que celle qui atteint nos propres enfants, et les Sages ont dit (Chabath 32b): « A cause de l’abandon de la Torah, les enfants meurent » et ce, parce qu’ils sont les garants des parents. Il faut se rappeler ce que dit Rabbi Chimon Bar Yo’haï: « Il n’est pas de peine plus grande que celle infligée à nos enfants ». S’ils prennent le mauvais chemin, ils sont considérés comme morts, D. nous en préserve, par la faute des parents qui ont délaissé la Torah.

Les Enfants d’Israël ont déclaré sincèrement: « Nous ferons et nous écouterons », mais D. a ajouté qu’ils doivent savoir combien le mauvais penchant devient puissant en les voyant occupés de Torah et qu’il fait tout ce qu’il peut pour les détourner de cette étude. C’est pourquoi D. leur demanda de présenter des garants qui les empêcheraient d’abandonner la Torah, des garants qui leur rappelleraient leur devoir. D. refusa qu’ils se portent garants d’eux-mêmes, puisqu’ils étaient directement concernés et intéressés. Il refusa aussi la garantie des Patriarches, parce qu’eux-mêmes avaient besoin de garants, mais Il accepta leurs enfants qui étaient assurément de solides garants.

La peine subie par les enfants est effectivement très douloureuse pour les parents. Il est dit de Tsidkiyahou, roi de Judée (Melakhim II, 25:7): « On égorgea les fils de Tsidkiyahou sous ses yeux, et puis on lui creva les yeux, on le jeta dans les fers et on l’emmena à Babylone ». Les Sages disent à ce sujet (Yalkout Chimoni ad. loc. 252): « On lui creva les yeux avec des poinçons en fer mais il n’en devint pas aveugle, après quoi on égorgea ses enfants sous ses yeux et il pleura jusqu’à en perdre la vue ». Les Babyloniens ne réussirent pas à lui faire perdre la vue avec leurs poinçons en fer et ce n’est qu’en égorgeant ses enfants sous ses yeux qu’ils le rendirent aveugle. Cela montre qu’il n’est pas de peine plus grande que celle qui atteint les enfants. C’est un fait connu que l’on préférerait n’importe quelle souffrance, à celle de voir ses enfants atteints, au point que les Sages appellent de telles souffrances « les souffrances de l’amour » (Brach’ot 5b). La pensée que nos enfants (qui sont nos garants) risquent de souffrir à cause de notre abandon de la Torah est tellement effrayante qu’elle nous donne la volonté inébranlable de lutter contre le mauvais penchant.

Remarquons que la punition du célibataire est plus grave. S’il n’a pas de femme, il n’a pas d’enfants et il n’a personne pour se porter garant de lui. La condition même du don de la Torah est d’avoir des enfants qui seront garants de sa pratique. Quiconque n’a pas d’enfants annule cette condition primordiale. De plus, « celui qui n’a ni femme ni enfants est mis à l’écart du Ciel » (Pessa’him 113b). Ben Azaï, l’un des quatre Sages à avoir pénétré le Pardès (‘Haguigah 14b; Chir HaChirim Rabah 1:28), en est mort, bien qu’il fût « attaché à la Torah de toute son âme » (Béréchith Rabah 34:14), et que « tous les Sages d’Israël soient comme une pelure d’ail comparés à lui » (Brach’ot 58a). Pourtant il est mort parce qu’il n’avait pas de garants. De même le roi ‘Hizkiya s’est rendu coupable par son refus de se marier pour ne pas enfanter de fils indigne (Brach’ot 10a). Il n’a pas pratiqué le premier commandement de la Torah qui est « de croître et de multiplier ». « Bien que ‘Hizkiya ait su par voie de prophétie qu’il aurait un fils indigne, il aurait été puni dans l’autre monde s’il ne s’était pas, en fin de compte, marié » (Tana D’Bey Eliyahou 8). Pourquoi?

C’est que les enfants sont garants des parents en ce monde et dans l’autre, car « Le fils donne du mérite à son père après sa mort » (Sanhédrin 104a; Zohar II, 273b). Le père qui éduque ses enfants dans le chemin de la Torah et la pratique des commandements, fait que la Torah reste toujours vivante. Tel est le but de la garantie.

 

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