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Le Gaon Rabbi Chimchon Aharon Polanski Zatsal

Le gaon Rabbi Chimchon Aharon Polanski zatsal, Rav du quartier de Beit Israël à Jérusalem, était très jeune quand il devint Rav, d’abord dans la petite ville de Madwin dans la région de Kiev et ensuite, en 5660, dans la ville de Taflik en Podolie, pour remplacer le gaon Rabbi Fischel Metz zatsal, qui fut alors nommé Rav de la ville proche d’Ouman. C’est le nom de cette ville que les gens lui ont donné jusqu’à la fin de sa vie, « le Rav de Taflik ».

Pendant la Première guerre mondiale, après la révolution et l’arrivée au pouvoir des Bolchévistes en Russie, il connut de terribles épreuves. Au cours de la guerre civile, beaucoup des juifs de Taflik furent égorgés sous ses yeux par les bandes de bandits de Pateliora et Dinikin. Lui-même fut plusieurs fois menacé d’être exécuté. Il a été sauvé par quelqu’un de sa ville, Reb Raphaël Platnik, qui engagea toute sa fortune pour le racheter des mains des cruels bandits.

Pendant quelques années après la révolution soviétique, Rabbi Chimchon Aharon continua à diriger sa communauté, sans que les autorités le dérangent. A la suite d’un incident qui s’était produit, il décida qu’il devait quitter les lieux le plus rapidement possible. Voici ce qui s’était passé :

Deux des habitants de la ville étaient venus devant lui en din Torah. L’un était le bedeau de la synagogue, et l’autre gagnait sa vie comme boucher. Le Rav entendit les arguments et les réponses de chacun, et après avoir réfléchi profondément, il avait tranché en faveur du bedeau. Et voilà qu’au bout de quelques jours, le fils du boucher était entré chez lui pour exiger qu’il révise son jugement, qui à son avis était erroné…

Le fils du boucher servait dans l’armée communiste. Il avait un fusil à la main, ce qui rendait le message parfaitement clair. C’était la première fois que quelqu’un de la ville osait s’opposer au Rav, Rabbi Chimchon Aharon, depuis qu’il y était arrivé plus de vingt ans auparavant. Il ne fut pas impressionné par les menaces du fils du boucher et ne revint pas sur sa décision, qui reposait naturellement sur la halakha. Mais en fait, cet incident fut pour lui un signe que les temps avaient changé et que ce n’était plus sa place naturelle.

Au début de l’année 5683, il partit s’installer à Jérusalem, où il resta encore quelque vingt-cinq ans. Il s’assimila immédiatement à la vie de la communauté de Jérusalem et à ses habitants, des grands de la Torah qui reconnurent sa valeur et le nommèrent Rav de « Beit Israël » et des environs. Il le resta jusqu’à la fin de sa vie, dans le dénuement et la pauvreté.

Le Saint béni soit-Il pleurera avec lui

Rabbi Raphaël HaCohen Kook zatsal a raconté sur lui un merveilleux acte de ‘hessed. Un jour, alors que j’habitais Jérusalem, le Rav zatsal est entré chez moi la veille de Soukot à un moment où tout le monde est très occupé, pour me demander instamment de me joindre à lui pour les besoins d’une grande mitsva urgente. Que s’était-il passé ? Il avait entendu parler de tel talmid ‘hakham, effacé et de grande stature, dont la maison était vide et qui n’avait tout simplement pas de quoi manger pendant la fête. Venez vite et rassemblons un peu d’argent pour lui ! me supplia-t-il.

Un peu perplexe, une question naïve m’échappa : « Maintenant ? En ce moment ? Je n’ai pas encore eu le temps de choisir des aravot ni de finir de décorer la souka… Attendons un peu plus tard… » Mais le Rav ne m’a pas laissé continuer : « Est-ce que le Saint béni soit-Il se soucie que nous n’ayons pas le plus beau dans les quatre espèces ? Même si nous n’en avons pas du tout, des gens comme nous accompliront la mitsva à la perfection, nous irons à la synagogue et nous dirons la bénédiction sur le etrog et le loulav des autres. Mais si ce pauvre est assis dans sa souka affamé et qu’il verse fût-ce une seule larme, le Saint béni soit-Il pleurera avec lui ! »

J’ai immédiatement quitté tout ce que je faisais à ce moment-là et nous sommes allés ensemble ramasser de l’argent pour lui.

On raconte une autre histoire à ce propos. L’un de ses disciples était le docteur Mordekhaï Eliash, qui lui confiait tous les mois des sommes d’argent à distribuer en tsedaka. Rabbi Chimchon ne prenait pas de cet argent fût-ce un seul sou, mais le distribuait aux pauvres de Jérusalem. Un jour, l’un de ses petits-fils s’aperçut qu’il envoyait à telle famille une double somme. « Voici ce que m’a expliqué mon grand-père : Quand je suis sorti des pogromes en Russie, nous avions faim. Cet homme à qui j’envoie en ce moment était alors responsable de la tsedaka, mais il ne m’a rien donné. Maintenant, la roue a tourné. C’est moi qui distribue la tsedaka et lui qui reçoit. Et pour ne pas risquer de commettre une faute, je lui envoie plus généreusement, afin qu’on ne me reproche pas dans le monde de vérité de m’être vengé… »

Par le mérite du Or Ha’Haïm

Il éprouvait un amour particulier pour le saint Or Ha’Haïm, dont il connaissait les livres par cœur. Il enseignait le ‘Houmach avec le Or Ha’Haïm les nuits du vendredi à la synagogue « Beit Ya'akov » du quartier Beit Israël. Pendant de longues années, il lisait de mémoire aussi bien que dans le livre, et le public écoutait ses merveilleuses explications.

En toute occasion où l’on s’adressait à lui pour lui demander de prier pour un malade, ou choses de ce genre, il allait sur la tombe du Or Ha’Haïm au mont des Oliviers et se répandait en prières et supplications. Quand on lui annonçait ensuite une bonne nouvelle, que la santé du malade s’était améliorée, ou qu’un salut s’était produit, il disait : « Voyez combien est grande sa puissance, tout est par le mérite du saint Or Ha’Haïm… »

Fort comme Chimchon et aimant la paix comme Aharon

Au moment de sa mort le 28 Sivan 5708, des bombes des forces de la légion jordanienne s’amoncelèrent dans le ciel de Jérusalem, si bien que les habitants de la ville ne purent pas faire son oraison funèbre comme il convenait. Son cercueil fut enterré sous condition (parce qu’il avait acquis de son vivant une tombe au mont des Oliviers) dans le cimetière Sanhédria, et le sentiment d’être orphelin remplit les habitants de Jérusalem qui sentaient le vide qu’il laissait derrière lui. Le gaon Rabbi Yossef Chaoul Elichar zatsal, petit-fils du Richon LeTsion auteur de « Issa Berakha », a parfaitement résumé sa grandeur en une seule phrase : Notre maître était fort comme Chimchon dans la Torah et poursuivait la paix comme Aharon. »

 

 

 
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