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Rabbi Tsvi Ye’hezkel Michelson

L’Assemblée des rabbanim de la ville de Varsovie comprenait une vingtaine de rabbanim, tous des grands de la Torah. Parmi eux il y en avait un qui était connu comme un grand Sage très actif, que les juifs de Varsovie appelaient « le Rav de Plonsk » (du nom de la ville où il était Rav auparavant), mais dans le monde entier on le connaissait sous son nom : Rabbi Tsvi Yé’hezkel Michelson, l’auteur du livre de responsa « Tiroch VeYitzhar ».

Rabbi Tsvi Yé’hezkel est né à Bilgorei, dans la province de Lublin, de Rabbi Avraham ‘Haïm, qui était d’une famille où il y avait beaucoup de rabbanim et de grands de la Torah, et de ‘Hana Beila, le 9 Chevat 5623 (1863).

Il racontait que quand il était tout petit, il lui était arrivé un miracle. Pendant que sa mère était chez son père Rabbi Chemouël Eliahou, des Polonais armés étaient rentrés dans la maison et avaient tiré sur sa mère qui tenait le petit Tsvi Yé’hezkel dans ses bras, et par miracle, ils avaient été sauvés de la mort.

Ses parents engagèrent pour lui les meilleurs précepteurs. Ils achetèrent aussi pour lui beaucoup de livres de valeur. L’enfant se fit une belle bibliothèque, et étudia la Torah « avec beaucoup de travail en déversant son âme » (comme il le dit dans l’introduction de son livre « Pinot HaBayit »). A l’âge de douze ans, il connaissait déjà quelques traités avec Tossefot et des morceaux du Choul’han Aroukh par cœur. Il commença aussi à ce moment-là à écrire des commentaires de Torah et entra en correspondance avec les grands de la génération. Quand il grandit, on l’envoya étudier à la yéchivah de Biala, et il se rapprocha du Roch Yéchivah et Rav du lieu, le Admor Rabbi Zéev Na’houm, qui au bout d’un certain temps lui écrivit des lettres en l’appelant « A celui que j’aime comme la prunelle de mes yeux ».

En 5639, il épousa Hinde Seryl, la fille de son oncle, le frère de sa mère, Rabbi David Tevel de Chverdcharf, qui lui fournit sa subsistance généreusement. Il lui acheta des livres de prix et l’envoya dans de célèbres villes d’eau pour qu’il guérisse de diverses maladies dont il était affligé. Chez son beau-père, il étudiait la Torah jour et nuit. A cette époque il fut nommé Rav par les grands de la génération, à savoir : Rabbi Chneor Zalman de Lublin, auteur de Torat ‘Hessed, Rabbi ‘Haïm Elazar Wachs de Kalisch, auteur de Néfech ‘Haya et Rabbi Tsvi Hirsch Teomim Moladavi.

Entre temps son beau-père eut des revers de fortune, et Rabbi Tsvi Yé’hezkel, pour vivre, voulut ouvrir une imprimerie. Il partit demander conseil au Admor auteur du Sefat Emet dont il était l’un des ‘hassidim. Le Rabbi de Gour n’était pas d’accord pour qu’il soit commerçant. « Tu dois être Rav en Israël et pas commerçant », dit le Rabbi. Comme il rentrait de Gour, les responsables de la communauté de la ville de Krasnibrod vinrent le trouver pour lui apporter une nomination comme Rav de leur ville. Rabbi Tsvi Yé’hezkel fit immédiatement ses bagages et partit à Krasnibrod, pour obéir à son Rav. Le Admor de Radjin, Rabbi Guerchon ‘Hanokh Leiner, auteur de Tekhélet et de Sidrei Taharot, écrivit pour féliciter les habitants de la ville, en commençant par ces mots : « Réjouis-toi, habitante de Krasnibrod, car un grand d’Israël est en ton sein. »

Il y resta neuf ans. En 5653, il fut invité à venir dans la ville de Plonsk. Après avoir demandé l’avis de son Rav le Sefat Emet, il devint Rav de Plonsk.

Peu de temps après son arrivée éclata une épidémie de choléra. Loin de quitter la ville comme beaucoup d’autres, il se consacra entièrement à des actions de sauvetage. Il aida à construire un hôpital provisoire, organisa une équipe de gens qui soignaient les malades par tours de garde, et dont il faisait également partie. Et il tomba aussi malade personnellement, mais réussit  à surmonter la maladie et à guérir. Après la fin de l’épidémie, le gouverneur de la province, bien qu’étant un antisémite notoire, le remercia en public de son dévouement envers les habitants de la ville au moment de l’épidémie. Tout le monde glorifia les actes du Rav.

En 5671 (1911), le gouvernement russe décréta que les écoles et les ‘hadarim des juifs devaient donner un mois et demi de vacances aux élèves, comme les écoles publiques. Les juifs virent dans ce décret un immense abandon de la Torah. Les enfants d’Israël avaient alors l’habitude d’étudier la Torah tous les jours de l’année et toute la journée, et chaque jour de perdu pour l’étude de la Torah était considéré comme un péché.

Les responsables des communautés s’adressèrent à lui pour qu’il intervienne auprès du ministre de l’éducation afin d’annuler ce mauvais décret. Il alla le trouver, déversa son cœur devant lui avec des larmes et lui décrivit la grande crainte qui avait saisi les juifs à cause de ce décret. Le ministre tendit l’oreille à la demande émouvante du Rav de Plonsk et le décret fut annulé. Les rabbanim et les responsables des communautés lui envoyèrent une lettre de remerciements en lui souhaitant de voir le salut de Dieu envers son peuple d’Israël.

Ses grandes actions le rendirent célèbre dans le monde juif, et les responsables de la communauté de Varsovie l’invitèrent à venir se joindre à l’Assemblée des rabbanim de la ville. Il tint cette lourde charge jusqu’à ce que la ville tombe aux mains des nazis pendant la Deuxième guerre mondiale. Il était respecté et honoré par tous les milieux. Le charme de sa personnalité attirait aussi à lui des juifs qui étaient loin de la Torah et du judaïsme.

En arrivant à Varsovie, il convoqua un congrès national sur le problème du Chabat. L’invitation au congrès fut signée par des personnalités comme le ‘Hafets ‘Haïm et Rabbi Mena’hem Zemba. Il fonda aussi une société pour la pureté des filles d’Israël, et agit en faveur de la construction de bains rituels et de bains publics hygiéniques et perfectionnés. Et bien que très occupé par les besoins de la communauté, il trouvait le temps d’étudier la Torah et d’imprimer de nombreux livres. Beaucoup de ses ouvrages sont restés manuscrits et ont été perdus pendant l’Holocauste.

Il travailla beaucoup pour la colonie d’Erets Israël, et fit beaucoup de propagande pour les etroguim d’Erets Israël. Il écrit dans son livre Tiroch VeYitzhar : « Depuis que j’enseigne la Torah, j’ai exigé des membres de ma communauté qu’ils choisissent des etroguim de notre terre sainte. Grâce à Dieu ils ont tendu l’oreille, et à présent on ne trouve presque pas dans ma ville d’etrog de Corfou. »

Il avait l’habitude de dire : L’Ecriture dit : « Si je n’élève pas Jérusalem en tête de mon bonheur ». Le mot « a’aleh » (élève) est composé des initiales de : Etrog, ‘Arava, Loulav, Hadass… ce qui vient nous enseigner que les quatre espèces que le juif prend pendant la fête de Soukot doivent venir d’Erets Israël !

L’histoire de sa vie longue et riche en actions se termine par une fin terrifiante. Il passa ses derniers jours dans le ghetto de Varsovie sous l’esclavage nazi.

Quand le tour du Rav arriva d’être envoyé à Auschwitz, il s’enveloppa de son talith et de ses tefilin et s’installa dans sa chambre pour étudier la Guemara. Quand le Nazi entra pour vérifier l’appartement, il se retira à la vue de la noblesse du visage du Rav de quatre-vingts ans, s’écria : « C’est Moïse lui-même », et quitta la maison. Alors le Rav descendit dans la cour et se mit en rangs avec ses frères juifs. Il voulait être avec les juifs à l’heure terrible, l’heure où ils partirent sanctifier le Nom de Dieu en sainteté et en pureté. Le vieux Rav se tenait droit et plongé dans ses pensées. En août 1943, il périt avec le judaïsme glorieux de Varsovie. Puisse Dieu venger son sang.

 

 
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