Doit-on réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur un parfum qui se renouvelle chaque année ?
Cette question prend sa source dans le fait que l’on récite la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur un fruit nouveau que l’on n’a pas consommé depuis l’année précédente, comme des fraises ou des grenades qui se renouvellent chaque année.
Nous devons donc définir si l’on doit également réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur un parfum qui se renouvelle chaque année, comme le parfum du jasmin qui pousse chaque année durant les mois d’été. Ou bien sur des roses qui se renouvellent elles aussi d’année en année.
Doit-on réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » après avoir récité la bénédiction propre au parfum ou non ?
Notre maître le RADBAZ – Rabbi David BEN ZIMRA – écrit dans une Tchouva que sur un parfum agréable qui se renouvelle d’année en année – comme le parfum des roses ou du jasmin – nous devons réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou ». il est vrai qu’en général nous n’accordons pas d’importance particulière à l’odeur – et ceci se répercute sur différentes lois – malgré tout, concernant le profit du parfum pour lequel nos maîtres ont instauré la bénédiction des parfums, il est certain qu’il en est de même vis-à-vis de la bénédiction de « Chéhéh’éyanou », puisque l’être humain en tire un profit, il est tenu de réciter une bénédiction sur ce parfum, et il en est de même pour la bénédiction de « Chéhéh’éyanou ».
Ces propos du RADBAZ sont cités par de nombreux décisionnaires.
Cependant, le Gaon auteur du livre Chiyaré Kenesset Ha-Guédola fait remarquer - en citant le Léh’em H’amoudott - que si l’on ne récite pas de bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur un parfum c’est simplement parce que le profit est faible. C’est d’ailleurs pour cette même raison que nous ne récitons pas de bénédiction finale après avoir senti un parfum agréable, comme l’écrit Rachi. Par conséquent, la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » n’est donc pas non plus récitée lorsqu’on sent un parfum qui se renouvelle d’année en année.
Il y a encore une autre raison à notre usage de ne pas réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur un nouveau parfum.
En effet, le Léh’em H’amoudot cité précédemment fait mention des propos du Gaon Rabbi Moché Levy DAYAN zatsal qui écrit que le parfum agréable n’est pas seulement le profit du corps, mais surtout celui de l’âme, comme il est écrit dans le Tehilim : « Toute âme rendra gloire à Hachem.. » Il n’est donc pas approprié de réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur une chose qui est le profit essentiel de l’âme et non celui du corps. Le corps a besoin de réciter continuellement la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur les profits qui se renouvellent chaque année.
C’est pour cela qu’il ne faut pas réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur un parfum agréable qui se renouvelle chaque année, car le profit essentiel de l’odorat est celui de l’âme qui est éternelle.
Malgré tout cela, le Gaon auteur du Chou’t Pé’oulat Tsaddik rapporte que dans son enfance, il a consté que ses maitres récitaient la bénédiction de « Chéhéh’éyanou ». il s’étend longuement afin de justifier l’usage de ses maîtres sur ce point.
Cependant, notre maître le H’YDA écrit qu’étant donné que nous avons un principe fondamental selon lequel « dans chaque situation de doute sur la récitation d’une bénédiction, nous ne la récitons pas » (« Safek Bérah’ot Léhakel »), par conséquent il ne faut pas réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur un parfum agréable.
De plus, si l’opinion du RADBAZ était réellement fondée, il est un peu difficile à admettre qu’aucun décisionnaire parmi les Richonim (de l’époque médiévale) n’en a fait mention.
Par conséquent, selon la Halah’a il ne faut pas réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur un parfum agréable, car quoi qu’il en soit nous ne sortons pas pour autant d’une divergence d’opinions Halah’ique.
Cependant, la personne qui veut faire preuve de piété , est autorisée à réciter la bénédiction de « Chéhéh’éyanou » sur un parfum agréable, mais sans prononcer le Nom d’Hachem et l’expression de sa Royauté en disant seulement « Barouh’ Chéhéh’éyanou Vékiyémanou Véhigui’anou Lazémane Hazé », et pas plus.