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Jusqu’à quand peut-on réciter la Bérah’a d’Acher Yatsar ?

Question : Une personne va aux toilettes, se lave les mains et oublie de réciter la Bérah’a d’Acher Yatsar. Quelque temps plus tard, elle se souvient qu’elle ne l’a pas récité. Jusqu’à quand peut-elle réciter cette Bérah’a ?

Réponse : Dans la précédente Halah’a, nous avons expliqué de façon générale, l’institution de la Bérah’a d’Acher Yatsar par nos H’ah’amim, pour toute personne qui se rend aux toilettes. Après s’être lavé les mains, on récite la Bérah’a d’Acher Yatsar.

Il est écrit dans le livre Chou’t MahaRah’ OR ZAROUA’ (Morenou HaRav Rabbi H‘aïm, fils de Rabbi Itsh’ak OR ZAROUA’) chap.101 :

« J’ai demandé à mon maître Rabbénou Meïr (Maharam de ROTTENBOURG) zatsal :Jusqu’à quand peut-on réciter la Bérah’a de Acher Yatsar ? En effet, cette Bérah’a n’est pas comparable au Birkat Hamazone que l’on peut encore réciter tant que l’on se sent encore rassasié du repas, car dans ce cas précis, on tire encore profit de la nourriture qui se trouve encore dans les intestins, tant que l’on ne ressent pas la faim. Mais pour ce qui est d’Acher Yatsar, ce n’est pas le cas. Je n’ai pas entendu de limite dans le temps, de mon Saint Maître, sur ce point. »

Nos maîtres les Ah’aronim (décisionnaires ultérieurs au Choulh’an ‘Arouh’) discutent sur ce Din.

Certains pensent que l’on peut encore réciter Acher Yatsar à tout moment, sans limites dans le temps, puisque cette Bérah’a n’est pas comme les Bérah’ott alimentaires, mais seulement une Bérah’a pour glorifier Hachem. Or, dès l’instant où l’on est tenu de la réciter, on doit la réciter sans limites de temps. Ceci semble être l’opinion du Lévouch , et c’est ainsi que tranchent le Péri Mégadim et d’autres Poskim.

Par contre, le Gaon Ya’vets  (Rabbi Yaakov Ben Tsvi, fils du H‘ah’am Tsvi) écrit dans son Chou’t Cheilat Ya’avets (chap.15) que tant que l’on ne ressent pas de nouveau l’envie de retourner aux toilettes, on peut encore réciter la Bérah’a d’Acher Yatsar, car on tire encore profit du fait d’avoir été aux toilettes, et l’on doit glorifier Hachem pour cela.

Nous pouvons constater que le Ya’avets ne pense pas comme le Lévouch et les autres Poskim que nous avons cités plus haut, puisque – selon le Ya’avets – la limite de cette Bérah’a est liée avec le fait de tirer encore profit de son premier soulagement.

Cependant, notre maître le ‘HYDA [DP5], dans son livre Birké Yossef (chap.6, note 3) écrit que le Maharam LONZZANO zatsal tranche que si un certain laps de temps s’est écoulé, on ne peut plus réciter cette Bérah’a. Mais il ne nous a pas défini à quoi correspond ce « laps de temps ».

Dans son livre Zih’ronot Eliyahou , le Gaon Rabbi Eliyahou MANI zatsal (le Rav de H‘evron, il y a environ 100 ans) rapporte au nom de son maître, le Gaon Rabbi ‘Abdellah SOME’H zatsal (le Grand de la Génération en Irak, il y a environ 150 ans), que lorsque notre maître le ‘HYDA écrit que s’il s’est écoulé un laps de temps, on ne peut plus réciter cette Bérah’a, il veut dire 72 mn (1h12). En effet, on ne trouve pas d’importance Halah’ique à un laps de temps inférieur à celui-ci.

Mais le Gaon Rabbi Yossef ‘HAÏM de Bagdad zatsal tranche dans son livre BEN ICH ‘HAÏ (Paracha de Vayétsé, note 12), que s’il s’est écoulé ½ heure, on ne peut plus réciter cette Bérah’a avec la mention du Nom d’Hachem et l’expression de Sa Royauté (A.D.O.N.A.Ï Elohénou Mélèh Ha-’Olam).

En 5714 (1954), notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal, publie le premier tome de son ouvrage Chou’t Yabiya’ Omer, dans lequel il écrit (chap.9) :

« Il faut prendre en considération l’opinion de l’auteur du Ben Ich ‘Haï, selon laquelle, s’il s’est écoulé ½ heure, on ne peut plus réciter cette Bérah’a, car nous avons un grand principe : SAFEK BRA’HOT, LEHAKEL = Lorsqu’il y a un doute (divergence d’opinions Halah’ique) sur la récitation d’une Bérah’a, nous allons à la souplesse et nous ne la récitons pas. Or, puisque selon le Ben Ich ‘Haï, après ½ heure cela serait réciter une Bérah’a Lévatala (en vain), il ne faut pas la réciter au-delà d’ ½ heure. »

Mais à la fin des années 70, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal publie un nouvel ouvrage : Chou’ t Yéh’avé Da’att. Dans le tome 4, notre maître le Rav Chlita écrit qu’il a vu les commentaires du RYTBA sur la Guémara Péssah’im (46a) dans lesquels il est écrit explicitement que l’on peut réciter la Bérah’a de Acher Yatsar, tant qu’il ne s’est pas écoulé un laps de temps de 72 mn.

(N.D.T Il faut préciser les choses. La Guémara Péssah’im (46a) traite d’une personne qui n’a pas d’eau pour se laver les mains. Selon la Guémara, cette personne est tenue de marcher jusqu’ 1 Parsa devant elle, afin de trouver de l’eau et de pouvoir réciter la Bérah’a. Il faut 72 mn pour marcher la distance d’1 Parsa. Cependant, la Guémara ne précise pas de quelle ablution des mains il s’agit. Selon Rachi et les Tossafot, il s’agit d’une personne qui veut se laver les mains pour manger du pain (Nétilatt Yadaïm). Mais le RYTBA écrit dans ses commentaires qu’il s’agit d’une personne qui est allée aux toilettes, et qui désire se laver les mains pour réciter Acher Yatsar.)

Il est donc expliqué de façon très claire que selon le RYTBA, tant que ne s’est pas écoulé le laps de temps de 72 mn, on peut encore réciter la Bérah’a de Acher Yatsar.

Selon les principes de raisonnements de la décision Halah’ique, si l’on trouve au moins un Richonn (un décisionnaire de la période médiévale) qui pense que l’on peut encore réciter une Bérah’a (en l’occurrence, le RYTBA qui pense jusqu’à 72 mn), même si une majorité d’Ah’aronim tranche le contraire, il n’y a pas de Safek Bérah’ott. Nous estimons dans ce cas que si les Ah’aronim avaient vu les propos de ce Richonn, ils auraient tranché comme lui.

(N.D.T il faut savoir que tous les livres des Poskim dont nous disposons aujourd’hui, n’ont pas tous été édités récemment. Les commentaires du RYTBA sur le Talmud, même s’ils ont été rédigés il y a environ 700 ans, n’ont vu le jour seulement depuis quelques décennies. Or, les conditions extraordinaires avec lesquels nous nous procurons aujourd’hui tous ces ouvrages, n’ont pas toujours été les même. Il n’est donc pas étonnant, ni même irrespectueux de considérer que notre maître le Ben Ich ‘Haï ou d’autres Ah’aronim n’aient pas vu les commentaires du RYTBA sur la Guémara.)

Par conséquent, du point de vue de la Halah’a, il est évident que nous considérons que tant que ne s’est pas encore écoulé le laps de temps de 72 mn, on peut encore réciter la Bérah’a de Acher Yatsar.

Toutefois, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal écrit que si l’on se rappelle avant que ne s’écoulent 72 mn, que l’on a oublié de réciter Acher Yatsar, mais que l’on ressent encore une envie d’aller aux toilettes, il ne faut pas réciter cette Bérah’a à ce moment, mais seulement après y être retourné, on se lave les mains, et à ce moment-là, on récite Acher Yatsar en pensant aux 2 fois où l’on s’est rendu aux toilettes.

En conclusion : Nous pouvons réciter la Bérah’a d’Acher Yatsar, tant que ne s’est encore écoulé le laps de temps de 72 mn depuis le moment où l’on s’est rendu aux toilettes. Si lorsqu’on se rend compte de l’oubli, on a encore envie d’y aller, on ne récite cette Bérah’a qu’après y être retourné.

 

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