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Les dépenses en l’honneur de Shabbat

Question : Avons-nous le devoir de nous endetter s’il le faut, afin d’acheter le nécessaire pour Shabbat, sans prendre en considération notre situation financière, en s’appuyant simplement sur l’assurance qu’Hashem nous « remboursera » l’argent dépensé ?

Réponse : Il est rapporté dans la Guémara Bétsa (15b) :

Hashem dit à Israël : « Mes enfants ! Empruntez en mon nom, sanctifiez le jour (Shabbat), et gardez confiance en moi, je rembourserai. »

Cet enseignement nous indique qu’à priori nous avons la garantie d’Hashem que pour toutes les dépenses que nous réalisons en l’honneur de Shabbat, nous serons « remboursées » par Hashem. Nous n’avons donc pas de soucis à nous faire pour ces dépenses.

Mais toute personne sensée est à même de comprendre qu’il est inconcevable qu’une personne achète tout le nécessaire pour Shabbat, en dressant une table digne du Roi Salomon lors de son règne, avec des dizaines d’aliments différents, sans prendre en considération ses possibilités financières !

Aucun Grand du peuple juif n’a agit avec une telle inconscience !

Il nous faut donc comprendre le véritable sens de cet enseignement de nos maîtres.

Il est enseigné dans une autre Guémara, celle de Shabbat (118b) :

Même si l’on a acheté une chose très infime, mais qu’on l’a achetée en l’honneur de Shabbat, cela suffit pour être qualifiable de « ‘Oneg Shabbat » (délice de Shabbat).

La Guémara explique que même des petits poissons frits (qui sont achetés généralement à bas prix) peuvent suffirent pour accomplir la Mitsva de ‘Oneg Shabbat.

La Guémara enseigne aussi dans Péssa’him 112a)

Considère ton Shabbat comme un jour de semaine, mais surtout, n’ais jamais recours à la générosité des gens.

C'est-à-dire, contente-toi de manger le jour de Shabbat, comme tu manges un jour de semaine, mais surtout ne demande rien à personne.

Bien que la Mitsva de ‘Oneg Shabbat (honorer Shabbat par de la bonne nourriture) est une Mitsva ordonnée par la Torah (Min Hatorah), cependant, l’individu n’a pas l’obligation d’aller jusqu’à emprunter au-delà de ses possibilités, afin d’honorer Shabbat par des choses particulières, mais uniquement selon ses possibilités.

En réalité, l’enseignement de la Guémara Bétsa, cité plus haut - selon lequel, on doit emprunter, et Hashem rembourse – ne concerne qu’une personne qui a de quoi rembourser, par exemple, cette personne sait qu’elle aura prochainement une entrée d’argent, dans ce cas, si cette personne emprunte, Hashem lui fera bénéficier de nouveau, d’une somme identique à l’entrée d’argent qui sera consacrée pour couvrir le prêt que la personne a contracté pour honorer Shabbat.

Ceci, afin que la Mitsva de ‘Oneg Shabbat n’occasionne aucune perte à la personne.

Mais si par contre, cette personne n’a pas de quoi rembourser, si ce n’est qu’en ayant recours à la générosité des gens, elle n’a pas le droit d’emprunter, même pour les nécessités de Shabbat.

C’est ainsi qu’explique l’auteur du Hagahot Asheri (un des décisionnaires médiévaux).

En effet, selon lui, lorsqu’on enseigne « considère ton Shabbat comme un jour de semaine, mais surtout, n’ais jamais recours à la générosité des gens. », cela ne concerne que la personne qui n’a pas de quoi rembourser, sans avoir recours à la Tsedaka. Mais lorsqu’on enseigne « Mes enfants ! Empruntez et je rembourserai », cela concerne uniquement ceux qui ont de quoi rembourser, par exemple lorsqu’on possède des gages qui pourront aider à rembourser, mais que présentement on ne dispose pas d’argent. Dans ce cas, il est un devoir d’emprunter en l’honneur de Shabbat.

C’est également ainsi qu’explique l’auteur du Shenot ‘Haïm.

Selon lui, si la personne ne possède même pas de quoi mettre en gage jusqu’au remboursement, elle ne doit pas s’appuyer sur la probabilité d’un Miracle, car sinon, cette personne rentre dans la catégorie de Lové Rasha’ Velo Yeshalem (L’impie emprunte et ne rembourse pas - extrait du Tehilim), sauf si l’on sait qu’on aura de quoi rembourser, mais qu’on est simplement dans une difficulté momentanée vis-à-vis du nécessaire pour Shabbat. Dans ce cas Hashem dit : « Mes enfants ! Empruntez et je rembourserai. ».

C’est ainsi qu’explique aussi l’auteur du Seder Hayom.

Selon lui, l’homme n’est soumis à l’obligation d’honorer Shabbat par des aliments délicieux, que lorsqu’il en a les moyens. Lorsqu’une personne n’a pas les moyens financiers d’honorer Shabbat, elle ne transgresse aucune faute, et n’a pas à s’imposer des prêts qu’elle n’a pas la possibilité de rembourser. Celui qui se les imposera, est qualifiable de « ‘Hassid Shoté » (une personne qui veut faire preuve de piété, en passant par des actes relevant de la folie).

A fortiori, lorsque la personne possède largement de quoi honorer Shabbat, mais qu’elle désire aussi certains aliments particuliers, très coûteux, que ses possibilités financières ne lui permettent pas d’acheter. Cette personne ne doit surtout pas agir de la sorte, mais au contraire, elle doit se contenter de ce qu’elle a, et Hashem lui ouvrira d’autres portes !!

Tout ceci représente une véritable leçon de morale pour ceux qui gaspille leur argent dans des futilités, au-delà de leur possibilités financières, et en arrivent à cause de cela, à contracter de très grosses dettes.

Il est certain que ces gens ne se comportent pas de façon correcte, car nous voyons que même lorsqu’il s’agit de dépenser pour une Mitsva aussi précieuse que la Mitsva de ‘Oneg Shabbat, les Poskim écrivent que l’on ne doit pas emprunter au-delà de nos capacités à rembourser, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de choses profanes.

 

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